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Licence 2

E.C. Domaines de Développement

DEVELOPPEMENT
SENSORI-MOTEUR
Françoise MORANGE-MAJOUX
Introduction
 Pour Piaget, les interactions entre la perception et la motricité
1. L’intelligence sensori-motrice sont à la base de sa théorie constructiviste : elles sont source
de Piaget.
2. Le développement de la des premiers apprentissages, permettant à l’enfant de se
perception construire une représentation du monde physique de la
2.1. Le développement du toucher
2.2. Le développement de la vision naissance à 24 mois.
2.3. Le développement de l’audition
2.4. Le développement de  Le développement sensori-moteur ne se résume pas à la
l’olfaction
somme des deux développements, mais il constitue un
3. Le développement de la
domaine spécifique ou perception et motricité se nourrissent
motricité
4. Quelques exemples de l’un l’autre, dès le début de la vie –et très probablement avant-
developpement sensori-moteur pour aboutir à une connaissance intégré du monde
4.1. Développement de l’imitation
4.2. Développement de la prise environnant.
d’objets

Conclusion  Après un état des connaissances sur chaque domaine,


deux exemples de développement sensori-moteur
 Les structures de l’intelligence naissent de l’interaction entre le
milieu et le sujet, par l’activité du sujet qui détermine sa prise
d’informations. Pour Piaget, l’intelligence sensori-motrice permet
1. L’intelligence sensori-motrice
de résoudre des problèmes pratiques au moyen de telles activités,
de Piaget. avant l'apparition du langage et de la représentation.
 Ainsi, au cours du développement sensori-moteur, les structures
se complexifient allant des schèmes reflexes, qui incorporent des
objets favorables à ce fonctionnement à l’intériorisation des
conduites (déduction sensori-motrice) en passant par les
adaptations acquises et les habitudes (exemple des secousses
dans le berceau qui déclenchent le mouvement du mobile et que le
bébé répète à l’envie), et les actions intentionnelles et dirigées
(comme attraper un objet que le bébé voit et adapter la forme de
sa main à la prise d’informations tactiles comme la forme),
déterminées spatialement.
 La perception permet de reconnaitre l’espace interne
(sensations somesthésiques, proprioceptives ou
2. Le développement de la
vestibulaires) et l’espace extérieur du corps
perception (stimulations visuelles, sonores, tactiles, olfactives),
d’intégrer les qualités sensorielles afin d’identifier par
exemple les sons, les stimulations visuelles, les objets
par la vision ou par le toucher.
 A chaque type de stimulation, correspond un système
sensoriel dédié. Selon le modèle d’Atkinson et
Schiffrin (1968), les activités perceptives nécessitent
une mise en éveil attentionnelle afin de transformer
une sensation en un signal identifié, localisé et porteur
de sens.
2. Le développement de la
perception
Dès 13 semaines d’aménorrhées (SA), la
sensibilité tactile est la première à être
2. Le développement de la fonctionnelle, suivie par l’équilibre (23 SA), l’odorat
perception (26 SA), la gustation (26 SA), l’audition et enfin la
vision (Vauclair 2004).

Cela signifie donc qu’à 6 mois de grossesse,


toutes les modalités sensorielles sont
fonctionnelles à des degrés divers (la vision, peu
stimulée in utero, a un développement
sensiblement retardé par rapport aux autres
modalités) (Granier-Deferre, Schaal et DeCasper,
2004).
 Dès la 9ème semaine de gestation, les récepteurs réagissent à
2.1. Le développement du l’effleurement de la zone oro- et péri-orale et Zoia et ses
toucher collaborateurs montrent que les fœtus font des mouvements qui
semblent coordonnés sur leur propre corps et la paroi de l’utérus à
partir de la 22 semaine de gestation (Zoia, D’Ottavio, Blason,
Biancotto, Bulgheroni et Castiello, 2012).

 Au niveau des compétences perceptives, les nouveau-nés peuvent


différencier tactilement un cylindre d’un prisme (Stréri, Lhote et
Dutilleul, 2000) et présentent dès 2 mois une mémoire tactile de la
forme, certes fragile (Lhote et stréri, 1998) mais qui deviendra plus
robuste deux mois plus tard (Lhote et Stréri, 2003). Ils peuvent
Babylab Edouard Gentaz :
https://www.unige.ch/fapse/babylab également transférer les informations acquises tactilement au
/index.php/les-competences-des-b système visuel (Streri et Gentaz, 2003). Après un état des
ebes/les-competences-des-nouvea
u-nes/que-percoit-tactilement-le-no connaissances sur chaque domaine, deux exemples de
uveau-ne
développement sensori-moteur
 Cette méthode a été créée par Rey et Martinez (1978), à l’origine
2.1. Le développement du pour les bébés nés prématurément en Colombie afin de pallier
toucher aux manques de couveuses et la pauvreté. Elle consiste à
mettre le plus souvent possible et le plus longtemps possible le
bébé peau contre peau avec sa mère ou son père, enveloppé et
bien emmitouflé contre son parent.
 La méthode Kangourou favorise sur un plan biologique, la survie,
la diminution de maladies graves, d’infections et durée
d’hospitalisation
 Sur un plan psychologique, elle favorise la synchronisation des
vidéo sur la méthode kangourou
stimulations multimodales et on observe une meilleure qualité
https:// des interactions mère-enfant, favorisant le lien d’attachement
www.youtube.com/watch?v=2pgDRb avec une diminution des pleurs et des sourires plus fréquents
uGy18 (Klauss et Kennel, 1982).
2.2. Le développement de la
vision Dès la naissance le bébé est capable de distinguer les
contrastes, de fixer et suivre une cible lumineuse de façon
saccadée (Aslin et Salapatek, 1975). Cette poursuite
devient douce à partir du troisième mois (Aslin, 1993).
L’exploration visuelle de cibles reste rudimentaire,
balayant principalement les contours de cibles (Aslin et
Salapatek, 1975). L’acuité visuelle, qui se développe au
cours des deux premières années de vie, reste réduite
compétences visuelles du nouveau-
né : dans les premières semaines, le bébé vivant dans un
https:// monde aux formes imprécises jusqu’à 4 mois (Durand,
www.unige.ch/fapse/babylab/index.
php/les-competences-des-bebes/les-
competences-des-nouveau-nes/que-
2004).
voit-le-nouveau-ne
Néanmoins, les nouveaux-nés sont sensibles aux
2.2. Le développement de la mouvements dès les premiers instants de vie, le
vision
mouvement pouvant apparaitre comme un moyen
d’attirer l’attention et donc la vision du bébé sur une
stimulation précise (Shea et Aslin, 1990). Concernant
les compétences visuelles, le bébé est capable dès la
naissance de différencier des formes géométriques
entre elles (Slater, 1995). Ils préfèrent regarder des
configurations structurées et régulières, comme par
exemple les points lumineux d’une structure évoquant
un humain (Berthendal, Proffitt et Cutting, 1984) et
peuvent reconnaitre le visage de leur mère dès 3 jours
(Pascalis, De Schonen, Morton, Deruelle et Fabre-
Grenet, 1995)
Les compétences auditives du nouveau-né que l’on
2.3. Le développement de
l’audition pensait relativement illimitées, ont fait un bond qualitatif
appréciable dans les années 80 après la parution de
l’article désormais célèbre de DeCasper et Fifer (1980)
montrant que le nouveau-né est capable de modifier la
durée des pauses qui interrompent périodiquement leur
Article de De caper et Fifer (1980). succion non nutritive, soit dans le sens d’un
http://bernard.pitzer.edu/~
dmoore/psych199s03articles/of_hum allongement, soit dans le sens d’un raccourcissement
an_bonding.pdf
afin d’entendre l’enregistrement de la voix de leur mère
plutôt que celle d’une autre femme. La mise en
évidence d’une mémoire auditive pourrait se mettre en
place dès la fin de la gestation.
 les bébés présentent des seuils de détection sonore plus élevés que les
adultes (Olsho et al., 1988). Ils sont en particulier capables de percevoir
2.3. Le développement de
l’audition des différences d’amplitudes et de hauteurs, des hauteurs relatives
indépendamment du timbre, des contours mélodiques ou encore de séparer
deux flux auditifs simultanés (Winkler et al., 2009).

 Les nouveau-nés préfèrent leur langue maternelle à une langue étrangère


(Nazzi, Bertoncini et Melher, 1998). Ils sont capables dès la naissance de
distinguer les mots de la parole des non-mots et à 1 mois ils sont capables
de discriminer les lettres b/ et p/ et les sons ba/ et pa/ (Eimas, Siqueland,
Jusczyk et Vigorito, 1971). ). Enfin, le nouveau-né est capable de
Babylab Edouard Gentaz : https:// discriminer différentes langues étrangères (Mehler et al., 1988 ; Moon,
www.unige.ch/fapse/babylab/index.p
hp/les-competences-des-bebes/les-co Panneton-Cooper et Fifer, 1993 ; Nazzi et al., 1998), à la condition que
mpetences-des-nouveau-nes/Qu-ent
end-le-nouveau-ne celles-ci possèdent des propriétés rythmiques différentes (Nazzi et al.,
1998).
Certaines de leurs capacités auditives sont présentes chez le
2.3. Le développement de
l’audition fœtus proche du terme de la gestation (Granier-Deferre et al.,
Les compétences fœtales 2010, 2011). Plusieurs recherches ont démontré que les fœtus
pouvaient développer in utero une mémoire  très spécifique pour
des séquences de paroles (DeCasper et Spence, 1986;
DeCasper, Lecanuet et al., 1994) ou de musiques (Granier-
Deferre et al., 2011) très fréquemment et régulièrement
présentées au cours des semaines avant le terme de la gestation.
Cette mémoire a été démontrée au cours de la période fœtale, à
2-3 jours et 1 mois après la naissance, alors même que les
enfants n’avaient eu aucun contact postnatal avec les stimuli
auditifs, confortant l’hypothèse d’une contribution de l’expérience
prénatale dans l’explication des performances auditives de l’enfant
à sa naissance
2.4. Le développement de Les recherches sur l’olfaction montrent que les nouveau-nés sont
l’olfaction calmés et s’endorment plus rapidement lorsqu’ils sentent une
Les compétences fœtales olfactives odeur d’origine maternelle par rapport à celles d’une autre
femme (Schaal, Montagné, Hertling, Bolzoni, Moyse, A., et
Quichon, 1980). Ils s’orientent également préférentiellement vers
l’odeur de leur mère, ainsi que vers leur liquide amniotique qu’ils
différencient de celui d’une autre femme (Schaal, Marlier et
Soussignan, 1995). Ils sont sensibles aux odeurs plaisantes
(sucre, vanille) et manifestent des expressions faciales de dégout
face aux odeurs déplaisantes (poisson, œuf pourri…) (Engen et
Babylab Edouard Gentaz Lipsitt, 1965). Enfin, l’expérience olfactive qu’ils ont eu in utero via
https:// le liquide amniotique (ail, anis…) influence leurs réponses
www.unige.ch/fapse/babylab/index.p
hp/les-competences-des-bebes/les-co olfactives à la naissance (Schaal, Marlier et Soussignan, 2000).
mpetences-des-nouveau-nes/le-nouv
eau-ne-est-il-sensible-aux-gouts-et-a
ux-odeurs
La saveur sucrée
2.5. Le développement du gout
déclenche une
satisfaction

L’acide provoque
une forme de
bouche
particulière

L’amer provoque
dégoût et rejet
La motricité a eu longtemps plus affaire avec le bon
fonctionnement neurobiologique que cognitif. Pour preuve
3. Le développement de la
motricité
les batteries de test faits à la naissance et qui témoignent de
la bonne mise en place des principaux circuits
neurobiologiques et signent la bonne vitalité psychique et
physique du bébé. Pourtant les activités motrices sont
génératrices d’intelligence (Piaget 1936) et sont au centre
du développement cognitif : que ce soit pour agir sur les
objets de l’environnement (gestes manuels, fabrication
d’outils, …), pour communiquer (mimiques, langage
articulé), pour exprimer des émotions (attitudes, …) ou se
déplacer (locomotion). Elles doivent donc être envisagées
comme produit du développement et source de
développement (Lehalle et Mellier, 2013).
Il existe de nombreuses
échelles qui ont pour
3. Le développement de la objectif d’inventorier et
motricité d’identifier les grandes
étapes du développement
psychomoteur  : tenue de
la tête, préhension, station
assise, marche à 4 pattes,
marche debout, saut….  

Par ex. Echelle de


développement moteur DF-MOT :
exemple de l’évaluation du
niveau de coordination visuo-
manuelle (PCVM) fine (Vaivre-
Douret, 1997)
Au commencement….la posture
 Posture et tonus à la base des praxies :
3. Le développement de la
motricité
locomotion et préhension
 Fonction posturale antigravitaire
 Fonction posturale d’orientation : fournit un cadre
de référence pour les interactions sujet –
environnement
 Tonus : légère tension des muscles au repos,
résultant d’uns stimulation continue réflexe : fixe
les articulations dans une position
 Posture : maintien du corps dans une position
donnée grâce à l’activité des muscles
Les développements postural et tonique sont régis par deux
«lois du développement» au cours de la première année de vie :

3. Le développement de la
motricité  Loi du développement céphalo-caudal, qui témoigne d’une
augmentation du tonus de la tête vers les pieds. Ainsi à la
naissance, le bébé se caractérise par une hypotonie axiale et
une hypertonie distale des fléchisseurs. Le contrôle tonique de
son axe corporel, va lui permettre progressivement de tenir sa
tête vers 3 mois, de se maintenir assis vers 7 mois et de se tenir
debout vers 1 an.
 Loi du développement proximo-distal qui caractérise
l’augmentation du tonus des extenseurs progressant des
épaules jusqu’aux mains. Ainsi, le contrôle tonique de son axe
proximo-distal lui permet, progressivement, d’attraper des objets
vers 5 mois, d’effectuer une prise avec une pince à trois doigts
(pouce, majeur et index) à 7 mois puis une pince fine à deux
doigts (pouce/index) à 9 mois et de les manipuler en changeant
de main vers 8 mois.
On trouve chez le nouveau-né pas moins de 73 réflexes (Illington,
1990) : le reflexe d’agrippement (ou grasping), le réflexe de Moro, la
3. Le développement de la marche dite « automatique »….
motricité
Certains apparaissent et disparaissent au cours des premiers mois
Les reflexes
de la vie et d’un point de vue pédiatrique, signent la bonne
maturation du système nerveux central (c’est le cas du grasping ou
de la marche automatique par exemple), d’autres arrivent plus
tardivement, comme les réflexes posturaux ou tendineux et ne
disparaissent pas toujours.
Parmi les réflexes posturaux, on notera l’ATNR (ci contre) , Reflexe
asymétrique du cou, dite position de l’escrimeur, où le bébé, la tête
tournée vers un côté, à le bras opposé replié vers sa tête et le bras
dirigé vers le coté où regarde sa tête (Coryell et Michel, 1978). Ce
reflexe culmine entre 6 et 8 semaines et apparait avoir un rôle
fondateur dans le développement et l’organisation des conduites
sensori-motrices, notamment visuo-manuelles (Bullinger, 2007).  
Les reflexes ne sont pas les réactions seules
3. Le développement de la présentes, comme on l’a longtemps pensé : dans
motricité
certaines situations, le bébé peut effectuer des
La notion de motricité libérée conduites d’approche d’objets dites volontaires ou
dirigées (Hofsten, 1982). Ainsi, les pédiatres Amiel-
Tison et Grenier (1980) ont montré qu’en tenant la tête
(ou la nuque) fixement dans le prolongement de l’axe
vertébral, on neutralisait de nombreux réflexes
permettant en quelque sorte de « libérer » la motricité
volontaire du bébé. Cette méthode a permis
notamment de montrer et décrire les premiers gestes
d’approche des objets chez le nouveau-né (Hofsten,
1982).
Issue de la tradition biologique, il est d’usage d’opposer les réactions
3. Le développement de la réflexes aux conduites intentionnelles, comme si les premières étaient des
motricité
conduites fermées et rigides, les secondes des conduites ouvertes et
La notion de motricité contrôlée souples. Touwen (1984, cité par Lehalle et Mellier, 2013) propose de parler
qu’elle soit volontaire ou reflexe plutôt de « conduites spécifiques aux besoins du nourrisson ». Cela signifie
qu’en fonction des conditions environnementales, les systèmes reflexes
peuvent traiter des stimulations de l’environnement.
Ainsi, par exemple, Jouen et Molina (2000) ont montré que le nourrisson
de 3 jours utilise l’activité du réflexe d’agrippement (grasping) pour
explorer la texture de l’objet tenu et différencier la texture d’un objet de
même forme :
Flux visuel  25 sujets, placés dans le noir devant un écran (flux visuel)
à des vitesses différentes
 Airbag placé derrière la tête enregistrant les pressions de
la tête
Quand les bébés réagissent au flux visuel dès la
naissance

 Résultats

Les bébés font une réponse d’autant


plus forte que la vitesse du stimulus
Les bébés adaptent leur réponse motrice est grande
au flux visuel
3. Le développement de la Cette frontière reflexe/volontaire tombée, la motricité apparait
motricité
alors comme modulable, souple, adaptable en fonction de
La notion de motricité contrôlée l’environnement. Couplée à la perception, ces sortes de modules
qu’elle soit volontaire ou reflexe
sensori-moteurs permettent au bébé de relier des informations
sensorielles et motrices entre elles, temporellement réglées pour
effectuer un même but. Ces couplages sensori-moteurs
apparaissent comme des « outils » pour Bullinger (2007)
permettant au bébé d’apprendre et d’expérimenter sur
l’environnement. En outre ils incitent à envisager la perception et
l’action conjointement, dans une perspective intégrée. Nous
illustrons ci-après, à travers 2 exemples, comment le
développement sensoriel et moteur se nourrissent l’un l’autre et
font le développement.  
L’imitation est une coordination sensori-motrice qui consiste en un
4. Quelques exemples de ajustement entre un comportement perçu visuellement et un
developpement sensori-moteur comportement produit activement. L’imitation précoce, et a fortiori
4.1. Développement de l’imitation néonatale, a longtemps été ignorée car on pensait qu’il fallait une
représentation interne du schème d’action pour que l’imitation puisse
exister. Or par exemple, pour Piaget, cette imagerie mentale
n’apparaissait que vers 9-10 mois. Ainsi, les quelques imitations
précoces rapportées, comme celles de Zazzo (1957) étaient
associées à des coïncidences accidentelles. Il faut attendre les
célèbres observations de Meltzoff et al. (1977) montrant des bébés
âgés de 12 à 21 jours (voire agés de 42 min de vie (Meltzoff et
Moore, 1983)) produisant des réponses imitatives adaptées,
Meltzoff démontrant l’imitation notamment de protrusions des lèvres et de la langue et d’ouverture
néonatale
de la bouche pour reconsidérer la question de l’imitation précoce, et
plus généralement des coordinations sensori-motrices précoces.
4. Quelques exemples de Encore plus surprenant, ce qui était un comportement réservé à l’être
developpement sensori-moteur humain s’avère exister chez le singe rhésus (et chez le chimpanzé
également) :  
4.1. Développement de l’imitation
 L’imitation peut s’étendre à la reproduction de gestes manuels
particuliers comme la séquence de mouvements de doigts (Meltzoff
et Moore, 1994).
4. Quelques exemples de
developpement sensori-moteur  Le bébé peut imiter des actions nouvelles pour lui à partir de 6 / 9
4.1. Développement de l’imitation mois. Auparavant, il devient progressivement capable d’imiter des
mouvements de bras, de tête et de buste (à 2 mois, Nadel et Poirier,
2000), des trajectoires de mouvements ciblés sur son corps (à 3
mois), des séquences de mouvements des doigts (à 4 mois) et après
6 mois des actions simples familières impliquant des objets familiers.
 A 2 mois les bébés imitent en réponse aux imitations de leurs mères
(Nadel, 2004) et à 5 mois ils accompagnent leur imitation de
manifestations émotionnelles intenses témoignant d’une
reconnaissance d’être imité. Entre 7 et 14 mois, on note l’émergence
de modifications dans la forme des séquences imitatives comme des
enchainements, des répétitions, des accélérations ou des
ralentissements d’actions avec attente des réponses imitatives de
l’autre (Meltzoff, 1990).
 
 Rôle fondamental sur le développement, en tant qu’outil d’apprentissage et de
communication (Nadel, 2004, 2005, 2011) : cette réponse volontaire permet d’apprendre
à faire quelque chose que l’on voit faire, au départ simple et familière, puis qui devient
4. Quelques exemples de progressivement complexe et nouvelle; elle permet également de communiquer, d’entrer
developpement sensori-moteur
en interaction et cela dès la naissance, par l’alternance imiter / être imité et renvoie au
4.1. Développement de l’imitation développement de l’intersubjectivité des premiers mois. En ayant un même centre
d’intérêt, les deux partenaires se retrouvent en interaction, en synchronie (Nadel, 2011).

 Cette synchronie est essentielle pour le développement socio-cognitif, notamment le


langage, la locomotion, les interactions sociales.... A ces deux bénéfices –moteur et
social- qu’apporte l’imitation, Jacqueline Nadel y associe un troisième, la conscience de
soi, qui permet au bébé de s’approprier une action proposée par un autre et de se
rendre compte des conséquences de sa propre action. Nadel (2002) propose une
séquence de développement de l’imitation qu’elle lie de façon étroite aux « lois du
Jacqueline Nadel développement » décrites plus haut : ainsi le bébé imite d’abord avec la bouche avant
d’imiter avec les mains ou le corps, et les imitations sont d’abord globales, avec des
gestes amples avant de devenir plus précises.
 
4. Quelques exemples de Intérêt dans la psychopathologie : notamment l’Autisme (video Jacqueline Nadel)
developpement sensori-moteur  

4.1. Développement de l’imitation


Saisir un objet est une coordination sensori-motrice qui consiste à
relier des informations perceptives, telles que la proprioception
4. Quelques exemples de
(position du bras dans l’espace) et la vision (position de l’objet) à
developpement sensori-moteur des informations motrices (enserrement de la main sur l’objet).
4.2. Développement de la prise
d’objets Le développement du geste de préhension  est intimement lié au
développement de la posture, comme nous l’avons vu plus haut
avec les travaux d’Amiel-tison et Grenier  (1980) portant sur la
position de la tête. Ainsi, Hofsten (1982) a montré que le bébé,
maintenu en position verticale, avec le tronc et la tête fermement
Manipulation tenus par la chaise, peut faire des mouvements dirigés vers un
Préhension objet présenté devant lui.
Grasping
Ennouri et Bloch (1995) dans une situation expérimentale similaire
ont montré que le bébé qui regarde une cible fait plus de
mouvements dirigés vers elle que s’il ne la regarde pas. Plus
encore, plus la fixation est longue, plus le mouvement arrive près
de l’objet.  
Vers 4 mois, les progrès observés dans le geste
d’atteinte sont significativement corrélés à la maitrise de
4. Quelques exemples de
developpement sensori-moteur la station assise (Rochat, 1992) et les gestes sont plus
4.2. Développement de la prise souvent réussis et sont plus rapides en position assise
d’objets
qu’en position allongée (Carvalho et al., 2008).
Thelen et Spencer (1998) ont démontré comment le
développement du contrôle postural et de la tête était lié
au développement du geste de préhension : durant les 2
semaines précédant les premières saisies d’objet, les
bébés acquièrent le maintien de la tête en position
médiane et la stabilité du tronc. Le contrôle postural
permet probablement de libérer certains muscles qui de
ce fait pourraient s’engager dans la préhension, voire en
libérer d’autres.
Les premiers gestes d’atteinte d’objets apparaissent vers 3 mois et
demi (Hofsten, 1991; Morange et Bloch, 1996) et comportent en plus
d’une phase de transport de la main, une phase d’ajustement de la
4. Quelques exemples de
developpement sensori-moteur main sur l’objet. La préhension apparait vers 5 mois; la prise est
4.2. Développement de la prise palmaire, puissante avec maintien de l’objet par les doigts figés
d’objets
comme des crampons. Entre 5 et 7 mois, on observe un meilleur
contrôle de la stabilisation du bras, des mouvements plus rapides,
plus directement orientés vers l’objet et moins saccadés (Morange-
Majoux, Pezé et Bloch, 2000; Morange-Majoux et Dellatolas, 2010).
On observe également une anticipation manuelle avec un ajustement
de l’ouverture de la main à la taille de l’objet dès 5 mois (Hofsten et
Ronnqvist, 1988), à l’orientation de l’objet (Lockman, Ashmead et
bushnell, 1984) dès 9 mois. A partir de 8 mois, la prise devient fine,
formée par le pouce et l’index. Enfin, à 9-10 mois, le bébé positionne
ses doigts différemment en fonction de la forme convexe ou concave
des objets (Pieraut-Le Bonniec, 1985; 1986).
4. Quelques exemples de
developpement sensori-moteur Pour Bushnell (1985), la vision joue un rôle crucial dans ce développement
4.2. Développement de la prise et interviendrait en deux temps : dans un premier temps, c’est la vision de
d’objets
la cible qui permettrait de déclencher le geste d’atteinte (forme balistique);
Le rôle de la vision puis dans un second temps, le geste de préhension serait guidé
visuellement : l'enfant ajusterait visuellement les positions successives de
sa main à celle de l'objet grâce à des rétroactions visuelles. Par la suite,
l’expérience et l’automatisation des actes moteurs familiers pourrait
entrainer une diminution des rétroactions visuelles. Dans cette
perspective, une coordination visuo-manuelle certes rudimentaire
émergerait dès la naissance et se mettrait en place au cours des premiers
mois permettant la prise d’objets (Bushnell, 1985).
Or, la mise en évidence de gestes de préhension dans le noir complet chez les
bébés âgés de de 5 à 25 semaines (Clifton et al., 1993) et de 5 à 7 mois (Clifton,
4. Quelques exemples de
developpement sensori-moteur
2001), sans changements ni dans les paramètres kinématiques ni dans la
4.2. Développement de la prise préparation de l’orientation pour saisir un objet ont réinterrogé le rôle de la
d’objets
vision à cet âge. Les progrès réalisés dans la préhension entre 5 et 7 mois
pourraient être dus plutôt à la coordination proprio-motrice que visuo-motrice,
Le rôle de la vision ? Participante
mais peut etre pas essentielle jusqu’à qui apparaitrait plus tardivement. L’apprentissage du mouvement consisterait
un certain age ?
donc à mettre en relation des informations visuelles en provenance de la cible
et des informations proprioceptives fournies par le mouvement du bras.
Toutefois, des résultats récents menés par Morange-Majoux et ses
collaborateurs (soumis) montrent que lorsque le bébé de 6 mois peut voir sa
main, il effectue de nombreux allers retours visuels entre elle et l’objet
témoignant qu’il puise des informations visuelles lorsqu’il en a la possibilité et
qu’elles sont disponibles, lui permettant probablement de mettre en relation
l’ensemble des informations sensori-motrices dans un même espace-temps
La manipulation débute à partir du moment où le bébé est capable de
conduites de saisie, d'orientation, ou d'ajustement de la main sur les objets
4. Quelques exemples de en fonction d'informations visuelles et tactiles, soit autour de 6 mois.
developpement sensori-moteur
4.2. Développement de la prise Le bébé peut alors agir sur les objets, associer les propriétés tactiles des
d’objets
objets à leurs propriétés visuelles. Les conduites de manipulation ont été
Le rôle de la vision ? Participante
surtout étudiées au deuxième semestre de vie car la manipulation est très
mais peut etre pas essentielle jusqu’à souvent associée à l’action et à partir de cet âge, les actions sur les objets
un certain age ?
deviennent extrêmement variées selon l'activité des objets, le nombre
d'objets manipulés ou l'usage que l'enfant en fait.
Si on considère l’objectif premier de la manipulation qui est d’extraire des
informations propres aux objets, alors les recherches menées pendant 30
ans par Arlette Stréri sur le transfert intermodal montrent que les nouveau-
nés âgés de 1 à 3 jours sont capables de reconnaître visuellement la forme
d’un objet qu’ils ont préalablement exploré avec leur main droite sans voir
l’objet.
 Le bébé, est capable, dès lors qu’il est placé dans un
contexte favorable, d’activités organisées lui permettant
Conclusion d’accéder à différentes informations perceptives, de leur
donner un sens et en retour de construire progressivement
son système de représentations.
 Le développement psychomoteur témoigne d’interactions
complexes entre le moteur et le psychique. Ainsi la
motivation, l’attention, les sens et l’intention guident autant
qu’ils sont guidés par la motricité.
 Ce développement psychomoteur fait l’objet d’attention
particulière de la part des cliniciens : s’il y a des
compétences sensori-motrices précoces, et si on peut les
quantifier et les qualifier, alors on peut en décrire la norme et
par défaut extraire des comportements possiblement
atypiques.
Conclusion

L’echelle de Brunet-Lezine révisée


(1997) permet de repérer des
troubles dans le développement
sensori-moteur.
Elle s’adresse à des bébés de 0 à 30 mois
(fig. 3). Cette échelle permet de repérer
des perturbations dans ce
développement, selon 4 domaines : (1)
le domaine moteur ou postural : Etude
des mouvements de l'enfant dans les
différentes postures / positions étude de
la locomotion…; (2) le domaine des
coordinations oculomotrices : étude de
la préhension et de la motricité fine, des
praxies, du comportement de l'enfant
avec les objets. (3) le domaine
langagier : fonctions de compréhension
et d'expression, champ lexical, …(4) le
domaine social : prise en conscience de
soi, relations avec autrui, mimiques,
adaptations sociales…
Conclusion

L’echelle de Brunet-Lezine révisée


(1997) permet de repérer des
troubles dans le développement
sensori-moteur.
Elle s’adresse à des bébés de 0 à 30 mois
(fig. 3). Cette échelle permet de repérer
des perturbations dans ce
développement, selon 4 domaines : (1)
le domaine moteur ou postural : Etude
des mouvements de l'enfant dans les
différentes postures / positions étude de
la locomotion…; (2) le domaine des
coordinations oculomotrices : étude de
la préhension et de la motricité fine, des
praxies, du comportement de l'enfant
avec les objets. (3) le domaine
langagier : fonctions de compréhension
et d'expression, champ lexical, …(4) le
domaine social : prise en conscience de
soi, relations avec autrui, mimiques,
adaptations sociales…
N’hésitez pas à me contacter par mail ou via le forum du
cours pour toute question 
Certaines vidéos trop lourdes sont à regarder sur la toile
Celles du diaporama sont souvent de moins bonne
qualité pour des questions de taille de fichier. Vous les
retrouverez sur la toile également

Bonne continuation et à bientôt !


FMM

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