Vous êtes sur la page 1sur 5

Conduites addictives – UE 3

Elles se définissent par un besoin impérieux et répétitif d’utiliser une ou plusieurs substances
psychotropes. Cette dépendance, quel que soit son type, se manifeste sous 2 formes :
- La dépendance physique : symptômes pathologiques si abstinence inhabituellement
longue qu’elle soit volontaire ou accidentelle
- La dépendance psychique : besoin intense, pulsion difficilement répréhensible de
renouveler la prise du produit pour éviter ou pallier un syndrome de sevrage.
Il s’agit d’une maladie comportementale complexe, souvent douloureuse pour le patient et
son entourage. Elle dure longtemps et se caractérise par des rechutes fréquentes.

I. L’alcool
C’est une substance psychotrope, c’est la plus consommée en France et posant un important
problème de santé. L’alcoolisation (aigue ou chronique) est responsable (directement ou
indirectement) d’environ 40000 décès/an. C’est la 3 ème cause de mortalité en France et elle
est responsable de très nombreuses complications.

Type d’alcoolisation : Il faut distinguer :


- Alcoolisation aigue qui est caractérisée par 3 éléments :
 Intoxication qui comporte 3 phases :
 Excitation psychomotrice simple -> Perte de contrôle supérieur et libération des
tendances instinctives d’où enthousiasme communicatif. L’attention, le temps de
réaction, le jugement, le sens critique, la mémoire et l’adaptation au réel sont altérés
à des degrés variables selon le taux d’alcool et la sensibilité de la personne.
 Incoordination -> Somnolence, regard vague, démarche ébrieuse, confusion de
degré variable
 Coma -> Profond, le sujet ne se souviendra de rien à son réveil
 Accidents : 30% des accidents mortels présentent une alcoolémie élevée
 Violences : notamment conjugales
- Alcoolisation chronique qui impliquent de nombreuses complications :
 Digestives :
 Stéatose hépatique qui est la plus fréquente, qui est une surcharge graisseuse qui
régresse si abstinence.
 Cirrhose du foie qui est une fibrose avec transformation de l’architecture du foie
qui représente le stade évolutif tardif et irréversible de l’alcoolisme
 Pancréatites aigues et chroniques
 Neuropsychiatriques :
 Troubles cognitifs comme la mémoire, l’attention, la concentration …
 Encéphalopathies dites carentielles qui sont un déficit en vitamine B1 : GAYET et
WERNICKE ; Syndrome de KORSAKOFF ; Polyneuropathies (touchent principalement
les membres inférieurs de façon distale et symétrique dans les cas typiques)
 Cardio-vasculaires : HTA, troubles du rythme
 Nutritionnelles : carence vitaminique B1, B6…
 Fœtales : 1ère cause de retard de développement
 Terrain favorable aux cancers : Voies aériennes supérieures (bouche, larynx, pharynx,
œsophages…) et carcinome hépatocellulaire.

Importance des facteurs socio-économiques et économiques :


- Tradition de la consommation en France
- Poids économique de la filière alcool…
- Rôle du milieu et notamment des métiers pénibles : Bâtiment, Travaux publics,
Pêche…

Importance du diagnostic précoce :


Donne les meilleures chances de succès thérapeutique mais difficile car le patient dissimule
son alcoolisme. Il existe de nombreux questionnaires pour apprécier la consommation
d’alcool régulière lors de l’entretien médical.

Syndrome de dépendance à l’alcool :


Désir puissant parfois compulsif de boire de l’alcool, avec difficulté à contrôler la
consommation et impossibilité de la diminuer. Abandon progressif de toute source de
plaisir, d’intérêt et d’activité au profit de la consommation d’alcool. Envahissement complet
par ce comportement autour duquel s’organise toute la vie du sujet au détriment des autres
activités.

Syndrome de sevrage :
Si arrêt d’alcool on a une hyperexcitabilité cérébrale qui va se traduire par différentes
étapes :
- 1er degré : Tremblements, sueurs, épi-gastralgies, vomissements, insomnies…
- 2ème degré : Délire alcoolique subaigu avec plus ou moins agitation, anxiété,
cauchemars…
- 3ème degré : Délire alcoolique aigu… « Délirium trémas » avec troubles psychiatriques,
neurologiques et signes généraux.
 Troubles psychiatriques : Désorientation T/S, délire avec hallucinations ou illusions
transitoires (visuelles, tactiles, auditives) agitation psycho/motrice
 Troubles neurologiques : Tremblements, troubles de l’équilibre et de la coordination,
convulsions…
 Signes généraux : Fièvre, déshydratation ++, sueurs, augmentation du pouls…

Biologie :
Il existe 3 marqueurs pour dépister une alcoolisation chronique :
- Gamma-Glutamyl-Transpeptidase : on va doser le taux dans le sang
- Volume globulaire moyen
- Transferrine désialylée
Ces 3 marqueurs ne présentent pas une spécificité ni une sensibilité absolues et exposent à
des risques de résultats faussement positifs, notamment du fait de la prise de médicaments.
Il existe un marqueur hautement spécifique et très sensible de consommation d’alcool :
l’éthylglucuronide. C’est un produit du métabolisme hépatique de l’alcool, en grande partie
éliminé dans l’urine mais qui reste stocké en faible quantité dans les phanères (cheveux en
particulier). Sa concentration es non influencée par la prise de médicaments.
Taux d’alcool :
Alcoolémie : Alcool dans l’air expiré et mesuré par l’éthylomètre doit être < 0,25 mg/l
> 0,5 g/l = taux contraventionnel
> 0,8 g/l = taux délictuel

Traitement :
 Il concerne le dépistage, la prise en charge de l’abus ou de la dépendance et le suivi à
long terme.
 Il associe psychothérapie de soutien, thérapies spécifiques et médicaments.
 L’objectif étant l’abstinence, la prévention des rechutes, la réinsertion socio-
professionnelle et l’amélioration de la qualité de vie.
 Il faut prendre en compte la coopération du sujet, sa capacité à se prendre en charge,
son environnement social, la nécessité éventuelle d’une hospitalisation pour
maintenir l’abstinence.
 Le traitement pharmacologique dépend de l’état du patient et comprend :
- Calmants
- Vitaminothérapie : B1…
- Correction des désordres hydro-électrolytiques
- Produits de remplacement
- Psychothérapie permanente et soutien à long terme

II. Le tabac
Le tabagisme (actif et passif) constitue la première cause évitable de mortalité dans les pays
développés. La nicotine est la substance considérée comme la plus impliquée dans la
survenue de la dépendance pharmacologique. Le tabagisme résulte d’une rencontre entre
une substance psychoactive et un individu prédisposé évoluant dans un environnement
socio-culturel favorable. Cette rencontre a lieu en général au moment de l’adolescence lors
des périodes de vulnérabilité. La dépendance est d’autant plus rapide que l’initiation au
tabac est précoce. Elle augmente beaucoup en fonction de l’âge à partir duquel le sujet
commence à fumer. La dépendance est pharmacologique (nicotine) mais aussi
psychologique et comportementale.

Conséquences somatiques :
- Le cancer pulmonaire est le plus fréquent des cancers liés au tabac et son pronostic
reste très sombre avec 5 à 10% de survie à 5 ans.
- Bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO)
- Risques cardio-vasculaires avec rôle majeur dans l’athérome…

Traitement :
Il faut s’assurer de l’information adéquate et évaluer :
- Le stade de motivation +++
- La dépendance : nicotinique, psychologique et comportementale
- Le retentissement somatique
Il faut rechercher une dépendance associée (alcool par exemple) et préciser les objectifs du
traitement au patient et s’assurer qu’il soit d’accord.
Ce traitement est basé sur l’association d’un substitut nicotinique par voie transdermique ou
buccale et d’une psychothérapie complémentaire cognitivo-comportementale en individuel
et/ou en groupe.
La plupart des médicaments qui augmentent les chances de succès en cas de sevrage ont été
abandonnés en raison de leurs effets nocifs. Seul le Baclofène aurait peut-être une action.
C’est un myorelaxant employé dans le traitement de la spasticité musculaire.

III. Le cannabis
C’est le produit illicite le plus consommé en France. Il a une action sur le plan :
- Somatique : altère les fonctions neurocognitives et augmente le risque de maladies
cardio-vasculaires et pulmonaires
- Psychique : ivresse allant d’un simple état euphorique à des états transitoires de
dépersonnalisation et de troubles psychotiques.

Il est consommé sous 3 formes :


- L’herbe ou Marijuana
- Le cannabis qui est la résine séchée, tamisée et agglomérée (mélangée avec le tabac)
- L’huile de cannabis (parfois ingérée)
L’adolescence est le moment où s’installe en règle générale l’usage du cannabis. La
délinquance, l’isolement et le manque de soutiens sociaux sont souvent associés à l’usage du
cannabis. Il faut se méfier du désinvestissement scolaire. Les effets dépendant des
sensibilités individuelles, des quantités consommées…
 A faible dose : Sentiment d’euphorie avec modification de l’esthésie du temps, de
l’espace et des sens
 A dose plus élevée : Troubles sensoriels avec dépersonnalisation qui peuvent réaliser
une authentique expérience psychotique.
Les signes physiques de l’intoxication par le cannabis sont très mineurs. C’est une drogue
douce car il n’y a pas de dépendance physiologique significative ou sévère.

Il n’existe pas de traitement pharmacologique spécifique. Intérêt des traitements


psychothérapique avec des thérapies cognitivo-comportementales, motivationnelles et
familiales.

IV. Les opiacés


La dépendance résulte de l’interaction entre de nombreux déterminants : facteurs liés à la
substance, facteurs de vulnérabilité individuelle et facteurs environnementaux.
L’héroïne produit un sentiment de ben être intense, d’apaisement et une euphorie. Des
modifications de la vigilance peuvent apparaître avec une somnolence. Le risque d’un
surdosage est la détresse respiratoire qui apparaît en quelques secondes du fait de la
rapidité d’action de l’héroïne.
Son action est potentialisée par certains produits psychotropes (alcool…). L’exposition
répétée à des opiacés entraine des mécanismes adaptatifs secondaires et une tolérance qui
implique une nécessité d’augmenter les doses pour obtenir le même effet.
L’héroïne est caractérisée par la puissance de son effet euphorisant, à l’origine d’un
potentiel addictif particulièrement important. Etat euphorique de survenue rapide,
d’intensité importante et de caractère transitoire -> Répétition ++

Traitement
Il est basé sur les MSO (Médicaments Substitutifs aux Opiacés) comme Méthadone,
Subutex… dans le cadre d’une prise en charge médico-psycho-sociale.

V. La cocaïne
Elle est disponible en France sous forme de poudre blanche ou de cailloux fumables (free
base ou crack). Plusieurs voies possibles : intranasale, fumée ou injectée.

Quel en est l’effet ?


- « RUSH » : Intense euphorie
- Phénomène appelé « HIGH » : Sentiment puissant de bien être
- « CRASH » ou descente : car rapidement apparaît une envie frénétique de
consommation nouvelle et la dépendance s’installe rapidement

Traitement
Il n’y a pas encore de traitement médicamenteux de la dépendance qui soit validé et
approuvé par les autorités compétentes

VI. La méthamphétamine
Située parmi les substances les plus nocives. C’est un produit de synthèse de la famille des
amphétamines, il s’agit d’un psychostimulant majeur et hautement addictif. Il se présente
sous forme de cristaux transparents fumables mais aussi de comprimés avec consommation
variable : intranasale, per os et intraveineux.

VII. L’ecstasy
C’est actuellement la drogue de synthèse la plus consommée en Europe. Elle se présente
sous forme de comprimés. Ce sont des drogues stimulantes qui favorisent la communication,
l’introspection, les contacts sociaux, l’empathie et la sensation de pouvoir s’exprimer
librement. La descente est proche de celle de la cocaïne. Il n’y a pas de traitement validé si
abus ou dépendance.

Vous aimerez peut-être aussi