- le premier est la conscience spontanée celle d’être présent et en éveil. Quelqu’un d’évanouie sera qualifié d’inconscient. En ce sens, on peut dire que l’animal est conscient, le chat a conscience qu'il a une souris en face de lui et c'est pour ça qu'il va essayer de l'attraper. - le deuxième sens auquel l'animal n'a pas accès, c'est ce qu'on appelle la conscience réflexive ou réfléchit. La personne a conscience d'elle-même, elle a conscience d'être consciente. C'est ce niveau de conscience qui me permet de m’introspecter. Il faut entendre ici la réflexivité comme le fait de se voir soi-même, comme dans un miroir qui réfléchit mon image. Pour me voir moi-même, il faut que j'arrive à créer une certaine distance avec moi-même. L'enfant en bas âge ou l'animal n'a pas cette distance avec lui-même, il obéit à ses pulsions de manière immédiate sans s’introspecter. C'est cette distance qui rend possible la Liberté pour Sartre, si j'obéis à tous mes instincts sans jamais m’introspecter alors je ne suis pas vraiment libre : je suis un animal. - le troisième sens c'est la conscience morale, ce qui nous permet de juger le bien et le mal. On comprend bien que chaque niveau suppose le précédent, pour avoir une conscience réfléchie, il faut être en éveil et pour avoir une conscience morale, il faut disposer d’une conscience réflexive. La plupart des sujets qui parlent de la conscience vont vous interroger sur la valeur qu'il faut lui donner, non seulement la valeur de vérité. La conscience permettait d'accéder à une véritable connaissance de soi, mais aussi à la valeur morale et existentielle ? La conscience nous permettait d'accéder au bonheur à la morale ou à la liberté ? Descartes pensait que la conscience que j'ai de moi-même est la seule chose que je ne peux pas remettre en question. Peut-être que le monde entier autour de moi est une illusion ou peut-être que je suis enfermée dans la matrice et que je suis en train de rêver. En revanche la seule chose qui ne peut pas être une illusion, c'est précisément que je suis en train de ressentir cette illusion. ça personne ne peut me l'enlever, c'est le fameux « je pense donc je suis ». La seule chose qui ne peut pas être une illusion, c'est que des idées traversées mon esprit à l'instant où je vous parle. Donc la conscience est la seule source de certitude absolue selon Descartes. Par contre, Freud va s'opposer à la fois à Descartes et à Sartre, selon lui « Le moi n’est pas maître dans sa propre maison », le Moi ici, c'est la conscience. Pour Freud, la conscience elle- même n'est que la partie émergée de notre esprit, ce n'est pas elle qui contrôle le jeu, car nous avons un Inconscient qui possède ses propres désirs et qui parasite notre conscience en permanence. Ainsi, la conscience n'est pas synonyme de Liberté comme le croyait Sartre et la conscience n'est pas synonyme de certitudes comme le croyait Descartes dans le premier sens du mot. L’inconscient L’inconscient, c'est tout simplement ce qui se trouve dans votre corps ou dans votre esprit sans que vous n’en soyez conscients. Quand vous mangez votre estomac digère sans que vous n’en ayez conscience, pareil pour les fonctions respiratoires. Même quand vous dormez, nous continuons de respirer et de digérer. Le deuxième sens du mot inconscient et celui de Freud. Selon Freud, « Le moi n’est pas maître dans sa propre maison », ça veut dire que notre conscience ne maîtrise pas tout ce qui se passe dans notre esprit. Car nous avons des désirs qui sont refoulés dans notre inconscient et qui parfois ressurgissent, par exemple dans nos rêves ou dans des lapsus ou encore dans des symptômes. Selon Freud il existe trois instances psychiques :
Le Ça Le Moi Le Surmoi
= L’inconscient = La conscience = La censure
Le Surmoi c'est cette instance qui censure vos désirs et vos traumatismes en les refoulant dans votre inconscient. Prenons un exemple, une jeune fille qui s'appelle Emma vient voir Freud, elle se plaint d'une phobie des magasins. En écoutant cette patiente, Freud se rend compte qu'elle a subi des attouchements dans son enfance précisément dans un magasin et le traumatisme était si fort qu'elle avait complètement oublié cet épisode. Son cerveau quant à lui n'a pas effacé cette histoire, il l'a simplement refoulée dans l'inconscient pour la protéger de ce souvenir douloureux. En voulant nous protéger notre Surmoi nous fait du mal parce que le traumatisme se transforme alors en symptômes, c'est-à-dire en maladie comme dans des phobies, des névroses ou des troubles obsessionnels compulsifs (TOC). C'est la raison pour laquelle la thérapie psychanalytique propose de parler librement en s'allongeant sur un divan pour se remémorer tous nos traumatismes et nos désirs refoulés pour mieux les évacuer. Le plus souvent nous dit Freud, nous souffrons de propre système de défense. Le Surmoi est un système de défense qui nous protège contre nos pulsions sexuelles ou violentes qui pourraient être asociales. Il nous protège aussi contre les traumatismes en les refoulant, mais c'est précisément cette protection qui nous rend malades en créant des névroses. En résumé, il vaut mieux affronter nos monstres en face et dialoguer avec eux au lieu de les refouler et crée de la névrose. Évidemment, cela ne veut pas dire qu'il faut assouvir tous nos désirs, heureusement que le Surmoi est là pour que nous gardions une certaine morale. Les sujets sur l'inconscient vous interrogent en général sur la morale ou la Liberté. D'un côté, notre inconscient nous détermine ce qui s'est passé dans notre enfance ou autre, mais d'un autre côté nous pouvons nous libérer du passé en libérant notre parole. Le Devoir Le devoir peut avoir 2 sens : - la nécessité de faire quelque chose, si je veux faire une omelette, je dois d'abord casser des œufs. - l'obligation, je suis libre de faire un choix. Les élèves ne doivent pas tricher au bac, mais ils sont libres d'obéir ou non à cette règle morale et juridique. Obligation ≠ Contrainte Dans une obligation morale, j'ai toujours le choix. C'est la raison pour laquelle la morale est proprement humaine, seul l'humain dispose d’une conscience morale qui lui permet librement de choisir entre le bien et le mal. La morale désigne un ensemble de normes et de règles relatives au bien et au mal, propres à une société ou à un groupe. Elle tente de définir quel est la finalité de l'action humaine pour en déduire des conduites à tenir. La morale est-elle relative ? Sartre pense que chaque individu est fondamentalement libre. C'est la raison pour laquelle aucune morale ne saurait s'imposer à moi de l'extérieur, même quand je me soumets à une loi religieuse, c'est toujours moi qui décide de me soumettre à telle ou telle religion. Je ne peux jamais me libérer de ma liberté. Sartre reprend un exemple tiré de la bible : même quand Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils Isaac, il est encore libre de refuser car il peut se dire qu'il entend des voix, qu'il est fou ou peut-être que c'est le diable qui lui parle et qu’il se fait passer pour Dieu. Chez Sartre, la morale consiste précisément à assumer cette liberté et à ne pas se raconter d'histoires. Le soldat qui a torturé en Algérie est un salop (=être humain de mauvaise foi) quand il dit qu'il était obligé de le faire, il nie sa propre liberté d'agir et de penser. Selon Kant, la morale est universelle car elle est rationnelle : 2+2=4 est rationnelle donc c'est universel, c'est valable quelle que soit ta religion, ton ethnie ou ton orientation sexuelle. La morale pour Kant consiste toujours à mettre ses pulsions et ses affects de côté, ce qu'il appelle les inclinations pour se soumettre à la raison. Comme la raison est universel alors la morale l’est également. En gros, si tu sauves la jeune fille en détresse dans l'espoir de l’épouser, pour Kant c'est pas vraiment moral. Ainsi, le devoir moral pour Kant, c'est tout simplement rester dans la rationalité universelle, agir de telle sorte que je peux vouloir que mon action devienne une loi universelle. Quand je mens à ma copine parce que j'étais avec Vanessa hier soir, je m'autorise un mensonge mais à aucun moment je n'ai envie de vivre dans un monde où tout le monde ment parce que si tout le monde ment, toutes les relations de confiance entre les individus disparaîtront. D'ailleurs, même le menteur tient à la vérité puisqu'il a envie qu'on le croit et si tout le monde mentait en permanence personne ne le croirait. Cependant, il faut toujours se méfier du Surmoi qui a tendance à nous censurer. Selon Freud, le projet de Kant de rendre la morale entièrement rationnelle n'est pas souhaitable, cela revient à mettre de côté nos sentiments = les inclinations. Freud explique que nous n'aimons pas les gens de manière universelle, on fait des préférences en fonction de ses sentiments, on privilégie nos amis notre famille, ça n'a rien d'universel. Donc pour Freud une morale universelle comme celle de Kant qui consisterait à mettre ses sentiments de côté, ça serait une morale inhumaine. La Liberte Est-ce que le devoir moral s'oppose à la liberté ? Spontanément, on a envie de dire que se soumettre à la morale c'est une entrave à notre liberté et à nos désirs. Pour le philosophe Kant, c'est exactement le contraire. Pour lui, satisfaire nos désirs, c'est justement être esclaves de nos pulsions. Il faut au contraire exercer notre volonté qui elle est plus rationnelle et qui nous permet d'agir librement. On peut dire que Don Juan, qui ment pour séduire toutes les femmes, est esclave de ses pulsions, il n'est pas libre. Mais la question de la liberté n'est pas qu'un problème moral, c'est aussi un problème métaphysique. La métaphysique, c'est quand on s'interroge sur les causes profondes de ce qui existe : les questions sur Dieu, sur l'âme ou sur la liberté ici. Quand nous agissons, est-ce que c'est nous qui sommes à l'origine de nos décisions où sommes- nous déterminés par des causes extérieures à notre volonté ? Sartre affirmait que la Conscience humaine nous permet de nous introspecter et ainsi agir et penser librement, contrairement aux animaux qui eux sont prisonniers de leur instinct. C'est ce Sartre appelle l'existentialisme. L'existentialisme, c'est cette idée selon laquelle l'homme est une créature à part dans l'univers. Une créature qui est capable de prendre conscience d'elle- même et de se libérer de ces déterminismes. Contrairement à la fourmi ouvrière par exemple qui elle est programmée dans une certaine fonction et qui ne pourra jamais y échapper. L'homme n'est programmé dans aucune fonction, c'est à lui de choisir librement ce qu'il veut devenir. « Nous sommes condamnés à être libres » dira Sartre. Ça signifie que nous devons faire des choix en permanence, ce qui peut être angoissant au point que quelquefois, on laisse les autres décider à notre place. Sartre dira que nous sommes alors de mauvaise foi parce qu'on n’assume pas notre liberté. Cependant, Spinoza n'est pas d'accord avec Sartre. Selon lui, l'Homme est déterminé par des lois de la nature comme n'importe quel objet sur Terre. Tout ce qui existe est déterminé par une cause. Notre volonté et nos désirs ne se sont pas créés tout seuls dans le vide. Lorsque nous décidons de faire des études de médecine au lieu de partir en voyage à l'autre bout du monde. Il y a des causes qui sont liées à votre éducation, à votre génétique, à l'environnement social dans lequel nous vivons. Même notre capacité de travail est déterminée par des causes psychologiques et génétiques. C'est d'ailleurs là où Freud serait d'accord avec Spinoza, notre conscience est déterminée par notre Inconscient. Par conséquent, Sartre avait tort d'affirmer que notre conscience nous permettrait de faire des choix libres. Selon Spinoza, la liberté n'est que l'ignorance des causes qui nous déterminent. Nous croyons que nous sommes libres simplement parce que nous ne connaissons pas toujours les causes qui nous ont amenés à penser ou agir de telle manière. Si on connaissait toutes ces causes, nous ne saurions que nous ne sommes pas libres. Le Bonheur Le bonheur doit être distingué du plaisir ou de la joie, car ils sont toujours éphémères. Au contraire, le Bonheur est un état de satisfaction durable ou toutes nos aspirations les plus importantes sont réalisées. Faut-il rechercher le plaisir à tout prix ? Le philosophe Épicure préconise une vie mesurée pour parvenir au bonheur du corps et de l'âme. Épicure distingue donc les plaisirs cinétiques (= mouvement), des plaisirs castastématiques (= stable). Les plaisirs cinétiques sont liés à une certaine forme d'excitation sans véritable apaisement, ils nous éloignent de la plénitude. La drogue par exemple nous donne du plaisir pendant un moment mais sa descente s'accompagne toujours de souffrance qui nous pousse à en reprendre. Il faut alors se focaliser sur les plaisirs castastématiques qui apportent le bonheur véritable. Pour cela, il faut trier nos désirs. Tout d'abord, certains désirs ne sont pas naturels faut donc s'en débarrasser. Désirer une gloire éternelle, un amour illimité serait vivre dans l'illusion et finalement la frustration et la souffrance. Nous devons nous focaliser sur les désirs naturels tel que boire ou manger. Même parmi ses désirs naturels, il faut se focaliser sur ce qu'ils sont nécessaires et apprendre à se passer le plus possible de ceux qui sont superflus : « Un morceau de pain, quand tu as le ventre creux, te procure autant de joie que du caviar », nous dit Épicure. En résumé, il faut viser la tranquillité du corps ce qu'il appelle l’aponie (=tranquillité du corps), en se focalisant sur les désirs naturel et nécessaire. En revanche, il ne faut pas oublier le bonheur de l'âme ce qu'il appelle l'ataraxie (= tranquillité de l’âme (bonheur)) qu'on obtient avec des plaisirs stables comme l'amitié, mais pas avec l'amour qui nous excite pendant un moment, mais qui va nécessairement retombées nous faire du mal un jour. Le bonheur est bien le but de la vie ? Aristote affirme que oui, c'est la finalité de toutes nos actions. On passe le bac pour faire des études, on fait des études pour faire un métier sympa, et on veut faire un était sympa pour être heureux. Le bonheur est la finalité ultime de toutes nos actions. Le philosophe Kant n'est pas d'accord, selon lui, il existe un impératif moral qui est parfois contradictoire avec le Bonheur. Si je vois une grand-mère en train de se faire agresser, je vais aller la défendre au risque de ma propre vie. Ce n’est pas le bonheur que je vise, le Devoir moral n'est pas soumis à nos inclination personnel, mais à notre raison. La morale pour Kant doit être indépendante de la recherche du Bonheur. Quelqu'un qui fait le bien uniquement parce que ça lui apporte de la satisfaction personnelle n’est vraiment morale pour Kant. Terminons par une petite critique d’Épicure. Il pense que nous devons limiter nos désirs parce que le désir est toujours un manque de quelque chose et le manque est une frustration, une souffrance. Rousseau affirme exactement l'inverse dans La Nouvelle Héloïse. Il va dire « Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède ». Rousseau explique ici que si la satisfaction met fin au désir, elle ne nous apporte pas pour autant le bonheur puisque paradoxalement nous sommes heureux de désirer. Nous espérons quelque chose de la vie dans le désir. Certes le désir nous fait souffrir mais c'est ce manque qui nous donne envie de vivre des expériences. La Religion Le mot religion vient du latin « religare », qui désigne le lien. Ce lien est à la fois transcendant et immanent. La transcendance c'est ce qui est extérieur est supérieur à moi, c'est le lien avec Dieu, un lien vertical. Immanent c'est le lien horizontal qui relie les hommes entre eux à travers une pratique et des croyances communes. Dans la religion, il ne s'agit pas simplement de se relier à Dieu de manière individuelle mais aussi de se relier aux autres hommes à travers des rites. Quand vous fêter Noël en famille, il y a un lien qui vous unit à travers cette pratique. La religion est-elle nécessaire ? Quelle est la fonction de la religion dans la société ? Il y a donc deux aspects : d'un côté la religion répond à un besoin social, d'un autre côté elle répond aussi à un besoin individuel sur le plan existentiel. Sur le plan social la religion permet de produire une loi que le sujet va intérioriser et qui va renforcer sa morale. Selon Kant, nous n'avons pas besoin de la religion pour fonder une morale car la morale et rationnelle. Il suffit de suivre sa raison, au lieu de succomber à nos pulsions. Il faut également préciser qu'il est impossible de démontrer l'existence de Dieu. Pour lui, la religion sert à renforcer notre moral en admettant l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme et la liberté humaine. Elle donne aussi un sens à notre vie, elle nous donne l'espoir qu'en n'obéissant pas à cette morale nous puissions accéder un jour au bonheur véritable que Kant appelle le Souverain Bien (= Bonheur Véritable). Mais cet espoir n'est-il pas une illusion ? C'est cette question que Freud va se poser et qui va le conduire à une critique radicale de la religion. Selon lui, la religion a eu pour fonction d'intérioriser une certaine forme de censure dans notre esprit et nous conduire à respecter des interdits sociaux. Aux temps préhistoriques, il n'y avait pas d'état, de police, de tribunal. Comment faisons-nous pour vivre plus ou moins en harmonie dans des sociétés humaines ? Il a fallu que nous intériorisons la loi (= le flic) à l'intérieur de notre esprit. Ce flic nous l'avons vu dans la fiche sur l'Inconscient s'appelle le Surmoi. Il est né en partie grâce à la religion : si nous ne respectons pas la loi du groupe, le Dieu va nous punir. Si on arrive à nous faire croire à cette idée nous allons nous plier à la loi du groupe même en l'absence de flics. Nous ressentirons même de la culpabilité à chaque fois que nous dévions du troupeau. Il ne s'agit pas pour Freud de vouloir supprimer le Surmoi qui est trop utile à la vie en société sinon nous n'éprouverons aucune culpabilité en commettant des crimes par exemple, ce qui serait intenable pour la collectivité. Par contre, Freud remarque que la religion renforce parfois de manière excessive ce sentiment de culpabilité, à chaque fois que l'individu va éprouver un désir et notamment un désir sexuel. En effet, dans toutes les religions il existe des lois particulièrement répressives à l'égard d'une sexualité libre. Du point de vue de la société il faut que la sexualité soit au service de la reproduction et de la famille et non pas au service du plaisir de l'individu. Selon Freud la religion est une illusion réconfortante mais qui finit par produire de la névrose obsessionnelle, c’est-à-dire des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), une maladie mentale. L'individu se punit lui-même par des comportements étranges et obsessionnels qui rappellent des rituels religieux. Le Langage Le langage est un système de signes qui associe parfois des mots pour établir une communication. Le problème c'est que les animaux aussi communiquent entre eux et de manière très efficace : les abeilles par exemple exécutent une danse pour indiquer où se situe le champ de pollen. Peut-on dès lors affirmer que les animaux possèdent un langage au même titre que nous ? Descartes affirme qu'il y a une différence fondamentale. Le langage animal n'est que l'expression de ses besoins corporels, il ne parle que pour satisfaire son corps, sa faim, sa soif, éviter un danger ou se reproduire. D'ailleurs pour dresser un animal nous y arrivons toujours grâce à des friandises. Certes nous avons réussi à apprendre au bonobo Kanzi plus de 1000 signes mais c'est toujours pour exprimer des besoins corporels. En résumé, pour Descartes, le langage humain est l'expression de notre esprit alors que le langage animal est tout simplement l'expression du corps. Le philosophe Dominique Lestel affirme « les animaux peuvent parler mais ils n'ont rien à dire ». Ils expriment des besoins corporels mais il ne raconte pas d'histoires et encore moins pour parler de choses abstraites comme on peut le faire en philo ou en sciences. Ce que nous pouvons ajouter à l'analyse de Descartes c'est que lorsqu'un animal s'exprime, il s'agit plutôt d'un signal qui déclenche une action, en revanche cela ne déclenche pas un dialogue. Le Singe Vervet par exemple possède un cri spécifique pour dire que le danger vient du ciel, ses congénères s'enfuit quand ils entendent le cri mais cela ne crée pas une discussion. Si le langage est l'expression de l'esprit, cela veut-il dire que nous ne pouvons pas penser sans langage ? Puis-je avoir une réflexion qui ne s'extérioriserait pas dans aucun langage? En d'autres termes, si le langage n'existait pas est ce qu'on arriverait à développer une pensée ? Le philosophe Hegel pense que non, « une pensée sans langage serait une pensée obscure ». Pensée qui serait donc prisonnière de notre subjectivité c'est-à-dire ce qu'on ressent mais qu'on n'arrive pas forcément à communiquer aux autres. Le langage nous permet au contraire de rendre notre pensée objective, nous pouvons l'exposer aux autres, elle devient réelle. Tandis que notre ressenti subjectif reste quelque chose de flou tant qu'on n'arrive pas à le mettre en mots ce qui représente le degré le plus bas de la pensée. Les pensées que nous n'arrivons pas à mettre en mots c'est ce qu'on appelle l’Ineffable. La plupart du temps lorsque nous éprouvons quelque chose d'ineffable nous pensons qu'il s'agit là de quelque chose de tellement important que le langage ne parvient pas à l'exprimer. Cependant pour Hegel c'est exactement l'inverse, l'ineffable est le degré le plus obscur de la pensée. Enfin pour Freud ce n'est pas seulement un moyen de communication c'est aussi un moyen d'exprimer notre Inconscient. La plupart du temps nous refoulons nos désirs inavouables où nos traumatismes mais sur le divan du psychanalyste nous pouvons parler sans aucune censure et cela permet la thérapie. Ce n'est pas en censurant nos démons que nous acquérions le Bonheur mais au contraire en les affrontant grâce au langage qui nous permet de les exprimer. Lorsque nous parlons de nos angoisses, elle semble déjà bien plus légère à porter. L’Art L'art au sens large c'est ce qu'on appelle la « techno » en grec, c'est-à-dire un savoir-faire, une maîtrise technique. Est-ce que l'art dans le langage courant c'est l'ensemble des activités visant à la création d'une œuvre esthétique ? C'est ce qu'on appelle les beaux-arts, l’architecture, la sculpture, la peinture, la musique, la littérature, les arts de la scène et le cinéma. Certes il y a un point commun entre l'art et la technique, il s'agit de maîtriser un savoir-faire - le menuisier ou le sculpteur ont dû s'exercer pendant longtemps avant de développer leur talent - mais il existe néanmoins certaines différences essentielles. Selon Kant il existe au moins deux critères qui permettent de distinguer l'art de la technique : - le premier c'est que l’œuvre d'art n'est pas directement fonctionnelle alors qu'un objet technique a une fonction. Le canapé de Dali en forme de bouche n'est pas fait pour s'asseoir dessus, il est fait pour être contemplé. C'est la différence nous dit Kant entre le beau et l'agréable. Le canapé Ikea doit avant tout être agréable alors que le canapé de Dali n'est pas destiné à entrer en contact avec votre corps, il reste à distance, on le contemple pour sa beauté. Un objet technique peut être soit industriel (s'il est fabriqué en série c'est le canapé Ikea), soit artisanale (s'il est fait à la main) mais dans les deux cas il faut le distinguer de l’œuvre d'art. - deuxième critère est le génie créatif. L'artisan ne va pas chercher à produire une œuvre particulièrement originale et créative, il va respecter des règles bien déterminées à l'avance. L'artiste au contraire va bouleverser les règles comme le cubisme de Picasso avec La Femme qui pleure. Qu'est-ce que l'artiste cherche à exprimer dans son œuvre ? Selon Bergson l'art permet d'exprimer l'ineffable. Hegel pensait que l'ineffable est une pensée brute et obscure, Bergson pense au contraire que c'est une pensée tellement profonde qu'aucun mot ne parvient à exprimer car le problème avec le Langage c'est qu'il n'exprime que des généralités : on dit par exemple qu'on est amoureux mais en réalité aucun amour n’est comparables et chacun ressent l'amour à sa manière. Le langage nous pousse à faire des généralités, l'amour, la tristesse, la joie. L’art c'est différent car une œuvre d'art n'est jamais une généralité, c'est toujours l'expression de quelque chose de très singulier. Par exemple, dans le langage il existe quelques mots pour dire que je suis triste ou mélancolique mais l'art permet d'exprimer une infinité de mélancolie différentes qui n'ont rien à voir entre elles : entre la mélancolie bipolaire qui se dégage de « Smells like teen spirit » de Nirvana et la mélancolie dansante qui se dégage de « Papa où t’es ? » de Stromae il y a aucune commune mesure. Le langage va tout ramené sous la généralité « mélancolie » alors que ses mélancolies n'ont rien à voir entre elles. L’œuvre d'art est plus fine, plus subtile que le langage ordinaire. L’œuvre d'art nous permet d'accéder à une infinité de mélancolies toute différentes les unes des autres. Selon Freud l'art va même permettre d'exprimer nos désirs refoulés et nos traumatismes Inconscient, la Sublimation. Cette sublimation est une forme de thérapie pour l'artiste. Lorsque Kurt Cobain exprime ses troubles bipolaires dans « Smells like teen spirit » grâce aux rythmes bipolaire de cette chanson, il parvient à exorciser sa maladie. La Technique La technique c'est un ensemble de moyens qui permet de réaliser un but. La technique peut être celle de l'artisan qui fabrique des meubles mais elle peut aussi se combiner à la science, dans ces cas-là, on parle plutôt de technologie. La technique c'est donc ce qui permet d'améliorer tout ce que nous faisons dans la vie. Les sujets sur la technique sont combinés avec le Travail parce que le travail sans la technique c'est du labeur à l'état pur, de la souffrance. Grâce aux outils puis aux machines non seulement on s'est facilité la vie mais en plus on a rendu le travail plus intéressant : l'Homme n'est plus utilisée pour sa force brute, mais pour son intelligence et son habileté. C’est tout le sens du Mythe de Prométhée de Platon. Dans la mythologie grecque, les Hommes sont les plus faibles de tous les animaux mais grâce à la technique volée aux Dieux, ils deviennent supérieurs à tous les autres animaux. En effet nous dit Aristote, l'Homme n'est pas né avec la plus grande force ou avec le cuir le plus épais, mais il a des mains et les mains c'est la combinaison de l'intelligence et de la technique. Être intelligent c’est notre capacité à résoudre de nouveaux problèmes, pour cela il faut une grande polyvalence. Si je veux tuer un mammouth qui fait trente fois mon poids, il va falloir être très intelligent sinon je risque la mort. La main humaine n'est pas très puissante comparer à une patte d'ours mais elle est polyvalente tout comme notre intelligence. Aristote nous dit que la main est cet outil qui nous permet de fabriquer de nouveaux outils : si j'arrive à envoyer une pointe de silex avec une vitesse suffisamment grande, je pourrai tuer le mammouth. L'animal au contraire n'a pas vraiment de technique au sens où il ne peut pas en inventer de nouvelles, il n'a presque aucune polyvalence, il est prisonnier de son instinct. Ce n’est pas pour rien que le singe qui a aussi des mains, arrive en deuxième position des animaux intelligents, juste derrière l'homme. L'animal sait pratiquement tout faire dès la naissance : l'iguane dès qu'il sort la tête de l’œuf sait que le serpent est dangereux et qui va le détecter s'il bouge. L'animal est une sorte de console de jeux avec tous les jeux intégrés. Sur le court terme c'est mieux mais à long terme ça va vite être dépassée. C'est pour ça que l'Homme domine le règne animal, il peut télécharger en permanence de nouveaux logiciels. Karl Marx dira ainsi que « Ce qui distingue le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche ». Ça signifie que la technique humaine n'est pas comparable avec celle de l'animal au sens où elle fait appel à l'intelligence. La ruche d'abeilles est très belle mais c'est toujours la même. En quoi la technique peut être dangereuse ? Le philosophe Heidegger affirme que la technique moderne a tendance à considérer la nature comme un stock de ressources disponibles. Nous allons emmurer un fleuve dans du béton pour avoir de l'énergie grâce à un barrage hydroélectrique. C'est ce que Heidegger appel l'Arraisonnement de la Nature : l'Homme veut soumettre la nature à sa raison en voulant extraire toute son énergie disponible. En conclusion, la technique est la marque de l'intelligence humaine et en cela elle doit être valorisée. En revanche, cette intelligence peut devenir un outil de domination dévastateur pour la nature et pour l'humanité elle-même. Le Travail Le mot travail peut désigner plusieurs choses très différentes : - une activité professionnelle, un métier - toute activité de transformation d'un matériau brut. En ce sens, la femme au foyer travaille tout autant, non seulement en cuisinant elle transforme des matériaux bruts pour en faire des plats mais elle transforme aussi des enfants à l'état brut en les éduquant et en leur donnant de l'affection. Le travail est ainsi une activité nécessaire de l'Homme. ; En plus de transformer la nature qui ne donne pas assez de fruits spontanément, il faut également se travailler soi-même, il faut transformer sa nature animale pour devenir un Homme. Cette activité est souvent pénible, c'est la raison pour laquelle le travail est associé depuis toujours à la souffrance. Par exemple dans la Bible il est écrit que « C’est à la sueur de ton front que tu mangeras du pain ». Cependant le travail n'est pas qu'une source de souffrance, il est aussi une source d'épanouissement qui nous humanise. Le travail nous dit Hegel, c'est ce qui permet de dépasser l'animal : l'animal vit dans un rapport Immédiat à la nature (= sans intermédiaire, qui à lieu tout de suite ≠ médiat), ils sont en symbioses. La vache mange directement de l'herbe, elle n'a pas besoin de transformer la nature. L’Homme au contraire va devoir transformer cette nature hostile : labourer, semer, récolter, moudre les grains de blé, faire de la pâte, la cuire, autant de processus de transformation des matériaux bruts naturels. L'Homme dépasse la nature en la transformant, son esprit est plus fort que la nature car à partir d'une idée qu'il forge dans son esprit il peut dominer la nature et la transformer. Prenons de la farine, des œufs, du chocolat, nous en faisons un gâteau, si ça se trouve le gâteau sera moins bon que celui de la pâtisserie, mais c'est nous qui l'avons fait. Nous pouvons reconnaître dans cette production le projet que nous avions dans notre esprit, comme si notre esprit c'était extérioriser dans la matière. Pour Hegel, le travail c'est la possibilité pour l'Homme de dominer la nature en la transformant grâce à notre esprit. Quand je contemple l'objet que je viens de fabriquer, je peux y voir mon propre esprit, je reconnais mon esprit dans cet objet. C'est ce que Hegel appelle l'Objectivation de mon esprit dans la matière. Pourquoi le travail peut devenir horrible pour certaines personnes ? C’est lorsque nous ne pouvons plus nous reconnaître dans le produit de son travail. Par exemple, la technique moderne augmente la productivité mais elle crée aussi une forme de travail abrutissante pour l'ouvrier. Il doit faire les mêmes gestes à la chaîne du matin au soir en produisant des objets qu'il n'a pas conçu lui-même et dont il se fiche pas mal. C'est ce que Karl Marx appelle l'Aliénation. Vous êtes aliéné quand l’individu est soumis à quelque chose d’autre que lui même, il est privé de sa liberté. Le travail est alors une déshumanisation de l'Homme. Cette aliénation est double nous dit Marx car le patron exproprie également l'ouvrier de la valeur qu’il crée. Le capitaliste empoche tous les bénéfices, ce que Marx appelle l'Expropriation de la plus-value. L'ouvrier est payé pour survivre et la valeur qu'il crée par son travail est empochée par le patron capitaliste. La Justice La notion de justice peut avoir plusieurs sens : -le premier c'est ce qu'on appelle le Droit positif. Ici positif ne veut pas dire « bon » au sens de positiver, le mot positif veut dire le droit tel qu'il a été posé par des codes de lois, le code pénal, le code civil, etc. En d'autres termes, c'est la justice au sens de la légalité, c'est-à-dire ce qui est conforme à la loi. Par exemple, les lois antisémites de Nuremberg étaient légales sous le régime nazi et pourtant elles ne sont pas légitimes d’un point de vue moral. Le légal c'est ce qui est conforme au droit positif et Le Légitime c'est ce qui est conforme à la morale. Nous voyons bien que le droit positif n'est pas suffisant pour déterminer si une action est juste ou pas car en Allemagne nazie le droit positif était profondément raciste. - la deuxième forme de justice qui est supérieure au droit positif. Les philosophes appellent ça le Droit Naturel, c'est un droit universel que tous les humains possèdent même si aucun code de loi n’est là pour le faire respecter et qui serait au-dessus du droit positif. C'est une norme morale qui serait indépendante des textes de loi, comme le fait de ne pas tuer, de ne pas voler, etc. Le droit positif n'est pas toujours légitimes et d'ailleurs selon le philosophe Pascal, il est même relatif à chaque pays, à chaque époque. « Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité au- deçà des Pyrénées, erreur au-delà », Pascal veut dire par là que la justice au sens des lois humaines n'est pas quelque chose de sérieux, elle est plaisante parce qu'elles changent en fonction des frontières. « Au-deçà des Pyrénées », c'est-à-dire en France, le cannabis est prohibé par exemple mais en Espagne la consommation est autorisée. Il ne suffit pas de regarder dans les codes de lois pour trouver la véritable justice, non seulement parce que la loi peut être injuste, illégitime, mais aussi parce que les lois de chaque pays et de chaque époque sont différentes. Quels sont les véritables critères de la justice ? Pour Karl Marx, le véritable critère c'est l'égalité entre les Hommes. Marx explique dans le Manifeste du Parti Communiste que toute la violence de l'histoire est la conséquence des rapports de domination entre les classes sociales. Après la révolution française, la classe dominante est représentée par la bourgeoisie et la classe exploitée est représentée par le prolétariat. Le prolétariat ce sont les ouvriers qui n'ont pas d'autres choix que de vendre leur force de Travail pour subsister, alors que la bourgeoisie détient Le Capital, c'est-à-dire les moyens de production comme les usines. Le capitaliste exploite le prolétaire en le payant juste de quoi survivre et les bénéfices générés par son travail vont aller dans la poche du capitaliste. Donc selon Marx, il faut faire la révolution pour mettre fin aux rapports de domination entre les Hommes dans une société sans classe. Au contraire pour un philosophe libertarien comme Robert Nozick, ce qui compte le plus c'est la Liberté individuelle de chacun. Tant que l'ouvrier a signé librement un contrat, même s'il est exploité par le capitaliste, nous ne pouvons rien y changer. Il est donc inconcevable de répartir les richesses, parce que chacun est libre de s'enrichir autant qu'il le souhaite, tant qu'il ne force personne à travailler. Si Mbappé gagnent 3 millions par mois, on ne peut pas lui prendre la moitié de cette somme pour la donner à l’État car ce serait porter atteinte à sa liberté. C'est comme si on l'obligé à travailler la moitié de son temps pour l’État, ce serait pour Nozick du travail forcé. L’Etat L’État au sens large c'est l'ensemble des éléments qui organise la société. Il se caractérise par des administrations politiques, juridiques, administratives, qui exercent une autorité sur les individus. La plupart des questions sur l’État vont porter sur la nécessité de l’État ou sur la question de savoir si l’État fait le Bonheur des citoyens. Pourquoi avons-nous renoncé à nos libertés individuelles pour nous soumettre à un état tout puissant ? C'est la question que le philosophe Hobbes se pose, selon lui au départ les Hommes vivent dans un état de nature. L'état de nature c'est quand les hommes vivent en dehors de toute autorité politique. Selon Hobbes, dans ces conditions ce sera la confrontation perpétuelle et le déchaînement de toutes les violences comme dans « American Nightmare ». L’État est donc nécessaire pour permettre la vie en société car il met fin à la guerre entre les individus. Ces derniers vont conclure un Contrat Social pour éviter le déchaînement de violence, dans ce contrat les individus transfèrent leurs droits et leur pouvoir un souverain (= celui qui détient l’autorité politique) comme un roi dans une monarchie. Le roi détient tous les pouvoirs, le pouvoir absolu. Le problème qui se pose alors c'est que si l’État possède un pouvoir absolu sur la société, alors l’État n'est plus au service du peuple mais c'est le peuple qui devient le serviteur de l’État. C’est exactement ce que dira Rousseau au 17e siècle avant la révolution française : « L'Homme est né libre, et partout il est dans les fers ». « dans les fers » signifie qu'il est enchaîné, en effet au 18e siècle les Hommes vivent dans des régimes politiques où ils ne sont pas libres. Selon Rousseau, il faut alors réinventer le Contrat Social pour éviter le rapport de domination entre l’État et le peuple. Il faut donc rejeter le contrat de soumission préconisée par Hobbes. Dans le contrat social de Rousseau, ce n'est plus le roi qui est souverain mais le peuple lui- même. Le peuple doit se soumettre non pas à un roi mais à la Volonté générale, c'est-à-dire au bien commun. Rousseau nous dit que lorsque je me soumets à la Volonté générale, je perds pas ma Liberté puisque je me soumets à la raison et non plus à mes pulsions : « L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté », Rousseau, le Contrat Social. Si je respecte une loi que ma raison impose alors je ne suis pas soumis au contraire, je suis libre. (Cf. Le Devoir) L'ethnologue Pierre Clastres est allé vivre avec les Indiens Guayakis et Guaranis dans la forêt. Ce sont des sociétés sans État où le chef n'a aucun pouvoir. Le chef est là comme un médiateur pour faire la paix en cas de conflit ou raconter les histoires de la tribu, le chef n'a pas vraiment de privilège puisqu'il est obligé d'être généreux avec tout ce qu'ils possèdent. À l'inverse de nos sociétés, où les dirigeants possèdent beaucoup de pouvoir et d'argent, dans ces sociétés il n'y a pas d'inégalités sociales : tout le monde partage et mange à sa faim, personne ne cherche à faire du profit sur le dos de son copain. Cependant, Pierre Clastres n'idéalise pas non plus ces sociétés ou certes il n'y a pas besoin de police mais c'est parce que la loi est inscrite dans le corps des adolescents par des rites initiatiques qui sont de véritables séances de torture. Par exemple un rite consiste à piquer un enfant par une centaine de fourmis balle de fusil, chaque piqûre est égale à 30 piqûres de guêpe. La Nature Le concept de Nature désigne plusieurs choses : - C'est l'ensemble des choses physiques et vivantes qui existent indépendamment de l'Homme. C'est-à-dire non fabriqués par l'Homme. - Cependant, la Nature dans son sens étymologique « natura », c'est aussi la naissance. La Nature est alors cette puissance créatrice qui produit la vie. Nous avons tendance à spontanément valoriser tout ce qui est naturel par opposition à l'artificiel à cause de l'impression que ce qui est naturel et meilleur pour la santé, que la nature fait bien les choses. C'est l'idée de « Cosmos » dans la Grèce antique : le monde est une totalité bien ordonné, une harmonie. Nous avons parfois l'impression que l'humain vient dérégler cet ordre cosmique. La force et la valeur de l'être humain ne vient-elle pas justement de sa capacité à dépasser la nature en la transformant et en l'améliorant ? N'est-ce pas en dominant la nature que l'Homme a réussi à échapper à la loi de la jungle ?Comment l'être humain a-t-il réussi ce tour de force ? L’être humain transforme la Nature à l'extérieur de lui mais aussi en se transformant lui-même, c'est-à-dire en se civilisant. C'est grâce à la Culture. Ce qui est Naturel dans la vie de l'Homme, c'est ce qui est inné. Par exemple, le fait de savoir s'alimenter, digérer ou se reproduire. La Culture au contraire, c'est ce qui a été acquis par la transmission d'un savoir tel que le Langage, la Technique, le Travail, l'Art ou la Religion. L'Homme est un être de culture au sens où il ne se contente pas de son instinct mais il est capable d'évoluer par la transmission d'un savoir. Les animaux peuvent parfois transmettre un savoir : les macaques japonais de l'île de Koshima ont transmis la technique du lavage des patates douces dans l'eau salée, sur plusieurs générations. En revanche, le psychologue Michael Tomasello nous explique que ce n'est jamais un Savoir cumulatif. Effectivement, chez l'humain le savoir s’accumule et progresse à tel point qu'aucun individu au monde ne serait capable de réinventer le moindre objet technique que nous utilisons chaque jour. Votre smartphone et le résultat de millions d'inventions qui se sont accumulés au fil des générations pour arriver jusqu'à nous. Nous utilisons chaque jour un savoir qui nous dépasse complètement et que nous ne maîtrisons pas. Le lavage des patates douces, quant à lui, n'est pas un savoir cumulé, qui dépasse les capacités intellectuelles des macaques. Non seulement l'être humain transforme la nature grâce à la culture, c'est-à-dire la transmission d'un savoir mais il modifie également sa propre nature, nous dit Freud, en maîtrisant ses pulsions animales grâce au Surmoi (Cf. L'Inconscient). Devenir un être civilisé c'est apprendre à maîtriser ses instincts naturels. Ce que nous dit Freud dans Le Malaise dans la Culture, c'est que lorsque l'être humain censure de manière excessive ces pulsions naturelles, il y a toujours un risque pour notre civilisation. Selon lui, si la Première Guerre Mondiale a eu lieu en Allemagne au cœur d'une civilisation extrêmement développée, c'est à force de censurer et de réprimer tous les désirs naturels. La société a emmagasiné de la violence qui a fini par exploser et produire un déferlement de violences meurtrières. Il y a ainsi un certain équilibre à trouver entre nature et culture. Si l'Homme domine excessivement la nature extérieure, alors cela aboutit aux catastrophes écologiques et si l'Homme censure de manière excessive ses désirs naturels comme la sexualité, alors il risque de produire une explosion de violence au sens large. La Raison La raison c'est le principe explicatif. Si je me demande pour quelle raison un volcan entre en éruption j'attends une explication, je peux donner une explication qui fait appel à l'imagination en évoquant la colère d'un dieu, alors on dira que cette raison n'est pas rationnelle. Mais la raison a un sens plus précis qui s'oppose justement à l'imagination, c'est la Rationalité, on fait appel à un raisonnement logique : si le volcan entre en éruption c'est parce que le magma remonte et exerce une pression sur la montagne. La raison c'est aussi ce qui s'oppose à d'autres parties de notre esprit, nos désirs… Il peut y avoir un conflit entre le désir d'aller au mcdo et la volonté de perdre du poids. La raison s'oppose ici au désir, on dira alors de quelqu'un qu'il est Raisonnable s'il ne succombe pas à tous ses désirs (= la raison sur le plan morale). Avons-nous raison d'accorder autant d'importance à notre rationalité ? Au 18e siècle, il y a eu un mouvement intellectuel qu'on a appelé les Lumières, c'est un mouvement qui a combattu l’irrationalité et l'obscurantisme. Le philosophe Kant va écrire Qu’est-ce que les Lumière ? dans lequel il défend ce courant en montrant que l'Homme des Lumières est celui qui parvient à sortir de l'enfance, « sapere aude » = ose penser par toi-même. Kant constate que les gens autour de lui par paresse ou par lâcheté, ont rarement ce courage. Ils préfèrent se soumettre à des autorités intellectuelles, morales ou religieuses qui pensent à leur place. En revanche, lorsqu'on a le courage de suivre sa raison c'est là qu'on devient vraiment libre. Il faut entendre la raison ici dans les deux sens que nous avons évoqué : la rationalité logique et la raison morale qui nous éloigne de nos affects et de nos pulsions. Pour être libre, il faut être à la fois rationnelle et raisonnable. (Cf. Le Devoir et La Liberté) Certes il faut suivre la raison pour être libre, mais la raison était-elle infaillible ? ne rencontre tels pas certaines limites ? Certains philosophes ont eu tellement confiance en leur raison qu’ils ont envisagé la possibilité de démontrer l'existence de Dieu par un raisonnement. Descartes pensait pouvoir le démontrer, son Argument Antologique dit : j'ai l'idée de Dieu en tête et Dieu est un être parfait or un être parfait qui n'existe pas ne serait pas parfait donc Dieu existe nécessairement. (Cf. La Religion) Kant n'est pas d'accord, il va montrer que c'est un Sophisme, c'est-à-dire un renseignement faux malgré son apparence de vérité. Aucun raisonnement logique ne peut démontrer l'existence d'une chose. Pour savoir qu'une chose existe il faut en faire l'expérience avec les cinq sens. Comme nous pourrons jamais faire l'expérience de Dieu avec nos cinq sens, nous ne pourrons jamais démontrer son existence. C'est la raison pour laquelle, selon Kant, la Métaphysique, cette discipline qui parle de Dieu comme la cause de toutes les causes, ne pourra jamais rien démontrer. Lorsque la raison se détache de l'expérience elle est condamnée à produire de l’imaginaire. Lorsqu'on réfléchit sur Dieu, on aboutit à des contradictions que Kant appelle des Antinomies. Si nous nous interrogeons sur la cause de l'univers nous arrivons au Big Bang mais qui a causé le Big Bang ? Il faut bien un dieu qui soit la cause de toutes les causes. Mais si Dieu est la cause de toutes les causes, qui a créé Dieu ? On voit bien ici que la raison est en échec car on essaye de réfléchir au-delà de notre expérience, on touche ici les limites de la raison. La Science Le concept de science a beaucoup évolué au fil du temps : -Dans l'antiquité la science est un savoir démonstratif qui se distingue d'une simple opinion, d'une doxa en grec. L'opinion c’est quand on dit « moi je pense que » sans aucun argument, un préjugé. -La science moderne, pour un grec de l'antiquité comme Aristote, est une science qui consiste surtout à faire des raisonnements. Si par un raisonnement logique il en conclut qu'il existe un dieu, une cause première de l'univers, alors pour lui c'est de la science. La science moderne au contraire est focalisée sur l'expérience. Il ne suffit plus de faire des déductions logiques mais encore faut-il pouvoir faire des expériences. Nous avons vu dans la fiche sur La Raison que nous n'avons aucune expérience de Dieu. À partir de Galilée, au 17e siècle, non seulement l'expérimentation devient systématique, mais elle est couplée avec la Technique ; c'est ce qu'on appelle les Technosciences. Par exemple, la lunette astronomique de Galilée lui a permis de démontrer l'héliocentrisme. Dans la science moderne, c'est également la mathématisation de la réalité. Ce qui compte ce n'est pas tant la gravitation en elle-même mais l'équation qui va permettre de la mesurer. En résumé, nous avons trois paramètres qui font exploser le progrès scientifique en Europe : l'expérience, le couplage sciences et techniques et enfin la mathématisation du réel. Ce progrès va nous permettre non seulement de mieux comprendre le monde qui nous entoure, mais également améliorer nos vies grâce à la Technologie. Est-ce que les technosciences représentent un danger pour l'humanité ? Nous pouvons dire que la science moderne est neutre, c'est un moyen qui peut servir pour le meilleur comme pour le pire. Un remède contre le cancer ou une bombe atomique, tout dépend de la finalité recherchée. C'est la distinction entre le moyen (= ce qui rend possible quelque chose) et la fin (= le but recherché). Heidegger dira au contraire que les technosciences ne sont pas neutres, elles ont tendance à produire une nouvelle vision du monde. La science moderne nous permettrait finalement comme le dit Descartes, de « Nous rendre comme maîtres et possesseurs de la Nature ». Une fois que nous avons réduit la nature à quelques équations, il est facile de la transformer et de l'exploiter et même parfois de la détruire. L'agriculture moderne se distingue de l'élevage traditionnel au sens où les animaux sont perçus comme des purs produits de consommation (comme des millions de poussins broyés vivants, des vaches qui ne verront jamais un pâturage, …). Un monde dominé par les technosciences moderne est un monde qui risquerait de se transformer en une immense usine de production de marchandises et de déchets. C'est la raison pour laquelle Heidegger insiste sur le rôle de l'artiste qui nous réapprend à contempler la nature pour ce qu'elle est. Lorsque Vincent Van Gogh peint le Champ de Blé aux Corbeaux, il n'y voit pas un stock de ressources alimentaires, il restitue plutôt la poésie que ce paysage lui inspire. L'artiste nous donne alors à voir une autre Vérité que celle des technosciences. Cette vérité se dit en grec « alètheia », c'est un dé-voilement. Là où l'Homme moderne est obnubilé par la transformation de la nature et sa décomposition, l'artiste nous la donne à contempler, il l'a dé-voile. (Cf. L’Art) La Verite La vérité à plusieurs définitions : - la première c'est la vérité-cohérence ou la vérité formelle, un énoncé est vrai s'il ne se contredit pas, s'il est cohérent. C'est le cas des vérités logiques et mathématiques mais cette définition ne suffit pas car ce n’est pas parce qu'un énoncé est cohérent qu'il correspond à la réalité. Je peux parfaitement faire des raisonnements mathématiques sur l'infini, ses raisonnements seront cohérents mais comme on ne sait pas si l'infini, par définition on ne peut pas en faire l'expérience. - la deuxième est ce qu'on appelle la vérité-adéquation, un énoncé est vraie s'il correspond à la réalité. Si je dis le ciel est bleu, c'est vrai car mon énoncé correspond au réel. - la troisième définition utilisée en sciences est la vérité-évidence qui consiste à une vérité qui peut être démontrée mais qui est évidente. Par exemple, pour démontrer un théorème en maths, on s'appuie sur un autre théorème qui s'appuie lui-même sur un autre théorème, etc. Nous nous arrêtons lorsque nous remontons à des principes simples que nous appelons des axiomes, nous ne pouvons pas les démontrer mais ils sont évidents, admise sans démonstration. Le premier à avoir tenté de formuler ses axiomes c’est Euclide en Grèce antique. Il dira notamment qu'il existe toujours une droite qui passe par deux points du plan. ; c'est une vérité-évidence, ça ne se démontre pas. La Science est une combinaison de ces trois formes de vérité. Si on ne garde que les vérités- évidence ou les vérités-cohérentes on ne risque pas d'aller très loin dans notre connaissance du monde. On se contentera de faire des maths et avec les maths seules, on ne peut pas découvrir des vérités sur la physique ou la biologie. Par exemple, quand Galilée découvre l'héliocentrisme, ce n'est pas seulement en faisant un raisonnement logique. Il a fallu aussi faire des observations grâce à un instrument technique : la lunette astronomique. (Cf. La Raison) La science prétend accéder à une vérité sur le monde mais pourtant il lui arrive de se tromper, comment distinguer dès lors les sciences des pseudosciences ? Une pseudoscience c'est une discipline qui prétend être scientifique alors qu'elle ne l'est pas, comme l'astrologie. Le philosophe Karl Popper nous explique que le discours scientifique se remarque par son courage car il s'expose à une réfutation. Quand la science nous dit qu'il y aura une éclipse demain c'est réfutable, si jamais il n'y a pas d’éclipse je peux affirmer qu'elle s'est trompée, il faudra revoir les calculs. En revanche, quand votre astrologue vous dit que la semaine prochaine vous aurez une belle opportunité, il ne s'expose à aucun risque, aucune réfutation possible. Il pourra toujours dire que cette opportunité a eu lieu mais vous n'avez pas su la saisir. Pareil pour la Religion, il est écrit dans la bible qu'un déluge a eu lieu il y a plus de 4000 ans, pourtant d'un point de vue scientifique nous n'en avons aucune trace. Un croyant au texte biblique n'acceptera jamais d'être réfuté, il trouvera toujours des réponses en vous disant par exemple que Dieu peut faire un miracle de sorte que ça laisse aucune trace. Seule la science accepte d'être réfutées quand elle se trompe. C'est pour ça qu'elle progresse vers la vérité contrairement aux pseudosciences et à La Religion. On appelle cette idée de repère la Réfutabilité ou la Falsifiabilité (=théorie de Popper pour distinguer les théories scientifiques de celles qui ne le sont pas). Le Temps Saint-augustin disais « Qu'est-ce donc le temps ? Si personne ne m'interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l'ignore ». Si le passé n'existe plus, que le futur n'existe pas encore, qu'est-ce qui existe vraiment ? Le présent ? Peut-être faudrait-il alors vivre seulement au présent, sans se soucier du passé ou du futur. Celui qui reste prisonnier du passé ne peut pas être heureux, il est rongé par les remords et la nostalgie. Celui qui est angoissé par l’avenir ne parviendra jamais à prendre du plaisir dans ce qu'il fait. Le philosophe Marc Aurèle propose une solution : il faut vivre l'instant présent et ne jamais se laisser déborder par le passé et le futur. « Le présent est en effet la seule chose dont on peut être privé puisque c'est la seule qu’on possède et que l’on ne perd pas ce que l’on a pas », Marc Aurèle. La seule chose que nous possédons c'est l'instant présent et c'est la raison pour laquelle nous ne devons pas craindre la mort puisque le futur ne nous atteint pas, il n'existe pas tout simplement. La crainte de perdre mon passé est tout aussi vide de sens puisque je ne le possède pas. La seule chose que je possède c'est cet instant. N'est-ce pas renoncer à notre humanité finalement ? Le propre de l'Homme n'est-il pas justement de se laisser déborder par le passé et le futur ? Ne faut-il pas être un animal pour vivre seulement l'instant présent ? Alors certes l'animal a l'air heureux, il n'est pas angoissé par la mort, il n’a pas de projet à long terme, il se contente de satisfaire ses besoins présents puisqu'il vit dans cet instant présent. Mais l'Homme n'est pas un animal justement, c'est aussi ce qui fait sa force et son intelligence. La Liberté pour Sartre c'est précisément notre capacité à nous projeter dans le futur (Cf. La Conscience). Par exemple la fourmi ouvrière n'a pas de projets elle réalise son essence de fourmis ouvrières. L’essence c'est ce qui définit les choses, c'est ce qui fait sa fonction. L'être humain selon Sartre, n'a pas d'essence déterminer, c'est à lui de choisir une fonction dans l'existence. Il peut être ouvriers, soldats, professeurs ou astronaute, rien n'est déterminé. Sartre dira que pour l'humain « l'existence précède l'essence ». Il faut comprendre ici que l'être humain est d'abord jeté dans l'existence et ensuite il va librement choisir sa fonction. Celle-ci ne lui est pas attribué dès la naissance, ainsi l'être humain n'a pas d'identité déterminée. Si je me définis seulement au présent, est-ce que c'est réellement mon identité ? Justement l'être humain est toujours en projet, le fait de pouvoir se projeter dans quelque chose que je ne suis pas, me rend libre de toute identité déterminée. Exister vient du mot « ex- sistere » en latin qui signifie se tenir en dehors de soi-même. L'être humain n'est jamais figé dans une identité au présent car il se projette dans quelque chose qu'il n'est pas, dans un futur imaginaire. C'est précisément ce qui fait sa Liberté.
Developper Son Intuition Meme Quand On A Lesprit Ferme by Djohar Si Ahmed Gerald Leroy Terquem Ahmed Djohar Si Leroy Terquem Gerald Z Lib - Org .Epub 1