Vous êtes sur la page 1sur 6

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/233425011

Pour une évaluation en pratique clinique des symptômes psychologiques et


comportementaux dans la maladie d’Alzheimer

Article  in  La Revue de gériatrie · January 2008

CITATIONS READS

0 1,122

1 author:

Michel Benoit
Centre Hospitalier Universitaire de Nice
217 PUBLICATIONS   4,039 CITATIONS   

SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

Programme MobiQual View project

All content following this page was uploaded by Michel Benoit on 16 May 2014.

The user has requested enhancement of the downloaded file.


REVUE

Pour une évaluation en pratique clinique des symptômes


psychologiques et comportementaux dans la maladie
d’Alzheimer

Michel BENOIT

RÉSUMÉ ________________________________________

Dans ses recommandations sur la maladie d’Alzheimer très fédérateur et très pédagogique pour les aidants : le
et les maladies apparentées les plus récentes (1), la Neuro-Psychitric Inventory (NPI) qui depuis a été
Haute Autorité de Santé a résolument positionné l’éva- décliné sous plusieurs formats et dont la France s’est
luation thymique et comportementale au même rang dotée grâce à des validations en langue française. On a
que l’évaluation cognitive globale, l’évaluation fonction- ainsi pu travailler à mesurer la fréquence très impor-
nelle, l’examen clinique et la recherche de comorbi- tantes de ces troubles et pointer les impacts décisifs sur
dités, et ce dès les premières phases d’investigation la qualité de vie et la prise en soin des patients et peut-
comme celles du suivi régulier des patients atteints de être bien plus encore sur celles de leurs aidants fami-
maladie d’Alzheimer. Cette évaluation de ce que l’on liaux quand les patients sont à domicile, ou les
appelle désormais communément les symptômes soignants quand les patients sont en institution. On sait
psychologiques et comportementaux de la démence que les troubles dits d’hyperactivité, comme l’agitation,
(SPCD), a également sa place dans les critères diag- l’agressivité, la désinhibition, l’irritabilité, les comporte-
nostic reconnus du DSM IV-TR de l’American ments moteurs aberrants, comme la déambulation, et
Psychiatric Association (APA) et les critères des neurolo- l’euphorie sont particulièrement impactant, ils vont
gues du NINCDS-ADRDA. A cet égard, l’évaluation de d’ailleurs faire l’objet de recommandations spécifiques
l’efficacité des traitements spécifiques anti-Alzheimer la de prise en charge par la HAS en 2009. Ces SPCD font
prend également en compte mais dans les critères depuis longtemps l’objet d’une particulière attention
essentiellement secondaires des essais, comme c’est le des praticiens gériatres, et s’inscrivent aussi dans une
cas pour l’évaluation des activités de la vie quotidienne. vision multidisciplinaire incontournable de la prise
Les années 90 ont été déterminantes dans la montée charge de la maladie d’Alzheimer.
en puissance de la reconnaissance de ces troubles liés
aux maladies neurodégénératives, en particulier au Mots clés : maladie d’Alzheimer - démence - psycholo-
travers des travaux de Jeffrey Cummings et de son gique - comportement - aidant - SPCD - NPI
équipe de Californie, avec la mise en valeur d’un outil
Auteur correspondant : Docteur Michel Benoit, SMRR, CHU Nice, Hôpital
Pasteur, 30 avenue de la voie Romaine, BP 69, 06002 Nie Cedex.
E-mail : benoit.m@chu-nice.fr

La Revue de Gériatrie, Tome 33, Supplément au N°10 DÉCEMBRE 2008 1


Pour une évaluation en pratique clinique des symptômes psychologiques et comportementaux dans la maladie
d’Alzheimer

LES TROUBLES PSYCHOLOGIQUES ET COMPOR- POUR UNE BRÈVE HISTOIRE DE L’ÉPIDÉMIOLOGIE


TEMENTAUX DANS LA MALADIE D’ALZHEIMER : DES SPCD DANS LA MALADIE D’ALZHEIMER ______
UN ENJEU DE SANTÉ PUBLIQUE __________________
La prévalence
Dans les recommandations Professionnelles de bonnes
pratiques de la HAS de mars 2008 (1), aux chapitres et Au-delà de l’importance de la dépression et des symp-
tômes dépressifs sur lesquels nous ne reviendrons pas
synthèses du diagnostic, de la prise en charge par les
ici de manière plus spécifique et approfondie, la préva-
thérapeutiques médicamenteuses et non médicamen-
lence de ce SPCD a bien été étudié depuis les premiers
teuses, et celle du suivi standardisé, l’évaluation et la travaux du début des années 90 de l’équipe de Jeffrey
prise en compte des SPCD figurent à la première ligne Cummings aux Etats-Unis, qui grâce à la mise au point
des préoccupations cliniques dans la détermination du (NPI) (4) , a per mis, justement, leur inventaire
d’un plan de soin adapté et précis des patients atteints exhaustif et mis l’accent sur leur fréquence importante
de maladie d’Alzheimer. Nous savons que ces recom- à tous les stades de la maladie d’Alzheimer (5). On verra
mandations seront un des supports à notre évaluation dans ce premier travail (tableau 1), que la prévalence
des pratiques professionnelles (EPP), en ville, comme à des symptômes (version 10 items de la NPI) varie non
l’hôpital. Ces recommandations vont être enrichies seulement en fonction du type de symptôme pour un
d’autres recommandations de la HAS toute fin 2008 même stade cognitif, mais aussi, que pour un même
(Liste des Actes & Prestations, un guide sur l’ALD 15 symptôme sa fréquence varie en fonction du stade de
spécifique de la maladie d’Alzheimer, ALD dont bénéfi- la maladie et du status cognitif (mini mental state
examination (MMSE)), témoignant d’une grande varia-
cient quelques 350 000 patients sur les 860 000
bilité inter-individuelle, même si, ces symptômes affec-
malades annoncés dans le plan Alzheimer 2008-2012)
tent à un temps donné jusqu’à plus de 80 à 90 % des
ainsi que des recommandations de bonnes pratiques sur patients. On observe que deux symptômes se distin-
la prise en charge des troubles du comportement de guent très nettement des autres sur cette analyse, il s’agit
type agitation, agressivité, déambulations, réactions de l’apathie et de l’agitation qui d’emblée affectent près de
d’opposition ou troubles psychotiques dont la publica- 50 % des patients dès les stades cognitifs légers et ne
tion est annoncée pour la fin du premier trimestre 2009 cessent de croître au fil de l’évolution de la sévérité de la
dans la dernière lettre d’information de la HAS (2). maladie. L’item “comportement moteur aberrant”, qu’on
On trouve aussi à destination des soignants et méde- pourrait résumer par la déambulation, prend son essor
cins coordonnateurs d’établissements d’hébergement marqué pour les stades plus sévères de la maladie. Ce tout
pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) d’utiles premier travail avait été réalisé sur un faible nombre d’ob-
conseils sur des conduites à tenir avec un guide de servations, 50 malades en tout, mais il avait ouvert la voie
à de très nombreux travaux, et à partir des années 2000,
recommandations des bonnes pratiques de soins en
le NPI était même devenu un outil incontournable de
EHPAD (3), issu d’un travail coordonné par la Société
l’évaluation des thérapeutiques, objet premier de son déve-
Française de gériatrie et de Gérontologie (SFGG) en loppement.
partenariat avec la Direction Générale de la Santé et la Depuis, à la faveur d’une diffusion internationale très
Direction Générale de l’Action Sociale. On y trouve large, y compris en France, où la validation de l’inven-
des conduites à tenir simples et précises sur la taire a été conduite en langue française sous plusieurs
démence, les troubles du comportement, l’apathie, la versions, d’hétéro-évaluation (6) (à 12 items, plus adaptée
dépression, la déambulation, le sommeil, la confusion à la recherche et à l’évaluation des actions thérapeuti-
du sujet âgé entre autres. Ce foisonnement de travaux ques), jusqu’à une version soignante (7) adaptée aux
de synthèse de la littérature mondiales aboutissant vers EHPAD, et enfin une version réduite d’autoévaluation de
des recommandations, tous plus utiles les uns que les l’aidant (8) (NPI-R) adaptée à la routine clinique des
autres, témoigne désormais de l’intérêt que les clini- consultations, le NPI s’est inscrit au-delà de la recherche,
dans une pratique clinique de l’évaluation bien connue
ciens portent à ce type de symptômes problématiques
de la gériatrie, et les recommandations de la HAS (1) inci-
au quotidien, lourds de poids et souvent de non sens
tent à son utilisation.
pour les familles et les soignants et enfin enjeu de santé En Europe, plusieurs travaux se sont attachés à une
publique puisque les instances institutionnelles avec les évaluation plus large de ces symptômes, nous citerons en
concours des experts et des sociétés savantes s’en détail ici les résultats (9) du Programme Hospitalier de
saisissent très sérieusement. Recherche Clinique (PHRC) avec l’étude du REseau

La Revue de Gériatrie, Tome 33, Supplément au N°10 DÉCEMBRE 2008 2


Pour une évaluation en pratique clinique des symptômes psychologiques et comportementaux dans la maladie
d’Alzheimer

Léger (%) Modéré (%) Sévère (%) Total (%) Les 5 symptômes les plus fréquents pour la population
Comportement (n=17) (n=20) (n=13) (n=50) des stades légers, étaient par ordre décroissant de
prévalence : l’apathie, l’anxiété, l’irritabilité, la
Idées délirantes 12 25 31 22 dysphorie et l’agitation (entre 47,1 et 32% des MMSE
Hallucibations 8 10
21-30). Concernant la population modérée, l’ordre
12 15
changeait avec d’abord, toujours l’apathie au devant
Agitation/ 85 60
Aggressivité 47 55 des symptômes, puis l’irritabilité, l’anxiété, l’agitation et
62 38 la dysphorie, avec une symptomatologie à chaque fois
Dysphorie 12 45
plus marquée (entre 61 et 40,4% des MMSE 11-20).
Anxiété 24 65 54 48 Les auteurs insistaient sur une grande hétérogénéité et
8 8 variabilité dans le temps de la symptomatologie.
Euphorie 18 0
Après 1 an de suivi, l’évolution significative et péjora-
Apathie/ 47 80 92 72 tive était retrouvée dans la population de stades légers
Indifférence pour l’apathie et la déambulation (comportement
désinhibition 35 40 31 36 moteur aberrant) et dans la population des stades
modérés pour la désinhibition, la déambulation et les
Irritabilité 35 40 54 42
troubles du sommeil, par contre on voyait statiquement
Comportement moins d’idées délirantes, et moins d’anxiété et de
12 30 84 38
moteur aberrant dysphorie au bout d’un an dans cette population.
Tableau 1 : Prévalence des SPC de la maladie d’Alzheimer, aux différents stades
de la maladie (MMSE), adapté de Mega et al. La variation du score total du NPI était statistiquement
corrélée à celle du score de l’inventaire du fardeau de
Alzheimer FRançais (REAL.FR). Cette importante cohorte ZARIT, confirmant l’impact fort de ces symptômes sur
a été suivie de manière prospective pour 482 patients à la qualité de vie des aidants familiaux, en terme de
l’inclusion, avec une première analyse à un an. Les patients bien-être émotionnel, social, physique et économique
vivaient à domicile à l’inclusion, et l’on a ainsi pu évaluer de l’aidant principal.
l’impact de ces troubles sur le recours à l’institutionnalisa-
tion en EHPAD ou en unité de soins de longue durée
(USLD). La charge de l’aidant principal était mesuré par MMS 21-30 MMSE 11-20
Comportement (n=259) % (N)
l’inventaire de fardeau de ZARIT. L’analyse a séparé deux % (N)
groupes de patients sur leur statut cognitif à l’inclusion avec
Idées délirantes 9,3 (24) 23,8 (53)
une population de patients diagnostiqués atteints d’une
maladie d’Alzheimer au stade léger (MMSE 21 – 30) et une Hallucibations 3,9 (10) 4,9 (11)
autre population de patients diagnostiqués à des stades
Agitation/Agressivité 32 (83) 41,7 (93)
modérés et modérément sévères (MMSE 11-20). Il existe
naturellement entre ces deux populations une différence dysphorie 37,5 (97) 40,4 (90)
significative des scores cognitifs (MMSE & ADAS-Cog) et
Anxiété 41,3 (107) 41,3 (92)
de la durée d’évolution de la maladie. La moyenne d’âge
était par contre voisine pour les 2 groupes, autour d’un Euphorie 4,2 (11) 9,9 (22)
peu plus de 77 ans. On notera qu’à l’inclusion 44,6% des
Apathie/Indifférence 47,1 (122) 61 (136)
patients étaient traités avec un inhibiteur de
l’Acétylcholinestérase depuis plus de 2 mois. désinhibition 8,1 (21) 12,1 (27)
Toujours pour la population à l’inclusion (tableau 2), la 32,4 (84) 42,6 (95)
Irritabilité
prévalence des symptômes était sur le score total du
NPI, significativement plus élevée pour les patients Comportement
16,2 (42) 29,1 (65)
modérés que pour les patient aux stades légers, ceci moteur aberrant
témoignant encore d’une réelle cohérence entre ces Sommeil 16,6 (43) 11,2 (25)
deux sous-populations définies a priori. On note que
85,3% des patients avaient une symptomatologie au Appétit 21,6 (56) 21,1 (47)
NPI pour les statuts cognitifs légers et 89,7% des
patients plus sévèrement atteints, attestant une
Tableau 2 : La prévalence et la fréquence x gravité des affections neurop-
nouvelle fois de l’importance de cette symptomatologie sychiatriques scores domaines à l'inventaire de base. (score sont avant
psychologique et comportementale. patients symptomatiques dans chaque domaine NPI) (*p<.005).

La Revue de Gériatrie, Tome 33, Supllément au N°10 DÉCEMBRE 2008 3


Pour une évaluation en pratique clinique des symptômes psychologiques et comportementaux dans la maladie
d’Alzheimer

Toujours dans le suivi 65% des patients ayant un symp- 1980-1983 : validation de l’inventaire de fardeau des aidants
tôme à l’inclusion, en gardait au moins un à un an. Il est (ZARIT’s caregiver Burden Invotory).
clair que les symptômes des troubles de l’humeur prédomi- 1983 : validation de la Geriatric Depression Scale (GDS).
nent, néanmoins on note aussi que le niveau de symp- 1984 : Critères diagnostic de la Maladie d’Alzheimer par le groupe
tômes dépressifs semble décroitre au fil du suivi et de la de travail américain du NINCDS-ADRDA.
dégradation cognitive a contrario de l’apathie qui elle reste 1987 : premier papier de référence (Reisberg et al. Dans le J. Clin
en croissance et est à bien différencier de la dépression. Psychiatry) sur la prise en compte des troubles du comportement
Après un an de suivi longitudinal, 54 patients ont du dans la maladie d’Alzheimer.
1989 : Validation de l’echelle d’agitation du sujet âgé de Cohen-
être institutionnalisés en EHPAD ou en USLD (soit
Mansfield.
11,2% de la population d’inclusion), outre le fait qu’ils
1994 : parution des critères diagnostiques du DSM IV de
étaient cognitivement plus sévèrement affectés, ainsi l’Association Américaine de Psychiatrie.
que moins autonomes par rapport à la population non 1994 : Validation par Jeffrey Cummings du NPI.
institutionnalisée, on notait que le trouble du comporte- 1996 : Premières données d’épidémiologie par Mega et al. avec le NPI.
ment statistiquement le plus rattaché à cette institution- 1996 : Un consensus de l’International Psychogeriatrics (IPA)
nalisation était en premier lieu l’agitation/agressivité, donne le nom de SPCD pour symtômes psychologiques et compor-
ainsi que l’irritabilité. Le score du fardeau de l’aidant tementaux de la Démence (BPSD en anglais : Behavioral and
était lui aussi significativement plus important pour les psychological Signs and Symptoms of Dementia).
aidants des patients institutionnalisés (figures 2 regrou- 1998 : Publication de la validation en langue Française du NPI par
Robert P et col.
pant les 3 graphes du papier Benoit M ).
2000 : parution de l’édition révisée des critères diagnostiques du
Une nouvelle fois le lien pouvait être fait sur la corréla-
DSM IV –TR.
tion entre ces symptômes particulièrement mal vécus 2001 : premières publications d’efficacité des traitements anti-
par les familles (agitation/agressivité et déshinibition) et Alzheimer spécifiques sur les SPCD, avec le plus souvent en critère
leurs poids dans la décision d’une institutionnalisation secondaire, l’utilisation du NPI.
lourde de sens et de conséquences. 2002 : publication de l’Inventaire Apathie par Robert et col.
2003 : Première publication sur les SPCD de la cohorte du PHRC
français REAL.FR.
2007 : L’European Alzheimer’s Disease Consortium propose un
regroupement syndromal sous 4 dimensions : Hyperactivité ;
Psychose ; Affectif ; Apathie.
2008 : Nouvelles recommandations de bonnes pratiques profes-
sionnelles de la HAS pour la maladie d’Alzheimer et les maladies
apparentées.
2009 : En attente des recommandations de la HAS pour la prise
en charge des troubles du comportement d’hyperactivité ou psycho-
tiques, du type agitation, agressivité, déambulations, réactions d’op-
position ou troubles psychotiques.

L’incidence :

Si la prévalence a bien été étudiée, peu de travaux arri- l’apathie, la déambulation, l’irritabilité la dépression et
vent de manière claire à catégoriser et mesurer l’inci- l’agitation auraient une incidence plus marquée aux
dence de ces symptômes. En effet, nombre de ces stadex plus précoces de l’observation longitudinale.
symptômes peuvent apparaître, disparaître, réappa- Toujours dans ce travail, deux notions nouvelles font
raître, à court, moyen, ou long terme, ou spontané- leur apparition, celle des SPCD les plus persistants et
ment, ou bien encore à la faveur de l’influence des trai- celles des SPCD les plus récurrents. La déambulation,
tements spécifiques et moins spécifiques et/ou de celle les idées délirantes, l’agitation, la dépression et l’apathie
d’une prise en charge plus globale adaptée, ou bien au sont les symptômes les plus persistants et durables alors
contraire inadaptée, ce qui semble être le cas le plus que les hallucinations et les idées délirantes sont les plus
fréquent. récurrents et surtout mesuré plus tardivement en fin de
Dans un travail néerlandais de la Maastricht Study (10), période d’observation. D’autres travaux doivent venir
une cohorte a été suivi sur une période de 18 mois, conforter cette approche qui ouvre une perspective sur
l’incidence des symptômes comme les idées délirantes l’évolution des symptômes en fonction du temps et
et les troubles de l’appétit semble être plus élevée dans contribuerait à mieux en appréhender la physiopatho-
les périodes intermédiaires de l’observation, alors que logie.

La Revue de Gériatrie, Tome 33, Supplément au N°10 DÉCEMBRE 2008 4


Pour une évaluation en pratique clinique des symptômes psychologiques et comportementaux dans la maladie
d’Alzheimer

Score sur l’echelle du fardeau Agitation/aggressivité Désinhibition


de l’aidant de ZARIT
Figure 1 : Impact des troubles du comportements sur le fardeau des aidants et l’institutionlalisation des patients.

Vers une nouvelle stratitification des SPCD : CONCLUSION __________________________________


Ces toutes dernières années ont vu apparaître avec le travail Les SPCD de la maladie d’Alzheimer sont désormais au
du Consortium Européen sur la Maladie d’Alzheimer (11) une moins autant au devant de la scène que les déficits
proposition plus composite de la segmentation des SPCD cognitifs. Les années 90 et 2000, auront été détermi-
que les 10 ou 12 items du NPI. En partant de ces items, la nantes pour l’avancer des connaissances sur ces
proposition est de regrouper les symptômes par groupes de domaines neuropsychiatriques des maladies neurodégé-
cohérence. On isole ainsi 4 groupes subsyndromiques des nératives, et la maladie d’Alzheimer en particulier. Il
SPCD : le groupe hyperactivité (agitation/agressivité, désin- faut poursuivre et maintenant proposer des schémas et
hibition, irritabilité, comportements moteur aberrants et protocoles thérapeutiques clairs et aidants pour la
euphorie), le groupe psychose (avec les items, idées déli- clinique quotidienne. La place doit être faite dans ces
rantes, hallucinations, et troubles du sommeil), le groupe domaines à la recherche tant sur le médicament, mais
affectif (incluant dépression et anxiété) et enfin le groupe peut-être plus encore sur les traitements non médica-
apathie (avec l’apathie et les troubles de l’appétit). Ces menteux et en particulier l’éducation des aidants fami-
groupes isolés, d’une cohérence tant a priori physiopatholo- liaux et des soignants en EHPAD. C’est un des axes
giques que cliniques permettront ainsi de répondre à un majeur de recherche du Plan Alzheimer 2008-2012.
certain nombre de questions quand à l’analyses et la connais-
sance plus aboutie de leurs causes, et de leurs facteurs de
risques. Cela permettrait également de beaucoup mieux
éclaircir le champ des propositions thérapeutiques les plus
adaptées à chacun de types de groupes syndromiques.

RÉFÉRENCES __________________________________________________________________________________________

1. HAS, recommandations professionnelles, synthèses diagnostic, prise en 7. Sisco S et col. Troubles du comportement chez les sujets déments en ins-
charge, suivi de la Maladie d’Alzheimer et des Maladies Apparentées, mars titution : évaluation à partir de l’inventaire Neuropsychiatrique pour les équi-
2008, téléchargeables sur le site de la HAS : www.has-santé.fr pes soignantes. L’année Gérontologique 2000 ; 14 : 151-171
2. http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2008-11/ 8. Michel E et col. Validation de la version réduite de l’inventaire
lettre-n14.pdf Neuropsychiatrique (NPI-R) ; La Rev de Geriatrie (30) : 385-390
3. http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/alzheimerpresse/ehpad.pdf 9. Benoit M et REAL.FR GROUP. One year longitudinal evaluation of neu-
4. Cummings JL, Mega MS, Gray K, et al. The neuropsychiatric inven- ropsychiatric symptoms in Alzheimer Disease. Th REAL.FR study; J
tory: comprehensive assessment of psychopathology in dementia. Nutrition, Health & Aging, 2005, (9), 2 : 95 - 99.
Neurology 1994; 44 : 2308 – 2314 10. Herley F et al. Incidence, prevalence, persistance of behavioural disorders
5. Mega MS, Cummings JL et al. The spectrum of behavioral changes in in dementia. Int Psychogeriatrics 2003; 15: S034-002.
Alzheimer’s Disease; Neurology 1996, 46 : 130-135 11. Aalten P & EADC. Neuropsychiatre Syndromes in Dementia, Results
6. Robert Ph et col. L’inventaire Neuropsychiatrique: validation de la ver- from the European Alzheimer Disease Consortium : Part I; Dement Geriatr
sion française d’un instrument destine à évaluer les troubles du comporte- Cogn Dis, 2007 : 457-463.
ment chez les sujets déments; L’année Gérontologique, 1998; 5:63-87

La Revue de Gériatrie, Tome 33, Supplément au N°10 DÉCEMBRE 2008 5

View publication stats

Vous aimerez peut-être aussi