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Rêves et pleine conscience

Cet article reprend et amplifie les principaux éléments que j’ai présenté lors d’une conférence au colloque de
l’International Association for the Study of Dreams (IASD) à Montréal le 7 mai 2016.

Nous sommes encore, en Occident, à l’école primaire du rêve en regard d’autres cultures. Un
siècle après que Freud, et surtout Jung, ont redonné ses lettres de noblesse au travail des rêves,
nous apprenons encore à lire et écrire dans ce domaine. Lire les rêves consiste en les interpréter,
nous efforcer de comprendre ce qu’ils veulent nous dire. Nous redécouvrons ce que Eric Fromm a
appelé « le langage oublié » des symboles. Mais qu’est-ce donc qu’écrire à l’école du rêve ? Cela a
trait à la capacité d’utiliser la visualisation et l’imagination active pour dialoguer avec l’inconscient, et
plus profondément, pour nous guérir et pour transformer nos vies. Nous redécouvrons depuis
quelques décennies le pouvoir de ces techniques par exemple dans le domaine de la santé : dans les
années 1980, les Simonton, par exemple, ont commencé à proposer l’utilisation de la visualisation
créatrice pour lutter contre le cancer. Depuis, ces techniques se multiplient. Parmi celles-ci, je dois
mentionner en particulier la méthode dite des Images de Transformation™ mise au point par mon
mentor Nicolas Bornemisza et Marie-Lise Labonté.
Nous sommes jeunes encore en matière de travail et de compréhension des rêves, mais nous
sommes encore dans les langes, au mieux à la maternelle, en ce qui concerne la méditation.
Cela ne fait que quelques décennies qu’on apprend à méditer en Occident, grâce aux échanges avec
de nombreux enseignants d’Orient. Mais nombre des techniques enseignées nous semblent
ésotériques car elles font parties de traditions spirituelles comme le bouddhisme ou le tantrisme qui
nous sont étrangères. Depuis les années 1990 cependant, nous redécouvrons ce qu’on
appelle désormais la « pleine conscience », mindfulness en anglais, un terme associé aux travaux
du Dr Jon Kabat-Zinn1 en particulier, qui a introduit la méditation à l’hôpital autant pour les patients
que le personnel soignant. Avec la pleine conscience, nous disposons maintenant d’une approche
complètement dégagée de toute école religieuse, que nous pouvons nous approprier sans aucun
exotisme spirituel. Parmi toutes les techniques de méditation en vogue, la pleine conscience est celle
qui a le plus le vent en poupe actuellement car elle présente l’avantage d’être entièrement laïque et
très simple.
Qu’est-ce que la pleine conscience ? C’est l’art d’être entièrement présent, et de développer une
attention vigilante et sans jugement à nos sensations, émotions et pensées. Cela se pratique de
toutes sortes de façons : une fois qu’on l’a intégré au travers d’exercices spécifiques, la pleine
conscience participe de notre quotidien. Rien de tel que de faire la cuisine, de déguster un repas,
d’échanger avec quelqu’un ou de se promener en pleine conscience. Un de mes amis fait remarquer
qu’en fait, on devrait parler de « pleine attention » car la conscience est duelle, toujours prise entre
les opposés, mais l’attention au flot des images, des pensées, des émotions amène à sortir de la
dualité, à simplement ressentir le flux impermanent des choses.
Pour l’expérimenter, commencez simplement par prendre conscience de votre corps. Vous êtes
probablement assis(e) : observez les points de contact de votre corps avec le siège dans lequel vous
vous trouvez ; prenez note des tensions s’il y en a, d’un éventuel inconfort ou de votre détente. Pour
aller un peu plus loin, prenez conscience de votre respiration sans rien chercher à y changer. Et
enfin, observez maintenant votre atmosphère intérieure : qu’est-ce qui est présent ? Quelles sont les
émotions, les pensées qui vous traversent ? Il y a peut-être des idées qui agitent votre esprit, des

1 Professeur émerite de médecine, Jon Kabat Zinn a fondé la Clinique de Réduction du Stress de l’Université médicale du
Massachusetts. Il a publié de nombreux livres dont le remarquable Au cœur de la tourmente.
interrogations ou des critiques qui vous viennent à la lecture de cet article. Ne cherchez pas à les
changer, à les diriger. Observez…
Pour aller plus loin dans l’expérimentation de la pleine conscience, je recommande les vidéos de
Christophe André, un psychiatre français, que vous trouverez sur Youtube. Je suggère en particulier  :
https://www.youtube.com/watch?v=pu0X3Mbf904
Beaucoup de gens pratiquent la pleine conscience sans le savoir, comme Mr Jourdain faisait de la
prose sans la nommer comme telle. Les personnes qui pratiquent le yoga, le Chi Kung, le Taï Chi et
les arts martiaux s’entrainent alors à la pleine conscience, dont l’accès le plus direct est la présence
attentive dans le corps. Les sportifs, les artistes, etc… connaissent souvent des moments de pleine
conscience qui sont aussi des moments de « flow » ou de créativité pure. D’autres vont simplement à
la pêche pour goûter des moments de paix qui sont aussi des temps de pleine conscience. Car
pratiquer la pleine conscience, c’est un peu comme trouver l’œil du cyclone en nous, l’endroit où l’on
peut rester centré(e) en conscience tandis que tout s’agite autour de nous.
La méditation et le rêve sont encore bien souvent comme deux mondes qui communiquent peu, deux
navires qui se croisent dans le noir sans qu’il n’y ait personne sur le pont pour héler l’autre. C’est
dommage. Pour ma part, cela fait plus d’une vingtaine d’années que j’explore ces deux domaines et
que je poursuis l’intuition qu’ils se rencontrent en de nombreux points. En particulier, il m’est avec le
temps apparu de plus en plus clairement que le rêve devrait toujours être abordé d’un point de vue
méditatif si on veut en retirer le plus grand bénéfice. Mais c’est en rencontrant Richard Moss, un
éveillé contemporain, que j’ai trouvé confirmation de cette approche. En observant sa façon de
travailler les rêves, j’ai vu la pleine conscience en action et cela a constitué un tournant dans ma
propre évolution, me libérant de tout présupposé intellectuel sur la nature des rêves et de ce qui se
passe quand on les écoute.
En Orient, depuis des millénaires, il y a un yoga du rêve, qui figure entre autre parmi les 6 yogas de
Naropa et qui propose des exercices de méditation pour entrer rêve lucide : non seulement s’agit-il
de devenir conscient de rêver (lucidité onirique) mais aussi d’utiliser le temps de rêve à des fins
spirituelles, de méditer dans le rêve pour finalement s’éveiller dans la réalité, réaliser que la vie est
une sorte de rêve. En Occident, on commence tout juste à associer pleine conscience et rêve lucide,
à se rendre compte que la meilleure technique pour se préparer à la lucidité onirique est simplement
de revenir au présent en pleine conscience et de se demander : « suis-je en train de rêver ? » en
cherchant les indices oniriques, les incongruités qui signalent qu’on a quitté la réalité ordinaire. Pour
ceux que cela intéresse, il y a un livre très intéressant qui est paru récemment : dreams of
awakening, de Charley Morley. Mais pour la plupart d’entre nous, moi compris, ces choses relèvent
de l’acrobatie de haute voltige alors nous devons nous demander : qu’est-ce que la pleine
conscience peut apporter au travail du rêve, aux rêveuses et rêveurs ordinaires que nous sommes ?
Beaucoup de choses. Une étude scientifique 2 récente montre que les gens qui pratiquent la pleine
conscience vivent moins d’émotions négatives en rêve, en particulier moins d’anxiété. Mon
observation, c’est qu’en outre, cette pratique donne accès à des rêves plus archétypiques, qui
semblent venir de couches plus profondes de la psyché que lorsqu’on ne médite pas. Cela s’explique
par le fait qu’en rêve reviennent d’abord les impressions reçues dans la vie diurne que nous n’avons
rendues conscientes. Par exemple, nous avons vécu un incident et dans le feu de l’action pour y
réagir, nous n’avons pas pris conscience de notre peur et de notre colère. Et voilà qu’on va rêver que
2 Mindfulness and dream quality: The inverse relationship between mindfulness and negative dream affect - Simor, P., Köteles, F.,
Sándor, P., Petke, Z. & Bódizs, R. (2011)
https://www.researchgate.net/publication/51062097_Mindfulness_and_dream_quality_The_inverse_relationship_between_mindf
ulness_and_negative_dream_affect
la ville est en feu et qu’on est paniqué. Ou une parole piquante nous a été adressée et dans notre
énervement, nous n’avons pas fait attention aux mémoires de vieux jugements parentaux qui ont été
réveillées. Une nuit, dans la suite d’un épisode de cet ordre, j’ai rêvé que j’avais la peau d’une fesse
brûlée au deuxième degré, qu’on ne pouvait pas effleurer sans que je pousse les hauts cris.
En se donnant des moments de pleine conscience, c’est-à-dire d’attention vigilante à tout ce qui
se passe en dedans – pensées, émotions, sensations, imaginations, mouvement intérieur, couleur
de l’atmosphère psychique dans laquelle on baigne – ces émotions ou mémoires associées
remontent plus facilement à la surface. On leur fait de la place, on leur donne de l’espace. En même
temps, on évite de le laisser embarquer par les affects, on les observe en s’en détachant. Au lieu de
ruminer sans cesse : « il n’aurait pas dû me parler ainsi » – rumination qui .témoigne qu’on est dans
le passé et non dans le présent – on cherche le « sweet spot » d’où l’on peut regarder ce qui nous
arrive en se disant : « oulala ! je suis accroché à ce qu’il m’a dit, là… »
Dans mon expérience et selon ce que j’ai observé autour de moi, la pratique de la pleine conscience
permet de nettoyer ces premières couches de la psyché et d’avoir des rêves souvent plus
archétypiques. Mais la pleine conscience est aussi un ingrédient essentiel du travail du rêve. C’est
Richard Moss, qui connait très bien la psychologie des profondeurs et l’enrichit d’une expérience
d’éveil spontané qu’il a enraciné avec des décennies de méditation, qui m’a éclairé sur ce sujet. Pour
lui, le rêve et la méditation sont chacun un pilier du travail intérieur, avec le service entre autres. Je
recommande en particulier le chapitre qu’il a consacré à ce sujet dans son livre intitulé Le second
miracle. Dans sa pratique, il enseigne que nous faisons souvent deux erreurs typiques dans
l’approche du rêve :
- Nous abordons le rêve comme s’il s’agissait d’un objet séparé de nous, à la recherche d’une
compréhension « objective ».

- Nous abordons le rêve à partir de notre tête, avec des théories pour parler « sur » le rêve au
lieu de laisser parler le rêve.
Mais le rêve fait partie de nous, c’est l’expression d’un processus psychique, c’est-à-dire vivant
en nous. Quelque chose d’inconscient dans la psyché veut devenir conscient et prend forme
d’images intérieures, au sens large – c’est-à-dire nos seulement d’images visuelles mais de tout ce
qui stimule nos sens intérieurs. Une image intérieure, cela peut être aussi un son, une musique, un
parfum ou une odeur, une sensation et même une émotion, ou encore une atmosphère
indéfinissable. Il s’agit de nous laisser travailler par ces images intérieures qui surviennent du
dedans, qui portent toutes un noyau de conscience.
La compréhension profonde des rêves repose souvent plus sur une attitude intérieure d’ouverture
au rêve que sur toutes les méthodes ou grilles d’analyse. Jung dit bien qu’il faut étudier tous les
livres mais devant un rêve, il faut tous les mettre de côté car le rêve est unique comme le rêveur est
unique. Cette ouverture, on ne peut la trouver que dans le présent. Il s’agit d’écouter le rêve sans
aucune idée préconçue qui nous viendrait du passé, ni anticiper déjà comment on va répondre au
rêve, ni juger la rêveuse, ni se perdre dans une théorie. Il faut être présent au rêve, à la façon dont
les images nous touchent, à ce qu’elles déclenchent en nous, qu’on soit la personne qui a rêvé ou
qu’on entende le rêve d’autrui. On ne devrait aborder les rêves qu’à partir de l’instant présent de
son écoute, qui nous ramène au fait que le rêve se déroule toujours dans l’instant présent du rêve.
Car un rêve, c’est un vécu, et on ne vit que dans le présent.
Alors, si on approche le rêve dans une attitude d’ouverture à l’inconnu en nous, tôt ou tard le rêve
s’ouvre. Ce n’est pas nécessairement qu’on le comprend, qu’on peut se l’expliquer. Mme Von Franz
soulignait fréquemment que la compréhension intellectuelle peut avoir quelque chose de brutal, de
mutilant pour la psyché. Mais quelque chose devient tôt ou tard conscient. Jung recommandait de
tourner autour du rêve, de le garder à l’esprit en vaquant à nos occupations, jusqu’à ce qu’il
s’éclaircisse. On peut donc ajouter qu’autant que possible, il faut tourner autour du rêve en pleine
conscience, sans perdre le contact donc avec notre vie extérieure mais surtout, en ce qui concerne
le rêve, avec ce que chaque image nous fait ressentir, ce qu’elle meut en nous.
Le premier pas dans ce sens, c’est de raconter le rêve au présent, que ce soit en l’écrivant dans
notre journal ou en le disant à une oreille attentive, ou encore en se le remémorant. En racontant très
lentement le rêve au présent, et en commençant toujours par se situer – «  je suis… » et non
« j’étais… » –, on sollicite les émotions associées à chaque image, à chaque élément du rêve, et on
suit sa dynamique, son cours émotionnel. J’insiste sur la lenteur nécessaire. Il faut prendre son
temps pour sentir ce qui se passe en dedans. Une astuce consiste en détacher chaque mot si on
parle, et à prendre une respiration à chaque fin de phrase. En méditation profonde, en faisant
l’exercice de revivre ainsi notre rêve, on peut respirer « dans » chaque image, en restant
simplement présent à ce qu’elle nous fait ressentir.
Un exemple. Je rêve que je suis assis sur le bord d’une rue ensoleillée, et que je vois une petite fille
en de trois ou quatre ans robe rouge traverser la rue. Elle est adorable, une petite boule pure
d’énergie. Mais voilà qu’elle trébuche et elle tombe de tout son long. Elle n’a pas le temps de se
relever, ni moi de me soulever de ma chaise, qu’une voiture arrive à toute allure. Je suis saisi de
peur, paralysé. La voiture freine et s’arrête à quelques centimètres de la petite fille qui se relève et
repart comme si rien ne s’était passé, joyeuse et insouciante.
Passons sur l’analyse symbolique que j’ai pu faire de ce rêve, qui m’a parlé des inquiétudes que je
nourrissais pour un projet professionnel et créatif. J’avais beau l’interpréter, il continuait à me solliciter
jusqu’à ce que j’ai pris le temps de méditer avec ce rêve. Ce n’est qu’en restant entièrement présent
à toutes les émotions associées aux images du rêve que j’ai pris conscience que l’essentiel du rêve
n’était pas la peur que j’avais ressentie, et l’anxiété à laquelle je pouvais la relier, mais l’amour que
suscitait en moi la petite fille, la joie et la légèreté qu’elle me communiquait. La pleine conscience
appliquée au rêve m’a permis finalement me relier consciemment à cette petite fille en moi. Car pour
dialoguer avec nos personnages de rêve en imagination active, il faut encore s’enraciner dans le
présent, dans le corps en particulier, pour concentrer notre attention sur nos pensées et émotions.
Cette approche vaut non seulement pour le travail de nos propres rêves que pour l’écoute d’autrui.
J’ai déjà mentionné comment il faut être présent au rêve et à la personne qui a rêvé en respectant ce
qu’ils ont d’uniques, ici et maintenant. L’écoute du rêve réclame un certain silence intérieur, pour
accueillir les images, et l’analyste aussi – et surtout – est tenu d’être présent à ce qui se passe en lui
à l’écoute du rêve, ce qui permet un dialogue authentique avec la personne qui a rêvé. Il arrive que
l’analyste sente des choses dont le rêveur ne peut pas prendre immédiatement conscience. Et puis,
plutôt que de chercher à intellectualiser les images intérieures, on peut toujours simplement
demander :
« Et qu’est-ce que tu sens quand tu évoques cette image ? Qu’est-ce qui te vient là, maintenant,
avec cette image : quelle émotion, quelle pensée ? »
La clé est en effet de ressentir le rêve en profondeur, et ressentir, cela se passe toujours dans le
présent. Quand on est bien ancré dans le senti, il devient aisé d’observer les pensées qui viennent
par association et de faire des connexions avec d’autres ressentis, qui viennent de la vie diurne. Cela
ne prend aucun diplôme, au savoir spécifique. On peut le pratiquer entre conjoints, avec des enfants,
au bureau ou entre amis. Il n’y a aucune dommage qui puisse être causé par la question : « et qu’est-
ce que tu sens avec cette image de rêve, qu’est-ce que cela te donne à vivre ? »
Une amie m’a téléphoné. Elle a rêvé qu’elle a été cambriolé, qu’elle a trouvé son lit souillé, ses
affaires retournées, et quand elle est allée dans la salle de bain, elle a été fort surprise de constater
qu’un mur avait été abattu, et qu’elle avait vue sur la chambre à coucher des voisins, en grand
désordre, jonchée de détritus. Elle se disait ébahie de découvrir ainsi la réalité cachée de ces voisins
si propres sur eux dans le réel. Nous n’avions pas le temps de nous lancer dans une grande analyse.
Je lui ai simplement demandé d’abord de prendre le temps de bien s’ancrer dans l’instant présent, et
je lui ai posé la question : « Qu’est-ce que tu sens quand tu revois l’image de ton appartement
cambriolé ? » Elle est exercée à ces jeux, et après trente secondes de silence pendant lesquelles je
l’entendais profondément respirer, elle s’est ouverte à l’image et m’a répondu avec une économie de
mots : « indignation ». Et nous avons continué avec le lit souillé, les affaires retournées, la salle de
bain, le mur abattu, la chambre à coucher des voisins : « Comment tu te sens, avec cette
image ? Qu’est-ce qui se passe en toi si tu prends le temps de rester avec … ? »
Une fois que nous avons déchiffré ce que j’appelle la « grammaire émotionnelle » du rêve, c’est-à-
dire la structure de son phrasé émotionnel, je lui ai posé la question subsidiaire  : « Dans quel
domaine de ta vie ressens-tu des choses similaires, et pour commencer cette indignation ? » Après
un temps d’écoute intérieure, une forte émotion est montée. Elle avait vécu dans les jours qui ont
précédé le rêve une situation professionnelle où elle avait eu le sentiment qu’un collègue n’avait pas
respecté ses frontières personnelles, mais elle n’avait pas pris conscience de l’indignation que son
comportement suscitait en elle, et de la mesure dans laquelle elle se sentait atteinte dans son
intimité. Nous avons continué à parler en restant proche de ce qu’elle ressentait et du rêve. Il est
apparu que cet incident avait souillé son espace relationnel avec les hommes, qu’elle avait tendance
dans sa colère à tous rejeter pour cette muflerie. Mais finalement, elle a éclaté de rire car elle pouvait
maintenant connecter l’ébahissement qu’elle ressentait devant le mur abattu et la vue sur la chambre
des voisins à celui qui lui venait en pensant à ce que ce comportement révélait de son collègue, de
sa façon d’être en relation avec les femmes, de sa propre intimité.
On peut enfin voir un lien organique entre la visée des rêves et la pleine conscience au sens large : la
compréhension d’un rêve élargit notre conscience en l’enrichissant d’éléments qui étaient jusque-là
inconscient. Le travail des rêves, c’est-à-dire la façon dont les rêves nous travaillent quand on y prête
attention, tend vers une pleine conscience des situations que nous vivons, de nos besoins, de nos
désirs, des subtilités relationnelles, etc. Quand on parle d’inconscient, l’erreur la plus commune est
d’en faire un concept dont on peut parler, qu’on peut manipuler mentalement, alors que c’est
simplement ce qu’on ne voit pas à propos de nous-même, de notre vie, des situations que nous
vivons. Par exemple, on a eu une dispute et on ne voit que notre point de vue, et le rêve vient
gentiment nous montrer l’autre côté de la situation, en quoi le point de vue de l’autre est aussi
légitime que le nôtre. Nous n’en étions pas conscients, et voilà que cela devient une réalité présente :
c’est ainsi que l’inconscient devient conscient, aidé par notre pleine attention…
En conclusion, je vous renvoie au modèle de la fleur de conscience 3 que j’affectionne
particulièrement. On ne peut en fait parler de ces choses que métaphoriquement, au travers de
symboles. Dans ma compréhension, un rêve est une fleur de conscience, comme une jeune pousse
qui perce la croute de terre et sort de l’obscurité, tend vers la lumière. C’est quelque chose qui
pousse de lui-même, naturellement, dans la psyché et qui tend à devenir conscient au travers des
images intérieures. J’ai découvert récemment que Jung utilisait la même métaphore :

3 Je vous invite à lire mon article : http://voiedureve.blogspot.ca/2013/10/fleur-de-conscience.html


« Comme une plante produit des fleurs, la psyché crée ses symboles. Tout rêve témoigne de
ce processus. »
Dès lors, sachant qu’on n’aide pas une plante à pousser en tirant dessus, il semble que le travail des
rêve demande la patience du jardinier, c’est-à-dire d’être simplement présent pour arroser de notre
attention ce qui est là, sans projet.
More…
Étude universitaire de 2011 : Mindfulness and dream quality: The inverse relationship between
mindfulness and negative dream affect (Scandinavian Journal of Psychology 52) montre les gens qui
pratiquent la Pleine conscience vivent moins d’émotions négatives dans leurs rêves et ont une
meilleure qualité de sommeil.
“mindfulness is an enhanced state of awareness characterized by focused attention towards internal
and external present moment experiences in an open, receptive and non-judgmental information
processing style.”

http://reveurslucides.xooit.fr/t1341-La-pleine-conscience.htm

J’ai lu, il y a quelques temps, un livre très récent sur les rêves lucides. Ca s'appelle: "Dreams of Awakening-
Lucid Dreaming And Mindfulness Of Dream And Sleep", (disponible qu'en anglais). Très récent, car il est
sorti en novembre passé. L'auteur, Charlie Morley a été décrit comme la personne la plus authentique et
expérimentée pour enseigner le rêve lucide en Europe.

En fait, ça ne concerne pas que le rêve lucide. Il y a beaucoup d'autres sujets abordés, comme arriver à rester
conscient aussi pendant le sommeil profond, pour faire l'expérience de ce que les yogis tibétains appellent la
claire lumière du sommeil. Il y a aussi des exercices pour les états hypnagogiques et hypnopompiques, comment
se servir de ces états pour la créativité, le sujet des projections astrales, les rêves prémonitoires, et encore bien
d'autres choses.

L'auteur pratique le bouddhisme mais il est aussi très intéressé par la vision occidentale sur les rêves et autres
états de conscience. Ce qui fait que ce livre est un mélange de pratiques venant à la fois de l'occident et de
l'orient. On y retrouve entre autres le MILD, les tests de réalité, le WBTB, l'autosuggestion, les méthodes
WILD. Mais aussi beaucoup de techniques de yoga du rêve. Et l'auteur dit bien que tout ce qu'il propose dans ce
livre est accessible à tous, et qu'il y a pas besoin d'être un pratiquant tibétain pour faire les différents exercices.
Ce qui diffère, je trouve, de pas mal d'autres ouvrages sur le rêve dans les pratiques bouddhistes.

Mais ce qui m'a le plus surpris dans ce livre, c'est qu'il est dit que la méthode originelle d'induction de rêve
lucide est simplement la méditation pleine conscience. L'auteur dit entre autres que ceux qui pratiquent la
méditation régulièrement ont beaucoup plus de rêves lucides que la moyenne de la population. Avec même
certains méditants qui en ont chaque semaine. Je savais déjà que la méditation pouvait aider pour les rêves
lucides, mais j'ignorais qu'apparemment ce serait une technique aussi importante que le MILD, le WBTB, ou les
TR. Comme, je l'ai dit plus haut, ce serait donc la méthode originelle. Cela voudrait donc dire que pratiquer
uniquement la pleine conscience serait assez pour devenir un excellent rêveur lucide. Et c'est en effet ce que dit
le livre. Qu'avec juste la la méditation, on reconnaîtra l'état de rêve.

Je pense ainsi que ça peut être bénéfique s'il y a des débutants qui sont un peu perdus face à toutes les méthodes
qui existent, ou qui veulent commencer tout en douceur, de simplement débuter par la pleine conscience. Il y a
de nombreux livres, sites et même des cours pour s'initier à la méditation. Et de plus c'est bénéfique, pas
seulement pour les rêves lucides, mais aussi pour bien d'autres choses.

What is Mindfulness of Dream & Sleep?

http://www.charliemorley.com/what-is-mindfulness-of-dream-and-sleep
Mindful dreaming : Buddhist Psychology and Dreamwork

http://www.mindfuldreaming.org

http://livingwithmeaning.com/mindfulness/mindfulness-pain-management-and-your-night-time-dreams

Mindfulness, Pain Management and Your Night-Time Dreams

Those midnight movies that you make in your head are there to help. Those weird, embarrassing, “can’t-believe-they-
mean-anything”, sometimes nightmarish electrical discharges in your brain at night can help you manage your pain more
effectively. I am trained and seasoned in various approaches to dream work such as Psychoanalytic, Jungian, Gestalt and
Projective Approaches. Paying attention to our dreams, all dreams, in my experience, including trauma memory dreams,
assists clients to reduce pain, anxiety, depression and increases more productive, meaningful living.

Here’s how:

Pay attention to your dreams with a curious and non-judgemental tone. This is training yourself to be mindful. The
benefits are increased self-awareness for both mind and body. Being curious and exploring the meanings of dream
symbols will enable a person to be more self accepting and empowered in daily living. Having conversations about
dreams with trusted others will enhance relationships, reduce anxiety and increase connections with others.

Mindfulness is the key component in working with dreams. It is empowering to explore the various symbols of the
dream’s “elements” and move toward understanding the dream’s many messages for the dreamer. The client becomes
more attuned to her/his inner self and, thus is more attuned to her/his waking world to live more productively and
meaningfully. Remember, only the dreamer can say for sure what the dream means.

Keep a dream journal and bring selected dreams to sessions to explore. Journaling dreams engages the “thinking brain”
to become more in touch and aware of the dreamer’s body, emotions, reactions and choices.

Mindfulness & dream quality

https://www.researchgate.net/publication/
51062097_Mindfulness_and_dream_quality_The_inverse_relationship_between_mindfulness_and_negative_dream_aff
ect

https://www.psychologytoday.com/blog/dream-factory/201509/the-link-between-mindfulness-meditation-and-lucid-
dreaming

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