Vous êtes sur la page 1sur 39

TROUBLES DE

CONDUITES
ALIMENTAIRES
Dr Soukaina Bouchebti
Pédopsychiatre-Psychothérapeute
Introduction
◦ Les conduites alimentaires sont des conduites ancrées dans le
biologique
◦ Il faut distinguer:
◦ Faim : état somatique provoqué par le manque de nourriture et
supprimé par l'ingestion d'aliments
◦ Appétit : état conscient de désir de nourriture provoqué par
l'intérêt éprouvé pour tel ou tel aliment. Cela varie selon
l'individu, l'âge, les coutumes, les sexes, les climats
Facteurs déterminants les conduites
alimentaires
◦ Neuro- physiologiques :la régulation de la faim et de la satiété se
fait au niveau de l'hypothalamus, en connexion avec l'ensemble du
cerveau
◦ Socio- culturelles: il y a un apprentissage des conduites alimentaires
culturel et familial
◦ Facteurs reliés au développement de la personnalité: le lien aliment-
mère reste prédominant dans les significations conscientes et
inconscientes en relation avec la phase orale du développement qui
marque la première année de l'enfant
Les troubles des conduites alimentaires peuvent se faire :
◦ Soit dans certains syndromes organiques
◦ Soit dans le sens de la restriction pour des motifs d'ordre social
ou politique (jeune, grève de faim) caractère pathologique à
discuter
◦ Soit dans le contexte d'une pathologie psychiatrique
ANOREXIE
MENTALE
Définition

-Anorexia Nervosa= Un trouble du comportement


alimentaire caractérisé par une réduction drastique des
apports alimentaires sous-tendue par un trouble profond de
l’image du corps
-Anorexie ‘’symptôme’’ Vs Anorexie ‘’maladie’’
Epidémiologie
◦ Incidence : Prédominance féminine : 9/1
◦ 2 pics de survenue
◦ 13-14 ans
◦ 18-20 ans
◦ plus rarement avant la puberté (8 %)
◦ Environ 1 % des adolescentes
◦ Prévalence : 0 à 0,9%
◦ Mortalité : aucune étude retrouvée
* Pour rappel :
1ère cause de décès : complications somatiques
2ème cause : suicide
Mortalité cumulée : 0,56 % par an et augmente avec la durée du suivi.
Diagnostic
◦ Dyade symptomatique +++
 Anorexie: conduite active de restriction alimentaire, souvent justifiée par
un régime devenant drastique / attitudes particulières face à la nourriture /
sensation de faim remplacée par une intolérance à la nourriture

Amaigrissement: progressif et souvent massif à la 1ère cs / peut atteindre


50 % du poids initial / aspect physique évocateur / méconnaissance voire
déni de la maigreur / trouble de la perception de l’image du corps, fixations
dysmorphophobiques

Critère « aménorrhée » absent au DSM V


Signes cliniques associés
◦ Potomanie signe de gravité +++
◦ Mérycisme signe de gravité +++
◦ Douleurs abdominales
◦ Vomissements provoqués
◦ Hyperactivité motrice
◦ Surinvestissement intellectuel
◦ Sexualité altérée
◦ Traits obsessionnels fréquents
Signes somatiques associés
◦ Cheveux secs et tombants, ongles striés et cassants, peau sèche, lanugo,
hypertrichose, érosions buccales, dents abîmées,…
◦ Hypertrophie des parotides
◦ Troubles cardiovasculaires: pâleur, acrocyanose, froideur des extrémités,
hypotension, bradycardie, oedèmes de carence,…
◦ Hypothermie
◦ Constipation
◦ Fractures liées à l’ostéoporose
Contexte psychologique
◦ Absence de conscience du trouble
◦ Trouble de la perception de l’image du corps
◦ Sentiment de bien être de maîtrise et de triomphe
◦ Désir éperdu de mincir et peur de grossir
◦ Isolement relationnel
◦ Dépendance relationnelle : relations avec les parents marquées par
l’emprise / conflits avec les parents contribuant à l’auto
renforcement de la conduite
Données paracliniques
◦ Diagnostic clinique +++
◦ Examens complémentaires pour retentissement de la dénutrition et diagnostic
différentiel
◦ Troubles métaboliques: hypoglycémie, hypokaliémie, hyponatrémie,
hypoprotidémie, hypercholestérolémie, hyperamylasémie
◦ Anémie hypochrome, leucopénie, hyperlymphocytose
◦ Troubles hormonaux: T3 basse, T4 TSH nles, réponse TRH retardée, hypo
oestrogénie, LH FSH basses, cortisolémie augmentée, GH augmentée
◦ Troubles cardiovasculaires: hypotension et bradycardie
◦ Absorptiométrie osseuse: diminution densité minérale osseuse par ostéoporose
Signes de gravité
◦ Amaigrissement rapide, brutal et > 30 % du poids
◦ BMI < 13
◦ Bradycardie < 40 /min
◦ Hypotension < 9 / 5
◦ Troubles du rythme cardiaque (hypokaliémie)
◦ Hypothermie
◦ Troubles biologiques graves
◦ Epuisement
◦ Ralentissement psychique, troubles de la conscience
◦ Episode dépressif majeur, idéations suicidaires
Diagnostic différentiel
◦ Affections psychiatriques:
◦ Dépression majeure
◦ Episode psychotique
◦ Phobies alimentaires

◦ Affections organiques
◦ Tumeurs cérébrales (tronc cérébral)
◦ Cancers (leucémies)
◦ Maladies du tractus digestif (maladie de Crohn, achalasie de l’œsophage)
◦ Hyperthyroïdies
◦ Panhypopituitarisme, maladie d’Addison
Formes cliniques
◦ Anorexie-boulimie : 50 % des cas

◦ Anorexie mentale du garçon : 10 % / en augmentation / trouble de l’identité sexuelle

◦ Anorexie pré pubère: 8-10 % des cas


◦ Retard de croissance ++
◦ Pronostic plus grave

◦ Anorexie sub clinique


Facteurs éthiopathogéniques
◦ Facteurs psychologiques
◦ Rôle de l’adolescence
◦ Personnalité pré morbide: enfance sans histoire, aconflictuelle, souci de conformisme et de
répondre aux attentes narcissiques de la mère
◦ Facteurs familiaux : crainte des conflits, difficulté d’autonomie, effacement des barrières
entre les générations

◦ Facteurs culturels
◦ Corps idéal, maîtrisé et contrôlé
◦ Impact de la valorisation de la femme mince sur adolescentes au narcissisme défaillant ?

◦ Rôle de la dénutrition
◦ Impact important: facteur dépressogène, modification des perceptions,…
Evolution et pronostic
◦ Durée d’évolution de plusieurs mois à toute une vie
◦ Décès 10 % des cas (dénutrition, suicide)
◦ Rechutes environ 50 % des cas
◦ Conduites alimentaires et poids normalisés dans 75 à 80 % des cas à 5 ans
◦ Chronicité dans 15 à 20 % des cas
◦ Guérison à 4 ans
◦ 50-60 % des cas si tableau clinique complet
Principes de traitement
◦ Abord global intégré, somatique et psychologique, dans la durée +++
◦ Objectifs multiples: traiter le symptôme majeur, traiter la personnalité, traiter les
dysfonctionnements familiaux
◦ Hospitalisation si danger vital ou si malgré suivi ambulatoire poursuite de la perte de
poids ou absence de reprise de poids
◦ Contrat de poids : objet de médiation utile permettant de mobiliser les positions du
patient et de son entourage
◦ Psychotropes uniquement en appoint
◦ Psychothérapies +++: de soutien, analytique, psychodrame, cognitivo-comportementale
◦ Famille: groupe de parole, thérapie familiale
Hospitalisation
◦ Contrat d’hospitalisation:
◦ négocié avec le patient et sa famille
◦ poids et relations avec l’entourage
◦ Séparation thérapeutique
◦ fait partie du contrat
◦ permet d’ouvrir des possibilités de relations nouvelles au travers de la vie institutionnelle
◦ Ré-alimentation
◦ Par sonde ou voie parentérale si urgence
◦ Ou progressive par voie orale
◦ Thérapie institutionnelle
◦ Mesures thérapeutiques diversifiées
◦ Thérapies corporelles, groupes de paroles,…
BOULIMIE
Introduction
◦ TCA caractérisé par la répétition de crises de boulimie et de conduites compensatoires

◦ Trouble psychopathologique à incidence somatique

◦ Reconnue depuis les années 70

◦ Consommation exagérée d’aliments avec perte de contrôle des prises, rapidement, sans rapport
avec la sensation de faim

◦ Diagnostic souvent tardif


Epidémiologie
◦ Fréquente dans les pays les plus développés

◦ Prévalence : 1,5 % de la population féminine

◦ 3-4 filles / 1 garçon

◦ Début vers 18-20 ans


Diagnostic clinique
◦ Forme clinique caractéristique = forme compulsive normo pondérale, évoluant par accès avec
vomissements provoqués

◦ Crise
◦ 1 à 2 / semaine à plusieurs / jour
◦ ingestion massive
◦ impulsive, irrépressible avec perte de contrôle
◦ grande quantité de nourriture, richement calorique
◦ moments de solitude, en cachette, en dehors des repas
◦ arrêt par vomissements provoqués
◦ sentiments de honte, de dégoût de soi, de culpabilité à la fin de l’accès
◦ diverses stratégies de contrôle du poids
Caractéristiques psychiques
◦ Peur de grossir
◦ Préoccupations autour du poids et de l’image corporelle
◦ Préoccupations autour de la nourriture
◦ Dépendance exagérée aux parents et notamment à la mère
◦ Investissement perturbé de la sexualité
◦ Fréquemment associés: anxiété, dépression, kleptomanie
Diagnostic différentiel
◦ Fringales, grignotages et hyperphagies prandiales

◦ Hyperphagies dans le cadre d’un diabète

◦ Episode maniaque
Formes cliniques
◦ Boulimie normo pondérale 70 % des cas

◦ Boulimie avec obésité 30 %

◦ Formes mixtes anorexie boulimie

◦ Formes masculines plus sévères / trouble de l’identité sexuée

◦ Etat de mal boulimique exceptionnelent grave


Evolution et pronostic
◦ Evolution longue et fluctuante
◦ Chronicité avec troubles associés (dépression, TS, co addictions,…)
◦ Pronostic dépend de la psychopathologie sous jacente
◦ Complications somatiques
◦ troubles métaboliques et hydroélectrolytiques
◦ troubles du cycle menstruel
◦ hypertrophie des parotides et des sous-masillaires
◦ altération des muqueuses bucco-pharyngées et digestives, troubles dentaires
Principes de traitement
◦ Chimiothérapie IRS: efficacité sur intensité et nombre de crises

◦ Psychothérapies +++
◦ d’inspiration psychanalytique
◦ cognitivo-comportementale
◦ psychodrame
◦ thérapies de groupe
◦ prises en charge familiales

◦ Hospitalisation rare
◦ État de mal
◦ Complications somatiques ou psychiatriques
AUTRES TROUBLES
DU COMPORTEMENT
ALIMENTAIRE
Pica
◦ Ingestion répétée de substances non nutritives ( Terre, peinture)
◦ Terrain: Enfant jeune
◦ Ethiopathogénie: Carence affective , carence nutitionnelle (zinc,fer), retard de
développement, psychoses infantiles
◦ Complications digestives (occlusion, saturnisme), respiratoires (fausses
routes), et infectieuses
◦ Traitement: traitement de la cause et abord psychothérapeutique
◦ Régression spontanée à l’adolescence
Mérycisme
◦ Régurgitation et réingestion systématique du bol alimantaire
◦ Fréquemment associé aux troubles anorexiques et boulimiques (20%)
◦ Peut exister isolément
◦ Complications : dénutrition, déshydratation, retard de développement
◦ Traitement: techniques comportementales (relaxation)
Potomanie
◦ Absorption quotidienne d’une quantité anormalement élevée d’eau
◦ Accompagnée d’une polyurie
◦ Pathologie de l’adulte, fortement associée aux psychoses chroniques et à
certaines formes d’hystérie
◦ Principal diagnostic différentiel: Le diabète insipide
◦ Complications rénales à long terme
◦ Traitement psychothérapeutique
PRINCIPAUX
TROUBLES
ALIMENTAIRES DU
NOURISSON
Principaux troubles alimentaires du
nourisson
◦ Alimentation au cœur de la relation précoce mère enfant
◦ la perception par le bébé de ses propres besoins de faim va activer son éveil
et ses pleurs
◦ cela va activer le comportement de sa mère qui va prendre le bébé et le
placer devant le sein
◦ le stimulus du sein dans la bouche active la tétée et le lait dans la bouche
active la déglutition
◦ la régulation mutuelle de l’interaction peut être décrites à 3 niveaux:
comportemental, affectif, et fantasmatique
Principaux troubles alimentaires du
nourisson (suite)
◦ Comportemental: expressions faciales, regards, postures et gestes

◦ Affectif: regard mutuel, paroles et attention de la mère et vocalisations du bébé

◦ Fantasmatique: attitudes corporelles de la dyade, distances, verbalisations au


cours de la consultation
Principaux troubles alimentaires du
nourisson (suite)
◦ Anorexie d’opposition
◦ la plus fréquente
◦ plus conduite de refus qu’absence d’appétit
◦ besoin de changement et non caprice
◦ moment de changement (sevrage, nourrice, déménagement)
◦ rapport de force accentue le malentendu
◦ souvent poids conservé mais perte de poids ou stagnation pondérale =
critères de gravité
◦ formes simples et complexes
Principaux troubles alimentaires du
nourisson (suite)
◦ Anorexie d’inertie
◦ plus rare et plus grave
◦ perte de poids constante avec engagement du pronostic vital
◦ associée à des troubles dépressifs ++
◦ début précoce possible (premier trimestre)
◦ contexte de privation affective ++
Principaux troubles alimentaires du
nourisson (suite)
◦ Les vomissements
◦ fonctionnels ou psychogènes
◦ contexte relationnel non adapté avec bouleversement du mode de vie (séparation avec la mère)
◦ risque de déshydratation aigue
◦ deuxième trimestre ou avant

◦ Le mérycisme
◦ sentiment d’insécurité chez l’enfant
◦ autres signes de la série dépressive, repli sur soi
◦ contexte de carence affective sévère
◦ aggravé par une béance du cardia
◦ formes bénignes et formes sévères plus rares
Conclusion
◦ Troubles rares mais graves

◦ Pronostic vital

◦ Lien mère-enfant++++

Vous aimerez peut-être aussi