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INTRODUCTION

L'usage du terme « drogue » peut prêter à confusion car il relève d'une


sémantique multiple. La prise en compte de plusieurs paramètres permet
de mieux cerner la notion de drogue. Pour Pierre-Arnaud Chouvy, «la
drogue est tout d'abord un produit d'origine animale, végétale ou
synthétique,qui,introduit dans l'organisme par quelque moyen que ce soit,
a sur celui-ci des effets biodynamiques, et qui peut, dans certains cas,
créer une accoutumance plus ou moins grave ».
La notion de drogue, en plus d'être caractérisée par des éléments
biochimiques, est également caractérisée par la législation internationale
sur les stupéfiants. La première convention internationale sur le sujet s'est
tenue en 1909 à Shanghai et concernait surtout l'opium et ses dérivés. De
nombreuses conférences internationales se sont tenues (conventions
internationales de 1961, 1971 et 1988), et ont permis de réguler la
production, le commerce et la consommation des produits définis comme
« stupéfiants ».Cependant,les contours du terme restent flous, puisque la
nature de l'emploi d'une même substance peut déterminer son caractère
licite ou illicite.
Dans certains pays, la peine de mort est appliquée pour les trafics de
drogue, les harcèlements, les violences. En France,ces actes font l'objet de
peines d'amende et d'emprisonnement.

I- L'i impacte de la drogue sur la jeunesse


1-Phénomène de consommation de drogues au
moment de l'adolescence

Il s'agit d'un comportement très répandu qui porte, de manière plus ou


moins répétée un adolescent vers la
consommation de produits psychoactifs, susceptibles d'engendrer
une dépendance. Le caractère psychoactif du produit est reconnu
par ses modes d'actions sur le cerveau et les effets qui en découlent
directement. Le phénomène de dépendance est caractérisé par un
état de besoin d'une personne à l'égard d'une substance à la suite
de sa consommation périodique ou continue. La dépendance peut
être de deux natures différentes, souvent associées:- physique,
lorsque l'organisme exige pour conserver son état d'équilibre un
apport régulier et parfois croissant du toxique,- psychique, lorsque
le sujet recherche de manière irrépressible le plaisir ou bien-être
apporté par la drogue ou ressent un besoin incontournable de
chasser un sentiment de malaise.

Ces produits psychoactifs peuvent être accessibles en vente libre


(alcool, tabac) ; ils peuvent aussi être illicites (cannabis,cocaïne,
ecstasy,...). Ces usages se sont tellement répandus chez l'adolescent
qu'ils en sont souvent banalisés. Pourtant, la consommation de tels
produits par un adolescent n'est jamais anodine et doit toujours
être considéré par l'entourage qui la repère comme un signal
préoccupant qui nécessite d'être pris en compte.
Nous rappellerons que l'adolescent, outre sa grande vulnérabilité
psychique, est doté d'un organisme dont le développement n'est
pas encore terminé (contrairement à celui de l'adulte), ce qui le
rend d'autant plus vulnérable devant toute
agression pharmacologique, susceptible d'influencer péjorativement
ce développement. Ainsi, les enjeux de l'usage de tels produits chez
l'adolescent ne sont pas les mêmes que chez l'adulte.

2. IMPLICATIONS SOCIO-SANITAIRES
Les effets des drogues sont qualifiés de psychotrope; ils peuvent
modifier l'esprit, la volonté, le jugement (philosophie),etc. En effet, les
drogues agissent généralement grâce à un ou plusieurs alcaloïdes et
modifient les transmissions synaptiques.
La consommation de drogues est associée à des problèmes sociaux et
de santé qui varient selon le type, la quantité et le mode d'absorption
de la substance mise en cause. La consommation répétée de drogue
peut conduire àla toxicomanie et avoir des conséquences sanitaires.
Il est cependant important de préciser que toutes les drogues n'ont pas
les mêmes effets. Ce qui remet d'ailleurs en cause la classification
drogues douces/dures. Ce classement a été établi en prenant comme
seul critère les effets négatifs que les drogues peuvent entraîner sur
l'organisme, or il y a d'autres critères à prendre en compte: certaines
drogues comme le cannabis sont faciles à se procurer ; de plus elle ne
coûtent pas cher, c'est un critère important car il est plus facile de s'en
procurer. Seulement, l'addiction physique est bien plus faible que pour
la cocaïne qui même si elle est prise ponctuellement fait facilement
déraper vers l'addiction totale.
Bien que certaines soient réglementées,
notamment anesthésiques et les antidépresseurs, les drogues dites
légales peuvent être achetées librement dans tous les commerces, en
pharmacie, sur internet...
3- ALCOOL
La consommation chronique d'alcool est susceptible de causer de
lourds dommages sur le système digestif, le système neurologique
et le système cardio-vasculaire. Les conséquences varient selon le
consommateur, la fréquence, les contextes environnementaux...
Selon I'OMS, une consommation moyenne supérieure ou égale à 14
verres standard par semaine pour les femmes et 21 verres par
semaine pour les hommes augmente les risques à moyen terme.
De toutes les substances psychoactives, l'alcool est la plus
largement consommée puisque seuls 3,5% des Français déclarent
n'en avoir jamais bu. En 2002, L'alcool représente 8,9 % du budget
alimentaire des ménages français (vs 12,4%en 1960). En général, la
consommation est principalement masculine et augmente
considérablement avec l'âge. Dès l'âge de 20 ans, plus d'un Français
sur deux consomme de l'alcool au moins une fois par semaine. Ils
ne boivent pas forcément quotidiennement, mais sont enclins aux
ivresses répétées :40% des hommes de 20 à 25 ans et 24 % des
femmes déclarent plus de trois ivresses par an.
En France, c'est près de 5 millions de personnes qui souffrent de
problèmes médicaux, psychologiques ou sociaux en relation avec
une consommation excessive d'alcool. Les chiffres parlent d'eux-
mêmes: 14 % de la population générale (de 12 à 75 ans)et 15 % des
consommateurs d'alcool présentent un symptôme d'abus ou de
dépendance (20 % des hommes et 8 % des femmes). Parmi les
personnes dépendantes, 14 %o présentent un autre trouble
mental).
Ces chiffres sont simples à expliquer. L'alcool est toujours synonyme
de fête, de convivialité et de rituel. C'est une des substances les plus
simples à acheter. Que ce soit en centre-ville ou en campagne, chez
les petits épiciers ou dans la grande distribution, l'alcool est
disponible partout.
De nos jours, de nombreuses campagnes deprudence, des centres et des
aides sont mises en place pour lutter contre le fléau que peut être l'alcool.
Quelle que soit l'ampleur de l'alcoolisme, chaque malade peut bénéficier
d'un traitement.Des molécules permettant de maintenir l'abstinence après
sevrage ont été découvertes : l'acamprosate et la naltrexone.Mais c'est
une approche psychothérapique qui reste le plus efficace pour les alcoolo-
dépendants (psychothérapies,thérapies familiales, thérapies cognitivo-
comportementales).Mais cela reste encore malheureusement insuffisant.
En effet,moins de 20 % des personnes présentant une dépendance
àl'alcool consultent un professionnel dans un délai de dix ans après
l'apparition des premiers symptômes. Contrairement àcertaines drogues
illicites, l'alcool reste un problème insuffisamment traité.
4-TABAC
la consommation de tabac se répercute sur la sphère ORL (cancer,
dysplasie, anomalies de la muqueuse), sur le système pulmonaire
(bronchites chroniques, cancer du poumon) et sur le système cardio-
vasculaire (infarctus du myocarde). C'est une des premières causes de
mortalité évitable, étant responsable d'un cancer sur trois.
Comme pour les autres substances, les risques et conséquences varient
d'un individu à l'autre. Le fait d'être dépendant au tabac dépend de
facteurs génétiques pour 61 %des hommes et pour 63 % des femmes.
Mais pour 95 % des fumeurs, la dépendance commence au cours de
l'année suivant le début de la consommation quotidienne. L'arrêt de la
cigarette dépend beaucoup des variables psychologiques et
psychosociologiques.
Chez les jeunes, la réaction à la première cigarette dépend à70% de
facteurs environnementaux, d'où l'importance de la prévention à cet âge.
Les garçons comme les filles débutent au même âge, généralement vers
les 14 ans. À cet âge,la consommation de tabac augmente le risque d'être
dépendant
d'autres substances psycho-actives. Le début du tabagisme
commence parfois de manière significative, suite à des événements
marquants, des maltraitances, etc.
Les inégalités sociales jouent également sur la consommation du
tabac:
Chômeurs : 52 % de fumeurs
Employés fumeurs chez les hommes : 45 % des ouvriers,37 % des
employés et 31 % des cadres.
Autre chiffres marquants, 14 millions de Français (18 à 75 ans)sont
fumeurs et près de 12 millions d'entre eux sont des fumeurs
réguliers (fumant au moins une cigarette par jour) dont 33 %
d'hommes et 26 % de femmes.
La façon d'arrêter le tabac varie aussi en fonction de
l'individu.L'arrêt du tabac sans aucune aide médicalisée reste la
situation la plus fréquemment rencontrée. Il y a différents
traitements disponibles, comme les substituts nicotiniques, la
prescription du bupropion (antidépresseur) et l'utilisation de
thérapies cognitivocomportementales. Ces traitements multiplient
par deux les chances d'abstinence de plus d'un an.
5-MEDICAMENTS PSYCHOTROPES

La consommation de médicaments psychotropes est due àdiverses


raisons, notamment les prescriptions médicales inappropriées,
automédication ou détournements d'usage. Elle existe davantage
chez les femmes et les personnes âgées. La France est le pays le
plus consommateur d'Europe. En général,plus le médicament est
efficace, plus la tentation d'en abuser est forte. Il est d'ailleurs
difficile de distinguer les consommations révélatrices d'une
dépendance des autres. La consommation de ces produits n'est
évidemment pas sans risque, par exemple sur la conduite ou sur le
comportement.Les plus consommés sont généralement les
anxiolytiques. La consommation de «produits stimulants pour
affronter un obstacle réel ou ressenti et améliorer ses
performances
physiques ou intellectuelles », que ce soit pour des
compétitions, des entretiens, des examens, etc., est une
grande part de ce problème de société.
Cette consommation entraîne une forte dépendance
physique et psychique. Le sevrage lors de l'arrêt est
relativement douloureux

II-SYMPTOMES ET CONSEQUENCES

1-CATEGORIES DE SYMPTOMES
Les usages et les conséquences de la consommation de drogue
varient considérablement d'un sujet à l'autre. Il y a des usages plus
problématiques que d'autres, mais personne ne peut jamais prédire
comment ils vont évoluer dans le temps.On peut différencier deux
catégories de symptômes :- Ceux qui accompagnent le malaise d'un
adolescent, quelle que soit son origine - Ceux qui sont
consécutifs à la prise d'un ou de plusieurs produits, qui vnt
dépendre de la nature même des produits consommés et de leurs
éventuellesassociations.

Nous avons situé précédemment comment pouvait se manifester le


malaise adolescent de manière générale. Les tableaux peuvent être
très divers, et d'intensité variable, jusqu'àêtre d'une sévérité
manifeste (scarifications, déscolarisation,
tentatives de suicide, comportements à risque, violence,troubles du
comportement alimentaire, actes de délinquance....). Notons que
parfois, l'adolescent se réfugie dans un retrait silencieux, ce qui
pourrait faire croire, en l'absence d'expression plus bruyante, que tout
va bien,d'oùl'importance pour l'entourage de rester vigilant.

Les produits psychoactifs peuvent avoir trois types d'effets qui peuvent
varier selon les sensibilités individuelles, les quantités,les
associations:
- Sédatifs (alcool, tabac, cannabis, opiacés, GHB (= « drogue du viol
»), médicaments psychotropes)
-Excitants (alcool, tabac, cannabis, cocaïne et crack, ecstasy)
- Hallucinatoires (cannabis, LSD, alcool, champignons
hallucinogènes)
Les trois produits les plus consommés par les adolescents, au potentiel
addictogène, sont : le tabac,l'alcool, le cannabis.
Le rôle des pairs ou des personnes les plus proches de l'adolescent
dans l'offre des premières prises apparaît déterminant dans le fait de
les accepter. L'importance de faire comme les autres afin d'être intégré
est souvent décisive ; il est très difficile de dire non au groupe ou au
meilleur ami, lorsque l'on est vulnérable et en demande de l'estime des
pairs.
2-CONSEQUENCES SUR LA VIE
SCOLAIRE

Elles peuvent être très variables, selon les degrés de consommation


et les produits consommés, mais aussi selon le mal-être qui sous-
tend ces comportements.En général, les produits psychoactifs
consommés sur les temps de « fêtes » et de week-end ont
relativement peu d'effets sur la vie scolaire, au moins au début, et
surtout si ces consommations sont occasionnelles, même si
excessives.Des retentissements sur la vie scolaire commenceront à
être observés lorsque ces occasions se répéteront
souvent,engendrant des troubles du sommeil, des temps de
récupération longs entravant le bon déroulement du travail scolaire
à la maison, des nuits décalées et que l'adolescent souffrira des
conséquences de la prise de produits (prises de risque, moments
d'angoisse, dettes, accidents, conflits,escalades dans la
consommation,...).Lorsque le jeune consommera, non seulement en
convivialitédurant les soirées et les week-end, mais aussi seul,
parfois le matin avant d'aller en classe, ce qui correspond à un
critère de gravité, on observera un retentissement dans la vie
scolaire avec attitudes de détachement ou désinhibition, excitation
ou somnolence, parfois violence, et dans tous ces cas, les
apprentissages et la mémorisation seront mis à mal.L'absentéisme
et la déscolarisation progressive peuvent évidemment appartenir à
ce tableau.A côté de cela, l'éventuel mal-être adolescent sous-
jacent pourra, même en dehors des périodes de consommation et
des moments sous influence, être patent pendant les temps
scolaires, avec tristesse, isolement, retrait, ou au contraire
attitudede provocation, agressivité, violence, hyperactivité,les
résultats scolaires ne pouvant qu'en être altérés.
CONCLUSION

Il est impossible de présumer de la manière dont les choses vont se


dérouler, chaque situation étant unique. Certains adolescents se
sortent très bien une fois adultes, de comportements addictifs, sans
avoir eu trop à en faire les frais sur le plan socio-professionnel, alors
que d'autres, plus fragiles,même avec des comportements moins
prononcés, se retrouveront dans une escalade progressive et
s'installeront dans,la;dépendance.
La qualité de l'étayage qui pourra être mis en place dans cette
période difficile, par les adultes de l'entourage, malgré les
difficultés que ce travail de soutien peut causer et son caractère
souvent ingrat, ne peut qu'ceuvrer pour une évolution favorable.

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