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 37-820-A-60

Cognitive Remediation Therapy (CRT) :


un programme de remédiation cognitive
pour la schizophrénie et les troubles des
fonctions exécutives en pathologie mentale
I. Amado, A. Todd

Le programme Cognitive Remediation Therapy (CRT) est l’un des programmes de remédiation cognitive
les plus diffusés dans les pays anglo-saxons, et qui a été traduit et validé en France. En raison de la
renommée internationale de ce programme, l’ensemble de l’équipe qui a supervisé la traduction de la
CRT a décidé de garder en français son appellation anglaise. La CRT est une méthode papier/crayon,
administrée en face-à-face thérapeute patient et focalisée sur la rééducation des fonctions exécutives.
La CRT comprend trois modules : flexibilité cognitive, mémoire et planification. Cette méthode pallie les
déficits cognitifs le plus souvent altérés dans la schizophrénie. Elle a prouvé son efficacité sur différents
profils de patients souffrant de schizophrénie, selon l’âge ou l’importance du déficit. Chez les patients,
outre l’amélioration des fonctions exécutives testées avant/après programme, la CRT montre en imagerie
cérébrale l’activation de zones frontales hypoactivées avant traitement. Elle est utilisée actuellement tant
en hospitalisation qu’en ambulatoire, et s’inscrit le plus souvent dans une perspective de réhabilitation
sociale et professionnelle. Des adaptations de cette méthode sont dispensées dans d’autres pathologies
psychiatriques, telle l’anorexie mentale, et des essais prometteurs débutent dans les pathologies du spectre
autistique.
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Mots clés : Schizophrénie ; Psychose ; Cognition ; Thérapie ; Remédiation cognitive

Plan ■ Cognitive Remediation Therapy : avancées et résultats 6


■ Application du programme de Cognitive Remediation
■ Aux origines du Cognitive Remediation Therapy : le Frontal Therapy à d’autres pathologies 7
Executive Program 1 Syndrome d’Asperger 7
■ Cognitive Remediation Therapy : modèles cognitifs Anorexie mentale 7
sous-jacents 2 ■ Conclusion 7
Caractères généraux 2
Dysfonctions exécutives et schizophrénie : comment mettre
en évidence ces altérations ? 2
■ Modèle intégratif de la schizophrénie 3
 Aux origines du Cognitive
■ Déficit cognitif du patient souffrant de schizophrénie : enjeux
de la réhabilitation 3 Remediation Therapy : le Frontal
■ Lien entre fonctionnement cognitif et symptomatologie Executive Program
clinique 3
■ Fonctionnement cognitif et réhabilitation socioprofessionnelle 4 Le programme appelé Cognitive Remediation Therapy (CRT)

est un outil de soin créé par Morice et Delahunty. Il est issu d’un
Cognitive Remediation Therapy : principes, administration
autre programme dénommée Frontal Executive Program (FEP),
et déroulement 4
qui a pour but de rééduquer les dysfonctionnements exécutifs,
Bilan pré- et post-traitement 4
en particulier dans la pathologie schizophrénique [1, 2] . Cette tech-
Déroulement du programme de Cognitive Remediation Therapy 4
nique est née de la constatation d’altérations substantielles des
Stratégies sur lesquelles s’appuie le programme de Cognitive
fonctions exécutives et en particulier de la flexibilité cognitive
Remediation Therapy 4
chez les patients schizophrènes. Après avoir entrepris de réédu-
Matériel utilisé 6
quer de petites séries de patients, ces auteurs confirment ensuite

EMC - Psychiatrie 1
Volume 9 > n◦ 2 > avril 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-1072(12)58376-8

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leurs résultats sur une plus large population en comparaison à des d’altérations cognitives révélatrices de dysmaturations cérébrales
sujets contrôles, sur trois tests évaluant les fonctions exécutives : et de remaniements cérébraux visibles en imagerie [10] . Dans
le Wisconsin Card Sorting Test (WCST), la Tour de Londres et un ce modèle, l’éclosion des troubles survient souvent durant la
test d’empan verbal. maturation pubertaire, à une étape critique de la maturation
Le FEP a été élaboré d’une part à partir de la technique cérébrale.
de l’Integrated Psychological Therapy (IPT) de Brenner [3] afin La CRT a pour objectif d’agir et de pallier certains déficits cog-
de remédier aux déficits de flexibilité cognitive des patients et nitifs du patient souffrant de schizophrénie. Mais le modèle de
d’améliorer leurs difficultés dans la vie quotidienne, et d’autre déficit cognitif dans lequel s’inscrit l’action de la CRT inclut éga-
part de la technique de réhabilitation assistée par ordinateur de lement d’autres facteurs fondamentaux tels que la motivation,
Bracy [4] . Le premier programme ne comprenait qu’un module les traits de personnalité du sujet, son état affectif, et le contexte
unique de flexibilité cognitive et de planification. Puis le FEP particulier dans lequel le programme va prendre place.
a été révisé avec l’ajout d’un module permettant d’entraîner la Les fonctions cognitives en jeu qui vont être la cible de la CRT
mémoire de travail [1, 2, 5] . incluent des processus perceptifs, l’attention, la mémoire, le rai-
Le FEP dans sa forme actuelle vise à rééduquer et à entraîner sonnement et la résolution de problèmes. Il est évident qu’une
les dysfonctionnements frontaux et préfrontaux. Ces dysfonc- activité aussi courante que faire ses courses et mettre son projet
tionnements, comprenant donc des atteintes de la flexibilité de courses en exécution avec succès implique toute une série de
cognitive, de la mémoire de travail et de la planification, sont fonctions cognitives en cascade, depuis l’attention soutenue pour
vus comme opérant de manière distribuée sur les mécanismes réfléchir aux produits dont on a besoin, en passant par la mémo-
cognitifs complexes, en série ou en parallèle, avec des conséquen- risation de la liste d’items ou des boutiques dans lesquelles il faut
ces sur l’attention, le raisonnement, les processus de traitement se rendre, jusqu’à la planification du trajet, de l’estimation du
visuospatiaux, la mémoire, le contrôle émotionnel, etc. temps horaire et du budget à prévoir. Il en est de même pour la
Dans sa forme définitive, le FEP est très similaire à la CRT. décision de regarder un programme à la télévision, de suivre une
Il est au départ dispensé sur une durée de 7 semaines, avec 2 conversation et d’y participer, ou encore de décider de préparer
semaines de huit sessions de 1 heure pour le module de flexi- un repas.
bilité cognitive, 2 semaines de huit sessions pour le module Les difficultés cognitives du patient schizophrène sont décrites
de mémoire de travail et 3 semaines de 12 sessions pour le depuis Bleuler [11] , qui avait placé les difficultés attentionnelles
module de planification. Le FEP a permis des résultats posi- et les troubles du cours de la pensée au cœur des difficultés du
tifs sur sept patients schizophrènes chroniques stabilisés en patient souffrant de schizophrénie. Les difficultés cognitives du
comparaison à sept patients participant au programme IPT de patient atteint de schizophrénie débutent bien avant l’éclosion
Brenner [3] et sept patients participant au programme informa- des troubles, tôt dans l’enfance [12, 13] , avec très précocement une
tisé de Bracy [4] . Ces améliorations sont constatées à la passation atteinte des performances verbales [14, 15] .
d’échelles d’aptitudes générales et d’intelligence du type Wechsler Les anomalies cognitives du patient souffrant de schizophré-
Adult Intelligent Scale – forme révisée (WAIS-R) pour les sous- nie concernent tant le domaine attentionnel que la mémoire, les
tests d’arithmétique, de compréhension et de similitudes, sur les fonctions exécutives, le langage, la planification, ainsi que la cog-
erreurs persévératives du WCST (test de Wisconsin d’assemblage et nition sociale (théorie de l’esprit, appréhension des émotions) [16] .
catégorisation de formes, couleurs et nombre de figures, sensible Les déficits cognitifs sont stables tout au long de l’évolution de
aux dysfonctionnement frontaux) et sur l’épreuve de la tour de la maladie schizophrénique, même si certaines altérations sont
Londres. accentuées lors d’épisodes aigus de la maladie [17, 18] . Une étude
À partir de ces résultats prometteurs, Delahunty, au sein d’une effectuée chez des patients traités stabilisés et des patients non
clinique privée de neuropsychologie, a continué d’entraîner traités montre que les anomalies attentionnelles, en mémoire de
quelques patients schizophrènes mais aussi des enfants ayant des travail et des fonctions exécutives persistent malgré un traitement
difficultés d’apprentissage, ou atteints de syndrome d’Asperger, bien conduit [19] .
ou encore des enfants hyperactifs avec déficits de l’attention.
De même, cette neuropsychologue rééduque des patients adultes
ayant des troubles obsessionnels compulsifs, ou ayant commis
des gestes suicidaires répétés, ainsi que des patients neurologiques
Dysfonctions exécutives et schizophrénie :
ayant des lésions vasculaires (préface in [6] ). comment mettre en évidence ces altérations ?
Fonctions exécutives

 Cognitive Remediation Therapy : Largement altérées dans la schizophrénie, elles sont testées
la plupart du temps par le WCST, une épreuve d’arrangement
modèles cognitifs sous-jacents et d’assemblage de cartes au cours de laquelle le sujet doit
découvrir une règle de tri (par couleur, forme ou nombre),
Caractères généraux puis assembler correctement un certain nombre de cartes. De
plus, il doit s’adapter à un changement de règle déterminé par
Le modèle de symptômes cliniques et d’altérations cognitives l’expérimentateur et par déduction retrouver la nouvelle règle
sur lequel repose la CRT est basé sur un ensemble de symp- de classement. Les scores ainsi définis concernent le nombre
tômes qui postulent une interaction complexe entre différents de catégories achevées, le nombre d’erreurs persévératives, et les
facteurs de vulnérabilité à la maladie schizophrénique, ainsi que autres types d’erreurs. Les erreurs persévératives sont révélatrices
des facteurs de résilience et des facteurs de stress. Des interven- d’un dysfonctionnement frontal et sont liées à des difficultés à
tions de type thérapies cognitives agissent à différents niveaux de maintenir un set cognitif. Ces difficultés peuvent également être
ces dimensions. De manière générale, une intervention du type liées à des difficultés de résolution de problèmes, d’abstraction,
CRT peut augmenter les ressources cognitives disponibles, dimi- d’attention soutenue [20] ou de mémoire verbale à long terme [21] .
nuer la charge cognitive, remédier aux biais de raisonnement qui La CRT repose également sur l’entraînement de la mémoire de
peuvent survenir, et peut jouer un rôle sur la perception et la travail, dans la perspective du modèle du central executive [22] . Ce
compréhension de l’information en général par l’intermédiaire modèle appréhende l’efficience à stocker des informations et à
de changements métacognitifs. Par ailleurs, la maladie schi- les manipuler en fonction d’un contexte approprié. Cette capa-
zophrénique a une composante neurodéveloppementale [7] . Le cité cognitive est souvent évaluée par le test de complètement de
modèle neurodéveloppemental de la schizophrénie postule qu’il phrases de Hayling (Hayling Sentence Completion Test [24] ) où il
existe des anomalies subtiles du développement cérébral qui s’agit de remplacer le dernier mot d’une phrase en l’inscrivant
surviennent durant la vie embryonnaire ou dès les premières dans son contexte, puis dans un second temps, d’inhiber
années de la vie de l’enfant, et s’accompagnent d’anomalies cli- le mot congruent au contexte pour choisir un mot incon-
niques comme les signes neurologiques mineurs [8] , d’anomalies gruent. Cette épreuve est aussi sensible aux dysfonctionnements
morphologiques mineures [9] , d’anomalies génétiques, ainsi que frontaux [23] .

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D’autres épreuves sont importantes pour évaluer dans le fonc-


tionnement exécutif la planification et le raisonnement : ce sont
 Modèle intégratif
des épreuves type tour de Londres ou tour de Hanoi [24] : le partici- de la schizophrénie
pant doit appréhender différentes étapes de raisonnement suivant
des règles strictes, en un minimum d’essais, et donc de temps de La CRT s’appuie au plan neuropsychologique sur les modèles
réflexion et de planification. Rushe et al. [25] ont montré chez des de mémoire de travail de Baddeley [22] et de superviseur atten-
patients schizophrènes des difficultés à l’épreuve de la tour de tionnel de Norman et Shallice [36] . Ce dernier modèle appréhende
Hanoi. finement les dysfonctionnements frontaux et permet de rendre
Enfin, les épreuves de fluence verbale évaluent aussi le fonc- compte des troubles d’hypofrontalité observés dans la schizo-
tionnement exécutif, et les capacités de restitution mnésique phrénie comme le défaut d’initiative cognitive et motrice, les
et d’organisation sémantique de la mémoire à long terme [26] . tendances persévératives, et les réponses inappropriées aux sti-
Les patients souffrant de schizophrénie ont des anomalies de muli [37] . Le modèle de Norman et Shallice [36] postule qu’une
la fluence verbale en particulier catégorielle, lorsqu’il s’agit de modification de la force d’association de systèmes de fonction-
retrouver des mots en faisant appel aux processus de catégori- nement cognitifs qui entrent en compétition permet, à travers
sation [27] , par exemple générer en une minute le plus possible leur interaction avec l’environnement, d’inhiber certaines actions
de noms d’animaux. La fluence verbale phonologique semble inappropriées et de générer d’autres schémas cognitifs plus per-
moins atteinte (exemple : générer le plus grand nombre de mots tinents. Quant au modèle de neuropsychologie clinique de la
commençant par la lettre S). schizophrénie, la CRT s’inspire des modèles de Frith [38] , et de Frith
Par ailleurs, l’atteinte des fonctions exécutives dans la schizo- et Done [39] . Ces modèles postulent comme déficit cognitif fon-
phrénie peut également être en lien avec la cognition sociale. damental un déficit métareprésentationnel. Le patient souffrant
Le déficit en théorie de l’esprit, c’est-à-dire la capacité à inférer de schizophrénie est incapable de se figurer ses propres représen-
les intentions de l’autre constaté dans la schizophrénie, est en tations mentales ou une image correcte de la représentation du
partie expliqué par les altérations des fonctions exécutives. Les monde environnant. Ce déficit génère ensuite une série de défi-
patients souffrant de schizophrénie ont une atteinte de la théorie cits cognitifs fondamentaux, à savoir l’incapacité à générer ses
de l’esprit [28] . propres actions, l’incapacité à contrôler ses actions et à inférer les
représentations mentales des sujets autour de lui.

Fonctions attentionnelles, perceptives et rapidité


de traitement  Déficit cognitif du patient
Elles peuvent être appréhendées par le Span of Apprehension souffrant de schizophrénie : enjeux
Paradigm [29] . Dans cette tâche, les participants doivent repérer
une série d’items visuels présentés durant un temps très bref. de la réhabilitation
Les patients souffrant de schizophrénie ont des performances
faibles à cette épreuve, et présentent un empan visuel dimi- Les altérations cognitives attentionnelles et mnésiques, les
nué. Cette épreuve met en jeu les capacités d’engagement et atteintes de la mémoire de travail et de la mémoire à long terme
de désengagement attentionnel, habituellement altérées dans la ainsi que du fonctionnement exécutif interfèrent avec la vie quo-
schizophrénie [30] , ainsi que le central executive. tidienne du patient schizophrène. Par exemple, des difficultés en
Par ailleurs, les capacités attentionnelles sélectives peuvent être attention soutenue rendent très difficiles la compréhension d’un
aussi liées à la mémoire de travail, dans la mesure où elles néces- programme de télévision ou d’une conversation. Des difficultés
sitent aussi la mise en jeu de capacités à inhiber un stimulus mnésiques ont des conséquences sur la capacité à faire ses courses
non pertinent pour une tâche donnée, afin de pouvoir rapide- ou à exécuter correctement une tâche apprise sur un lieu de travail.
ment sélectionner le stimulus pertinent. Cette fonction peut être Green et al. [40] ont montré que les domaines cognitifs tels que
évaluée par le Stroop Color Naming Test : le sujet doit énoncer la mémoire verbale, la vigilance et les fonctions exécutives atten-
des couleurs, lire des mots représentant sémantiquement des cou- tionnelles sont des indices prédictifs forts du pronostic social.
leurs et enfin énoncer la couleur de l’encre dans laquelle un mot Wykes [41] montre, à partir d’un suivi sur 6 ans de symptômes et
est écrit, alors que la signification sémantique du mot peut être de facteurs cognitifs sur le pronostic social, que les atteintes de
différente. Il existe alors un conflit visuel entre deux systèmes la capacité à sélectionner une réponse correcte et à inhiber des
perceptifs, l’un sémantique verbal et l’autre perceptif visuel. Les réponses alternatives sont en lien avec une fréquentation assidue
patients schizophrènes ont des performances altérées au test de des services de santé et de soins psychiatriques.
Stroop [31] .

 Lien entre fonctionnement


Au plan mnésique
cognitif et symptomatologie
La mémoire explicite à long terme est aussi atteinte dans la schi-
zophrénie. Elle peut être décomposée en trois processus cognitifs clinique
différents : l’encodage, la rétention à long terme et la restitution.
Chaque atteinte de la mémoire verbale à long terme peut résulter Kerns et Berenbaum [42] dans une méta-analyse ont mis en évi-
d’une de ces trois étapes. dence le lien fort existant entre troubles du cours de la pensée,
L’encodage est évalué par la capacité à retenir une liste de mots désorganisation clinique et troubles cognitifs. La désorganisation
nouvellement apprise lors de différents essais d’apprentissage et est liée à l’atteinte des fonctions exécutives et de la mémoire de
à la restituer lors d’un rappel immédiat. Le rappel immédiat est travail [19, 43] , au temps de réaction et de vitesse de traitement des
modérément altéré dans la schizophrénie [32] . informations [44] , ainsi qu’à des anomalies de l’engagement et du
La capacité de stockage et de rétention à long terme désengagement attentionnel [45, 46] .
d’informations est évaluée par le ratio d’oublis d’un matériel Certaines études ont mis en évidence un lien entre impor-
nouvellement appris. La méta-analyse de Cirillo et Seidman [33] tance des symptômes positifs et vitesse de traitement de
montre que si les sujets contrôles sains rappellent autour de 85 % l’information [47] .
à 93 % des informations nouvellement apprises, les sujets schizo- On retrouve un lien entre déficit cognitif et symptômes
phrènes ont un rappel se situant autour de 74 %. négatifs [48] . Ce lien se fonde surtout sur l’importance du ralen-
La restitution dépend du mode de rappel envisagé : rappel libre, tissement, mais aussi sur les déficits aux fonctions exécutives
indicé ou reconnaissance. Dans la schizophrénie, les processus de surtout au WCST [49] . De même a-t-on pu établir un lien entre fonc-
reconnaissance peuvent être préservés [34] ou dans certaines études tionnement exécutif, vitesse de traitement, mémoire et fluence
montrer une atteinte modérée [35] . verbale [50] .

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 Fonctionnement cognitif Functions [BADS]) [57] . Ce test comprend trois subtests,


arithmétique, dictée et dénomination d’images, et fait partie
et réhabilitation d’un ensemble de six subtests destiné à évaluer de manière
écologique un dysfonctionnement exécutif.
socioprofessionnelle Le bilan neuropsychologique permet de mettre en évidence un
déficit dans l’une des dimensions cognitives envisagées et la CRT
Le fonctionnement cognitif est un très fort indice prédicteur n’est entreprise qu’après avoir constaté l’existence de ce déficit et
d’une bonne réhabilitation sociale et professionnelle [51] . Un score évalué les points forts et faiblesses du sujet.
élevé de désorganisation et des performances faibles au WCST pré-
disent en effet une première étape d’orientation professionnelle
difficile lors de la première semaine d’intégration [52] . De même, Déroulement du programme de Cognitive
McGurk et Meltzer [53] constatent que le fonctionnement exécu-
tif, la mémoire de travail et la vigilance différencient les patients
Remediation Therapy
qui conserveront un emploi à temps plein de ceux qui exerce- Celui-ci est envisagé sur une période de 14 semaines et
ront un emploi à temps partiel. Dans une autre étude, McGurk comprend 40 séances de 1 heure à raison d’au moins trois séances
et Mueser [51] retrouvent que la vitesse d’exécution et les fonc- par semaine (parfois jusqu’à cinq séances hebdomadaires). Ces
tions exécutives sont les facteurs prédicateurs clés de ces deux séances se déroulent en interface entre thérapeute et patient, et
paramètres d’employabilité. peuvent avoir lieu au domicile du patient. La CRT est en apparence
On peut aussi s’interroger sur le lien entre réussite d’un une méthode fixe et rigide. Or, cette technique est modulable
programme professionnel de réhabilitation et fonctionnement dès la première séance et s’adapte au patient, tant dans la durée
cognitif. Pour Bryson et Bell [54] , l’empan mnésique chiffré éva- des séances (qui peuvent être raccourcies si le patient est lent ou
lué par le Digit span (extrait de la WAIS) serait un des meilleurs fatigable) que dans le choix et la progression des exercices.
indices prédictif d’une réussite d’un programme de réhabili- Il convient toutefois de nuancer le rythme convenu des séances.
tation professionnelle. Ils ne retrouvent pas de symptômes En effet, la pratique du FEP, d’où dérive la CRT, est utilisée de
cliniques influençant cette réussite. Les facteurs cognitifs qui manière variable entre trois séances par semaine et jusqu’à une
contribuent à cette réussite sont le degré d’attention soutenue, séance par mois dans certains cas selon les profils d’âge et de
la capacité à inhiber une réponse, les pensées idiosyncra- pathologies. De même, en France, il a été convenu d’envisager
siques, et à un moindre degré la mémoire verbale et la vitesse des séances de remédiation à un rythme bihebdomadaire en y
d’exécution. adjoignant une séance d’exercices à faire seul par le patient à
De même, les difficultés cognitives sont prédictives d’une uti- son domicile, afin de mobiliser moins de moyens et de pouvoir
lisation plus importante des services de soins psychiatriques, de aussi l’envisager dans des services ne disposant pas d’hôpital de
coûts plus élevés générés par les soins [55] . jour.
Le calendrier se déroule comme suit :
• dix à 12 séances de flexibilité cognitive ;
 Cognitive Remediation Therapy : • huit séances de mémoire A ;
• huit séances de mémoire B ;
principes, administration • huit séances de planification A ;
et déroulement • huit séances de planification B.
Il peut arriver que le patient réussisse vite et bien le module
Le principe d’administration de la CRT débute par un bilan de flexibilité cognitive. Dans ce cas-là, huit séances seulement
approfondi des aptitudes neuropsychologiques des particip- peuvent être suffisantes. C’est alors autant de séances supplé-
ants. mentaires qui peuvent être dispensées pour des modules de
complexité plus importante nécessitant plus d’attention et de
temps.
Bilan pré- et post-traitement Ces différents modules sont pratiqués à l’aide de livrets qui pré-
sentent de manière complète la méthode. Toutefois, ils nécessitent
Les aptitudes cognitives sont appréhendées à travers deux
une formation spécifique pour les thérapeutes. Ces livrets ont été
dimensions : les aptitudes à la WAIS et une évaluation des fonc-
traduits et validés en français [9] . Les thérapeutes, intégrés dans
tions exécutives [56] .
une équipe soignante spécialisée, peuvent être médecins, infir-
miers, psychologues, éducateurs spécialisés, ergothérapeutes ou
Wechsler Adult Intelligent Scale psychomotriciens. Mais les psychologues ont en charge, à eux
Elle permet de mesurer le fonctionnement intellectuel cou- seuls, l’évaluation neuropsychologique et l’évolution de celle-ci
rant. Elle comprend différents subtests : vocabulaire, mémoire des à court ou long terme après dispensation du programme. Les
chiffres (digit span ou empan mnésique de chiffres), arrangement évaluations pratiquées à la fin et éventuellement à distance du
d’images, complètement d’images, cubes (block design), symboles programme sont destinées à démontrer respectivement une amé-
(digit symbol). lioration des aptitudes après CRT avec correction partielle ou
totale du déficit initial, et un éventuel maintien à long terme de ce
Fonctions exécutives bénéfice.

• WCST.
• Hayling Sentence Completion (test de complètement de 15 Stratégies sur lesquelles s’appuie
phrases). le programme de Cognitive Remediation
• Stroop Color Naming test. Therapy
• Empan mnésique chiffré de la WAIS.
• Épreuve de fluence verbale phonologique (cf. supra). La CRT, dans chacun des livrets qui la composent, est basée
• Test d’inhibition spatiale : ce test se déroule en trois parties. La sur l’entraînement du sujet à des exercices répétitifs allié à
première partie est une épreuve de temps de réaction simple. l’apprentissage de stratégies.
Pour la deuxième partie, le participant doit appuyer sur le bou- Les techniques d’administration sont basées sur :
ton adjacent à celui face à la lampe qui s’allume. Enfin, dans • l’apprentissage sans erreur ;
la troisième partie (condition incompatible), le participant doit • la répétition massive des tâches ;
éteindre la lampe qui s’allume en appuyant sur la touche située • la réalisation d’exercices de complexité graduelle ;
en arrière de la lampe allumée. • l’étayage ;
• Test des six éléments de la batterie d’évaluation des dys- • le renforcement positif ;
fonctions exécutives (Behavioral Assessment of Dysexecutive • la verbalisation.

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Figure 2. Module mémorisation : analyse visuelle « partie tout ».


Décrire, mémoriser, se rappeler et dessiner les figures suivantes dans les
carrés situés à côté.

Figure 1. Module flexibilité cognitive : bissection de droite. Consignes :


placer la page directement en face du patient, de sorte que le milieu de
la page s’aligne sur l’arête de son nez. Demander au patient de marquer
le milieu de chaque droite. Lui dire de commencer en haut de la page
(pour les droites horizontales) ou à gauche (pour les droites verticales),
de n’omettre aucune droite et de prendre tout le temps nécessaire. Il doit
s’exercer à la bissection des droites horizontales aussi bien que verticales.
L’ordre de présentation des tâches de bissection varie selon les séances
et les items figurent dans l’ordre de difficulté croissante. Il faut attirer
l’attention du patient sur les droites qu’il aurait omises ou dont la bissec-
tion serait inexacte. Stratégies possibles : 1. se servir d’un doigt (celui du
patient ou celui du thérapeute) comme ancrage visuel au bout de chaque
droite du côté de la négligence visuelle ; 2. déplacer le doigt le long de la
droite entière avant de marquer le milieu ; 3. mesurer à la règle les deux
côtés de part et d’autre du milieu de la droite ; 4. tourner la page tête
en bas pour montrer les déviations systématiques dans les marquages ; 5.
demander au patient de placer le crayon au milieu de la droite, puis si
le résultat est imparfait le déplacer vers la position exacte. Tâches corres-
pondantes dans la vie quotidienne : 1. accrocher un tableau ; 2. découper
une tarte en parts égales.

Chacun des livrets comporte une multitude d’exercices de


complexité croissante, avec plusieurs formes parallèles, qui Figure 3. Module Planning A : figures superposées. Consignes : présen-
mettent en jeu une ou plusieurs fonctions cognitives spécifiques ter la page au participant. Expliquer qu’il faut compter le nombre d’items
censées refléter un des aspects du module. Le principe général de sur la page. Le participant doit mettre en œuvre une stratégie pour cette
réalisation des tâches est basé sur la réduction de l’information et tâche (par exemple, numéroter chaque item lors du décompte, progres-
un apprentissage de stratégies qui vont viser à réduire la charge ser de gauche à droite). Demander au participant de penser à plusieurs
mentale, à décomposer l’information, à assimiler en sous-unités stratégies et d’en évaluer l’utilité relative. L’aider si nécessaire à créer des
élémentaires (pour alléger la charge en mémoire de travail), en stratégies possibles. Une fois la stratégie choisie, elle doit être employée
buts et sous-buts (pour améliorer les capacités de planification) [37] . tout au long de l’accomplissement de la tâche. Insister auprès du partici-
À titre indicatif, le module de flexibilité cognitive permet de pant sur les points suivants : 1. l’utilisation de stratégies facilite les tâches ;
s’entraîner sur des tâches de bissection de lignes (Fig. 1), coor- 2. il faut envisager diverses stratégies et choisir la meilleure ; 3. une fois
dination manuelle, description de figures visuelles superposées, la stratégie choisie et mise en œuvre, on doit l’utiliser jusqu’à la fin de la
expression d’une figure sur un fond, illusions visuelles, manipula- tâche (sauf si elle se révèle totalement inadaptée). Tâches correspondantes
tion de chiffres, de lettres et de formes, génération de chiffres. Ces dans la vie quotidienne : 1. compter le nombre de participants dans une
différentes tâches sont destinées à explorer les multiples aspects grande pièce lors d’une réunion ; 2. compter le nombre de comprimés
des capacités attentionnelles et à préparer le sujet au module de qui restent dans un flacon.
mémorisation (mémoire A et B) subséquents.
Le module de mémorisation (mémoire A et B) invite à mémo-
riser des données visuelles géométriques, verbales, de plus en plus important du patient, et évite qu’il ne se sente éventuelle-
plus complexes (Fig. 2), de travailler sur les empans mnésiques, ment infantilisé par des exercices qu’il peut juger puérils ou trop
à l’endroit, à l’envers, de mémoriser de courts textes. ludiques. Par ailleurs, plusieurs astuces sont données au théra-
Le module planification (planning A et B) invite à développer peute pour chaque exercice afin de rendre plus simple une tâche,
des stratégies face à des exercices cognitifs qui semblent d’emblée en complexifier une autre, et lui permettre de répondre à des pro-
complexes à résoudre (Fig. 3). Pour arriver à une résolution pleine fils divers de patients, ralentis, désorganisés, trop impulsifs, etc.
et entière de ces exercices, l’apport des deux modules antérieurs La CRT est par ailleurs l’une des seules techniques de remédiation
est nécessaire. fondée non seulement sur l’apprentissage explicite des tâches,
Chaque exercice comporte des instructions d’administration mais également sur l’apprentissage implicite dans la mesure où
très détaillées destinées au thérapeute avec différents moyens le patient peut s’aider du souvenir qu’il a des instructions qui lui
d’expliquer la tâche au patient qui doit ensuite se l’approprier ont été fournies pour résoudre une tâche, mais aussi de ses produc-
et être capable de l’expliciter dans les séances successives. À tions écrites (que le thérapeute conserve à chaque séance), ou du
chaque nouvel exercice sont présentées les fonctions neuropsy- matériel externe qu’il a utilisé (surligneur, feutres, crayon) pour
chologiques qui sont censées être mises en jeu et les liens que le résoudre l’exercice. L’apprentissage implicite étant préservé dans
patient peut faire avec son fonctionnement habituel dans la vie la schizophrénie, cet aspect de la méthode sert d’indice mémoriel.
quotidienne. Cela permet une implication et un investissement C’est un avantage certain sur les méthodes informatisées.

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37-820-A-60  Cognitive Remediation Therapy (CRT) : un programme de remédiation cognitive pour la schizophrénie et les troubles des fonctions exécutives en pathologie mentale

Une séance doit être préparée à l’avance par le thérapeute ne se maintient pas durablement 6 mois plus tard. Le coût de la
qui sélectionne les exercices spécifiques qu’il va proposer au CRT estimé dans cette étude est plus onéreux que celui d’une thé-
patient, en fonction de la séance précédente et des aptitudes de rapie ordinaire, mais moins élevé que ne l’est celui d’une thérapie
celui-ci. comportementale ou le maintien d’un patient dans une institu-
Chaque séance de 1 heure doit comprendre quatre ou cinq tion. Une étude récente a entrepris d’évaluer les effets de la CRT
exercices différents, et de manière constante un exercice basé sur en fonction de l’âge des sujets. Elle a porté sur un effectif de
du matériel de type Stroop (générant un conflit visuospatial et deux groupes de plus de 40 sujets ayant plus ou moins 40 ans.
nécessitant la mise en jeu de processus d’inhibition), des tâches Le bénéfice chez les sujets âgés est essentiellement observé dans
d’assemblage de jetons, de pièces ou de cartes mettant en jeu le domaine mnésique avec une amélioration après programme
les fonctions exécutives (reproduisant les différentes étapes du significative mais toutefois moins substantielle que celle réali-
WCST) et se termine par des tâches de rééducation motrice des sée auprès des sujets jeunes. Par ailleurs, cette amélioration ne
doigts ou des mains (mettant en jeu l’aspect moteur du fonction- s’accompagne pas d’une amélioration du fonctionnement social
nement exécutif) destinées à détendre le patient et à terminer sur ni de l’estime de soi [59] . Wykes et al. en concluent que, chez les
une note ludique. sujets âgés, un programme dispensé sur une durée supérieure à
Parmi les stratégies de traitement de l’information utilisées dans 3 mois serait nécessaire, en raison de la diminution de la flexibi-
la CRT, on trouve : lité cognitive, afin de renforcer le maintien des informations et des
• verbalisation des indices, incitations et stratégies relatives à la stratégies acquises. Une étude effectuée chez 21 sujets jeunes souf-
tâche en cours ; frant de schizophrénie (moyenne d’âge 18 ans) versus 19 jeunes
• réduction de l’information ; patients ayant une thérapie usuelle, tous ayant une durée récente
• subdivision de la tâche ; de la maladie, conclut à une amélioration seulement au niveau du
• simplification de la tâche ; WCST, accompagnée d’une certaine amélioration clinique. Il n’y
• présence d’invitations écrites ; a pas d’amélioration dans le domaine social ni pour l’estime de
• regroupement ; soi [60] . Reeder et al. [56] se sont intéressés à évaluer le lien entre amé-
• répétition ; lioration du fonctionnement social et aptitudes cognitives, avant
• emploi de méthodes mnémoniques ; tout programme et après CRT. Ils constatent qu’avant programme
• catégorisation, organisation, planification. un bon niveau de mémoire verbale était associé à un score faible
de dépression et de symptômes déficitaires, et que la dimension de
vitesse d’exécution dans une tâche d’inhibition était corrélée aux
Matériel utilisé indices de fonctionnement social. Après programme, un meilleur
Il comprend les différents manuels, un grand nombre de fonctionnement social était associé à une amélioration au WCST
feuilles de papier (photocopies d’exercices et feuilles blanches et à l’épreuve de complètement de phrases de Hayling. Pour Ree-
d’entraînement), des stylos, surligneurs de couleurs différentes, der et al. [56] , ces deux scores seraient en faveur d’un mode cognitif
crayons, gomme, règle, jetons d’assemblage, jeux de cartes et de fonctionnement plus tourné vers l’environnement externe et
pièces de monnaies (factices de préférence). moins vers un mode introverti. De plus, ces auteurs constatent
Sur les manuels de l’édition française [6] ont été ajoutées diffé- que les capacités de mémoire verbale à long terme, de mémoire
rentes grilles d’évaluation rattachées à chaque exercice. Celles-ci de travail verbale, d’inhibition et de mémoire visuospatiale à long
ne sont destinées qu’au thérapeute et doivent être utilisées comme terme sont associées avant traitement aux indices de fonctionne-
s’utilise par exemple le dossier clinique d’un patient. Elles ne font ment social. Après CRT, c’est la dimension de capacité à générer
donc pas partie du contenu pédagogique du manuel. Elles rendent un schéma qui est associée à une amélioration du fonctionnement
compte à titre indicatif de la progression du patient, de ce qu’il social.
a fait au cours d’une séance, de son comportement, de sa vitesse Une étude de Penades et al. de 2010 [61] a tenté d’utiliser un
d’exécution, de la qualité de compréhension des tâches, de la capa- modèle de régression linéaire entre les domaines cognitifs verbaux
cité qu’il a à générer des stratégies, etc. Elles sont surtout très utiles et exécutifs, et le fonctionnement social. Les auteurs, en reprenant
au thérapeute tout au long de son programme pour avoir une idée l’étude de Reeder et al. [56] observent que, bien que la mémoire
précise de l’avancement du patient. verbale soit prédictive du fonctionnement social avant CRT, c’est
par l’intermédiaire d’une amélioration sur les fonctions exécutives
qu’on observe une amélioration du fonctionnement dans la vie
 Cognitive Remediation Therapy : de tous les jours, la mémoire verbale jouant le rôle de fonction
cognitive intermédiaire.
avancées et résultats Une étude d’imagerie cérébrale a été effectuée chez 12 patients
schizophrènes dont la moitié était recrutés dans un programme
La première étude de Wykes [58] sur la méthode CRT adaptée CRT et six patients contrôles ayant des jeux de rôle et de la
du FEP de Morice et Delahunty [2] évalue 33 patients schizo- relaxation, versus six témoins sains. L’ensemble des participants
phrènes stabilisés, 17 sous CRT et 16 sous thérapie usuelle, ayant effectuaient une épreuve de mémoire de travail (n-back test) avant
des plaintes cognitives et des performances faibles au WCST [58] . puis après programme avec résonance magnétique nucléaire fonc-
Les résultats montrent une amélioration après 3 mois pour les tionnelle. Les résultats avant CRT indiquent une hypoactivation
épreuves de flexibilité cognitive et de mémorisation constatée au frontale chez les patients. Après CRT, le groupe de patients sous
Trail Making Test (TMT), aux épreuves de fluence, de Stroop, de CRT présentait une augmentation d’activation, notamment dans
complétion de phrases de Hayling et sur l’empan visuel. Dans le le gyrus frontal inférieur et le cortex visuel occipital, le groupe
domaine de la planification, on note de meilleures performances contrôle sans CRT restait stable tandis que les contrôles sains
seulement pour le test des six éléments de la BADS. Il n’y a pas présentaient une diminution d’activation par rapport au niveau
d’effet notable de la CRT sur la symptomatologie clinique [58] . Un d’aptitudes avant programme. Ce résultat indique une amélio-
article traitant de la durabilité des effets à 6 mois vient complé- ration des performances en mémoire de travail ainsi que des
ter ces données sur le même groupe de sujets [55] . Cette étude processus de stratégie visuelle de restitution de l’information [62] .
conclut que seul le domaine de la flexibilité cognitive est main- Par ailleurs, Wykes et al. [63] ont entrepris de déterminer le coût
tenu durablement 6 mois après la fin du programme et que celui-ci d’un programme de CRT. Les auteurs se basent sur l’estimation en
est indirectement lié à une amélioration du comportement social termes de valeur ajoutée d’un progrès durable sur l’empan mné-
avec une amélioration de la symptomatologie clinique à la BPRS sique (durabilité à long terme jugée sur 6 mois) avec un bénéfice
(Brief Psychiatric Rating Scale). En effet, les patients qui se sont à 3 mois sur la flexibilité cognitive. Parallèlement, ils concluent
le plus améliorés dans ce domaine ont vu leur fonctionnement ainsi à un coût peu important de la CRT en comparaison à une
social se modifier de manière positive et se sont améliorés cli- thérapie usuelle, immédiatement après programme, mais ce coût
niquement. Les symptômes cliniques qui ont été le plus modifiés s’élève sur une période de 6 mois après programme. Cette étude
seraient les items « troubles du cours de la pensée », et « hostilité ». est complétée par une étude de Patel et al. [64] où à l’aide d’une
L’estime de soi, qui est très améliorée en fin de programme CRT, méthode de projection de ce qu’un sujet peut nécessiter en termes

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de coûts sur les services de soins, ils démontrent qu’un béné- patientes, une étude sur un effectif plus large de 23 sujets a été
fice de la CRT sur la mémoire de travail à 6 mois peut se révéler entreprise [70] . Une amélioration de leurs capacités de flexibilité a
peu coûteux en termes d’amélioration sociale et de progrès dans été démontrée sur l’épreuve du Trail Making Test, et le CAT/BAT,
l’utilisation de services sociaux et de soins. ainsi qu’une diminution des réponses persévératives. À la figure
Dans une méta-analyse regroupant 40 études qui recensent de Rey, les scores s’améliorent, témoignant d’une amélioration de
plus de 2 000 participants, Wykes et al. [65] insistent sur le fait la cohérence centrale. Ces améliorations persistent à 6 mois [71] .
que les thérapies de remédiation cognitive apportent une amé-
lioration dans l’ensemble des domaines cognitifs importants à
l’exception de l’apprentissage visuel et de la mémoire, ce qui laisse
un choix étendu et large sur les techniques possibles. Par ailleurs,
 Conclusion
ces auteurs insistent sur le fait que le choix de techniques privi-
La technique de la CRT est un programme complet et très
légiant l’apprentissage massif et la répétition d’exercices ont un
riche généré à partir des modèles neuropsychologiques classiques
effet plus évident quoique modeste sur la cognition, tandis que
du fonctionnement frontal dans tous les domaines cognitifs et
l’apprentissage de stratégies a un moindre effet cognitif et un
moteurs où il est impliqué, et du modèle de Frith [38, 39] qui rend
effet plus évident sur le retentissement fonctionnel. Ceci s’opère
compte des déficits neuropsychologiques de la schizophrénie. La
probablement par un meilleur transfert des compétences cogni-
CRT apporte un bénéfice certain aux patients schizophrènes, en
tives acquises sur des situations pratiques et concrètes de la vie
termes d’amélioration de mémoire de travail, d’attention sou-
quotidienne. En outre, lorsque ces deux pratiques sont intégrées
tenue et de flexibilité cognitive, qui lorsque ce programme se
dans un programme de réhabilitation, le bénéfice des techniques
prolonge par une réinsertion sociale ou professionnelle trouve
de remédiation cognitive est d’autant plus renforcé. Par ailleurs,
immédiatement une application dans la vie quotidienne du
Wykes et al. [65] , sur la base d’études qui ont observé l’incidence de
patient. La CRT, comme tous les autres programmes de remé-
la remédiation cognitive en fonction de l’âge des participants ou
diation cognitive, doit s’inscrire dans un projet de réinsertion et
de résultats négatifs obtenus chez des sujets plus âgés [66] , émettent
servir de tremplin, sans quoi le bénéfice de la remédiation finit
l’hypothèse d’un moindre effet des techniques de remédiation
par disparaître. L’avantage de la CRT est sa grande plasticité et
chez les sujets plus âgés.
son adaptabilité à de nombreux profils de patients, et à de nom-
breuses pathologies mentales. Elle peut assurément être pratiquée
chez l’enfant, voire dans certains domaines de rééducation neu-
 Application du programme rologique (épilepsies, accidents vasculaires, etc.). Cette méthode
doit être diffusée afin de mieux déterminer les adaptations pos-
de Cognitive Remediation Therapy sibles du programme pour des pathologies comme la bipolarité,
à d’autres pathologies les troubles du spectre autistiques chez l’enfant ou l’adulte, ou
encore les déficits attentionnels avec hyperactivité de l’enfant. La
Syndrome d’Asperger CRT constitue la base d’un formidable outil thérapeutique qui doit
être intégré avec d’autres thérapies psychosociales, comme les thé-
Une application d’une partie de la CRT centrée sur des exer- rapies comportementales ou les programmes de remédiation des
cices de mémoire de travail et de flexibilité cognitive a été habiletés psychosociales. Il va sans dire qu’une diffusion large de
faite chez deux sujets adultes souffrant de syndrome d’Asperger. cette méthode permettra d’affiner toutes ces applications possibles
L’un de ces sujets seulement semble avoir été amélioré à trois pour une meilleure adaptation des thérapies psychosociales aux
épreuves de mémoire de travail (digit span, n-back test et épreuve de multiples difficultés de nos patients.
Brown-Peterson), ainsi qu’au quotient de l’épreuve de mémoire de
Wechsler et au Trail Making Test. Par ailleurs, chez ce même sujet,
on dénote une amélioration de l’estime de soi et de questionnaires
de flexibilité cognitive remplis par sa famille [67] . Ces tentatives  Références
doivent être répliquées et étendues sur de plus larges effectifs. Des
centres français développent actuellement et adaptent la CRT aux [1] Delahunty A, Morice R, Frost B. Specific cognitive flexibility
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à un autre, présentent une atteinte de la flexibilité cognitive, et cognitive dysfunction in schizophrenia. In: Pantelis C, Nelson HE,
ont tendance à se focaliser sur un détail, ce qui pour Tchanturia et Barnes T, editors. The neuropsychology of schizophrenia. New York:
Loch [69] révèle une atteinte de la cohérence centrale. Ces patientes John Wiley; 1996.
anorexiques démontrent une certaine rigidité dans le style cogni- [6] Franck N, Amado I, Todd A, Kazes M. Traduction française des
tif adopté. Ces caractéristiques cognitives pourraient selon Roberts manuels de la Cognitive Remediation Therapy. Paris: MF Diffusion;
2010.
et al. [70] être un marqueur endophénotypique de cette patholo-
[7] Rapoport JL, Addington AM, Frangou S. The neurodeveloppe-
gie. La thérapie brève dispensée par l’équipe de Tchanturia et
mental model of schizophrenia: update. 2005. Mol Psychiatry
Loch [69] est administrée en phase aiguë lors d’une hospitalisa-
2005;10:434–49.
tion, à partir du moment où la patiente atteint un indice de masse
[8] Krebs MO, Mouchet S. Neurological soft signs and schizophrenia: a
corporelle suffisant. Ce programme inclut dix sessions de remédia- review of current knowledge. Rev Neurol 2007;163:1157–68.
tion de 45 minutes, qui mettent surtout l’accent sur la flexibilité [9] Gourion D, Gourevitch R, Leprovost JB, Olié JP, Lôo H, Krebs
cognitive. Le bilan neuropsychologique effectué avant/après pro- MO. Neurodevelopmental hypothesis in schizophrenia. Encephale
gramme est basé sur le Trail Making Test, le test du CAT/BAT 2004;30:109–18.
(chat/chauve souris) qui met en jeu la substitution des mots cat [10] Mouchet-Mages S, Rodrigo S, Cachia A, Mouaffak F, Olie JP, Meder
et bat dans différentes phrases à lire rapidement, ces deux mots JF, et al. Correlations of cerebello-thalamo-prefrontal structure and
ayant une proximité phonémique évidente, et sur le test de Brix- neurological soft signs in patients with first-episode psychosis. Acta
ton. Ces trois épreuves font appel aux capacités de flexibilité et Psychiatr Scand 2011;123:451–8.
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2008;38:1371–3. anorexia. Br J Health Care Manage 2008;12:15–9.

I. Amado (I.amado@ch-sainte-anne.fr).
Centre référent en remédiation cognitive et réhabilitation psychosociale (C3R-P), Hôpital Sainte-Anne, Université Paris Descartes, 1, rue Cabanis, 75674 Paris
cedex 14, Paris.
Inserm U 894, Paris, France.
A. Todd.
Centre référent en remédiation cognitive et réhabilitation psychosociale (C3R-P), Hôpital Sainte-Anne, Université Paris Descartes, 1, rue Cabanis, 75674 Paris
cedex 14, Paris.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Amado I, Todd A. Cognitive Remediation Therapy (CRT) : un programme de remédiation cognitive pour
la schizophrénie et les troubles des fonctions exécutives en pathologie mentale. EMC Psychiatrie 2012;9(2):1-9 [Article 37-820-A-60].

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