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- Universiré de Montpellier -

MASTER 1 DE PSYCHANALYSE - UNIVERSITÉ PAUL VALÉRY III

Concepts fondamentaux de la psychanalyse I : Freud


QU’EST CE QUE LE SEXUEL
CHEZ FREUD ?

Présenté par Jessica BEUQUE


N° Etudiant : 22112570

ANNÉE 2021
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« Qui donc, en psychanalyse, parle vraiment de
sexualité ? »
Jean Laplanche, colloque international de Psychanalyse, Montréal 1992,
Paris, PUF, 1994

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Table des matières

Introduction ———————————————————————————— page 4

II - La fonction sexuelle Freudienne, le Ça et Jouissance —————————— page 4

II - Le sexuel à travers l’oeuvre de Freud : Freud, hystérique du sexe ? ———— page 6

Conclusion et critiques Post-Freudiennes —————————-———————— page 6

Bibliographie et annexe ——————————————————-————— page 7

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INTRODUCTION

« Tout est sexuel ». Sigmund Freud a durant sa vie effectué de nombreuses recherches et écrit de
nombreux ouvrages qui ont bousculé de nombreuses théories. Un siècle plus tard nous continuons à étudier
ses oeuvres à travers le monde. Durant mes trois années d’études en psychologie à Aix-Marseille Université,
j’ai pu étudier la métapsychologie et notamment le corpus Freudien, c’est pourquoi le contenu de ce Master I
m’a permis d’étayer mes connaissances sur les concepts fondamentaux de la Psychanalyse.
Je vais dans ce mémoire aborder la question du sexuel Freudien. Nous verrons donc en quelques pages
pourquoi et comment se constitue t-il ? Le prix accordé à la sexualité étant que la sexualité n’est pas la
génitalité mais la sexualité en tant que subjectivité désirante au sens analytique du terme. Est sexuel tout ce
que recouvre le verbe aimer. Tout ce qu’on aime et qui nous satisfait. La psychanalyse fait donc
rayonner tout un tas de comportement qui n’ont pas l’air d’être sexuel. Le sexuel avance très souvent
masqué au sens large, et tend à produire des effets jusqu’à très loin dans des champs et activités qui n’ont
rien à voir avec la sexualité. Il n’est pas anodin de retrouver des effets de la sexualité jusque dans la vie
amicale, professionnelle… La vie pulsionnelle ne se réduit pas à une “libido” en quête de satisfaction dans
une relation sexuelle effective. Cette énergie, qui constitue le moteur même de la vie, de l’engagement dans
différentes formes d’investissement, vise d’autres buts, comme le plaisir et la réussite au travail ou la
reconnaissance artistique. La découverte majeure de Freud est d’avoir situé la libido au cœur de la vie
psychique. Mais celui-ci a aussi démontré que cette libido est en fait fractionnée, faite de courants multiples,
ce qui entraîne inévitablement des conflits et des confusions.

I- LA FONCTION SEXUELLE CHEZ FREUD, LE « CA » ET JOUISSANCE

La sexualité humaine subit une instauration diphasée

Pour Freud, les comportements sexuels ne sont pas uniquement ceux qui concernent les organes génitaux
adultes. Il existe trois types de comportements que l'on peut qualifier de sexuel :l’homosexualité, le plaisir
ressenti par certains individus grâce à d'autres zones du corps que les parties génitales, la grande curiosité
éprouvée par les jeunes enfants pour leurs organes génitaux. La sexualité s’écoulerait en deux temps : lors
des premiers instants de vie de l’enfant, et lors de la puberté. Les différentes phases décrites par Freud se
développent les unes après les autres, les suivantes s'étayant sur les précédentes. Les principaux
changements se situent au niveau de la relation objectale, de la zone érogène et du choix d’objet. De la
naissance jusqu’à l’organisation d’Oedipe, les stades sont au nombre de trois : oral, anal, et phallique.

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La sexualité au sens Freudien a d’abord ceci de particulier qu’elle présente la même double face que le plaisir1.

En Psychanalyse la sexualité s’élabore à travers cinq ensembles qui ont chacun leurs lois. Les
différents auteurs de Psychanalyse utilisent le terme de courants et présentent chacun une portée économique
et une dimension psychique. Il y aurait ; la sexualité génitale, la sexualité prégénitale/pulsionnelle, idéale/
passionnelle, sexualité du je, et la sexualité du ça. Selon le célèbre Psychanalyste, le « sexuel fondateur » est
ce dernier évoqué, celui de l’inconscient : la sexualité du ça.
Le Ça est le pôle pulsionnel de la personnalité dont les pulsions sont indicatrices de la vie psychique. Ces
pulsions sont héréditaires et innées mais aussi refoulées et acquises. Le Ça fait une distinction innée entre le
plaisant et le déplaisant (tandis que le Moi est un filtre des pulsions cherchant à éviter les tensions qui sont
source de déplaisir.)

Durant ma dernière année de licence à étudier la Psychologie Clinique, j’ai appris que lorsque un individu
fait une demande de soin psychique, si elle est encore en vie, même après une tentative de passage à l’acte,
c’est qu’elle dispose au plus profond d’elle même un foyer de jouissance et qu’elle s’y accroche. Mais alors,
qu’est-ce que la jouissance sexuelle ? Selon Freud, la question de la jouissance sexuelle sera intimement
liée à un certain nombre de fantasmes et de scénarios qui feront émerger en nous quelque chose de l'ordre de
la jouissance, ou au contraire nous seront étrangers. Ainsi, le sexuel s'organise en fonction de la vie d'un
sujet selon des modalités singulières, intimes. La soudure entre le fantasme et la pulsion est relativement
stable. Une fois que la libido s'est organisée : la pulsion sexuelle renaît sans cesse, et ne disparaît donc pas
lorsqu'elle trouve satisfaction. Cette jouissance présente les mêmes caractéristiques que le plaisir. Et pour
Freud, le moteur de l’activité psychique est toujours insatisfait, les plaisirs étant toujours à la merci des
déplaisirs qui suivront.

II - LE SEXUEL À TRAVERS LES OEUVRES FREUDIENNES

C’est en 1920 que Freud évoquera dans sa préface « trois essais » vouloir élargir le concept de
sexualité. Chaque sexualité ouvre une possibilité d’articuler plaisir et déplaisir dans le rapport à soi et dans
le rapport à l’autre. Ce sont ces plaisirs/déplaisirs qui offrent les « instruments » nécessaires pour les
déployer dans toutes les directions possibles. Trois essais sur la théorie sexuelle est souvent considéré
comme l’ouvrage la plus marquante sur la sexualité. Dans son oeuvre, Freud attribue un rôle central à la
sexualité infantile, affirmant notamment que les pulsions refoulées chez les névrosés sont de nature sexuelle
et que la sexualité de l’adolescent et de l’adulte est fondée sur la sexualité infantile.

1 Plaisir et jouissance page 21


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« Dès ses travaux au cours des années 1890, Freud soupçonna que des facteurs de nature sexuelle
remontant à l’enfance pouvaient être à l’origine des symptômes hystériques. Mais, après la découverte du
complexe d’Œdipe au cours de son auto-analyse en 1897, il aboutit à la conclusion que les impulsions
sexuelles étaient présentes très tôt chez tous les enfants, et qu’elles se manifestaient indépendamment de
toute stimulation exercée par un tiers. »2

C’est pourquoi dans cette partie j’ai décidé d’y aborder le sexuel Freudien à travers ses oeuvres citées ci
dessus : le complexe d’Oedipe ainsi que l’Hystérie.
On parle de conflit œdipien pour désigner la période pendant laquelle s’élabore le complexe
d’Œdipe, c'est-à-dire de la 4ème année jusqu'à la 6ème, voire la 7ème année selon les enfants et selon les
auteurs. Il resurgit systématiquement à la puberté, ravivant ainsi les anciens conflits afin de leur donner de
nouvelles réponses, plus adaptées à la réalité. Le Complexe d’Œdipe désigne en quelque sorte le point le
plus haut d’avènement de cette sexualité infantile avec l’ensemble des sentiments contradictoires et
enchevêtrés qui lie l’enfant à ses deux parents et tend une certaine altérité des sexes et des générations. C’est
l’ensemble organisé des désirs sexuels et hostiles, des désirs d’appropriation et d’éviction que l’enfant
éprouve à l’égard de ses parents. « L’opinion populaire se fait des représentations tout à fait déterminées sur
la nature et les propriétés de cette pulsion sexuée »3.
Même si l’opinion publique ne veut pas l’entendre, vouloir observer la sexualité infantile, c’est se livrer à
une observation dont l’objet nécessairement se dérobe au regard. Les enfants seraient des « pervers
polymorphes »4 . L’existence d’une prédisposition perverse polymorphe chez le jeune enfant a permis à
Freud d’expliquer le fait qu’une perversion organisée, telle qu’on la rencontre chez l’adulte, résulte de la
persistance d’une composante partielle de la sexualité infantile qui est restée fixée à un stade précoce du
développement psychosexuel.

Une autre notion importante tout au long de son oeuvre est : le fantasme : Le terme « fantasme » vient des
traducteurs de Freud, il n’existait pas dans le dictionnaire avant cela. Ce terme n’avait pas d’équivalent
français et pose ainsi problèmes aux traducteurs. Souvent, quelque chose travestit le fantasme, en le laissant
méconnaissable quant à son contenu toujours sexuel : le scénario comporte quelque chose latent qui fait
écho au sexe. Pour Freud, nul n’échappe aux fantasmes. Il y a un certain nombre de fantasmes qui sont
récurrents et émergent chez tous : Fantasme de castration : renvoie à l’énigme de la différence sexuelle ,
Fantasme de séduction : fantasme de l’enfant d’être séduit par un adulte, et le Fantasme de la scène
originaire : acte sexuel nous donnant naissance.

2 https://www-cairn-info.lama.univ-amu.fr/lire-freud--9782130534235-page-77.htm
3 trois essais sur la sex infantile
4 JSPLUS

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« L’évolution, les modifications de mes vues au cours de treize années de travail sont trop considérables
pour que je risque, en les ajoutant à cet ancien exposé, d’en altérer entièrement le caractère ».5

Comme l’ exprime Freud, son point de vue sur les diverses notions vues au cours de sa vie ont eu le
temps d’évoluer de part ses expériences. Non pas que ses premiers ouvrages théoriques soient erronés, mais
il serait intéressant de constater le chemin parcouru à travers les années ainsi que l’évolution de sa pensée et
de ses méthodes. Avec les expériences, Freud renoncera à bien des théories et procédés.
Dans ses travaux sur l’Hystérie, il est évoqué que le traumatisme est toujours d’ordre sexuel. Freud pose
l’hypothèse qu’il n’existe pas un seul souvenir traumatique mais tout un matériel pathogène se constituant
d’un noyau: le fantasme. Comme dit plus tôt, le fantasme est une scène imaginée, différente de la réalité
extérieure. Les fantasmes, comme les rêves, sont des réalisations de désir. Ils sont élaborés à l’aide d’un
matériel qui se constitue à partir: . d’incidents vécus, de choses appréhendées par le sujet, de récits de faits
passés constituants l’histoire. Le patient est pris dans un automatisme de répétition (Ex: Toujours sortir avec
de mauvais partenaires) Il y a quelque chose qui nous tient au delà du plaisir : toujours le concept de
Jouissance évoqué plus tôt .
C’est en 1897 que Freud expliquera à Wilhelm Fliess qu’il ne croit plus en sa neurotica (appelée aussi
théorie de la séduction, qui résulte d’un traumatisme sexuel). En effet Freud va abandonner l’hypothèse
selon laquelle le traumatisme résulte d’un évènement sexuel vécu, pour laisser place à l’idée qu’un
traumatisme psychique est plutôt causé par un fantasme de séduction. On considère que l’abandon par Freud
de la théorie de la séduction est un pas décisif dans l’avancement de la théorie psychanalytique. Du point de
vue théorique, la psychanalyse naitra par l’abandon de la neurotica. Du point de vue pratique, la
psychanalyse naitra par l’abandon de l’hypnose et de la suggestion.
En revanche, il y a bien un point fondamental auquel Freud n’a jamais renoncé : la sexualité infantile.
Freud cherchera durant de longues années si il existe un point commun à tous les symptômes hystériques, et
fera comme conclusion qu’on finit toujours au vécu sexuel. Cette scène sexuelle vécue dans la puberté, fait
écho à une autre scène vécue durant la prématurité sexuelle.
Aucune névrose, aucun troubles, et aucunes hystéries n’existent sans troubles liés à la sexualité.
Freud, hystérique du sexe ?
Ainsi, c'est avec Freud que l'histoire de l'hystérie atteint son point d'orgue dès la fin du 19e siècle, tant il
contribue par elle à l'invention de la psychanalyse. Il estime qu'il n'existe aucune névrose, aucune hystérie
sans que les troubles soient liés à la fonction sexuelle. Dans tous les cas, Freud retrouve systématiquement
des affects sexuels précoces dans l'histoire du patient -qui touche aussi les hommes bien que les cas
d'hystériques présents dans son étude soient exclusivement des femmes- et que domine le thème de la

5 jsplus
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séduction. Enfant, le patient aura forcément été soumis à des manipulations ou à des agressions sexuelles qui
ont produit chez lui un choc refoulé (car incompris) lorsqu'il était enfant. L'effet traumatisant laisse des
traces dans son inconscient, et sont réveillées par de nouveaux incidents qui se traduisent par des
phénomènes hystériques avec l'âge.
Mais après Freud, l'étude sur hystérie s'est quelque peu étiolée. Il existe, aujourd'hui, en neurologie toute une
pluralité de névroses qui ne se résument plus seulement à l'hystérie ; elle-même se décline désormais en
plusieurs troubles neurologiques et ceux-ci ne dépendent plus exclusivement de troubles sexuels, mais
peuvent répondre à une diversité de traumatismes.

CONCLUSION ET CRITIQUES POST FREUDIENNES

« Faut-il considérer que la libido est hors sujet ? »6

Freud a bel et bien souligné l’importance de la sexualité dans la nature humaine, et a même affirmé qu’elle
était à l’origine de toutes nos névroses. Le sexuel est fondateur, même dans ses récits philosophiques. En
lisant « Le Malaise dans la culture », oeuvre Freudienne considéré comme la plus philosophique, la question
du sexuel est également présente et permet de penser certains enjeux de notre époque. Mais, dès 1916, il a
tenu à le préciser : «La psychanalyse n’a jamais oublié qu’il existe du “non-sexuel” »7

André Green avait demandé, de façon un peu provocatrice : « La sexualité a-t-elle un quelconque rapport
avec la psychanalyse ? »8. Et Peter Fonagy aurait déclaré : « C’est comme s’il n’y avait plus de place en
psychanalyse pour la sexualité. Nous ne la considérons plus comme fondamentale dans tous les cas de figure
et même pas importante pour la théorisation actuelle ». Malgré de nombreuses critiques contemporaines,
Freud avait soutenu que la reconnaissance de la causalité psychosexuelle des troubles psychiques
constituerait le fondement de la psychanalyse. Il avait même ajouté que ceux qui ne voudraient pas le
reconnaître ne devraient pas se nommer psychanalystes.
On peut aisément comprendre pourquoi ses affirmations sur la sexualité infantile avec fait scandale à
l’époque. Encore aujourd’hui, certains psychanalystes accuseront celui-ci d’avoir fondé une société basée
aujourd’hui sur l’hypersexualisation des filles, la pornoculture des adolescents.

6 Michel Foucault
7 BHBBGCT
8 (Green, 1996, p. 829).

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BIBLIOGRAPHIE ET ANNEXE
IMAGE : Sigmund Freud / Schéma sexuel.Freud, Sigmund ; neurologue, fondateur
de la psychanalyse ; Freiberg (Moravie) 6.5.1856 – Londres 23.9.1939. Esquisse de
la main de S. Freud dans un manuscrit sur la mélancolie envoyé à Wilhelm Fliess
la Monographie sur les troubles de la sexualité, op. cit., p. 36, où j’introduis à ce
propos le terme de « libido du je. »

Freud S. (1912), Du rabaissement généralisé de la vie amoureuse, PUF, OFC XI, p.


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Plaisir et jouissance

http://www.geopsy.com/fiches_lecture/abrege_psychanalyse_freud.pdf

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