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2- La psychanalyse (Sigmund FREUD)

- Naissance de la psychanalyse
Trois moments jalonnent la naissance de la psychanalyse.
Le premier est la découverte de l’efficacité de l’hypnotisme pour soigner l’hystérie
par le Docteur Josef BREUER, que FREUD a rencontré au laboratoire Brucke. En
traitant une jeune fille hystérique (1880-1882), Anna O., il a constaté que son état
s’améliorait quand elle parlait longuement. Mais il a pressenti un secret dans son récit
qu’elle n’arrivait pas à confier. Il la met alors sous hypnose, ce qui l’a aidée à lâcher
l’origine de son mal. Ses symptômes ont alors disparu. Cependant, alors que
l’hypnotisme a prouvé son efficacité, il n’a pas été approuvé par les scientifiques et par
les médecins à Vienne.
Le deuxième moment est la rencontre de FREUD, à Paris, avec le Docteur Jean-
Martin CHARCOT dont il a suivi les cours entre 1885 et 1886. FREUD a pu alors
assister à la guérison de malades hystériques grâce à la suggestion hypnotique. Mais
en plus de la confirmation de la découverte de Josef BREUER, les cours de
CHARCOT mettent en avant une hypothèse révolutionnaire, à savoir qu’à l’origine des
maladies hystériques il y a toujours un élément sexuel.
Le troisième moment est la collaboration de FREUD avec BREUER (1893-1895),
après son retour de Paris pour s’installer définitivement à Vienne. Cette collaboration
aboutit à la publication d’un ouvrage, Études sur l’hystérie, en 1895. Pour les
spécialistes, la contribution de FREUD dans ce livre a annoncé le début de la
psychanalyse et de la méthode psychanalytique. Ce dernier pressent derrière les
symptômes des malades hystériques l’existence d’un monde qui échappe au contrôle
de l’homme, à savoir l’inconscient. FREUD se sépare de Josef BREUER, abandonne
l’hypnose. Désormais le soin des malades psychiques repose, jusqu’à aujourd’hui (en
grande partie), sur la parole consciente du patient. Commence alors une longue
recherche faite sur plus de 50 ans pour donner corps à une nouvelle science à savoir
la psychanalyse, pour mettre en place la méthode psychanalytique et pour les diffuser
à travers le monde.

- Les fondements de la psychanalyse :


L’inconscient : pour fonder sa théorie du psychisme humain, FREUD défend
l’existence d’un inconscient en l’homme, d’une région obscure, qu’il ne contrôle pas,
d’où viennent les rêves, les désirs, les lapsus, les actes manqués… et qui est aussi à
l’origine des maladies psychiques (névrose, psychose, schizophrénie…) L’inconscient
ne se manifeste pas seulement chez des malades, il se révèle même chez des gens
normaux à travers les oublis, des actes manqués, des méprises… (voir son ouvrage
Psychopathologies de la vie quotidienne, 1901). Il est constitué par le refoulement,
c’est-à-dire par la censure des désirs, des sentiments, des actes…que le sujet-individu
ne peut pas satisfaire ou est obligé de réprimer parce qu’ils sont interdits par le milieu
familial et par la société. L’idée de l’existence de l’inconscient implique que l’homme
n’est pas un TOUT indissocié. Au contraire, FREUD relève deux « topiques » pour
décrire le psychisme humain : la première est formée par le conscient, le préconscient
(des souvenirs oubliés mais auxquels on peut accéder par moments quand il y a un
stimulus : un parfum, une couleur, une sensation…) et l’inconscient (contrairement au
préconscient, pour l’atteindre, il faut l’aide d’un analyste qui aide le sujet à surmonter
les résistances qui l’empêchent de parler ) ; la seconde, remplaçant la première, est
formée par le « moi » (le conscient), le « ça » (l’équivalent de l’inconscient, la réservoir
de tous refoulements) et le « surmoi » (l’équivalent de l’interdit familial et social dont le
rôle est de contrôler les débordements du « ça »).

La sexualité : elle occupe une place centrale dans la psychanalyse. Elle dépasse la
notion classique de sexualité, celle du rapport autorisé entre deux personnes adultes
de sexes opposés (ou sexualité génitale). En effet, la libido (le principe de plaisir) qui
est à l’origine de la sexualité investit tous les rapports humains et sociaux (amitié,
parents-enfants, leader-suiveurs, maître-élève…). Elle se manifeste également dans
la création artistique, dans la poésie, dans des gestes et des actions quotidiens
(embrasser, toucher, étreindre, mâcher, manipuler, prendre soin de son corps…).
Mais alors que médecins et sens commun ne parlaient que de la sexualité adulte,
FREUD parle pour la première fois d’une sexualité infantile. Les pulsions sexuelles
investissent le corps de l’enfant dès la prime enfance (stade orale, stade sadique-
anale et stade phallique). Elles aboutissent à l’âge de la puberté au stade génital.
Stade pendant lequel se révèle en l’homme le Complexe d’Œdipe lequel détermine la
vie sexuelle et sociale de l’enfant après la puberté. FREUD soutient que tous les
enfants aiment à l’âge de la puberté le parent de sexe opposé (le père pour la fille ; la
mère pour le garçon) et éprouve de la jalousie envers l’autre, le rival (la mère pour la
fille ; le père pour le garçon) parce qu’il empêche cet amour de s’accomplir. Dans une
évolution normale de la sexualité, l’enfant finit par renoncer à cet amour incestueux
parce qu’il relève de l’interdit. L’hostilité du garçon envers son père s’atténue parce
qu’il voit en lui, à la fois un rival mais aussi un protecteur et un être aimant. Ceci étant,
ce désir incestueux, même résolu, il reste dans l’inconscient : « Même celui qui a
réussi à éviter la fixation incestueuse de sa libido, dit FREUD, n’échappe pas
totalement à son influence » (Essais sur la théorie sexuelle, Éditions Gallimard,
Paris, 1987)

Les instincts : FREUD les appelle aussi « pulsions ». Il distingue deux types
d’instincts : les pulsions du moi et les pulsions sexuelles. Ces derniers se manifestent
à travers la libido définie comme une énergie amoureuse qui détermine les rapports à
soi, aux autres et aux objets. Le destin des pulsions est le refoulement et la
sublimation. Le rôle de la famille et de la société est, dans un premier temps, de
réprimer les pulsions de chaque individu (comme c’est la cas dans l’inceste) afin de
maintenir l’ordre familial et social, puis dans deuxième temps d’orienter leur énergie
vers un but social. Cette transformation s’appelle sublimation (ou déplacement) : c’est
le fait de mettre l’énergie d’une pulsion refoulée (un amour impossible, une agressivité
meurtrière que le sujet ne peut exécuter sans mettre sa vie en danger…) dans la
création, dans le travail, dans l’action politique, associative… Le mécanisme du
refoulement opère souvent inconsciemment : l’individu intériorise l’interdit familial et
social en réprimant ses penchants asociaux sinon il sera condamné par la société. Par
Le refoulement, les pulsions vont dans l’inconscient, mais elles continuent à agir et à
se manifester sous forme de symptômes et de névroses. Pour éviter des
conséquences pathologiques du refoulement, le rôle de la psychanalyse est de
permettre au sujet de reconnaître l’existence des pulsions, à accepter la nécessité de
les domestiquer pour leur donner un but social et enfin, mais surtout, à en parler,
même si leurs contenus sont choquants et immoraux.
3- Le monde moderne du point de vue de la psychanalyse :
Dans ses derniers ouvrages, FREUD s’est penché sur des questions philosophiques
telles que la morale, la mort, le bonheur et la civilisation moderne. En plus des
horreurs de la Première Guerre mondiale (voir Essais de psychanalyse, 1927),
FREUD approuve à juste titre l’échec du progrès technique à apporter le bonheur qu’il
promettait à l’homme à partir du XIXe siècle. Ce qui l’amène à parler d’un Malaise
dans la civilisation (titre de l’ouvrage publié en 1930). Ce dernier se manifeste à
travers l’agressivité envers autrui qui culmine dans la guerre (agressivité d’un État
envers un autre État justifiant la violence, la manipulation par le mensonge, obligeant
les citoyens à l’obéissance aveugle… ), dans la répression sexuelle (le fait d’imposer
la même sexualité monogame et génitale pour tous, ce qui limite les liberté sexuelles),
dans l’injustice notamment la répartition inégale des biens matériels (les États
favorisant une partie de la société au détriment d’autres classes sociales) et dans le
manque de liberté… C’est ce qui amené l’homme moderne à douter de la civilisation
et parfois à vouloir retourner à l’état de nature. FREUD, tout en disant que la
civilisation est malade (névrosée), pense que la répression des instincts primaires (ou
penchants asociaux) est nécessaire – et donc le maintien et le perfectionnement de
l’état de culture – à la civilisation sans laquelle l’homme serait perdu. La solution étant
selon lui dans la recherche d’un équilibre entre « (les) revendications de l’individu et
les exigences culturelles de la collectivité ».

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