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en Europe. 47
Les consommations
de médicaments psychotropes
en France
Médicaments psychotropes
François Beck, Le Baromètre santé de l’Institut L’ESSENTIEL
responsable du département enquêtes national de prévention et d’éducation
et analyses statistiques, Inpes, pour la santé (Inpes), par son rythme Ç 16 millions parmi les 11-75 ans ont
Romain Guignard, déjà pris des médicaments psychotropes
quinquennal, permet d’observer l’évo-
chargé d’études et de recherches, Inpes, en France.
Claudie Haxaire,
lution des usages des grandes catégories
Ç Les plus consommés sont les
anthropologue, de médicaments psychotropes en popu- anxiolytiques, devant les hypnotiques
faculté de médecine de Brest, Labers ; lation générale, mais également d’étu- et les antidépresseurs.
Cermes3, dier les facteurs associés à ces pratiques Ç Ce sont les cadres qui en consomment
université Paris Descartes, Sorbonne en les croisant avec des indicateurs le moins, les ouvriers et les employés qui
Paris Cité/CNRS/Inserm/EHESS. sociodémographiques, géographiques en consomment le plus.
Philippe Le Moigne, La prise de médicaments psychotropes
et comportementaux.
sociologue, peut accompagner la prise en charge de
Cermes3, université Paris Descartes, pathologies somatiques ou de difficultés
Sorbonne Paris Cité/CNRS/Inserm/ Niveaux d’usage et évolutions socio-professionnelles de tous ordres,
EHESS. récentes et des ruptures conjugales ou familiales.
L
tives, il ressort que le nombre d’expé-
es médicaments psychotropes rimentateurs de médicaments psycho-
agissent sur l’activité psychique. tropes 1 en France est estimé à sorte, on ne peut pas parler d’une surex-
Ils peuvent être pris pour sou- 16 millions parmi les 11-75 ans. En position objective des femmes aux
lager une souffrance psychique, trouver 2010, 35,1 % des 15-85 ans déclarent troubles psychiques, en dépit de leur
le sommeil et parfois aussi dans une avoir pris au moins une fois, au cours surconsommation de ces produits [5].
recherche d’état modifié de conscience, de leur vie, un médicament psychotrope, Parmi les 15-75 ans, l’usage de médi-
en lien ou non avec d’autres produits et 17,8 % en avoir consommé au cours caments psychotropes au cours de la
(alcool, drogues illicites, etc.). Ils peuvent des douze derniers mois. Les femmes vie s’est révélé stable entre 2005 et
entraîner des perturbations de la vigi- en consomment davantage (42,4 % au 2010, mais l’usage dans l’année est
lance et une dépendance [1]. La pres- cours de la vie et 22,1 % au cours de apparu en hausse, passant de 14,5 %
cription, lorsqu’elle existe, peut ne pas l’année) que les hommes (respective- en 2005 à 17,6 % en 2010 sur cette
être suivie, ou seulement partiellement. ment 27,1 % et 13,1 %). Cette tendance même tranche d’âge. Cette hausse se
C’est là l’une des limites rencontrées doit être resituée dans une consom- retrouve aussi bien chez les hommes
par les études basées sur l’analyse des mation de soins plus fréquente parmi que chez les femmes.
données de Sécurité sociale, qui enre- les femmes, liée en particulier à des
LA SANTÉ EN ACTION – No 427 – MARS 2014
gistrent uniquement le volume des problèmes dits de souffrance psychique, Selon la classe de médicaments
prescriptions. réels ou identifiés comme tels par les Les médicaments psychotropes les
La France est identifiée comme un patientes ou leurs praticiens [4]. En plus consommés, au cours de l’année,
pays où le recours aux médicaments effet, l’attribution de problèmes psy- sont les anxiolytiques (10,0 %), suivis
psychotropes est fréquent, voire exces- chiques, ou la requalification de pro- par les hypnotiques (6,1 %) et les anti-
sif [2]. Les données les plus récentes, blèmes liés aux conditions de vie ou dépresseurs (6,0 %). Le niveau de
recueillies entre 2002 et 2009, montrent aux relations professionnelles et fami- consommation de thymorégulateurs
que la Belgique arrive largement en liales dans les termes d’une difficulté (0,7 %) et celui des neuroleptiques
tête des pays consommateurs en Europe, psychique, est plus fréquente chez les (0,8 %) se révèlent nettement inférieurs.
la France détenant la 4ème position [1]. femmes que chez les hommes. De la Après avoir nettement augmenté à la
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fin des années 1990, le niveau d’usage
d’antidépresseurs est resté stable entre
2005 et 2010 parmi les 15-75 ans. En
revanche, le niveau d’usage de la caté-
gorie regroupant les anxiolytiques et
les hypnotiques a augmenté de façon
significative entre 2005 (11,9 %) et
2010 (14,2 %). Globalement, les consom-
mations de toutes les classes de médi-
caments augmentent avec l’âge, puis
diminuent ou se stabilisent au-delà de
la tranche 55-64 ans. Toutefois, les
consommations chroniques sont beau-
coup plus marquées au sein de la popu-
lation âgée, même si elles ne concernent
qu’une partie de cette population.
Concernant la répartition du nombre
de remboursements par personne et
Médicaments psychotropes
DÉFINITIONS DES RÉFÉRENCES
DIFFÉRENTES CLASSES BIBLIOGRAPHIQUES [10]. Lecadet J., Vidal P., Baris B., Vallier N.,
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psychotropes : consommation et pratiques
PSYCHOTROPES
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réduire l’anxiété. Il peut s’agir de benzo-
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diazépines, qui ont également un effet
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sédatif et myorelaxant. Les durées d’actions facteurs sociaux de la consommation. Documents de
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des hypnotiques et tranquillisants en France. Paris :
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