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Imagerie des comas et des troubles


de la conscience de l’adulte
A. Esquevin, B. Carsin-Nicol, G. Soto Ares, J.-Y. Gauvrit

Les troubles de la conscience de l’adulte sont fréquemment rencontrés comme motifs d’admission dans les
services d’urgence et de réanimation. Ils nécessitent une prise en charge multifactorielle et intriquée, mais
comprenant la plupart du temps la réalisation urgente d’une imagerie cérébrale. Or, si la réalisation d’un
scanner encéphalique sans injection, examen le plus souvent pratiqué actuellement dans ce contexte,
permet la détection d’une hémorragie intracrânienne, d’un processus expansif ou d’une hydrocéphalie
pouvant bénéficier d’une prise en charge urgente, elle est souvent insuffisante quand elle n’est pas
associée à un angioscanner pour la détection d’une thrombose basilaire, diagnostic mettant en jeu
le pronostic vital. De même, la plupart des anomalies encéphaliques secondaires à une cause toxique
ou métabolique ne sont diagnostiquées que par l’imagerie par résonance magnétique. Cependant, la
stratégie diagnostique dans les troubles de la conscience est actuellement mal définie et notamment la
place de l’angioscanner ainsi que celle de l’imagerie par résonance magnétique encéphalique, qui reste
de réalisation difficile chez ces patients, souvent intubés et instables. Ainsi, l’objectif de cet article est,
après un bref rappel sur la physiopathologie et la définition des troubles de la conscience, de proposer une
stratégie diagnostique en urgence, spécifique à l’imagerie, et de détailler certaines étiologies et images-
clés. En dernier lieu, nous aborderons les techniques innovantes d’imagerie fonctionnelle, à la fois en
imagerie par résonance magnétique fonctionnelle d’activation ou à l’aide de la séquence de tenseurs de
diffusion, et en médecine nucléaire avec la tomographie par émission de positons. En effet, ces techniques
innovantes pourraient permettre d’obtenir précocement un pronostic individuel plus personnalisé.
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Mots-clés : Scanner ; Angioscanner ; IRM ; Imagerie ; Comas ; Troubles de la conscience

Plan ■ Schéma d’interprétation d’un trouble de la conscience


en imagerie 12
■ Généralités 1 ■ Conclusion et place des imageries innovantes 13
Physiopathologie 1
Définitions 2
Diagnostics différentiels 3
■ Stratégie diagnostique 3  Généralités
Troubles de la conscience traumatiques 3
Troubles de la conscience non traumatiques 4 Les troubles de la conscience sont un mode d’admission fré-
■ Étiologies 4 quemment rencontré dans les services d’urgence et qui nécessitent
Étiologies ischémiques 4 bien souvent la réalisation en urgence d’une imagerie cérébrale.
Étiologies traumatiques 7
Hémorragies non traumatiques 7
État de mal épileptique 7 Physiopathologie
Étiologies infectieuses 8
Étiologies métaboliques et toxiques 8 La conscience (consciousness) est un concept à multiples facettes
Syndrome d’encéphalopathie postérieure réversible 12 qui comporte deux composantes principales :
Autres causes 12 • la vigilance (arousal), qui correspond à l’existence d’une ouver-
ture des yeux et d’un cycle veille–sommeil ;
• la conscience (awareness) de soi et de son environnement, éva-
luée par la réponse aux ordres simples et complexes.

EMC - Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale 1


Volume 9 > n◦ 1 > mars 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S1879-8551(13)64015-4
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31-668-A-10  Imagerie des comas et des troubles de la conscience de l’adulte

100 %

70 %

40 %

0%
Vigilance Conscience de soi

État de la conscience GCS Définition Clinique

État normal 15 Vigilance et conscience normales

Confusion 13 Altération aiguë et fluctuante des fonctions Désorientation, troubles du comportement,


conscientes et troubles de la vigilance modérés hallucinations notamment

Obnubilation/stupeur 9/10 Ralentissement de toutes les fonctions Réponses verbales et gestuelles moins
conscientes et troubles de la vigilance élaborées et ralenties à la stimulation

Coma ≤7 Absence de fonctions conscientes et de Pas de réponse à la stimulation


vigilance

État végétatif Absence de fonctions conscientes mais Chronique


vigilance normale

Figure 1. Définition des troubles de la conscience en fonction du niveau de vigilance et de conscience de soi, et des principales anomalies cliniques.
GCS = score de Glasgow.

Anatomiquement, la vigilance est basée sur l’intégrité d’une L’échelle de Glasgow est la principale échelle utilisée pour éva-
structure appelée la substance réticulée activatrice ascen- luer les troubles de conscience en urgence. Elle s’établit sur trois
dante (SRAA), qui joue en quelque sorte le rôle d’« interrupteur ». types de réponses : ouverture des yeux ; réponse motrice ; réponse
Il s’agit d’un faisceau de fibres situé dans le tronc cérébral, qui verbale. La somme des trois réponses définit un score de 3 à 15.
reçoit la plupart des afférences somatiques sensorielles. De la Ainsi, en fonction du score on définit une confusion (score de
SRAA naissent des voies efférentes passant par le mésencéphale, Glasgow [GCS] = 13), une obnubilation ou stupeur (GCS = 9–10)
en direction des thalami notamment, mais également du cerveau et un coma (GCS ≤ 7).
basal antérieur, des hypothalami et du néocortex. À partir des
relais thalamiques, du cerveau basal antérieur et des hypotha- Confusion
lami partent des voies activatrices vers le néocortex. L’activation
La confusion correspond à une altération aiguë et fluctuante des
du néocortex entraîne l’éveil cortical et permet la conscience de
fonctions conscientes stratégiques associant : trouble de vigilance
soi [1] .
modéré, avec troubles de l’attention, de la mémoire et désorienta-
tion temporospatiale, trouble de l’humeur (anxiété) et trouble du
comportement (agitation psychomotrice ou rarement apathie),
Définitions altération du rythme nycthéméral et altération de la perceptivité
avec présence d’hallucinations. C’est un problème très fréquent
Différentes altérations de la conscience/vigilance sont décrites
touchant entre 15 et 30 % des hospitalisés en médecine.
et sont en fait un continuum, variant entre l’état normal, la confu-
sion et le coma. À la phase aiguë, vigilance et conscience de soi
varient de façon similaire, alors qu’à la phase tardive la vigilance
Obnubilation – stupeur
peut être normale sans conscience de soi comme dans les états L’obnubilation et la stupeur correspondent à un ralentissement
végétatifs (Fig. 1). de toutes les fonctions de la conscience. La stupeur est un état plus

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sévère que l’obnubilation. Cliniquement, le patient peut donner deux troubles sont caractérisés par une vigilance normale mais
des réponses verbales ou gestuelles, mais moins élaborées et plus sans conscience détectable, ou avec une conscience très limi-
lentes qu’en temps normal. tée de soi ou de son environnement. Ces troubles apparaissent
en général au décours de l’évolution chronique d’un trouble de
Coma conscience, le passage du coma aux états végétatifs ou paucirela-
Le coma correspond à l’absence de fonctions conscientes tionnels étant généralement marqué par la réapparition des cycles
(vigilance et conscience de soi) cliniquement décelables. Cette veille–sommeil [1] .
altération est stable dans le temps, d’une durée d’au moins une
heure et le patient ne peut pas en être tiré par une stimulation. Il
existe des risques spécifiques secondaires au coma liés à la perte  Stratégie diagnostique
de protection des voies aériennes supérieures et pour les comas les
plus profonds à la perte de la commande respiratoire. La stratégie diagnostique est différente suivant l’existence ou
non d’un traumatisme crânien (Fig. 2).
Diagnostics différentiels
Confusion Troubles de la conscience traumatiques
Les deux principaux diagnostics différentiels de la confusion La prise en charge diagnostique des patients présentant des
sont la démence et la dépression mélancolique, mais il faut égale- troubles de la conscience après un traumatisme, quel que soit
ment citer la bouffée délirante aiguë, le syndrome maniaque, les le niveau de conscience, repose sur la réalisation en urgence
troubles du langage et l’ictus amnésique [2] . d’une imagerie cérébrale, essentiellement le scanner cérébral sans
injection afin de rechercher une cause neurochirurgicale pouvant
Coma bénéficier d’une prise en charge urgente comme une hémorragie
Le principal diagnostic différentiel du coma en aigu est le locked- intracrânienne et/ou une fracture. Le bilan lésionnel complet et
in syndrome. Les autres troubles de la conscience devant être notamment cervical doit également être réalisé en cas de polytrau-
différenciés des comas sont des troubles chroniques de la cons- matisme et/ou de suspicion de lésion cervicale associée. De même,
cience et notamment l’état végétatif. l’angioscanner des troncs supra-aortiques est souvent pratiqué en
raison de la grande fréquence des dissections post-traumatiques
« Locked-in syndrome »
des portions cervicales des artères carotides et vertébrales. Cette
Le locked-in syndrome est un syndrome neurologique rare complication est plus fréquente en présence de certains critères de
caractérisé par une paralysie complète de la motricité volon- gravité comme la pendaison, l’existence d’une fracture de la base
taire exception faite de la motricité oculaire. Les patients sont du crâne, de fractures multiples et/ou sévères du massif facial, de
conscients, capables de penser mais incapables de bouger ou de lésions cervicales médullaires, d’un GCS inférieur à 9, de lésions
s’exprimer ; leur seul moyen de communication étant le cligne- axonales diffuses ou de signe de localisation neurologique [3] .
ment des paupières. Le plus souvent, le locked-in syndrome est L’imagerie par résonance magnétique (IRM) n’est habituelle-
secondaire à un accident ischémique de fosse postérieure. De ment pas réalisée à la phase aiguë, mais doit être discutée en cas de
même, le botulisme ou une curarisation peuvent être responsables discordance clinicoradiologique, c’est-à-dire devant la présence de
d’un patient « paralysé mais conscient ». troubles de la conscience ou d’absence de réveil, chez un patient
Autres troubles de la conscience avec une imagerie subnormale. Dans ce cadre, elle apporte des
Il faut différencier le coma des autres troubles de la consci- informations pronostiques essentielles sur les possibilités de réveil
ence : état végétatif ou état paucirelationnel notamment. Ces et les risques de séquelles.

Figure 2. Arbre décisionnel. Troubles de la


Troubles de la conscience conscience. IRM : imagerie par résonance magné-
tique ; HIC : hémorragie intracrânienne ; TSA :
troncs supra-aortiques.

Traumatiques Non traumatiques

Scanner cérébral sans IRM céphalique


Scanner cérébral
injection en première en deuxième intention
sans injection
intention ou si bilan négatif

± En fonction du ± En fonction du
contexte contexte

Bilan lésionnel Et/ou Angioscanner Et/ou Et/ou scanner


complet angioscanner cérébral pour phléboscanner injecté pour
des TSA pour éliminer une pour éliminer éliminer un
rechercher une anomalie une thrombose processus
dissection vasculaire si HIC veineuse expansif
ou très centrale
largement en
l’absence
d’étiologie (hors
confusion)

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Troubles de la conscience non traumatiques recherche un processus expansif ou hémorragique intracrânien.


De plus, l’existence d’anomalies de signal, principalement sur les
La prise en charge diagnostique des patients présentant des séquences pondérées en diffusion ou en Flair, fait évoquer une
troubles de la conscience non traumatiques est quant à elle origine ischémique, métabolique ou toxique. Les anomalies de
multifactorielle et intriquée, comprenant, en plus de l’imagerie, calibre ou de perméabilité des vaisseaux artériels sont recherchées
essentiellement un examen clinique approfondi pour orienter le sur les séquences angiographiques de type TOF du cercle artériel
diagnostic étiologique et rechercher des défaillances vitales, des de la base et sur l’ARM des troncs supra-aortiques, ainsi que des
tests diagnostiques comme la mesure de la glycémie capillaire et anomalies veineuses sur la séquence injectée volumique T1. De
les tests à la nalaxone ou au flumazénil, des examens paracliniques même, on recherche une prise de contraste pathologique, notam-
biologiques, une ponction lombaire. De même, un électroen- ment méningée, évocatrice d’une inflammation en l’absence de
céphalogramme peut être utile pour rechercher un état de mal ponction lombaire récente.
infraclinique [2] .
La prise en charge varie également suivant le niveau de cons-
cience : ainsi, dans les comas l’imagerie est urgente et quasi
systématique pour s’assurer de l’absence de lésion intracrânienne
 Étiologies
nécessitant une prise en charge urgente. En revanche, dans les
Les étiologies des troubles de la conscience sont variées, qu’elles
confusions, l’imagerie encéphalique ne doit pas être pratiquée de
soient traumatiques et non traumatiques, secondaires notamment
façon systématique. Elle est recommandée en première intention
à une ischémie, une hémorragie, une infection, un état de mal
notamment en cas de signes de localisations neurologiques, de
épileptique, un trouble métabolique ou toxique [4, 6] .
suspicion d’hémorragie intracrânienne, de traumatisme crânien
même mineur, ou si l’ensemble du bilan de première intention
est négatif ; en pratique clinique, elle est cependant très largement Étiologies ischémiques
réalisée.
Les deux techniques d’imagerie disponibles sont principale- Même si les causes métaboliques représentent la majorité des
ment la tomodensitométrie encéphalique et l’IRM. étiologies des troubles de la conscience, l’ischémie cérébrale
est une cause relativement fréquente, notamment devant des
Techniques d’imagerie troubles sévères [7] . Les étiologies ischémiques doivent être suspec-
tées de façon très large devant un trouble de la conscience brutal
Tomodensitométrie et sévère, et tout particulièrement dans les comas.
Le scanner cérébral sans injection est l’examen le plus faci-
lement disponible en urgence et permet la recherche d’une
hémorragie intracrânienne, d’une hydrocéphalie ou d’un proces-
sus expansif notamment.
Dans les troubles de la conscience non traumatiques, sauf dans
les confusions, un angioscanner cérébral est d’indication très
“ Point fort
large, en l’absence d’étiologie évidente retrouvée pour rechercher Indication très large de l’angioscanner cérébral devant un
une occlusion artérielle, notamment de l’artère basilaire. En effet,
trouble de la conscience non traumatique brutal et sévère,
dans le contexte de confusion, les étiologies les plus fréquentes
sont toxiques et métaboliques, et l’angioscanner semble peut pour éliminer notamment une thrombose de l’artère basi-
contributif, contrairement aux troubles de la conscience sévères laire.
et aux comas, où les causes neurologiques sont plus fréquentes [4] .
Il est nécessaire de réaliser une projection en intensités maximales
(MIP) dans le plan de l’artère basilaire pour s’assurer de sa perméa-
bilité. On s’assure également de l’absence d’occlusion vertébrale Le scanner peut être normal ou montrer des signes précoces
distale ou carotidienne. En l’absence d’anomalie spécifique sur d’AVC, c’est-à-dire des hypodensités localisées ou une hyperden-
le scanner associé à l’angioscanner, le pronostic du trouble de la sité spontanée de l’artère occluse. L’IRM est l’examen le plus
conscience non traumatique et inexpliqué est en général favo- performant, montrant des hypersignaux en diffusion, avec baisse
rable [5] . du coefficient apparent de diffusion précocement, puis secon-
L’angioscanner peut être complété par un phléboscanner ou dairement des hypersignaux en pondération T2 et Flair [8] . Les
par une acquisition tardive sur l’encéphale. En revanche, dans séquences d’angiographie par IRM ou scanner sont indispensables
ce contexte, la réalisation d’un scanner de perfusion apparaît peu et permettent de rechercher un thrombus, une sténose ou une dis-
pertinente de façon systématique mais peut être complémentaire section artérielle. La réalisation d’une séquence de perfusion en
en cas de forte suspicion d’ischémie. scanner ou en IRM peut éventuellement être utile.
Cependant, trois étiologies méritent d’être individualisées et
Imagerie par résonance magnétique encéphalique
recherchées spécifiquement dans le contexte des troubles de la
L’IRM encéphalique, bien que d’apport diagnostique supérieur conscience : les thromboses de l’artère basilaire ou de l’artère de
à celui du scanner, est un examen de seconde intention, en rai- Percheron, et l’anoxie cérébrale.
son des difficultés de réalisation de l’examen dans les troubles
de la conscience aigus, à la fois liées au manque de disponi-
bilité des machines en urgence et à la durée totale d’examen
Thrombose de l’artère basilaire
(temps d’installation et de réalisation des séquences longs), com- Cliniquement, le diagnostic peut être difficile et polymorphe,
promettant l’obtention d’un diagnostic rapide. Dans tous les comprenant des troubles de la vision, des vertiges, une dysarthrie,
cas, la réalisation d’une IRM doit être envisagée en l’absence une ataxie, des paralysies des nerfs crâniens, une hémi- ou tétra-
d’orientation étiologique malgré un bilan exhaustif. Le proto- plégie et des troubles de la conscience, parfois un coma brutal
cole comporte au minimum des séquences pondérées en fluid d’emblée. Le coma est lié à l’atteinte ischémique de la SRAA ou
attenuated inversion recovery (Flair), T2*, T1 de type 3D, une des thalami.
IRM de diffusion et une angiographie par résonance magné- En imagerie, les anomalies sont localisées dans le territoire pos-
tique (ARM) de type temps de vol (TOF). De façon quasi térieur. Le scanner peut être normal ou montrer des hypodensités
systématique, une séquence volumique T1 avec injection de pro- dans le territoire postérieur, c’est-à-dire dans le tronc cérébral, le
duit de contraste est utile pour compléter le bilan dans les cervelet, en région occipitale et au sein des thalami, ainsi qu’une
comas. On peut également réaliser une ARM des troncs supra- hyperdensité spontanée de l’artère basilaire. L’angioscanner céré-
aortiques dans le contexte d’accident vasculaire ischémique. Dans bral montre l’occlusion de l’artère basilaire, sa localisation et son
l’encéphalopathie hépatique aiguë, la spectroscopie en IRM peut étendue, et est l’examen-clé du diagnostic en l’absence d’IRM [5]
être intéressante, pouvant mettre en évidence un pic de gluta- (Fig. 3). L’IRM montre des signes d’ischémie du territoire posté-
mine/glutamate. Sur les séquences pondérées en T2* et en T1, on rieur avec un hypersignal en diffusion, une baisse du coefficient

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Figure 3. Thrombose de l’artère basilaire avec


hypodensités occipitales (flèche noire), hyperden-
sité spontanée de l’artère basilaire (tête de flèche)
et thrombose complète de l’artère basilaire sur
l’angioscanner (flèche blanche).
A. Scanner cérébral sans injection en coupe axiale
sur la fosse postérieure.
B. Angioscanner cérébral après reconstruction
dans le plan de l’artère basilaire en projection en
intensités maximales.

A B

apparent de diffusion isolé à la phase précoce, puis des hypersi- débit secondaire à une hémorragie ou une chirurgie. Le coma
gnaux en T2 et en Flair témoignant d’une ischémie supérieure à est principalement en rapport avec l’œdème cérébral diffus res-
3 heures, avec sur l’ARM une occlusion de l’artère basilaire [8, 9] . ponsable d’un engagement temporal avec pour conséquence la
Les principaux diagnostics différentiels sont les tumeurs et la compression de l’artère basilaire et une hydrocéphalie.
démyélinisation osmotique, mais en général le diagnostic est aisé, En imagerie, les anomalies sont localisées en priorité dans
basé sur la clinique, la systématisation et la mise en évidence de les noyaux lenticulaires et caudés, puis le cortex occipital et
l’occlusion artérielle. périrolandique, ensuite le reste du cortex, et finalement dans
Le traitement est une urgence et doit être conduit en centre les cas extrêmes la substance blanche. Elles sont le plus sou-
spécialisé pour envisager une thrombolyse intraveineuse et/ou vent symétriques. Le scanner peut être normal ou montrer un
intra-artérielle, une thrombectomie, seuls traitements pouvant, œdème cérébral diffus avec dédifférenciation et signe du « cervelet
en cas de réalisation précoce, améliorer le devenir des patients. En blanc », effacement des espaces liquidiens, ainsi que la pré-
l’absence de traitement, le devenir est sombre avec 80 à 90 % de sence d’hypodensités des noyaux gris centraux. Ces anomalies se
décès. Pour les survivants, une évolution vers le locked-in syndrome majorent progressivement au cours des premières heures. L’IRM
est fréquente [9] . peut être normale ou mettre en évidence précocement des hyper-
signaux en diffusion avec une baisse du coefficient apparent de
Occlusion ou thrombose de l’artère de Percheron diffusion, puis des hypersignaux T2 et Flair. L’évolution de la dif-
fusion et du coefficient apparent de diffusion est similaire à celle
L’artère de Percheron, variante anatomique de la normale, notée dans l’ischémie systématisée avec normalisation progres-
est une artère unique irriguant les thalami paramédians et le sive [11] (Fig. 4). De plus, les études récentes cherchent à identifier
mésencéphale médian. Elle naît soit d’une des artères cérébrales des facteurs pronostiques et la mesure du coefficient apparent de
postérieures, soit de la terminaison basilaire, et est de direction diffusion sur l’ensemble de l’encéphale semble prometteuse, per-
supérieure. mettant de distinguer aisément, dans les premiers jours et avec
Cliniquement, les patients souffrant d’une occlusion ou d’une une spécificité élevée, les patients avec un mauvais devenir neuro-
thrombose de l’artère de Percheron présentent des troubles de la logique à six mois [12] . Certaines études ont également montré que
conscience, un déficit oculomoteur et pupillaire et/ou un ptosis. la spectroscopie en IRM, dans les 24 premières heures, mettait par-
Le coma est lié à l’atteinte directe d’un ou des thalami. fois en évidence un pic de lactate, de glutamine et de glutamate,
Le scanner peut être normal ou montrer des hypodensités bitha- ce qui pourrait être un facteur de mauvais pronostic. Son utilité
lamiques paramédianes. Sur l’IRM, on visualise un hypersignal reste cependant discutée actuellement et elle n’est pas utilisée en
Flair bithalamique médian, associé à une restriction en diffusion. routine clinique [10] .
L’ARM et l’angioscanner peuvent montrer l’occlusion artérielle Les principaux diagnostics différentiels sont l’ischémie systéma-
de la terminaison de l’artère basilaire ou des artères cérébrales tisée, l’œdème d’origine traumatique et les étiologies toxiques ou
postérieures. métaboliques, mais le contexte et la localisation à la substance
Les principaux diagnostics différentiels sont l’encéphalopathie grise et notamment aux striata, non systématisée, suffisent en
de Gayet-Wernicke, la thrombose des veines cérébrales internes général à faire le diagnostic.
et la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Le diagnostic est en général Le pronostic est péjoratif avec 65 à 95 % de décès et une
basé sur la visualisation d’anomalies de signal thalamiques isolées, atteinte neurologique chez 30 % des survivants environ. Cepen-
dans un contexte de début brutal des troubles. dant, la mise en hypothermie contrôlée améliore le pronostic de
Le traitement est une urgence et doit être conduit en centre ces patients.
spécialisé pour envisager une thrombolyse intraveineuse, et/ou
un traitement par voie endovasculaire si la thrombose intéresse
l’artère basilaire ou l’artère cérébrale postérieure. En l’absence de
traitement, l’évolution peut être favorable, avec une régression
totale des troubles. Une évolution défavorable avec la persistance
de troubles mnésiques et/ou psychiatriques notamment est cepen-
dant plus fréquente [10] .
“ Point fort
• Dans les atteintes anoxiques, rechercher le signe du cer-
Anoxie cérébrale velet blanc en coronal et sagittal en scanner
Les lésions d’anoxie sont le plus souvent secondaires à un arrêt • Intérêt de la diffusion en IRM
cardiorespiratoire, une hypoxie prolongée, une noyade, ou un bas

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A B C

D E F
Figure 4. Lésions anoxiques corticales (flèches noires), cérébelleuses (flèches blanches) et thalamiques
(têtes de flèche) apparaissant en hypersignal sur les séquences axiales pondérées en diffusion, Flair, avec
une baisse du coefficient apparent de diffusion. À j10, on note une quasi-normalisation du coefficient
apparent de diffusion et l’apparition d’une nécrose laminaire corticale sur la séquence pondérée en T1
après injection de gadolinium.
A, B, C, D. j4.
A. Vue axiale pondérée en diffusion (b1000) à hauteur des thalami.
B. Vue axiale pondérée en Flair à hauteur des thalami.
C. Coefficient apparent de diffusion en vue axiale à hauteur des thalami.
D. Vue axiale pondérée en diffusion (b1000) au niveau du vertex.
E. Vue axiale pondérée en diffusion (b1000) sur la fosse postérieure.
F, G. j10.
F. Coefficient apparent de diffusion en vue axiale à hauteur des thalami.
G. Vue axiale pondérée en T1 après injection de contraste sur la fosse postérieure.

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Étiologies traumatiques Œdème cérébral diffus


Il faut également rechercher un œdème cérébral diffus, très
Devant un trouble de conscience à la suite d’un traumatisme, il difficile à mettre en évidence en raison de son caractère dif-
faut réaliser en urgence un scanner encéphalique qui est éventuel- fus, et qui se manifeste sur le scanner sans injection par une
lement répété si l’état neurologique du patient s’aggrave et/ou si dédifférenciation cortico-sous-corticale avec le signe du cervelet
le scanner a été réalisé précocement. L’IRM n’est habituellement blanc, la diminution de taille des ventricules et la disparition des
pas réalisée à la phase aiguë, mais doit être discutée en cas de dis- sillons cérébraux. De plus, les séquences d’angiographie peuvent
cordance clinicoradiologique, c’est-à-dire devant la présence de montrer un ralentissement du flux vasculaire et une diminution
troubles de la conscience ou d’absence de réveil, chez un patient de la perfusion cérébrale. L’échographie Doppler transcrânienne
avec une imagerie subnormale. peut également apporter des arguments en montrant une
L’hématome intra- ou péricérébral avec effet de masse et signe majoration des index de résistance et une diminution de la vélo-
d’engagement est le premier diagnostic à envisager car pouvant cité [10] . La réalisation d’une IRM encéphalique à ce stade est en
bénéficier d’un traitement neurochirurgical en urgence. De même, revanche délicate compte tenu de l’hypertension intracrânienne
on doit rechercher des stigmates d’hémorragie intraventriculaire sévère.
et sous-arachnoïdienne, et la présence de pétéchies ou de contu- Les causes du coma sont multifactorielles, pouvant être rappor-
sions de petite taille ainsi que de fractures. tées à un engagement temporal ou une atteinte perfusionnelle
Cependant, on doit également vérifier systématiquement, et ce notamment.
d’autant plus qu’il existe une discordance clinicoradiologique, la Les principaux diagnostics différentiels, qui habituellement
présence ou non de lésions axonales diffuses notamment locali- compte tenu du contexte ne posent pas de problèmes diag-
sées dans le corps calleux et le tronc cérébral, d’un œdème cérébral nostiques, sont l’anoxie cérébrale, les troubles métaboliques, le
diffus ou d’une ischémie secondaire. syndrome d’encéphalopathie postérieure réversible (PRES) ou les
méningoencéphalites.
Le traitement est uniquement symptomatique, visant à main-
tenir la perfusion cérébrale par l’osmothérapie, les agents de

“ Point fort protection cérébrale, voire la chirurgie, et le pronostic est en géné-


ral péjoratif.

Évoquer les lésions axonales diffuses ou un œdème céré- Ischémie cérébrale post-traumatique
bral diffus en cas de discordance clinicoradiologique Des lésions d’ischémie peuvent également se surajouter à celles
liées au traumatisme, et peuvent être liées à un œdème cérébral
et/ou à un engagement cérébral, ou à une dissection des troncs
supra-aortiques.

Lésions axonales diffuses Hémorragies non traumatiques


La présence de lésions axonales diffuses se manifeste par des
L’hémorragie non traumatique (hémorragie sous-
lésions ponctiformes de la jonction corticomédullaire, du corps
arachnoïdienne, hématome intraparenchymateux) peut donner
calleux, de la substance grise profonde ou du tronc cérébral
des troubles de la conscience en raison de l’effet de masse, d’un
notamment. Il existe trois types de lésions axonales diffuses :
engagement, d’une hydrocéphalie, ou de sa localisation dans
ischémiques, hémorragiques et non ischémiques non hémorra-
le tronc cérébral ou le corps calleux. De plus, en fonction de la
giques.
localisation (hématome lobaire, hémorragie sous-arachnoïdienne
Le scanner encéphalique sous-estime habituellement les lésions
notamment), du contexte clinique et de l’absence d’étiologie
mais peut montrer la présence de quelques pétéchies, lésions
connue comme l’angiopathie amyloïde, on réalise largement un
ponctiformes hyperdenses. En cas d’imagerie répétée, on peut voir
angioscanner afin de rechercher un anévrisme, une malformation
apparaître des nouvelles lésions, ainsi qu’une évolution œdéma-
artérioveineuse ou une angiopathie réversible.
teuse de celles connues. L’IRM est l’examen à privilégier, montrant
des lésions ponctiformes multiples en hyposignal T2* dans le
cadre des lésions hémorragiques. Les séquences de susceptibi- État de mal épileptique
lité magnétique de type SWI sont aussi très intéressantes dans ce
contexte, permettant de mettre en évidence un nombre accru de L’état de mal épileptique est défini par une crise comitiale d’une
lésions. La séquence de diffusion classique peut mettre en évi- durée supérieure à 30 minutes ou par au moins deux crises sans
dence les lésions axonales ischémiques sous forme d’hypersignaux retour à une conscience normale. Les troubles de la conscience en
en diffusion, avec baisse du coefficient apparent de diffusion à rapport avec l’atteinte épileptogène résultent d’un dysfonction-
la phase précoce. La séquence de tenseurs de diffusion est égale- nement global des hémisphères cérébraux.
ment en cours d’évaluation et pourrait apporter une information Les anomalies en imagerie sont principalement localisées dans
pronostique supplémentaire. De même, la baisse des rapports la substance grise corticale, la substance blanche sous-corticale,
N-acétyl-aspartate/créatine et choline/créatine en spectroscopie les thalami, dans le splénium du corps calleux, les hippocampes
semble apporter des informations pronostiques. et parfois le cervelet. Cependant, l’imagerie est généralement
En fonction de la localisation des lésions, une classification a normale. Le scanner peut mettre en évidence des anomalies hypo-
été établie. Ainsi, le stade 1 correspond à la présence de lésions de denses avec une dédifférenciation corticomédullaire. En IRM, les
la jonction corticomédullaire localisées en région frontotempo- lésions apparaissent en hyposignal en pondération T1, hyper-
rale, le stade 2 à la présence de lésions localisées dans la substance signal en pondération T2 et Flair, et souvent en restriction en
blanche lobaire et du corps calleux, et le stade 3 à la présence de diffusion témoignant d’un œdème cytotoxique. On retrouve une
lésions dans le tronc cérébral (Fig. 5). De plus, le risque d’évolution dédifférenciation corticomédullaire et un effet de masse modéré.
péjorative augmente en fonction du stade et du nombre de lésions, Un rehaussement cortical peu marqué est possible après injection
en sachant que la présence de lésions au sein du tronc cérébral est en pondération T1 (Fig. 6). Sur les séquences de perfusion, on note
de très mauvais pronostic, avec un risque important d’évolution le plus souvent une hyperperfusion, couplée à l’augmentation de
vers un état végétatif [10] . Le coma est en règle générale rapporté à l’activité neuronale et à une augmentation de la consommation
une lésion directe de la SRAA et/ou des deux thalami. du glucose [10, 13] .
Les principaux diagnostics différentiels sont les lésions vas- Les principaux diagnostics différentiels à évoquer sont
culodégénératives liées à une hypertension artérielle et la l’ischémie, la lésion tumorale ou la méningoencéphalite herpé-
cavernomatose, normalement non responsables de troubles de la tique. Le caractère non systématisé, unilatéral, sans syndrome
conscience. de masse et épargnant le système limbique permet normalement

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A B C

D E F
Figure 5. Lésions axonales diffuses traumatiques apparaissant en franc hyposignal sur la séquence de susceptibilité magnétique et hétérogène en pon-
dération T1. Il existe des lésions de la jonction corticomédullaire localisées en région frontotemporale (flèches blanches), du corps calleux (flèches noires),
sous-pallidale (ronds) et du tronc cérébral (têtes de flèche) en faveur d’un stade 3 et donc d’un mauvais pronostic.
A, B, C. Séquence de susceptibilité magnétique en vues axiales au niveau des lobes temporaux, du troisième ventricule et du corps calleux respectivement.
D, E, F. Vues axiales pondérées en T1 au niveau des lobes temporaux, du troisième ventricule et du corps calleux.

le diagnostic différentiel. La méningoencéphalite herpétique est L’herpès simplex virus est le virus le plus fréquemment rencon-
parfois difficile à éliminer, mais l’absence de remaniements tré dans les encéphalites virales.
hémorragiques est en faveur de l’état de mal.
Les anomalies sont généralement résolutives avec le traitement
antiépileptique. Cependant, une atrophie focale ou une sclérose Étiologies métaboliques et toxiques
mésiale pouvant en elles-mêmes être responsables de nouvelles
crises d’épilepsie, peuvent être retrouvées à distance. La présence de toxiques sériques ou d’un trouble métabolique
peut entraîner des troubles de la conscience, principalement en
rapport avec une inhibition du fonctionnement de multiples cir-
Étiologies infectieuses cuits neurologiques dont la SRAA.
La prise en charge des troubles de la conscience fébriles
est une urgence médicale à la fois diagnostique et thérapeu-
tique. L’imagerie est systématique dans ce cadre, mais elle
Hypoglycémie
ne doit pas retarder la mise en place d’une antibiothérapie. Les troubles de la conscience lors d’une hypoglycémie sont
Le premier diagnostic à évoquer est une infection intrapa- en rapport initialement avec l’inhibition du fonctionnement de
renchymateuse, c’est-à-dire une encéphalite ou un abcès. La multiples circuits neurologiques dont la SRAA par privation en
seconde hypothèse est celle d’une infection extraparenchyma- glucose et donc avec un dysfonctionnement des neurones. En cas
teuse, notamment celle d’un empyème responsable d’un effet de d’hypoglycémie prolongée, une nécrose cellulaire peut survenir,
masse et d’un engagement provoquant le trouble de la conscience. entraînant des lésions constituées.
De plus, il faut savoir rechercher la thrombose veineuse cérébrale Les anomalies sont localisées préférentiellement dans les lobes
secondaire à une infection locorégionale ou l’endocardite infec- pariétaux, occipitaux et temporaux, ainsi que dans les hippo-
tieuse qui peuvent être responsables de lésions ischémiques et/ou campes et des amygdales temporales. Les noyaux lenticulaires
hémorragiques, et par conséquence d’un trouble de la conscience et caudés, le splénium du corps calleux et la substance blanche
surajouté. En revanche, une méningite sans encéphalite associée profonde peuvent également être atteints, mais classiquement les
ni complication (arachnoïdite de la base, ventriculite, ischémie, thalami sont épargnés. En scanner, on peut mettre en évidence des
thrombose veineuse cérébrale, etc.) ne donne pas de troubles de hypodensités. En IRM, les lésions sont hyperintenses en pondéra-
la conscience. tion T2 et Flair, avec un œdème cortical et une dédifférenciation

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A B C
Figure 6. État de mal épileptique avec une atteinte corticale et sous-corticale (flèches) et des hip-
pocampes (têtes de flèche) apparaissant en hypersignal en pondération Flair, en diffusion avec un
coefficient apparent de diffusion augmenté.
A. Vue axiale pondérée en Flair à hauteur des ventricules.
B. Vue axiale pondérée en diffusion (b1000) à hauteur des ventricules.
C. Coefficient apparent de diffusion en vue axiale à hauteur des ventricules.
D. Vue axiale pondérée en Flair passant par les hippocampes.

en pondération T1. Elles sont généralement en restriction en dif- confluentes, et sont principalement localisées dans les noyaux
fusion avec une baisse du coefficient apparent de diffusion [10, 14] . thalamiques, caudés, les putamens et la substance blanche
Le principal diagnostic différentiel est l’ischémie, mais la notion sous-corticale. Une atteinte cérébelleuse est également possible.
d’hypoglycémie sévère permet aisément le diagnostic. En TDM, on peut visualiser des hypodensités, mais cette ima-
Le traitement repose sur l’administration immédiate de sérum gerie est le plus souvent normale. En IRM, les lésions sont
glucosé à 30 % et le pronostic est variable, principalement lié à classiquement en hyposignal en pondération T1, hypersignal en
l’extension des lésions, notamment à l’atteinte des noyaux gris pondération T2 et Flair, sans rehaussement pathologique après
centraux. injection. En séquence pondérée en diffusion, on note classique-
ment une restriction avec un hypersignal à b1000 et une baisse
du coefficient apparent de diffusion. Rarement, des microhémor-
Démyélinisation osmotique ragies sont visibles en pondération T2*. Dans la démyélinisation
Cliniquement, devant un syndrome pseudobulbaire avec tétra- centropontine, il persiste un fin liseré périphérique sain [10, 14, 15]
parésie, dysphagie, dysarthrie associé à des crises comitiales, une (Fig. 7).
confusion, des troubles de conscience et la plupart du temps une Les principaux diagnostics différentiels à évoquer sont
notion d’hyponatrémie biologique, il faut évoquer la démyélini- l’ischémie protubérantielle, une lésion tumorale ou le PRES.
sation osmotique. Les troubles de la conscience sont en rapport Le respect d’un liseré périphérique protubérantiel, l’absence de
avec l’inhibition du fonctionnement de multiples circuits neuro- syndrome de masse et le respect des régions pariéto-occipitales
logiques dont la SRAA secondaire à l’hyponatrémie, qui entraîne permettent en général le diagnostic différentiel.
des modifications de l’osmolarité cellulaire. Une hypertension La correction progressive de l’hyponatrémie permet une réso-
intracrânienne peut également survenir et être responsable d’un lution progressive plus ou moins complète.
engagement, notamment temporal ou occipital, et donc d’une
compression du tronc cérébral.
La démyélinisation osmotique peut être centro- ou extrapon-
Encéphalopathie de Gayet-Wernicke
tine. En imagerie, dans les démyélinisations centropontines, L’encéphalopathie de Gayet-Wernicke doit être évoquée devant
les anomalies touchent la protubérance ; en revanche, dans les un trouble de la conscience associé ou non à une ataxie, une
démyélinisations extrapontines, les lésions sont symétriques et atteinte de l’oculomotricité et une polynévrite périphérique, et/ou

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A B C
Figure 7. Démyélinisation centropontine (têtes
de flèche) avec hypersignal en pondération Flair
et en diffusion, hyposignal en pondération T1 et
baisse du coefficient apparent de diffusion avec
persistance d’un fin liseré sain. Atteinte extrapon-
tine (flèches) associée au niveau des noyaux gris
centraux apparaissant en hypersignal en pondé-
ration Flair.
A. Vue axiale pondérée en Flair passant par la pro-
tubérance.
B. Vue axiale pondérée en T1 passant par la pro-
tubérance.
C. Vue axiale pondérée en diffusion (b1000) pas-
sant par la protubérance.
D. Coefficient apparent de diffusion en axiale pas-
sant par la protubérance.
E. Vue axiale pondérée en Flair à hauteur des
noyaux gris centraux.

D E

un rehaussement pathologique après injection de contraste en

“ Point fort pondération T1. Le rehaussement intense des corps mamillaires


est pathognomonique de cette pathologie mais rarement observé
(Fig. 8). Les anomalies sont hyperintenses en diffusion, mais avec
Penser à la démyélinisation osmotique devant un syn- un coefficient apparent de diffusion variable [10, 15, 16] .
Les principaux diagnostics différentiels à évoquer sont la mala-
drome pseudobulbaire, des troubles de conscience, une
die de Creutzfeldt-Jakob et le delirium tremens. La présentation
notion d’hyponatrémie et des anomalies touchant la pro- clinique et la mise en évidence d’anomalies périaqueducales
tubérance. doivent faire suspecter le diagnostic.
En l’absence ou en cas de retard de traitement, qui repose sur
la vitaminothérapie intraveineuse, le risque le plus important est
le syndrome de Korsakoff ; la réponse au traitement est en outre
progressive.
chez un sujet alcoolique ou dénutri. La maladie est en rapport avec
une carence en vitamine B1 , gênant l’utilisation du glucose par les
neurones, et est le plus souvent précipitée par une hospitalisation.
Les anomalies sont typiquement bilatérales et symétriques,
périaqueducales, en regard des corps mamillaires et des thalami
médians. Des localisations moins typiques sont possibles dans le
“ Point fort
vermis cérébelleux supérieur, les noyaux des nerfs crâniens, le
noyau rouge, le noyau dentelé, le splénium ou des anomalies Penser à l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke devant une
corticales. Le scanner est le plus souvent normal ou peut mon- atteinte périaqueducale chez les patients alcooliques chro-
trer des hypodensités. En IRM, les lésions sont en hyposignal niques mais pas seulement.
en pondération T1, hypersignal en pondération T2 et Flair, avec

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Figure 8. Encéphalopathie de Gayet-Wernicke


avec la présence d’hypersignaux périaqueducaux
(têtes de flèche) en pondération Flair et d’un
rehaussement des corps mamillaires (flèches) en
pondération T1 après gadolinium.
A, B. Vues axiales pondérées en Flair à hauteur
des thalami et du plancher du troisième ventri-
cule respectivement.
C, D. Vues sagittales pondérées en T1 passant
par la ligne médiane respectivement sans et après
injection de contraste.

A B

C D

Encéphalopathie hépatique aiguë Encéphalopathie de Marchiafava-Bignami


Le patient présente cliniquement des troubles de la cons- Cliniquement, le patient se présente pour confusion, coma,
cience, une trémulation, un astérixis, une bradykinésie, une crise convulsive et hypertonie musculaire. Il s’agit d’une patholo-
ataxie–apraxie et une hyperréflexie. Les troubles de la conscience gie liée à la consommation importante et chronique de vin rouge
sont en rapport avec la présence de toxiques sériques, et notam- (ou rosé).
ment d’une hyperammoniémie et d’une surcharge en manganèse, La partie centrale du corps calleux, principalement le splé-
inhibant le fonctionnement de multiples circuits neurologiques nium, est typiquement atteinte. Il peut également s’y associer une
dont la SRAA. atteinte de la substance blanche péricalleuse ou extracalleuse, avec
En imagerie, les anomalies le plus fréquemment rencontrées notamment une atteinte des capsules externes, des faisceaux cor-
sont en rapport avec des lésions d’encéphalopathie hépatique ticospinaux et des pédoncules cérébelleux moyens. En scanner,
chronique, qui se manifestent principalement par des hypersi- on peut mettre en évidence une hypertrophie hypodense à limite
gnaux en pondération T1 des pallidi, de la glande pituitaire, des floue du splénium du corps calleux sans effet de masse. En IRM,
noyaux sous-thalamiques et du mésencéphale, associés à une les lésions sont hypo-intenses en pondération T1, hyperintenses
atrophie et à une augmentation du coefficient apparent de dif- en pondération T2 et Flair avec une prise de contraste variable. On
fusion. On peut rarement observer des anomalies plus étendues note le plus souvent un hypersignal en pondération en diffusion
avec, en scanner, un œdème cérébral diffus, une dédifférencia- avec une baisse du coefficient apparent de diffusion.
tion substance blanche–substance grise et un effacement des Les principaux diagnostics différentiels sont l’ischémie, les
espaces liquidiens. En IRM, ces anomalies apparaissent sous forme lésions traumatiques ou tumorales, et la démyélinisation osmo-
d’hypersignaux corticaux diffus en pondération T2, Flair sans tique. Le contexte d’alcoolisme chronique et la localisation au
rehaussement pathologique et avec une restriction en diffusion splénium du corps calleux en l’absence de syndrome de masse ou
(baisse du coefficient apparent de diffusion), épargnant le sillon de stigmates hémorragiques doivent faire suspecter le diagnostic.
prérolandique et les régions occipitales. Une atteinte thalamique Les anomalies sont parfois régressives, mais le plus souvent les
médiale est possible. En revanche, la spectroscopie en IRM apporte lésions évoluent vers la cavitation avec apparition d’une lésion
des informations importantes, montrant une augmentation des kystique [10, 15, 16] .
pics de glutamine/glutamate, et une diminution de ceux de la
choline et du myoinositol [10, 15, 16] .
Ces anomalies sont résolutives après transplanta- Encéphalopathie au monoxyde de carbone
tion. En l’absence, il existe un risque de décès par engage- Cliniquement, le patient peut présenter des nausées, vomisse-
ment. ments, céphalées, vertiges, troubles de la vision et troubles de la

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conscience. Les troubles de la conscience sont en rapport avec la postérieurs des capsules internes. Les anomalies sont hypodenses
présence de monoxyde de carbone dans le sang circulant empê- en scanner, hyperintenses en pondération T2 et Flair, et hypo-
chant l’apport d’oxygène en quantité suffisante au cerveau. Ceci intenses en pondération T1 [10, 14] .
est à l’origine d’une inhibition du fonctionnement de multiples
circuits neurologiques dont la SRAA, et/ou de lésions directes de
la SRAA ou des deux thalami. Syndrome d’encéphalopathie postérieure
En imagerie, l’atteinte est symétrique et touche principale- réversible
ment les pallidi et la substance blanche périventriculaire et des
centres semi-ovales. On peut également voire une atteinte des Cliniquement, les patients peuvent présenter des céphalées,
noyaux caudés, des putamens, des thalami, des hippocampes, des troubles de la conscience, des troubles visuels, des parésies,
des régions corticales ou du cervelet. En scanner, les anoma- des nausées ou des crises convulsives. La plupart du temps, un
lies apparaissent hypodenses. En IRM, elles sont en hypersignal facteur déclenchant est mis en évidence : une hypertension arté-
en pondération T2 et Flair avec un rehaussement pathologique rielle, une éclampsie, une greffe de moelle osseuse ou d’organe
après injection fréquent, et de possibles remaniements hémor- solide, une immunodépression, une chimiothérapie, une patho-
ragiques. On note un hypersignal en pondération en diffusion logie auto-immune ou rénale, ainsi qu’un choc hémodynamique
avec le plus souvent une baisse du coefficient apparent de ou un sepsis.
diffusion [10, 14, 15, 17] . Les anomalies scanographiques ou IRM sont bilatérales, sou-
Le principal diagnostic différentiel à évoquer est l’anoxie, mais vent symétriques, prédominantes dans la substance blanche
le contexte clinique est généralement très évocateur et suffisant sous-corticale pariéto-occipitale, non confluentes. Elles peuvent
devant des anomalies pallidales. également être localisées dans les noyaux gris centraux, le cor-
Le traitement repose sur l’oxygénothérapie hyperbare et le pro- tex, le tronc cérébral ou la substance blanche profonde mais sont
nostic est variable, avec un risque de décès ou de séquelles à type alors moins souvent régressives. Le scanner peut être normal ou
de syndrome démentiel ou extrapyramidal. montrer des hypodensités sans rehaussement pathologique après
injection. En IRM, typiquement, les anomalies sont en hyposi-
Intoxication au méthanol gnal en pondération T1, hypersignal en pondération T2 et Flair.
Le coefficient apparent de diffusion permet de différencier la
Cliniquement, le patient peut présenter un trouble de la forme vasogénique (sans restriction de la diffusion), qui est de
vision, des céphalées, des nausées, des vomissements, des troubles meilleur pronostic que la forme ischémique (avec restriction de
de l’humeur, des crises convulsives, une confusion, voire un la diffusion). On peut visualiser des microsaignements en pon-
coma, et parfois un arrêt respiratoire. Il existe un temps de dération T2* ainsi qu’un rehaussement hétérogène faible après
latence entre l’ingestion et le début des symptômes. Le métha- gadolinium (Fig. 9). En ARM de type TOF, on peut mettre en évi-
nol est un dépresseur du système cérébral entraînant l’inhibition dence un aspect de vasculopathie avec présence d’irrégularités, de
du fonctionnement de multiples circuits neurologiques dont la succession de sténoses et d’ectasies artérielles témoignant d’une
SRAA. Le formaldéhyde, issu du métabolisme du méthanol dans vasoconstriction ou d’une vasodilatation [10, 15] .
l’organisme, est également à l’origine de lésions du nerf optique, Ces anomalies sont le plus souvent régressives après correction
pouvant être responsable de cécité. du facteur déclenchant.
Les lésions sont bilatérales et symétriques, principalement loca- Les principaux diagnostics différentiels à évoquer sont :
lisées dans les putamens, mais peuvent également toucher la l’ischémie, l’état de mal épileptique, la gliomatose et
substance blanche sous-corticale ou profonde, les pallidi, les l’hypoglycémie. La topographie lésionnelle avec des ano-
hippocampes et le cervelet. En scanner, on visualise des hypo- malies localisées dans la substance blanche sous-corticale
densités/hyperdensités bien limitées des putamens. En IRM, pariéto-occipitale, bilatérales et non confluentes est en faveur du
les lésions sont en hypersignal en pondération T2 et Flair, diagnostic.
variables en pondération T1 (remaniements hémorragiques ou
non), avec souvent des remaniements hémorragiques sur la
séquence en écho de gradient ou pondération T2*. Le plus
souvent, on retrouve un hypersignal en pondération en dif-
fusion avec une baisse du coefficient apparent de diffusion.
“ Point fort
Le rehaussement est variable après injection en pondération
T1 [10, 14] . Penser au PRES chez un patient présentant des céphalées,
Les principaux diagnostics différentiels sont l’ischémie, des troubles visuels, et troubles de la conscience associés
l’intoxication au monoxyde de carbone et la démyélinisation à une hypertension artérielle mais pas toujours.
osmotique. La mise en évidence d’une nécrose hémorragique des
putamens doit faire évoquer le diagnostic.
Le traitement repose sur l’éthanol, permettant de ralentir
l’action des enzymes dégradant le méthanol, par un mécanisme
d’inhibition compétitive, pour qu’il soit excrété par le rein plutôt Autres causes
que transformé en métabolites toxiques. En l’absence de traite-
ment, un tiers des patients décèdent et un tiers ont des séquelles Les origines tumorales, inflammatoires, endocriniennes et
visuelles. l’hydrocéphalie aiguë peuvent également être responsables de
troubles de la conscience.
Drogues
La cocaïne peut être responsable d’accidents vasculaires
hémorragiques précoces, notamment d’hémorragies sous-  Schéma d’interprétation
arachnoïdiennes pouvant révéler une malformation sous-jacente.
Des lésions ischémiques sont également possibles mais en
d’un trouble de la conscience
général plus tardives (jusqu’à six mois) et en rapport princi- en imagerie
palement avec une vascularite des vaisseaux de petit calibre.
Elles affectent en priorité le territoire cérébral moyen sous- Le diagnostic étiologique est en général possible, à l’aide du
cortical [15] . contexte clinique (traumatique ou non) et paraclinique, associé à
L’héroïne peut être responsable d’une atteinte de type encépha- la localisation des anomalies morphologiques.
lopathie avec atteinte diffuse de la substance blanche supra- et Ainsi, les pathologies touchant la substance grise sont le plus
infratentorielle, prédominant dans les régions postérieures (pré- souvent en rapport avec une origine ischémique, une hypoglycé-
servant les fibres en U). On peut également noter une atteinte mie ou un état de mal épileptique, et celles de la substance blanche
des faisceaux moteurs et sensitifs du tronc cérébral et des bras avec un PRES ou une démyélinisation osmotique.

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A B C

D E
Figure 9. Encéphalopathie postérieure réversible chez un patient traité pour une leucémie avec la présence d’hypodensités postérieures (flèches) sur le
scanner cérébral sans injection, apparaissant en hypersignal en pondération Flair, hyposignal en pondération T1, sans baisse du coefficient apparent de
diffusion, associées à la présence de microsaignements (têtes de flèche) apparaissant en franc hyposignal sur la séquence pondérée en T2*.
A. Scanner cérébral sans injection en vue axiale passant par les ventricules.
B. Vue axiale pondérée en Flair passant par les ventricules.
C. Vue axiale pondérée en T1 passant par les ventricules.
D. Coefficient apparent de diffusion en vue axiale passant par les ventricules.
E. Vue axiale pondérée en T2* passant par les ventricules.

De même, la mise en évidence d’une atteinte systémati- Une hydrocéphalie, un syndrome de masse ou une lésion
sée à un territoire artériel dans un trouble de la conscience hémorragique sont recherchés également. De même, en cas de
de début brutal est en faveur d’une origine ischémique. La discordance clinicoradiologique dans les traumatismes, la mise
thrombose de l’artère basilaire se manifeste par des anoma- en évidence du signe du cervelet blanc est en faveur d’un
lies systématisées à la fosse postérieure et au territoire cérébral œdème cérébral diffus, tandis que celle de pétéchies hémorra-
postérieur, l’occlusion de l’artère de Percheron par des lésions giques notamment du tronc cérébral ou du corps calleux évoque
thalamiques. des lésions axonales diffuses.
De plus, en fonction du type de trouble métabolique ou
toxique, il existe une localisation préférentielle des anomalies
de signal (Fig. 10). Ainsi, dans la démyélinisation centro-
pontine, les anomalies prédominent à la protubérance, dans
 Conclusion et place
l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke en périaqueducal, et dans des imageries innovantes
la maladie de Marchiafava-Birgmani dans le splénium du corps
calleux. Une atteinte pallidale plaide en faveur d’une intoxica- L’imagerie est incontournable dans la prise en charge des
tion au monoxyde de carbone, des anomalies putaminales sont troubles de la conscience traumatiques ou non traumatiques, à la
quant à elles en faveur d’une intoxication au méthanol et une fois pour le diagnostic étiologique, le pronostic et le traitement.
localisation aux striata évoque une atteinte anoxique. Enfin, des Les imageries innovantes, notamment l’imagerie au repos
modifications pariéto-occipitales évoquent plutôt un PRES, alors du métabolisme glucidique par tomographie par émission de
que l’atteinte du circuit limbique fait suspecter une encéphalite positons marqués au 18-fluoro-deoxy-glucose ou l’imagerie de
herpétique [18] . type blood-oxygen-level dependent (BOLD) pourraient permettre de

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A B C
Figure 10. Localisation préférentielles des anomalies de signal : vues axiale (A), coronale (B) et sagittale (C) pondérées en T1. Dans la démyélinisation
centropontine (orange), les anomalies prédominent à la protubérance, dans l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke (jaune) en périaqueducal, dans la maladie
de Marchiafava-Birgmani (rouge) au splénium du corps calleux, dans l’intoxication au monoxyde de carbone (vert) au pallidi, dans l’intoxication au méthanol
(bleu) aux putamens, dans le syndrome d’encéphalopathie postérieure ou l’hypoglycémie (violet) en région pariéto-occipitale.

mieux évaluer les possibilités de réveil des patients, et de diffé- [6] Weiss N, Regard L, Vidal C, Luque Y, Taldir G, Vallet H, et al. Causes
rencier les locked-in syndromes et les états végétatifs [19] . De même, of coma and their evolution in the medical intensive care unit. J Neurol
l’imagerie d’activation par IRM (IRM fonctionnelle de type BOLD) 2012;259:1474–7.
a montré lors de stimulations passives auditives, nociceptives et [7] Forsberg S, Hojer J, Ludwigs U. Prognosis in patients presenting with
visuelles, que l’activation des aires associatives était un facteur de non-traumatic coma. J Emerg Med 2012;42:249–53.
bon pronostic. La séquence de tenseurs de diffusion pourrait éga- [8] Petkova M, Rodrigo S, Lamy C, Oppenheim G, Touze E, Mas JL,
lement à terme donner des renseignements primordiaux sur les et al. MR imaging helps predict time from symptom onset in patients
possibilités de réveil et le risque de séquelles, notamment dans les with acute stroke: implications for patients with unknown onset time.
Radiology 2010;257:782–92.
comas traumatiques ou les comas d’origine anoxique [20] .
[9] Chandra RV, Law CP, Yan B, Dowling RJ, Mitchell PJ. Glasgow coma
scale does not predict outcome post-intra-arterial treatment for basilar
artery thrombosis. AJNR Am J Neuroradiol 2011;32:576–80.
“ Points essentiels [10]

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Lippincott Williams and Wilkins; 2009.
Greer D, Scripko P, Bartscher J, Sims J, Camargo E, Singhal A, et al.
• Dans les comas non traumatiques, l’angioscanner Clinical MRI interpretation for outcome prediction in cardiac arrest.
Neurocrit Care 2012;17:240–4.
cérébral doit être d’indication large pour éliminer une [12] Wu O, Sorensen AG, Benner T, Singhal AB, Furie KL, Greer DM.
thrombose de l’artère basilaire qui est une urgence thé- Comatose patients with cardiac arrest: predicting clinical outcome with
rapeutique absolue. diffusion-weighted MR imaging. Radiology 2009;252:173–81.
• Dans les troubles de la conscience traumatiques : [13] Milligan TA, Zamani A, Bromfield E. Frequency and patterns of MRI
◦ une imagerie scanographique doit être réalisée en abnormalities due to status epilepticus. Seizure 2009;18:104–8.
[14] Sharma P, Eesa M, Scott JN. Toxic and acquired metabolic encepha-
urgence pour éliminer une lésion neurochirurgicale ;
lopathies: MRI appearance. AJR Am J Roentgenol 2009;193:879–86.
◦ en cas de discordance radioclinique, il faut recher- [15] Martin-Duverneuil N, Guillevin R, Chiras J. Affections métaboliques
cher des lésions axonales diffuses, un œdème cérébral et toxiques de l’encéphale chez l’adulte. EMC (Elsevier Masson SAS,
diffus ou une dissection des troncs supra-aortiques. Paris), Radiodiagnostic - Squelette normal - Neuroradiologie - Appa-
reil locomoteur, 31-664-A-10, 2007.
[16] Geibprasert S, Gallucci M, Krings T. Alcohol-induced changes in the
brain as assessed by MRI and CT. Eur Radiol 2010;20:1492–501.
[17] Dietemann JL, Botelho C, Nogueira T, Vargas MI, Audibert C, Abu
Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en Eid M, et al. Imaging in acute toxic encephalopathy. J Neuroradiol
relation avec cet article. 2004;31:313–26.
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of unexplained nontraumatic coma. Am J Emerg Med 2013;31:494–8. pdf.

14 EMC - Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale

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Imagerie des comas et des troubles de la conscience de l’adulte  31-668-A-10

Dietemann JL. Neuro-imagerie diagnostique. Paris: Masson; 2012. Naggara O, Guarnieri G, Hodel J, Piana G, Meary E, Charbonneau F, et al.
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Masson SAS, Paris), Radiologie et Imagerie Médicale : Musculos- gique - Maxillofaciale, 31-644-A-10, 2007 : 23 p.
quelettique - Neurologique - Maxillofaciale, 31-642-B-10, 2008 : Galanaud D, Naccache L, Puybasset L. Exploring impaired consciousness:
20 p. the MRI approach. Curr Opin Neurol 2007;20:627–31.

A. Esquevin, Interne (aurore.esquevin@chu-rennes.fr).


B. Carsin-Nicol, Praticien hospitalier.
Unité d’imagerie neurofaciale, Service de radiologie, Hôpital Pontchaillou, CHU de Rennes, 2, rue Henri-Le-Guilloux, 35033 Rennes, France.
G. Soto Ares, Praticien hospitalier.
Département de neuroradiologie, Hôpital Roger-Salengro, CHRU Lille, rue Emile-Laine, 59037 Lille, France.
J.-Y. Gauvrit, Praticien hospitalier–Professeur des Universités.
Unité d’imagerie neurofaciale, Service de radiologie, Hôpital Pontchaillou, CHU de Rennes, 2, rue Henri-Le-Guilloux, 35033 Rennes, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Esquevin A, Carsin-Nicol B, Soto Ares G, Gauvrit JY. Imagerie des comas et des troubles de la conscience
de l’adulte. EMC - Radiologie et imagerie médicale - musculosquelettique - neurologique - maxillofaciale 2014;9(1):1-15 [Article 31-668-A-10].

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Iconosup 11
Les voies de la conscience représentées sur une image sagittale pondérée en T1. La principale structure permettant la vigilance et
la conscience de soi est la substance réticulée ascendante (pointillés), à partir de laquelle naissent des fibres efférentes (flèches)
se dirigeant notamment vers les thalami (ovale), qui permettent ensuite l'activation du cortex.
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Étiologies des troubles de la conscience.
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Encéphalite virale herpétique.
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Iconosup 12
Hypoglycémie sévère avec une atteinte des hippocampes (flèches) en hypersignal sur les séquences pondérées en Flair et en
diffusion (remerciements au Dr Ben Salem, CHU Brest).
a, b. Vues coronales pondérées en Flair passant respectivement par les portions antérieure et postérieure des hippocampes.
c. Vue axiale pondérée en diffusion à hauteur des ventricules (b1000).
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Iconosup 13
Encéphalopathie hépatique chronique avec hypersignal en pondération T1 et hyposignal en pondération Flair des pallidi (têtes de
flèches).
a. Vue axiale pondérée en T1 passant par les noyaux gris centraux.
b. Vue axiale pondérée en Flair passant par les noyaux gris centraux.
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Iconosup 14
Encéphalopathie hépatique aiguë avec des anomalies de signal des thalami médians (têtes de flèches) en hypersignal sur les
séquences axiales pondérées en Flair, diffusion et baisse du coefficient apparent de diffusion. Il existe également un hypersignal
cortical pariétal droit (flèches) en diffusion.
a. Vue axiale pondérée en Flair passant par les thalami.
b. Vue axiale pondérée en diffusion (b1000) passant par les thalami.
c. Coefficient apparent
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passantlepar les thalami.
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d. Vue axiale pondérée en diffusion (b1000) en frontopariétal supérieur.


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Marchiafava-Bignami à la phase aiguë avec hypersignal en pondération Flair, diffusion, hyposignal en T1 et une discrète baisse du
coefficient apparent de diffusion du splénium du corps calleux (têtes de flèche).
a. Vue axiale pondérée en Flair passant par le splénium du corps calleux.
b. Vue axiale pondérée en diffusion passant par le splénium du corps calleux.
c. Coefficient apparent de diffusion en vue axiale passant par le splénium du corps calleux.
d. Vue axiale pondérée en T1 passant par le splénium du corps calleux.
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Infosup 3
Autres causes.
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3 cas clinique

Clinique 1
Trouble de la conscience au décours immédiat d'un traumatisme.
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Clinique 2
Trouble de la conscience fébrile.
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Clinique 3
Trouble de la conscience brutal, non traumatique et inexpliqué.
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