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Fiches Philosophie Contemporaine

Introduction :
5 philosophes majeurs :
1) Nietzsche (1844-1900)
2) Freud (1848-1939 ; pas philosophe mais impact non considérable sur la pensée)
3) Bergson (1859-1941)
4) Heidegger (1881-1976)
5) Sartre (1905-1980)
5 idéologies contemporaines :
1) Le transhumanisme, l’homme-dieu véhiculé par Nietzsche.
2) La valeur absolue de la liberté (et valeur de la personne et de l’enfant) lié aux visions
de Freud, Bergson et de Sartre.
3) L’importance de la vie psychique, intérieur (ne pas confondre avec la vie spirituelle)
des sentiments et des émotions, l’habitude des contemporains à s’écouter, lié à
Freud et à Bergson.
4) L’écologisme, humanisation de la nature, lié à la pensée d’Heidegger (il n’est pas
écolo mais il en est au principe).
5) Les théories du « Gender » dont Sartre sans le vouloir en a posé les fondements.
Nietzsche (1844-1900)

Cf cours pour plus d’œuvres, voici les majeures citées en cours :


Ainsi parlait Zarathoustra (1883/85)
L’Antéchrist (1888)
I) Le perspectivisme sceptique
La pensée de Nie possède une dimension sombre et une plus lumineuse, mais qui lui est liée.
Nous nous intéresserons tout d’abord à la dimension sombre. Il procède à ce qu’il appelle
lui-même à une déconstruction (ou une généalogie) : il déconstruit pour parvenir à ce qui est
au fondement de toutes pensées, de toutes croyances etc… Pour montrer qu’elles sont
illusoires.
Nie a une approche sceptique de la vérité (ici : adequatio res et intellectu) car la première
réalité à laquelle j’accède est celle que je rejoins par mes sens. Je tire de l’objet sensible une
représentation imaginaire qui devient un concept (une représentation intellectuelle) mais
qui n’a pas d’existence. Ce concept me fait croire que je connais l’essence de la chose alors
qu’il n’en est rien. La vérité est une « idole » (parmi d’autres) qui console l’homme. Il affirme
« le crépuscule des idoles » (du titre d’une œuvre écrite en 1888) elles vont disparaitre déjà
elles faiblissent. La vérité doit disparaitre car n’étant pas, elle n’est qu’une croyance, fruit
d’un concept, elle n’a pas de réalité. Nie développe des raisons de la croyance en la vérité :
- Notre corps nous l’impose, il est un organisme mais aussi l’interface entre nous et le
monde.
- Les personnes au « corps faible » considèrent la vérité en dehors du corps, extérieur
à nous.
- La croyance en la vérité explique la violence (notamment dans les religions), un
homme qui croit en la vérité est un violent qui est en réaction permanente envers ce
que les autres pensent, il fait la guerre aux erreurs et aux illusions.
Selon lui l’erreur procède de ce que parmi la multiplicité d’interprétation qu’une chose
(qu’un concept) peut engendrer, « l’homme faible » considère que SON interprétation est la
bonne. Donc selon Nie la vérité n’est pas, seule compte l’infinité des interprétations jusqu’à
nier l’existence du concept qui engendre ces réactions. La démarche scientifique,
philosophique ou même religieuse est selon lui fondée sur l’illusion de la vérité dont le
fondement en est la faiblesse. En effet, il crée la volonté de puissance qui s’oppose à la
faiblesse. L’homme est appelé à se surmonter (le surhomme), par l’amour que nous avons
de nous-même, l’homme peut se déployer totalement, être pleinement lui-même. Certains
« êtres faibles » en sont incapable, le Fatum (destin) décide si l’on est un surhomme ou un
faible (attention il ne faut pas voir ça dans une perspective nazie, raciste etc…). Ainsi l’être
faible pour se consoler s’accroche aux idoles, il se dit qu’il détient la vérité pour paraître
supérieur au surhomme. Le faible est ainsi animé de ressentiment.
II) « Dieu est mort » ; Critique de la religion
Dans son œuvre : Ainsi parlait Zarathoustra, Nie met en scène un sage ermite (de Perse)
descendant de sa montagne pour annoncer la bonne nouvelle du Surhomme. En chemin il
croise un « saint » vieillard qui loue Dieu. Le sage ermite le quittant pense :
- « Serait-ce chose possible ? Ce saint vieillard dans sa forêt n’a pas encore ouïe dire que
Dieu est mort. »
La croyance religieuse ne sert plus à rien, Dieu a été enterré par la modernité. Vivre comme
homme c’est vivre sans Dieu. Toutes les religions sont critiquables dans la mesure où elles
portent en elle un goût de mort, de néant. 3 grandes valeurs nihilistes prônées par les
religions (surtout par le christianisme).
- La haine de soi
- La lâcheté (ne résiste pas à l’oppression, la croix symbole de lâcheté)
- L’amour des autres (un amour abstrait, lointain, qui ne nous fait pas connaître
l’autre, c’est aussi l’amour en communauté qui nie les individualités).

L’homme faible pratique « la transmutation des valeurs ». En effet, tout ce qui fait qu’il est
faible, il le transforme en vertu. Ainsi, l’impuissance devient patience, la lâcheté devient
courage, la haine de soi devient tempérance etc. Ces faiblesses vont devenir pour le faible
des vertus qui lui permettent de cracher sur le fort. L’amour dont il est censé être animé
n’est qu’une façade pour se venger. Toute religion, ainsi basée sur cet amour, a en réalité
comme base la haine, la haine du fort, chercher à lui nuire pour se sentir supérieur.

III) Le Surhomme (partie lumineuse de la pensée de Nietzsche)


Un surhomme est un homme qui s’épanouie pleinement, animé par la volonté de puissance.
Il porte 3 valeurs principales :
- L’amour de soi (Amor fati -> il aime le destin, il l’accepte). Ainsi il dit oui à la totalité
de son être, il s’accepte totalement. Accepter son chaos (l’ensemble des choses
chaotiques qui nous constitues), le temps qui passe, les choix qui ont été fait et qui
nous ont amené à être qui on est. Vouloir comme une vague s’étend sur le rivage,
vouloir pleinement et repartir pour vouloir pleinement encore, ne pas se mettre de
barrières.
- Le courage : résister à l’oppression, accepter la guerre (cf Annexe, texte 2) non pas
par amour pour elle mais pour s’affirmer face à son ennemi. Nietzsche nous invite à
aimer nos ennemis dans la mesure où par leurs assauts ils nous permettent de mieux
nous découvrir et d’ainsi mieux nous connaître.
- La solitude : le surhomme ne se fuit pas car il s’aime soi-même, cela découle de sa
nature « aristocratique » (il n’a pas besoin d’écraser les autres pour être quelqu’un).
Ainsi le surhomme a une relation pacifiée avec son passé (l’homme faible est alourdi par lui).
Les 3 métamorphoses (pas nécessairement chronologique)
- La première métamorphose : l’esprit devient chameau (comme l’animal qui
transporte de nombreuse chose, l’homme s’alourdi par la charge de son devoir, de
son passé etc.)
- La deuxième métamorphose : la première libération : l’esprit devient lion (l’homme
rejette les charges, il affirme que Dieu est mort, il dit non et se libère. Mais il n’est
pas pleinement libre car ce non est une réaction, donc il dépend de ce contre quoi il
réagit).
- La troisième métamorphose : le lion se transforme en enfant : il est symbole du
surhomme, car l’enfant est celui qui n’est pas alourdi par un passé ni hanté par un
avenir, il est tout entier au présent.
Le mythe de l’éternel retour :
Imaginons qu’un mage nous propose de revivre nos choix passés accepterions nous ? Si on
répond oui alors on est un surhomme. Nietzsche entend ici qu’il faut s’accepter pleinement
ce qui veut dire qu’il faut accepter les choix que nous avons posés et qui nous ont amené à
être qui nous sommes aujourd’hui, il nous invite à ne pas vouloir changer le passé mais à
l’accepter pour mieux s’accepter. Attention il ne nous dit pas d’être fier des bêtises que nous
aurions pu commettre mais consentir à notre passé (accepté d’avoir fait des erreurs qui nous
ont permis de ne pas les refaire).
Ainsi il nous montre que le remord et le regret sont absurdes.
- Le remord (il porte sur ce que j’ai fait) -> c’est le signe que ce que j’ai fait ne m’a pas
englouti, ce que je suis ne se réduit pas à ce que j’ai fait.
- Le regret (il porte sur ce que je n’ai pas fait) -> il est idiot de considérer la vie
« possible » comme supérieure à la vie « réelle », vivre c’est faire des choix. (Exemple
Don Juan plus heureux qu’un homme marié ?)
Choisir pleinement c’est être capable de l’éternel retour, refaire ce choix encore et pour
toujours (si j’avais à revenir à ce moment).
Bilan Critique de la pensée de Nietzsche
La philosophie de Nie est très actuelle, mettant en avant l’amour de soi, l’exigence de
l’authenticité, rester fidèle à soi-même. Cela est bien visible dans l’art contemporain, il est
devenu l’expression de soi par soi (pas de soucis pour le beau, le vrai, le bien).
Une philosophie contradictoire :
- Vérité : la pensée sceptique est contradictoire en elle-même.
- La liberté : si les gens ne sont pas responsables d’être « faible » ou surhomme alors
pourquoi critiquer les uns et exaltés les autres ?
- La morale : si le « faible » à tort (transmutation des valeurs), la valeur morale se
trouve du côté des forts donc elle existe.
Nietzsche croyant ?!
Il semble l’être selon le professeur (d’une certaine manière) car son œuvre revient
constamment à Dieu, il pense à Dieu en permanence, il a toujours besoin de le nier…Il n’est
donc pas indifférent à Dieu…

Nietzsche va introduire la pensée de Freud, il démontre la complexité de la psyché humaine,


il nous fait prendre conscience de notre complexité ainsi il ouvre la voie à Freud.
Il constate également que les souffrances psychologiques viennent d’un passé trop lourd
avec lequel on entre en conflit.
Freud (1848-1939)

Introduction :
Avec Marx et Nietzsche, Freud fait partie des « maîtres du soupçon ». En effet, il jette un
doute sur la réelle liberté de l’homme. Il est le créateur de la psychanalyse et du concept de
l’inconscient. Il est médecin (pas philosophe), il prend conscience de l’inconscient en
l’homme en voyant les hypnoses du Dr. Charcot. Il se spécialise dans les névroses.
Œuvres majeures : (cf. cours pour plus d’œuvres.)
- Introduction à la psychanalyse (1915-17)
- 3 théories sur la vie sexuelle (1905/1915) -> la « sexualité » infantile.
- Le moi et le ça (1923)

I) Les 2 topiques
Une topique est une représentation (rien de réelle) spatiale de l’esprit humain (topos = lieu)
qui sert à le guérir.
L’inconscient : constitué de pulsions (des désirs qui veulent satisfactions), il est amoral, deux
types de pulsion : Eros et Thanatos.
Le préconscient : la partie morale de l’esprit qui censure et trie les pulsions de l’inconscient.
Le conscient : indispensable à la réalisation d’une pulsion, il nous met en relation avec le
réel.
- 1ère Topique :

Inconscient/ préconscient/ conscient

- La satisfaction : beaucoup de pulsions sont satisfaites car conforme à notre nature et


en rien immorale.
- La condamnation morale : la pulsion nous est connue et on lui dit non car immorale
ou infaisable (écouter de la musique en cours, la pulsion de musique devra attendre).
- La sublimation : (en chimie le passage d’un état à un autre) -> une pulsion qui se
sublime, change d’apparence pour devenir moralement acceptable. C’est une
satisfaction détournée car on a utilisé l’énergie d’une pulsion pour une autre (dans
l’attente de l’examen les élèves tapent dans un ballon etc.). La sublimation d’une
pulsion réside également dans l’excès (faire quelque chose d’excessif c’est sublimer).
- Le refoulement : « maintenir à distance et tenir à l’écart du conscient. » L’esprit nie
cette pulsion (pour plusieurs raisons : son immoralité, sa morbidité etc.) pour ne pas
entrer en conflit avec lui-même. Ainsi le refoulement se passe en nous sans que nous
en soyons conscient. Donc la pulsion « vexée » d’avoir été refoulée grossit et va
forcer la première censure en se « déguisant ». Les manifestations ordinaires sont les
rêves, les lapsus et les actes manqués (et actes de hasard). Ensuite vient la
manifestation du refoulement traduit par la névrose, c’est l’intensité du refoulement
qui va conditionnée la gravité de la névrose. Toute personne, a selon Freud, un fond
névrotique, qu’un évènement viendra déclencher.
- 2ème Topique :

SUR MOI

MOI CA

- Le Surmoi : anciennement le préconscient, il se définit par l’intériorisation de tous les


interdits moraux depuis l’enfance. C’est aussi l’idéal du Moi (en parti inconscient, d’où le fait
que nous soyons attachés à certaines valeurs etc.). Il a pour origine le père qui est
contrairement à la mère (Freud confirme que le père et la mère sont différents) extérieur à
l’enfant, il adopte l’enfant, il n’y a pas de lien charnel entre les deux (alors que c’est le cas
avec la mère), c’est la mère qui le reconnaît pour père et qui le dit à l’enfant, en quelque
sorte la mère donne au père son autorité sur l’enfant.
- Le Moi : il correspond à peu près au conscient, il est diplomate, d’un côté il veut satisfaire le
Ca et de l’autre le Surmoi. Il est constitué des valeurs morales.
- Le Ca : il renvoie à peu près à l’inconscient, il n’est pas totalement isolé de l’esprit humain
(contrairement au Topique 1), il est constitué des pulsions et il est amoral.
II) Le complexe d’Œdipe (Cf. Œdipe roi de Sophocle)
Il est l’évènement psychique sur lequel va se greffer d’autres évènements. Il a lieu entre 4 et
7 ans.
Apparition d’une névrose

Attention lorsque Freud entend la « sexualité » (notamment dans le terme de la « sexualité


infantile »), il entend ici tout ce qui procure du plaisir. Ce n’est pas comme ce que nous
pourrions entendre de ce terme. Le Phallus en psychanalyse est un terme qui désigne un
objet imaginaire qui est le symbole de notre identité et de notre puissance. Il peut être par
exemple, pour certaine personne, l’argent -> Je suis riche c’est ce qui fait ma puissance et
mon identité.
- Le complexe d’Œdipe chez le jeune garçon : pour le jeune garçon son « phallus » est
son organe sexuel, il est « fier » de pouvoir faire pipi debout par exemple, et c’est par
cette différence qu’il va s’identifier. L’entrée dans l’Œdipe va correspondre à un
amour charnel pour sa mère (attention pas de type sexuel) : « maman c’est la plus
belle », « je veux me marier avec maman ». Il y a une idéalisation du père de la part
de l’enfant et en même temps il veut l’écarter de maman, l’Œdipe s’accompagne
donc du meurtre symbolique du père. Le petit garçon imite également son père pour
« séduire » sa mère. Le complexe se résout naturellement (aussi naturellement qu’il
est venu) lorsque l’enfant comprend, par le « non » du père et le témoignage de la
mère, qu’il ne peut pas aimer ni être aimer de la mère comme le père l’est. Ainsi
dépassant cette « tentation » de fusion, qui n’est pas l’amour véritable, avec sa mère,
l’enfant gagne de vrais parents.
- Le complexe d’Œdipe chez la jeune fille : il est en soi plus compliqué. Le phallus pour
la fille s’est sa mère. On le voit par le fait qu’avant l’Œdipe lorsqu’elle joue à la
poupée, la petite fille s’identifie à la poupée et joue la mère idéale et lorsque l’Œdipe
survient, la poupée est son propre enfant et son propre père en est le père. Vers 3, 4
ou 5 ans elle va entrer dans l’Œdipe lorsqu’elle va se rendre compte qu’elle n’est pas
la totalité de l’humanité et qu’en fait il lui manque la masculinité (d’où le fait qu’à un
certain moment une petite fille peut être à un certain moment garçon manqué). Elle
devient rivale de la mère tout en la percevant comme la femme idéale. La petite fille
sort plus facilement de l’Œdipe car elle s’identifie à l’amour (aimer et être aimer),
dépassant l’Eros elle finit par avoir des parents.
Il s’agit donc d’un moment naturel de l’enfance qui doit être vécu et surmonté.
➔ En l’absence de père il est important que l’enfant ait un père symbolique (un ami de
la mère ou le frère de celle-ci, le travail de la mère etc…). Il ne faut pas non plus que
la mère fasse sentir à ses enfants qu’elle n’a qu’eux et qu’elle ne vit que pour eux
(amour qui étouffe) sinon elle risque de rendre ses enfants « esclave » de son amour
déformé, cela les enfants le sentent. Il est important que les parents soient heureux
en dehors de leurs enfants.
III) La psychopathologie (application médicale de la théorie freudienne)
Freud considère que l’hypnose ne guérie pas, elle soulage le corps, il a voulu un soin pour
guérir le corps : la psychanalyse ou l’analyse.
Dans l’analyse on va prendre conscience de nos pulsions pour mieux les condamner, dans la
névrose, le Surmoi prend trop de place (et condamne le Moi). D’une part le Surmoi est
castrateur, il met des limites parce qu’il représente les interdits du père (le non) et d’autre
part il rassure car il donne un cadre qui rassure. Ainsi l’absence de Surmoi (de là vient la
Psychose) est pire qu’un Surmoi trop grand (névrose).
3 grandes Névroses : 3 grandes Psychoses :
- Hystérie - Schizophrénie
- Obsession - Maniacodépression
- Phobie - Paranoïa

L’analyse ne soigne pas les psychoses. Une fois qu’on


en est atteint on ne peut que donner un traitement pour éviter les délires mais on ne peut
pas soigner les causes.
Cf. Cours pour les deux exemples : Dora et Hans (Hystérie et Phobie).
Bilan Critique :
La pensée de Freud nous apprend que l’enfant est autant une personne que l’adulte et qu’ils
sont tous deux aussi complexe. De plus elle confirme ou affirme des principes moraux
important :
- Pas d’amour sans exigence.
- L’amour fusion est destructeur (ce n’est pas un amour sain).
- L’absence de valeur morale (le Surmoi) est mauvaise pour l’homme.
De plus Freud est très critique envers l’homosexualité et la monoparentalité.
En revanche en tant que philosophe nous ne pouvons pas accepter l’inconscient.
L’inconscient n’existe pas, il y a seulement des degrés de conscience car il n’y a rien hors du
conscient. Une partie de l’esprit n’est pas déconnectée du conscient, l’homme est avant tout
conscient, il n’est pas étranger à lui-même. Il y a ici contradiction dans la pensée de Freud
car si la pulsion était réellement inconsciente alors elle ne pourrait pas s’exprimer. De plus si
l’analyse permet au patient de prendre conscience de cette pulsion refoulée cela veut dire
que l’on s’en souvient. Ainsi la conscience est simplement plus ou moins vive. L’inconscient
sous entendrait que nous ne sommes pas libres car l’homme serait un « déterminisme
psychique », or l’invention de l’analyse suppose la liberté de l’homme (contradiction là
encore).
Henri Bergson (Fr, 1859-1976)

Introduction : philosophe réaliste, le réel existe hors de nous. Selon Bergson, un philosophe
découvre une intuition qu’il développe toute sa vie. Pour lui : le temps n’est pas l’espace, le
temps s’est quelque chose, il fait quelque chose.

I) L’espace et le temps-quantité (réf. Essai sur les données immédiates de la


conscience, 1889)
Dans cet essai, Bergson, nous montre que l’homme ne peut s’empêcher de se représenter
l’espace de 3 grande manières. Notre intelligence (qui sert à l’action pratique) se représente
l’espace comme tout d’abord un milieu vide, homogène, qui permet la juxtaposition des
choses et aussi comme quantitatif (divisible et mesurable -> un plan, une carte etc.) et enfin
comme réversible (on y retourne).
Cette représentation de l’espace est au fondement, selon Bergson, de notre représentation
du temps. En effet, le temps-intellectuel (ou quantité ou mathématique) a 3 grandes
caractéristiques :
- Principe de la succession des choses (et non pas juxtaposition) ;
- Quantitatif (divisible) ;
- Il nous apparaît comme réversible (je peux entrevoir le futur et intellectuellement
revenir dans le passé).
Attention, chez Bergson : intelligence ≠ conscience -> temps vécu ≠ temps intellectuel

II) Le temps duré ou le temps vécu


Ainsi, chez Bergson, la conscience désigne la totalité de la vie intérieure, à savoir, les
passions, les émotions, les sentiments etc. Le temps vécu à travers la conscience (lorsque
nous nous « laissons vivre », concentré sur nous-même, pas de dimension égoïste ici) n’est
pas le même que le temps intellectuel (intellectualisé). Il est appelé temps vécu (ou temps
qualité). Il possède trois grandes caractéristiques :
- Un temps hétérogène (différent d’un moment ou un autre) ;
- Un temps qualitatif (il n’est pas absolument mesurable, mais il possède une qualité
particulière) ;
- Un temps irréversible (vécu comme une durée non pas comme une succession
d’instants).
3 temps de l’âme chez Bergson (comme chez St Augustin) : mémoire, attention et
anticipation (souvenir, vision, attente).
Le temps est hors de moi et ma conscience me permet de le rejoindre et de l’éprouver d’une
façon ou d’une autre en fonction des circonstances.
- « Si je veux me préparer un verre d’eau sucré, j’ai beau faire, je dois attendre que le sucre
fonde. Ce petit fait est gros d’enseignement. » (Début de l’évolution créatrice, 1907)
J’attends, donc j’éprouve le passage du temps, je suis dans le temps et le sucre aussi donc le
temps ne m’est pas personnel, il dure, il n’est pas une succession d’instants.

III) Le langage comme infidélité à soi


Bergson a l’impression que l’homme est étranger à lui-même alors qu’il a justement besoin
d’être soi pour pouvoir se donner, la vie doit être vécue comme don de soi.
Le langage est un instrument de l’intelligence au service de la vie sociale (c’est un outil).
- Par les mots je peux exprimer une pensée et la clarifier.
- C’est un système de signes partagés par tous pour communiquer.
Mais le langage est fondamentalement un outil déficient. Il trahit ce qu’il est censé traduire,
c’est selon les mots du professeur « un messager qui me trahit ». Ainsi, selon Bergson, je
gagne en clarté grâce au langage mais ce que je gagne en clarté je le perds en authenticité.
Donc étant un voile entre moi et les autres le langage est un voile aussi entre moi et moi, il
me rend infidèle à moi-même.
Bergson nous explique ainsi, qu’écouter quelqu’un ce n’est pas seulement entendre les mots
qu’il utilise, c’est entendre SES mots et aller au-delà des mots et le rejoindre dans son être.
La trahison du langage ne nous surprend pas, nous en sommes conscient et notre
interlocuteur le sait, c’est comme on dirait en aéro « une avarie connue ».
Mais alors quel est le véritable moi ? Où et comment le rejoindre ?

IV) Les expériences du moi authentique


4 expériences possible de notre moi-authentique :
- Le rêve : l’intelligence nous dit que les évènements sont passés mais notre corps se
souvient, ainsi le passé n’est pas vraiment mort et il peut se manifester lors des
rêves.
- La mémoire involontaire : « les vrais paradis sont les paradis que nous avons
perdus » (Proust) une sensation nous fait revivre un passé, mais attention, pas
comme il a été vécu, on le revit d’une manière différente (ex : élève qui pleure à
cause de l’odeur de la craie).
- L’expérience de l’art : l’artiste manifeste par son art (pas un art dégénéré comme
l’art contemporain) son moi-authentique, l’artiste selon Bergson, a un devoir
d’authenticité, par l’effort que l’artiste fournit pour manifester son moi-authentique
cela nous invite à en faire de même. Ainsi l’artiste, à travers son art, aide les autres à
se rejoindre. Par l’expérience du beau l’art nous éveille à nous même (l’artiste est
pour Bergson un « éveilleur d’âme ».
- La liberté : « On appelle liberté, le rapport du moi concret à l’acte qu’il accompli. Ce
rapport est indéfinissable précisément parce que nous sommes libres. » Ainsi,
Bergson, nous invite à assumer la paternité de nos actes, de nos choix dans la mesure
où ils sont l’expression de notre moi-authentique. Attention, il y a malgré tout, des
choix qui ne sont pas vraiment authentique dans la mesure où le choix est expliqué.
La liberté ne s’explique pas, je ne peux pas expliquer mon choix.
Bilan Critique :
Bergson, malgré une pensée pertinente, est réellement moderne dans la mesure où il ne
donne pas de contenue à la morale. C’est un philosophe de « l’intérieur ».
Il met en garde contre la technique :
- « Or dans ce corps démesurément grossit l’âme reste ce qu’elle était, trop petite
maintenant pour le remplir, trop faible pour le diriger. D’où le vide entre lui et elle, la
mécanique exigerait une mystique ».
Le décalage entre la puissance technique (« corps démesurément grossit ») qui rend la chair
plus puissante et l’âme devenue trop petite, incapable de rien face à la puissance du corps.
Ainsi Bergson considère que la « mystique », autrement dit la morale doit compenser la
mécanique, mais il ne donne pas de contenue à cette morale…
J-P Sartre (1905-1980)
Introduction : sa pensée a eu une immense influence sur la pensée de nos contemporains.
Quelques textes intéressants :
- L’être et le néant (1943, qu’est-ce qu’être conscient ?)
- L’imaginaire (1940, sur l’imagination)
La philosophie sartrienne nous montre avec force l’angoisse d’être libre.
I) La maitrise du sujet
Sartre récuse l’idée même d’inconscient (critique vis-à-vis de Freud) -> c’est un inconscient
qui refoule inconsciemment un autre inconscient, ça ne tient pas ! Selon lui ce qui refoule
est nécessairement conscient, les pulsions refoulées sont elles-mêmes conscientes (sinon
elles ne seraient pas « vexées ») et le refoulement tout entier est conscient car sinon il n’y
aurait pas de psychanalyse (car le patient ne pourra pas se remémorer cela lors de son
analyse). Pour Sartre il y a des degrés de consciences :
- La conscience non-thétique : une conscience qui ne passe pas par les mots, on le sait
sans avoir besoin de l’expliciter.
- La conscience thétique : on explicite et on prend du recul sur la chose.
- La conscience réflexive : avoir conscience de ce que l’on pense.
Alors se pose la question : que signifie être conscient ? c’est selon Sartre se séparer de ce
dont on prend conscience (cf annexe texte 6 : l’ouvrier malheureux)
L’En-soi : un être qui n’est pas doué de conscience (un verre, une porte, une plante etc…) ->
un être enfermé sur lui-même, le contraire de l’homme car il est « séparé » de lui-même :
L’homme est un Pour-soi. L’homme est spectateur de lui-même donc pour Sartre être
conscient c’est être spectateur de soi.
- « L’homme n’est pas ce qu’il est et il est ce qu’il n’est pas ».
Si ce qui n’est pas conscient est alors l’homme qui est un Pour-soi n’est pas car l’homme est
constamment séparé de lui-même.
A) « L’homme n’est pas ce qu’il est »
Ce que l’homme est, est ce que Sartre appelle la Facticité : c’est tout ce qu’on ne choisit pas :
le corps, la naissance, la mort, l’existence d’autrui etc. Mais grâce à notre conscience on
donne une valeur à la Facticité cela s’appelle la transcendance : elle est une œuvre de la
conscience. Attention Sartre ne nous dit pas de penser le réel pour qu’il soit réel mais il nous
dit qu’on peut toujours donner une valeur à ce qui nous arrive (la Facticité) pour la vivre
d’une manière qu’on aura choisi. Ainsi la liberté chez Sartre passe par la conscience, c’est
elle qui nous rend fondamentalement libre ! L’homme n’est pas sa Facticité car il décide de
la vivre comme il l’entend.
B) « Il est ce qu’il n’est pas »
L’homme dépasse toujours la Facticité, il dépasse la situation dans laquelle il est et se
projette dans l’avenir « devenant ce qu’il n’est pas ». Pour Sartre toute conscience est
projet, elle est déjà animée par ce qui n’est pas encore. Et ainsi : L’existence précède
l’essence. (Annexe texte 8) -> l’existentialisme est un humanisme : il tente de montrer que
sa philosophie est optimiste.
Selon Sartre, si Dieu a créé l’homme alors ce dernier n’est pas libre, car il a été créé pour une
fin et il lui est donc soumis, ainsi l’homme, par l’existence de Dieu, passe à côté de son
humanité. Alors que si l’existence de Dieu est niée, l’homme acquiert sa pleine liberté. En
effet, nous existons (ce qui est pour Sartre un fait tout à fait contingent) donc ne possédant
pas de nature (d’essence) car il n’y a pas de Dieu pour nous en donner une, nous pouvons à
tout moment choisir qui nous voulons être, notre vie étant sans but c’est à nous de lui en
donner une (et d’en changer si on s’est trompé). La conscience donne à ce qui nous arrive la
force d’une cause.

II) La « faute » de la mauvaise foi (cf. annexe texte 9)


Il est tentant pour certaine personne de ne pas vouloir sentir le poids de la liberté et ainsi ils
tombent dans la « mauvaise foi ».
Selon Sartre la mauvaise foi nous caractérise tous, on est tous plus ou moins de mauvaises
foi. Attention la mauvaise foi n’est pas le mensonge, car le mensonge est ponctuel.
Elle se caractérise de la manière suivante :
- Ne pas assumer sa liberté.
Cela constitue pour Sartre une faute logique car elle échoue toujours (on ne peut pas se fuir
soi-même), c’est aussi une faute morale car on nie sa liberté et on ne l’exerce pas
correctement.
3 grands types de mauvaise foi :
- L’homme sérieux/moral/religieux
L’homme qui se fige, qui se définit dans sa fonction sociale, il fait ce qu’il doit faire, ça le
rassure. (C’est le kantien)
- Le lâche
Il n’assume pas sa vie, il a tout raté mais c’est parce qu’il n’a pas eu de chance.
- Le salaud
Il réussit tout, mais il a écrasé pour cela de nombreuses personnes, et le « sang » qu’il a sur
les mains il ne s’en excuse pas, il n’y peut rien s’il est toujours le plus fort, le 1er !
Ainsi la mauvaise foi c’est une tentative (ratée) de sortir de l’angoisse de notre liberté. On
est toujours au fondement de notre liberté on ne peut pas se cacher derrière la mauvaise
foi. Pour lui il n’y a ni Bien ni Mal, la valeur fondamentale c’est la liberté. Mais en faisant cela
Sartre sape la liberté car la liberté infinie est une liberté nulle. La liberté permet de bien
choisir afin d’être heureux. Elle s’exerce dans un cadre fini.
III) L’aliénation
L’angoisse d’être libre et l’aliénation sont les deux difficultés de la condition humaine.
L’aliénation vient de la présence d’autrui. En tant que sujet conscient on appréhende l’autre
comme objet, on pense quelque chose de l’autre et ainsi on le chosifie, on le réduit. Le sujet
ne peut pas penser l’autre comme sujet. Le regard de l’autre m’aliène : ce que je suis n’est
pas ce que l’autre pense de moi car je me fais en permanence, mais la pensée de l’autre
m’est à jamais inconnue. « Autrui est une absence » et « autrui est par principe celui qui me
regarde ». Ainsi je suis toujours réduit par l’autre et je ne peux pas m’y soustraire. -> l’enfer
c’est les autres.
IV) La tentative de l’amour (pour échapper à l’aliénation)
Aimer c’est essayer d’échapper au regard d’autrui. C’est toujours un échec.
Selon Sartre aimer est impossible, c’est une entreprise qui échoue nécessairement. Pour lui
aimer c’est vouloir être aimer (l’amour n’implique pas pour Sartre le don de soi) c’est vouloir
se rendre indépassable pour l’autre, qu’il ne puisse pas me comparer. Être indépassable
c’est être « la condition même du surgissement du monde » être un intermédiaire
nécessaire entre l’autre et le monde. Faire sentir à l’autre que sans moi il est pauvre du
monde. Par exemple, l’argent est un pouvoir de séduction l’autre aura accès à mon pouvoir,
la culture, la force physique sont autant de pouvoirs de séduction parmi d’autres. Ainsi
l’autre voit le monde à travers moi et de ce fait, je ne suis plus regardé par l’autre je deviens
invisible étant par là même au principe de son regard.
3 raisons de l’échec de l’amour selon Sartre :
- Pas de victoire complète sur l’autre : moi aussi je fais à l’autre une place à part ainsi
nous nous retrouvons à égalité.
- On ne peut pas fuir le regard des autres : le couple tente de se substituer aux regards
des autres mais ce n’est pas possible.
- L’amour c’est un rêve, un envoûtement : celui qui aime peut se réveiller à tout
instant et commencer à nous objectiver.

Bilan critique :
- La liberté et la morale : il parvient à nous mettre en face de notre liberté et ainsi nous
permet d’assumer nos choix. Il montre bien ce qu’est la liberté mais il va trop
loin…On est tellement libre qu’on dépasse le bien et le mal et ainsi il annihile la
morale. Il considère que nous pouvons faire ce que nous voulons tant que l’on se
garde de la mauvaise foi. La nature humaine ayant disparue le bien et le mal n’existe
plus ; mais Sartre parle du bien et du mal (et de manière correcte) dans un texte peu
connu (Saint Genet-comédien martyr, 1952) cf. Annexe texte 12, page30. Il a donc
une réelle connaissance du bien et du mal alors pourquoi les nier ?
- L’amour : avec Sartre nous sommes les maîtres du monde, on transcende notre
facticité. Mais l’autre…il est infernal… « l’enfer c’est les autres » : l’autre n’est pas
transcendant, on ne peut pas le connaître et on est condamner à l’objectiver et je
sais qu’il fait pareil pour moi. L’autre sera toujours un mystère. Mais (pour contrer
Sartre) c’est précisément pour cela qu’on ne peut pas le juger et qu’il faut pardonner
car il faut se garder de réduire autrui à ses actes.
Ainsi comme le dit le professeur La Balme dans l’Amour carnivore :
- « Aimer c’est gouter la proximité d’un être qui échappe à mon savoir. »
Heidegger (1889-1976)

Introduction : Il a été séminariste pendant deux ans à Fribourg avant de le quitter pour
raison de santé (il a tenté d’y retourner sans succès). Son premier désir d’homme a été de
devenir prêtre, ce n’est pas rien. Il a adhéré au parti Nazi de 1933 à 1945, puis de 1945 à
1950 il a été écarté de tout poste d’enseignement. Il lui est resté une certaine honte de
n’avoir pas su déceler les intentions morbides du parti Nazi. Il est disciple de Husserl
(fondateur de la phénoménologie : revenir au fondement des choses), Heidegger a eu une
grande influence sur Sartre, Levinas, Hanna Arendt (qui lui a pardonné).

I) La conscience de l’être
4 œuvres :
- Être et le temps, 1927.
- Les concepts fondamentaux de la métaphysique, 1929-1930.
- Bâtir Habiter Pensé, conférence de 1951.
- La question de la technique, conférence de 1923.
2 caractéristiques du monde contemporain :
1- Notre domination sur le monde, une toute puissance qui nous vient de la technique.
2- La société de consommation : le pouvoir de l’argent.
Heidegger est le seul philosophe du XXe qui critique la modernité, il le fait pour deux
raisons :
- « La question de l’être est aujourd’hui tomber dans l’oubli » : l’homme moderne n’a
plus conscience de l’être. (La métaphysique est mise entre parenthèse.)
- « L’essence du Dasein tient dans son existence » : le Dasein correspond à l’homme
car l’essence de l’homme c’est d’avoir conscience qu’il existe. L’homme ne fait pas
que savoir qu’il est mais il sait aussi qu’il est là (le Dasein) il est capable de prendre
une certaine distance avec son existence (Heidegger traduit : Existance inclus cette
capacité que l’homme a de prendre de la distance par rapport à son existence).
Selon Heidegger le secret de la vie humaine réside dans la conscience que l’homme a de la
mort. En effet, le Dasein devient d’autant plus vif qu’on a conscience de la mort, il appelle la
mort un « réel futur ». « Si tôt qu’un homme naît il est tout de suite assez vieux pour
mourir. » Cette conscience de la mort ne doit pas nous affliger (contrairement à nos
contemporains qui essaient de l’éloigner le plus possible de leur pensée) mais au contraire,
en portant en permanence en nous, cette possibilité de mourir, notre vie acquiert une
saveur plus vraie, plus profonde. Ainsi selon Heidegger la pensée de la vie humaine s’inscrit
dans la finitude. C’est pour cela qu’il appelle les hommes les mortels (ce terme véhicule
l’idée de la mort).
Heidegger tente de remonter à l’origine de la question philosophique (comme en
phénoménologie on tente de remonter aux fondements des choses). Socrate pose la
question : « qu’est-ce que c’est » : pour Heidegger s’il y a un discours sur l’être c’est qu’il
faut déjà avoir conscience qu’avant tout il y a de l’être. Selon lui il y a 4 expériences
privilégiées de l’être :
- L’angoisse : une expérience ni positive ni négative, diffère de la peur car la peur
distrait, on est habité par l’objet qui cause notre peur, l’angoisse peut monter en
nous lorsqu’on ne fait rien et ainsi nous prenons conscience que ce qui est aurait pu
ne pas être et donc nous expérimentons l’être -> quelque chose existe.
- Le désespoir : la question qui revient et qui ne trouve pas de réponse ; mais pourquoi
les choses sont ?
- La joie : pas nécessaire d’expliciter.
- L’ennui : 3 types différents. D’une part l’ennui classique : on s’ennuie par quelque
chose (un livre, la gare, etc.). Ensuite, l’ennui de soi : la soirée était très bonne mais
on s’est malgré tout ennuyé, on n’a pas été à la hauteur de nous-même, nous avons
notre responsabilité dans cet ennui-là. Et enfin, l’ennui qui nous fait rejoindre le pur
être, une conscience neutre de l’être. Dans cet ennui rien ne nous ennui (ni une
chose ni nous-même).

II) La technique et le Quadriparti


A) La critique de la technique
Sa pensée sur la technique se manifeste en particulier dans une conférence de 1953 : La
question de la technique. Il considère que « l’essence de la technique n’est absolument rien
de technique. »
Deux sentiments contraires à l’époque. D’une part elle est responsable des dégâts matériels
de la guerre et d’autre part on espère en elle pour la reconstruction.
Selon Heidegger il y a deux positions face à la technique :
- On en a peur : ce n’est pas la solution car on n’en perd la maîtrise.
- On est fasciné : on est aveuglé par le géni humain et là aussi on en perd la maîtrise.
Heidegger propose une troisième position :
- En avoir ni peur ni l’idéaliser : cette position est selon lui la pire car on la considère
comme un outil, c’est une chose neutre : ni mauvaise ni bonne, c’est ce qu’on en fait.
Heidegger tente de nous montrer que cette position est la pire dans la mesure où elle ne
prend pas garde. La technique ne se réduit pas à des techniques mais il y a derrière elle un
esprit qui la pense. La technique est donc révélatrice d’un certain mode de pensée (et ainsi
on a la technique que l’on possède) elle n’est donc pas neutre, elle émane de l’esprit (d’où le
fait que « l’essence de la technique n’est absolument rien de technique »). La technique est
un « mode de dévoilement » de la pensée de l’homme. Pour Heidegger l’homme moderne
est celui qui pense le monde par la technique, il n’éprouve plus une nature hors de lui car il a
pris l’habitude d’agir en permanence sur elle.
Deux pensées s’opposent : la pensée « Calculante » (appréhender une chose pour en tirer
profit, on ne pense pas la chose elle-même, on a un rapport utilitaire au monde) qui
caractérise l’homme moderne et la pensée « Méditante » (qui nous fait rejoindre ce que
sont les choses, elle nous fait contempler et ainsi on laisse la chose venir à nous). Heidegger
appelle l’acte de l’homme sur la nature « arraisonner la nature » : on l’arrête et on la pille.
Avec l’ère moderne caractérisée par la pensée Calculante on entre dans « l’ère atomique »
(rien à voir avec l’énergie) on réduit les choses au maximum pour ne voir que leur utilité.
L’homme moderne prend alors la place de Dieu se faisant le « Seigneur des étants » alors
qu’il est sensé être, selon Heidegger, « le berger de l’être » (La lettre sur l’humanisme,
1953). Mais Heidegger ne fait pas que critiquer, il propose une solution !
B) La solution : le quadriparti (Bâtir Habiter Pensée)
Qu’est-ce que le Quadriparti ? Il propose comme de nouveaux points cardinaux. Ainsi, pour
vivre réellement comme homme il faut vivre sur terre, sous le ciel, avec les divins et en tant
que mortel.
➔ « Vivre sur la terr » : pas la terre au sens strict mais laisser les choses être ce qu’elles
sont, savoir contempler, avoir un rapport méditant au monde.
➔ « Vivre sous le ciel » : prendre conscience de nos forces et de nos faiblesses et aussi
accepter le contingent, prendre conscience que nous ne nous faisons pas.
➔ « Vivre avec les divins » : (il n’emploi pas le terme de Dieu, la pensée religieuse est
absente de sa philosophie) avoir l’humilité de considérer que nous ne pouvons pas
tout savoir, tout expliquer et que certaines choses resteront des mystères.
➔ « Vivre comme mortel » : vivre avec la conscience de la mort (non comme source
d’angoisse) qui me permet de me remettre en question (dois je continuer dans cette
voie ?) et la pensée de la mort permet à l’homme d’avoir un passé, un présent et un
avenir.
Ainsi Heidegger tout en posant un diagnostique sur le monde (en pointant du doigt ses
disfonctionnements), tente, par le Quadriparti, d’en donner un remède. Il s’agit là d’un
repère fondamental à l’homme pour qu’il s’enracine dans l’existence et ainsi qu’il puisse
échapper à l’esclavage de son époque.

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