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Freud montre ici l’existence d’un déterminisme psychique résumé dans la phrase (à retenir) : « Le moi n’est pas
maître dans sa propre maison » : la vie consciente et les symptômes névrotiques ne sont que les effets de causes
inconscientes (les désirs refoulés). Ainsi, selon le psychanalyste, tout ce que nous faisons, dont les décisions que
nous croyons prendre, vient, s’explique, par notre vie inconsciente. Or, on sait que le déterminisme est l’opposé
de la liberté. Ici cela signifie que nous nous croyons libres mais que nous ne le sommes pas. On pense à Spinoza
et la pierre qui se croit libre de bouger : on ignore simplement les causes qui nous déterminent. C’est ici un
renversement total de la vision qu’on se faisait de l’homme avant Freud et qui était héritée de Descartes :
l’homme y apparaissait comme la créature possédant le libre-arbitre et étant conscient de lui-même absolument.
Ce renversement nous amène à nous demander si la liberté humaine disparaît alors complètement ?
Freud semble lui-même laisser un espoir dans son texte en écrivant qu’on pourrait éviter de devenir malade (de
symptômes névrotiques ou hystériques) en comprenant mieux nos déterminismes psychiques. Cela signifie qu’ils
ne sont déterminants que s’ils sont inconnus. Donc, entamer une psychanalyse ou un travail sur soi profond a
justement pour but de se libérer de ce qui nous empêche de bien vire ! Mais on voit ici que la liberté est une
conquête, le fruit d’un cheminement, d’un travail difficile à faire et parfois douloureux. Mais on peut dire que la
psychanalyse est une technique de libération de soi par soi.
Autre argument en faveur de la liberté : Les désirs mal refoulés produisent des effets qui nous échappent mais la
plupart du temps nous restons maîtres d’agir en fonction d’eux, et nous avons toujours la possibilité de nous
soigner. Si j’ai une pulsion d’agressivité par exemple, je ne peux pas m’empêcher, spontanément, d’avoir cette
pulsion, mais je peux m’empêcher de passer à l’acte en ne frappant pas quelqu’un. Le passage à l’acte est donc
sous notre contrôle. Le droit repose entièrement sur cette idée. On ne reproche pas au criminel d’avoir eu telle ou
telle pensée (qui peut s’expliquer par son passé) mais de l’avoir mise à exécution. On postule donc qu’il avait la
possibilité d’agir autrement, et donc que son acte est contingent et non pas nécessaire (Repère!)
Il existe néanmoins des cas où les troubles sont trop puissants (dans le cas de psychoses notamment où le sujet ne
se rend même pas compte qu’il agit de façon anormale) et là nous pouvons dire que le sujet n’est pas responsable,
d’ailleurs lors d’un procès les expertises psychiatriques peuvent conclure à la non responsabilité pénale du sujet
(ce qui interdit de le juger responsable de son acte et de le mettre en prison). Dans ce cas on peut parler d’une
aliénation complète (que la psychanalyse soigne d’ailleurs très mal).
Enfin, la psychanalyse montre aussi que le refoulement de certaines pulsions ou désirs sont absolument
nécessaires à la vie en société. Celle-ci ne pourrait subsistait si chacun mettait tous ses désirs à exécution. Ce
serait un état d’une extrême violence (voir Hobbes). Donc l’inconscient et le refoulement rendent possible la
liberté collective, le vivre-ensemble. On peut dire que le refoulement a une fonction politique au sens large du
terme.
On voit donc bien que la psychanalyse ne ruine pas complètement l’idée de liberté même si elle nous montre que
nous ne sommes pas « libres comme l’air » et que la liberté relève plus d’une conquête (parfois d’une lutte avec soi-
même) que d’une nature.