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La recherche de soi
(Partie 3)
La recherche de soi
(Partie 3)
Les métamorphose du moi.
Du romantisme au XXe siècle.
Introduction
1. Délimitation de la notion
Ce moi éclaté - qui sera celui de la psychanalyse - ne va cependant pas sans plonger
la modernité dans une autre crise qui va alimenter toutes celles qui ont été étudiées.
En effet si le moi n'est pas maître en sa demeure en quoi est-il un « moi » ? Le propre
du moi - qui sous un certain angle représente l'âme - n'est-il pas d'animer le corps et
l'homme en général ?
Mais comment dès lors ce qui anime peut-il être dirigeant s'il n'est pas autonome ?
Comment construire de nouvelles figures du moi ? Cette question va aussi devenir
une des questions centrales de la modernité en crise et de notre monde
contemporain.
2. Distinctions à établir
Le moi n'est pas l'esprit. Nous le savons désormais. Nous avons redécouvert le désir
et le sentiment. En conséquence pouvons-nous dire que le « je » ou le « moi » est ce
qui synthétise à la fois nos sentiments, nos désirs, nos idées ?
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Certains ont proposé de supprimer le moi. En effet, ils ont considéré que les Anciens
ignoraient ce terme et qu'il a conduit à un narcissisme outrancier des individus. Peut-
on dire dés lors qu'il n'y a pas de moi, qu'en fait nous sommes des êtres influençables
qui nous construisons à partir de ce que nous vivons, de ce que nous entendons ?
Devons-nous abolir le moi ? Faut-il considérer qu'il n'y a rien en nous qui autorise de
penser que nous serions des êtres autonomes ? Une telle question est intéressante
lorsque l'on voit à quel point une bonne partie des conflits à la fois sociaux et
familiaux proviennent d'une volonté de s'affirmer contre l'autre ? N'y a-t-il pas
beaucoup de risques à vouloir ainsi s'affirmer contre l'autre ?
Oui mais, film de Yves Lavandier qui raconte la découverte par une jeune femme de
la complexité de ses désirs et de sa vie amoureuse. Ce film est une illustration de la
théorie de l'analyse transactionnelle du psychiatre Eric Bern.
Princesse Marie, film de Benoît Jacquot raconte l'histoire de l'amitié profonde qui
unissait Marie Bonaparte et Sigmund Freud et l'aide que l'un et l'autre se sont
apportés en s'aidant mutuellement à se libérer l'un l'autre de l'oppression qu'ils
subissaient. Freud aidera sa « princesse » comme il l'appelait à se libérer d'un
mariage qui l'opprimait et qui la rendait malheureuse. Marie Bonaparte traduira les
textes de Freud et aidera ce dernier à fuir l'Autriche envahie par les nazis.
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Comme nous l'avons vu, alors que Descartes fait du moi et du sujet le centre de la
modernité et alors qu'il place la pensée au centre de ce sujet, différents mouvements
remettent en cause cette vision, selon eux, trop simplifiée de l'humain. Freud va alors
proposer deux visions du moi.
Pour Freud nous pourrions dire que le moi est équilibré lorsqu'il n'est ni
pervers ni névrosé. Cependant l'équilibre entre exigences du ça et exigences du
surmoi suppose des négociations continuelles qui doivent être les plus justes
possibles.
Ce moi est également divisé en trois autres instances - si on le regarde sous un autre
angle selon Freud - ces trois instances sont le conscient, l'inconscient et le pré-
conscient.
Dans cette trilogie c'est l'inconscient qui constitue la part la plus originale de la
pensée freudienne. En effet, elle est constituée par l'ensemble des pulsions refoulées
et les rejetons de ces pulsions continuent à gouverner les individus.
Une bonne part du refoulement s'explique - selon Freud - par une morale trop forte
qui réprime notamment les pulsions sexuelles. Cette approche de la névrose et des
maladies mentales sera critiquée par des disciples de Freud eux-mêmes.
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Ainsi par exemple pour Alice Miller, les névroses ne proviennent pas réellement
des répressions sexuelles mais sont plus le fait de parents névrosés qui
détruisent leurs enfants en leur interdisant de s'épanouir et en leur
communiquant leur nervosité. Elle va donc utiliser la psychanalyse pour aider ces
enfants à se construire en se voyant sous un prisme autre que celui que leurs parents
leur avaient imposé.
Dans son livre Les Enfants de Jocaste, Christiane Olivier va mettre en évidence le fait
qu'il existe un point aveugle dans la pensée freudienne du complexe d'Œdipe. Pour
elle, la fille et le garçon ne vivent pas de la même manière cette situation car l'un et
l'autre sont élevés par la mère. Or la fille ne peut développer une envie inconsciente
et infantile de relation amoureuse envers la mère que Freud a appelé « complexe
d'œdipe ».
En conséquence, ne pouvant associer « amour » et relation corporelle elle va avoir
une certaine tendance à nier son corps lorsqu'elle grandira. Pour la petite fille qui
deviendra femme, le rapport amoureux passera donc d'abord par la parole. En
revanche, le petit garçon - pour grandir - devra au contraire cesser de trop associer
amour et relation sexuelle et il devra apprendre à s'éloigner du rapport séducteur à la
parole - qui lui permettait de séduire sa mère - pour entrer dans un rapport plus juste
et plus équilibré avec les femmes qu'il devra également apprendre à ne plus détester.
En effet c'est une détestation inconsciente qui peut se mettre en place chez l'enfant
garçon pour se libérer de sa mère et c'est cette détestation qui doit disparaître en
grandissant.
Carl Gustav Jung prendra très tôt ses distances avec Freud à qui il reprochera
notamment son obsession à l'égard de la question sexuelle. En partant de la
psychanalyse, il construira une étude du sujet très originale qui permet la désignation
de « types » psychologiques « naturels ». Il s'intéressera notamment à l'astrologie. Il
développera l'idée de synchronicité, dans un livre qui porte ce titre. Ce texte met en
évidence des relations peu explicables entre des états de conscience interne et des
faits extérieurs. Il existe donc pour Jung un inconscient collectif qui relie les hommes
et avec lesquels nous sommes en lien.
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Pour Sartre, dans L'être et le néant, il ne peut être question d'inconscient mais que de
mauvaise foi. Celui qui ne sait pas ce qu'il pense est ainsi non parce qu'il est malade
mais parce qu'il ne veut pas voir ce qui se passe en lui.
Dans un tout autre ordre d'idées, le philosophe indien Krishnamurti considérera que la
pensée Freudienne ne prend pas assez en compte la réalité et qu'elle peut être une
excuse pour de nombreuses personnes pour ne pas voir et vivre leur vie et se
réfugier dans des cures qui n'en finiraient pas. Pour lui, il faut faire la paix à l'intérieur
de nous-mêmes si nous voulons être sains d'esprit.
Cette paix passe par une mise en ordre intérieure et par l'apaisement des différents
conflits intérieurs qui nous traversent. Il n'y a pas de moi, de ça et de surmoi. Il y a ce
qui « est » pour Krishnamurti. Or nous refusons de voir souvent ce qui est. Nous
préférons vivre dans la fuite. Cette fuite crée de multiples conflits intérieurs car
souvent nous voulons être une chose et ne pas l'être en même temps.
L'époque post-moderne qui nous caractérise après avoir cru au sujet universel n'a
donc de cesse de chercher ce qu'est ce sujet et quels sont ses contours. Le moi s'est
métamorphosé. Il n'est sans doute pas vu de manière aussi simpliste que pouvaient
le voir les penseurs des Lumières mais il est difficile de lui donner des contours précis
et acceptés par tous.
Cette difficulté à cerner les grands concepts est sans doute la marque de cette
humanité en crise du XXIème XXIe siècle que les fiches suivantes vont tenter de
mettre en lumière. Elle explique sans doute les difficultés qui ont été évoquées plus
avant, pour l'homme contemporain de créer un lien solide avec l'autre et à débattre
avec lui et accepter sa différence.