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Conduites addictives
L. Karila, S. Coscas, M. Lecacheux, F. Noble, S. Legleye, F. Beck, P. Dupont,
A. Benyamina, R. Karmous, M. Reynaud

L’addiction est un trouble chronique caractérisé par un processus récurrent, comprenant l’intoxication
répétée puis l’installation progressive d’une dépendance s’accompagnant d’une tolérance et d’un besoin
irrésistible de consommer. L’évolution par rechutes est caractéristique de cette pathologie. L’usage
prolongé de drogues et/ou d’alcool entraîne des modifications sur le plan cérébral à différents niveaux. La
caractérisation des systèmes neuronaux activés lors de la prise d’une drogue a permis de mieux
comprendre les différents phénomènes éprouvés par le consommateur, et les désordres biologiques
induits. L’addiction est une pathologie complexe qui naît de l’interaction entre un individu, des facteurs
génétiques et des facteurs environnementaux. Des processus cognitifs complexes sont également
impliqués dans ce trouble. Cette pathologie cérébrale est à prendre en charge dans sa globalité au même
titre qu’un syndrome coronarien ou un diabète. Dans cet article, nous nous intéressons spécifiquement à
la clinique et à la prise en charge des addictions au tabac, au cannabis, à l’alcool, à la cocaïne, aux
opiacés, à la métamphétamine et à l’ecstasy.
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Mots clés : Addiction ; Dépendance ; Dopamine ; Alcool ; Drogues ; Pharmacothérapie ;


Thérapies comportementales

Plan ■ Épidémiologie et neurobiologie


¶ Épidémiologie et neurobiologie 1
Données épidémiologiques 1
Données épidémiologiques
Données neurobiologiques 1 Les niveaux d’usage des substances psychoactives et leurs
¶ Modalités de consommation et facteurs de risque d’installation évolutions récentes peuvent être quantifiés grâce aux dernières
d’une conduite addictive 2 enquêtes représentatives en population générale en France.
Modalités de consommation 2 Cette observation s’appuie, en particulier, sur les différentes
Modalités de consommation à risque 2 vagues de l’enquête sur la santé et les consommations lors de
Facteurs de risque individuels et environnementaux 3 l’appel de préparation à la défense (ESCAPAD), mise en place
par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies
¶ Tabac 3
(OFDT) depuis 2000 ainsi que sur les baromètres santé coordon-
Clinique 3
nés par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la
Prise en charge thérapeutique 3 santé (INPES) depuis le début des années 1990 [1, 2].
¶ Alcool 5 Le point commun au tabac, à l’alcool, et au cannabis qui se
Clinique 5 dessine est que la population des usagers réguliers apparaît
Prise en charge thérapeutique 6 stable ou en hausse, dans un contexte où le nombre d’usagers
¶ Cannabis 7 modérés ne croît plus, voire baisse selon les produits. Parmi les
Clinique 7 autres substances psychoactives, beaucoup plus rarement
Prise en charge thérapeutique 8 consommées, le niveau d’usage actuel de produits tels que la
.
cocaïne, le poppers ou l’ecstasy apparaît en hausse, tandis que
¶ Cocaïne 8
les niveaux des autres substances illicites sont restés stables ces
Clinique 8
dernières années.
Prise en charge 9
¶ Opiacés 9
Clinique 9 Données neurobiologiques
Prise en charge thérapeutique 9
Les composés psychoactifs capables de produire des modifi-
¶ Métamphétamine et ecstasy 10 cations des états de conscience sont extrêmement nombreux.
Clinique 10 L’apport des connaissances neurobiologiques sur les mécanismes
Prise en charge thérapeutique 10 d’actions de ces drogues est indéniable. Ainsi, la caractérisation
des systèmes neuronaux activés lors de la prise d’une drogue a

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permis de mieux comprendre le plaisir et la dépendance • sevrage caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations
psychique éprouvés par le consommateur, et la démonstration suivantes :
de désordres biochimiques provoqués, qui submergeraient C syndrome de sevrage caractéristique de la substance ;
.
certains mécanismes de régulation, pourrait expliquer la C la même substance (ou une substance très proche) est prise
difficulté de parvenir à l’abstinence. pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage ;
• la substance est souvent prise en quantité plus importante ou
pendant une période plus prolongée que prévu ;
■ Modalités de consommation • il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour
diminuer ou contrôler l’utilisation de la substance ;
et facteurs de risque d’installation • beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour
d’une conduite addictive obtenir la substance (par exemple fumer sans discontinuer),
ou à récupérer de ses effets ;
Afin d’évaluer les risques d’une consommation de produit • des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importan-
psychoactif licite ou illicite, il est nécessaire de définir la tes sont abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation de
conduite de consommation, de rechercher l’existence de la substance ;
modalités de consommation à risque et de facteurs de risque
• l’utilisation de la substance est poursuivie bien que la
individuels et environnementaux.
personne sache avoir un problème psychologique ou physi-
que persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou
Modalités de consommation exacerbé par la substance (par exemple, poursuite de la prise
de cocaïne bien que la personne admette une dépression liée
Elles sont définies par l’usage, l’usage nocif (utilisation nocive
pour la santé) ou l’abus et la dépendance. à la cocaïne, ou poursuite de la prise de boissons alcoolisées
bien que le sujet reconnaisse l’aggravation d’un ulcère du fait
Usage de la consommation d’alcool).
Préciser si :
Il s’agit d’une consommation socialement réglée de produits • avec dépendance physique : présence d’une tolérance ou d’un
licites comme l’alcool ou le tabac sans dommages sanitaires. sevrage (c’est-à-dire des items 1 ou 2) ;
• sans dépendance physique : absence de tolérance ou de
Utilisation nocive de substances psychoactives sevrage (c’est-à-dire tant de l’item 1 que de l’item 2).
pour la santé (CIM 10) [3] ou abus (DSM IV-TR) [4]
Les critères d’utilisation nocive et d’abus d’une substance sont Modalités de consommation à risque
décrits dans le Tableau 1.
Ces modalités de consommation à risque correspondent à
Dépendance l’âge de début des consommations, au caractère autothérapeu-
tique de la consommation, à l’usage solitaire ou massif de
Mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à produit psychoactif, à la répétition des consommations, au
une altération du fonctionnement ou une souffrance, clinique- cumul de consommation des substances psychoactives et enfin
ment significative, caractérisé par la présence de trois (ou plus) aux conduites à risque sous l’emprise de produit.
des manifestations suivantes, à un moment quelconque d’une Un âge de début précoce de la consommation est un facteur
période continue de 12 mois : de risque pour le développement ultérieur d’une utilisation
• tolérance, définie par l’un des symptômes suivants : nocive pour la santé (ou abus) et/ou d’une dépendance, surtout
C besoin de quantités notablement plus fortes de la substance si les consommations se répètent. Il faut être particulièrement
pour obtenir une intoxication ou l’effet désiré ; attentif lorsqu’un usage est très précoce en raison des possibles
C effet notablement diminué en cas d’utilisation continue conséquences médicales, psychologiques, psychiatriques et
d’une même quantité de la substance ; sociales à long terme.

Tableau 1.
Utilisation nocive de substances psychoactives pour la santé (CIM 10) [3] ou abus (DSM IV-TR) [4].

CIM 10 (1992) DSM-IV TR (2004)


Critères de l’utilisation nocive d’une substance pour la santé Critères d’abus d’une substance
Mode de consommation d’un produit préjudiciable à la santé. A. Mode d’utilisation inadéquat d’une substance conduisant à une altération
Les complications peuvent être physiques (p. ex. hépatite) ou psychiques du fonctionnement ou à une souffrance cliniquement significative, caracté-
(p. ex. épisodes dépressifs secondaires à une forte consommation d’alcool). risé par la présence d’au moins une des manifestations suivantes au cours
d’une période de 12 mois :
Le diagnostic repose sur des preuves manifestes que l’utilisation de produit
a entraîné des troubles psychologiques ou physiques. - utilisation répétée d’une substance conduisant à l’incapacité de remplir des
obligations majeures, au travail, à l’école, ou à la maison (p. ex. : absences ré-
Ce mode de consommation donne souvent lieu à des critiques et a souvent
pétées ou mauvaises performances au travail du fait de l’utilisation de la
des conséquences sociales négatives. La désapprobation par autrui ou par
substance, absences, exclusions temporaires ou définitives de l’école, négli-
l’environnement culturel, et les conséquences sociales négatives (p. ex. une
gence des enfants ou des tâches ménagères) ;
arrestation, la perte d’un emploi ou des difficultés conjugales), ne suffisent
toutefois pas pour faire le diagnostic. - utilisation répétée d’une substance dans des situations où cela peut être phy-
siquement dangereux (p. ex. : lors de la conduite d’une voiture ou en faisant
Ce diagnostic n’est pas posé quand le sujet présente un syndrome
fonctionner une machine alors qu’on est sous l’influence de la substance) ;
de dépendance, un trouble psychotique ou un autre trouble spécifique lié
à l’utilisation de produit. - problèmes judiciaires répétés liés à l’utilisation d’une substance (p. ex. :
arrestations pour comportement anormal en rapport avec l’utilisation de la
substance) ;
- utilisation de la substance malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux,
persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de la substance
(p. ex. : disputes avec le conjoint à propos des conséquences de l’intoxication,
bagarres).
B. Les symptômes n’ont jamais atteint, pour cette classe de substance,
les critères de la dépendance à une substance.

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L’usage à visée autothérapeutique peut être révélateur de que la construction d’une identité adulte avec la cigarette peut
troubles psychopathologiques sous-jacents chez un certain expliquer une partie de la dépendance exprimée par certains
nombre de sujets. fumeurs (« je ne me vois pas sans cigarette ») [11]. Ce ne sera
L’usage solitaire est souvent témoin d’une majoration de la qu’après une longue période de motivation, pouvant durer
consommation. plusieurs années, que le fumeur prendra la décision d’arrêter.
La répétition des consommations est à prendre en considéra- En 2005, 29,9 % des 12-75 ans déclarent fumer ne serait-ce
tion car plus le nombre de consommation est important, plus que de temps en temps : 33,4 % des hommes et 26,6 % des
le temps d’exposition aux effets du produit est grand au cours femmes [2]. La moitié de ces fumeurs environ déclarent avoir
de la vie, plus le risque de survenue de complications augmente. envie d’arrêter. Certains le font seuls, sans aide car peu dépen-
L’effet recherché par la consommation fréquente et/ou en dants et motivés. D’autres, trop dépendants physiquement et/ou
quantités élevées, par la consommation en dehors des condi- psychologiquement ou ayant une comorbidité anxiodépressive
tions régulées socialement est celui d’une recherche de n’y parviennent pas seuls. L’autre moitié n’est pas prête à
« défonce », d’anesthésie, d’oubli des réalités de la vie quoti- arrêter. Certains fumeurs pensent le faire « un jour », d’autres ne
dienne. Les ivresses isolées ou mixtes peuvent être massives et l’envisagent pas.
fréquentes. Le praticien va donc rencontrer tous ces fumeurs différents au
Certaines situations à risque comme la conduite de véhicules, cours de ses consultations. L’interrogatoire de tous les patients
les rapports sexuels non protégés, les troubles du comportement sur leur tabagisme doit être systématique, dès le plus jeune âge,
et la grossesse sous l’emprise de drogues et/ou d’alcool doivent au même titre que l’interrogatoire sur les antécédents médicaux
être également recherchées [5]. et chirurgicaux ou l’existence d’une allergie.
Il doit comprendre les items suivants :
Facteurs de risque individuels • statut tabagique : fumeur, non fumeur, ex-fumeur ;
et environnementaux • nombre de cigarettes fumées par jour ;
• âge du début du tabagisme régulier (une cigarette par jour au
Les facteurs individuels de risque comprennent des facteurs
moins) ;
génétiques, psychologiques et psychiatriques.
• si ex-fumeur, date d’arrêt, nombre de cigarettes fumées par
Parmi les facteurs psychologiques, il est important de recher-
jour, durée du tabagisme.
cher la notion de tempérament et l’existence de certains traits
Face à ces patients identifiés comme fumeurs, le médecin doit
de personnalité comme la faible estime de soi, la timidité,
systématiquement demander s’ils souhaitent arrêter de fumer et
l’autodépréciation, les réactions émotionnelles excessives, les
dans la négative délivrer un conseil minimal qui peut être : « en
difficultés face à certains événements, les difficultés à avoir des
relations stables et à résoudre les problèmes interpersonnels. tant que professionnel de santé, je vous conseille d’arrêter de
Parmi les facteurs psychiatriques, différentes pathologies fumer dès que cela vous semblera faisable ; je vous donne une
peuvent exister comme un trouble d’hyperactivité avec déficit brochure qui vous expliquera comment cela est possible ». Il est
de l’attention, un trouble de l’humeur (dépression, trouble bien démontré que dire quelque chose à un fumeur, vaut mieux
bipolaire), des tentatives de suicide à répétition, des troubles que ne rien dire du tout [12].
anxieux, un trouble du comportement alimentaire, un trouble Après ce conseil minimal, si le fumeur souhaite arrêter, une
de la personnalité (personnalité antisociale, borderline...) [6]. prise en charge adaptée (informative, thérapeutique, et de suivi)
Parmi les facteurs environnementaux, une corrélation statis- peut être pratiquée si elle s’avère nécessaire. Si le fumeur ne
tiquement significative entre antécédents familiaux d’alcoolo- souhaite pas arrêter de fumer pour le moment, le médecin peut
dépendance et âge de début précoce des consommations est aider sa motivation à avancer plus vite.
retrouvée. Le fonctionnement intrafamilial, le mode d’éduca-
tion, la tolérance des parents pour l’usage de produits et pour
la transgression des règles et les événements de vie sont des
Prise en charge thérapeutique
facteurs de risque d’installation d’une conduite addictive. Elle est décrite dans la Figure 1.
Comme nous l’avons précédemment vu, le rôle des pairs est
indiscutable dans l’initiation d’une consommation d’alcool, de Aide médicale à l’arrêt du tabac
tabac ou d’autres drogues mais n’explique pas à lui seul les
conduites addictives. Enfin, la perte des repères sociaux comme Elle comprend trois étapes (Fig. 2) [14] :
la misère, la précarité, le chômage, l’absence de scolarisation, la • la première étape est l’évaluation et le renforcement de la
marginalité est également un important facteur de risque [7-9]. motivation. Il est utile de rechercher dès cette étape d’éven-
tuels troubles de la personnalité et/ou une comorbidité
psychiatrique qu’il est souhaitable de prendre en charge avant
■ Tabac l’arrêt proprement dit ;
• la seconde étape est la période de sevrage proprement dite.
Le tabagisme est dans les pays industrialisés la première cause Elle comporte l’évaluation et le traitement des dépendances,
de mortalité évitable. En France, elle est cause de 66 000 décès des troubles psychologiques associés et des autres conduites
prématurés par an [6]. addictives. Cette période peut durer plusieurs mois. Les
progrès dans la connaissance des mécanismes addictifs ont
Clinique permis de mettre en place des stratégies de prise en charge
Le tabagisme est un comportement appris renforcé par une validées scientifiquement ;
dépendance physique dont la nicotine est le principal • la troisième étape consiste à prévenir et à traiter les fréquen-
responsable. tes rechutes dont les causes sont multiples.
Prochaska et Di Clemente ont décrit les différents stades Motivation
d’évolution du fumeur [10] qui sont l’indétermination, l’inten-
tion, la préparation, l’action, la consolidation et la rechute. La motivation est composée de deux facteurs essentiels :
De l’étape de « fumeur consonant » ou « fumeur satisfait » à l’importance que revêt pour soi le changement et la confiance
celle d’ex-fumeur, le sujet tabagique selon les évènements de en soi pour changer. Le médecin peut l’évaluer, vérifier la
vie, ses croyances, ses capacités et les informations reçues va pertinence des motifs avancés au changement par le fumeur et
avancer plus ou moins rapidement sur ce chemin [10]. la faire progresser par la technique des entretiens motiva-
Après une phase d’apprentissage du tabagisme, les effets tionnels [15].
psychoactifs positifs de la nicotine apparaissent aux nouveaux
Sevrage
fumeurs : effet hédonique, anxiolytique, stimulant, antidépres-
seur, anorexigène. La dépendance comportementale et cognitive Tous les fumeurs étant différents les uns des autres au regard
s’installe ainsi progressivement. Enfin, nous faisons l’hypothèse de la dépendance et des facteurs environnementaux, il ne

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Oui Le patient fume-t-il ? Non

Oui Le patient Non Non


Oui A-t-il fumé ?
veut-il arrêter ?

Fournir un traitement Stimuler Stratégies de Pas de prise


efficace de la la motivation prévention des en charge
dépendance reprises

Figure 1. Arbre décisionnel. Prise en charge d’un sujet fumeur [13].

Fumeur motivé

Évaluation de la dépendance
Test de Fagerström

Dépendance moyenne
Dépendance faible
et forte

Évaluer : le terrain, les comorbidités,


le risque d'effets indésirables
et de pharmacodépendances

Outils d'aide à la motivation ou Outils d'aide à la


TCC ou accompagnement motivation ou TCC ou
psychologique + traitement accompagnement
pharmacologique de la psychologique +
dépendance automédication TNS

TNS Bupropion LP
Varénicline

Prévention des reprises du tabagisme

Figure 2. Arbre décisionnel. Aide médicale à l’arrêt du tabac. TNS : traitement nicotinique de substitution ; TCC : thérapies comportementales et cognitives ;
LP : à libération prolongée.

peut exister de pilule miracle pour arrêter de fumer. La stratégie • la recherche d’une codépendance (alcool, cannabis, médica-
d’aide à l’arrêt doit être définie conjointement par le fumeur et ments...) afin de définir la stratégie de sevrage la plus
le professionnel de santé après un bilan précis du tabagisme. Ce appropriée ;
bilan comprend [15] : • choix et mise en place d’une stratégie thérapeutique.
• une évaluation de la dépendance : Le choix de la stratégie est fonction du résultat de ces
C le test de Fagerström donne un score sur 10 points et différents bilans (dépendance nicotinique, dépendance psycho-
permet de classer les fumeurs en trois catégories [16] : comportementale, rôle de l’environnement, existence ou non de
0-4 points (pas ou peu dépendant) ; 5-6 (moyennement troubles de la personnalité et/ou de troubles psychiatriques,
dépendant) ; 7-10 (fortement dépendant) ; existence d’une codépendance) et est donc entièrement
C l’utilisation d’un analyseur de monoxyde de carbone (CO) personnalisé.
n’est pas indispensable en pratique courante mais il peut La conférence de consensus sur l’aide à l’arrêt du tabac [18] et
aider à motiver un fumeur à s’arrêter et peut également le rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits
être utile dans le suivi ; de santé (AFSSAPS) reconnaissent comme ayant prouvé leur
• une évaluation psychologique à la recherche de troubles efficacité : le traitement nicotinique de substitution (TNS), le
psychologiques qui risquent de rendre difficile l’arrêt du bupropion (Zyban LP®) et les thérapies comportementales et
tabac [15] ; cognitives (TCC) [19] . À ces traitements vient s’ajouter la
• une évaluation comportementale et cognitive pour aider le varénicline (Champix®) qui a obtenu l’autorisation de mise sur
patient à rompre avec certaines habitudes [17]... ; le marché dans le sevrage tabagique [20] depuis février 2007.

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Traitements de substitution nicotinique. Toutes les formes L’association TNS et bupropion ne semble pas présenter de
galéniques de substituts nicotiniques ont une efficacité similaire bénéfices supplémentaires. Si elle est prescrite, il est recom-
à posologie égale. Le choix entre les différentes formes galéni- mandé de vérifier la tension artérielle toutes les semaines.
ques peut être fondé sur la sensibilité aux effets indésirables et Varénicline, Champix®. La varénicline, agoniste partiel du
la préférence du patient. Les fumeurs les plus dépendants récepteur nicotinique a4b2, est indiquée dans le sevrage
obtiennent plus de succès avec une gomme dosée à 4 qu’à tabagique chez les sujets de plus de 18 ans, en France depuis
2 milligrammes. L’association des substituts nicotiniques à une février 2007.
prise en charge psychologique augmente le taux d’absti- L’efficacité de la varénicline, versus placebo ou bupropion,
nence [18]. dans le sevrage tabagique a été démontrée dans des essais
Les posologies doivent être ajustées en fonction du score du cliniques contrôlés impliquant des fumeurs chroniques [26-28].
test de Fagerström et de l’existence de symptômes de surdosage L’administration de la varénicline doit se faire 2 semaines avant
(bouche pâteuse, diarrhée, palpitations, nausées, insomnie) ou la date de l’arrêt du tabac.
de sous-dosage (apparition d’un syndrome de sevrage avec
tristesse, insomnie, irritabilité, agitation, anxiété et augmenta-
tion de l’appétit).
Certains effets indésirables peuvent être observés avec les
gommes et les comprimés. Si les gommes sont mâchées trop
“ Point important
vite ou si les comprimés se délitent trop rapidement, il est
fréquemment constaté des brûlures pharyngées, un hoquet, des La dose recommandée est de 1 mg de varénicline deux
brûlures gastriques. Il convient de sucer les gommes plutôt que fois par jour après une semaine d’augmentation
de les mâcher afin d’éviter ces effets secondaires. L’utilisation posologique comme suit :
des gommes à mâcher peut entraîner, chez certains patients, un • jours 1-3 : 0,5 mg une fois par jour ;
décollement de prothèse dentaire. • jours 4-7 : 0,5 mg deux fois par jour ;
Les patchs (dispositifs transdermiques), quant à eux, exposent • jour 8 - fin du traitement : 1 mg deux fois par jour.
dans 5 à 10 % des cas, au risque de dermite d’irritation avec
prurit et d’eczéma de contact pouvant nécessiter un traitement.
L’expérience montre qu’ils ne nécessitent un arrêt du traitement Les patients doivent être traités par varénicline durant
que dans de très rares cas. La pratique courante des consulta- 12 semaines. Pour ceux qui ont réussi à arrêter de fumer à la fin
tions de tabacologie et plusieurs études contrôlées montrent une des 12 semaines, une cure supplémentaire de traitement de
bonne tolérance et parfois une plus grande efficacité de l’asso- 12 semaines par varénicline à 1 mg deux fois par jour peut être
ciation de deux substituts nicotiniques. Traditionnellement de envisagée.
3 mois, la durée d’un TNS est variable selon les patients (de La principale contre-indication de ce traitement est l’hyper-
6 semaines à 6 mois). Le traitement doit être diminué très sensibilité au produit ou à l’un de ses constituants. Les princi-
lentement, en particulier si les envies ressenties sont toujours paux effets secondaires surviennent le plus souvent lors de la
présentes, nombreuses ou/et fortes [21]. première semaine de traitement et sont principalement des
Les TNS sont bien tolérés par les fumeurs atteints de patho- nausées, les céphalées, l’insomnie et les rêves anormaux.
logies coronariennes ou d’accidents vasculaires cérébraux. Ce Thérapies cognitives et comportementales. Elles ont pour
type de traitement doit être également proposé avant toute objectif d’aider les fumeurs désireux d’arrêt de rompre plus
intervention chirurgicale, plusieurs études ayant montré que facilement avec certaines habitudes fortes et avec de nombreu-
l’arrêt du tabac diminuait le risque postopératoire. Chez ses relations psychologiques nées des effets psychoactifs de la
l’adolescent, les TNS peuvent être utilisés à partir de 15 ou cigarette. Les TCC peuvent aussi traiter certains troubles de la
18 ans selon les formes galéniques, en cas de dépendance à la personnalité et troubles psychiatriques. Les professionnels de
nicotine [22]. santé non formés aux TCC peuvent toutefois, en appliquant
Chez les femmes enceintes et en période d’allaitement, quelques principes simples aider leur patient à rompre avec
l’approche par thérapie cognitive et comportementale et la prise certaines habitudes et/ou à modifier certaines cognitions
en charge psychologique doivent être proposées en première erronées. Il est cependant parfois utile de faire appel à des
intention. Si un TNS est nécessaire pendant la grossesse, les psychologues ou des psychiatres formés aux TCC dans les cas
formes orales ou les patchs seulement sont utilisés pendant la les plus compliqués [19].
période de veille avec une durée d’application de 16 heures au L’expérience montre que la dépendance physique met quel-
maximum par jour sous surveillance médicale pendant la ques semaines à disparaître, la dépendance comportementale
grossesse. S’ils sont nécessaires pendant l’allaitement, un quelques mois. Le suivi pendant toute cette période est donc
traitement pharmacologique utilisant des substituts nicotiniques important afin de vérifier l’efficacité de la stratégie mise en
peut être envisagé (gommes après la tétée) [23]. place, d’estimer la tolérance des traitements prescrits, d’évaluer
Traitements médicamenteux. le moral, vérifier le poids et évaluer la motivation et l’apparition
Bupropion, Zyban®. Le bupropion a obtenu sous une forme à de bénéfices à l’arrêt.
libération prolongée (LP) sa mise sur le marché français en
2001 dans l’aide à l’arrêt du tabac. Son efficacité a été démon- Prévenir les reprises du tabagisme
trée chez des patients de plus de 18 ans en bonne santé Les rechutes surviennent dans près de 50 % des cas après
générale physique et psychologique (notamment absence de l’utilisation des thérapeutiques médicamenteuses. Les causes de
tout état dépressif), fumant plus de 15 cigarettes par jour et ces rechutes à moyen et long terme sont multiples et chacune
motivés à l’arrêt [24, 25]. Ce médicament est délivré uniquement d’entre elles appelle des actions spécifiques : dépendance
sur ordonnance car il a de nombreuses contre-indications, effets physique insuffisamment traitée, états anxieux, états dépressifs,
secondaires et précautions d’emploi. Le risque de convulsions prise de poids, circonstances environnementales, ralentissement
(< 1/1000) est le plus redouté et les effets secondaires les plus intellectuel et démotivation. Un suivi prolongé est nécessaire
fréquents sont les insomnies (> 1/100), les éruptions cutanées, afin d’éviter ces rechutes qui ne doivent en aucun cas être
les tremblements, les céphalées, les sensations vertigineuses, la considérées comme des échecs [29].
dépression, l’agitation, l’anxiété, la fièvre et les troubles du goût.
Il est contre-indiqué entre autres chez la femme enceinte ou
allaitante. ■ Alcool
La durée du traitement est de 7 à 9 semaines. La posologie est
de 1 comprimé de 150 mg le matin pendant 6 jours, puis de Clinique
1 comprimé matin et soir séparé d’un minimum de 8 heures L’identification des troubles liés à l’usage d’alcool peut se
(afin de limiter les risques d’effets secondaires), pendant les 7 à faire soit de manière systématique, soit de manière fortuite lors
8 semaines suivantes. d’une consultation [30].

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Le clinicien, dans un premier temps, recherche des informa-


tions complètes sur la consommation (âge de début, première
ivresse, perte de contrôle, agenda des consommations...), les
modalités d’usage à risque, les facteurs de gravité et de vulné-
“ Point important
rabilité du patient. Puis, il pose le diagnostic de la conduite de Biomarqueurs utiles pour l’évaluation de l’évolu-
consommation (utilisation nocive pour la santé ou abus, tion du trouble lié à l’usage d’alcool
dépendance) [31].
Transferrine désialylée ou carbohydrate deficient
transferrine (CDT) : marqueur le plus sensible et spécifique
permettant de repérer une consommation de plus de

“ Points essentiels
6 verres d’alcool par jour.
Gamma glutamyltransférase (c-GT) : permet de repérer
une consommation aux alentours de 10 verres d’alcool
Signes cliniques de la dépendance à l’alcool par jour.
Sur le plan physique, il peut s’agir d’un aspect terreux et Volume globulaire moyen (VGM) : sans anémie, il
jaunâtre de la face, de télangiectasies des pommettes, des augmente plus tardivement lors des consommations
oreilles, des ailes du nez et des extrémités, d’un regard nocives.
globuleux, d’un œdème palpébral inférieur, d’une langue
saburrale, de tremblements des extrémités, d’une pituite,
de gastralgies, d’une fatigue, d’un amaigrissement, de
Sevrage thérapeutique
crampes nocturnes.
Sur le plan psychique, il peut s’agir d’une irritabilité, de Il s’inscrit dans une prise en charge pluridisciplinaire. Il
troubles mnésiques et de troubles du sommeil. n’existe pas de contre-indications à sevrer un patient alcoolodé-
pendant mais plutôt l’absence d’indication comme l’absence de
demande du patient, l’absence de motivation, l’absence de
projet thérapeutique et/ou social, le caractère d’urgence avec
Le syndrome de sevrage, synonyme de dépendance physique, pression de l’entourage... Il existe des cas de sevrage contraint
pouvant être favorisé par les infections, le stress, l’immunodé- comme par exemple lors d’une injonction thérapeutique ou des
pression, doit être diagnostiqué et pris en charge sur le plan cas de sevrage « non désiré » lorsque le patient est hospitalisé
thérapeutique. La survenue de ce syndrome est secondaire à pour un tout autre motif [36].
l’arrêt ou à la diminution de l’alcool, après une utilisation
régulière et importante. La symptomatologie du syndrome de
sevrage en alcool comprend des tremblements des extrémités
distales, des sueurs profuses, des signes cliniques et/ou biologi-
ques de déshydratation, des troubles du sommeil, des nausées,
voire des vomissements, de l’anxiété, de l’irritabilité, la possibi-
“ Point important
lité de crises convulsives généralisées [31]. Le delirium tremens, Le principal objectif d’un sevrage thérapeutique en alcool
état confusodélirant hallucinatoire avec manifestations neuro- est l’entrée dans un processus d’abstinence durable.
végétatives, en est la complication majeure. Pris en charge
rapidement, son évolution est favorable. Les récidives sont
cependant possibles ainsi que la survenue d’autres complica-
tions (encéphalopathie de Gayet-Wernicke, syndrome de Sevrage thérapeutique ambulatoire
Korsakoff...). Cette modalité thérapeutique, en cas de syndrome de sevrage
Le clinicien doit rechercher des comorbidités psychiatriques modéré, permet au patient de maintenir ses activités sociales,
et/ou somatiques (cirrhose, pancréatite, hypertension artérielle, familiales et professionnelles. Elle doit être privilégiée en
hépatite alcoolique aiguë, hypoglycémie, crises convulsives, pratique clinique [37].
déshydratation...), des comorbidités addictives (tabac, cannabis,
autres substances psychoactives, jeu pathologique...) et faire une
évaluation de la situation sociale et de la qualité de vie de son
patient.
L’utilisation de questionnaires standardisés, comme le DETA/
CAGE [32], l’AUDIT [33], l’ADOSPA [34], est importante pour le
“ Point important
repérage des personnes à risque ou présentant des troubles liés Contre-indications au sevrage thérapeutique ambula-
à l’usage d’alcool ainsi que celles qui justifient une évaluation
toire :
de leur mode de consommation.
Enfin, il faut évaluer la motivation du patient pour changer • organiques (maladie sévère justifiant une hospita-
ses habitudes de consommation. lisation),
Les complications de l’alcoolodépendance sont somatiques, • psychiatriques (syndrome dépressif ou autre pathologie
psychiatriques et sociales. Parmi les complications somatiques, psychiatrique sévère associée),
on retrouve la cirrhose hépatique, la pancréatite aiguë et • addictologiques (dépendance associée à d’autres
chronique, les hépatites, les cancers, les atteintes neurologiques produits, syndrome de sevrage en alcool sévère,
(encéphalopathie de Gayet-Wernicke, syndrome de Korsakoff, antécédents de delirium tremens ou de crise convulsive
neuropathie, démence, maladie de Marchiafava-Bignami, généralisée, échec d’un sevrage thérapeutique ambula-
myélinolyse centropontique...). Parmi les complications psy- toire en alcool),
chiatriques, on retrouve le syndrome d’alcoolisation fœtale,
• environnementales (demande pressante de l’entourage
l’hallucinose des buveurs, les troubles dépressifs, les troubles
anxieux, les troubles du sommeil et les trouble de la libido familial ou professionnel, entourage non coopératif,
(origine mixte). situation précaire) [35].

Prise en charge thérapeutique


Sevrage thérapeutique institutionnalisé
Les différentes recommandations des sociétés savantes et
conférences de consensus ont permis d’homogénéiser la prise en Cette approche thérapeutique est indiquée en cas de comor-
charge des patients alcoolodépendants [30, 35]. bidités somatiques ou psychiatriques ou de syndrome de sevrage

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sévère. Elle permet de soustraire le patient de son environne- Tableau 2.


ment habituel et une surveillance clinique continue. Il existe Les médicaments qu’il ne faut plus prescrire.
deux modalités de sevrage : le sevrage simple d’une durée de 7 Vitamine B12 (sauf en cas de carence documentée)
à 10 jours et le sevrage complexe (comorbidités somatiques,
Méprobamate, Équanil® (pas d’activité anticonvulsivante propre, im-
psychiatriques...) d’une durée de 3 semaines.
portant risque létal en cas d’intoxication volontaire)
Pharmacothérapie et autres mesures thérapeutiques Tétrabamate (efficacité anticomitiale moins bonne que celle des benzo-
diazépines, risque important de toxicité hépatique)
Benzodiazépines. Cette famille thérapeutique doit être
prescrite en première intention du fait de la réduction de Barbituriques
l’incidence et de la sévérité du syndrome de sevrage, des crises
comitiales et du delirium tremens. Les molécules à demi-vie
longue comme le diazépam (Valium Roche®) ou le prazépam hôpital de jour spécialisé, soit en postcure, soit en combinant
(Lysanxia ® ) préviennent mieux les crises convulsives. En ces deux armes thérapeutiques. Quoi qu’il en soit, le suivi
revanche, elles présentent un risque accru d’accumulation en ambulatoire par un médecin et un(e) infirmièr(e), et un(e)
cas d’insuffisance hépatocellulaire, d’âge avancé ou de grossesse. psychologue est indispensable.
Dans ces situations, il demeure préférable de prescrire de La première période où le risque de rechute est élevé se situe
l’oxazépam (Séresta®) en raison d’un métabolisme non modi- dans les 3 mois après le sevrage (rechute précoce, 40 à 90 % des
fié [38]. D’autres benzodiazépines peuvent être prescrites mais cas). La fréquence des rechutes doit être indiquée au patient
dans ce cas, il faut prendre en compte l’équivalence avec le non pas comme un risque important d’échec mais comme une
diazépam et la demi-vie de la molécule. La voie per os est difficulté pouvant survenir et entraver le maintien de l’absti-
préférée. Différents schémas de prescriptions sont possibles, nence. La prise en charge doit alors être réorientée.
cependant la prescription au-delà de 1 semaine ne se justifie La prescription de médicaments d’aide au maintien de
qu’en cas de dépendance aux benzodiazépines associée à l’abstinence est un apport thérapeutique non négligeable que
l’alcoolodépendance [39]. tout clinicien se doit d’utiliser. Parmi ces médicaments, on
Vitaminothérapie. La carence en vitamines B1 (thiamine) retrouve l’acamprosate (Aotal®), la naltrexone (Revia®, peut être
présente chez l’alcoolodépendant peut être source de complica- prescrit à partir du 7e jour de sevrage) et l’antabuse disulfirame
tions neurologiques ou cardiaques. En cas d’apport glucosé (Esperal®) prescrit en dernière intention. Outre l’utilisation de
associé, le sevrage peut également favoriser l’apparition d’une techniques comportementales [41], le soutien psychothérapeuti-
carence en thiamine. L’administration de 500 mg/j de vitamine que des soignants et l’implication des mouvements d’anciens
B1 per os doit être proposée en début de sevrage thérapeutique. buveurs sont importants.
La voie intraveineuse peut être proposée en cas de malnutrition
ou de malabsorption.
La vitamine B6 (pyridoxine) a un support physiopathologi- ■ Cannabis
que. En effet, les carences en vitamine B6 peuvent favoriser les
crises convulsives. Sa prescription doit avoir une durée limitée
en raison du risque de polynévrite. Clinique
Les deux vitamines sont fréquemment associées, il faut Les effets psychopharmacologiques du cannabis sont essen-
prescrire de la vitamine PP qui agit en tant que cofacteur de la tiellement dus à l’interaction du principe actif, le D9-tétrahydro-
vitamine B1. cannabinol (D9-THC) avec les récepteurs cannabinoïdes CB1.
Addictolytique : acamprosate (Aotal®). Ne modifiant pas les
paramètres pharmacocinétiques du diazépam, il est justifié de Effets aigus du cannabis
prescrire cette molécule au début du sevrage thérapeutique en
alcool. Des travaux récents suggèrent un effet neuroprotecteur Ivresse cannabique
de cette molécule et qu’il faille commencer ce traitement au Les effets du cannabis, le plus souvent fumé, surviennent
début du sevrage thérapeutique [40]. La posologie de l’acampro- dans les 2 heures après la prise [9, 42]. Les effets psychosensoriels
sate est de 2 comprimés matin, midi et soir, pour un sujet de durent de 3 à 8 heures, et les perturbations cognitives peuvent
poids supérieur à 60 kg et de 2 comprimés le matin, 1 à midi persister 24 heures. L’ivresse cannabique se déroule classique-
et 1 le soir, pour un sujet de poids inférieur à 60 kg. La durée ment selon quatre phases : le bien-être euphorique, l’hyperes-
.
préconisée du traitement est de 1 an. Il ne doit pas être prescrit thésie sensorielle avec désorientation spatiotemporelle et
avant 18 ans et après 65 ans. Ce médicament n’est pas contre- euphorie, la phase extatique et le sommeil puis réveil. Il est
indiqué lorsque le patient fait un faux pas. constaté une perturbation psychique à l’origine d’une variation
Autres mesures thérapeutiques. Les apports hydriques de l’humeur, associée à un changement du vécu corporel. Il y a
doivent être suffisants (3 litres d’eau par jour per os si possible, un sentiment de ralentissement du temps et un réel trouble de
la voie intraveineuse est rarement utilisée). la coordination motrice. Le diagnostic est clinique retrouvant
La prescription de magnésium n’est à envisager qu’en cas une tachycardie, une hypotension orthostatique, une sécheresse
d’hypokaliémie. buccale, une démarche ébrieuse et une hyperhémie conjoncti-
Les folates se prescrivent chez la femme enceinte pour vale. Les analyses urinaires peuvent confirmer le diagnostic.
diminuer le risque de malformations fœtales ou en cas de
carence documentée. Attaque de panique (ou « bad trip »)
Les neuroleptiques de première génération et les antipsycho- Véritable anxiolytique à court terme, le cannabis induit
tiques atypiques ne doivent pas être prescrits en première paradoxalement, des attaques de panique classiques avec le
intention en raison d’une tolérance moins bonne que les sentiment de perdre la maîtrise des effets du produit [43]. Elles
benzodiazépines et de leur potentiel épileptogène. Ils peuvent peuvent être à l’origine d’un arrêt des consommations, surtout
être prescrits secondairement en cas de delirium tremens si la crise d’angoisse survient au moment de la découverte du
(Tableau 2). produit, ou d’une démarche de soins.
Les prises en charge psychologique et sociale occupent une
place fondamentale. Différentes techniques, comme les théra- Syndrome de dépersonnalisation
pies comportementales (entretiens motivationnels, prévention Un syndrome de dépersonnalisation peut survenir immédia-
de rechute...) sont utilisées [41]. tement et peut durer quelques semaines après la prise. Il
correspond à une angoisse chronique, un sentiment de déréali-
Projet thérapeutique postsevrage sation, d’étrangeté, de déjà-vu, associés à une asthénie, une
Une fois le sevrage thérapeutique réalisé, il est nécessaire de insomnie et une humeur dépressive. Il y a un retentissement
proposer au patient alcoolodépendant un projet de maintien cognitif avec des troubles de la concentration et de la
d’abstinence. Ce projet thérapeutique peut avoir lieu soit en mémoire [36].

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.

Troubles psychotiques Troubles somatiques induits


La consommation de cannabinoïdes peut contribuer à la .
Liés aux effets nocifs de la fumée de cannabis, ils sont
physiopathologie des psychoses, rôle causal dans l’émergence de importants et à rechercher.
la schizophrénie chez des individus vulnérables en cas de
consommation importante et précoce. Cette cause n’est pas Prise en charge thérapeutique
suffisante mais un facteur parmi d’autres. Il a été individualisé
de réelles bouffées délirantes aiguës liées à de fortes doses de Principes
cannabis (psychose cannabique aiguë ou pharmacopsychose
cannabique). L’évolution est brève (de 8 jours à 3 mois), et le Nous pouvons être amenés dans un premier temps à informer
début brutal. Les hallucinations visuelles sont prédominantes le sujet et l’entourage. Les premières consultations servent à
avec une impression de déjà-vu ou de dépersonnalisation. évaluer la situation environnementale, psychopathologique et
L’hétéroagressivité peut être importante liée à une désinhibition l’usage de cannabis dans ce contexte. Le clinicien recherche les
psychomotrice. La résolution sous neuroleptiques associés à différents facteurs de risque et de vulnérabilité du sujet.
l’arrêt des consommations est rapide avec une prise de cons- L’utilisation de questionnaires de repérage, tels que l’ADOSPA et
cience du caractère délirant de l’épisode [36]. La bouffée délirante le CAST (Cannabis Abuse Screening Test, OFDT), peut s’avérer
peut être un mode d’entrée dans un trouble psychotique d’une grande utilité dans la pratique. Pour confirmer et évaluer
chronique. Il existe des sentiments persécutifs ou « effet la situation, la prescription d’un dosage biologique urinaire
parano » et des idées fixes qui sont bien critiqués et qui restent qualitatif et quantitatif peut être nécessaire et peut être confir-
indépendants de la psychose aiguë. L’environnement devient mée par un prélèvement sanguin. Après cette étape, il est
menaçant. Ces troubles cessent à l’arrêt de la consomma- .
indispensable d’avoir une idée de la motivation et des propres
tion [43]. Une désorganisation de la pensée doit faire rechercher intentions du patient afin de lui proposer un projet adapté
une prise de toxiques de façon systématique. combinant traitement médicamenteux et psychothérapie [48].
L’abstinence ou une consommation contrôlée dans un
Effets chroniques du cannabis premier temps, avec une prise en charge ambulatoire (dans tous
les cas) associée ou non à une prise en charge hospitalière si
Dépendance nécessaire peut être indiquée.
Les sujets à risque de dépendance sont les préadolescents en
situation d’échec scolaire et les patients présentant une comor-
bidité psychiatrique. La dépendance apparaît liée à la durée de
l’usage, à l’abus, à une consommation solitaire et au retard
scolaire. Ils correspondent à 5 % des consommateurs
“ Point important
réguliers [44].
Le syndrome de sevrage débute un jour après l’arrêt de la Indications d’un sevrage thérapeutique hospitalier
consommation, a un pic symptomatique compris entre 2 et Échec d’un ou de plusieurs sevrages ambulatoires.
6 jours, et peut durer de 4 à 14 jours. Il est caractérisé par une Patient demandeur d’une extraction du milieu pour le
irritabilité, une anxiété, une humeur dysphorique, des troubles sevrage.
du sommeil, une perte de l’appétit et dans certains cas, des Polyconsommations.
comportements agressifs. De plus, on peut retrouver des Maladie somatique ou psychiatrique grave.
nausées, des tremblements, des sueurs, des modifications de la Nécessité d’une évaluation psychiatrique pour les doubles
fréquence cardiaque et de la tension artérielle, et des diarrhées. diagnostics.
L’ensemble de ces symptômes débuterait après 24 heures Les contre-indications d’un sevrage hospitalier
d’abstinence, avec un pic au quatrième jour, puis s’amenderait
n’existent pas, il s’agit plutôt de non-indications
en 3 semaines [45].
comme un patient non motivé au changement, un déni,
Troubles cognitifs et syndrome amotivationnel une hospitalisation sous contrainte.
.

Les troubles cognitifs et le syndrome amotivationnel ont un


retentissement social lié à la consommation de cannabis.
L’hospitalisation peut être l’occasion de faire un bilan
Comorbidités psychiatriques somatique (radiographie du thorax, électrocardiogramme, bilan
biologique standard, échographie hépatique, consultation
De 15 à 41 % des patients schizophrènes souffrent d’abus ou
ORL...) et un bilan des autres dépendances. Elle se poursuit
de dépendance au cannabis.
toujours par un suivi ambulatoire pour consolider l’abstinence.
Une vulnérabilité neurobiologique commune existe. Un âge
de début précoce d’usage et des antécédents d’usage de cannabis
apparaissent être des facteurs de risque pour le début d’une
schizophrénie, notamment chez les sujets vulnérables mais
■ Cocaïne
également chez ceux sans histoire clinique antérieure. Cepen-
dant le cannabis n’est ni une cause suffisante ni une cause Clinique
nécessaire pour une schizophrénie mais une de ses multiples
composantes étiologiques [46]. Effets cliniques aigus et dépendance
Les troubles de l’humeur sont fréquemment associés à l’usage Les modalités de consommation et les effets de la cocaïne
de cannabis. La symptomatologie dépressive serait un facteur de sont très variables d’un individu à l’autre et sont dose- et voie
risque d’usage de substances psychoactives, et le rôle dépresso- d’administration-dépendants (voie intranasale [« sniff »], fumée
gène du cannabis est modeste mais accru en cas d’initiation [free base ou crack], injectée ou orale [très rare en France]).
précoce et de consommation régulière. Il peut précipiter le Les effets cliniques aigus de la cocaïne sont l’euphorie, la
passage à l’acte suicidaire en aigu, de plus la gravité des sensation de bien-être, l’augmentation de l’énergie et de l’estime
tentatives de suicide est corrélée à l’importance des conduites de soi, une impression d’une plus grande efficience de la
toxicomaniaques et ce d’autant plus qu’il y a d’autres produits pensée, voire une tachypsychie, une communication et un
associés [6]. contact plus faciles, un débit verbal accéléré, une désinhibition,
Les patients ayant un trouble anxieux généralisé ou un une hypervigilance, une hyperactivité motrice, une augmenta-
trouble panique peuvent se servir du cannabis à visée anxioly- tion de la libido, une insomnie, une anorexie et de possibles
tique mais il peut être aussi anxiogène comme nous l’avons déjà comportements agressifs. Il est aussi retrouvé une tachycardie,
souligné [47]. des désordres tensionnels, une mydriase et une pâleur. Quand

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il n’y a plus de cocaïne à disposition, un phénomène de crash, Prise en charge thérapeutique


comprenant symptômes dysphoriques, perte d’énergie, hyper-
somnie et altérations cognitives, s’installe. Ce phénomène peut Elle s’organise autour d’un travail en équipe pluridisciplinaire
être autogéré avec d’autres substances comme l’alcool (associa- et de la mise en place d’un réseau impliquant différents acteurs
.
tion fréquemment retrouvée), les benzodiazépines, le cannabis sanitaires et sociaux.
ou les opiacés. Le retour à une humeur de base prend 3 à
4 jours après l’épisode de consommation. Évaluation bio-psycho-sociale
.
La dépendance à la cocaïne est un trouble d’installation Elle associe [52] :
rapidement progressive associé à des complications psychologi- • un examen physique et des examens complémentaires qui
ques, psychiatriques, somatiques, sociales et légales [49]. comprennent au minimum un bilan sanguin avec numéra-
tion de formule sanguine, fonction rénale et hépatique,
Prise en charge sérologies hépatite B, C et virus de l’immunodéficience
humaine (VIH) avec l’accord du patient, un dosage des
Prise en charge pharmacologique toxiques urinaires, une radiographie pulmonaire et un
Les traitements médicamenteux pouvant inverser les phéno- électrocardiogramme ;
mènes neuroadaptatifs induits par l’addiction à la cocaïne • une évaluation psychiatrique qui explore la personnalité du
apparaissent être un choix logique dans le traitement de patient et les comorbidités psychiatriques ;
l’addiction à la cocaïne. Des programmes de recherche aux • une évaluation sociale qui resitue le patient dans un contexte
États-Unis ont testé plus de soixante médicaments ciblant sociofamilial et recherche les dommages des conduites
différents systèmes de neurotransmission touchés par la cocaïne. addictives.
Parmi ces pharmacothérapies, les plus prometteuses semblent
être le modafinil, le topiramate, le disulfirame, le baclofène, Sevrage thérapeutique en opiacés
l’aripiprazole et la N-acétyl-cystéine. L’immunothérapie antico- Il a lieu après que le patient ait déjà réalisé un certain
caïne est en cours de développement (vaccins, anticorps parcours de soins. Il peut se dérouler en ambulatoire si les
monoclonaux) [49]. conditions de vie du patient le permettent, ce qui implique un
suivi rapproché, tous les 2 ou 3 jours, voire initialement tous les
Prise en charge psychothérapeutique jours. Il peut également avoir lieu de manière contractuelle en
Les thérapies comportementales (prévention de rechute, milieu hospitalier (service de médecine, service de psychiatrie
thérapie motivationnelle, management des contingences) sont générale ou d’addictologie).
de véritables plates-formes pour les pharmacothérapies. Elles Plusieurs méthodes sont utilisées : sevrage dégressif avec
jouent un rôle dans l’observance thérapeutique, stimulent diminution régulière de la consommation sur une durée de
l’abstinence et renforcent l’action des médicaments. Ces quelques jours, semaines ou mois, utilisé notamment lors des
différentes techniques psychothérapeutiques peuvent être sevrages ambulatoires, pour les médicaments opiacés et de
combinées [50]. substitution, ou sevrage complet pour l’héroïne et les
médicaments [53].
Deux situations particulières sont la grossesse et l’incar-
■ Opiacés cération.
La grossesse est un moment privilégié pour les demandes de
sevrage. Bien que cette question soit controversée, la substitu-
Clinique tion est privilégiée, du fait du risque de souffrance fœtale que
Effets cliniques aigus et dépendance pourrait engendrer le sevrage. La buprénorphine haut dosage et
la méthadone peuvent être prescrites en fonction du bénéfice
Les différents opiacés sont cités dans le Tableau 3. attendu versus le risque pour la mère et le nouveau-né. Cepen-
Les effets de l’héroïne sont similaires à ceux de la morphine, dant, une adaptation posologique peut être nécessaire.
la différence étant au niveau de la durée d’action et de l’inten- L’incarcération : l’offre de sevrage médicalisé ou de toute
sité de l’effet. Ils sont dominés par le flash qui survient autre modalité de soins doit pouvoir faire l’objet du choix du
immédiatement après la prise et qui entraîne une sensation patient et être intégrée dans un suivi médical effectif qui
d’extase intense, suivie d’un état de sédation et de bien-être permette une réévaluation régulière.
euphorique. Elle a également un puissant pouvoir anxiolytique Plusieurs types de traitements pharmacologiques peuvent être
.
et antidépresseur. proposés pour réduire les symptômes de sevrage :
Les différents médicaments opiacés peuvent faire l’objet d’un • les traitements spécifiques s’opposant à l’hyperfonctionne-
mésusage. ment adrénergique, considéré comme responsable des symp-
Leur injection intraveineuse provoque un flash proche de tômes. Le produit le plus utilisé est la clonidine
celui de l’héroïne alors que l’inhalation nasale provoque les (Catapressan®), antihypertenseur adrénergique. La guanfacine
effets de sédation et d’euphorie sans le flash initial. (Estulic®), dérivé d’action de la clonidine, serait de manie-
La dépendance aux opiacés est marquée par l’apparition ment plus aisé ;
d’une tolérance, d’un syndrome de sevrage d’une durée de 5 à • les traitements symptomatiques antalgiques de palier I,
10 jours, d’un comportement compulsif de consommation ou antispasmodiques, antiémétiques, antidiarrhéiques, sédatifs et
.
craving. Des complications psychiatriques, physiques et sociales hypnotiques. Les produits sédatifs sont le plus souvent
importantes accompagnent souvent la consommation d’opiacés indispensables, surtout dans les premiers jours. Il est préféra-
mais n’entraînent pas son arrêt [51]. ble de limiter l’utilisation des benzodiazépines, en raison du
risque d’abus ou de dépendance. L’alternative peut être
Tableau 3. l’utilisation d’anxiolytiques non benzodiazépiniques ou de
Différents opiacés.
.
neuroleptiques sédatifs [53].

Héroïne (poudre, différentes voies d’administration) Traitements de substitution


Antalgiques palier III (sulfate de morphine, Skenan®, Moscontin® ; bu-
prénorphine, Temgésic®) (comprimés ou gélules)
À partir des années 1980, la pandémie du sida et les autres
risques infectieux, notamment celui de l’hépatite C, ont
Médicaments de substitution (chlorhydrate de méthadone, Métha-
provoqué un bouleversement de la prise en charge de la
done® ; buprénorphine haut dosage, Subutex® ; buprénorphine-
dépendance à l’héroïne. La réflexion s’est orientée vers les
naloxone, Suboxone®)
stratégies de réduction des risques. C’est dans ce contexte que
Médicaments antitussifs contenant de la codéine ou de la codéthyline
l’accès aux médicaments de substitution aux opiacés s’est élargi
(Codoliprane®, Néo-Codion®...)
en France : la méthadone à partir de 1995 et la buprénorphine

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haut dosage à partir de 1996. En octobre 2006, la Suboxone®, Tableau 4.


association de buprénorphine et de naloxone, a obtenu l’auto- Complications de la métamphétamine.
risation de mise sur le marché. Complications aiguës Complications chroniques
Les objectifs généraux de ces traitements sont les suivants [54] :
• prévenir les complications somatiques et psychiatriques État d’agitation Psychose chronique schizophréni-
secondaires à la dépendance aux opiacés ; État délirant aigu forme
• favoriser l’insertion des patients dépendants dans un proces- Violences Précipitation de son éclosion chez
sus de soins incluant la prise en charge des pathologies les sujets vulnérables
Overdose
psychiatriques et/ou somatiques associées à la dépendance Confusion mentale
Défaillances multiviscérales (trou-
aux opiacés ; bles du rythme et de la fonction
Accidents vasculaires cérébraux
• contribuer à leur insertion sociale ; cardiaque, trouble de la dynamique
Crises convulsives respiratoire, insuffisance rénale et
• permettre aux personnes dépendantes des opiacés de se
dégager du centrage de leur existence sur les effets et la Barotraumatismes hépatique...)
recherche délétères du produit, et de recouvrer tout ou partie Hypertension artérielle IST, sida
de leur liberté et globalement une meilleure qualité de vie. Cardiomyopathies aiguës
En réduisant ainsi les divers dommages induits, ces stratégies Choc cardiovasculaire
thérapeutiques répondent également aux attentes de la société. Risque d’IST
Complications majeures des traitements de substitution IST : infection sexuellement transmissible.
Il s’agit des décès par surdose de méthadone ou par potentia-
lisation buprénorphine-benzodiazépines, surtout après injection
Effets cliniques de l’intoxication aiguë
de buprénorphine.
L’augmentation de la prévalence de l’hépatite C, comparée à La clinique de l’intoxication aiguë à la métamphétamine
la décroissance de l’infection par le VIH, reste un problème associe :
important. La contamination peut être due à un plus fort • un état d’excitation psychique et physique pouvant être
pouvoir contaminant du VHC par voie intraveineuse et à sa associé à un syndrome délirant ;
plus grande résistance dans le milieu extérieur. Le partage des • des manifestations neurologiques symptomatiques d’un
seringues, du matériel de préparation d’injection et des pailles accident vasculaire cérébral ischémique ou hémorragique
est impliqué et doit conduire à renforcer les programmes de (spasmes, occlusions artérielles, hémorragies cérébrales
.
réduction des risques [54]. spontanées quel que soit le terrain sous-jacent). Des mouve-
ments anormaux de type choréiforme peuvent être observés
Autres possibilités thérapeutiques en l’absence d’autres étiologies ;
• des manifestations cardiovasculaires : tachycardie, troubles
Il s’agit des agents anticraving et de la prescription médicalisée
électrocardiographiques, hypertension artérielle, autres
d’héroïne.
complications cardiovasculaires secondaires ;
• des manifestations pulmonaires à type de dyspnée, de
■ Métamphétamine et ecstasy sifflement bronchique...
Les atteintes hépatorénales ou d’autres viscères sont généra-
lement secondaires à l’hypoxémie, la rhabdomyolyse et le choc
Clinique cardiovasculaire. Leur traduction clinique varie en fonction du
type d’atteinte [55].
Métamphétamine
Syndrome de sevrage
La métamphétamine est une substance fortement addictive et
porte différents noms comme meth, crystal et chalk. Elle peut se Différentes phases le caractérisent :
présenter sous la forme d’une poudre ou d’une pâte, pure • une première phase, précoce ou crash, durant laquelle on
(blanche) ou coupée. observe une dépression avec agitation, anxiété et une envie
intense de consommer (dépendance psychique ou craving) ;
• une seconde phase, intermédiaire, durant laquelle s’installe
une fatigue intense, une anhédonie et une perte d’intérêt. Ces

“ Points importants symptômes augmentent en intensité pendant 12 heures à


4 jours puis se stabilisent ;
• une phase tardive durant laquelle les symptômes de la
La métamphétamine a une demi-vie plasmatique de deuxième phase persistent pendant 6 à 18 semaines jusqu’à
l’ordre de 8 à 13 heures. 6 à 9 mois après l’arrêt du toxique [55].
La cocaïne a une demi-vie plasmatique de l’ordre de 1 à Les consommateurs de métamphétamine semblent être
3 heures. victimes de complications plus sévères que les consommateurs
d’alcool ou de cannabis [56] (Tableau 4).
L’héroïne a une demi-vie plasmatique de l’ordre de 3 à
10 minutes.
La morphine a une demi-vie plasmatique de l’ordre de 1,5 Prise en charge thérapeutique
à 4 heures. La prise en charge thérapeutique de l’intoxication aiguë est
symptomatique et vise deux objectifs majeurs : contrôler les
troubles du comportement et préserver les fonctions vitales.
La prise en charge des complications chroniques nécessite le
Ce produit est consommé per os, par voie intranasale, par
recours à des spécialistes en fonction de l’appareil atteint.
voie intraveineuse ou fumé. Lorsqu’elle est fumée, elle prend le
En termes de pharmacothérapie, ce qui est utilisé pour
nom d’ice, crank, crystal, glass ou Tina en raison de ses cristaux
l’addiction à la cocaïne est translaté au problème de l’addiction
transparents et stratifiés [37]. La fumée n’a pas d’odeur et laisse
à la métamphétamine [57]. Les thérapies comportementales, en
un résidu qui peut être, à son tour, fumé [55].
particulier le management des contingences [58], sont efficaces.
La métamphétamine est facile à synthétiser à partir de
précurseurs chimiques accessibles au grand public. L’expansion
des laboratoires clandestins (dans les cuisines des maisons, les
Ecstasy (ou MDMA)
voitures...) en est une conséquence logique. Face à ce problème L’ecstasy est une drogue de synthèse (3,4-méthylène-dioxy-
de taille, de nombreux pays ont restreint le commerce des méthylamphétamine [MDMA]). Elle se présente le plus souvent
produits susceptibles d’êtres détournés pour sa synthèse. sous la forme d’un comprimé ou sous la forme d’une gélule de

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E, Eve, Kermit, Love, Love potion 9, M&Ms, Mercedes). [13] Aclinical practice guideline for treating tobacco use and dependence:A
La majorité des consommations se fait per os mais le recours US Public Health Service report. The Tobacco Use and Dependence
à la voie intranasale ou intraveineuse reste l’apanage de certains Clinical Practice Guideline Panel, Staff, and Consortium
usagers. Les modalités de consommation de l’ecstasy les plus Representatives. JAMA 2000;283:3244-54.
fréquentes sont l’usage et l’abus, la dépendance est peu fré- [14] AFSSAPS. Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de
quente. L’ecstasy est fréquemment associée à la consommation Santé: Les stratégies médicamenteuses et non-médicamenteuses de
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[15] Dupont P. Principes de la prise en charge du sujet tabagique. In:
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Ses effets apparaissent 30 à 60 minutes après une prise orale p. 442-9.
et se prolongent quelques heures [37]. Ils sont marqués par une [16] Heatherton TF, Kozlowski LT, Frecker RC, Fagerstrom KO. The
Fagerstrom Test for Nicotine Dependence: a revision of the Fagerstrom
désinhibition, un sentiment de bien-être, de liberté, d’énergie,
Tolerance Questionnaire. Br J Addict 1991;86:1119-27.
une anorexie et surtout l’empathie. Paradoxalement, certains
[17] Salin-Pascual RJ, Alcocer-Castillejos NV, Alejo-Galarza G. Nicotine
consommateurs vivent mal cette expérience ressentie comme dependence and psychiatric disorders. Rev Invest Clin 2003;55:677-93.
désagréable (bad trip) puisque l’angoisse, la dépression de [18] Conférence de consensus sur le sevrage tabagique. ANAES, Paris, 8 et
l’humeur et les troubles somatiques (pics tensionnels, tachycar- 9 octobre 1998.
die, sécheresse buccale, sueurs, trismus avec grincement des [19] Le Foll B, Melihan-Cheinin P, Rostoker G, Lagrue G. Smoking cessa-
dents...) remplacent les effets souhaités. Lorsque le produit n’est tion guidelines: evidence-based recommendations of the French Health
plus disponible, il existe une descente avec épuisement et Products Safety Agency. Eur Psychiatry 2005;20:431-41.
symptômes dépressifs durant environ 8 heures. Ce phénomène [20] Fagerstrom K, Balfour DJ. Neuropharmacology and potential efficacy
peut être géré à l’aide d’autres produits (cannabis, benzodiazé- of new treatments for tobacco dependence. Expert Opin Investig Drugs
pines, héroïne...). 2006;15:107-16.
Dans les cas de dépendance, le syndrome de sevrage se [21] Palmer KJ, Buckley MM, Faulds D. Transdermal Nicotine. A review of
manifeste par l’installation au bout de quelques jours d’une its pharmacodynamic and pharmacokinetic properties, and therapeutic
angoisse, d’une dépression et d’une grande fatigue. efficacy as an aid to smoking cessation. Drugs 1992;44:498-529.
[22] Frishman WH, Mitta W, Kupersmith A, Ky T. Nicotine and non-
Complications nicotine smoking cessation pharmacotherapies. Cardiol Rev 2006;14:
Elles sont décrites dans le Tableau 5. 57-73.
[23] Conférence de consensus - Grossesse et tabac - 7 et 8 octobre 2004 -
Prise en charge thérapeutique document ANAES.
[24] Tønnesen P, Tonstad S, Hjalmarson A, Lebargy F, Van Spiegel PI,
Elle se fait en deux temps : Hider A, et al. A multicentre, randomized, double-blind, placebo-
• le premier temps permet de gérer l’urgence somatique en cas controlled, 1-year study of bupropion SR for smoking cessation.
d’intoxication (lavage gastrique pouvant s’envisager dans J Intern Med 2003;254:184-92.
l’heure qui suit l’ingestion ; maintien des fonctions vitales [25] Tonstad S. Use of sustained-release bupropion in specific patient popu-
avec réhydratation parentérale, correction de l’hyperthermie, lations for smoking cessation. Drugs 2002;62(suppl2):37-43.
de l’hyperactivité neuromusculaire et de l’hypertension [26] Tonstad S, Tonnesen P, Hajek P, Williams KE, Billing CB, Reeves KR.
artérielle...) ; Effect of maintenance therapy with varenicline on smoking cessation:
• le second temps concerne l’établissement d’un projet de suivi a randomized controlled trial. JAMA 2006;296:64-71.
addictologique avec une consultation spécialisée, une hospi- [27] Jorenby DE, Hays JT, Rigotti NA, Azoulay S, Watsky EJ, Williams KE,
talisation au besoin. Il n’existe pas, à ce jour de traitement et al. Efficacy of varenicline, an alpha4beta2 nicotinic acetylcholine
substitutif ou spécifique pour les amphétamines [51]. receptor partial agonist, vs placebo or sustained-release bupropion for
.
smoking cessation: a randomized controlled trial. JAMA 2006;296:
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■ Références [28] Nides M, Oncken C, Gonzales D, Rennard S, Watsky EJ, Anziano R,
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L. Karila (laurent.karila@pbr.aphp.fr).
Centre d’enseignement, de recherche et de traitement des addictions, Hôpital Paul-Brousse, Université Paris XI, AP-HP, Inserm-CEA U797, 12, avenue
Paul-Vaillant-Couturier, 94800 Villejuif, France.
S. Coscas.
M. Lecacheux.
Centre d’enseignement, de recherche et de traitement des addictions, Hôpital Paul Brousse, Université Paris XI, AP-HP, Inserm U669, 12, avenue
Paul-Vaillant-Couturier, 94800 Villejuif, France.
F. Noble.
UMR 7157 CNRS, Inserm U 705, neuropsychopharmacologie des addictions, Université René Descartes, Paris, France.
S. Legleye.
Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), Saint-Denis, France.
F. Beck.
Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), Saint-Denis, France.
P. Dupont.
A. Benyamina.
R. Karmous.
M. Reynaud.
Centre d’enseignement, de recherche et de traitement des addictions, Hôpital Paul Brousse, Université Paris XI, AP-HP, Inserm U669, 12, avenue
Paul-Vaillant-Couturier, 94800 Villejuif, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Karila L., Coscas S., Lecacheux M., Noble F., Legleye S., Beck F., Dupont P., Benyamina A., Karmous R.,
Reynaud M. Conduites addictives. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 7-0145, 2008.

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