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de l’enfant, et surviennent dans différentes situations qui néces- jambes, tripotant des objets sans rapport avec les nécessités de
sitent de l’attention, un contrôle de l’impulsivité et une restriction l’enseignement (manipulation des crayons, de petits jouets, de
des mouvements. trombones), se retournant pour parler aux élèves des rangs arrière,
exprimant des bruitages incongrus, voire des commentaires à voix
Inattention haute, renversant, dans un grand fracas, règles et crayons, et allant
parfois jusqu’à s’écrouler avec sa chaise. L’enfant se met en danger
L’attention est un concept multidimensionnel qui inclut l’éveil, physiquement, et est ainsi souvent victime d’accidents (fractures,
la vigilance, la distractibilité, l’attention soutenue. Le trouble traumatismes divers, intoxications) et peut être responsable de
attentionnel de l’enfant TDAH est parfois repérable spontané- traumatismes chez ses pairs.
ment dans toute situation de jeu libre où il joue peu de temps La symptomatologie est chronique mais pour un enfant donné
avec un jouet et passe très vite d’un jeu à l’autre (il « zappe »). Il elle est variable dans son expression et son intensité selon les
est encore plus apparent dans les situations exigeant une atten- situations. On constate une fluctuation du rendement avec une
tion soutenue : tâches répétitives, ennuyeuses, rébarbatives pour grande variabilité des résultats : les parents et enseignants sont
l’enfant, comme les devoirs ou les tâches ménagères. Les parents désarçonnés par le passage rapide et inattendu entre de bons
soulignent souvent la facilité avec laquelle l’enfant se laisse dis- résultats et des performances défaillantes « il peut très bien faire
traire par n’importe quel stimulus extérieur : bruit de voiture dans certains jours ».
la rue, cri dans l’immeuble, sirène des pompiers, etc. L’enfant a L’enfant TDAH a du mal à soutenir son attention en l’absence
une moins bonne persévérance dans l’effort. Ainsi, les séances de renforcements immédiats. Les manifestations peuvent être
de devoirs à la maison sont décrites par les parents comme des minimes, voire absentes en relation duelle (cours particulier,
moments éprouvants, car la demande d’effort intellectuel sou- consultation), lors d’une situation nouvelle qui attise sa curiosité,
tenu est vécue par l’enfant comme une contrainte déplaisante et ou lorsqu’il est absorbé par une tâche captivante comme un jeu
pénible.
vidéo. À l’inverse, les symptômes sont augmentés dans les situa-
Le déficit attentionnel est évoqué toujours de la même façon :
tions de groupe (classe, cantine), lorsqu’une attention soutenue
« mon enfant semble ne jamais écouter », « il est dans ses rêves »,
est nécessaire, et d’autant plus que la situation est monotone ou
« il ne peut se concentrer », « il ne peut travailler seul » et, dans
non structurée. Il peut paraître désobéissant et ne respectant pas
la vie sociale, « il n’écoute pas les autres », « il ne participe pas de
les lois car il retient mal les consignes et les règles de vie si celles-ci
façon adéquate à une conversation », « il ne s’intéresse pas aux
ne sont pas répétées ou s’il est livré à lui-même, et il ne sait pas
préoccupations des autres », « il semble ne pas intégrer les règles
différer les gratifications.
du dialogue ou du jeu qu’on lui propose ». Le plus souvent, les
Dans la plupart des familles, il est fréquent que ces enfants
symptômes s’extériorisent préférentiellement dans les situations
paraissent plus obéissants et moins agités avec leur père qu’avec
de groupe, qu’il s’agisse de la famille, du groupe classe en milieu
leur mère pour diverses raisons. Parmi celles-ci, on peut évo-
scolaire ou du groupe de sports ou de loisirs, alors qu’ils paraissent
quer le fait que les pères, plus directs et représentant la loi, ont
moins évidents en situation individuelle.
plus d’autorité, alors que les mères introduisent plus de données
affectives, mais il est connu aussi que les mères assument globale-
Impulsivité ment beaucoup plus d’heures de présence auprès des enfants pour
Elle est motrice, verbale et mentale. L’enfant répond vite, trop les événements de la vie familiale, les accompagnements chez le
vite aux sollicitations, sans attendre l’ensemble des instructions et médecin, le dentiste, au supermarché, etc., et les tâches scolaires.
sans évaluer correctement les éléments nécessaires à la réponse et L’insertion sociale est difficile avec des perturbations des
sans envisager les possibles conséquences négatives, destructrices relations avec leurs pairs. Les parents, les professeurs et leurs cama-
ou dangereuses. Son impulsivité le conduit à de nombreux bris rades les décrivent comme bruyants, intrusifs, perturbateurs, voire
d’objets ou destructions de biens divers. Attendre son tour dans agressifs, donc difficiles à supporter en groupe et, de ce fait, faci-
un jeu ou dans une activité de groupe est, pour lui, une mission lement exclus par les autres dans les jeux et activités de groupe.
impossible. Face à des tâches où on encourage l’enfant à persé- Ils ont également des difficultés à communiquer avec les autres et
vérer pour obtenir une gratification, il préfère opter pour celles à faire comprendre leurs intentions et leurs sentiments.
nécessitant le moins d’efforts et qui sont les plus rapides à effec- On peut distinguer trois sous-types : forme mixte, forme à
tuer. Aller au plus vite, avec le moins de travail possible (bâcler hyperactivité/impulsivité prédominante, et forme à inattention
disent les professeurs) est la solution la plus choisie. prédominante. Mais on observe une instabilité de ces formes avec
Quand l’enfant veut quelque chose dont l’accès est contrôlé par le temps et le développement. Chez l’enfant, la forme mixte est
un adulte et qu’il doit attendre pour l’obtenir, par exemple l’achat la plus fréquente, mais il y a une répartition équivalente entre les
d’un jouet ou une séance de cinéma, il harcèle l’adulte pendant trois formes chez l’adolescent.
tout le temps d’attente, se montrant, aux yeux de l’entourage,
exagérément exigeant et égocentrique. Les situations impliquant Formes cliniques
le partage et la coopération avec d’autres enfants sont problé-
matiques. Il manque de censure sociale. On pourrait dire que Selon le stade de développement
l’enfant est « impoli », interrompant les conversations, clai-
Hyperactivité chez le jeune enfant et l’enfant d’âge
ronnant en public des indiscrétions sur la famille ou posant
préscolaire
des questions apparemment saugrenues à tort et à travers sans
tenir compte des conséquences émotionnelles. Il répond sans L’agitation est parfois repérable dès les premiers mois de vie :
attendre la fin des questions. Toutes ces interventions intempes- le nourrisson rampe partout dès qu’il en a les capacités, touche à
tives conduisent à de nombreuses punitions et remontrances, et tout ; il ne peut rester même un bref instant seul sans tomber ; il
aboutissent à un rejet par les pairs et les adultes. Cette impulsivité est hyper-réactif à des stimuli externes, enclin à des troubles du
peut s’interpréter comme une trop grande rapidité de réponse, un sommeil et de l’alimentation.
manque d’inhibition, une difficulté de régulation comportemen- Les enfants hyperactifs d’âge préscolaire sont actuellement de
tale. plus en plus fréquemment adressés en consultation spécialisée.
Ils sont décrits comme turbulents, opposants, enclins à de fré-
quentes colères. En raison de leur activité motrice excessive, de
Hyperactivité leurs difficultés à appréhender le danger et à tenir compte de
L’activité motrice bruyante est excessive ou inappropriée pour leurs expériences passées, ils sont particulièrement exposés aux
le niveau de développement. L’enfant est turbulent et animé de risques d’accidents, d’absorption de toxiques et leur surveillance
mouvements inutiles ou inadéquats compte tenu de la situation est difficile.
et de l’activité. « Il paraît entraîné par un moteur », « il bouge Ainsi, les principales caractéristiques du TDAH peuvent
tout le temps », « il n’arrête pas de parler », « il est monté sur s’observer dès les premières années de vie. Néanmoins, il est
ressort ». L’observation directe révèle que l’enfant ne peut pas res- parfois difficile, à cet âge, de préciser si les manifestations obser-
ter assis sur sa chaise, se levant sans permission, agitant bras et vées sont les précurseurs du trouble (tempérament « difficile »),
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Trouble déficit de l’attention/hyperactivité chez l’enfant : approche médicale 8-0870
le trouble lui-même à son début, ou s’il s’agit de manifes- Le WISC-V est particulièrement intéressant chez l’enfant TDAH
tations transitoires chez un enfant ayant un développement d’âge scolaire. Ce test propose cinq indices : l’indice de compré-
normal. Les enfants d’âge préscolaire qui ont le plus de risques hension verbale, l’indice visuo-spatial, le raisonnement fluide,
de présenter des troubles persistants sont ceux qui ont, outre l’indice de mémoire de travail, et l’indice de vitesse de traitement.
les caractéristiques de l’hyperactivité, un comportement agres- L’enfant TDAH présente généralement des résultats hétérogènes,
sif et négatif. Une étude longitudinale multisite portant sur compte tenu des difficultés d’attention et de l’impulsivité. Les
303 enfants diagnostiqués TDAH entre 3 et 5 ans (étude Pres- indices « mémoire de travail » et « vitesse de traitement » exigent le
chool Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder Treatment Study maintien d’objets abstraits en mémoire de travail, ce qui implique
[PATS]) [5] a permis de mieux décrire le trouble à l’âge préscolaire. une charge attentionnelle et cognitive importantes. Ces deux
Ces troubles à début précoce suscitent un haut niveau de stress indices sont souvent chutés chez les enfants TDAH.
chez les parents et de forts sentiments négatifs. Dans plus de la Des tests neuropsychologiques plus spécialisés sont proposés
moitié des cas, il existe une comorbidité, en particulier un trouble par certaines équipes, dans le domaine de l’attention et des fonc-
oppositionnel et des troubles des apprentissages (langage). Après tions exécutives. Le fonctionnement attentionnel efficient fait
six ans d’évolution, les enfants de l’étude PATS manifestent les appel à plusieurs processus attentionnels qui sont schématique-
mêmes symptômes d’hyperactivité avec un degré notable de han- ment :
dicap, et le niveau de sévérité du trouble se situe entre moyen et • la vigilance, qui est l’état de préparation apte à détecter et à
sévère. réagir à certains changements discrets apparaissant à des inter-
Hyperactivité chez l’adolescent [6] valles variables au sein de l’environnement, permet le repérage
d’un élément sans recherche active ;
Le trouble persiste à l’adolescence avec généralement une dimi-
• l’attention soutenue est la capacité de maintenir une per-
nution de l’hyperactivité motrice, mais avec une impulsivité et
formance sur une longue période de temps qui dépend du
un trouble attentionnel qui interfèrent avec les résultats scolaires
maintien de la vigilance, de la capacité de détection du stimu-
et conduisent à des infractions aux règles familiales, scolaires
lus et de la résistance à la distraction, donc du contrôle mental ;
ou sociales. L’adolescent manifeste des difficultés d’adaptation
c’est l’aptitude à se concentrer sur une période prolongée ;
dans les différents domaines : scolaire, éducatif et interperson-
• l’attention sélective est la capacité à résister à la distraction, à
nel. Les conflits autour des contraintes scolaires contribuent à
trier les informations, en inhibant la réponse aux stimuli dis-
détériorer la relation parents/enfant et à aggraver la mésestime
tracteurs ;
de soi de l’adolescent. Les conduites de recherche de sensations
• l’attention divisée qui permet d’effectuer deux tâches distinctes
et de nouveauté (conduites de risque) sont très souvent observées
en même temps, ou de traiter par exemple simultanément des
chez l’adolescent TDAH, en lien avec l’impulsivité. L’évolution
stimuli visuels et auditifs (utile par exemple pour écrire ses notes
du trouble lui-même et la dégradation de l’estime de soi exposent
tout en écoutant le cours).
au fil du temps à des risques dépressifs, des conduites d’abus de
Les fonctions exécutives sont un ensemble de processus cogni-
substances, ou des choix de vie marginaux.
tifs nécessaires à la réalisation d’une tâche orientée vers un but :
Selon le sexe planification, mémoire de travail, flexibilité mentale, etc.
Un certain nombre de batteries d’épreuves neuropsycholo-
La prévalence chez la fille est considérée comme inférieure
giques, qui explorent tout ou partie des fonctions cognitives
à celle observée chez le garçon, et certains auteurs pensent
impliquées dans l’attention, existent. Les plus connues et étalon-
qu’elle est sous-estimée car l’inattention est plus importante
nées en France sont le test d’évaluation de l’attention chez l’enfant
que l’hyperactivité/impulsivité. Selon les études, on souligne la
(TEA-Ch) (6 à 12 ans) et le bilan neuropsychologique de l’enfant
plus importante comorbidité anxieuse et dépressive, un impact
(NEPSY) (de 3 ans à 16 ans 11 mois). La TEA-ch explore l’attention
social et relationnel plus notable. Les filles TDAH sont moins
sélective, l’attention soutenue, l’attention divisée, les modalités
souvent impliquées dans les comportements d’agression, mais
visuelle et auditive, la flexibilité et l’inhibition de l’impulsivité.
sont davantage l’objet de victimisation. La revue de littérature
La NEPSY explore différents domaines : les fonctions exécutives et
de Quinn souligne chez les filles de meilleures stratégies de
l’attention, la mémoire et les apprentissages, le langage, les fonc-
coping qui masquent les symptômes, et la présence fréquente
tions senso-motrices, les traitements visuo-spatiaux, la perception
de comorbidités anxieuses et dépressives qui peuvent conduire
sociale.
à des sous-diagnostics de TDAH. Si le TDAH n’est pas repéré et
Certaines batteries ou évaluations sont informatisées comme le
traité, les conséquences chez les filles sont les mêmes que chez les
Continuous Performance test (CPT), le Trail Making Test.
garçons, telles qu’une moins bonne réussite scolaire et des troubles
L’utilisation d’échelles telles que les échelles de Conners (ver-
du comportement.
sion parents/version enseignants) [7] , l’attention-deficit hyperactivity
disorder (ADHD) rating scale [8] peut étayer le diagnostic, mais ces
Diagnostic clinique échelles ne remplacent pas le diagnostic clinique. Elles peuvent
aider à suivre l’évolution de la symptomatologie, en particulier
Il repose sur l’analyse de l’histoire des troubles, de la sémiologie, sous traitement.
des comorbidités et de l’environnement familial.
Selon le DSM-5 (Tableau 1), l’enfant présente six ou
plus symptômes d’inattention, et/ou six ou plus symptômes
d’hyperactivité/impulsivité. Les symptômes sont présents avant
Comorbidités
l’âge de 12 ans, et plusieurs symptômes sont présents dans au
moins deux situations (école, maison, sports), et ils interfèrent Très fréquentes, elles peuvent conditionner le pronostic.
avec le fonctionnement scolaire, social ou familial. On distingue
plusieurs degrés de sévérité du trouble : léger, moyen et sévère.
L’évaluation clinique peut être complétée par des évaluations Autres comportements perturbateurs
cognitives réalisées au mieux par des neuropsychologues. Le trouble oppositionnel avec provocation et le trouble des
L’évaluation de l’efficience intellectuelle paraît un minimum conduites sont fréquents, très influencés par l’environnement
pour vérifier le niveau normal de celle-ci, mais aussi pour repérer familial. L’association au trouble des conduites est préoccupante
une précocité intellectuelle associée ou, au contraire, débusquer du fait du risque d’évolution vers la personnalité antisociale et les
une insuffisance intellectuelle qui a son propre retentissement sur abus de substances.
les capacités attentionnelles d’un enfant impacté par son déficit.
Les épreuves de Wechsler sont les plus utilisées, selon l’âge, Wechs-
ler Preschool and Primary Scale of Intelligence (WPPSI) (de 2 ans Troubles des apprentissages
6 mois à 7 ans 7 mois), Wechsler Intelligence Scale for Children
(WISC) (de 6 ans à 16 ans 11 mois), et au-delà Wechsler Adult Ils peuvent affecter le langage oral ou le langage écrit,
Intelligence Scale (WAIS). l’apprentissage des mathématiques, l’acquisition de la
Tableau 1.
Critères diagnostiques du trouble déficit de l’attention/hyperactivité dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM)-5.
A. Un mode persistant 1. Inattention : six (ou plus) des symptômes a. Souvent, ne parvient pas à prêter attention aux détails
d’inattention et/ou suivants persistent depuis au moins six mois, à un ou fait des fautes d’étourderie dans les devoirs scolaires, le
d’hyperactivité-impulsivité qui degré qui ne correspond pas au niveau de travail ou d’autres activités
interfère avec le fonctionnement développement et qui a un retentissement négatif b. A souvent du mal à soutenir son attention au travail ou
ou le développement caractérisé direct sur les activités sociales et dans les jeux
par (1) et/ou (2) scolaires/professionnelles c. Semble souvent ne pas écouter quand on lui parle
personnellement
d. Souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne
parvient pas à mener à terme ses devoirs scolaires, ses
tâches domestiques, ou ses obligations professionnelles
e. A souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités
f. Souvent, évite, a en aversion, ou fait à contrecœur les
tâches qui nécessitent un effort mental soutenu
g. Perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses
activités
h. Se laisse souvent facilement distraire par des stimuli
externes
i. A des oublis fréquents dans la vie quotidienne
2. Hyperactivité et impulsivité : six (ou plus) des a. Remue souvent les mains ou les pieds, ou se tortille sur
symptômes suivants persistent depuis au moins six son siège
mois, à un degré qui ne correspond pas au niveau b. Se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où
de développement et qui a un retentissement il est supposé rester assis
négatif direct sur les activités sociales et c. Souvent, court ou grimpe partout, dans des situations
scolaires/professionnelles où cela est inapproprié
NB : Les symptômes ne sont pas seulement la d. Est souvent incapable de se tenir tranquille dans les
manifestation d’un comportement opposant, jeux ou les activités de loisir
provocateur ou hostile, ou de l’incapacité de e. Est souvent « sur la brèche » ou agit souvent comme s’il
comprendre les tâches ou les instructions était « monté sur ressorts »
f. Parle souvent trop
g. Laisse souvent échapper la réponse à une question qui
n’est pas encore entièrement posée
h. A souvent du mal à attendre son tour
i. Interrompt souvent les autres, ou impose sa présence
B. Plusieurs symptômes d’inattention ou d’hyperactivité/impulsivité étaient présents avant l’âge de 12 ans
C. Plusieurs symptômes d’inattention ou d’hyperactivité/impulsivité sont présents dans au moins deux contextes différents
D. On doit mettre clairement en évidence que les symptômes interfèrent avec ou réduisent la qualité du fonctionnement social, scolaire ou professionnel
E. Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au cours d’une schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique et ils ne sont pas mieux expliqués par
un autre trouble mental
Spécifier le type : présentation combinée : si à la fois le critère A1 et le critère A2 sont remplis pour les six derniers mois.
Présentation inattentive prédominante. Si, pour les six derniers mois, le critère A1 est rempli mais pas le critère A2.
Présentation hyperactive : impulsive prédominante : si, pour les six derniers mois, le critère A2 est rempli mais pas le critère A1.
Préciser la sévérité : léger, moyen, grave.
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Trouble déficit de l’attention/hyperactivité chez l’enfant : approche médicale 8-0870
une prise unique. L’administration du traitement est établie Tolérance. Globalement le méthylphénidate est bien toléré et
de façon progressive, avec une posologie d’un demi-comprimé les effets indésirables peu importants.
matin et midi. Les doses sont augmentées progressivement Les effets les plus fréquents sont des troubles d’endormissement
jusqu’à atteindre une posologie comprise entre 0,5 et 1,5 mg/kg qui se produisent surtout en début de traitement. La diminution
par jour, sans dépasser 60 mg/j. Outre les prises du matin et de la dose et la non-prescription du méthylphénidate après 17 h 00
du midi, une troisième prise est recommandée à la sortie de permettent de contrôler sans difficulté ces phénomènes. La pres-
l’école pour accomplir les activités de loisir, le travail scolaire, les cription de mélatonine peut aider à l’endormissement. D’autres
rééducations et autres tâches à réaliser avant le dîner. Il est tou- troubles peuvent être constatés en début de traitement, tels que
tefois souhaitable que cette ultime prise ne soit pas administrée la diminution de l’appétit avec ou sans perte de poids, des dou-
au-delà de 17 heures ; leurs abdominales, parfois nausées et sécheresse de la bouche. Ces
• pour éviter la répétition des prises, des formes de plus longue troubles sont généralement transitoires et bénins et ne nécessitent
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durée d’action ont été mises au point : la Ritaline LP d’une pas l’arrêt du traitement.
durée d’action de huit heures. Elle mime la double prise à Les autres effets indésirables sont moins fréquents : cépha-
®
quatre heures d’intervalle de la Ritaline LI avec des fluctua- lées, somnolence, vertiges, dyskinésies aiguës occasionnellement,
tions journalières des concentrations plasmatiques moindres. et rarement des difficultés d’accommodation et un flou visuel.
Elle se prescrit après l’optimisation de la posologie de méthyl- Les crises épileptiques sont exceptionnelles et les études n’ont
phénidate à libération immédiate. Il existe quatre posologies : pas montré de diminution du niveau du seuil épileptogène sous
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Ritaline LP 10, 20, 30 et 40 mg ; méthylphénidate. Le traitement n’est pas contre-indiqué en cas
• le Quasym LP, en gélule à libération modifiée, qui libère de
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d’épilepsie si le traitement antiépileptique est équilibré.
façon immédiate une dose de 30 % et de manière prolongée De façon exceptionnelle, ont été décrites des psychoses toxiques
70 %, a une durée totale d’action d’environ huit heures. Les avec hallucinations. Une dysphorie passagère peut s’observer,
gélules sont dosées à 10, 20 et 30 mg. Il peut être prescrit en mais l’apparition d’un état dépressif est d’interprétation difficile
première intention ; car la comorbidité dépressive n’est pas rare dans le TDAH et il
• le Medikinet , en gélule à libération modifiée, existe en cinq
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ne faut pas imputer systématiquement tout épisode dépressif au
dosages : 5, 10, 20, 30 et 40 mg ; il est constitué d’un compo- traitement.
sant à libération immédiate (50 % de la dose) et d’un composant Dans le domaine cardiovasculaire [14] , on a décrit des pal-
à libération modifiée (50 %), avec une durée totale de huit pitations, des variations de la tension artérielle (hypertension
heures ; modérée) et des tachycardies, exceptionnellement des troubles
• le Concerta a une durée d’action de 12 heures et il a été conçu
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plus graves chez des sujets vulnérables.
pour générer un profil cinétique ascendant avec une prise quo- Des éruptions cutanées, des prurits urticariens ont été signalés
tidienne unique. Le Concerta peut être prescrit en première ainsi que quelques cas isolés de purpura thrombopénique ou de
intention. Il existe trois posologies : 18, 36 et 54 mg. dermatites avec érythème polymorphe. De rares cas de leucopénie,
En France, les contre-indications au méthylphénidate, figurant thrombopénie et anémie ont été décrits.
sur le dictionnaire Vidal, sont les suivantes : hypersensibilité au Le retentissement sur la croissance est un sujet débattu depuis
méthylphénidate, manifestations d’angoisse, manifestations psy- longtemps. En effet, certains patients traités semblaient présen-
chotiques, affections cardiovasculaires sévères, hyperthyroïdie, ter un retard temporaire de croissance avec rattrapage en fin
glaucome, grossesse, allaitement ou jeune fille en âge de pro- d’adolescence. Les dernières études à long terme montrent qu’il
créer, traitement par inhibiteurs de monoamine oxydase (IMAO) n’y a pas de retentissement du traitement sur la taille à l’âge adulte.
non sélectifs, antécédents personnels ou familiaux d’abus de sub- La Cochrane revue [15] avec méta-analyses et analyses
stances, antécédents personnels et/ou familiaux de tics moteurs et séquentielles des essais cliniques randomisés confirme que le
maladie de Gilles de la Tourette, enfants de moins de 6 ans. Cer- méthylphénidate améliore les symptômes de TDAH observés par
taines de ces contre-indications ne sont pas reconnues au niveau les professeurs et le comportement général, ainsi que la qualité
international. de vie rapportée par les parents. Cette revue confirme l’existence
L’utilisation du méthylphénidate chez les patients atteints d’effets indésirables bénins (diminution de l’appétit et difficultés
de tics chroniques ou de maladie de Gilles de la Tourette est de sommeil), mais l’absence d’une majoration de risque d’effets
controversée : il est recommandé en fait d’apprécier la balance indésirables graves.
bénéfice/risque selon l’intensité du trouble « hyperactivité » et du Le risque suicidaire, éventuellement induit par le méthylphé-
trouble « tics » et il faut instituer une surveillance en informant nidate a longtemps fait débat ; l’étude de Mann et al. [16] sur une
les parents de l’état actuel des connaissances sur ce point. très importante population montre une augmentation du risque
suicidaire avant le traitement, au début de celui-ci, puis un retour
à la ligne de base, ce qui confirme le rôle protecteur du traitement.
Cas particuliers
À l’adolescence. Le méthylphénidate a sur les symptômes Autres molécules
cognitifs et comportementaux de l’adolescent une efficacité
comparable à celle chez les enfants d’âge scolaire. En pratique, les L’atomoxétine, bien qu’ayant obtenu l’AMM, n’a pas été ins-
patients répondeurs durant l’enfance peuvent poursuivre le même crite sur la liste des médicaments remboursables. Elle n’est pas
traitement à la puberté et au-delà s’ils ont conservé des symptômes commercialisée en France.
gênants de TDAH, et les adolescents nouvellement diagnostiqués
peuvent aussi bénéficier du traitement. À cette période de la vie,
les difficultés d’observance sont plus importantes et il existe une
Traitements non médicamenteux
augmentation de la prévalence de la dysphorie. Le risque de més- Les propositions thérapeutiques non médicamenteuses sont
usage nécessite une surveillance particulière, et fait conseiller (à aujourd’hui variées et ciblent de plus en plus précisément les dif-
défaut de molécules non psychostimulantes, non disponibles en ficultés de l’enfant TDAH. Mais même si ces méthodes ont fait
®
France), la prescription de Concerta . l’objet d’évaluations, de grandes études qui démontreraient leur
On doit également être vigilant dans la population adolescente, véritable efficacité et les indications de chacune dans tel ou tel
au risque d’utilisation « non médicale » du méthylphénidate : cer- sous-groupe de patients manquent encore.
tains adolescents non TDAH recherchent des prescriptions pour
un usage de type dopage en période d’examens. Psychoéducation et approches cognitives
Week-ends et vacances. La suspension du traitement pen-
dant les week-ends n’est plus recommandée. La pratique de et comportementales
vacances thérapeutiques est une question souvent soulevée. Une La psychoéducation se définit par l’information et l’éducation
étude récente montre que 25 à 70 % des familles les pratiquent, et des parents et de l’enfant en fonction de son âge.
qu’elles sont utiles pour améliorer l’appétit, le sommeil, et pour Pour les parents, il s’agit de consultations classiques ou de
réévaluer l’intérêt de la prescription. programmes spécifiques. Le but est de permettre aux parents
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Trouble déficit de l’attention/hyperactivité chez l’enfant : approche médicale 8-0870
d’améliorer leurs compétences parentales. L’approche proposée Sous ce terme, on sous-entend la nécessité d’associer diffé-
par Barkley est la plus connue. Ce programme s’adresse spéci- rentes approches thérapeutiques chez l’enfant lui-même, mais
fiquement aux parents d’enfants TDAH soit en individuel, soit aussi d’inclure des moyens d’action au niveau de la famille et de
en groupe de six à huit familles à raison de dix séances de l’école. Le traitement pour un enfant donné doit être individua-
90 minutes bimensuelles. L’objectif du programme est d’entraîner lisé avec au minimum une guidance psycho-éducative de l’enfant
les parents à faire face aux situations difficiles qu’ils rencontrent, et de sa famille et des aménagements scolaires.
de leur apprendre des stratégies de contrôle efficaces, cohérentes Pour l’enfant d’âge préscolaire, non seulement le méthyl-
et adaptées au comportement déviant de leur enfant, stratégies phénidate n’a pas l’indication en France, mais les études
qui vont permettre de diminuer l’intensité des manifestations et internationales ont montré que les moyens non pharmacolo-
leurs répercussions au sein de la famille. giques sont d’efficacité supérieure dans cette tranche d’âge.
Pour l’enfant, il existe aussi des programmes de psychoéduca- S’il y a prescription, le clinicien doit évaluer les capacités
tion et d’autres programmes qui visent à réguler l’impulsivité, les d’observance du patient et de sa famille : une pleine et entière
émotions et les colères. Certains entraînent aux habiletés sociales, coopération des parents, du patient, de l’école et des autres inter-
d’autres encore ciblent les fonctions attentionnelles et métacog- venants prenant soin de l’enfant doit être obtenue.
nitives. L’ensemble de la prise en charge est au mieux suivi et coor-
Des thérapies comportementales et cognitives peuvent être donné par le médecin de l’enfant qui, de plus, s’il y a médication,
adjointes pour traiter les comorbidités telles que les troubles renouvelle les prescriptions.
anxieux, les troubles dépressifs et les troubles du spectre autis-
tique.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Le Heuzey MF. Trouble déficit de l’attention/hyperactivité chez l’enfant : approche médicale. EMC - Traité
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