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Neurobiologie des Addictions

L2 Psychologie
Année 2023-2024

Dr Bruno Truchet
Laboratoire de Neurosciences Cognitives (LNC)
CNRS/Université Aix-Marseille
Campus Centre
bruno.truchet@univ-amu.fr
04 13 55 08 56
PLAN PLAN
Introduction
I. Rappels : communication chimique dans le SNC et neuroanatomie
a. Synapse chimique
b. Structures cérébrales concernées : localisations et fonctions
II. Notions communes aux drogues d’addiction
a. Définitions
b. Généralités
c. Le Système de Récompense
d. Stress et Addiction

III. Les grands types de drogues


a. Neuroleptiques
b. Stimulants
c. Opiacés
d. Drogues dites « récréatives »
e. Antidépresseurs
f. Anxiolytiques
g. Alcool

IV. Addiction sans drogues

V. Traitement des addictions


Le système nerveux central : cerveau et moelle épinière
I. Rappels : communication chimique dans le SNC et neuroanatomie
a. Synapse chimique
Influx Nerveux (électrique)

Passage de
l’information ?
La synapse : lieu de jonction
entre deux neurones Influx
nerveux

Molécule de
neuromédiateur
Recapture du (signal chimique)
neuromédiateur

Fixation du
neuromédiateur sur
le récepteur

Libération du
neuromédiateur Récepteur du
neuromédiateur
I. Rappels : communication chimique dans le SNC et neuroanatomie
b. Structures cérébrales concernées : Localisation
I. Rappels : communication chimique dans le SNC et neuroanatomie
b. Structures cérébrales concernées : Fonctions

Aire Tegmentale Ventrale : traitement secondaire des informations «


essentielles » (se nourrir, se reproduire…)
Amygdale : émotions « primaires » : peur, colère…
Cortex Préfrontal et orbito-frontal : raisonnement, planification, attention,
émotions…
Hippocampe : apprentissage et mémoire
Hypothalamus : maintien du milieu intérieur, régulation hormonale,
comportement alimentaire, sexuel…
Noyau Accumbens : motivation, « plaisir »
Thalamus : traitement précoce des informations sensorielles
II. Notions communes aux drogues d’addiction
a. Définitions

Drogue : substance psychoactive pouvant entraîner une dépendance

Accoutumance : diminution de l’effet d’une substance suite à la répétition


des prises. Ce phénomène, qui n’est pas spécifique aux drogues
addictives, se traduit généralement par la nécessité d’augmenter les
doses pour obtenir un effet identique. L’accoutumance à une substance
n’entraîne pas automatiquement une addiction à celle-ci.
Le terme Tolérance est parfois utilisé pour désigner ce même phénomène.

Dépendance : définitions variables suivant le champ d’investigation. On


peut la définir en biologie, au sens le plus strict, comme le besoin
physiologique et/ou psychique d’une substance, sans que celle-ci soit
forcément néfaste ou toxique. Ex : les diabétiques sont dépendants des
injections d’insuline.

Dans le cas des drogues, le terme dépendance tend à être remplacé par
Addiction, la substance considérée étant alors toxique.
II. Notions communes aux drogues d’addiction
a. Définitions (suite)

Dépendance Physique : besoin d’une substance pour maintenir les


paramètres physiologiques de l’individu dans un état « normal », stable et
non douloureux. Elle est fréquemment utilisée, à tort, pour définir une
drogue « dure ».
Dépendance Psychique : besoin d’une substance pour maintenir le
psychisme de l’individu dans un état stable et non désagréable.
Ces notions de dépendance physique et psychique n’aident pas toujours
à l’étude et l’analyse des phénomènes d’addiction, car elles reposent
parfois plus sur l’analyse des symptômes que sur les mécanismes mis en
jeu. Ainsi, une même drogue peut entraîner l’une ou l’autre des
dépendances, ou les deux, suivant l’individu, le contexte, les doses et la
durée des prises etc…
Sevrage : arrêt de la prise d’une substance. Le sevrage fait en général
référence à la diminution progressive des prises pour éviter ou limiter les
effets néfastes de l’absence de la substance sur l’organisme.
N.B. : les phénomènes de dépendance physique et/ou psychique et de
sevrage ne sont pas systématiquement liés à une addiction telle que
définie précédemment.
II. Notions communes aux drogues d’addiction
b. Généralités

Distinction usage/abus/addiction.
Usage : consommation occasionnelle

Abus : consommation fréquente et à risque. Le consommateur peut s’arrêter


seul ou en étant aidé. La recherche de drogues n’est pas la première priorité
de l’individu.
Addiction : Se caractérise par un certain nombre de critères (voir plus loin),
qui se traduisent globalement par une recherche compulsive de la
substance par l’individu qui prend le pas sur les autres priorités habituelles de
celui-ci.
Définition d’Aviel Goodman (1990) : un processus dans lequel est réalisé un
comportement qui peut avoir pour fonction de procurer du plaisir et de
soulager un malaise intérieur, et qui se caractérise par l’échec répété de son
contrôle et sa persistance en dépit des conséquences négatives.

NB : Chaque victime d’addiction est particulière → les paramètres à prendre


en compte : âge, milieu de vie, motivation(s), type de drogue, quantité,
fréquence, mode d’administration, polytoxicomanie, comorbidité…
II. Notions communes aux drogues d’addiction.
b. Généralités (suite) : critères d’addiction suivant le DSM V

(source : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK565474/table/nycgsubuse.tab9/)
II. Notions communes aux drogues d’addiction
b. Généralités
Diagnostiquer l’addiction → quelques exemples de test : Alcohol Use Disorder Test (AUDIT)
Test DETA (Diminution, Entourage, Trop, Alcool)

1. Avez-vous déjà ressenti le besoin de diminuer votre consommation de


boissons alcoolisées ?

2. Votre entourage vous a-t-il déjà fait des remarques au sujet de votre
consommation de boissons alcoolisées ?

3. Avez-vous déjà eu l'impression que vous buviez trop ?

4. Avez-vous déjà eu besoin d'alcool le matin pour vous sentir en forme ?

Le test DETA est positif en cas de deux réponses positives ou plus.


II. Notions communes aux drogues d’addiction
c. Le Système de Récompense
Le « circuit de la récompense » est constitué par plusieurs structures cérébrales qui
communiquent entre elles. Son fonctionnement permet d’associer une connotation «
positive » ou « négative » à nos comportements, à des degrés variables, afin de nous
encourager à les reproduire ou pas.
Ces différentes structures communiquent via des neuromédiateurs, en particulier la
Dopamine, parfois appelé de manière trop réductrice le « neuromédiateur du plaisir ».

De manière très simplifiée, ce circuit fonctionnerait de la façon suivante :


-Le duo Aire Tegmentale Ventrale (ATV)-Noyau Accumbens détermine le degré «
agréable » d’une expérience (on parle de valeur hédonique).
-L’amygdale attribue la connotation émotive de l’expérience en question (peur ou
colère par exemple)
- Le cortex préfrontal intervient dans la prise de décision et la planification qui
conduiraient à reproduire ou pas cette expérience, en fonction des informations
transmises par les autres structures.
-L’hypothalamus contrôle les effets physiologiques de l’expérience, notamment au
niveau du SN végétatif.
-L’hippocampe facilite la mise en mémoire du contexte lié à la prise de drogues, c’est-
à-dire notamment le lieu, les sensations ressenties et les comportements effectués lors
de l’expérience.
Ainsi, les drogues addictives produisent en général une élévation du taux de
dopamine dans le noyau accumbens, grâce à l’activation de l’ATV.
Cet effet sur le taux de dopamine peut cependant varier de façon importante suivant
la drogue considérée.
La sensation positive qui en résulte serait prépondérante lors des premières prises,
conduisant à reproduire les comportements amenant à une nouvelle prise.

Cependant, la mise en place d’une véritable addiction reposerait, d’après une


théorie récente, sur un « piratage » de la mémoire (Hyman, 2005).
En effet, le rôle de ce circuit est à la base de favoriser les comportements « vitaux »
pour l’individu et l’espèce : recherche de nourriture, reproduction, survie (par la fuite
ou le combat). Ce fonctionnement repose sur des structures pour certaines très
anciennes au niveau évolutif (ATV, Noyau accumbens notamment), et dont les effets
sont en grande partie inconscients.
Il permettrait ainsi de mettre en mémoire de façon très solide le contexte qui a permis
la réalisation de ces comportements, afin de les reproduire au mieux.
En agissant sur ce circuit, les drogues addictives conduirait à une mémorisation « hors
besoins vitaux » du contexte de prise de drogues, et donc à un « conditionnement »
de cette prise. C’est ce conditionnement qui conduirait à l’addiction proprement dite
et aux rechutes, très fréquentes pour les drogues qui stimulent fortement ce circuit de
la récompense.
: Dopamine
: Glutamate

ATV

Cortex Noyau
Préfrontal Accumbens

Amygdale
Hypothalamus

Hippocampe
Tous égaux devant l’addiction ?

D’après ce protocole, seul 17% des rats développent tous les symptômes
d’une véritable addiction, définie dans ce modèle suivant 3 critères :
- Persistance à rechercher la drogue, même si elle est inaccessible
- Résistance à la punition, c’est-à-dire aux conséquences néfastes de la
drogue (choc électrique ici).
-Très haut niveau d’effort pour obtenir le produit (« progressive ratio »).
II. Notions communes aux drogues d’addiction
d. STRESS et ADDICTION
II. Notions communes aux drogues d’addiction
d. STRESS et ADDICTION

Au début du processus d’addiction, lors des premières prises de drogue, c’est la


recherche de plaisir qui est prépondérante : on parle de renforcement positif.

Si une addiction s’installe, du fait du phénomène d’accoutumance, la drogue


produit de moins en moins d’effet. Elle devient alors nécessaire pour simplement
maintenir ou se rapprocher d’un état « normal », c’est-à-dire non désagréable ou
douloureux.

On parle alors de renforcement négatif : la prise de drogue est recherchée non


plus pour le plaisir qu’elle apporte mais pour faire diminuer le stress déclenché
par son absence.
II. Notions communes aux drogues d’addiction
d. STRESS et ADDICTION

Au niveau cérébral, on observe l’apparition d’une suractivation chronique de


certains réseaux de neurones, notamment au niveau de l’amygdale : les
neurones qui libèrent du CRF (corticotropin-releasing factor) en augmentant leur
activité, induisent un état «négatif » permanent qui est atténué par la prise de
drogue.

Cette théorie qui relie état de stress et addiction, est appelée théorie allostatique
(Koob et le Moal, 2008)
Un état allostatique peut être défini comme un état de modification chronique
du système de régulation par rapport à son niveau opérationnel normal
(homéostatique).
Cette théorie n’est pas forcément opposée à la théorie de « piratage » de la
mémoire évoquée précédemment, mais peut être complémentaire.

NB : malgré la validité de ces théories, les processus d’addiction ne sauraient se


limiter à des changements de concentration de dopamine dans certaines
structures cérébrales. D’autres neuromédiateurs peuvent intervenir, ainsi que des
structures qui ne font pas partie du circuit de la récompense. Les phénomènes
d’addiction sont complexes et échappent parfois à la logique de ces théories
(ex : tabac/plaisir sexuel).
Addiction et « Frustration » :
enregistrement de neurones dopaminergiques de l’ATV chez le singe
(Schultz et coll., Science, 1997).

Avant apprentissage : Augmentation


récompense inattendue d’activité des
neurones DA

Après apprentissage :
Maintien
récompense attendue d’activité des
neurones DA

Après apprentissage : Baisse


récompense attendue, d’activité des
mais non donnée. neurones DA
III. Les grands types de drogues

Notion de base : les drogues psychoactives ont un effet car leurs structures
moléculaires ressemblent à des substances naturellement présentes dans le
système nerveux, et/ou agissent sur les mécanismes d’action de ces
substances dites endogènes.

a. Neuroleptiques
b. Stimulants
c. Opiacés
d. Drogues dites « récréatives »
e. Antidépresseurs
f. Anxiolytiques
g. Alcool
L’addiction dépend du type de drogue et de l’âge de l’individu lors de la première
prise.

Degré d’addictivité des drogues Influence de l’âge de première prise


de drogue
III. Les grands types de drogues
a. Neuroleptiques
• Les neuroleptiques sont utilisés pour diminuer certains symptômes des maladies
mentales, en particulier la schizophrénie. Ils sont également désignés sous le nom
d’antipsychotiques.

• Historique :
Henri Laborit, 1952 : chlorpromazine. Test sur malades mentaux par Deniker et Delay.

• Pharmacologie/Neurobiologie : la plupart des neuroleptiques « classiques »


agissent sur le système dopaminergique, et en particulier en inhibant l’activité (on
parle d’antagonistes) des récepteurs à dopamine de type D2. Exemple : halopéridol.
Ces traitements engendrent de nombreux effets secondaires, et notamment des
symptômes moteurs de type parkinsonien : tremblements, rigidité…on parle de
syndrome extra-pyramidal.

Il semble en effet que la schizophrénie se traduise au niveau cérébral par une


hyperactivité du système dopaminergique, mais également par des
dysfonctionnements des systèmes glutamatergique et serotoninergique.
Ces deux derniers systèmes sont d’ailleurs les cibles des recherches visant à mettre
au point de nouveaux neuroleptiques.
III. Les grands types de drogues
b. Stimulants
1. Cocaïne et Amphétamines
1.1. Cocaïne
Historique :
- 3000 av. JC : amérindiens mâchent feuille de la plante Erythroxylon Coca (dite Coca).
- 1859 : identification du principe actif, la cocaïne, par Albert Niemann.

- 1868 : Vin Mariani :

- 1884 : utilisée comme anesthésique local pour les chirurgies oculaires. Freud recommande
son usage pour traiter diverses pathologies, notamment l’addiction à l’alcool et à la
morphine.
- 1885 : Pemberton : Coca-Cola.
- 1910 : interdiction.
- 1970 : reprise de la consommation suite à l’interdiction des amphétamines.
- 2000 : développement de la consommation du crack, forme purifiée et fumable de
cocaïne sous forme de cristaux vendus à bas prix.
1.2. Amphétamines

Historique :
- Ma-houang ou Ephedra, utilisé depuis au moins 5000 ans en médecine chinoise.
- 1887 : 1ere synthèse d’amphétamine.
- 1932 : commercialisation de la benzédrine comme traitement de l’asthme, puis utilisé
pour ses effets secondaires stimulants par travailleurs, étudiants, personnes souhaitant
perdre du poids…

- Largement utilisées pendant les différentes guerres comme « drogue de combat ».

- À partir de 1960 : mise en place progressive d’interdiction ou de délivrance sous


ordonnance.

- Actuellement : utilisées notamment pour traiter narcolepsie, hyperactivité. Sur le


marché clandestin : 30 millions d’utilisateurs de méthédrine.
Pharmacologie/Neurobiologie :
Cocaïne et amphétamines sont des inhibiteurs de recapture des
neuromédiateurs de type monoamines : dopamine, noradrénaline,
adrénaline et sérotonine.
Les amphétamines augmentent également la libération de ces
neuromédiateurs.
Système nerveux périphérique : Ces drogues font partie de la classe des
stimulants sympathomimétiques, du fait de leur action sur le système nerveux
sympathique.
Ces effets périphériques sont dus à l’action sur noradrénaline et adrénaline.
Pharmacologie/Neurobiologie :
Cocaïne et amphétamines sont des inhibiteurs de recapture des
neuromédiateurs de type monoamines : dopamine, noradrénaline,
adrénaline et sérotonine.
Les amphétamines augmentent également la libération de ces
neuromédiateurs.
Récepteur à
Dopamine
SANS Amphétamines/Cocaïne
Dopamine

++
Neurone
de l’ATV Neurone du
Noyau
Accumbens

Recapture de la
Dopamine
Récepteur à
Dopamine
AVEC Amphétamines/Cocaïne
Dopamine

++
Neurone ++
de l’ATV
++
Neurone du Noyau
Accumbens

Recapture de la
Dopamine
Système Nerveux Central : Ces drogues augmentent massivement la quantité de
dopamine dans le noyau accumbens, ce qui provoque notamment une sensation
de plaisir intense. Elles jouent également un rôle modéré sur l’humeur générale en
augmentant la quantité de sérotonine (5HT) dans la synapse.
Elles peuvent entraîner une addiction très puissante, avec de fréquentes rechutes.
Les effets du manque sont multiples : dysphorie (dépression, anxiété, anhédonie…),
insomnie, baisse d’énergie chronique…
III. Les grands types de drogues
b. Stimulants
2. Nicotine/Tabac
Historique :
- Tabac utilisé depuis au moins 3000 ans en Amérique.
- 15e siècle : Rapporté suite à expédition de Christophe Colomb.
- 16e siècle : Jean Nicot : introduction du tabac, comme plante médicinale, à la cour de Catherine
de Médicis
- 17e siècle : de nombreux pays (pas la France) le considèrent comme néfaste et châtient les
fumeurs.
- 1828 : identification du principal principe actif, la nicotine, par Posselt et Reimann.
- 2004 : 5500 milliards de cigarettes produites. 1.2 milliards de consommateurs dans le monde, 15
millions en France. Considéré comme responsable de 5 millions de morts/an dans le monde, dont
60 000 en France.
Pharmacologie/Neurobiologie :
La Nicotine se fixe sur les récepteurs à Acetylcholine (ACh), un neurotransmetteur très répandu
dans le système nerveux. On dit qu’elle est un agoniste cholinergique.
L’ACh est aussi le neurotransmetteur de la jonction neuro-musculaire, mais les effets psychoactifs
de la nicotine sont essentiellement dus à la présence de Récepteurs à ACh sur les neurones
dopaminergiques de l’ATV.
La prise de nicotine active l’ATV ce qui entraîne une augmentation de la libération de
dopamine dans le noyau accumbens.

Récepteur à
Dopamine
SANS Nicotine
Dopamine

Neurone
++
de l’ATV
++
++ Neurone du
Noyau
Accumbens
Récepteur à
Acétylcholine (Ach)

ACh
Pharmacologie/Neurobiologie :
La Nicotine se fixe sur les récepteurs à Acetylcholine (ACh), un neurotransmetteur très répandu
dans le système nerveux. On dit qu’elle est un agoniste cholinergique.
L’ACh est aussi le neurotransmetteur de la jonction neuro-musculaire, mais les effets psychoactifs
de la nicotine sont essentiellement dus à la présence de Récepteurs à ACh sur les neurones
dopaminergiques de l’ATV.
La prise de nicotine active l’ATV ce qui entraîne une augmentation de la libération de
dopamine dans le noyau accumbens.

Récepteur à
Dopamine
AVEC Nicotine
Dopamine

Neurone
de l’ATV ++
+ + du
Neurone
Noyau
++ ++ + +
Accumbens
Neurone du Noyau
Récepteur à Accumbens
Acétylcholine (Ach)

ACh
Nicotine
La désensibilisation à long terme des récepteurs ACh, induite par la fixation de la
nicotine, entraîne une baisse de l’effet de la prise répétée de tabac au cours de la
journée.
Le retour à un état « normal » durant la nuit explique l’effet maximal de la première
cigarette du matin.
Au niveau du système nerveux périphérique, la nicotine augmente le rythme cardiaque et
la pression artérielle via une action sur les neurones à noradrénaline et adrénaline.
L’addiction au tabac : un paradoxe ?
- Drogue potentiellement très addictive mais propriétés psychoactives modérées :
augmentation de l’éveil et donc de la concentration, euphorie légère, diminution du
stress et de l’anxiété, réduction de l’appétit. Pas de changement de l’état de
conscience, contrairement à alcool, cocaïne ou héroïne.
- raison de ce paradoxe inconnu : addiction au rituel ou effets d’autres substances
contenues dans le tabac ?
III. Les grands types de drogues
c. Opiacés

Historique :
- 3500 av JC : utilisation de l’opium en Mésopotamie (Irak) : suc de la plante Papaver
Somniferum.
- 1000 : traités médicaux européens, arabes, indiens, chinois : vertus très nombreuses.
- 16e siècle : invention du laudanum par l’alchimiste Paracelse.
- 1804 : Principe actif, la morphine, isolé par Serturner.
- 1832 : découverte de la codéine, dérivé de l’opium, par Robiquet.
- 1898 : Découverte par la société pharmaceutique Bayer de l’héroïne.
III. Les grands types de drogues
c. Opiacés
Pharmacologie/Neurobiologie :
- Les opiacés se fixent sur des récepteurs à endorphines, qui sont les
substances analgésiantes naturelles du système nerveux. On les appelle aussi
peptides opioïdes endogènes.
- On trouve ces récepteurs au niveau de la moelle épinière, où ils permettent
d’inhiber les messages douloureux transmis au cerveau.
- Dans le cerveau, on trouve ces récepteurs sur les interneurones qui inhibent
les neurones à dopamine de l’ATV.
- La fixation d’opioïdes sur ces récepteurs inhibe ces interneurones, ce qui en
cascade augmente l’activation des neurones de l’ATV et donc la quantité de
dopamine dans le noyau accumbens.
Récepteur à
Dopamine
SANS Opiacés
Dopamine

Neurone
++
de l’ATV

-- Neurone du
Noyau
Accumbens
Récepteur GABA

Récepteur à
GABA Endorphines

Interneurone
Récepteur à
Dopamine
AVEC Opiacés
Dopamine

Neurone
++
de l’ATV
++

-- Neurone du
Noyau
Accumbens
Récepteur GABA

Récepteur à
GABA Endorphines

---
Interneurone
---
Marquage des récepteurs à endorphines dans un cerveau de rat. Ces
Récepteurs ont été mis en évidence pour la première fois par Snyder en 1973.
III. Les grands types de drogues
d. Drogues dites « récréatives »

1. LSD (acide lysergique diethylamide)

Historique :

-1938 et 1943 : synthèse et test par Albert Hofmann


(laboratoire Sandoz) du LSD-25, à partir de l’ergot de
seigle.

- Années 50 : utilisation par psychiatres et militaires.

- Années 60 : utilisation se répand dans les milieux


hippies.

- 1966 : interdiction du LSD et de toutes les drogues


dites « psychédéliques ».
20 mn après 50 μg LSD- 85 mn 2h30 2h32
25

2h35 2h45 4h25 5h45 8h00


Pharmacologie/Neurobiologie :
-Le LSD présente une structure proche de la sérotonine (5-HT)
-Il active les récepteurs à 5-HT de type 2A : c’est un agoniste des récepteurs 5-
HT2A

- Ces récepteurs sont notamment localisés dans le cortex frontal et le thalamus, ce


qui explique l’effet du LSD sur le psychisme et les expériences synesthésiques qu’il
provoque.

- Cette stimulation des Récepteurs 5-HT2A entraîne également l’activation de


circuits glutamatergique et dopaminergique, ce qui peut expliquer respectivement
les symptômes de confusion mentale et d’euphorie.
2. MDMA (3,4-méthylènedioxyméthamphétamine) ou Ecstasy.

Historique :
- 1898 : découverte par Anton Köllisch
- 1912 : brevetage (laboratoire Merck), sans étude approfondie
- Années 50-60 : études menées par armée US.
- 1976 : « redécouverte » par Alexander (« Sasha ») Shulgin. Description détaillée de
ses effets.
- 1986 : mis sur la liste des stupéfiants en France
- Depuis 1990 : fort développement de son utilisation dans contextes festifs.
Pharmacologie/Neurobiologie :
-Le MDMA est un composé proche des amphétamines, dont il est dérivé.
-Par rapport à ces dernières, il agit beaucoup plus sur la 5-HT : c’est un puissant
inhibiteur de recapture de la sérotonine.

-Il produit donc des effets plus importants sur l’humeur, et reste globalement moins
addictif et moins toxique que les amphétamines.

-Son action combinée sur l’humeur, le sommeil et la quantité de glucose libérée


explique les états dépressifs et d’épuisement constatés après de multiples prises,
quand son effet se dissipe.

- Les dernières études suggèrent cependant d’importants effets neurotoxiques sur


le long terme.
Etude de TEP sur la présence de transporteur de la sérotonine chez les
usagers d’ecstasy en sevrage (McCann et al, 2005).
3. Cannabis

Historique :
Une seule espèce : Cannabis Sativa
-Originaire d’asie centrale, premières traces (fibres et cordes) en Chine 4000 ans av. JC
-Première description des effets : Inde (Ganja), 1500 av JC
-Chine 500 av JC : recommandé contre divers maux (constipation, douleurs, fièvre…)
-Usage psychotrope se développe d’abord en Inde (bhang), associé au culte de Shiva et
Kali.
-Implantation progressive au Moyen Orient. Invention du Haschisch (résine compressée) et
du kif (pollen).
-1090 ap JC : Hassan Ibn Sabbah : Hashishin (vient peut être de Haschich).
-Implantation en Europe pour usage médicinal.
-Retour des campagnes Napoleoniennes : usage psychotrope.
-1915 : début de l’interdiction aux Etats-Unis.
-1960 : explosion de la consommation dans les pays occidentaux
-Fin des années 80 : identification des récepteurs aux cannabinoïdes.
-Aujourd’hui : estimation à 170 milllions de fumeurs de cannabis dans le monde, drogue
illicite la plus répandue.
Pharmacologie/Neurobiologie :

- Cannabinoïdes endogènes : ex : anandamide : premier endocannabinoïdes


découvert (1992). Chaînes de lipides : passent facilement les membranes des
neurones.

Ce sont des messagers rétrogrades qui inhibent la libération de


neurotransmetteurs au niveau des synapses excitatrices (Glutamatergiques) ET
inhibitrices (GABAergiques)

-30 à 40 molécules cannabinoïdes dans la plante. Effets psychotropes surtout


dus au THC : delta-9-trans tetrahydrocannabinol.

-Action (agoniste) sur Récepteurs aux cannabinoïdes : récepteurs


présynaptiques CB1 (intestin, région génitale, cerveau). CB2 (globules blancs).

-Très grande quantité de récepteurs CB1 dans le cerveau. Récepteurs sensibles


à d’autres drogues : cocaïne, alcool. Action sur autres systèmes de
neuromédiateurs : effets multiples.
III. Les grands types de drogues
e. Antidépresseurs

Historique :
Jusqu’à années 50 : traitement de la dépression par électrochocs, cocaïne ou
amphétamines.
Début années 50 : effets secondaires de médicament contre la tuberculose
(Iproniazide)
50-60 : IMAO (dérivé iproniazide) et Tricycliques (dérivé du neuroleptique
chlorpromazine)
Années 70 : ISRS
En 2003, 66 millions de boites vendues en France.

Pharmacologie/Neurobiologie
IMAO : inhibiteur de la Monoamine Oxydase
Tricycliques : inhibiteur de recapture des monoamines
ISRS : Inhibiteur sélectif de recapture de la sérotonine
Peut-on développer une addiction aux antidépresseurs ?

Sujet encore controversé :


l’existence d’un syndrome de
sevrage chez certains patients est
avérée, mais la prévalence, la
durée et la sévérité de ce
syndrome est fortement discutée
au sein de la communauté
scientifique.

Des critiques pertinentes de


méthodologie de l’article de
Davies et Read (2019) ont été
mises en évidence, mais les conflits
d’intérêt des auteurs de certaines
publications (par ex. Jauhar et al.
dans Journal of
Psychopharm acology, 2019)
peuvent faire douter de leur
impartialité.
III. Les grands types de drogues
f. Anxiolytiques

Historique :
19e siècle : Bromure, hydrate de chloral.
Début 20e siècle : Barbituriques
Années 60 : benzodiazépines
Actuellement : mise au point de molécules plus spécifiques, ciblant des sous-types de
récepteurs GABA

Pharmacologie/Neurobiologie :
Barbituriques et benzodiazépines se fixent sur les récepteurs aux GABA (acide
gamma aminobutirique), et augmentent la durée ou la probabilité d’ouverture du
canal Chlore associé à ce type de récepteur.
III. Les grands types de drogues
g. Alcool

Historique :
Phénomène naturel : fermentation des fruits donne de l’alcool (éthanol).
Consommation régulière par l’homme depuis environ 10 000 ans : fermentation spontanée
(hydromel notamment).
Développement de l’agriculture : apparition de la bière et du vin (il y a environ 8000 ans).
Occident : Rareté de l’eau potable → consommation d’alcool plus saine car propriétés
antiseptiques.
Orient : utilisation moins répandue au bénéfice du thé notamment. Enzyme nécessaire au
métabolisme de l’alcool moins présente dans les populations asiatiques.
Consommation également pour apport en calories et minéraux
Utilisation comme antalgique.
700 après JC : invention de la distillation par alchimistes arabes → premiers alcools forts.
1100 après JC : la pratique de la distillation du vin se répand.
1500 après JC : alcool distillé considéré comme aliment, médicament et substance dangereuse.
18e siècle : début de la lutte de l’église contre la consommation d’alcool
19e siècle : Trotter et Rush : description scientifique des dégâts physiologiques causés par l’alcool
Quelques données sur la consommation d’alcool :
Estimation du nombre de consommateurs d’alcool en France
métropolitaine (12-75 ans)

Expérimentateurs Dont actuels Dont réguliers


(au moins une fois au (consommateurs dans (au moins 3
cours de l’année) l’année) fois/semaine)
42.4 millions 39.3 millions 9.7 millions
Source : OFDT, 2009

Consommation moyenne en France : 12.3 litres d’alcool pur par


Français et par an, soit l’équivalent de 150 bouteilles de vin ou encore
2,3 verres standard par jour.
La filière viticole a exporté pour 5.66 milliards d’euros. (Source : AFP)
Exemple d’évaluation de l’alcoolémie :
Après une consommation de 5 verres (chez une personne de corpulence
moyenne), l’alcoolémie atteindra 1g/litre. Il faudra environ 8 heures pour
la résorber, mais pendant 4 heures elle restera supérieure à 0.5 g/litre
(supérieure au seuil légal).
80 à 95% des personnes dépendantes à l’alcool sont aussi dépendantes
du tabac
(Source : SFA, 2006)
Repères de consommation de l’OMS :
-Hommes : pas plus de 21 verres/semaine
-Femmes (hors grossesse) : pas plus de 14 verres/semaine
-Pas plus de 4 verres par occasion
-Pas d’alcool dans l’enfance
-Au moins un jour/semaine sans aucune boisson alcoolisée
-Pas d’alcool pendant la grossesse
Pharmacologie/Neurobiologie
Action sur récepteurs de type GABA-A (post-synaptiques) et GABA-B (pré-
synaptiques), ainsi que sur plusieurs autres types de récepteurs (Glycine,
NMDA, 5-HT3), et sur les canaux calciques voltage-dépendants.
Les deux types de récepteurs GABA ont des effets opposés :
La fixation d’éthanol sur les récepteurs GABA-A augmente les PPSI, et
inversement pour les récepteurs GABA-B.
Source : « Le Cerveau à tous les niveaux »
(https://lecerveau.mcgill.ca/)
Source : « Le Cerveau à tous les niveaux »
(https://lecerveau.mcgill.ca/)
Cas particulier de la grossesse :
- GABA excitateur durant une partie du développement du fœtus (ions
Cl- plus concentrés dans milieu intra-cellulaire).
-Fonctionnement hépatique immature
-Syndrome d’alcoolisation fœtale : effet tératogène (malformations),
dysmorphie crânio-faciale, retard mental, immuno-dépression.
Conséquences définitives.
IV. Addiction sans drogues

Aviel Goodman (1990) : toutes les addictions auraient une origine ou un


mécanisme commun.

Comportements concernés (liste non exhaustive)

troubles de l’alimentation, jeux (video, d’argent), cyberaddiction,


kleptomanie, sport intensif, travail, sexe, crime (tueurs en série)…

Problèmes pour étudier les mécanismes de ces pathologies

-Patients peuvent être dépendants de susbtances addictives:


« multiaddiction »
-Difficultés d’élaboration de modèles animaux.
-Identification des patients.
-Prise en compte récente de l’aspect pathologique de ces comportements
-…
Un exemple d’addiction sans drogues : Le Jeu Pathologique (JP)

Définition :
Pratique d’un jeu de façon persistante et incontrôlable amenant à des
conséquences psychosociales délétères.
Source : L’aide-mémoire d’addictologie, sous la direction d’A.Morel, Ed. Dunod, 2010
Source : L’aide-mémoire d’addictologie, sous la direction d’A.Morel, Ed. Dunod, 2010
TEST SOGS : South Oaks Gambling Screen
(Lesieur et Blume, 1987, traduction française : Lejoyeux, 1999)

Exemples de questions :
1. Indiquez s’il vous plaît auquel(s) des jeux suivants vous avez déjà joué
dans votre vie.
Pour chaque type de jeu, choisissez l’une des réponses proposées :
Jamais / Moins d’une fois par mois / Une fois ou plus par mois / Une fois par
semaine / Plus d’une fois par semaine

2. Quelle est la somme la plus importante que vous avez déjà jouée en une
seule journée ?
3. Certains membres de votre famille ont-ils eu des problèmes de jeu ?

4. Quand vous jouez, à quelle fréquence retournez-vous jouer le lendemain


pour essayer de gagner à nouveau l’argent perdu la veille ?

5. Avez-vous déjà annoncé à tort que vous aviez gagné de l’argent, alors
qu’en réalité vous n’aviez pas gagné ?
10. Avez-vous déjà ressenti l’envie d’arrêter de jouer et avez-vous pensé
que vous n’y arriveriez pas ?
Un exemple de classification des joueurs pathologiques
(Iancu et al., 2008)

1. Les joueurs de type « impulsif » : 25 à 35%. Jeunes adultes hommes pour la


plupart.Comportements de prise de risque élevée. Troubles du contrôle des
impulsions. Fréquemment : déficits attentionnels avec hyperactivité, conduites
addictives (alcool..).

2.«Obsessionnel-compulsif» : 10% environ. Femmes principalement.Comportement


de jeu pathologique en réponse à un traumatisme psychologique. Fréquents
troubles anxieux et affectifs.

3. « Addictif » : 50 à 60%. Sévérité du comportement de jeu est modérée (petits


montants). Essentiellement des hommes. Taux élevés d’avus ou de dépendance
à l’alcool.
Principaux modèles explicatifs (Bonnaire, 2009)

• Psychanalyse. Bergler (1963) définit le joueur comme « un névrosé


habité par le masochisme moral et le besoin inconscient
d’autopunition ».

• Modèle centré sur le comportement et les cognitions du joueur.


Explique la dépendance par un conditionnement. Renforcement : gain
d’argent.

• Modèle bio-psycho-comportemental. Joueur recherche les


sensations (« rush »). Associé à des troubles du contrôle des impulsions.

• Modèle neurobiologique. Mécanismes et structures impliquées


similaires à ceux des addictions aux drogues.
Le Jeu Pathologique présente de nombreuses caractéristiques communes
avec l’effet des drogues addictives :

-Augmentation de la fréquence de la pratique

-Baisse de la sensibilité aux effets, attestée par la baisse de la réponse dans


le striatum ventral et le cortex préfrontal.

-Augmentation de la réactivité aux indices liés au jeu.

-Perturbations de la prise de décision et des fonctions cognitives supérieures.

-Augmentation de la concentration de dopamine dans le sang des patients


lors du jeu.

Ces similarités expliqueraient le développement de cette pathologie chez le


patient au cours du temps, ce qui serait moins flagrant dans les troubles de
l’impulsivité.
Un autre d’exemple d’addiction sans drogue : l’addiction au sexe.

- Reconnue comme pathologie en Amérique du Nord mais pas en Europe.

- Doit être différenciée des troubles des fonctions sexuelles et des


perversions sexuelles ou paraphilies (exhibitionnisme, pédophilie), ces
dernières pouvant également comporter une dimension addictive.

- N’implique ni déviation dans le choix d’objet ni dans le mode des


pratiques sexuelles.
- Abus, dépendance compulsive à l’acte sexuel qui devient le centre de
l’existence, prend le pas sur les autres investissements sans apporter de
réelles satisfactions.

- Il existerait deux phases dans cette addiction : une où le sujet pense réussir
à reprendre seul le contrôle et une où il a conscience qu’il ne peut y arriver
et qui caractérise l’addiction. (Valleur, Matysiak, 2003).

Source : L’aide-mémoire d’addictologie, sous la direction d’A.Morel, Ed. Dunod,


2010
Deux types de sujets (en majorité des hommes) :
-les uns proches de l’addiction à l’amour, les « serials lovers » : répétition
forcenée d’aventures sexuelles.
-Les autres ayant des conduites masturbatoires répétées lors de
consultations envahissantes de sites pornographiques (Matysiak, 2007).

Source : L’aide-mémoire d’addictologie, sous la direction d’A.Morel, Ed. Dunod,


2010
Peu de données sur cette pathologie jusqu’à présent : études encore
majoritairement au stade théorique.

Etat des connaissances actuel :

- Addiction souvent associée à des troubles de l’humeur (dépression), de


l’anxiété, et des comportements obsessionnels compulsifs.
- Comportement paradoxal par rapport à la majorité de la population :
épisodes dépressifs ou anxieux entraîneraient une augmentation de
l’excitation sexuelle.

Source : « Sexual Behavior that is ‘‘Out of Control’’: a Theoretical Conceptual


Approach. Bancroft A. Psychiatric Clinics of North America, 2008. »
3 types de mécanismes possibles :
- Recherche de relation sexuelle pour satisfaire des besoins émotionnels et se
rassurer : augmentation de l’estime de soi en se sentant désiré.

- Activité sexuelle (relation ou masturbation) pour détourner son attention


des pensées dépressives ou anxieuses.
- Conditionnement : association entre humeur négative ou anxieuse et
excitation sexuelle.

Caractéristiques communes avec addictions aux drogues :


- Échecs répétés des tentatives d’arrêt de ces comportements
- Persistance du comportement malgré les conséquences négatives sur la
vie et l’entourage du patient.

Traitement : psychothérapie et ISRS.


V. Traitement des addictions

But : cesser ou réduire sa consommation ou le comportement addictif.


Paramètre clé : la motivation du patient

Prise en charge psychologique :


Psychothérapie, psychanalyse, thérapie cognitivo-comportementale
(TCC). Associations (Alcooliques anonymes…)

Traitement pharmacologique :
• Produit de substitution (ex : méthadone)
• Antidépresseurs et/ou anxiolytiques (Baclofène pour addiction à l’alcool
et à la cocaïne),
• Action sur les symptômes (acamprosate pour alcoolisme)
• Action sur circuit de la récompense : naltrexone

NB : l’efficacité de ces traitements pharmacologiques dépend des


patients, et est globalement insuffisante.
Quelques types de molécules utilisées ou à l’étude pour le
traitement de l’alcoolisme :

RO 15-4513 (imidazobenzodiazépine)

Effet inverse de l’éthanol et des benzodiazépines

Inverse les effets de l’éthanol chez les rats

Anxiogène et proconvulsant

Flumazenil (antagoniste imidazobenzodiazépine)

Capacité à réduire tolérance et dépendance

Efficace pour diminuer l’anxiété et les convulsions liées au sevrage

Diminue les comportements agressif liés a l’alcool chez les rats et les
singes
Acamprosate :

traitement récent

Permet de maintenir l’abstinence chez les patients qui arrêtent de


boire

Structure similaire au GABA, interagit avec les récepteurs pré-


synaptiques GABA-B, augmentant ainsi la libération de GABA.
Conseils généraux pour les révisions :

Pour mémoriser de façon optimale, il faut être dans une démarche active
d’appropriation des connaissances. Cela commence évidemment par essayer de répondre
aux nombreuses questions que je pose pendant les séances, mais pour celles et ceux qui n’ont
pas fait cet effort, il est trop tard pour cela. Il n’est en revanche pas trop tard pour appliquer
une bonne méthode pour vos révisions :

• Une fois que vous avez revu suffisamment le cours, partez d’une feuille blanche et rédigez
tout ce que vous savez ou pensez savoir sans vos notes. Si le résultat n’est pas satisfaisant, que
ce soit en termes de connaissances ou de structure, rev enez à vos notes, en essayant cette
fois de mémoriser en fonction de vos lacunes.

• Une fois que vous arrivez à rédiger un contenu suffisamment complet et structuré, travaillez
en groupe, interrogez-vous les uns les autres. La personne qui répond doit être
capable d’expliquer la notion demandée de façon compréhensible à quelqu’un qui n’a
pas suivi le cours. Evidemment, cela n’est utile que si la personne qui écoute votre réponse
n’est pas trop indulgente. Si vous êtes capable de cela, tout devrait très bien se passer le jour
de l’examen.

• Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me solliciter par email (bruno.truchet@univ-
amu.fr), en faisant en sorte de poser des questions précises, et de me laisser un délai
raisonnable pour répondre.
Conseils généraux pour l’examen écrit :

• Avant toute chose, lisez de multiples fois le sujet, en vous assurant d’avoir saisi l’intégralité des points
essentiels

• L’élaboration d’un brouillon est impérativ e. Il ne faut jamais commencer à rédiger directement sur la copie
d’examen. Ce brouillon sera en particulier essentiel pour définir la structure de votre copie. Il s’agit donc de
s’assurer non seulement d’avoir couvert l’intégralité des points à développer, mais aussi que les idées et les
différentes parties s’enchaînent logiquement (voir un exemple dans la correction d’un ancien sujet ci-après).
Une copie présentant tous les points essentiels, mais rédigée de façon désordonnée, sans logique
apparente, sera nettement sanctionnée au niveau de la note.

• Les connaissances exposées dans votre copie doivent être clairement mises en relation avec le sujet.
Autrement dit, décrire vos connaissances du cours sans montrer en quoi elles répondent au sujet n’est
évidemment pas satisfaisant. Par exemple, dans l’exemple de sujet ci-après, commencer immédiatement
votre copie en décriv ant le système (ou circuit) de récompense, sans même expliquer pourquoi vous
décrivez ce système, sera également sanctionné au niveau de la note.

• Vous pouvez utiliser des acronymes, mais à condition de donner le nom complet et l’acronyme entre
parenthèses lors du premier emploi du terme considéré. Par exemple : « Aire Tegmentale Ventrale
(ATV)». Vous pouvez alors employer cet acronyme pour le reste de la copie sans remettre le nom complet.

• La copie doit être véritablement rédigée, sans emploi de style télégraphique, à l’exception de liste d’items,
par exemple une liste de structures cérébrales.

• La qualité de la rédaction, de l’orthographe et de la grammaire, sera prise en compte (sauf pour les
étudiant.e.s justifiant d’un handicap, tel que la dysorthographie, et qui bénéficient donc d’un tiers-temps).

• Il est fortement conseillé de faire des phrases relativement courtes, pour des raisons évidentes de clarté.

• Gardez un temps en fin d’examen pour relire attentiv ement votre copie, notamment pour s’assurer
que vos phrases sont complètes, compréhensibles et lisibles.
Correction (succincte) d’un ancien sujet d’examen :

Sujet :

Dans le livre « Drogues et Cerveau » de S. Horel et J.P. Lentin (2005, ed. du


Panama), on trouve l’anecdote suivante :

« …un américain qui avait vécu plusieurs années à Paris y était devenu
héroïnomane. Rentré à New York, il arrête l’héroïne. Deux ans plus tard, retour à
Paris. Soudain, en passant devant une bouche de métro, il éprouve une
profonde sensation de manque. Il avait l’habitude de s’injecter son héroïne
dans les bouches de métro… »

Quelle théorie des addictions explique que, longtemps après sa dernière prise de
drogue, cet écrivain ait ressenti le besoin d’en reprendre ? Expliquez cette
théorie, en détaillant les structures cérébrales impliquées.
Points essentiels de la correction (en italique les points de cours à décrire).

Dans la mesure où cette personne a arrêté sa consommation de drogue depuis deux ans, on
peut d’emblée écarter un phénomène à court terme pour expliquer la sensation ressentie.
Même dans le cas de l’héroïne, les symptômes les plus évidents d’un manque de
drogue s’estompent quelques jours après l’arrêt des prises. Nous sommes donc bien ici
en présence des conséquences de modifications à long terme du fonctionnement cérébral
engendrées par des prises de drogue fréquentes et répétées, dans un contexte d’addiction.

Une addiction se définit, suivant Goodman (1990), comme suit (ici, donnez la définition de
Goodm an donnée en cours).

Une addiction se met en place, au niveau cérébral, du fait de l’action des drogues sur le
système de récompense. Le rôle de ce système de récompense est de (ici, décrire le rôle
donné en cours).

Ce système repose sur un circuit mettant en jeu plusieurs structures cérébrales, qui
fonctionnent en synergie de la façon suivante : ici, décrivez les structures cérébrales du
systèm e de récom pense, ainsi que leurs rôles respectifs.

Or, suivant la théorie d’Hyman (2005), les drogues addictives « piratent » ce système de
récompense, entraînant une mémorisation « hors besoin vitaux » du contexte de prise de
drogues. Du fait de son addiction, cet américain a mémorisé à long terme le contexte de prise
de drogue, en l’occurrence les bouches de métro parisien. Ainsi, même longtemps après avoir
cessé de consommer de l’héroïne, la mise en présence du contexte mémorisé deux
ans auparavant réactive le souvenir de la prise de drogue, et déclenche une sensation de
manque et d’envie de reprendre de l’héroïne.
ATTENTION :

1. Si vous évoquez un système ou une théorie, il ne suffit pas de citer son nom. Vous devez
donner tous les détails nécessaires pour comprendre ce que ce système ou cette théorie
recouvre.
Par exemple, dans le cas du système de récompense, il ne faut pas se contenter de le
nommer et même de décrire son rôle : il faut aussi détailler les structures cérébrales impliquées
et leurs fonctions.

2. Vous pouvez décrire le fonctionnement de la drogue au niveau synaptique, tel que vu en


cours, mais cela n’est nécessaire que si cela est clairement demandé dans le sujet.

3. Ne perdez pas de vue que les addictions sont des phénomènes complexes, dont le
fonctionnement varie beaucoup d’un individu à l’autre. Il s’agit donc de ne pas avoir
une approche de fonctionnement « automatique », mais une vision plus subtile. Par exemple,
dans le cas du sujet décrit ici, il sera bon de préciser que ce n’est pas parce que la personne a
ressenti ce manque qu’elle va pour autant recommencer à consommer de l’héroïne. Cela
dépendra de la façon dont elle a réussi à se désintoxiquer et à arrêter à prendre de la
drogue, de son équilibre psychique et des outils cognitifs qu’elle a mis en place pour éviter les
rechutes etc..

De même, la théorie allostatique peut être plus adaptée pour expliquer certains phénomènes
liés aux addictions, ou venir en complément de la théorie du « piratage » de la mémoire
d’Hyman.
Le mot de la fin à Keith Richards…

Bonne chance pour vos


examens…et pas de drogues
pendant les révisions !

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