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Université Abderrahmane Mira-Bejaïa

Faculté des Sciences Humaines et Sociales

Département de psychologie et d’orthophonie

Module : les dangers de la Drogue


Niveau : Troisième Année Licence
Spécialité : Orthophonie
Unité d’enseignement : Découverte

Semestre 2

Cours préparé par Pr. Sahraoui Intissar


Mme. Messaour-Ladrem Dalila

Année universitaire 2021/2022

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Sommaire

1- Définition des drogues :


Clarifier son concept de langage et de terminologie, et ses types ou
classifications

2- Caractéristiques des drogues

3- Les causes et les facteurs qui conduisent à la consommation de


drogues :

Exposer les divers problèmes sociaux, économiques, psychologiques et


culturels qui poussent l'individu à la demande de drogues

4- Moyens de prévention et de traitement :

Exposition des différentes stratégies adoptées par l'État pour réduire la présence
de ce phénomène dans la société algérienne.

5- Efforts législatifs algériens dans le domaine des délits liés à la drogue

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1-Définition des drogues

1.1 Définition
L'étymologie du mot drogue est incertaine. Pour la plupart des écrivains il
provient du terme néerlandais "droge" (matière sèche, tonneaux secs). ( Hercule,
2000 :10).
Au XVIIe siècle, le mot drogue est défini comme étant une expression relative aux
marchandises d'épicerie de tout sorte des pays éloignés, destinées à la médecine, aux
teintures et aux artisans. Les drogues pouvaient être aussi des matières premières pour
des épices. (Pelicier. Y , Thuillier. G, 1992 :13).
La drogue est un produit psychoactif naturel ou synthétique, utilisé par une personne
en vue de modifier son état de conscience ou d’améliorer ses performances, ayant un
potentiel d’usage nocif, d’abus ou de dépendance et dont l’usage peut être légal ou non.
(Favre. JD, 2002, 174).Attention en Anglais « drug » signifie tout autant médicament
que drogue illicite !!!
En ce qui concerne le terme “addictologie” vient de “addictum” = emprisonné
(enfermé) par le corps.
L’addiction est:
- Une interaction de plusieurs facteurs
- Une variabilité interindividuelle dans le passage de l’usage à la dépendance
Les conduites addictives ont toujours existé ; elles correspondent à une tendance :
la recherche des plaisirs toujours plus forts et plus fréquents… qui se nourrissent de
compulsions (Nécessité d’accomplir certains actes, contrainte), névroses et perversions
individuelles et collectives. Chaque civilisation a ses addictions émergentes, ses
contrôles et ses oscillations entre répression et laxisme (permissivité, laissé -aller).
A noter : la différence entre dépénalisation (suppression des sanctions pénales mais
possibilités d’amendes) et légalisation (autoriser par la loi).

1.2 Modalités de consommation


Les modalités de consommation sont définies par l’usage, l’abus et la dépendance.

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 L’usage
“…L’usage est caractérisé par la consommation de substances n’entraînant ni
complication ni dommage.Cette définition, qui peut prêter à controverse, sous-entend
qu’il peut exister une consommation sans risques, socialement réglée, dont la place est
liée à l’acceptation, voire à la valorisation d’une substance par une société donnée à un
moment donné, pour un plaisir personnel ou un usage convivial.
Les limites de cette définition sont cependant floues. Il n’est en effet pas toujours
facile de définir les frontières entre l’usage simple et certains usages à risques comme la
consommation dans certaines situations (conduite automobile, grossesse...), certaines
consommations festives socialement intégrées mais abusives (fêtes, rave-party...), ou
certaines consommations (tabac, alcool...) dont les seuils de quantité et de durée
augmentent à terme les risques de mortalité et de morbidité somatiques…” (Phan. O et
coll, 2005 :6).
 L’abus
Il s’agit d’un mode de consommation d’une substance psychoactive qui est
préjudiciable à la santé. Les complications peuvent être physiques (par exemple hépatite
consécutive à des injections de substances psycho-actives par le sujet lui-même) ou
psychiques (par exemple épisodes dépressifs secondaires à une forte consommation
d’alcool).
La Classification Internationale des Maladies, Dixième révision (CIM- 10), insiste sur
les risques physiques ou psychiques (O M S, 1993, CIM10), le Manuel diagnostique et
statistique des troubles mentaux (DSM IV) plutôt sur les risques sociaux (American
Psychiatric Association ,1996).
 La dépendance
La dépendance est un ensemble de phénomènes comportementaux, cognitifs et
physiologiques survenant à la suite d’une consommation répétée d’une substance
psychoactive, et typiquement associés à :
- Un désir puissant de prendre la drogue ;
- Une difficulté à contrôler la consommation ;
- Une poursuite de la consommation malgré des conséquences nocives ;
- Un désinvestissement progressif des autres activités et obligations au profit de la
consommation de cette drogue ;
- Une tolérance accrue ;
- Un syndrome de sevrage physique.

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La dépendance peut concerner une substance psycho-active spécifique (tabac, alcool,
benzodiazépines…), une catégorie de substances (substances opiacées…), ou un
ensemble plus vaste de substances psycho-actives pharmacologiquement différentes (O
M S, 1993, CIM10).
 Les connaissances pharmacologiques et médicales
La connaissance scientifique et donc les moyens de sélectionner, produire,
‫״‬améliorer‫ ״‬des « Drogues » ou des agents dopants et de les distribuer à grande échelle
(drogues et trafics : 10 % du PIB -Produit intérieur brut- mondial). De plus, la frontière
entre médicament et drogues est parfois floue : mésusage et abus de psychotropes
anxiolytiques, opiacés- Substance contenant de l'opium-, etc… Les sociétés modernes
facilitent les séparations par classe d’âge et donnent aux jeunes autonomies et moyens
financiers qui leur permettent de tester puis consommer facilement diverses drogues
devenues banalisées (Cannabis +++ ; ecstasy, cocaïne, opiacés, …) sans contrôle ni
avis des parents et éduquant. Aujourd’hui le principal usage de la drogue est récréatif
(agréable, plaisant), le seul moyen encadré et légale est l’usage thérapeutique. Tout
psychotrope thérapeutique détourné de son usage est une drogue qui peut tuer. On a
créé des substitutifs de la drogue comme la méthadone aux USA, un traitement de
substitution qui apporte une “paix sociale” car les toxicomanes ne sont alors plus dans
l’illégalité.
Pour l’essentiel, les effets et le potentiel de nocivité des substances psychotropes
sont connues. Il y a des années déjà, Uchtenhagen a effectué une analyse comparative
des risques liés aux substances les plus courantes. Sans entrer dans les détails, on peut
constater que, même si les risques liés à la consommation de ces substances sont
difficilement comparables, on ne peut aucunement affirmer, dans l’ensemble qu’il n ya
pas de lien évident entre le risque et le statut juridique d’une drogue. Les raisons pour
lesquelles certaines substances, comme le cannabis, sont aujourd’hui interdites, alors
que d’autres, comme l’alcool, sont licites, ne sont pas principalement médicales .Si la
politique en matière de drogue était dictée par de seuls critères pharmacologiques et
médicaux, il faudrait réglementer beaucoup plus sévèrement l’alcool et le tabac et les
traiter à peu près comme les dérivés du cannabis.(Groupe Pompidou, OMS ,2002 :11).

Le fait qu’il n’en soit pas ainsi perturbe beaucoup de monde, et surtout les jeunes, qui
ne voient pourquoi leur père peut tranquillement boire sa bière alors qu’eux même n’ont
pas le droit de fumer un joint. Du point de vue médical , dans l’état actuel des
connaissances ,l’usage de substances psychotropes comporte des risques et il est donc
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parfaitement justifier d’adopter à l’égard de la réglementation une approche plus
différenciée, tenant compte des risques pour la santé .Une tolérance générale est aussi
inappropriée qu’une interdiction générale .L’expérience montre au contraire que les
règlements sont efficaces ,non quand ils sont appliqués globalement ,mais quand ils
visent des situations où la consommation de substances psychotropes peut aussi avoir
des effets nocifs sur autrui ( par exemple sur la route ,sur le lieu de travail ou pendant la
grossesse).Qu’il faille réglementer plus sévèrement les drogues dites dures ,c’est une
évidence du point de vue médical ,mais cela ne justifie pas qu’il faille en interdire
totalement la consommation.(Groupe Pompidou, OMS ,2002 :12).

2. Classification des drogues


Les drogues ont fait l’objet de nombreuses démarches de classification,
principalement selon :
- L’effet (classification pharmacologique)
- La nature du danger qu’elles présentent (classification de l’OMS, 1971)
- La convention internationale dans laquelle elles sont incluses (classification juridique :
convention de 1961 des stupéfiants, convention de 1971 des psychotropes
médicamenteux).
Généralement, les drogues sont classées selon les effets qu’elles produisent sur le
système nerveux central. Elles se divisent en 3 catégories :
-les perturbateurs/hallucinogènes;
-les dépresseurs;
-les stimulants.
 Perturbateurs/hallucinogènes
Les hallucinogènes ou perturbateurs : Cannabis et produits dérivés, produits volatils
(Colles et Solvants, anesthésiques volatils), Kétamine, L.S.D... Champignons
hallucinogènes, etc…
Ces produits provoquent une perturbation de la perception de l’environnement et de la
réalité : Modifications de la perception du temps et de l’espace, sensibilité exacerbée
aux couleurs et aux sons (on voit les sons et on entend les images) ce qui déforme les
perceptions.
 Dépresseurs
Ces drogues agissent généralement sur le système nerveux central en engourdissant le
cerveau et en ralentissant le fonctionnement du corps. Ces Produits entraînent une
sensation de détente, de bien-être, et de rêve ainsi parfois une perte d’inhibition,
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Certaines de ces drogues peuvent aussi déformer les perceptions. Parmi les
dépresseurs :Alcool, Médicaments, tranquillisants et somnifères (Barbituriques,
Benzodiazépines…), Opiacés (Héroïne, Méthadone, Codéine,Morphine, etc…).
 Stimulants
De façon générale, Ces produits favorisent temporairement un état d’éveil et d’excitation
et masquent la fatigue. Ils induisent un sentiment fallacieux d’assurance et de contrôle
de soi.
L’effet est généralement suivi d’un état d’épuisement et de dépression.
Parmi les stimulants : Tabac, Cocaïne, Crack, Amphétamines, Médicaments stimulants
et dopants, L’ecstasy, G.H.B.
On va aborder la classification des substances addictives selon la classification
pharmacologique.
2.1 Substances addictives
2.1.1 Nouvelles drogues
 Hallucinogènes
La nature contient énormément de substances hallucinogènes. Ils induisent des
hallucinations visuelles, sonores, psychédéliques(Le terme de drogue psychédélique est
un terme largement utilisé aux États-Unis et dans le monde occidental en général pour
désigner une famille de psychotropes (comprenant les hallucinogènes,…), souvent
angoissantes et monstrueuses, sans aucun intérêt médical.
Exemple 1 : Au CHU de Caen, plusieurs cas d’enfants de moins de 16 ans ont été
rapportés pour hallucinations qu’on a traité à très fortes doses de neuroleptiques suite
à une surconsommation de plantes hallucinogènes.
 Enivrants (Qui produisent l'ivresse)
Ils provoquent des états seconds de décontraction et de désinhibition, troubles du
comportement, sommeil, coma...
Ils sont dangereux soit par surdose (coma) soit par les risques qu’ils font prendre
(accidents de la voie publique, chutes d’un lieu élevé, usage d’armes, …). Tous donnent
des dépendances et addiction, y compris le cannabis (stockage dans les lipides cérébraux
+++).
Exemple : Alcool, Ether, solvants volatils, Cannabis (haschisch peu dosé).

2.1.2 Tranquillisants et somnifères

Ils permettent avant tout le contrôle de l’anxiété. La différence entre tranquillisants


et hypnotiques (somnifères) tient surtout de la pharmacocinétique- Ensemble des
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phénomènes et des réactions qui se produisent après introduction d'un médicament dans
l'organisme - (latence d’effet et vitesse d’élimination).
On rattache à cette famille de drogue les médicaments et drogues qui entraînent des
phénomènes de soumission chimique.
Hypnotique : attention sommeil anormal, vie subnormale -qui n’est pas normale-
(=sommeil qui n’est pas physiologique, pas aussi réparateur).

2.1.3 Excitants ou narcotiques

Excitants ou narcotiques (Se dit d’une substance qui provoque le sommeil,


relâchement musculaire).

 Banals
Ils sont présents dans l’alimentation mais sans effet dopants’ Exemples :
café, thé ...
 Sous ordonnance
Par exemple : la Ritaline (un amphétaminique) qui est globalement mal prescrite par
les professionnels de santé. Elle est utilisée chez les enfants d’environ 2 ans contre les
troubles de l’attention et l’hyperactivité (Sic: “syndrome du sale gosse”). Cette
prescription ne doit pas dépasser les quelques années qui permettent la maturation de
cette partie du cerveau, risques encéphalo-toxiques importants, convulsions,
hyperthermie -Élévation de la température du corps-, arrêt cardiaque.
 Illégaux
Cocaïne (poudre : forme sniffée, Crack: forme fumée), Ecstasy (=MDMA) dont la
dose létale est dosée aux alentours de 140mg …
2.1.4 Les risques

- Toxicité aiguë dose dépendante (convulsions, hyperthermie, accidents cardiaques =>


mort, subites ou non).
- Toxicité chronique mal connue : risque de lésions irréversibles perte neuronale,
atrophie -diminution, réduction-, hippocampique….
2.2 Stupéfiants

Substance, médicamenteuse ou non, dont l'action sédative, analgésique, narcotique-


somnifère- et/ou euphorisante-stimulante- provoque à la longue une accoutumance et
une pharmacodépendance (toxicomanie).

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2.2.1 Généralités

Il est interdit de posséder des stupéfiants, sauf prescription médicale. Ce sont des
drogues entraînant un état de stupeur -somnolence- . Par extension toutes les drogues
qui induisent des addictions majeures (y compris si elles sont excitantes) causent des
addictions majeures (ex. injection IV d’Héroïne ou di-acétyl morphine). Tous induisent
tolérance et dépendances majeures. La substitution de ces drogues doit donc se faire par
palier.
Les risques sont accrus chez les jeunes adolescents en particulier après usage précoce
et intense de tabac, cannabis et alcool.
Les stupéfiants sont surtout des produits illicites-illégaux-. On cherche à classer ces
drogues pour une application graduelle des peines judiciaires. Démarches éducatives en
parallèle.
Exemple : la Codéine qui est un narcotique (vient de “narcos” = dormir), tous les
morphiniques majeurs (sauf le Subutex qui fait l’objet d’un trafic car non classé comme
stupéfiant), la Kétamine, le GHB (“drogue du violeur”). Concernant la drogue du
violeur ; l’acide gammahydroxybutyrique, plus connu sous le nom de GHB, est une
drogue de synthèse utilisée initialement en médecine pour traiter la narcolepsie. Il est
également efficace comme anesthésiant préopératoire. Connu pour ses propriétés
sédatives et amnésiantes, le GHB a fait son apparition hors milieu médical il y a une
vingtaine d’années. Il est aussi connu sous le nom de « drogue du viol ».
En effet, le liquide peut être versé dans une boisson sans en modifier le goût, l’odeur
ou l’aspect. C’est ainsi que certaines personnes malveillantes l’utilisent à des fins
malhonnêtes voire perverses (vol, abus sexuel, agression, etc.). De plus, le caractère
amnésiant du GHB renforce sa dangerosité puisque la personne abusée ne se souvient
pas toujours de ce qu’il lui est arrivé.
Dans ce contexte, il est bon de noter que le GHB ‫״‬drogue de viol ‫ ״‬entraîne
généralement une sensation de chaleur suivie d’un sentiment d’ivresse. Ces effets étant
comparables à ceux de l’alcool, il est parfois difficile de faire la différence entre un verre
« classique » et un verre auquel on aurait ajouté du GHB.
2.2.2 Focus sur le THC
Le THC ou tétrahydrocannabinol est la principale molécule active du cannabis .
On estime que 20% à 25% des jeunes de moins de 18 ans ont déjà essayé cette drogue.
Environ 2mg de THC dans un joint classique à l’heure de mai 68.
Environ 10 mg de THC dans un joint classique à l’heure actuelle.

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Pour mesurer la quantité de THC consommée par un individu, il ne faut pas mesurer
seulement la concentration sanguine mais aussi prendre en compte la rétention
(conservation) graisseuse de cette molécule, notamment dans le cerveau où le THC
rétrodiffuse pendant plusieurs jours.
Sous forme sanguine on estime qu’avec les techniques actuelles de dépistage on peut
détecter jusqu’à 2h dans le sang le THC.
Effet psychotrope du THC:
 Ivresse aiguë
 Distorsion (anormalité, altération) des sensations élémentaires (sons, lumières)
 Troubles anxieux) et réactions thymiques (+ ou -)
 "Flashbacks" (cauchemars itératifs) –répétitifs-
 Dépendance
 Troubles des fonctions cognitives & syndrome amotivationnel
 Psychose cannabique aiguë
 Dépersonnalisation
 Etats psychotiques (folie) lors d’une intoxication chronique
 Lien entre cannabis & psychose
2.3 Fonctionnement neuropharmacologique
Le cerveau, pour s’adapter à l’intoxication, détruit ses propres récepteurs. Une prise
de morphine détruit 80% des récepteurs µ, ce qui crée la dépendance. Un message est
également envoyé au cerveau de ne pas renouveler ces récepteurs car ils sont toxiques,
ce qui crée la tolérance à la drogue par diminution de son efficacité et le besoin d’une
quantité plus importante pour obtenir l’effet désiré.
La dépendance est aussi marquée par le fait que le sujet ne vit que pour se procurer
les effets produits par la substance/le comportement, au point d’abandonner tout autre
source de plaisir et d’intérêt. Un syndrome de sevrage physiologique apparaît quand le
sujet arrête ou diminue la consommation d’une substance psychoactive.

2.4 Neurochimie et bases anatomo-fonctionnelles des systèmes de


récompense
 Phénomène de craving: drogue dépendant
Le craving (de l'anglais: « désir ardent- brûlant-, appétit insatiable ») représente une
impulsion vécue sur un instant donné, véhiculant une envie de consommation d'un
produit psychoactif et sa recherche compulsive-obligatoire- ou encore l'application d'un

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comportement. Le terme "craving" est souvent associé au ressenti d'un alcoolique en
sevrage.

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