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École de Somatothérapies et de Sophrologie Appliquées

115 avenue de Grammont 37000 TOURS


112 rue de Turenne 75003 PARIS

MODULE N°3

Madame, Monsieur,

Pour le module n° 3 vous devez répondre aux questions suivantes :

Pourquoi est-il utile d’introduire des concepts analytiques dans


la pratique sophrologique ?

Quelles sont les qualités indispensables que doit avoir le


sophrologue pour répondre au mieux à la situation
thérapeutique de la sophrologie ?

Pour répondre à ces questions, je vous conseille de lire les livres cités dans la
bibliographie.

Restant à votre disposition, veuillez agréer, Madame, Monsieur l’expression de nos


sincères salutations.

William BONNET & Collaborateurs

MODULE N° 3 1 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


MODULE N° 3

SOPHROLOGIE ET METHODES DECOUVRANTES

LA PSYCHANALYSE :

1.HISTORIQUE:
La psychanalyse est une méthode de traitement des troubles psychiques inventée
par FREUD (1856-1939) reposant essentiellement sur l’interprétation des
résistances, c’est à dire sur tout ce qui s’oppose à la libre association d’idées, au
progrès de la cure et enfin sur le « transfert ».

Il s’agit à la fois d’une méthode thérapeutique et d’un système psychologique.

Elle consiste en l’interprétation des rêves, propos spontanés, actes manqués d’un
individu en vue d’explorer son inconscient et spécialement de déceler les complexes
psychiques.

FREUD est né le 6 mai 1856. Très doué, il fait des études brillantes et devient interne
en médecine. Il se spécialise dans les maladies nerveuses.

En 1885, il se rend à Paris pour suivre les cours de psychologie de CHARCOT à la


Salpêtrière. Il travaille sur la maladie hystérique.

En 1889, Il travaille avec BERNHEIM à Nancy. La mode est alors de traiter les
patients par hypnose, cependant les effets thérapeutiques de cette méthode sont
insuffisants.

FREUD retourne à Vienne où il entreprend une étude sur l’hystérie en collaboration


avec BREUER. Dans cette étude, il cite le cas d’une jeune fille atteinte de troubles
hystériques: Anna O.

Cette jeune fille voyait ses troubles disparaître après hypnose lorsqu’on l’amenait à
exprimer ce qu’elle ressentait tout en y associant des souvenirs. Il parut alors évident
à FREUD qu’il y avait un lien entre certains souvenirs plus ou moins pénibles ou
traumatisants et les symptômes, et que la « cure parlante » rétablissait ce lien dont
l’ignorance était complète pour la pensée consciente de la malade.

FREUD avait remarqué que les souvenirs en rapport avec les troubles remontaient
souvent à l’époque de l’enfance.

Ces souvenirs réactivent des états affectifs vécus alors, puis oubliés.

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Ces réviviscences aboutissaient à la disparition des symptômes.

FREUD concluait que c’était la nature habituellement inconsciente de ces souvenirs


qui entraînait leur caractère pathologique, en les transformant en symptômes de
« conversion ». En fait, les souvenirs pénibles oubliés et refoulés sont véhiculés par
le corps sous la forme de troubles somatiques.

FREUD travaille cinq ans avec BREUER sur les malades traités par la méthode
cathartique sous hypnose. A partir de 1885, il travaille seul en abandonnant
l’hypnose parce qu’elle semble dissimuler des faits importants, en particulier celui du
« transfert ».

Après la suggestion à l’état de veille, il met au point la méthode dite des


« associations libres » à laquelle, il donne le nom de « psychanalyse ».

FREUD publie ses découvertes:

• L’importance du rêve et de son contenu latent et manifeste,


• Les actes manqués
• Les pulsions sexuelles
• L’opposition entre le principe de plaisir et le principe de réalité.

Malgré l’hostilité de certains milieux viennois antisémites ou choqués par les


révélations avant-gardistes sur l’importance de la sexualité dans l’étiologie des
névroses, la renommée de FREUD s’étend dans toute l’Europe.

Il définit en 1920 sa nouvelle conception de l’appareil psychique:

• Ca
• Moi
• Surmoi

Contraint de rejoindre Londres suite à l’occupation de Vienne par les Nazis, FREUD
meurt d’un cancer le 23 septembre 1939.

2. CARACTERISTIQUES DE LA METHODE:
Du point de vue théorique, FREUD a abandonné l’hypnose et la suggestion préférant
inciter le patient à parler aussi librement que possible de façon à laisser émerger
images et sentiments refoulés dans l’inconscient.

La cure analytique implique dans un premier temps le diagnostic d’un trouble de


l’affectivité.

Pour éviter toutes suggestion, le psychanalyste tourne le dos au patient et l’aide à


exprimer tout ce qui lui vient à l’esprit.

La cure peut être longue et durer plusieurs années.

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Sa finalité est de déceler au travers des résistances:

• Des transformations symboliques dues à la censure et aux angoisses qu’elle


provoque,
• Le traumatisme initial qui est à l’origine des problèmes actuels
• La prise de conscience de ces événements

Puis elle procède par l’activation du moment cathartique, moment libérateur du


psychisme du patient.

En résumé
Les symptômes des névroses sont causés par des souvenirs inconscients
Ces souvenirs peuvent remonter à des périodes très reculées de l’enfance
L’association libre qui a pour objet de faire revenir à la conscience les souvenirs
oubliés se heurte pendant la cure à une résistance du patient, à des blocages, à des
refus d’associer
Cette résistance témoigne d’un refoulement de certains souvenirs
La résistance est la répétition de ce refoulement qui remonte à l’enfance
C’est ce refoulement qui est à l’origine des symptômes, ces derniers étant
l’expression de celui-là.
La psychanalyse met donc en évidence le pouvoir d’une activité inconsciente de
l’esprit.

Cependant, la notion d’inconscient ne concerne pas seulement les individus atteints


de névroses. Chez les sujets les plus normaux, on peut constater des faits qui
expliquent l’existence d’une activité inconsciente:

- Les oublis,
- Les lapsus,
- Les actes manqués,
- Les distractions,
- Les troubles de la mémoire ...

De même, on peut constater dans les rêves l’expression symbolique d’ un désir dont
la satisfaction normale est impossible ou non-acceptée.

La censure, affaiblie dans le rêve mais néanmoins présente intervient pour que le
fantasme de satisfaction (contenu latent) se présente sous un « déguisement » ou
forme symbolique, (le contenu manifeste.)

Enfin,dans les cas pathologiques, le contenu de la névrose (symptôme) s’impose de


façon pénible à la conscience du sujet qui en ignore le sens et la traduction.

Exemple:
Dans la névrose obsessionnelle le besoin d’accomplir certains actes rituels quand la
conscience se trouve assiégée d’impulsions génératrices d’angoisses
insupportables.

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3. LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA PSYCHANALYSE:

1) Le principe de constance:
Il désigne la tendance de l’organisme à réduire les tensions en les ramenant au
niveau le plus bas, le plus contant possible.

La fonction de l’appareil psychique est de chercher à réduire les excitations, afin de


se trouver devant un minimum de nécessité d’adaptation aux situations nouvelles. Le
principe de constance relève du principe d’homéostasie.

2) Le principe de plaisir:
Il est une conséquence du principe de constance. Il s’agit d’une tendance qui pousse
l’individu vers la satisfaction de ses désirs afin d’éprouver du plaisir. C’est une
énergie destinée à maintenir une certaine excitation dans l’appareil psychique.

3) Le principe de réalité:
Tendance qui régule la vie psychique par laquelle le sujet est obligé de confronter
son monde fantasmatique à la réalité. Par ce principe, l’individu accepte des
souffrances, refuse une charge agréable pour éviter une souffrance plus grande ou
gagner du plaisir supérieur. FREUD rattache au principe de réalité le développement
des diverses formes de la culture: les religions, la science, l’éducation, l’art.

4) La compulsion de répétition:
Elle nous fait rentrer dans le domaine pathologique ou, plus précisément, dans le
domaine de la névrose obsessionnelle. Dans cette difficulté, le sujet ressent la
nécessité intérieure d’accomplir des actions très variées afin d’atténuer un niveau
d’angoisse plus ou moins important. Ce phénomène est assez répandu. Il s’agit
d’une véritable pulsion dont le sujet ressent à la fois l’inutilité et la nécessité. La
compulsion de répétition porte le sujet à la répétition des expériences fortes. A cette
compulsion de répétition, s’ajoute la notion de résistance au changement des
habitudes acquises. Ainsi, la recherche de plaisir et le besoin de satisfaction se
trouvent corrigés par l’idée de répétition.

4.LES STADES DE DEVELOPPEMENT


LE STADE ORAL : 0 à 1 AN
Il se décompose en deux stades:
A - PHASE DE SUCCION ( 0 à 6 mois)
Le plaisir éprouvé par la succion se satisfait par étayage ( auto-conservation).
B - PHASE DE MORSURE ( 6 à 12 mois)
Caractérisé par la poussée des dents et l’apparition d’ambivalence.
LE STADE SADIQUE-ANAL : 1 à 3ans
Les excitations provenant de la zone anale viennent à la fois de l’expulsion et de la
rétention des selles. Durant ce stade, le monde extérieur est vécu comme un
obstacle. C’est le début de l’ambivalence : amour haine, sadisme masochisme. Les
rétentions fécales traduisent l’opposition aux adultes. L’expulsion traduit le cadeau, la
soumission aux adultes. C’est à partir de l’excitation anale que va débuter
l’organisation de la libido. Le surmoi se construit lors du stade sadique-anal.
LE STADE PHALLIQUE : 3 à 6 ans
C’est le stade transitoire entre:

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- une organisation des pulsions sexuelles prégénitales des stades oral et anal
- une organisation génitale adulte.
Les pulsions s’organisent autours du phallus. Ce stade se caractérise par :
- opposition activité passivité qui se transforme vers la recherche du phallus
- déclin du complexe d’Oedipe marqué par l’angoisse de la castration
LE COMPLEXE D’OEDIPE
A - Chez le garçon: lorsqu’il ressent les premières sensations produites par son
organe sexuel, il devient amoureux de sa mère car il souhaite la posséder
physiquement. Il considère son père comme un rival. L e complexe d’Oedipe est
détruit par le complexe de castration. L’identification au père l’aide à refouler ce
complexe.
B - Chez la fille : le processus commence lorsqu’elle s’aperçoit de son infériorité
( absence de pénis) par rapport au garçon. Les principales étapes de cette voie sont:
- sous l’influence de l’envie du pénis, la fille se détache de la mère à laquelle elle
reproche de l’avoir mise au monde si mal pourvue.
- puis l’envie du pénis trouve un substitut dans l’envie d’avoir un enfant et la fille
prend dans ce but le père comme objet d’amour.
- dès lors, elle s’identifie à la mère et veut la remplacer auprès du père.
LE COMPLEXE DE CASTRATION
A - Chez le garçon :
Le garçon est fier de son organe surtout lorsqu’il se rend compte qu’il est inexistant
ou pas encore formé chez la fille. La menace de castration se manifeste en fonction
du pouvoir magique qu’il donne à ses parents de donner ou de supprimer le phallus.
Ainsi ayant admis la possibilité de la castration, il renonce à sa sexualité et à la
possession de sa mère.
B - Chez la fille :
Lorsqu’elle voit l’organe masculin, cela déclenche en elle le complexe, elle a envie
du phallus. Il y a alors deux possibilités:
- soit cette envie peut subsister
- soit elle trouve son équivalent symbolique dans le désir d’avoir un enfant, ce qui
conduit à la fille à choisir le père comme objet d’amour.
PERIODE DE LATENCE: 6 ans à la puberté :
La période de latence se situe entre le stade phallique et la puberté qui marque le
début de l’adolescence, vers l’âge de 5-6 ans et va prendre fin vers 12-13 ans. Le
début de cette phase correspond à la RESOLUTION DU COMPLEXE D’ OEDIPE.
Chez le garçon, elle correspond au COMPLEXE DE CASTRATION. Chez la fille, elle
correspond au renoncement d’avoir un enfant du père. L’enfant renonce à l’Oedipe et
SES MECANISMES DE DEFENCE s’organisent autour du mécanisme de
sublimation. Durant cette période, il y a déclin de la sexualité, les sentiments se
désexualisent, la croissance physique se fait d’une façon harmonieuse. Sur le plan
topique, il y a RAFFINEMENT DU SURMOI par intégration dans l’inconscient des
interdits parentaux. La phase de latence se caractérise également par les
MECANISMES D’IDENTIFICATION, lesquels vont permettre l’élaboration de l’idéal
du moi. L’enfant développe ses CAPACITES COGNITIVES. Les MECANISMES DE
REFOULEMENT sont importants:
-apparition de la pudeur
- formation de groupes d’enfants de même sexe
- accentuation des différences sexuelles.
Mais le mécanisme le plus important est celui de la SUBLIMATION : celle-ci consiste
à substituer au but et à l’objet sexuel primitif de la pulsion de nouveaux buts et de

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nouveaux objets plus admirables par la société. Si les mécanismes de sublimation
sont insuffisants, il peut y avoir développement de névroses. Si elle est déterminée
pour l’essentiel par la résolution des conflits de la période œdipienne, l’adolescence
l’est aussi et notamment dans sa dimension sociale par le bon déroulement de la
période de latence, phase essentielle des acquisitions socioculturelles de l’individu.
L’ADOLESCENCE : 12-18 ans
Période qui suit la période de latence qui va de l’age de 12 ans à 18 ans : elle se
traduit au niveau physiologique par la crise pubertaire, modifications morphologiques
importantes, l’activité sexuelle devient possible. LE TABOU DE L’ INCESTE aboutit
au choix d’un objet sexuel extérieur à la famille. Il y a réactivation des pulsions
sexuelles:
- réapparition du CONFLIT OEDIPIEN
- conflits relationnels.

Chez le garçon:
Il y a IDENTIFICATION AU PERE très importante puis opposition à celui-ci, le garçon
cherche à s’allier à sa mère contre le père.
Chez la fille:
Il y a IDENTIFICATION A LA MERE avec une tendance à la séduction du père. Puis
la fille s’oppose aux deux parents.

Cette évolution aboutit en principe à la STRUCTURATION D’UN MOI ET D’UN


SURMOI AUTONOMES. LA CRISE est un processus dynamique interactif qui remet
en cause la structure familiale.

Pathologies de l’adolescent :
- fugue
- tentatives de suicide
- troubles névrotiques : phobies scolaires, dysmorphophobies
- bouffées délirantes
- la schizophrénie débute souvent à cette période
- toxicomanie
-alcoolisme
- anorexie

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L’ENTRETIEN CLINIQUE : MODE D’EMPLOI

CHAPITRE 1 : DEFINITION DE LA METHODE


Après s’être affranchie de la philosophie à la fin du 19ème siècle et de l’introspection,
la psychologie va tendre vers le modèle de la physique et va revendiquer la notion
d’expérience comme garant de sa rigueur. Puis ce qui deviendra sa méthode clinique
va différencier très progressivement de la méthode médicale mais aussi de la
méthode psychanalytique.

L’expression « psychologie clinique » est ancienne, FREUD l’a utilisée pour la


première fois au moment où il rédigeait le chapitre sur la métapsychologie des rêves.

En France, le psychiatre JANET a tenté au début du 20ème siècle d’imposer une


démarche clinique spécifique au sein même de la psychiatrie. Cette entreprise
novatrice fut contrainte de faire face aux résistances imposées par le modèle
expérimental et physiologiste. Dans ses débuts, la psychologie clinique dut faire face
aux théories purement scientifiques et imposer la dimension humaine dans l’acte
thérapeutique.

Daniel LAGACHE philosophe, psychiatre et psychanalyste publie un livre en 1949


intitulé « Psychologie clinique et méthode clinique ». Juliette FAVEZ-BOUTONNIER
crée à la Sorbonne le premier Laboratoire de psychologie clinique en 1959. Elle
donne cette année là un cours intitulé « la psychologie clinique : objet, méthode,
problème ». Elle complétera et précisera les concepts définis par LAGACHE.

Étymologiquement, le terme clinique vient du grec kliné, c’est donc une méthode
qui s’exerce auprès du lit du malade. Ce terme a d’abord été employé en médecine
pour désigner une activité double : interroger le malade (symptômes subjectifs),
l’examiner (symptômes objectifs) et confronter les deux séries de symptômes.

Chronologiquement, la démarche associe donc un diagnostic, un pronostic et un


traitement. On utilise le terme de clinique par opposition à celui de para clinique qui
désigne les autres sources d’informations du médecin : radiologie, scanner etc...

La démarche clinique part donc de la médecine pour s’étendre à la psychologie.

En 1949, LAGACHE proposait la définition suivante : la psychologie clinique est une


discipline fondée sur une méthode : l’étude approfondie des cas individuels ou plus
précisément l’étude de la conduite humaine individuelle et de ses conditions
(hérédité, maturation, conditions physiologiques et pathologiques, histoire de la vie)
en un mot, l’étude de la personne totale en situation.

Pour LAGACHE (1949) puis ANZIEU (1974), la méthode clinique est applicable à
l’homme isolément, qu’il ait des conduites dites normales ou pathologiques ; c’est-à-
dire qu’elle est l’étude de la conduite humaine adaptée et inadaptée. Pour ANZIEU, il

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n’y a pas de différence de nature entre le normal et le pathologique, il n’y a qu’une
différence de degré.

L’objet de la psychologie clinique est constitué par l’étude et la compréhension de


sujets singuliers et de leur conduite.

Deux séries d’éléments méthodologiques doivent être croisés :


 Évaluer une conduite, une personnalité, dans sa singularité, sa spécificité,
son contexte, en un mot : comprendre le sujet.
 Analyser l’engagement de l’observateur.

L’unité de la méthode est constituée par l’existence d’un objet spécifique : le conflit
psychique.

En 1974, ANZIEU montre que la méthode clinique repose sur trois postulats :

 Dynamique : tout être humain est en conflit avec le monde, avec les autres,
avec lui-même, l’homme adapté est celui qui cherche à résoudre ses conflits,
l’homme inadapté est celui qui érige ses conflits en normes.
 Totalité : tout être humain vit comme une totalité jamais achevée.
 Genèse : une réaction s’éclaire à la lumière de sa vie.

L’être humain est une individualité en évolution et donc susceptible de changement.


De cela découle les quatre grands buts spécifiques que LAGACHE (1949) assignait
à la psychologie clinique :
 Diagnostic, conseils, traitement, éducation.

Suite à cette définition, on comprend aisément que le clinicien doit acquérir une
compétence non seulement diagnostique mais aussi thérapeutique pour observer
des situations et entreprendre des psychothérapies ; il doit aussi être capable de
contrôler son implication, c’est-à-dire de se maîtriser lui-même comme instrument. La
psychologie clinique se confronte donc à des limites. Deux difficultés
méthodologiques majeures apparaissent d’emblée, elles portent sur la définition et
l’évaluation de deux éléments :
 La compréhension du sujet
 L’analyse de l’engagement clinicien

On comprend aisément qu’une formation soit nécessaire afin que le clinicien puisse
prendre sa position dans l’entretien clinique afin de différencier celui-ci du dialogue,
d’une conversation ordinaire, d’un interrogatoire ou d’une confession.

Dans l’entretien clinique, le clinicien est présent comme interlocuteur vivant et


bienveillant, bien que parfois il soit contraint de se faire oublier dans sa
problématique personnelle.

Le but fondamental de l’entretien clinique est de laisser parler le client, de lui


permettre de parvenir à parler s’il a quelques difficultés à le faire pour qu’il dise ce
qu’il a à dire, ce qu’il veut dire, ce qu’il peut dire. Cette liberté de parole lui donne la
possibilité de faire un usage limité de ses résistances conscientes ou inconscientes.

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Le clinicien doit interférer le moins possible avec le discours du patient qui doit
s’organiser spontanément ; il ne doit pas entraver la parole mais au contraire la
faciliter.

Ce qui importe, ce n’est pas seulement ce qui est dit mais le moment où cela est dit
et la manière dont cela c’est dit.

Le clinicien ne doit pas s’empresser de communiquer ce qu’il comprend, l’important


est de le communiquer au moment profitable pour le patient.

Cette attitude, FREUD la caractérisait comme neutralité bienveillante.

Etre neutre, c’est d’abord ne pas émettre de jugement, de critiques, de


désapprobations car en effet, le patient est aux aguets du moindre signe négatif, il ne
peut pas imaginer qu’on ne le condamnera pas comme les parents de son enfance,
les instances morales extérieures, son surmoi. Etre neutre, ce n’est pas ne rien
éprouver, c’est parvenir à ne pas communiquer, même involontairement, de signes
trahissant ce que l’on éprouve. Cette attitude est difficile à maîtriser car le face à face
lors de l’entretien clinique, entre deux interlocuteurs qui se regardent, est une
situation difficile. C’est la raison pour laquelle en psychanalyse, on utilise le divan de
façon à éviter le face à face.

La neutralité, ce n’est pas seulement ne pas laisser paraître ce qu’on éprouve, c’est
prendre conscience de ce qu’on éprouve et n’être pas gouverné par des réactions
non contrôlées dans la compréhension du patient et dans la réponse qu’on lui
donnera.

La psychanalyse a donné le nom de transfert à l’ensemble des sentiments que le


patient éprouve envers l’analyste, sentiments déplacés de ses expériences
antérieures avec projection des images parentales sur l’analyste. La psychanalyse a
également donné le nom de contre-transfert au déplacement transférentiel que
l’analyste fait en réaction au matériel de son patient. La neutralité du clinicien est un
travail actif pour être au clair avec sa problématique personnelle et l’empêcher
d’interférer. Ce travail n’est jamais achevé parce que le patient vient nous toucher de
manière imprévue à nos points les plus sensibles. C’est avec ce que nous
ressentons que nous pouvons le servir au mieux à condition de ne pas être débordé.

Dans l’entretien clinique, il peut être utile ou nécessaire de poser une question, mais
il faut veiller à ne pas coincer le patient par une question trop précise ou
systématique ; il arrive même que le patient ait abordé spontanément un sujet qui
déclenche en lui une vive émotion qu’il ne supporte pas. Souvent, lors d’une
première consultation, on peut être surpris de ne pas revoir un patient pour lequel
nous avons eu l’impression qu’une relation chaleureuse s’était développée, cela peut
être parce que le patient a trouvé ce dont il avait besoin pour faire face seul à sa
situation ou parfois il prend conscience d’un traumatisme important qu’il ne peut pas
surmonter actuellement.

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Certaines techniques somatothérapiques tentent de provoquer de vives décharges
émotionnelles où à la parole s’ajoutent les réactions du groupe, des contacts
corporels de façon à favoriser l’émergence de ce qui est refoulé sous forme de
catharsis. Pour certains patients, ces méthodes sont bénéfiques, pour d’autres, au
contraire, elles sont vécues comme une effraction dans l’aménagement défensif.

Précisément, on doit dans l’entretien clinique reconnaître et respecter cet


aménagement défensif.

Ces mécanismes de refoulement permettent de stabiliser la régulation


homéostatique du milieu intérieur. Il s’agit de mécanismes de défense inconscients
par lesquels le patient s’efforce de maintenir aussi longtemps que possible, et en tout
cas acceptable l’équilibre de ses investissements narcissiques, objectaux, libidinaux
et destructeurs (principe de constance).

Il faut également que le patient puisse supporter ce qu’il nous dit, sans que l’estime
de soi, la cohérence, l’unité et la continuité de soi ne soient remises trop brutalement
en cause. Ceci est d’autant plus vrai quand il s’agit des relations avec les objets
d’amour qui ne peuvent être trop brutalement modifiées, car souvent le patient a
tendance à identifier le cabinet du psychologue à un confessionnal et peut vivre ce
qu’il dit comme un aveu chargé de culpabilité, de honte, ce qui peut être en soi un
traumatisme supplémentaire.

L’entretien clinique est un échange de paroles, échange complexe. Certaines


paroles visent à communiquer un message, d’autres à l’occulter. La communication
verbale s’accompagne toujours d’une communication non verbale, ces deux modes
de communication peuvent s’accorder ou au contraire se contredire.

Certains patients ne laissent jamais s’établir le silence qui viendrait interrompre une
parole de surface défensive et inauthentique ; d’autres se taisent, d’autres encore
s’enferment dans un silence douloureux dont ils ne savent pas comment sortir.

Le clinicien dans son attitude de réserve, d’attente bienveillante, de disponibilité à ce


qui va se passer et qui est imprévisible, n’est pas inactif. Il laisse se déposer en lui
des indices qu’il perçoit consciemment ou non : le vêtement, la démarche, la posture,
les gestes, la mimique, l’intonation. Il écoute dans un double registre ce qui est dit et
ce qui n’est pas dit, le contenu manifeste et le contenu latent du discours.

Le clinicien se tait pour laisser l’autre parler et parle pour lui faciliter la parole.
Lorsque le clinicien s’octroie le droit d’une interprétation, il fait intervenir son système
théorique avec lequel il organise et comprend le discours et la problématique de son
patient.

A partir du moment où le clinicien formule une interprétation, il doit être vigilant de


façon à ne pas communiquer ses opinions personnelles et faire partager ses options
personnelles.

Ce qui peut se passer lors d’un entretien clinique est souvent imprévisible et dépend
à la fois de la personnalité du clinicien et de celle de son patient.

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CONCLUSION
Nous avons présenté une conception de l’entretien clinique décrivant celui-ci comme
une invitation à la liberté de paroles du patient dans un contexte d’attention
flottante, le patient vient rarement en connaissance de cause, il vient par pression,
par hasard, par erreur ou sur sa demande mais dans une certaine méconnaissance
de ce qu’il demande et de ce qui peut lui être apporté. C’est une démarche qu’il a
souvent longtemps hésité à entreprendre, qui lui inspire de l’inquiétude en même
temps qu’un grand espoir. L’image du clinicien est défigurée par la peur et grandie,
idéalisée par l’espérance.

Parfois, malgré une absence initiale de demande consciente, la rencontre a lieu et le


patient se sent compris et s’étonne de ce qu’il a trouvé, parfois, quelles que soient
les qualités du clinicien, la communication ne s’établit pas ; sans qu’on puisse le
savoir, une étape peut néanmoins avoir été franchie, ce qui permettra au patient de
tirer un meilleur parti d’un entretien avec un autre clinicien.

Dans cette rencontre, aucun d’entre nous ne peut convenir à tous. Notre sexe, notre
âge, notre style, notre personnalité interviennent. Nous avons à réfléchir sur ce qui
entraîne l’excès ou l’absence de communication, nos erreurs et nos échecs nous
apprennent parfois plus que nos succès si nous ne nous laissons pas entamer par
eux.

La communication de conscient à inconscient n’est pas une mystérieuse perception


extra-sensorielle, nous n’avons pas de pouvoirs supranormaux, nous ne sommes
pas des magiciens. En effet, au cours de notre évolution personnelle, des années,
nous avons développé notre personnalité, laquelle fait résonance avec notre
interlocuteur. Notre disponibilité qui n’est pas à chaque instant égale va permettre la
mobilisation et la mise en forme de notre écoute de l’autre.

CHAPITRE 2 : REFERENCES THEORIQUES DE LA METHODE


CLINIQUE
La psychanalyse est depuis ses débuts intimement liée à la psychologie clinique et
occupe une place privilégiée parmi l’ensemble des références méthodologiques :
cependant, on peut faire référence à d’autres approches telles que :
 la gestalt théorie et la psychologie de QURT LEWING
 la phénoménologie
 la psychopathologie issue de la psychiatrie.
 la théorie des techniques projectives.
 la systémique et la théorie de la communication (à partir des théories de
l’école PALO ALTO).

LA PSYCHANALYSE
Comme nous l’avons déjà souligné, la psychanalyse est une branche de la clinique.
La cure psychanalytique contient dans son dispositif de multiples régles qui
définissent rigoureusement son cadre :

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 le dispositif spatial : divan, fauteuil, position allongée etc...
 la règle fondamentale : dire tout ce qui se passe dans la tête sans choix ni
réticences.
 le rituel : l’argent, la périodicité des séances etc...

Font également partie des prescriptions du cadre psychanalytique, les modes de


communications qui sont implicitement interdits : interdiction du toucher,
interdiction du regard, interdiction de toute une série de modes de dialogues.

A l’intérieur de ce cadre se déroulent les associations d’idées du patient, c’est sur ce


contenu que le psychanalyste peut intervenir.

De la psychanalyse dans sa forme cure découle d’autres formes de psychothérapies


dites d’inspiration psychanalytique qui connaissent le même support théorique et
méthodologique qui demandent que le clinicien soit formé à la psychanalyse mais qui
en diffèrent par l’adaptation du cadre et par le fait que le travail psychothérapique est
moins centré sur l’analyse du transfert.

On trouve dans cette catégorie la psychothérapie analytique dite de soutien.

Par ailleurs, on trouve aussi dans cette catégorie d’autres psychothérapies associant
à la psychanalyse les éléments d’une autre technique :

 la thérapie familiale psychanalytique : le thérapeute prend en charge


l’ensemble de la famille, il s’intéresse à la communication qui s’établit entre ses
membres.
 le psychodrame analytique : il s’agit d’une mise en actes dramatiques
des conflits d’un individu, lesquels sont analysés par un praticien d’obédience
analytique.
 la relaxation psychanalytique (AJURIA GUERRA, SAPIR) : la relaxation
sert d’inducteur à un état de détente propice à la fantasmatisation et aux
associations. Le clinicien interprète alors les productions et la relation établie avec la
méthode psychanalytique.
 les somatothérapies : cette discipline consiste à prendre en compte la
totalité psychosomatique de l’individu afin de favoriser son adaptation à
l’environnement psychologique, social et somatique.

LES PSYCHOTHERAPIES BREVES


La technique est centrée sur la détermination d’un problème unique (conflit focalisé,
crises etc...) qu’il s’agit de soigner dans un délai et des conditions décidés par
avance (contrat entre le clinicien et son patient ou les objectifs et le nombre de
séances sont fixés au début du traitement après des entretiens préliminaires). Le
travail du clinicien peut être interprétatif mais il reste toujours centré exclusivement
sur le domaine cible.

MODULE N° 3 13 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


LA THERAPIE FAMILIALE SYSTEMIQUE
Les systémiciens s’intéressent à la communication entre les membres de la
famille ici et maintenant, ce qui importe ce n’est pas ce qui se passe à l’intérieur de
chacun des individus qui composent la famille mais leurs relations. Les concepts
opérationnels de la thérapie familiale systémique sont ceux de:

 La communication paradoxale à l’intérieur d’une famille pathologique,


les relations se font sur le mode du double lien c’est-à-dire qu’elles contiennent des
injonctions contradictoires impossibles à satisfaire en même temps.
 Patient désigné : un des membres de la famille est porteur de la
symptomatologie du groupe et permet ainsi l’homéostasie du système.

LE PSYCHODRAME TYPE MORENO


En 1923 MORENO met au point la technique du psychodrame. Cette technique est
basée sur la catharsis, la mise en acte de conflits joue une rôle libérateur et donc
d’apaisement. Le travail porte plus sur les fonctions de l’acte dramatique que sur
l’interprétation des scènes jouées ou des affects ressentis comme dans le
psychodrame analytique.

LES TECHNIQUES DE RELAXATION


En se basant sur l’unité somato-psychique, de nombreuses techniques font intervenir
le relâchement musculaire comme moyen psychothérapique. Citons le training
autogène de SCHULTZ, la méthode JACOBSON, l’eutonie, ou la sophrologie.

LES THERAPIES COMPORTEMENTALES ET COGNITIVES


On distingue par ce terme toutes les psychothérapies dont les méthodes sont
l’application des théories de l’apprentissage.

Il existe bien d’autres techniques mais il est difficile de les dénombrer de manière
exhaustive, le nombre varie en fonction des critères de définition retenus.

CHAPITRE 3 : DEFINITION DE LA RECHERCHE CLINIQUE


La recherche clinique s’est beaucoup développée ces dernières années, mais ce qui
la caractérise essentiellement c’est qu’elle soit confrontée à deux types de données :
 des résultats objectifs, précis et vérifiables c’est-à-dire répliquables mais
parfois stériles, inopérants et ne donnant que peu ou pas d’accès à une
compréhension globale des processus en jeu.
 des résultats subjectifs non fiables mais souvent valides ou tout au moins
heuristiques.

La recherche clinique reconnaît nécessairement deux éléments qui doivent être


présents simultanément :
 Une situation clinique : c’est le lieu d’élaboration de la recherche et sa
source inspiratrice, la pratique clinique permet de faire des hypothèses liées à la
situation étudiée.
 Une méthode clinique : elle s’attache à décrire le sujet dans sa
singularité et sa totalité. Ses conduites sont replacées dans leur contexte individuel

MODULE N° 3 14 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


(histoire de l’individu et situations actuelles). Elle prend en compte l’engagement de
l’observateur. Cette méthode comporte plusieurs étapes :
 Une description minutieuse de la situation, dans sa spécificité.
 L’engagement de l’observateur : cet engagement fait résonance avec le
vécu du patient. L’observateur doit tenir compte de ses angoisses et de ses défenses
professionnelles et personnelles de façon à éviter une déformation du matériel
recueilli. Il doit également élucider ses sentiments liés au désir de connaître l’homme.

L’analyse de l’ensemble de ces éléments est nécessaire pour éviter les distorsions et
introduire de la rigueur dans la recherche clinique car il ne s’agit plus seulement de
comprendre un individu singulier mais de construire des modes de fonctionnement et
de dégager des processus généraux à partir d’un seul individu.

La méthode clinique fonde de façon concrète et indiscutable sur des cas partiucliers :
l’effet des relations que l’on peut ensuite vérifier et généraliser par des méthodes
différentes (ANZIEU 1974). Lorsque l’on se penche sur la recherche clinique, il est
important d’émettre le postulat selon lequel l’étude approfondie de cas individuels
constitue la base empirique d’une généralisation nécessaire à la connaissance
scientifique.

CONCLUSION :
Au total dans l’état actuel de nos connaissances, plusieurs autres actions définissent
la recherche clinique ; en effet selon WIDLOCHER 1980, et BOURGUIGNON 1988, il
est nécessaire de :
 découper l’objet à étudier et le définir avec précision.
 construire des hypothèses partielles, précises et réfutables.
 construire un dispositif approprié pour vérifier cette hypothèse.
 décrire minutieusement et analyser une situation clinique dans sa
complexité.
 mettre en évidence des faits, des mécanismes, des régularités et donc
atteindre le général au-delà des singularités individuelles. Il faut donc saisir les lois
générales du fonctionnement psychologique à partir de l’individu singulier.
 analyser l’implication du chercheur.
 savoir que des domaines entiers de la pratique clinique ne se prêtent pas
encore à une quelconque forme de démonstration, donc connaître les possibilités et
les limites de la méthode clinique.
 finalement le but est de dépasser l’état actuel des connaissances et de
sortir des idées reçues et des idéologies.

CHAPITRE 4 : LA PRODUCTION DES DONNEES


L’entretien clinique relève d’un processus interactif. La première étape
méthodologique est la suivante :
 le produit des données et le fait d’observer la situation la modifie en partie.
 j’évalue les données que j’ai moi-même contribué à produire par
l’interaction avec la situation observée.

MODULE N° 3 15 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


L’entretien clinique relève également d’une communication verbale et non verbale ;
en effet, les données produites sont de deux ordres :
 un niveau explicite, on peut distinguer des indices langagiers, verbaux et
para-verbaux ; l’aspect vocal (intensité, hauteur, timbre, intonation, inflexion de la
voix, débit et rythme de la parole). On distingue également des indices non verbaux
tels que mimiques, regards, gestuelles et postures.
 un niveau implicite, les niveaux implicites sous-jacents vont des
représentations conscientes aux fantasmes inconscients de l’observateur et de
l’observé.

CHAPITRE 5 : LES MOYENS


L’observation en clinique est une observation qui implique en général un grand degré
de participation de l’observateur, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une observation à forte
inférence (inférence : opération de raisonnement logique par laquelle on tire d’une ou
plusieurs propositions la conséquence qui en résulte nécessairement).

En pratique clinique, l’observation intervient au tout premier moment au cours des


entretiens à visée diagnostique. Elle reste importante dans les entretiens
thérapeutiques où elle permet d’orienter le thérapeute dans ses interventions. En
recherche clinique, l’observation plus ou moins standardisée permet d’obtenir des
indices appartenant à des niveaux différents de la situation observée.

Exemple d’utilisation de grille d’observations :

Nous allons prendre l’exemple de la description des interactions comportementales


mère-bébé en situation clinique à partir d’observations plus ou moins structurées.

Les interactions mère-enfant sont évaluées par le thérapeute avant de formuler une
proposition thérapeutique concernant le lien mère-enfant. Cette étape est nécessaire
pour parvenir à construire une proposition thérapeutique soit congruente avec la
nature de la relation qui lie la mère et l’enfant.

En tant que thérapeute, on évaluera cliniquement les interactions mère-enfant dans


le temps de la consultation, c’est-à-dire de manière macroscopique et synthétique.
Ces interactions seront évaluées à partir de l’échange que le thérapeute a avec la
dyade.

En tant que chercheur, on travaille sur les enregistrements vidéo de la consultation


que l’on vient de faire et l’on peut alors évaluer les interactions de manière micro-
analytique. De ces observations, on peut relever les interactions comportementales
ainsi que les interactions affectives et fantasmatiques.

 les interactions comportementales : une série d’études tirées de


recherches systématiques basées sur des grilles d’observations ont été retenues
pour aboutir à une sémiologie des interactions observables ; ces indices permettent
donc de les décrire avec précision et de les qualifier de manière rigoureuse.

MODULE N° 3 16 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


Ainsi on peut déceler :
 l’évaluation quantitative des interactions, la fréquence des échanges
observés (rares ou absents ou excessifs)
 les interactions sensorielles (visuelles et vocales) ou corporelles
(tactiles, gestuelles)

On peut déceler les interactions qui utilisent des modes multiples (vocales,
gestuelles, visuelles).
 les interactions continues ou discontinues.

Ces paramètres permettent d’évaluer la cohérence de la communication entre la


mère et l’enfant et d’avoir accès au niveau sous-jacent : comment la mère pense-t-
elle son enfant, comment se représente-t-elle les liens qu’elle a avec lui, comment se
représente-t-elle la cause des symptômes de son enfant et des difficultés qu’ elle
même ressent à le protéger et lui permettre de grandir.

 les interactions affectives et fantasmatiques : des modalités


d’observations plus approfondies et plus sophistiquées croisées à des
entretiens permettent d’évaluer les interactions affectives.

Les interactions fantasmatiques nécessitent d’autres outils que l’observation,


l’analyse des représentations et des fantasmes de la mère peut se faire par exemple
avec la méthode psychanalytique.

L ’ENTRETIEN
Il existe plusieurs types d’entretiens, cependant comme nous l’avons déjà souligné
(cf. chapitre 1er), l’entretien clinique peut être défini de manière formelle comme un
«dispositif par lequel une personne A répondant professionnellement à une demande
d’aide concernant une personne B favorise la production d’un discours de B pour
obtenir des informations et agir sur la problématique subjective de B (BLANCHET
1989).

Pour étudier l’entretien clinique de manière précise, les apports de la linguistique,


des théories de l’interaction et des théories cognitives actuelles sont essentielles.
Pour BLANCHET « l’entretien de recherche vise à travers la construction du
discours la connaissance objectivante d’un problème, l’entretien clinique est une
situation d’interlocution radicalement différente dans la mesure où il favorise à travers
la construction d’un discours la constitution d’un savoir privé, peu communicable
grâce au jeu de relations imaginaires avec le thérapeute ».

L’entretien clinique doit être considéré comme un dispositif mis en place pour
expliciter une situation de souffrance et la modifier. Il est important de souligner que
l’entretien clinique est nécessairement complexe et ambigu car défini par des
paramètres interactionnels, contextuels, sociaux et culturels.

LES OUTILS STANDARDISES


Parmi les outils standardisés, on peut citer les techniques d’enquête ainsi que les
tests.

MODULE N° 3 17 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


LES TECHNIQUES D’ENQUETE
On entend par enquête toutes les méthodes d’interrogation et de recueil de
l’information verbale.

A côté de l’entretien non directif se trouve l’entretien semi-directif où le clinicien pose


quelques questions simplement pour orienter le discours sur certains thèmes. Cette
structuration peut se préciser jusqu’à proposer un véritable guide d’entretien : les
thèmes abordés par le clinicien sont préparés à l’avance mais les questions ne sont
pas formulées à l’avance, elles s’adaptent à l’entretien, la structure d’un guide
d’entretien reste souple.

L’entretien directif, totalement structuré à l’avance par le psychologue est appelé


questionnaire. Il existe des questionnaires à questions ouvertes, d’autres à questions
fermées. Ce dernier type de questionnaire permet des réponses quantifiables qui
permettent ensuite d’effectuer des opérations statistiques et de rechercher des
corrélations entre différents indices.

Les échelles d’évaluation permettent des mesures psychopathologiques, elles


tendent à objectiver un jugement clinique global par rapport à une norme.

Retenons que les instruments les plus ouverts explorent des aspects en profondeur
mais manquent parfois de rigueur et de systématisation alors que les instruments les
plus fermés inventorient un aspect souvent précis des phénomènes mais restent
parfois superficiels. Il faut donc choisir l’instrument en fonction de ce que l’on veut
démontrer.
 Les tests : ils apportent des éléments d’une autre nature que ceux
recueillis par l’observation et l’entretien. La pertinence des tests nécessite donc leur
inscription dans une méthode globale qui fonde sa validité sur la complémentarité
des informations recueillies.

ETUDE DES DOCUMENTS


On peut citer le jeu chez l’enfant, les productions graphiques, les productions
créatrices.
 Le jeu : le jeu est une modalité privilégiée d’entrer en contact avec
l’enfant, surtout lorsqu’il est petit, mais bien sûr, il ne s’agit pas simplement d’un
divertissement, il a des fonctions diagnostique (exploration des conflits) et
thérapeutique (apaisement des tensions) ; il est un mode d’expression que le
clinicien comprend et dont il mettra en mots une partie significative au bon moment.

On peut distinguer avec WINNICOTT (1977), les jeux type play qui sont structurés
par des règles permettant une activité créatrice tel que le jeu avec la pâte à modeler
et les jeux de type Game régis par des règles de fonctionnement tels que les jeux de
société.

Ces deux types de jeux peuvent être utilisés, les jeux créatifs pour produire du
matériel, les jeux de règles pour évaluer les capacités de l’enfant à utiliser des
mécanismes plus ou moins complexes et un dispositif plus ou moins sophistiqué.
Cependant les cliniciens privilégient les jeux créatifs dans la mesure où ils produisent
des données imaginaires et fantasmatiques nécessaires à l’exploration en
profondeur de la problématique de l’enfant (CHILAND 1983).

MODULE N° 3 18 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


On peut aussi différencier les jeux spontanés de l’enfant et les jeux sur consignes ou
propositions. Les types de jeux dépendent aussi de l’âge de l’enfant (PIAGET).

En dessous de deux ans, l’enfant fait essentiellement des jeux exercices


(gesticulations).

Les jeux symboliques apparaissent vers 2 ans et sont fréquents jusqu’à 6/7 ans (jeux
d’imitations).

Les jeux de règles apparaissent vers 5/6 ans.

Les productions graphiques : on peut citer le dessin spontané, il est un moyen


privilégié pour établir une relation avec l’enfant car pendant l’exécution du dessin, on
peut apprécier la qualité de sa psychomotricité et tout particulièrement la
latéralisation, la représentation du schéma corporel, la perception de l’espace. Le
dessin est le récit que l’enfant fait, il apporte plusieurs séries d’indices, WIDLOCHER
distingue trois valeurs principales :
La valeur narrative, le récit révèle des problématiques imaginaires
et réelles de l’enfant.
La valeur expressive du graphisme, aisance, trait, choix des
couleurs.
La valeur projective, le dessin sert de support à la vision du
monde, à ses affects, à ses conflits.

On distingue également des dessins sur consignes (le dessin du bonhomme de


GOODENOUGH 1957 le test de MACHOVER 1949, le dessin de l’arbre, le dessin de
la famille).

L’ensemble de ces productions apporte essentiellement des indices qualitatifs.

Enfin, on peut citer le SQUIGGLE proposé par WINNICOTT 1977.

Le SQUIGGLE se situe entre le griffonnage et le dessin : on propose à l’enfant de


faire à tour de rôle des traits sur le papier au hasard comme ça vient pour que l’autre
en fasse quelque chose, un dessin. Ainsi, la position symétrique du clinicien et de
l’enfant qui partagent la même activité favorise la relation entre l’enfant et le clinicien.

En ce qui concerne l’utilisation des productions graphiques chez l’adulte, elles


peuvent être analysées selon des principes propres des productions graphiques ou
picturales.

Toutes autres productions créatrices (récits, poèmes) peuvent être analysées et


utilisées comme des indices permettant d’étayer des observations voire des
interprétations.

MODULE N° 3 19 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


CHAPITRE 6 : CE QUI EST MOBILISE CHEZ LES DEUX
INTERLOCUTEURS DANS L’ENTRETIEN

L’aptitude à diriger un entretien clinique est difficile à acquérir car elle demande de
façon continue un travail d’observation de soi-même, d’auto-analyse et de contrôle
de soi.

Ainsi pour que l’entretien soit le plus satisfaisant possible pour le thérapeute et son
interlocuteur, il est souhaitable de comprendre les principaux processus psychiques
qui les touchent l’un et l’autre.
 l’identification
 la projection
 le transfert et le contre-transfert

L’IDENTIFICATION
Cette identification s’entend par une compréhension empathique du client pour le
psychologue et d’une identification du sujet au psychologue.

L’entretien clinique nécessite une certaine empathie ; cette dernière consiste à


chercher à ressentir intuitivement la sensibilité du patient c’est-à-dire imaginer « que
pourrais-je faire si j’étais lui pour résoudre ce problème ». Pour cela, il est nécessaire
de prendre en considération les défenses qui séparent le psychologue de son
interlocuteur.

Il est important de respecter le sexe de l’interlocuteur, l’âge, son milieu culturel, son
statut social, son pays, sa race, sa profession , ses traits de caractère, ses attitudes,
sa fragilité psychologique car ces éléments sont pour lui un système de défense. Ce
système, il faut savoir le respecter.

Il est important également de respecter l’appartenance au groupe car celle-ci joue un


rôle de soutien narcissique, parfois indispensable pour se protéger d’une angoisse
intolérable ou d’une décompensation.

Si le psychologue ressent une vive opposition intérieure à l’égard du groupe


d’appartenance de son interlocuteur, il doit contrôler au maximum ses réactions
subjectives qu’elles soient affectives ou intellectuelles.

Mais en outre, c’est une occasion pour lui de chercher à comprendre en profondeur
pourquoi son interlocuteur y adhère avec un tel investissement, ce qui permettra de
prendre une distance à l’égard de sa propre implication personnelle et de réaliser
une meilleure empathie avec l’autre.

Pour le clinicien, il existe trois dangers principaux pour la compréhension de la


psychologie profonde d’autrui :
 celui de s’identifier affectivement, de façon active à l’interlocuteur
 celui de s’identifier à une autre personne qu’à celle de l’interlocuteur
 celui d’accepter de façon excessive son faux self

MODULE N° 3 20 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


Si le sujet parle d’un problème qui touche très personnellement le psychologue,
celui-ci risque de s’identifier fortement à lui tout en projetant ses émotions
personnelles. Si son implication atteint un certain degré d’intensité, il peut devenir
moins disponible pour percevoir les différents éléments pertinents.

Par une identification trop massive associée à une certaine projection qui rend l’autre
analogue à lui-même, le clinicien risque de transmettre à son interlocuteur une part
de son émotivité et ainsi accentuer son angoisse par une trop grande implication ; il
va chercher à surprotéger son interlocuteur pour diminuer sa souffrance et peut le
condamner à une dépendance affective infantilisante.

Exemple N° 1 : une psychologue scolaire avait examiné une petite fille assez
perturbée scolairement et affectivement dans sa classe de cours préparatoire. Dans
un entretien avec la belle-mère de cette enfant, elle apprend que le père avait
divorcé quand l’enfant avait 18 mois, il avait trois enfants, les deux aînés allèrent
vivre chez leur mère mais la petite dernière est restée chez son père qui vivait avec
une femme qu’il épousa. La belle-mère adorait cette enfant et se faisait appeler
maman, tandis qu’elle éloignait la vraie mère qui d’ailleurs réclamait assez rarement
la fillette ; cependant le frère et la sœur aînés venaient régulièrement chez leur père
et voyaient leur petite sœur. Celle-ci vivait donc dans un climat de filiation assez
confus qui la perturbait. La psychologue scolaire voulait expliquer à la belle-mère
qu’il était nécessaire de dire la vérité le plus rapidement possible à cette enfant. Elle
s’est trouvée face à une femme qui voulait obstinément retarder ce moment là et
attendait que la fillette ait atteint 10 ans.

La psychologue s’identifiait à l’enfant et parlait à cette jeune femme des problèmes


que cela lui posait, mais la belle-mère n’étant en rien convaincue ne parlait au
contraire que des bénéfices que l’enfant en tirerait.

L’entretien aboutit à un échec complet. Tous les discours de la psychologue ne


s’étaient centrés que sur l’enfant qui n’était pas là et non pas sur cette femme : son
enfance, son passé, ses désirs les plus profonds dont la connaissance aurait pu
permettre de lui parler un langage qu’elle aurait entendu. La psychologue se rendant
compte du désintérêt qu’elle avait manifesté à l’égard de son interlocutrice la re-
convoqua et apprit que cette femme ne pouvait pas avoir d’enfant, qu’elle avait été
elle-même abandonnée par sa mère. Elle put alors dialoguer sur un autre ton qui
n’était plus celui du reproche culpabilisant mais celui de la compréhension affective.
Ainsi au lieu de provoquer une attitude défensive et hostile, elle aida cette femme à
faire tomber ses défenses, à ouvrir ses horizons et à changer de projet par amour
pour l’enfant.

Exemple N° 2 : Un homme de 30 ans demande conseil parce qu’il va se séparer


d’une compagne avec laquelle il vit depuis quatre ans et qui est enceinte. La
psychologue qu’il consulte s’est immédiatement identifiée à cette jeune femme qui va
être abandonnée pense-t-elle au moment où elle a au contraire besoin de soutien.
Elle défend immédiatement la jeune femme en remettant en question le client de
façon froide, distante voire même culpabilisante. Elle pose des questions pour savoir
s’il a pensé au devoir psychologique et financier qui s’impose à lui et aux poursuites
que peut lui faire cette jeune femme pour la reconnaissance de cet enfant. Elle

MODULE N° 3 21 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


n’avait pas pris le temps de laisser cet homme exposer combien cette histoire était
difficile pour lui, comment il avait été manipulé par cette femme qui connaissait ses
droits. En fait, il désirait l’épouser depuis longtemps et avoir des enfants avec elle, ce
qu’elle avait toujours refusé.

Puis, elle supprima la prise de la pilule sans lui dire tout en affirmant au contraire
qu’elle continuait la contraception. Quant il sut qu’elle était enceinte, il voulut
l’épouser ou au moins reconnaître l’enfant. Alors, elle se mit à rire, laissant entendre
que trois pères étaient biologiquement possibles car elle avait eu des aventures avec
deux autres hommes au moment de l’ovulation. Ainsi, elle aurait un enfant sans père
et les trois hommes étaient condamnés à verser de l’argent (selon la décision de la
loi sur la filiation de 1972), sans souci financier. L’identification immédiate de la
psychologue à la femme enceinte, qu’elle croyait abandonnée, a rendu l’entretien
extrêmement pénible pour cet homme, qui s’est cru au début, encore une fois rejeté
par une femme. Se sentant incompris, il est allé consulter une autre psychologue.

Il est essentiel pour bien mener un entretien de chercher à comprendre la personne


présente et non celle qui est absente car c’est la personne présente qui vient
consulter.

Pour pouvoir prendre une distance par rapport à ses problèmes, pour les
comprendre, les observer et les élaborer, le patient trouve une aide considérable s’il
réussit à s’identifier à l’attitude du psychologue : c’est-à-dire à son calme, à sa
sérénité, à son regard objectif sur l’ensemble du problème. Ainsi il sera en mesure
d’apaiser plus facilement son angoisse. L’intérêt que lui apporte celui qui l’écoute lui
procure une gratification narcissique si le sujet souffre de sentiment d’infériorité et
d’abandon, en agissant de la même façon par rapport à lui-même, c’est-à-dire en
jetant sur lui-même un regard plein de respect et d’intérêt, il va commencer à
surmonter ses anxiétés douloureuses.

D’autre part, en s’identifiant à l’attitude du psychologue qui respecte sa personnalité


et cherche à le comprendre, le patient va peu à peu, au cours des entretiens prendre
la même conduite à l’égard des autres, tenir compte de leurs besoins, de leur
personnalité, avoir un regard moins égocentrique et plus large sur la complexité de la
situation.

LA PROJECTION
a) La projection des souvenirs et de soi-même
La relation entre le psychologue et son interlocuteur est un domaine de prédilection
de la projection ; en effet, il existe une projection des souvenirs et des affects qui ne
sont pas présents à l’esprit et cependant qui envahissent le champ perceptif et
influencent le type de relations entre les êtres.

Exemple N° 1 : une jeune femme avait un entretien avec un psychologue pour


résoudre un problème qui concernait son enfant. Elle gardait de ce contact un
souvenir d’une grande tristesse et son pessimisme à l’égard de l’avenir de son enfant
s’était accru, elle n’avait considéré les suggestions, les questions, les points de vue
du psychologue que sous leurs aspects négatifs. Après une longue réflexion sur ce
qui s’était passé lors d’un entretien, il lui revient à l’esprit la tristesse de l’odeur de la
pièce ; or, il y avait un magnifique bouquet d’œillets sur le bureau. Il y a plusieurs

MODULE N° 3 22 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


années, des œillets avaient été déposés sur le lit de mort de son frère au mois de
juillet et leur parfum s’était mêlé à l’odeur de la mort et à l’image de désespoir et de
renoncement. C’était l’odeur non consciemment perçue qui avait donné à cet
entretien un aspect si négatif, si dépressif à cette jeune femme.

Les aspects liés à une couleur, au sexe, au son de la voix, à une démarche, à une
spécialité professionnelle ou sportive, à n’importe quel détail qui touche une
personne, au cadre où on la rencontre peuvent soit créer des à priori à leur égard,
soit suggérer une atmosphère afffective chez l’un des deux partenaires de l’entretien
ou encore stimuler l’éveil d’un transfert ou d’un contre transfert.

La projection de soi-même sur l’autre constitue une barrière qui sépare le sujet de la
compréhension d’autrui. Ainsi certains agressifs pensent que les autres personnes
sont hostiles, certains généreux que les autres sont bons, les gens honnêtes et
travailleurs que les autres sont semblables à eux. Il est nécessaire que le
psychologue supprime cette attitude afin d’être entièrement disponible pour chercher
à s’identifier à l’autre, pour comprendre ses conflits.

Si on arrive à les maîtriser alors que le clinicien devient capable de chercher et


d’entendre l’autre, d’écouter et de parler son langage, de faire des propositions ou
des suggestions qui peuvent avoir un sens pour lui ; ainsi cela permet à
l’interlocuteur de percevoir la parole du clinicien comme une lumière pour éclairer
l’obscurité de son conflit et une ouverture pour chercher à sortir de son enfermement
ou une suggestion pour une nouvlelle direction dans sa recherche.

Exemple N° 2 : Une patiente confie à son psychologue : « je sais pourquoi je pose


tellement de questions, j’agis avec vous comme je le ferais avec moi-même, je
cherche à vous tourmenter comme je me tourmente, j’exprime à votre sujet les
doutes que j’éprouve à mon égard. Lorsque je vous interroge et que vous ne me
répondez pas, je sens que vous vous opposez à moi de la même façon que je le fais
à moi-même ».

Lorsqu’une personne se trouve dans une situation difficile, il lui arrive de régresser et
de retrouver cette attitude infantile : prendre ses désirs pour la réalité et les projeter
sur le psychologue :

Exemple N° 3 : une femme vit un problème conjugal aigu avec son mari persécuteur
qui détruit son équilibre psychologique : elle va le quitter pour survivre mais il veut
garder leur petite fille. Elle demande un entretien pour parler de son problème et
répète plusieurs fois : « il faut que vous me disiez exactement ce que je dois dire à
ma fille pour que tout se passe bien ». Elle attend le conseil magique avant même
d’avoir réellement exposé son problème et les détails de la situation. Elle est très
angoissée et elle régresse jusqu’à ce que qu’arrivent dans son exprit les pensées
infantiles de la réalisation hallucinatoire du désir, ce précisément ce qu’elle vient
chercher dans l’entretien.
Le psychologue devient alors pour la mère toute puissante et magique, qui d’un coup
de baguette va transformer la réalité comme si le psychologue partageait avec elle
ce même monde.

MODULE N° 3 23 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


b) La projection comme moyen de défense
La projection va permettre au sujet d’expulser de soi et localiser chez une autre
personne des sentiments et des désirs qu’il refuse en lui-même.

Exemple N° 1 : Ginette, jeune femme de 25 ans ne peut regarder en face les


personnes avec lesquelles elle a une conversation sérieuse ou un entretien
approfondi : elle baisse les yeux ou tourne la tête ; ce malaise et ce comportement
expriment tout à la fois la projection des pulsions et celles de son surmoi.

Animée d’une pulsion sexuelle réprimée, elle croyait voir dans le regard de l’autre un
désir pour son corps et une pénétration visuelle et libidinale ; ainsi, elle se sentait
condamnée du plaisir que cela lui apportait dans son imaginaire. Paralysée par le
souhait que les ondes de ses yeux stimulent la pulsion sexuelle de son interlocuteur,
elle les détournait sans cesse. La projection sur autrui de son surmoi accompagnait
celle de ses désirs. Elle avait peur du regard réprobateur de l’autre qui représentait
pour elle le regard de son surmoi, celui-ci condamnait ses pulsions les plus refoulées
; sa culpabilité profonde envahissait sa personnalité et lui faisait craindre la punition.
Le regard fait jouir mais aussi il blesse, voire même il tue, c’est pourquoi elle parlait
toujours les yeux baissés.

LE CONTRE TRANSFERT
Le contre transfert est l’ensemble des réactions inconscientes du clinicien à la
personne de son interlocuteur et plus particulièrement au transfert de celui-ci. Le
contre transfert est une réponse au transfert du sujet.

a) La sérénité
L’anxiété à l’égard d’un problème de l’autre : il est nécessaire que celui qui mène
l’entretien puisse faire face aux problèmes de l’autre avec sérénité : il doit les
affronter avec calme, sérénité, de façon à ne pas accumuler tout au long de la
journée le stress inhérent à la relation duel. Le patient s’il sent que le clinicien
s’inquiète peut renoncer à combattre efficacement ses problèmes car il voit dans
l’attitude du thérapeute ses propres anxiétés. En effet, le patient a besoin de sentir le
clinicien impavide afin de s’identifier, de prendre une certaine distance par rapport à
ses problèmes pour pourvoir les affronter et surmonter sa crise.

Préoccupations excessives d’un bon et rapide résultat :


Cette préoccupation excessive vient d’un désir de pouvoir sur l’autre ou de
confirmation de son statut professionnel ou hiérarchique. Cette préoccupation naît
souvent d’un sentiment d’infériorité qui a besoin d’être compensé par des réussites
rapides ou bien encore d’une insécurité professionnelle qui cherche à se protéger de
la même manière.

Malheureusement, ce besoin de rapidité agit négativement pour le but recherché car


il bloque l’évolution de l’interlocuteur : par cette attitude le psychologue refuse
d’accepter la difficulté d’évolution psychologique du sujet.

En effet, croyant lui faire comprendre ses problèmes plus vite, il peut apporter des
interprétations trop profondes inaccessibles pour l’interlocuteur, celui-ci va s’en
défendre en augmentant ses défenses par de la rigidité et de l’agressivité.

MODULE N° 3 24 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


Certains conseils apportés trop rapidement, assez autoritaires puisqu’ils ne tiennent
pas compte de la rigidité de l’autre ne peuvent être entendus aussi vite et
découragent ou culpabilisent le patient. Dans ce cas, le clinicien n’a pas été
suffisamment disponible au langage ni aux possibilités d’évolution de son
interlocuteur ; il parte selon ses désirs personnels ou selon son identification à
l’autre, ainsi dominé par sa subjectivité ou son anxiété de la réussite, il freine ses
aptitudes à bien mener un entretien.

Le respect rigide d’une technique :

L’insécurité intérieure de celui qui mène un entretien peut le pousser à appliquer


aveuglément une technique ou une habitude de travail sans s’adapter aux besoins
ou à la demande de l’interlocuteur.

Exemple N°1 : un supérieur hiérarchique pour comprendre un problème dans une


équipe, ne pouvant sortir de sa méthode de travail, par insécurité et manque de
souplesse, se contentera de donner des directives sans comprendre que dans ce
cas précis, elles sont psychologiquement inapplicables.

Exemple N° 2 : un psychiatre ou un psychologue voulant appliquer la méthode


Rogerienne le mieux possible, cherche à être non directif et va répéter
systématiquement les derniers mots de la phrase de l’interlocuteur. Ce qui est
souvent un bon moyen de faire approfondir la pensée de l’autre ; appliquée avec trop
de rigidité, elle peut devenir un mur de non communication infranchissable.

Il arrive qu’un psychologue applique une technique ou une méthode de travail avec
rigidité pour se déculpabiliser de l’échec de l’entretien ; toute la responsabilité de
cette absence d’efficacité est projetée sur l’autre, puisque lui il a parfaitement
appliqué, croit-il, la bonne méthode avec un certain sadisme qui rassure son
insécurité intérieure par un sentiment de supériorité et de domination.

Le manque de souplesse à l’égard d’une technique se présente comme béquille pour


rassurer le psychologue par rapport à ses problèmes personnels qui sont souvent
réveillés par le transfert du client ou par une identification trop accentuée du clinicien
à son interlocuteur.

Ainsi, il est souhaitable d’acquérir une sérénité intérieure qui permette de faire face
aux problèmes de l’autre sans anxiété, d’accepter le rythme d’évolution de
l’interlocuteur et de ne pas avoir besoin de se protéger par la rigidité d’une technique.

b) La bienveillance
Pour bien mener un entretien, il est nécessaire d’être bienveillant car une
identification active, une empathie semblent indispensables pour comprendre autrui
et percevoir ses états préconscients et inconscients. Cette sympathie bienveillante
favorise l’acceptation de l’agressivité du patient et permet d’en percevoir la
signification.

Un individu quel qu’il soit, qu’il nuise par ses actions et ses erreurs de travail aux
responsabilités professionnelles de celui qui mène l’entretien, qu’il soit un
révolutionnaire ou qu’il soit un criminel possède une cohérence dans ses processus

MODULE N° 3 25 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


psychologiques par rapport à ses relations passées, ses pulsions et son
environnement social. En effet, tout en étant en désaccord avec les actes de cet
interlocuteur, il est nécessaire pour le comprendre d’avoir une sympathie
bienveillante envers la complexité de ses processus psychiques et celles de son
entourage, ce qui permet de laisser de côté ses propres certitudes.

Pour pouvoir mener à bien des entretiens, il faut s’être entraîné à mettre de côté ses
propres certitudes afin d’être disponible pour la pensée de l’autre, cela est d’autant
plus indispensable qu’une supériorité hiérarchique ou une compétence approfondie
dans un domaine, sclérose l’écoute du clinicien qui s’appuie sur son statut ou sa
spécialité pour se persuader qu’il croit tout savoir, qu’il a souvent toujours raison, ce
qui gratifie son narcissisme mais ne lui permet pas de mener des entretiens valables
et approfondis.

Il est préférable que cette aptitude à la bienveillance nécessaire pour l’écoute de


l’autre provienne d’un désir tout à fait maîtrisé.

Le psychologue souhaite être la bonne mère, le bon père en opposition à l’imago de


la mauvaise mère ou du mauvais père parce que les racines de cette motivation
plongent dans son passé ; il ne doit pas mener un entretien pour contenter ses
besoins personnels mais pour être utile au client. Dans certains cas, trop de bonté
peut être gênant pour l’interlocuteur.

De même, il serait nuisible de toujours supporter des comportements agressifs,


comme des retards, des absences ou en acceptant des rendez-vous en dehors du
travail ou des appels téléphoniques chez soi à une heure très tardive. Ces attitudes
semblables à celle de la mère à l’égard du tout petit enfant favorisent l’infantilisation
de l’interlocuteur et son manque de contrôle. Il serait utile pour le psychologue
d’analyser son contre transfert, de comprendre pourquoi il réagit ainsi à la demande
et sous la conduite de son client :
⇒ A t-il eu des pensées ou des actes agressifs à l’égard de quelqu’un dans
son passé, blessures qu’il cherche à réparer par un comportement de
bonne mère ? Mais en fait, c’est une répétition de cette hostilité puisque
ce comportement à l’égard du patient est nocif en profondeur pour lui.
Est-ce une identification au client avec un désir archaïque de maternage
et de régression ?
⇒ Est-ce un désir narcissique de supériorité : « moi je peux tout donner et
tout accepter, ainsi je suis supérieur ». Processus psychique qui se
rapproche du sadisme, qui permet de trouver du plaisir en écrasant
l’autre qui est inférieur.
⇒ Est-ce une réaction auto-punitive, masochiste qui rend la vie
professionnelle et personnelle épuisante avec comme seul réconfort
celui de se trouver héroïque ?

c) La haine
Celui qui mène un entretien le mènera d’autant mieux qu’il aura lui-même bien
compris et analysé les sentiments de haine qu’il aura refoulés.

MODULE N° 3 26 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


La connaissance de ses propres pulsions agressives aide à l’acceptation de l’hostilité
manifestée et à leur compréhension, ce que rencontrent de façon permanente ceux
qui s’occupent des psychotiques et des personnalités anti-sociales.

Il est nécessaire que le psychologue maîtrise l’émergence de ses propres pulsions


agressives, de la position schizo-paranoïde quand le patient l’éclabousse de la
sienne.

WINNICOTT écrit : « le malade cherche de la haine objective ou justifiée, il faut qu’il


puisse l’entendre sinon il n’aura pas le sentiment que l’amour objectif peut être à sa
portée ». (cf. la haine dans le contre transfert ).

Il est indispensable que le clinicien ne se sente pas menacé dans son inconscient
par l’imago de la mauvaise mère fantasmatique car celle-ci risque d’être réveillée par
les projections persécutrices de l’interlocuteur.

d) Le contre transfert
La parole de l’interlocuteur peut évoquer une situation passée que le clinicien a eue
avec son père, sa mère, ses frères et ses sœurs. Celui-ci peut inconsciemment
réagir comme il l’aurait fait autrefois ou comme il aurait voulu le faire, mais alors il
n’est plus disponible pour l’identification passive, l’empathie, qui lui permet de
comprendre l’autre ; il est emporté par sa propre subjectivité et devient inadéquat
pour mener un entretien efficace pour le client ou pour lui-même.

LE TRANSFERT
Le transfert est la répétition d’une relation d’objet du passé à l’égard d’une personne
présente. Il s’agit d’un processus psychique totalement inconscient. Une personne va
vivre des sentiments, prendre des attitudes, ressentir des craintes, employer des
moyens de défense et avoir certains comportements, comme elle les a eus dans son
enfance ou sa jeunesse, avec certaines personnes de son entourage avec lesquelles
elle a vécu une relation très impliquante. Elle va déplacer cette relation sur une autre
personne, c’est pourquoi son attitude sera souvent inadéquate et la communication
risquera d’être biaisée, l’entretien inutile.

FREUD a mis en lumière la puissance de la compulsion de répétition : les répétitions


ne se font pas à la lettre mais elles se font par des équivalents symboliques.

Exemple N° 1 : le transfert se manifeste dans la vie quotidienne et particulièrement


quand le statut ou le rôle de l’autre l’éveille : par exemple, le policier, le juge,
l’examinateur rappellent souvent la sévérité paternelle, tandis que l’infirmière, le
médecin, l’avocat évoquent les soins maternels et dans les relations amoureuses,
fréquemment une grande partie de l’attachement œdipien est revécu et répété.

La situation de l’entretien clinique favorise particulièrement l’apparition d’attitudes


transférentielles ; en effet, le clinicien est disponible pour l’autre, il l’écoute avec
neutralité bienveillante et l’accepte tel qu’il est. Ils sont l’un et l’autre en général dans
un lieu clos avec un temps consacré pour leur entretien et se trouvent ainsi protégés
du monte extérieur. Ces deux facteurs permettent la régression et l’apparition rapide
du transfert.

MODULE N° 3 27 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


Si l’interlocuteur a réclamé un rendez-vous pour obtenir de l’aide pour lui ou un des
membres de sa famille, sa demande peut éveiller en lui une attitude de dépendance
analogue à l’attitude de l’enfant à l’égard de ses parents et avec elle toute une
complexité émotive du passé : passivité, soumission, exigences, agressivité.

On peut étudier le transfert sous trois de ses aspects principaux, le transfert positif,
le transfert négatif, la résistance au transfert.

* Le transfert positif
Puisque dans le transfert, le client sait inconsciemment faire jouer au
psychologue le rôle des figures parentales, celles-ci ayant été aimées et craintes, le
transfert sera toujours ambivalent : soit positif, soit négatif. Le transfert positif est
celui où la relation aimante pour un parent dans l’enfance se répète et prend le
clinicien comme substitut. Le transfert positif est efficace pour que la personne qui
demande de l’aide puisse s’identifier à celui auquel elle parle afin de prendre une
certaine distance par rapport à ses problèmes, pour qu’elle puisse s’observer lui
même, pour comprendre ses attitudes, ses comportements et ses émotions afin
ensuite de les maîtriser.

Les caractéristiques du stade de développement de la libido peuvent se rencontrer


dans des dialogues d’adultes.

Une attitude du stade oral peut exister : la dépendance du bébé dans les bras de sa
mère sera analogue à la confiance absolue qui permet de recevoir l’écoute et la
parole du meneur de l’entretien comme un réconfort et une bonne nourriture.

Une attitude anale peut permettre un entretien positif : on expulse ce que l’on a à
l’intérieur de soi comme l’enfant donne son premier cadeau à sa mère dans son pot
et l’interlocuteur parle de ce qu’il y a de plus profond en lui avec peu de résistance.

Les transferts œdipiens eux aussi favorisent la communication lorsque le client


cherche à plaire voire à séduire celui qui mène l’entretien en répondant à sa
demande : en cherchant à s’exprimer, à souffrir, à comprendre, à élaborer et aussi à
recevoir.

Le transfert positif dans son excès peut être nocif. Un transfert oral passif, de
dépendance, peut fixer l’interlocuteur dans une attitude infantile où il ne se prend
plus en charge, où il attend tout de l’autre, ce qui empêche toute possibilité de
progression et de maîtrise.

* Le transfert négatif
Le transfert négatif est basé sur toutes les formes de la haine : l’hostilité, la colère,
l’esprit critique systématique, la peur du jugement négatif, du rejet voire même de la
persécution. Ce transfert est tout à fait nuisible quand il est non exprimé et non
surmonté ; il empêche toute authenticité dans la relation ; l’approfondissement et la
communication restent impossibles.

D’autres sujets par masochisme vont accentuer ou faire durer la relation pénible, soit
pour revivre une relation douloureuse de l’enfance parce qu’elle avait été fortement

MODULE N° 3 28 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


investie, soit par auto-punition pour rester fixés dans leur souffrance. Ces entretiens
ne font que fixer la névrose du patient, si le psychologue ne déclare pas qu’il ressent
l’attitude négative de l’interlocuteur pour lui permettre d’en prendre conscience.

Par son attitude et son comportement, ses absences, ses retards, certaines de ses
exigences, le patient se comporte parfois de façon à revivre un œdipe malheureux
dans le transfert en cherchant à se faire rejeter par le psychologue. Quand l’hostilité
n’est pas formulée, il arrive fréquemment qu’elle se traduise par un passage à l’acte,
les sentiments refoulés s’expriment alors dans l’action. Le patient arrive en retard et
fait un bruit excessif dans la salle d’attente, entre de façon impromptue dans le
bureau du clinicien pendant une consultation.

Le transfert oral peut être aussi celui à l’égard de la mère destructrice de la position
schizo-paranoïde ; le patient en effet peut être terrorisé par la personne en face de
lui, par ses interventions qui seraient une nourriture empoisonnée et il parlera avec le
moins d’agitation possible pour que le clinicien ne puisse rien dire d’important qui
risquerait de l’écraser.

Pour les sujets qui vivent leur transfert au stade anal, ils vont agresser le
psychologue par un flot de paroles superficielles et non impliquées dans lequel le
clinicien n’arrivera plus à voir l’essentiel, ni à remplir sa fonction d’aide et de
compréhension, ou bien ce sera son besoin de rétention qui dominera et ce sera par
le silence qu’il manifestera son transfert négatif.

Exemple N° 1 : Chantal a beaucoup souffert du divorce de ses parents, ni l’un, ni


l’autre, ne l’ayant gardée chez eux en raison des difficultés psychologiques de l’un et
des voyages professionnels de l’autre. Tout en leur restant extrêmement attachée,
elle se sent agressive à leur égard. Sa relation avec son père s’établit
particulièrement sur le mode de la querelle ; elle le critique continuellement et
s’oppose à lui alors qu’il s’occupe d’elle et répond violemment ; elle vit avec plaisir
son pouvoir de l’importuner qui a la même valeur pour elle que celui de le séduire ;
ainsi tout à la fois, elle exprime sa rancœur de ne pas vivre avec lui et son amertume
du temps insuffisant qu’il lui accorde. Les mouvements d’humeur et la violence de
son père à son égard, représentent pour elle la preuve de l’attachement qu’il lui
porte, preuve dont elle a besoin pour compenser son éloignement de la maison ; en
un mot, elle l’affronte et s’oppose à lui pour entendre son autorité dont elle érotise la
force et la domination. Hésitant pour l’avenir de ses études, son père lui propose
pendant son année de terminale un conseiller d’orientation, ce qu’elle accepte
volontiers. Cependant, dès les premiers moments de l’entretien, elle critique les
questions posées, le programme de tests proposés, déclare que cela ne sert à rien,
agresse le psychologue, exprimant immédiatement un transfert paternel par ce
comportement.

Il est donc indispensable que le transfert négatif soit exprimé et analysé afin que la
patiente puisse percevoir que l’expression d’une hostilité qui a toujours été contenue
n’est pas mortifère.

La peur de l’autre peut être la projection de sa propre agressivité sur lui et c’est
l’occasion d’en prendre conscience. Dans la vie lorsqu’on agresse les autres parce

MODULE N° 3 29 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


que l’on a peur d’eux, on provoque toujours une réaction d’hostilité qui vient
confirmer les angoisses inconscientes tandis que dans l’entretien clinique, l’agression
sera reçue par la neutralité bienveillante du psychologue qui va chercher à analyser
cette attitude, ce qui peut permettre l’évolution du sujet, et lui faire comprendre sa
relation avec son entourage.

* La résistance par le transfert


Parfois, le transfert par son intensité ou sa permanence empêche l’entretien de se
poursuivre, pousse à la rupture ou au passage à l’acte.
⇒ Le patient peut chercher des gratifications pulsionnelles dans la relation
d’entretien : il se complait dans la passivité et la dépendance et
s’installe dans une position d’enfant.
⇒ D’autres peuvent venir pour vivre le plaisir d’agresser comme ils
auraient souhaité l’avoir fait avec un frère par exemple, pour avoir la
satisfaction de dominer ou d’écraser fantasmatiquement le clinicien ; le
plaisir sadique devient si grand que le patient ne vient que pour parler
au psychologue d’une institution que pour exprimer son agressivité à
l’égard de celle-ci qui a pris en charge son enfant.
⇒ Dans les établissements pour adolescents et adultes, le transfert
œdipien peut se transformer en sentiment amoureux ce qui est une
résistance à toute relation clinique possible car le patient ne vient voir le
psychologue que pour le voir, le toucher et espérer un rendez-vous en
dehors du lieu de travail, il va jusqu’à fausser son discours pour
séduire, c’est en fait un moyen pour fuir ses problèmes.
⇒ Certains sujets pour se protéger de la douleur que leur infligent leurs
problèmes s’en éloignent par intellectualisation ou par rationalisation ;
ce processus psychique est d’autant plus employé qu’il a été une
attitude valorisée par un être aimé dans son enfance.

Exemple N° 1 : un employé qui a des problèmes relationnels dans son travail,


en consultant un clinicien, va dévier son discours sur des questions politiques. Il
agira ainsi à la fois pour se protéger de toute implication et se faire admirer par
le clinicien représentant l’image parentale qui admirait les conssaisseurs de
théories politiques.

Toutes ces résistances dans le transfert peuvent se manifester dans un seul


entretien, mais elles apparaissent plus clairement encore quand les entretiens
se répètent.

CONCLUSION : CONSTRUCTION D’UNE STRATEGIE


THERAPEUTIQUE ADAPTEE
En clinique, il importe d’abord :
⇒ D’établir une relation de confiance avec le patient sans laquelle aucun suivi n’est
possible.
⇒ De construire une stratégie thérapeutique adaptée au patient d’où la nécessité
d’une évaluation fine et approfondie de l’ensemble de la situation du patient.
⇒ D’analyser l’engagement du clinicien dans l’interaction.

MODULE N° 3 30 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


⇒ D’évaluer l’efficacité de la stratégie retenue. Le clinicien doit être capable
d’analyser les paramètres qui entravent le changement ; ces paramètres peuvent
être liés au patient, au thérapeute ou à la technique proposée ; dans ce dernier cas,
il doit pouvoir modifier sa stratégie.
On peut tenter de définir les éléments actifs qui interviennent dans toute intervention
thérapeutique :
⇒ Le thérapeute est d’abord récepteur par le biais d’une écoute dite scientifique ; ce
recueil interactif de l’information s’effectue en trois temps :
« je sélectionne les éléments du discours de mon patient qui me frappent le plus ».
« je formule une hypothèse sur ce que vit présentement le patient ».
« je demande au patient de valider ou d’invalider mon hypothèse ».
⇒ Le clinicien est ensuite interprète en ce sens qu’il donne au patient des
interprétations ; ces formulations seront validées ou non par le patient en fonction de
la perception qu’il a de sa réalité interne ou externe et des changements qu’il induit
dans cette manière d’appréhender le monde, les autres et lui-même.
⇒ Comme facilitateur, le thérapeute favorise un des quatre processus fondamentaux
de l’expérience du patient : « sa perception des faits, ses ressentis, ses
interprétations et ses intentions ». Le choix dépend de la stratégie poursuivie.
⇒ Expert, le thérapeute introduit des cibles (modes de fonctionnement) qu’il propose
à son patient.
⇒ Référent, le clinicien prône des valeurs existentielles comme celles de l’auto
développement, mais surtout il explique clairement à son patient l’influence qu’il veut
exercer sur lui ; ce dernier paramètre, l’influence du thérapeute sur le patient, est trop
souvent méconnue ou lorsqu’il est répertorié, il est souvent omis comme s’il était trop
encombrant (peur du pouvoir que l’on exerce sur l’autre).
⇒ Un élément pourrait être actif : le mode de relation que le thérapeute a avec la
thérapie : la théorisation permet un ordonnancement du matériel qui facilite la
communication.
⇒ Reste un élément quasi évident pourtant peu analysé l’existence de la rencontre
thérapeutique : importance du cadre.

En bref, activité centrale du sophrologue, l’entretien clinique est échange de paroles


avec autrui, échange asymétrique où le clinicien doit savoir écouter et faciliter la
parole de l’autre avant de parler lui-même. Ce qu’il dit fait intervenir son système
théorique mais aussi sa personne, une communication complexe verbale et non
verbale mobilise transfert et contre-transfert.

L’enfant ne s’exprime pas de la même manière qu’un adulte : par des productions
symboliques, il montre et voile à la fois son univers intérieur. L’adolescent s’exprime
comme un adulte mais luttant contre un sentiment de dépendance cherche et récuse
la communication.

Dans une perspective de recherche, on s’attachera à l’analyse du contenu intégral


des entretiens ; dans une perspective thérapeutique, on suit d’entretien en entretien
ce qui se modifie.

MODULE N° 3 31 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


METHODES DECOUVRANTES

SOPHRO-ANAMNESE
1. DEFINITION
La Sophro-Anamnèse est une recherche de renseignements fournis par le
sophronisé sur sa propre histoire. Elle ne remplace pas véritablement l’anamnèse qui
doit être pratiquée systématiquement. Cependant, elle permet au patient de vivre son
histoire au travers de son vécu corporel. Cette méthode donne des repères sur
l’histoire psychoaffective du sujet. En effet, des images chargées d’affects agréables
ou désagréables, émergent en état sophronique. Elles évoquent des situations
vécues dans le passé. Ces images peuvent aider à mieux connaître le patient et
facilitent son implication en début de thérapie. Le vécu sophronique servira de point
de départ à une recherche « causale ».

2. CARACTERISTIQUES DE LA METHODE:
Plusieurs possibilités sont offertes au sophrologue pour réaliser ce type de méthode:

• On peut découper la vie du sujet en plusieurs parties (par exemple: enfance,


adolescence, vie adulte) et lui demander de revivre des situations
correspondant à ces périodes.
• On peut induire une régression chronologique systématique, années après
années, le plus loin possible
• Il existe également la technique de l’ « écran mental ». Elle consiste à
demander au sophronisé de faire venir sur son écran mental le souvenir
d’une situation vécue dans son passé. Il doit encadrer son écran mental d’un
cadre noir si l’événement a été traumatisant et d’un cadre blanc si
l’événement relève d’une situation positive. Lors de la séance, le
sophrologue peut suggérer le retour d’un ou de plusieurs événements.

Il est nécessaire de s’octroyer une séance d’environ une heure pour mener à bien
une sophro-anamnèse. Cette sophro-anamnèse sera renouvelée dans une séance
ultérieure en fonction du résultat.

Il est également nécessaire de laisser du temps au sophronisé lors de l’ « activation


intra-sophronique » afin d’encourager l’émergence des souvenirs et de leur
dimension inconsciente.

L’écoute bienveillante post-sophronique est de rigueur afin d’analyser les


phénomènes survenus lors de la séance.

Un avantage de cette méthode c’est qu’elle n’est pas seulement une anamnèse au
sens classique, mais il s’agit également d’une thérapie. Anamnèse et thérapie sont
assurées simultanément.

MODULE N° 3 32 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


3. METHODOLOGIE:
Le sophrologue procède de la façon suivante:
• Après quelques séances d’ « anamnèse »
• Sophronisation de base afin d’atteindre le niveau sophroliminal
• Lors de l’activation intra-sophronique, le sophrologue utilise l’une des trois
possibilités (ma préférence porte sur la première méthode)
• Désophronisation
• Entretien post-sophronique: Lors de cet entretien, le sophronisé évoque le vécu de
la séance et les relations corporelles qu’il a ressenties lors de l’émergence des
souvenirs.
• La sophro-anamnèse n’étant pas une méthode onirique (car elle porte sur des
faits réels), le patient s’exprimera dans la discussion et entrera lui même dans la
réflexion et l’auto-analyse. Le sophrologue encourage la parole dans une attitude
propre à l’entretien clinique.

CONCLUSION
La sophro-anamnèse est une technique découvrante. Elle doit être pratiquée dans
une attitude de neutralité bienveillante et dans le respect des productions du
sophronisé. Elle s’utilise après les différentes séances d’anamnèse et peut enrichir
d’une façon somatothérapique le vécu du travail déjà entrepris par le patient. C’est
une méthode découvrante qui relève du même art que celui lié à l’entretien clinique.

SEANCE GUIDEE DE SOPHRO-ANAMNESE

Installez-vous confortablement, les yeux fermés sans crispation. Vous allez relâcher tous les
muscles de votre corps en commençant par le front.

Vous portez votre attention sur votre front. Relâchez votre front. Faites en sorte qu’il
devienne lisse en supprimant les rides d’expression. Laissez aller les sourcils, les yeux, les
globes oculaires, les muscles derrière les yeux. Maintenant vous relâchez les joues. La face
externe de vos joues en rapport avec votre visage. La face interne en rapport avec votre
bouche. Relâchez également l’espace à l’intérieur de votre bouche. Vous desserrez les dents.
Votre langue est souple. Vous relâchez votre palais, votre gorge, votre larynx. Appréciez
surtout cet agréable aplanissement de tout ce qui peut être plis au niveau de votre visage,
du front au menton.

Vous portez votre attention sur vos épaules que vous relâchez le plus profondément
possible. Puis par la pensée, à partir de vos épaules, vous descendez progressivement le
long de vos bras en visualisant tous les muscles de vos bras. Vous laissez aller les bras, les
coudes que vous voyez souples et déliés, les avant bras. Les poignets que vous visualisez
souple et déliés. Les mains jusqu’au bout des ongles. Ressentez toutes les énergies usées en
train de s’évacuer au travers de la pulpe des doigts.

Vous remarquez que le relâchement de vos bras accentue le relâchement de votre nuque et
de la partie supérieure de votre corps. Relâchez profondément cet endroit de votre corps.

MODULE N° 3 33 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


Vous relâchez votre thorax et votre ventre, ceci en harmonie avec votre respiration.
Observez votre respiration; elle se fait toute seule. Observez ce flux et ce reflux au niveau de
votre ventre et de votre poitrine. L’air entre et sort sans aucune contrainte. Remarquez qu’à
chaque expiration votre détente s’accentue, agréablement, profondément, comme cela se
produit généralement après un long soupir.

En même temps que vous relâchez votre ventre, vous relâchez votre dos, vertèbres par
vertèbre en descendant le long de votre colonne vertébrale par la pensée. Vous sentez votre
dos devenir lourd. Vous avez l’impression qu’il s’enfonce lourdement sur la surface sur
laquelle il repose, qu’il devient encore plus lourd. Vous avez l’impression que si vous deviez
vous relevez, vous devriez faire un effort considérable tellement votre corps est devenu
lourd. Le relâchement de votre corps se fait en relation avec votre respiration. Il s’agit d’une
respiration calme et agréable.

Toute la partie supérieure de votre corps est au repos complet. Je vous propose de relâcher
la partie inférieure, c’est à dire les jambes.

Ressentez vos fessiers qui appuient lourdement aux endroits où ils reposent. Puis descendez
par la pensée le long de vos jambes en relâchant d’abord vos cuisses. Les muscles profonds,
les muscles superficiels. Relâchez les genoux, les ligaments de vos genoux que vous
visualisez souples et déliés. Relâchez bien vos mollets, vos chevilles, les ligaments de vos
chevilles, vos pieds jusqu’aux orteils.

Je vous propose de porter votre attention sur votre respiration. Elle se fait toute seule.
Prenez-en conscience. Ressentez bien votre respiration au niveau de votre ventre et
remarquez ce qui se passe au niveau de votre plexus solaire à la hauteur de l’estomac. Vous
ressentez une sensation de chaleur qui s’accentue lors de chaque expiration. Ressentez bien
cette chaleur qui se diffuse agréablement dans tout votre corps. Votre corps devient
agréablement chaud. Cette chaleur progresse. Elle progresse encore. Vous êtes parfaitement
bien, très présent.

Vous percevez maintenant votre corps comme s’il s’agissait d’une masse pesante, chaude,
agréable. Votre corps est devenu un lieu confortable, dans lequel vous vous sentez
parfaitement bien. Acceptez le plaisir que vous apporte votre corps. Ne le refusez pas.

Vous avez maintenant atteint le niveau sophroliminal grâce à cette sophronisation. Ce niveau
est indispensable pour favoriser la prise de conscience des conditionnements physiques et
psychologiques auxquels vous participez.

Votre cerveau se relâche aussi, comme un muscle. Et votre inconscient est mieux à même de
s’exprimer. Nous allons profiter de cet état de conscience particulier pour faire maintenant
un exercice de sophro-anamnèse.

Pour cela, je vous demande de diviser votre âge en trois tiers égaux. Par exemple, si vous
avez 30 ans, vous divisez votre âge en trois tranches de 10 ans.

Pour commencer, vous allez passer en revue les événements importants qui se sont produits
dans le premier tiers de votre vie. Vous les visualisez sur votre écran mental comme s’il
s’agissait d’un film qui défile devant vous, mais il s’agit du film de votre vie. Les événements
se succèdent rapidement dans un ordre chronologique. Regardez ces événements. Revivez-
les un instant... Puis vous choisissez dans ce premier tiers un événement particulier. Cet
événement vous le synthétisez sous forme d’image, d’arrêt vidéo. Regardez cette image

MODULE N° 3 34 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


pendant quelques instants sur votre écran mental. Cette image occupe tout le champ de
votre conscience actuellement. Puis cette image, vous la mémorisez et vous n’y pensez plus
pour le moment.

Vous faites maintenant la même chose pour le deuxième tiers de votre vie. Vous visualisez
les événements importants qui se sont produits dans cette deuxième partie de votre vie, de
préférence dans un ordre chronologique. Revivez ces événements... Puis vous choisissez un
événement particulier que vous synthétisez sous forme d’image. Regardez cette image qui
occupe tout le champ de votre conscience actuellement. Puis vous mémorisez cette image.

Vous procédez de la même façon pour le dernier tiers de votre vie. Vous regardez ces
événements sur votre écran mental. Vous les vivez d’une façon chronologique... Vous
choisissez un événement particulier appartenant à ce dernier tiers et vous le synthétisez sous
forme d’image. Contemplez cette image pendant quelques instants sur votre écran mental.
Vous vivez profondément cette image. Puis vous la mémorisez.

Relâchez un peu plus votre corps. Votre visage, votre buste, vos bras, vos jambes.

Maintenant, sur votre écran mental, je vous propose de visualiser les trois images que vous
avez sélectionnées.

Le but de l’exercice est maintenant de trouver un lien entre les trois images. Posez-vous la
question de savoir pourquoi ce sont précisément ces trois images qui se sont imposées à
vous plutôt que d’autres images. Qu'est-ce qui peut bien unir ces trois images. Analyser ces
images...

Puis vous revenez ici et maintenant. Vous retrouvez votre corps, qui, pendant ce temps là a
poursuivi sa détente, sa décompression.

Vous êtes bien, parfaitement à l’aise. Et vous vous rendez compte que vous pourriez
prolonger encore pendant un certain temps votre degré de relaxation. Mais vous allez vous
faire à l’idée de reprise, à cette idée qu’il va falloir sortir progressivement de ce niveau de
conscience particulier entre veille et sommeil. Reprendre conscience du niveau de vigilance
nécessaire à l’actualité et du tonus musculaire nécessaire à l’activité.

Vous inspirez profondément une première fois, une deuxième fois, une troisième fois. Vous
ouvrez les yeux. Vous reprenez conscience de tout le positif qui vous entoure. Et vous vous
étirez profondément. Quand vous avez l’impression d’avoir suffisamment récupéré, vous
ouvrez les yeux et vous vous levez doucement.

LA SOPHRO-ANALYSE
1. DEFINITION:
Au delà de la sophronisation de base, la sophro-analyse fait passer de l’espace
recouvrant à l’espace découvrant. Elle est très spécialisée et ne peut être utilisée que
par des thérapeutes maîtrisant parfaitement les concepts analytiques. Comme son
nom l’indique, la méthode consiste à effectuer un cursus analytique, thérapeutique,
ou didactique, en bénéficiant de l’état sophronique. S’éloignant de la psychanalyse
classique, mais grâce à l’ « alliance », le sophrologue se permettra d’insérer une
méthode de sophronisation de base dans le courant de la cure

MODULE N° 3 35 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


2. CARACTERISTIQUES DE LA METHODE:
L’instauration de l’état sophronique à chaque séance permettra au sophrologue de
renforcer son accompagnement et de dynamiser la cure. Le vécu sophroliminal
apparaît comme un accélérateur de l’émergence de l’inconscient et accentue d’une
façon significative les « associations libres ». La sophro-analyse peut être utile
dans l’approfondissement d’un traitement et être complémentaire de la « sophro-
anamnèse » dans la phase d’activation intra-sophronique. Elle est un moyen
découvrant puissant qui permet au sophrologue de s’éloigner des méthodes
recouvrantes qu’il utilisait en début de sophro-thérapie. Enfin, cette méthode permet
au sujet de s’exprimer d’une façon illimitée en permettant au sophrologue d’actualiser
sa position d’écoute bienveillante.

3. METHODOLOGIE:
Le sophrologue favorise l’accès au niveau sophroliminal à l’aide:
• D’une sophronisation de base ou
• Du training autogène de Schulz:
• Le cycle inférieur donne les moyens d’accéder au cycle supérieur qui n’est
autre chose qu’une « auto-analyse ».
Une fois la zone sophroliminale atteinte, le sophrologue se trouve face à
quatre possibilités
1. On laisse le sophronisé s’exprimer en adoptant une attitude d’écoute et de
neutralité bienveillante. Dès le retour à l’ état de conscience ordinaire, on laisse la
libre expression au patient afin d’encourager sa propre recherche et
l’établissement de questions, comme cela se fait communément en analyse
classique.
2. La deuxième possibilité consiste à encourager le sophronisé à retrouver un rêve
qu’il a fait et d’en analyser les symboles. Cette approche fait référence à l’Ecole de
JUNG.
3. On peut demander au sophronisé d’approfondir un rêve en lui demandant de le
poursuivre sur son écran mental. Le sophrologue analyse systématiquement tous
les symboles qui se présentent
4. On invite le sujet lorsqu’il est en zone X, à choisir une couleur, puis un objet. A
partir de ces représentations, il laisse venir sur son écran mental des images en
association libre. Le sophrologue lui demande d’en rechercher l’explication.
• Récupération, relaxation du corps
• désophronisation.

CONCLUSION
La sophro-analyse est une technique découvrante à part entière. Elle suppose une
série de séances dont le nombre ne peut être précisé, étant donné qu’il est variable
selon les patients, la demande et le sophrologue.
De même, cette méthode encourage l’émergence de l’inconscient, la réflexion dont
l’élaboration peut être plus ou moins longue.
Elle nécessite l’analyse des symboles afin d’ amener le sophronisé dans un
processus de changement favorable à son épanouissement psychosomatique.
Cette approche nécessite une formation spécialisée. Le praticien doit connaître
parfaitement sa disponibilité et ses responsabilités.

MODULE N° 3 36 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


PSYCHO-SOPHRO-SOMATOTHERAPIE®

1. DEFINITION:
Issue de la « Somatanalyse », la Psycho-Sophro-Somatothérapie intègre la
démarche sophronique dans les processus thérapeutiques. La pratique de la PSS
favorise:
• La proximité qui autorise l’expression de l’affectif (avantage du toucher);
• La relaxation corporelle qui remplit le corps d’un engramme de
« jouissance ».

2. LE CADRE
Le sophronisé est allongé tête surélevée cependant que le thérapeute, assis près de
lui, le touche en posant sa main sur une partie de son corps. Cette façon de procéder
permet d’établir un canal de communication tactile.

3. COMMUNICATION PAR LES CINQ SENS


Le thérapeute et le patient sont dans:
• La communication visuelle,
• La communication tactile,
• La communication olfactive,
• La communication auditive,
• La communication « énergétique ».

4. LE CONTRE-TRANSFERT
Par ce procédé, le thérapeute peut jouer avec le contre-transfert en s’éloignant plus
ou moins du patient.

5. RENFORCEMENT DE LA NOTION D’ANCRAGE


Par le toucher, le thérapeute favorise l’ancrage. Il peut le cas échéant mesurer le
degré d’emprise de son patient: impression d’être possédé ou pas. (Cf. Franz
VELDMAN et L’Haptonomie)

6. LE THERAPEUTE DOIT EVITER LE CLIVAGE


Le thérapeute doit éviter de « séduire » son patient en restant dans une position de
bienveillance et d’empathie. Il doit simplement être en « ouverture affective ». (Cf.
C. ROGERS)

7. LES APPLICATIONS
La Psycho-Sophro-Somatothérapie peut s’appliquer, d’une façon satisfaisante, dans
le cadre:
• De la gestion des émotions,
• De la gestion de l’affectivité,
• De la gestion du stress

MODULE N° 3 37 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées


BIBLIOGRAPHIE :
1. Corinne MOREL « L’ABC de la psychologie et de la
psychanalyse » de aux Editions Jacques Grancher
2. Roger PERRON « Une psychanalyse pourquoi ? » aux
Editions Inter Editions
3. Daniel LAGACHE « La psychanalyse » coll. Que sais-je (PUF)
n° 660

MODULE N° 3 38 © École de Somatothérapie et de Sophrologie Appliquées

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