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Pulsion sexuelle
= D. : Sexualtrieb. – En. : sexual instinct. – Es. : instinto sexual. – I. : istinto ou pulsione sessuale. – P. :
impulso ou pulsào sexual.

● Poussée interne que la psychanalyse voit à l’œuvre dans un champ beaucoup plus vaste que celui des
activités sexuelles au sens courant du terme. En elle se vérifient éminemment certains des caractères de la
pulsion qui différencient celle-ci d’un instinct : son objet n’est pas biologiquement prédéterminé, ses
modalités de satisfaction (buts) sont variables, plus particulièrement liées au fonctionnement de zones
corporelles déterminées (zones érogènes) mais susceptibles d’accompagner les activités les plus diverses
sur lesquelles elles s’étayent. Cette diversité des sources somatiques de l’excitation sexuelle implique que
la pulsion sexuelle n’est pas d’emblée unifiée, mais qu’elle est d’abord morcelée en pulsions partielles
dont la satisfaction est locale (plaisir d’organe).

La psychanalyse montre que la pulsion sexuelle chez l’homme est étroitement liée, à un jeu de
représentations ou fantasmes qui viennent la spécifier. Ce n’est qu’au terme d’une évolution complexe et
aléatoire qu’elle s’organise sous le primat de la génitalité et retrouve alors la fixité et la finalité apparentes
de l’instinct.

Du point de vue économique, Freud postule l’existence d’une énergie unique dans les vicissitudes de la
pulsion sexuelle : la libido.

Du point de vue dynamique, Freud voit dans la pulsion sexuelle un pôle nécessairement présent du conflit
psychique : elle est l’objet privilégié du refoulement dans l’inconscient.

◼ Notre définition fait ressortir le bouleversement qu’a apporté la psychanalyse à l’idée d’un « instinct
sexuel », ceci aussi bien en extension qu’en compréhension (voir : Sexualité). Ce bouleversement porte à
la fois sur la notion de la sexualité et sur celle de pulsion. On peut même penser que la critique de la
conception « populaire » ou « biologique » de la sexualité (1), qui fait retrouver à Freud une même
« énergie », la libido*, à l’œuvre dans des phénomènes très divers et souvent fort éloignés de l’acte
sexuel, coïncide avec le dégagement de ce qui chez l’homme différencie fondamentalement la pulsion de
l’instinct. Dans cette perspective, on peut avancer que la conception freudienne de la pulsion, élaborée à
partir de l’étude de la sexualité humaine, ne se vérifie pleinement que dans le cas de la pulsion sexuelle
(voir : Pulsion, Instinct, Étayage, Pulsions d’auto-conservation).

Freud a soutenu tout au long de son œuvre que c’était sur la pulsion sexuelle que s’exerçait électivement
l’action du refoulement ; il lui fait en conséquence jouer un rôle majeur dans le conflit psychique* tout en
laissant ouverte la question de ce qui fonde en définitive un tel privilège. « Théoriquement rien n’empêche
de penser que toute exigence pulsionnelle, quelle qu’elle soit, puisse provoquer les mêmes refoulements et
leurs conséquences ; mais l’observation nous révèle invariablement, dans toute la mesure où nous
pouvons en juger, que les excitations qui jouent ce rôle pathogène émanent de pulsions partielles de la
sexualité » (2) (voir : Séduction, Complexe d’Œdipe, Après-coup).

La pulsion sexuelle, opposée par Freud, dans la première théorie des pulsions, aux pulsions d’auto-
conservation, est assimilée, dans le dernier dualisme, aux pulsions de vie* ou à Éros*. Alors que dans le
premier dualisme elle était la force soumise au seul principe de plaisir, difficilement « éducable »,
fonctionnant selon les lois du processus primaire et venant sans cesse menacer du dedans l’équilibre de
l’appareil psychique, elle devient, sous le nom de pulsion de vie, une force qui tend à la « liaison », à la
constitution et au maintien des unités vitales ; et, en revanche, c’est son antagoniste, la pulsion de mort,
qui fonctionne selon le principe de la décharge totale.
Un tel changement se comprend mal sans que soit pris en considération l’ensemble du remaniement
notionnel accompli par Freud après 1920 (voir : Pulsions de mort, Moi, Liaison).

(1) Cf. Freud (S.). Drei Abhandlungen. zur Sexualtheorie, 1905. G.W., V, 33 ; S.E., VII, 135 ; Fr., 17.

(2) Freud (S.). Abriss der Psychoanalyse, 1938. G.W., XVII, 112 ; S.E., XXIII, 186 ; Fr., 55-6.

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