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PERSONNE, SANTE, SOCIETE (PSS)

Mécanismes du stress et de
l adaptation

Dr Camille Nemitz Piguet


Unité Santé Jeunes
Département de Psychiatrie
Département Femme Enfant Adolescents
camille.piguet@unige.ch

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Cours repris des prof. Alexandre Dayer et prof. Marie Schaer
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Stress et évolution

• Stresseur: situation menaçant l’équilibre (intégrité) de l’organisme


• Stress: réponse adaptative de l’organisme, afin de maintenir un
équilibre psychologique et physique (principe d’homéostasie).

« La fixité du milieu intérieur est la condition d’une vie libre et indépendante »


Claude Bernard (1850)
Homéostasie versus allostasie

• L homéostasie représente l ensemble des régulations


permettant à l organisme de maintenir son milieu interne et
son fonctionnement.

• Les réserves homéostatiques (réserves face aux stresseurs),


diminuent avec l âge ou les maladies.

• L allostasie représente un changement dans les règles de


fonctionnement d un système biologique (ou de plusieurs) :
l état « basal » est autre, le fonctionnement usuel est perdu
au profit de régulations compensatrices coûteuse pour
l’organisme (exemple: alcoolisme, automédication).
Les ingrédients du stress

Evaluation
Incontrôlable Imprévisible Nouveau
cognitive
Conséquences du stress

• Un stress modéré s’accompagne d’un état d’éveil


(vigilance), ainsi que de pensées (cognition)
élaborées et complexes. L’état émotionnel est neutre.

• Un stress sévère s’accompagne d’une activation


intense, ainsi que de pensées concrètes, avec de
l’anxiété.

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Conséquences du stress
• Un stress très sévère (avec risque de décès)
s accompagne de réponses de fuite ou de combat ou
une immobilisation, ainsi que de pensées réflexes (peu
élaborées) et de terreur.

• Cela peut altérer le sens de sa propre identité


(dépersonnalisation), altérer la perception de
l environnement (déréalisation) et induire une analgésie
(absence de douleur malgré la présence de
traumatismes et de lésions).
Le stress: de nombreuses variables à intégrer

• Stresseurs physiques: hémorragies, hypo/hyper-


thermie, hypoxie, hypoglycémie, …
• Stresseurs psychiques: psychosociaux, liés aux
défaites, agressions, conflits. Pression compétitive
liée à la performance. Status hiérarchique.
• Durée du stress (aigu à chronique)
• Intensité du stress (modéré à sévère)
• Capacités physiologiques et psychiques de
l organisme pour faire face au stress (vulnérabilité
versus résilience)
Biologie du stress: du cortex au tronc
cérébral

• Stresseurs de nature psychologique : ils exigent


l intégration de plusieurs modalités sensorielles dans le
cortex cérébral

• Stresseurs de nature biologique : ils sont détectés par le


tronc cérébral et font l objet de réponses réflexes: froid ou
chaleur, hypoxie (manque d oxygène), manque de sang
après hémorragie, hypoglycémie (manque de glucose dans
le sang), etc.
Biologie du stress: du cortex au
tronc cérébral

• Le néocortex est impliqué dans la perception et


l analyse cognitive des stresseurs

• le système limbique est impliqué dans la mémoire


et les émotions (amygdale)

• le tronc cérébral dans l activation des systèmes de


perception (attention accrue) et l activation du
système neurovégétatif sympathique.
Biologie du stress
Cortex Prefrontal

STRESS

Hippocampe

Amygdale

Système nerveux Glande surrénale


autonome

Réponse rapide: Réponse lente:


Activation de l’amygdale et Activation de l’ axe hormonal
du système nerveux autonome du stress
Biologie du stress

Cortex et
structures limbiques

Hypothalamus
Tronc cérébral
Hypophyse

Axe hormonal Périphérie


du stress
(HHS)
Médiateurs moléculaires du stress

• Augmentent l anxiété et la vigilance: CRF, ACTH,


noradrénaline, etc.

• Diminuent l anxiété et la vigilance: acide γ-


aminobutyrique (GABA). >> benzodiazépines,
somnifères.
Amygdale

• L’amygdale détecte/ intègre des stimuli


Cortex Prefrontal
dangereux et participe à la mémorisation
de l’émotion de peur accompagnant le
stress

• L’amygdale innerve les centres effecteurs


de l’émotion de peur : muscles du visage,
Hippocampe centres de régulation de la fréquence
cardiaque, de la transpiration
Amygdale (conductance cutanée à l’électricité), de la
sécrétion des hormones de stress, etc.
Réponse de l’organisme lors d’un stress

rapide

Système nerveux autonome


sympathique
para-sympathique

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Stress, cortisol et réactions comportementales

Réponse hormonal
Cortisol

0 15 30 45 60
Temps (min)
Les 3F: «fight, flight, freeze»
Stress
L’importance du contrôle

• Si le sujet a l impression qu il peut prévoir la survenue du


stresseur et le contrôler, il souffre de conséquences moins
graves que lorsque le stresseur est imprévisible et non
contrôlable.

• Les stresseurs non contrôlables mènent à la situation dite de


« détresse acquise », chez l animal comme chez l homme, à
l impression d une « impasse » (situation que la personne
pense ne pas pouvoir surmonter).

• L évaluation de la sévérité du stresseur et de la possibilité


de le contrôler comporte une part de subjectivité!
L’importance du contrôle
Animal qui Animal qui
contrôle un subit le Animal
stresseur stresseur sans stress

Feedback Légers stimuli Absence de Absence de


aversifs feedback stimuli
(électriques) aversifs
Conséquence d’un stress non-contrôlable chez
l’animal

• Comportements d’inhibition de motricité (immobilité,


toilettage, etc).
• Diminution de la sociabilité, de la sexualité, de l’appétit.
• Augmentation de l’anxiété et crainte de la nouveauté.
• Augmentation de la fréquence cardiaque, diminution des
fonctions digestives, altérations du système immunitaire.
Effets d’un stress sévère chez l’animal

• Augmentation de la sécrétion de CRF, de l hormone


adrénocorticotrophine (ACTH) et du cortisol.

• Cette activation de l axe hypothalamo-hypophyso-


surrénalien (HHS) aboutit à une augmentation de la
glycémie, du stockage de glycogène, de la pression
artérielle et à une diminution de la densité des os.

• A long terme, possible atrophie de l hippocampe


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Stress et adaptation

• Les mécanismes d adaptation aux stresseurs peuvent être


bénéfiques (par exemple lors de réponse aiguë) ou
délétères (par exemple lors de stress chronique) et, dans
ce cas, aboutir à des maladies physiques ou
psychiatriques.

• Les stresseurs sévères ont donc des conséquences


durables sur le psychisme et sur la biologie d un sujet.
L état de stress post-traumatique (ESPT) figure parmi ces
conséquences délétères.
Stress et adaptation
• Les différences individuelles de personnalité font que chaque
personne répond différemment aux stresseurs: réponses
psychologiques (évaluation des stresseurs) neurovégétatives,
endocriniennes, immunitaires et comportementales (réactifs
versus proactifs).

• Les personnes résilientes sont capables de vivre normalement


malgré l exposition (passée ou présente) à des stresseurs
importants.
L’art de gérer le stress

« Our greatest weapon against stress is our ability to choose one


thought over another » William James 26
Les deux « visages » du stress

le « bon » stress le « mauvais » stress

Stimulation des apprentissages Mémoire traumatique


Affrontement positif Evitement
Sentiment de maitrise Sentiment d’impuissance
Bonne estime de soi Mauvaise estime de soi
Dépassement de soi Epuisement
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Concept de résilience
•En physique, la résilience est définie comme la capacité
d’un système de retrouver son état initial après déformation.
•Après des stress sévères, il est difficile de retrouver son état
initial (psychologique et biologique), mais le sujet peut
réorganiser plus ou moins bien son existence, s’adapter,
retrouver une vie heureuse -> capacité de résilience

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Modèle biopsychosocial de la santé
mentale & résilience

29
Feder at al. Biol Psychiatry 2019
Feeling stressed ?

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Stress et Anxiété

Anxiété : crainte d’un danger

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MERCI POUR VOTRE ATTENTION

• https://minds-ge.ch/

• https://www.covidout.ch/

• https://www.toiaussi.ch/

• https://scienscope.unige.ch/bioscope/

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Modes d adaptation au stress

• Chaque personne a des stratégies d adaptation


qui dépendent de sa personnalité, de sa culture,
des apprentissages et des évènements de vie.

• Faire face pour résoudre l enjeu: stratégie


proactive ou « active coping ».

• Ne rien faire, fuir l enjeu ou en nier l existence:


stratégie de « passive coping ».
« Active coping »

• Stratégie ou adaptation proactive, avec comportements


d’« approche »: défense, agression, combat ou fuite.

• Les stratégies choisies sont spécifiques et concernent la


personne elle-même (se changer soi-même) ou son
environnement (transformer les conditions externes).

• Il y a prise de risque et dépense d’énergie.

• Activation prédominante du système autonome


sympathique (adrénaline).
« Passive coping »

• Stratégie “passive” : comportements d’évitement,


immobilisation et passivité. « Ne rien faire, fuir l’enjeu ou en
nier l’existence ».

• Les stratégies sont mal focalisées. La personne se juge de


façon négative et critique, avec une hypervigilance et une
angoisse.

• Il y a prudence et économie des énergies.

• Activation chronique de l’axe hormonal du stress (cortisol)

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