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Compulsion de répétition
II est bien évident que la psychanalyse s’est trouvée confrontée dès l’origine à
des phénomènes de répétition. Si l’on envisage notamment les symptômes,
d’une part certains d’entre eux sont manifestement répétitifs (rituels
obsessionnels par exemple), d’autre part ce qui définit le symptôme en
psychanalyse, c’est précisément qu’il reproduit, de façon plus ou moins
déguisée, certains éléments d’un conflit passé (c’est en ce sens que Freud
qualifie, au début de son œuvre, le symptôme hystérique de symbole
mnésique *). D’une façon générale, le refoulé cherche à « faire retour » dans
le présent, sous forme de rêves, de symptômes, de mise en acte * : « … ce qui
est demeuré incompris fait retour ; telle une âme en peine, il n’a pas de repos
jusqu’à ce que soient trouvées résolution et délivrance »(1).
Ces deux questions sont d’ailleurs étroitement solidaires, tel type de réponse à
l’une ne permettant pas une quelconque réponse à l’autre. Les solutions
proposées comportent toute une gamme depuis la thèse qui voit dans la
compulsion de répétition un facteur absolument original jusqu’aux tentatives
pour la réduire à des mécanismes, à des fonctions déjà reconnus.
La conception d’Edward Bibring illustrerait bien une tentative de solution
médiane. Cet auteur propose de distinguer entre une tendance répétitive qui
définit le ça et une tendance restitutive qui est une fonction du moi. La
première peut bien être dite « au-delà du principe de plaisir » dans la mesure
où les expériences répétées sont aussi douloureuses qu’agréables, mais elle ne
constitue pas pour autant un principe opposé au principe de plaisir. La
tendance restitutive est une fonction qui tente par divers moyens de rétablir la
situation antérieure au traumatisme ; elle utilise les phénomènes répétitifs au
bénéfice du moi. Bibring a, dans cette perspective, proposé de distinguer les
mécanismes de défense où le moi rest.e sous l’emprise de la compulsion de
répétition sans qu’il y ait résolution de la tension interne, les processus
d’ abréaction * qui de façon immédiate ou différée déchargent l’excitation,
enfin des mécanismes dits de dégagement * dont la « … fonction est de
dissoudre progressivement la tension en changeant les conditions internes qui
lui donnent naissance » (6).
(1) Freud (S.). Analyse der Phobie eines fünfjàhrigen Knaben. 1909. G.W., VII, 355 ;
S.E., X, 122 ; Fr., 180.
(2) Cf. Freud (S.). Das Ökonomische Problem des Masochismus, 1924. Passim.
(3) Cf. Freud (S.). Die endliche und die unendliche Analyse, 1937. Passim.
(4) Freud (S.). GAV., XIV, 192 ; S.E., XX, 159 ; Fr., 88.
(5) Freud (S.). Jenseiis des Lustprinzips, 1920. G.W., XIII, 69 ; S.E., XVIII, 63 ; Fr.,
74.
(6) Bibring (E.). The conception of the répétition compulsion, 1943, in Psychoanalytic
Quarterly, XII, 486-519.