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GENERALITES SUR LES ENTORSES, LUXATIONS ET FRACTURES

OBJECTIFS :

1. Définir entorse, luxation, fracture

2. Opposer en trois points l’entorse bénigne à l’entorse grave

3. Citez deux complications immédiates et cinq tardives de luxation

4. Décrire la classification de fracture ouverte de membre selon GUSTILLO ET ANDERSON

5. Citez les trois signes majeurs de l’embolie graisseuse

1. ENTORSES

Lésions fréquentes et souvent négligées. L’évaluation de la gravité est impossible avant


quelques jours, et le suivi après l’accident initial est donc essentiel.

1.1. Définition

Une entorse est l’ensemble des lésions capsulo-ligamentaires provoquées par un brusque
mouvement forcé sans déplacement permanent des surfaces articulaires.

1.2. Intérêt

 Lésions fréquentes chez les sujets jeunes


 Peuvent entrainer des complications invalidantes imposant leur PEC correcte

1.3. Étiologie

Terrain :

 Sujet jeune sportif


 Rare chez l’enfant et les personnes âgées

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Mécanismes

 Le plus souvent indirect


Traumatisme portant sur une articulation et déterminant un mouvement forcé
brutal lui faisant dépasser l’amplitude normale, le squelette résiste et il se
produit une élongation, une déchirure ou rupture ligamentaires.
 Rarement direct par un agent contondant ou par un agent tranchant entrainant
une entorse suite à une plaie articulaire.

1.4. Anatomie pathologie (classification)

On distingue 03 types d’entorse selon la gravité (évaluation entre le 3ème et le 8ème)

 L’entorse bénigne qui correspond à une distension (élongation avec des micro-
déchirures) ligamentaire sans solution de continuité.
 L’entorse de moyenne gravité : étirement et rupture partielle du ligament
 L’entorse grave correspond à une déchirure, une rupture ou un arrachement
(Désinsertion) du ligament réalisant une solution de continuité de celui-ci.
Cette lésion entraine des mouvements anormaux amples au niveau de
l’articulation. Les articulations les plus exposés sont : la cheville, le genou, la
radiocarpienne.

1.5. Signes

 Cliniques
 Circonstances de découverte : sujet vu pour douleur et impotence fonctionnelle
(IF) du membre ou un craquement (entorse grave)
 L’interrogatoire précisera le mécanisme, les circonstances du traumatisme et le
terrain.
 Signes fonctionnels :
- Douleur articulaire caractéristique : Cette douleur évolue souvent en trois
phase :
 Douleur vive ressenti lors du traumatisme
 Période d’indolence relative et transitoire
 Réapparition de la douleur à type de tension douloureuse
permanente.
- Impotence fonctionnelle du membre

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 Signes physiques
- Attitude du membre à préciser
- Gonflement de l’articulation due à l’œdème, à l’hématome ou à
l’hémarthrose (épanchement intra articulaire)
- Ecchymose au niveau de l’articulation
- Douleur exquise à la palpation sur le trajet du ligament lésé
- Les mouvements anormaux traduisant une laxité ligamentaire en cas
d’entorse grave

Au total: (exemple genou ou cheville)

Entorse bénigne :
 Marche est normale sur quelques pas
 Œdème modéré, mais on ne constate pas d’ecchymose
 Douleur à la palpation du seul faisceau ligamentaire collatéral externe
 Sensibilité en varus forcé
 Pas de douleur à la palpation du ligament latéral interne
 Pas de douleur aux mouvements de tiroir antéro-postérieur

Entorse moyenne :
 Marche reste légèrement douloureuse mais possible sur quelques pas
 Œdème est évident, et il existe une ecchymose externe isolée
 Douleur à la palpation d’un ou deux faisceaux du ligament latéral externe
 Sensibilité du ligament latéral interne parfois
 Douleur en varus
 Sensibilité au tiroir antéro-postérieur

Entorse grave :
 La marche est franchement douloureuse, parfois refusée
 L’ecchymose est bilatérale
 Douleur de deux faisceaux du ligament latéral ext et d’un faisceau du ligament latéral int
 Les mouvements forcés en tiroir et en varus sont douloureux

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 Paracliniques/imagerie
 Radiographie face et profil de l’articulation :
- Permet d’éliminer une fracture
- Met en évidence un arrachement osseux au point d’insertion du ligament
- Un bâillement articulaire soit spontanément ou sur les clichés dynamiques
- NB : En cas d’entorse bénigne la radiographie est normale
 L’IRM est plus performant et permet de préciser les lésions ligamentaires

1.6. Evolution

 L’entorse bénigne évolue rapidement vers la guérison, les séquelles douloureuses sont
possibles lorsque le traitement est mal conduit.
 En cas d’entorse de moyenne gravité ou grave, les séquelles sont fréquentes
- Douleur articulaire résiduelle
- Troubles trophiques
- Instabilité articulaire par laxité ligamentaire.

1.7. Traitement

 But :
- Calmer la douleur
- Obtenir la cicatrisation de la lésion ligamentaire
- Préserver la fonction de l’articulation
 Moyens :
- Médicaux :
 Antalgique
 Anti inflammatoire
 Antibiotique si plaie articulaire
- Chirurgicaux : réparation tendineuse
- Orthopédique
 Immobilisation par plâtre
 Strapping (bandage de contention)
 Attelles préformées
- Kinésithérapie

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 Indications
- Entorse bénigne :
 Immobilisation, Antalgique, Anti inflam pdt 2 à 3 semaines
 Rééducation fonctionnelle
- Entorse de moyenne gravité ou grave :
 Immobilisation plâtrée pendant 03 à 06 semaines
 Antalgique, Anti inflammatoire
 Antibiotique si plaie articulaire
 Rééducation fonctionnelle
 Traitement sanglant en cas d’échec ou d’emblée s’il s’agit d’un sportif
de haut niveau.
 Résultats : Fonction du type d’entorse, du terrain et du plateau technique

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2. LUXATION

2.1. Définition

C’est le déplacement des surfaces articulaires entrainant une modification permanente de leurs
rapports anatomiques

2.2. Intérêt

 Ce sont des urgences urgentes dont la PEC ne doit souffrir d’aucun retard
 Lésion fréquentes chez les sujets jeunes
 Complications graves vasculo-nerveuses et des séquelles invalidantes

2.3. Étiologie

Terrain :

Sujet jeune sportif

Rare chez l’enfant et la personne âgée

Mécanismes :

Le plus souvent indirect : mouvement brutal de l’articulation lui faisant dépasser ses
amplitudes normales. L’os résiste mais la capsule et les ligaments articulaires se sont
rompus, permettant le déplacement des surfaces articulaires.

2.4. Anatomie-pathologie (classification)

 Luxation récente imposant une attitude déterminée : luxation régulière, lésions


associées à rechercher
 Luxation ancienne ou négligée : luxation non réduite après plusieurs semaines
 Luxation récidivante : luxation se produisant de plus en plus facilement après de
traumatismes minimes.

2.5. Signes

 Cliniques (Luxation récente)

 CCD : sujet vu pour douleur et IF du membre


 L’interrogatoire précisera le mécanisme et les circonstances du traumatisme, le
terrain
 SF : douleur et IF

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 Signes physiques :
 Recherche une déformation
 Attitude vicieuse
 Lésions associées
 Palper le pouls en aval
 Tester la sensibilité et la motricité des extrémités
 Paracliniques
 Radio de l’articulation F/P précise la luxation et les lésions osseuses associées

Certaines luxations peuvent passer inaperçues :

o Luxation postérieure de l’épaule


o Luxation du semi-lunaire
o Luxation de la hanche associée à une fracture du fémur

2.6. Évolution

 Prise en charge immédiate et correctement, l’évolution est favorable


 Complications :
 Immédiates :
o Osseuses
o Vasculo-nerveuses
o Musculo-tendineuses
 Secondaires et tardives :
o Séquelles douloureuses
o Troubles trophiques
o Raideur articulaire
o Luxation récidivante
o Nécrose aseptique de la tête de l’os (fémur, semi-lunaire)
o Arthrose

2.7. Traitement

 But
 Lutter contre la douleur
 Rétablir de façon permanente les rapports anatomiques des surfaces articulaires
 Préserver la fonction de l’articulation

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 Moyens
 Orthopédique
 Réduction en extrême urgence sous anesthésie suivie d’une
 Immobilisation pendant 2 à 6 semaines selon les articulations
o Petites articulations 2 semaines
o Grosses articulations 6 semaines
o Moyennes articulations 3 semaines
 Traitement sanglant en cas d’échec de réduction orthopédique ou en cas de
luxation récidivante
NB : Contrôle radiologique immédiate après la rééducation

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3. LES FRACTURES

3.1 Définition

C’est une solution de continuité osseuse ou une rupture de continuité osseuse

3.2. Intérêt

 Epidémiologique : Fréquentes suite à des accidents de circulation

 Pronostique : Complications fréquentes et des séquelles parfois graves

3.3 Étiologie

 Terrain :
 Sujet jeune
 Sexe masculin
 Causes :
 Accident sur la voie publique
 Accident de sport
 Accident domestique
 Mécanismes :
 Indirect le plus souvent
 Direct par objet contondant

3.4. Anatomie pathologie

 Selon l’état de la peau en regard du foyer de fracture :


- Fracture fermée
- Fracture ouverte : Confère classification de GUSTILLO et ANDERSON

 Selon l’âge :
- Fracture du sujet âgé (à partir de 60 ans) souvent traumatisme minime

- Fracture du jeune qui nécessite un traumatisme violent

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- Fracture de l’enfant qui peut être :
o Sous-périostée «en cheveu» : l’os est fracturé mais le périoste est intact (tibia,
fémur). Le trait est fin spiroïde, boiterie à la marche et une douleur à la
percussion. La radio initiale est souvent normale. Cal osseux après 15 jours à 3
semaines à la radio de contrôle
o En bois vert : une corticale est conservée alors que l’autre est rompue
o Plastique (Arcature) : il n’y a pas de fracture mais une courbure plastique
s’étendant sur toute la longueur de l’os (fibula, ulna)
o En motte de beurre plicature plastique d’une corticale métaphysaire
o Décollements épiphysaires au niveau du cartilage de croissance (classification
de Salter et Harris en 5 types)
o Arrachement apophysaire
o Embarrure en balle de Ping pong (fracture en dépression)

 Selon l’état de l’os :


- Fracture pathologique
- Sur os sain

3.5 Diagnostic

 Interrogatoire :
 Circonstances de l’accident
 Le mécanisme
 L’heure du traumatisme, du dernier repas
 Les tares
 Les signes fonctionnels : douleur, impotence fonctionnelle partielle ou totale
du membre
 Examen clinique : comparatif
 Local
 Inspection :
o Déformation
o Lésions cutanées : plaie, hématose, ecchymose
 Palpation :
o Douleur exquise

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-Mobilité anormale qui va donner les craquements (à ne pas rechercher)

 Régional :
 Lésions cutanées à distance
 Lésions vasculo-nerveuses (pouls, sensibilité, motricité en aval)
 Echo doppler artérielle
 Chaleur locale des extrémités

 Général :
 Rechercher un état de choc (pouls, TA, FR, T°)
 Rechercher les lésions associées (cas d’un polytraumatisé)
 Bilan général
 Examens radiologiques
 Face et Profil prenant les articulations sus et sous-jacentes permettent de
préciser :
 Le siège
 Le type de trait de fracture :
o Simple : transversal, oblique, spiroïde, avec 3ème fragment en aile de
papillon
o Comminutif : lorsqu’il y’a plus de 3 fragments
 Le déplacement :

Chevauchement, angulation, décalage, baïonnette

3.6. Évolution

 Bien traitée, elle est favorable


 Consolidation entre 45-60 jours pour les os longs des membres thoraciques
 90 jours pour les os longs des membres pelviens

 Complications
 Immédiates ou précoces
o Générales :
 Décompensation d’une tare
 Etat de choc

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o Locale :
 Cutanée : ouverture
 Vasculo-nerveuse

 Secondaires :
o Générales :
 Thrombo-embolie
 Complications de décubitus surtout chez les sujets âgés
 Embolie graisseuse favorisée par la non-immobilisation du membre
Après 24 h,
 Fièvre
 Troubles neurologiques : agitation, confusion, somnolence
 Troubles respiratoires
 Troubles hématologiques
 Troubles cutanés : pétéchies
 Troubles cardiaques

 Infections :
 Tétanos
 Sepsis
o Locorégionales :
 Ouverture secondaire par nécrose cutanée
 Déplacement secondaire
 Tardives :
 Retard de consolidation
 Cal vicieux
 Nécrose aseptique post traumatique
 Pseudarthrose
 Séquelles fonctionnelles
 Complications infectieuses :
 Ostéites chroniques
 Pseudarthrose septique
 Arthrite

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3.7. Traitement

 But
 Lutte contre la douleur
 Obtenir une bonne réduction et une bonne consolidation
 Prévenir et prendre en charge les complications
 Préserver la fonction du membre

 Moyens
 Médicaux (Antalgique, ATB, HBPM, …)
 Orthopédique : plâtre, traction
 Opératoire : enclouage, embrochage, plaque visée
 Kinésithérapie

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