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La critique de l’inconscient psychique
1. La critique de la scientificité
La scientificité d’une théorie est établie par son degré de falsifiabilité
d’après Karl Popper. Or la falsifiabilité est le fait de pouvoir fournir une
expérience susceptible de mettre en doute, ou en tort, une théorie.
2. La clause morale
Alain remarque que l’hypothèse d’un inconscient qui prend le contrôle du moi, au
moins partiellement, pose un problème moral : comment serais-je encore
responsable moralement de mes actes et de mes sentiments s’ils sont
déterminés par une instance psychique que ma volonté ne contrôle pas ?
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L’inconscient avant Freud : une approche des limites
de la conscience
1. Les limites de la conscience perceptive
Leibniz remarque, en étudiant la perception, que si nous pouvons prendre
conscience du bruit de la mer, c’est que nous avons perçu le bruit de chaque
vague qui compose ce son. Pourtant, la perception en nous de chacune des
vagues, était si « petite » en intensité ou si habituelle en fréquence, que nous
n’avons pas pris en conscience ces « petites perceptions ».
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L’inconscient freudien et la psychanalyse
1. Naissance de l'inconscient freudien
La toute-puissance de la conscience sur le psychisme est remise en
cause par l’hypothèse d’une instance que le médecin Sigmund
Freud nomme l’inconscient. Avant lui, des philosophes ont montré que la
conscience n’était pas la seule instance en nous et que son pouvoir était limité,
mais ce n’est qu’à partir des travaux de Freud qu’une véritable instance
concurrente, puissante et dynamique, va semer le doute sur l’identification
millénaire du psychisme et de la conscience.
Freud est d’abord un neurologue qui effectue des recherches pour comprendre
une maladie mentale qui n’est pas liée à une affection du corps : l’hystérie. Ces
troubles mentaux, non somatiques ne peuvent s’expliquer que par un
dysfonctionnement psychique.
Elle lui semble nécessaire puisqu’elle permet de comprendre ce qui, sans elle,
reste dénué de sens : les rêves, les actes manqués, certaines maladies
mentales, les lapsus, etc. Par ailleurs, elle lui semble légitime, car elle permet
d’établir des thérapeutiques qui parviennent à soulager ou à soigner certaines
pathologies. Ces voies thérapeutiques ne sont pas médicamenteuses et sont
élaborées tout au long de la vie et de la carrière de Freud. Elles reposent sur une
tentative pour lever la résistance à l’expression de l’inconscient, et prennent la
forme de l’hypnose, de l’analyse des rêves, ou encore de l’association libre.
Freud fournira deux modèles successifs de l’appareil psychique, il les nomme lui-
même la première et la seconde topiques.
La première topique : trois instances psychiques sont ici posées : la
conscience, le préconscient et l'inconscient. L’inconscient regroupe les
traumas, les désirs refoulés, et tout ce que la conscience ne peut plus
convoquer sous la forme de souvenirs. Le préconscient est composé des
souvenirs qui peuvent constamment revenir à la conscience.
La conscience est une attention à la vie intérieure et extérieure du sujet.
La seconde topique : deux instances sont en conflit, la troisième émerge
de cet antagonisme. Le Ça (siège des pulsions de jouissance : Eros, et
des pulsions de mort : Thanatos) est limité par le Surmoi (siège des
tabous et des interdits moraux). Ces deux instances en grande partie
inconscientes et en conflit doivent être conciliées, ce qui génère la
troisième instance : Le Moi. Le Moi est pris entre le conflit des deux autres
instances psychiques et les exigences de la vie extérieure du sujet, il doit
donc servir trois maîtres.
Mais le rêve est codé, il est l’expression « déguisée d’un désir refoulé ». Il faut
procéder à son décodage, à son interprétation. Le rêve, dont nous faisons le récit
une fois réveillé, n’est qu’un contenu manifeste dont il faut parvenir à trouver le
sens masqué, le contenu latent. Freud analyse donc le fonctionnement du rêve
pour comprendre ce qu’il cache. Or, un rêve procède par trois opérations que
l’auteur nomme « le travail du rêve ». Le rêve condense (il associe plusieurs
personnes en une seule, par exemple), le rêve déplace (je pense rêver de ma
montre, mais le rêve désigne mon père qui m’a légué cette montre), et enfin le
rêve symbolise (par exemple, un escalier est un symbole phallique,
monter/descendre un escalier désigne symboliquement les rapports sexuels).
L’art peut ainsi être analysé comme le lieu de la sublimation des pulsions des
artistes. Les pulsions se trouveraient acceptées socialement et non refoulées, car
le prétexte de la beauté qui constitue l’effort esthétique, permettrait de
« déguiser » la pulsion primaire qui donne lieu à la création. Dans son
analyse du Moïse de Michel-Ange, ou dans Un souvenir d’enfance de Léonard de
Vinci, Freud va ainsi interpréter les œuvres comme étant l’expression
empêchée de l’homosexualité du peintre dans le second cas, et comme
étant l’expression du dépassement de l’hostilité de Michel-Ange envers le
pape Jules II, dans le premier cas.
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L'inconscient après Freud
1. Le rôle du moi
Bruno Bettelheim analyse les contes de fées pour montrer qu’ils évoquent de
manière détournée et codée, les peurs essentielles de l’enfant : son
intégration dans le monde des adultes, sa compréhension de la sexualité, de la
violence, etc.
2. L’inconscient et le langage
Jacques Lacan ne situe pas la voie d’accès royale à l’inconscient dans le rêve,
mais dans le langage lui-même. En déclarant « l’inconscient est structuré comme
un langage » il invite à penser le psychique suivant la structure d’un signe
linguistique comprenant un signifié, un signifiant et désignant un référent. Le
signifiant dans la psychanalyse lacanienne est une trace dans notre inconscient
(une image, une sensation tactile, une odeur) qui renvoie à un signifié du
domaine de l’imaginaire (l’amour ou le désir, la crainte, etc.). Ce que nous avons
vécu, parfois avant l’acquisition du langage, est le référent du signe
psychanalytique.
3. L’inconscient collectif
Pour Carl Gustav Jung, la priorité n’est plus donnée à la vie psychique
individuelle, mais à la vie collective. La vie individuelle prend place dans des
structures ou des mécanismes plus larges qui permettent d’émettre l’hypothèse
d’un inconscient collectif. Il est structuré par des archétypes dont chaque
culture donne une traduction imagée présente dans les représentations
artistiques ou les récits.
Selon Jung, cet inconscient collectif n’est pas acquis par une éducation, seule sa
traduction en images archétypales est l’objet d’une acquisition culturelle.
L’inconscient collectif est donc inné, commun à toute l’humanité, et à l’œuvre
dans les manifestations culturelles universelles, comme la religion.
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La critique de l’inconscient psychique
1. La critique de la scientificité
La scientificité d’une théorie est établie par son degré de falsifiabilité
d’après Karl Popper. Or la falsifiabilité est le fait de pouvoir fournir une
expérience susceptible de mettre en doute, ou en tort, une théorie.
2. La clause morale
Alain remarque que l’hypothèse d’un inconscient qui prend le contrôle du moi, au
moins partiellement, pose un problème moral : comment serais-je encore
responsable moralement de mes actes et de mes sentiments s’ils sont
déterminés par une instance psychique que ma volonté ne contrôle pas ?