Esoterisme Et Symbole (Traduction) - R. A. Schwaller de Lubicz

Machine Translated by Google
CONTENU
1 L'ésotérisme n'a pas de commune mesure avec
l'occultation délibérée de la vérité. 1
2 Il y a chez l'homme une intelligence cérébrale et aussi
une intelligence innée. 5
3 L'intelligence cérébrale dépend de la
l'enregistrement des faits observés. 9
4 L'intelligence du cœur est purement une fonction
de conscience innée expérimentée. 13
5 Fondamentalement, la conscience a deux aspects : l'un est
le résultat de comparaisons, l'autre
d'identification. 15
6 Tout ce qui vit, bouge. 19
7 L'apparence est la dualisation d'un seul
principe et définit la nature ou l'esprit vivant. 25
8 Le devenir, ou la formation de la substance dans la
matière, est le mystère de la réflexion. 27
9 Lors de la classification du devenir en règnes, la
genèse est le temps, la matière ou la substance
formée est l'espace. 33
10 Il y a deux fonctions possibles de la logique, l'une
cérébrale ou mécanique, l'autre vitale. 37
11 La définition de quoi que ce soit dans l'univers naturel
ou physique est la conscience innée.
43
12 La désagrégation de tout être peut affecter sa quantité par
l'analyse ou la « logique mécanique ».
51
13 La conscience innée est inscrite dans la matière et est
sujette à toutes ses transformations. 53
14 La faculté « d'entendre » l'instinct et de le traduire
dans le cerveau est l'intuition. 57
15 Univers rationnel et univers métaphysique
n'existent pas en tant qu'entités essentiellement différentes. 61
16 Tout dans l'univers représente une des possibilités
immanentes à la Source
ou Mot. 65
17 Le symbole est une représentation conventionnelle.
Le hiéroglyphe est une écriture directe et non
conventionnelle. 67
18 La Kabbale, comme révélation de l'ésotérisme
sens du Testament de Moïse, a donné naissance à une
très fausse notion d'ésotérisme. 71
19 L'ésotérisme n'est pas un sens particulier caché dans un
texte, mais un état de fusion. 75
L'ésotérisme n'a pas de commune mesure avec la
dissimulation délibérée de la vérité, c'estàdire avec le
secret au sens conventionnel du terme.
S'il en était autrement, des écrits comme l'Égyptien
Les Textes des Pyramides, les Védas et les Upanishads de l'Inde, le
Too Te Ching de la Chine, la Genèse de Moïse, les Evangiles, les
Révélations et autres, devraient être considérés comme des
mystifications colossales.
Il est inconcevable que les érudits, les philologues, les théologiens
et, en général, tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de ce monde,
n'aient pas encore compris l'importance des Textes des Pyramides.
Aucun autre texte scripturaire, conservé et transmis à travers les
millénaires en raison de sa nature sacrée, ne nous est parvenu intact
dans sa forme. Transcriptions, traductions et commentaires divers,
s'ils n'ont pas altéré le fond
c'estàdire, au mieux laisser planer le doute sur la forme originelle,
qui est précisément le véhicule de l'ésotérisme.
Gravées dans la pierre, les inscriptions dans les chambres des
pyramides de la Cinquième Dynastie ont été préservées, inchangées,
pendant quatre mille ans. Les Samaritains chérissent comme une
relique sacrée une Bible qu'ils prétendent "authentique", tandis qu'ici,
dans les lieux saints d'Égypte, des touristes ignorants mais curieux
effleurent avec insouciance ces pierres sculptées où chaque trait
chaque ligne, chaque arrangement de
Esotérisme et Symbole
texte, chaque couleur a une signification particulière, il ne fait aucun
doute que chaque détail est intentionnel.
Bien que nous ne sachions pas encore comment interpréter ces
mots, préservonsles au moins pour ceux qui viendront après nous.
N'estce pas tout à l'honneur de la mission de Bonaparte d'avoir
scrupuleusement copié des textes que, à l'époque, personne ne
savait encore déchiffrer ?
Si l'intention des Évangiles, par exemple, était de donner à l'humanité
un code moral pour la vie ordinaire, et si le chemin vers le "Père" était
explicable en termes simples, alors pourquoi nous empêcher
d'atteindre ce but en
parler en paraboles ? Pourquoi tous ces écrits
cacher ce qu'on peut dire ouvertement pour aider les masses
malheureuses de ce monde ? Étaitce par un besoin pervers de créer
un mystère, un « opiacé de masse », comme disent les matérialistes ?
Étaitce parce que le monde de ces jours était si inculte en comparaison
avec le nôtre, qui est si hautement intelligent ? Seraitce parce que
ces prophètes et ces hommes inspirés de Dieu n'ont pas
mieux savoir s'exprimer ?
Nous avons suffisamment de preuves de l'intelligence, de la sagesse
et du degré incontestablement élevé de civilisation atteint dans le
passé pour justifier le rejet de telles hypothèses.
En revanche, aucun cryptographe ou énigme ne subsiste
indéchiffrable. Il est donc naïf de croire que des textes tels que
l'Égypte ancienne nous a légué à profusion fonderaient un sens
ésotérique sur une mystification de ce genre, si cet ésotérisme
s'exprimait par l'écriture. Dans la composition des textes sacrés, le
cryptographe et
2
l'énigme n'a jamais d'autre but que d'éveiller l'attention du lecteur, de
mettre l'accent sur un aspect du texte, bref de le guider vers le sens
ésotérique de l'écriture. Il en va de même pour un jeu sur
mots ou une parabole.
L'ésotérisme ne peut être ni écrit ni parlé, et donc ne peut être trahi. Il
faut être prêt à le saisir, à le voir, à l'entendre. Cette préparation n'est
pas un savoir mais un pouvoir, et ne peut finalement s'acquérir que par
l'effort de l'individu luimême, par une lutte contre tous les obstacles, et
une victoire sur l'hommeanimal.
nature.
Il existe une science sacrée, et pendant des milliers d'années
d'innombrables personnes curieuses ont cherché en vain à
pénétrer ses "secrets". C'est comme s'ils essayaient de creuser un trou
dans la mer avec une hache. L'outil doit être de même nature que
l'objectif à travailler. L'esprit ne se trouve qu'avec l'esprit, et l'ésotérisme
est le spirituel du monde, inaccessible à l'intelligence de l'aspect cérébral.
Ceux qui prétendent révéler l'ésotérisme de tels enseignements sont des
charlatans. Ils peuvent essayer d'expliquer l'implication d'un certain mot
ou d'une formule comme avec un secret conventionnel, mais en ce qui
concerne la science sacrée, ils ne pourront jamais faire plus que mettre
un mot à la place d'un autre, et au mieux ce sera mauvais. la littérature
remplaçant une idée simple.
Le véritable initié peut guider un élève doué et l'aider à parcourir plus
rapidement le chemin de la conscience,
3
et l'élève, lorsqu'il atteindra des stades d'illumination par sa
propre lumière intérieure, lira directement l'ésotérisme d'un tel
enseignement. Personne ne peut le faire pour lui.
4
Il y a chez l'homme une intelligence cérébrale et aussi une
intelligence innée appelée intelligenceducœur. Ce dernier
est né d'une fusion
de la Cause cosmique contenue dans son
matérialisation avec la même Cause qui est en nous. Ceci
est possible parce que la nature des deux Causes est
identique.
Tant que nous sommes placés dans la dualité devant la Nature, nous la
jugeons objectivement. Le « péché originel » est la séparation — donc
l'opposition — d'aspects complémentaires dont la fusion fait l'Unité, de
même que les couleurs superposées rouge et vert aboutissent à l'«
incolore ».
Dans cette Unité, notre intelligence cérébrale ne peut plus rien discerner,
et n'a donc plus de rôle à jouer. Elle a besoin d'opposition pour fonctionner :
nous et l'objet, l'homme et la femme, oui et non, la nuit et le jour, la lumière
et l'ombre. Ainsi est constitué tout organisme vivant ; une oscillation
incessante entre naissance et mort, augmentation et diminution.
Les bâtonnets et les cônes rouges de la rétine de l'œil interceptent la
couleur verte, neutralisent cette couleur et excitent une réaction
complémentaire du nerf optique, qui voit. vert par opposition au rouge.
Ainsi la fonction cérébrale est entièrement basée sur un principe de
croisement, comme, par exemple, le côté droit de
5
le cerveau contrôle généralement le côté gauche du corps.
De même, une image concrète, la vision d'un objet, évoque sa
qualification ou sa description qualitative. Ceci est accompli par
des éléments abstraits qui sont euxmêmes le résultat de
comparaisons.
A l'inverse, il est impossible à l'intelligence cérébrale de
concevoir une abstraction sans la définir par une image
concrète. Mais ici il faut avoir conscience de distinguer les
moments d'intelligence cérébrale des moments d'intelligence
ducœur. Nous reviendrons à cela plus tard. L'origine de l'univers
étant une seule et unique source d'énergie, il y a, du fait de
cette paternité commune, une communion entre toutes les
choses du monde. Il y a une parenté entre un certain minéral et
une plante et un animal et un homme : ils sont liés en étant de
« même nature », car en fin de compte, il n'y a qu'une simple
série de caractères de base d'où, par combinaisons,
d'innombrables possibilités émergent. Ceuxci peuvent
cependant être classés en quelques grandes familles et leurs
sousgroupes.
Malgré la variété des races de l'humanité, composées chacune
d'une multitude d'individus très divers, tous les hommes sont
organisés essentiellement de la même manière. Quoi
distinguent les uns des autres, c'est son état de conscience et
donc sa maîtrise mentale, sa vie psychique et sexuelle
particulière, et par conséquent ses affinités.
Le moment variable est donc d'ordre abstrait, mais parfaitement
observable et analysable dans ses effets.
6
D'autre part, la cause abstraite à l'état de genèse dans le
schéma concret — et apparemment stable — de la constitution
organique de l'homme, échappe à l'analyse rationnelle. Un
ensemble d'expériences purement corporelles entretient
évidemment cette genèse, mais l'hérédité individuelle et
collective joue aussi un rôle. Là encore, on peut parler
d'adaptations physiologiques transmises par l'hérédité, mais
l'impulsion vers cette genèse doit néanmoins encore être fournie
par un moment incompréhensible qui, en somme, pourrait
s'appeler concentration informe dans la semence transmettrice.
Notre origine commune n'est en aucun cas lointaine. Elle ne
nous ramène pas aux ténèbres primitives : elle est présente et
constante en ce que l'homme se nourrit directement ou
indirectement de tous les règnes, et entre ainsi en échange
constant avec leurs natures particulières et, enfin, par
l'intermédiaire de l'origine minérale, avec l'énergie cosmique
dont tout découle.
Il est tout à fait impossible pour notre esprit de concevoir
quelque chose qui ne fasse pas partie de la Nature concrète et
que nous n'ayons pas expérimenté à travers notre devenir
corporel. Le chien ne peut pas comprendre l'homme ; elle peut
le percevoir physiquement, dans la mesure où il est physique,
mais elle ne peut pas plus le comprendre que le mollusque ne
peut comprendre le cheval ou la plante le mollusque. Estce
parce qu'ils n'ont pas l'organe cérébral nécessaire ?
Certainement. Mais qu'estce qui produit cet organe ? La plante
qui pousse vers le haut atelle la mentalité de comprendre le
ciel ? Pourtant, il ne s'y trompe pas. Il y a un
l'intelligence innée qui est précisément la nature caractéristique
de l'entité. Et l'homme possède cette nature innée
7
luimême dans le minéral de ses os, dans la matière végétale
des tissus de ses organes, dans la coordination animale de ses
organes, qui constituent ensemble son laboratoire d'assimilation
et de transformation en être indépendant. Nous définissons trop
facilement cette intelligence innée par le mot « instinct ». Nous
ferions bien d'examiner ce qui la compose et d'où elle vient.
8
L'intelligence cérébrale dépend des sens, de
l'enregistrement des faits observés et de la
comparaison des idées.
Aucun élément de l'intelligence cérébrale n'est
abstrait, et toute idée qualitative ou abstraite résulte de la
comparaison d'éléments concrets.
L'organe cérébral est formé par étapes. Pour cela, l'organisme
doit développer trois facultés : celle des sens, celle qui enregistre
les observations, et celle qui compare les idées enregistrées, à
savoir la mémoire. La raison, dont nous parlerons plus tard, est
d'un autre ordre.
Pour l'instant, nous ne parlons encore que de l'animal humain.
Les sens sont les organes par lesquels les « éléments principaux
» sont perçus. Le toucher, le sens tactile, est de la Terre, c'est
àdire de tout ce qui fait obstacle matériel à la matière du corps.
Le corps du vent est la Terre, tout comme le corps de l'eau ou
de la pierre. Les sens ne prennent conscience d'une activité
qu'en lui opposant une résistance de même nature. Le goût est
lié à l'eau, et rien, que ce soit un gaz ou un solide, ne peut être
goûté à moins d'être légèrement dissous. Ainsi, il y a un principe
de l'Eau dans tout. Le sens de l'odorat appartient à l'Air parce
que rien ne peut être senti s'il n'est volatil, ou rendu tel, par
exemple, par la chaleur. Et donc il y a un principe Air en toutes
choses. La vue appartient au Feu : rien ne peut être vu sans
l'éclat du Feu, tout comme un morceau de fer, sombre
9
dans l'obscurité, devient rouge terne puis éblouissant
blanc s'il est chauffé par une énergie invisible.
La chaleur du feu ordinaire appartient au toucher et non à la vue.
Ainsi le principe du Feu existe dans toutes les choses visibles.
L'ouïe appartient au quintélément, la Parole, qui devient perceptible
physiquement et tangiblement par
son. Les quatre premiers sens traversent le cerveau ; le cinquième
sens, l'ouïe, passe par le "cœur" sans parler directement au cerveau.
C'est le sens spirituel, la porte de l'intelligenceducoeur.
Chaque chose a son propre son.
Toutes choses communiquent entre elles par
éléments principaux. Les sphères auxquelles notre humain
la genèse n'est pas encore parvenue à nous échapper, tant que
nous ne pouvons pas les transformer et les réduire à l'élément
principal des sphères de notre intelligence innée.
Toute instrumentation scientifique n'est qu'une réduction de ce
genre. Il y a des aspects du Feu, de l'Air, de l'Eau et de la Terre que
nous n'avons pas encore expérimentés dans les royaumes qui nous
ont précédés. Il est donc parfaitement raisonnable d'admettre
l'existence possible d'un monde interpénétrant l'aspect des choses
aujourd'hui perceptibles par nous, un monde composé exactement
des mêmes éléments principaux, de même qu'il existe des ondes
lumineuses que nos yeux ne perçoivent pas (infrarouge et ultraviolet) .
Cela ne concerne encore que l'éventuel élargissement de la
sensibilité de nos sens, mais l'existence de la faculté auditive permet
aussi de croire à l'existence d'un état principiel ou idéal
dix
répondant, comme les éléments principiels, à des formes principielles.
Le fait qu'il y ait chez l'homme, une fois qu'il a dépassé le simple
stade humainanimal, la possibilité de concevoir des abstractions
que l'intelligence cérébrale ne peut comprendre comme telles,
démontre l'existence d'un monde parallèle au nôtre dans sa
constitution mais entièrement
différents par leur aspect, leur étendue et leur genèse. Cette genèse
serait alors une genèse de retour, tout comme, de la source à nous
mêmes, il y a une genèse du devenir corporel.
L'intelligence cérébrale, que nous voyons se développer dans
l'aspect animal supérieur de l'homme, est strictement limitée par les
limites imposées aux sens. L'intelligenceducœur, au contraire, en
est indépendante, et
appartient au grand complexe appelé la vie.
Le caractère fondamental de l'intelligence cérébrale est qu'elle est
née de la dualité, la complémentarité que l'on peut aussi appeler la
sexualisation de l'univers. La qualité n'est compréhensible qu'à
travers cette opposition des complémentaires ; de plus, l'idée de
qualité n'existe que dans la Nature, c'estàdire dans l'univers dualisé.
La qualité définit la quantité et, inversement, la quantité comparée
à une autre quantité définit la qualité. Toute idée dite abstraite
n'existe que si nous pouvons la limiter par une quantité. On peut se
contenter de mots et dire, par exemple, « horizon », ou « axe », et
construire des phrases avec ces mots, mais dès qu'on essaie
d'analyser leur
11
significations, nous sommes tenus de les rendre objectives : sinon,
notre capacité cérébrale s'arrête. Une abstraction doit être
concrétisée, sinon elle nous sera impossible à comprendre.
Le mot « axe » en est un exemple typique, puisque cette idée, que
nous qualifions d'imaginaire, ne peut être imaginée, c'estàdire
objectivée. Or l'axe (à ne pas confondre avec « essieu ») est une
caractéristique fondamentale de tout corps en rotation. Ceci confirme
encore la probabilité d'une intelligence différente de celle de nos
possibilités cérébrales puisque notre monde corporel nous montre
l'incontestable
existence de fonctions et même de formes qui existent
incontestablement, et pourtant ont toujours été et resteront entièrement
hors de la portée de ce seul instrument cérébral.
Nous avons emprunté le terme « intelligenceducœur » aux anciens
Égyptiens pour désigner cet autre aspect de l'homme qui nous
permet de pénétrer audelà de nos limites animales et qui, en vérité,
fait la progression caractéristique de l'homme humain vers l'Homme
divin. : l'éveil de ce principe originel qui sommeille en tout être humain
vivant.
12
L'intelligence du cœur est purement une fonction
de la conscience innée expérimentée.
Le cœur bat à son rythme, non parce qu'il est entraîné par un
moteur, mais parce qu'il est luimême le moteur de la circulation
sanguine. Chaque cellule du cœur bat à ce rythme, et l'expérience
du Dr Carrel a démontré ce qui était bien connu de la sagesse
antique concernant l'intelligence et la conscience innées. Chaque
être organique (et même chaque cellule des organes d'un être
organisé) a sa part dans la vie générale qui est sa spécification
personnelle.
Le cœur de l'homme n'est pas le seul à battre rythmiquement
comme un moteur : il est des êtres aquatiques qui sont tout à fait
un cœur de ce genre et représentent l'éveil de la conscience qui
deviendra « cœur ». Une autre conscience deviendra foie, une
autre deviendra poumon, et ainsi chaque fonction aura son organe.
Comparé à un minéral apparemment inerte, par exemple, un tel
organe est l'incarnation d'une conscience, d'une fonction cosmique
qui a reçu la vie corporelle. Un musée classant ainsi « L'évolution
de la conscience » ou « Le devenir de la vie » comme histoire
naturelle serait beaucoup plus authentique que nos expositions de
spécimens morts.
Chaque objet naturel dans l'univers est un hiéroglyphe de la science
divine. Chaque animal, chaque espèce de plante, chaque
13
groupe minéral, est une étape dans le processus de "prise de
conscience" de la Cause cosmique, culminant dans l'organisme
complet de l'homme humain, le microcosme* — "l'homme à son
image".
Le tout, ainsi formé en un être vivant complet, est un langage qui
parle. Il s'exprime sans cesse dans sa fonction vivante, et représente
la base de l'intelligenceducœur, qui est le fait qui reste lié à toute
la Nature et par conséquent connaît la Nature.
Une telle connaissance ne peut être objectivée, mais elle est réelle.
La réalité est une fusion de la conscience avec le
objet : il y a identité. C'est la fonction vécue toute seule et innée dans
l'organisme qui constitue
intelligenceducoeur. Évidemment, donc, nous devons être capables
de transcrire ce qui est en nous dans notre conscience mentale et
objective, en établissant une relation entre la vie en nous et
l'observation de cette vie dans la Nature. C'est ce que nous trouvons
suprêmement bien exprimé par les anciens Égyptiens. C'est une
connaissance de la magie, pure et saine, qui peut conduire rapidement
vers le but spirituel de nos vies, du fait que nous pouvons évoquer,
au moyen de la sympathie d'analogues dans notre entourage, la
conscience du cœur latente dans nous.
*Le "microcosme" est une image qui permet de percevoir l'idée ici développée.
En réalité, l'homme est l'univers, et non un univers miniature à l'image d'un grand.
14
Fondamentalement, la conscience a deux aspects :
l'un est le résultat de comparaisons, l'autre
d'identification. Les deux aspects doivent être inscrits :
l'un est une inscription organique ou cérébrale, l'autre
est vital ou fonctionnel.
Il serait absurde d'attendre un fonctionnement identique de la
conscience cérébrale et de la conscience innée.
La signification du terme "conscience" doit être esquissée et
définie. Nous manquons d'un vocabulaire approprié pour ce sens
car nous le trouvons établi dans les langues égyptiennes et
hindoues anciennes par des maîtres de la sagesse.
Disons donc que la conscience cérébrale est le résultat d'une
expérience quantitative, une conscience mécanique
résultant de la comparaison. La mémoire en ellemême n'est qu'un
disque phonographique ou un film cinématographique. UN
une seule impression n'est rien de plus qu'un sillon isolé de ce
disque ou une image de ce film. La mémoire fonctionnelle, la
définition d'une impression enregistrée dans
cette mode, ne commence que par la comparaison. Même
mécaniquement, il faut recourir à la « magie », c'estàdire donner
une impulsion en évoquant des impressions. Par exemple, un
éclair particulier évoque une scène entière du passé. Un parfum
rappelle une impression ressentie depuis longtemps
15
il y a; un mot enflamme le souvenir d'une pensée entendue ou lue,
et peut donner lieu à une longue suite de « pensées », de
concordances. Un fait enregistré par les sens est ce qui
déclenche le souvenir, et l'accord ou le désaccord entraîne une
pensée ou un sophisme logique ou illogique. L'ensemble du
mécanisme cérébral peut être reproduit mécaniquement.
Tant mieux, car cela montrera aux plus obtus d'entre nous où se
situe l'erreur. Mais quand on veut passer du savoirfaire
académique — cette sclérose de l'esprit — à la pensée féconde,
la mécanique cérébrale ne suffit plus. Quand nous venons de dire
que nous devons nécessairement nous tourner vers ce qui
constitue la vraie magie, à savoir l'évocation, et qu'il y a accord ou
désaccord dans l'assemblage des idées rappelées, nous faisions
appel à un autre pouvoir en nous qui vient de notre conscience
innée, la source du sens de l'harmonie. S'il est efficace, ce pouvoir
sera la raison du génie, de la pensée créatrice, créatrice dans le
sens où elle travaille en avant du connu, du classifié.
N'estce pas cette conscience d'une voie nouvelle, dictée par le
monde décadent d'aujourd'hui, qui pousse les artistes à détruire
les idoles d'hier pour tenter des expressions irrationnelles ?
Ils recherchent une concordance des éléments de « sensations
», ignorant les combinaisons rationnelles qui ne satisfont que
l'inertie de l'habitude acquise. Ambiances,
des images, des formes sont créées pour évoquer un sentiment,
une émotion, provoquer une réaction vitale. L'art est le messager
de la mentalité d'une époque, le signe avantcoureur de sa
tendance profonde.
16
L'intelligence du cœur, qui établit le rapport entre la conscience innée
et l'observation des faits, est l'identification.
L'identification signifie vivre avec et vivre dans le fait observé, être
soimême ce fait, le subir, agir en lui, se réjouir avec lui. C'est une
conscience sympathique, non une conscience subjective telle que la
logique voudrait opposer à la conscience objective. Pourtant la
confusion entre les deux est facile : la conscience cérébrale est
graphiquement inscrite dans la matière cérébrale, comme nous
venons de le dire. La conscience innée est inscrite dans la nature de
l'organisme, c'estàdire que le moteur de sa fonction est l'impulsion
de sa nécessité, l'Idée ou principe d'harmonie. Chez l'homme, comme
déjà chez l'animal supérieur, cela crée l'émotivité.
Plus la sensibilité de la faculté émotionnelle est grande, mieux la
conscience innée peut s'exprimer. Si donc le fait observé provoque
une sensation, une réaction émotionnelle d'ordre égocentrique, ce
sera la conscience subjective. Si le fait est observé par un individu
dans un état de neutralité, un état impersonnel, ce sera la conscience
sympathique. Tous ces problèmes ont donc leur solution dans la
culture de soi, dans le détachement de l'égoïsme, dans la maîtrise de
la pensée, de la pensée, du cinéma cérébral.
L'inscription de la conscience innée ou sympathique est vitale ou
fonctionnelle, si la vie en tant que telle et la fonction en tant que telle
sont considérées comme le principe même de la Nature vivante. Ce
principe est une réalité audelà de la matière corporelle, mais il
17
assume un corps; il s'incarne par l'harmonie des éléments
ambiants.
Lorsqu'un certain nombre d'éléments existent, leur relation met
en jeu telle ou telle fonction. Par exemple, la terre respire, le
crabe sort de la mer, une plante germe, le palmier mâle pousse
vers le palmier femelle — La fonction est une nécessité, et celle
ci relève de la loi ou de la genèse vivante dont l'ordre effectue
toute la pièce. de la Nature, innée
dont la connaissance est la science sacrée. Tout, absolument
tout, obéit à ce mandat divin, qui est un simple ensemble de
fonctions imposées à l'univers. Et aucune intelligence ne peut lui
résister, aucune puissance ne peut l'empêcher ; c'est l'ordre,
l'harmonie de la Cause causale agissant par l'intermédiaire de la
Cause cosmique.
L'incarnation dans l'homme de toutes les nécessités ou ordres
fonctionnels de l'harmonie du monde est le temple, où l'énergie
créatrice originelle relie l'intelligence de la conscience innée du
cœur avec l'univers. Cela passe par l'observation objective des
faits, afin d'arriver à une conscience cosmique indépendante des
composants destructibles ou mortels.
La science de ce retour conscient à la source (le Christ ressuscité
revient à la droite de son Père, non en son Père) est la
psychologie spirituelle, et elle nous parle dans cette vie, à travers
la Vie.
18
Tout ce qui vit, bouge. Ce mouvement est soit quantitatif
dans l'espace et dans le temps, soit qualitatif ou formel ;
c'estàdire qu'il définit l'espace et le temps.
La force, dans ce cas, est considérée comme l'idée avant
substance ou matière formée. Ainsi il y a la vie apparente
et la vie qui cause ce qui est apparent.
De nombreuses tentatives ont été faites pour définir la vie, mais la
seule définition parfaite serait celle de la vie comme Présence divine.
Le terme « corps mort » s'applique à un minéral, une plante morte,
un animal inerte qui ne bouge ni ne respire, incapable d'assimiler de
la nourriture, d'éprouver une action extérieure, d'exprimer un
sentiment, une pensée — bref, une cessation de la relation consciente
de l'être avec l'environnement. Mais l'anesthésie ou la catalepsie
apporte
à propos de tout cela dans une certaine mesure, tout comme le sommeil naturel profond.
En fait, un corps n'est pas mort tant qu'il ne se décompose pas en
ses éléments constitutifs.
Ainsi, après la disparition de la conscience cérébrale,
il y a encore une subconscience vitale possible dans la mort
apparente, et une vie innée de la matière après suppression de la
subconscience. Par conséquent,
19
il y a une continuation de "mourir" pendant la décomposition
corporelle.
En effet, il est impossible de tuer un être né dans la Nature, qu'il
soit minéral ou humain.
La vie est immanente à tout, du sel fixe indestructible des os à la
conscience complexe.
Pour une fois, Lavoisier avait raison, mais pas dans le sens qu'il
entendait, car si rien ne se perd, ce qui ne se perd pas est toujours
la même et unique chose, et toute chose, finalement, se réduit à
cette même et unique chose.
Il faut parler de la mort pour comprendre la vie.
La mort définitive n'existe pas ; il n'y a que des changements
d'états non permanents. La permanence réside dans la cause
originelle ; le transitoire est dans les phases de conscience de
soi. L'impulsion vers cette genèse universelle est la vie qui cause
ce qui est apparent.
Si la mort définitive n'existe pas (et il ne s'agit que de l'être naturel
et non de l'homme animé), c'est que tout est vie, que cette vie ait
forme corporelle ou qu'elle soit métaphysique ou forme sans
corps ; c'estàdire que l'Idée de la forme s'incarne. De même, les
lignes de force énergétiques d'une "solution mère" sont nécessaires
au cristal ou assemblage de molécules dispersées. Mais il y a
aussi l'ovule à partir duquel le fœtus est généré. Il ne s'agit plus
d'un assemblage de molécules dispersées dans une solution :
c'est la formation corporelle d'éléments énergétiques sélectionnés
par le
20
Idée dans le milieu nutritif. La semence ou l'impulsion paternelle est
l'Idée.
L'Esprit, la Cause divine, est beaucoup plus près de nous que nos pauvres
cerveaux ne peuvent l'imaginer.
La graine estelle autre chose que l'Idée métaphysique de la forme
corporelle qu'elle va engendrer ? Un catalyseur estil autre chose
que l'idée énergétique du composé qu'il produit ?
Si l'enseignement ésotérique de la science sacrée n'a pas permis de
prouver que l'esprit est un fait, ou de démontrer ce qui se passe dans
la conscience et dans les phases successives de la « mort » du corps
et de la forme transitoire, alors tout cet enseignement ne serait qu'une
spéculation philosophique gratuite et sans valeur.
Nous disons « Dieu » et ne savons pas ce que cela signifie ; nous
disons « esprit » et ne comprenons pas cette abstraction ; nous
disons « énergie » et ne savons absolument rien de sa nature.
Nous voyons des effets et leur attribuons une cause qui est tantôt
Dieu, tantôt EspritParole, tantôt Énergie — mots qui tiennent lieu
d'ignorance mais posent des hypothèses que nous ne pouvons
éviter de formuler.
De simples spéculations ne peuvent pas résoudre ces problèmes. Il
ne peut recueillir que des éléments concrets, matériels perçus par les
sens. La métaphysique n'a aucun sens pour le raisonnement de
l'esprit.
21
D'autre part, une fois l'abstraction posée comme prémisse, nous
devons chercher la solution par les moyens à notre disposition.
Ces moyens ne sont que l'enseignement de la Nature dont
nous sommes le produit ultime et
notre communion naturelle avec elle. Quand on veut ex
presser nos connaissances, nous devons être capables de les
traduire ou de les réduire en termes concrets, accessibles à nos
sens et rationnels par la fonction cérébrale. L'expérience «
sympathique » reste toujours incertaine et sujette à discussion
tant qu'elle n'est pas une expérience « objectivée ».
Ainsi, pour être aussi sûr de nos connaissances innées que de
nos connaissances savantes, nous devons rechercher la preuve
expérimentale démontrant que l'esprit, l'abstrait, se concrétise
effectivement par une voie déterminée.
La science sacrée affirme que cela est possible. Elle l'enseigne
par son « ésotérisme », qui n'est « hermétiquement » scellé
qu'à l'intelligence cérébrale, et qui le restera si nous ne cultivons
pas un autre aspect de l'intelligence et une autre mentalité que
ces balayures de grenier que sont nos écoles.
C'est pourquoi les sages laissent la spéculation au ralenti et
contemplent la Nature. La nature enseigne tout. Un son évoque
toutes ses harmoniques ; un gland évoque le chêne — un
complexe harmonique qui, dans le règne végétal, est le chêne.
Mais les harmoniques musicales sont des vibrations corporelles de
nature aquatique. La graine (saine ou gland, grain ou
spermatozoïde) est d'une nature déterminée, et cette
spécification est la genèse des graines du minéral à l'homme,
la réduction spatiale de la substance sans forme.
22
Il n'y a pas de "première graine" et l'œuf a précédé la poule. La
substance de cet œuf a toujours existé en tant que substance
sans forme, la Vierge Cosmique. Le sperme du coq, au contraire,
est devenu, généré dans le passage de la nébuleuse cosmique
à ellemême.
Le principe christique, au contraire, est la fécondation directe
sans semence spécifique, un saut de l'origine abstraite au
produit humain ultime : l'HommeDieu.
23
L'apparence est la dualisation d'un principe unique
et définit la nature ou l'esprit vivant. La Cause causale
est l'Unité incompréhensible et, métaphysiquement,
de un devient deux, ce qui aboutit à la Cause
cosmique, triple en une Unité, cette dernière étant
ainsi accessible.
Il est audelà de notre pouvoir d'imaginer quoi que ce soit qui ne
serait pas possible en fait ; c'estàdire que l'imagination (ou
toute compilation d'idées) ne peut être composée que d'éléments
simples accessibles cérébralement. Ainsi la philosophie
matérialiste, lorsqu'elle est logiquement cohérente, a un
fondement réel dans la Nature. Mais un fait inconnu signifiera
une erreur de logique. On peut dire : tout a toujours existé, et les
variétés sont l'objet d'une évolution.
Cette affirmation est à la fois vraie et fausse. Elle est fausse si
elle n'est considérée que par les sens corporels et l'intelligence
cérébrale ; c'est vrai spirituellement parce que l'esprit, ou
substance sans forme, est éternel. C'est ce dont tout corps est
formé. L'évolution aussi est réelle, à partir de l'impulsion
énergétique originelle, mais elle obéit à une "loi de
genèse" et non des conditions fortuites.
Certes, la fonction ne crée pas l'organe. Comment pourraitelle
agir avant d'exister ? L'adaptation n'est pas la création, et ce qui
n'est pas créé, c'estàdire contenu dans
25
l'ordre harmonique de la Loi de la Genèse ne sera jamais
s'incarner.
Quant à la théorie évolutionniste du matérialisme, elle est en faillite pour
la plupart des penseurs.
D'ailleurs, à quoi bon philosopher comme le fait notre monde depuis tant
de siècles ? Toutes nos "philosophies" ne sont que spéculations
personnelles comparées à la philosophie naturelle, la philosophie de la
Nature vivante et son résumé tel qu'on le trouve dans tous les textes sacrés.
Au début, il y a la séparation : on la voit encore toujours et partout. Nous
avons besoin du chiffre Deux pour définir le chiffre Un qui, en tant qu'Unité
indivisible, nous est impossible à comprendre. Le grain se décompose dans
la terre, la graine dans l'ovule. Lorsque nous ne pouvons plus diviser, nous
sommes audelà de la Nature et nous approchons de la Cause causale, la
Cause abstraite.
C'est pourquoi toute la métaphysique, toute la création, se situe entre les
nombres Un et Deux. Alors l'idée triple forme une Unité accessible qui peut
être divisée et additionnée. Les sages chinois ont dit : Un égale toujours
trois. Les sages égyptiens ont placé la triade à l'origine de chaque ligne,
comme ils ont placé le triangle à l'origine des formes géométriques. Deux
grandeurs irréductibles sont nécessaires pour en déterminer une troisième.
Les sages n'ont jamais enseigné autrement.
26
Le devenir, ou la formation de la substance dans la
matière, est le mystère de la réflexion, c'estàdire le
phénomène qui est la réaction. Ni l'action ni son
réflecteur (l'élément passif de sa nature) ne sont un
phénomène. C'est la réaction qui est l'effet de la dualité,
et donc l'apparence relative.
Et c'est ainsi que la Triade sacrée a formé la Nature,
le monde, l'univers.
Nous devons regarder ce devenir comme si nous avions été
présent au Fiat Lux au début des temps, avec la certitude d'une
expérience réelle de témoin oculaire. Rien ne nous en empêche,
car le temps n'existe que pour nos sens physiques, et le
commencement des temps est toujours présent : s'il n'en était pas
ainsi, rien ne se maintiendrait.
MelchisédekOsiris fait des sacrifices constants.
Nous voyons l'activité par son effet. Dans son absolu, le principe
actif nous échappe. Le monde interplanétaire ou stellaire est noir,
l'obscurité complète, en apparence. Si un corps passe, il sera
lumineux, éclairé par... le soleil ? Peutêtre, mais il sera éclairé
car cet espace de ténèbres est en réalité tout entier lumière.
L'activité absolue est unique ; c'est la Cause causale et non la
Cause cosmique ; c'est l'Unité et pas encore le Trois en Un.
27
Il faut qu'il y ait un obstacle pour mesurer l'activité, la limiter, lui donner
une valeur, un Nombre, pour qu'elle devienne naturelle. Cela implique
déjà le Deux, c'estàdire l'activité et l'obstacle.
"Il n'est pas bon que l'homme soit seul; je lui ferai une aide digne de
lui."
La nature, l'univers, n'est rien d'autre que la mesure de l'Inconnaissable
– Dieu éternel, le ToutPuissant – car tout est virtuellement en Lui,
dans le Soi. Cette mesure contient toutes les fonctions des mesures,
les
d'innombrables fractions dont chacune est une créature de cet univers.
Les coudées égyptiennes nous enseignent magnifiquement le savoir
profond de ces maîtres de sagesse pour qui schématisme était
synonyme de mort.
L'opposition ou l'obstacle n'est en réalité pas plus compréhensible
que l'activité. Le corps qui traverse l'espace obscur nous est inconnu.
Mais il s'oppose
cette lumière qui est obscure à nos yeux. Comment le pourraitelle, si
elle n'était pas de même nature que la lumière ? Le vide n'est pas un
obstacle, tout comme le verre transparent, par exemple, n'est pas un
obstacle à la lumière.
La chose qui s'oppose doit être de même nature que l'activité, et au
moins d'une activité moindre. Cette soustraction est précisément le
domaine des variétés. La soustraction, cependant, devient division
dans un milieu homogène.
Supposons, par exemple, que le lait soit un milieu parfaitement
homogène. Lorsque la matière grasse monte en crème sur le lait,
l'homogénéité est détruite.
28
Il y aura, enfin, un lactosérum aqueux et du beurre.
La division a eu lieu, l'actif s'est manifesté
par opposition. Dans ce cas, l'actif était un état d'énergie appelé
acide.
Cet acide peut être compris comme provoquant la séparation du
milieu homogène en eau et graisse ; mais dès la première
séparation intime, il y aura l'actif et l'obstacle, parce que l'énergie
acide aura agi, trouvant dans ce milieu la possibilité d'agir, c'est
àdire deux choses séparables. Ainsi se révèlent les composants
du lait liquide, chacun avec un caractère bien défini, et même
s'ils proviennent de la même chose, ils ne seront plus du tout en
accord.
Cet exemple brut servira à illustrer ce que nous voulons dire.
Nous ne savons pas ce qu'est l'énergie, mais elle se manifeste
sous forme d'activité sous divers aspects, selon le médium.
Dans l'exemple cidessus, il est acide, et tout ce qui est
complémentaire à cet acide est alcalin. Après séparation, on
retrouve de l'eau acide et une graisse alcaline, si elle est
entièrement séparée et pure. Cependant, dans ce monde
imparfait, l'acide et l'alcali ont toujours tendance à s'échanger.
Ici la lumière est l'acide ; donc ce qui s'y oppose est alcalin, un
acide moindre, et ce qui est visible est gras, parce qu'il est
séparé de l'eau, c'estàdire de la lumière du corps éclairée dans
les ténèbres.
La lumière que nous voyons n'est qu'une réaction ; la lumière
d'activation est Cause ; l'obstacle, ou la moindre lumière réactive,
est le passif.
29
Adam se connaît en Eve ; il reconnaît la chair et le sang qu'il était
sans le savoir. Avant cela, étant
identifié à sa Cause, il possédait la connaissance ; maintenant il a
appris à savoir. Ce sont les deux intelligences dont le cérébral est la
chute de l'autre — à l'image du Créateur, mais mesuré, limité.
Cette explication pourrait sembler être l'ésotérisme des paroles de
la Genèse. Pourtant ce n'est qu'une simple explication, une cabale,
une exégèse.
L'ésotérisme est quelque chose de tout à fait différent.
L'univers entier, ou monde phénoménal, est une unité dualisée, une
apparence — comme la matière réfléchie — ou une activité contre
sa propre diminution ou résistance.
La partie de l'activité perdue devient la partie quantitative des
choses, sans que l'activité absolue ne s'en trouve diminuée. Par
exemple, si nous essayons de pousser un objet en mouvement qui
se déplace luimême à la même vitesse que nous, il n'y aura pas de
poussée. La différence de vitesse constitue la quantité de notre
effort. Nous ne pouvons pas nier ce qui est un absurde pour notre
intelligence mentale, car ce mystère de Fiat Lux se produit sans
cesse devant nous.
Nous pouvons décrire ce qui se passe, nous ne pouvons pas dire
pourquoi cela s'est produit, et donc nous devons faire appel à un autre
sens qui nous révélera l'ésotérisme, c'estàdire le mystère.
Si nous sommes alors incapables de décrire cet ésotérisme nous avons
30
connu, nous pouvons au moins le réaliser consciemment et le mettre
en pratique.
Mais il y a plusieurs étapes à franchir pour y arriver.
Le principe de réaction (réflexion) est la loi des phénomènes vitaux.
Tout ce qui apparaît est l'effet de
réaction. Tout organisme ne vit que grâce à sa faculté de réaction. Ni
les aliments ni les médicaments ne peuvent stimuler ou guérir sans
cette réaction. Le son, la lumière, tous les effets de l'énergie sont
réaction. Rien ne peut grandir sans réaction. Les changements dans
l'ordre social, qu'ils soient naturels ou artificiels, sont des réactions.
La réaction est une modification de l'action au sens de la dualisation.
Dans la réaction, il y a l'enfant qui découle du père et de la mère,
l'impulsion vitale et la substance qui reçoit l'impulsion et produit le
corps vivant. Et le jour commence par la nuit lunaire, la lumière
réfléchie, la substance dans laquelle l'action du jour solaire actif peut
ensuite se poursuivre. Le feu naturel pourraitil exister sans
combustible ?
le feu sans combustible est la cause causale.
Ainsi parler de Nature, c'est parler de dualité, de stabilité par
l'équilibre. Mais ceux qui montent plus haut sont ceux qui brisent
cette stabilité, qui savent se désunir pour chercher dans les parties
ce qui est éternel.
Éternel égal éternel : alors il n'y a plus de séparation.
Poursuivre l'Absolu est aussi insensé que rechercher la sécurité
dans une stabilité médiocre, mais briser ce dernier sans savoir
comment traiter ses parties est insensé.
31
destruction. Enlever ce qui est, défaire ce qui est fait, détruire
un composé et recoller les morceaux, c'est tout ce que peut
faire le libre arbitre : choisir dans le domaine de la quantité.
C'est négatif. Générer des corps est un pouvoir d'esprit polarisé.
La purification est un pouvoir de la conscience ; il brûle ce qui
est destructible dans les parties pour finalement unifier ce qui
était dualisé.
32
Lorsque l'on classe le devenir en règnes, la genèse
est le temps, la matière ou substance formée est
l'espace, et l'activité (ou forme) est la conscience.
Ainsi Activité, Forme et Idée sont des aspects
différents d'une même puissance : le Soi ou
conscience cosmique qui cristallise — ou se limite —
dans une forme spatiale, spécifique ou qualifiée.
Le temps est la distance entre la graine et son fruit, entre le
sperme et la naissance de son produit, entre l'élan créateur et
l'univers. La Genèse est le temps ; nous situons les cycles
cosmiques et terrestres dans ses phases.
Il y a concordance, parce que la Loi de la Genèse est
identique pour chaque chose. La durée est relative, comme les
diamètres des cercles concentriques, cycle dans cycle. Ainsi le
temps en luimême n'a pas de grandeur ; il n'y a qu'une
différence de nature qui se situe dans les règnes, c'estàdire
une différence de spécification.
Le devenir de la substance métaphysique ou énergétique
dans la matière ou le corps physique est une définition spatiale,
la limitation qui fait l'espace. C'est le nombre. Ainsi l'espace
n'est pas ce dans quoi se situe un corps, mais le corps lui
même, tandis que le milieu dans lequel il existe est la substance
abstraite, métaphysique, énergétique, ce néant corporel dont
le monde est fait, ce Néant qui est Tout. Intelligence cérébrale,
33
de nature corporelle et sensorielle, ne comprend d'autre fondement que le
corps, alors qu'elle considère l'imcorporel comme le contenant, ou l'espace.
En réalité, l'espace est le Tout, le plein constant et absolu. Le corps est
une limite passagère et devient, par sa limitation, perceptible aux sens. Le
nombre n'est qu'une fraction de l'unité. L'activité ou l'idée ou la forme est
une graine en général. Dans la Nature, une graine particulière est une
activité réduite ou une résistance, une réaction primaire, une nouvelle
activité. Il pourrait être décrit comme une portion concentrée d'espace ou
de vide, agissant sur ce vide comme dans son milieu passif. Ce n'est pas
une vaine spéculation si nous approfondissons notre étude expérimentale
pour voir ce qui, au final, nourrit tout.
Il y a une transition entre cette substance abstraite et la graine concrète,
mais il y a un fil facilement
suivi pour le savoir. On peut citer ici le fait de l'activité de l'énergie
électrique dans le vide des tubes de Crookes : dans ce vide encore relatif,
l'énergie polarisée produit tous les phénomènes qui ont conduit la science
à l'atome.
La particularisation de l'activité en semence est une étape du devenir de
la conscience, qui commence par la prima materia de toute chose.
Entre les nombres Un et Deux, le Soi devient le Je, l'Ego, la définition
mathématique de la valeur Un, comme quelque chose par rapport à lui
même. Ensuite, avec la materia prima — ou je originel —, le devenir de la
conscience commence enfin à se fondre dans le Soi, une fois toute
expérience acquise.
Il faut donc utiliser deux modes de pensée différents
34
et refusent de croire qu'une seule méthode puisse suffire, en
changeant simplement de vocabulaire, à éclairer des problèmes
de nature si diverse. Comme indiqué précédemment, cela
conduirait directement à la formulation d'un nonsens.
35
dix
Il y a deux fonctions possibles de la logique, l'une
cérébrale ou mécanique, l'autre vitale. La logique
mécanique ou syllogistique de la quantité résulte d'une
comparaison d'éléments concrets ou définis. La logique
vitale est la logique de genèse ou de génération d'une
forme matérielle : c'est la cristallisation par le temps de
la Cause abstraite dans une forme spatiale concrète. La
méthode de la logique mécanique ou cérébrale est
analytique. La logique vitale requiert la faculté de synthèse
comme vision spatiale.
Il semble insensé d'admettre qu'il existe une autre logique que le
syllogisme classique. Comment arriver à une conclusion quand les
éléments donnés sont abstraits ? Évidemment, cela n'est possible
que si une loi immuable régit le Devenir. Le grand mérite, quoique
méconnu, de l'hermétisme a été de formuler cette loi. En raison de l
l'obsession de « l'alchimie », le mirage de l'or, la philosophie de
l'hermétisme a été négligée. Pourtant, il n'y a aucune différence entre
cette formulation et le prononcé de la Genèse mosaïque que, dans
son essence, nous rencontrons dans tous les textes sacrés.
Dans le processus de génération, qui exige une impulsion active
dans un milieu homogène à cette activité (comme une graine dans la
terre est humidifiée par l'eau qui a nourri la graine), il y a toujours,
avant tout,
37
décomposition (putréfaction) de ce matériau en une forme chaotique
et mucilagineuse. La deuxième phase est la
formation d'un nouveau centre d'attraction (noyau, cellule) qui lui
attire la substance nutritive. Cette substance, à son tour, subit
constamment la même décomposition, ce qui crée la succession de
la mort (décomposition) et de la vie (reconstruction) pour régénérer la
substance et produire la croissance. Ainsi, en décomposition, il y a
apparaît une partie qui est Terre, c'estàdire fixe, et une autre partie
qui est Eau, c'estàdire volatile ou nutritive. Dans une plante, l'une
est la racine, l'autre le germe ; dans la cellule, l'un est le noyau et
l'autre le cytoplasme.
Quant à la croissance, elle est limitée par le Feu actif de la semence,
son pouvoir assimilateur.
Voilà, grosso modo, le mécanisme du Devenir, à partir d'une semence
déterminée, et cette fonction se répète, sans s'arrêter, jusqu'à la
formation de la nouvelle semence. Ce qui fait ici le "mystère", c'est la
nature de la substance nutritive. En fait, si tout sur terre ne faisait que
croître à partir d'éléments chimiques existants, la croissance ne serait
rien de plus que la migration constante de ces éléments simples d'une
forme complexe à une autre, après réduction à leur nature simple.
Mais, visiblement, la terre grossit, l'humus s'accumule avec la
poussière des os de nos ancêtres. Après des milliards d'années, toute
l'eau des océans ne suffirait plus à faire la pluie
qui nourrit la végétation terrestre. Pour assumer une
la circulation constante de ces mêmes eaux est une simplification
excessive. Par intervalles, les eaux entrent dans tous les matériaux
qui élèvent le niveau de la surface, recouvrant les civilisations
passées, formant des strates géologiques. La terre vit comme tout le
reste de l'univers, c'estàdire
38
cet esprit est réduit à l'espace, ou à des choses qui reviennent à cet
esprit après avoir achevé le cycle : premièrement, la genèse
corporelle ; ensuite, le cycle de la genèse de la conscience.
C'est la caractéristique des textes sacrés de développer chaque
genèse en détail, avec chaque nuance de sens, comme une gnose
pour ceux dont « le cœur est ouvert ».
Il faut comprendre la réalité du volume, et c'est absolument impossible
à saisir cérébralement. Nous savons qu'il existe, puisque nos sens
en découlent, mais nous devons toujours découper ce volume pour
le comprendre. Nous comprenons l'addition et la soustraction,
puisqu'elles concernent la quantité, mais la multiplication et la division
—
c'estàdire l'extension en volume et sa décomposition en composantes
spatiales, échappent à notre compréhension.
Dans la genèse corporelle décrite cidessus, le sens de la
décomposition par putréfaction échappe complètement
nous. La corruption, c'estàdire le déplacement chimique, nous est
familière, mais la putréfaction « créatrice » n'a rien de commun avec
elle. L'œuf de poule putréfie pour « créer » le germe vivant, mais la
corruption, au contraire, détruit. La putréfaction vivante donne
naissance à de nouveaux éléments qui, chimiquement parlant,
n'existaient pas auparavant. Il y a beaucoup plus de sulfure
d'hydrogène dans un œuf pourri que les traces de soufre dans un
œuf frais pourraient en produire. Les mystérieuses albumines et
substances albuminoïdes sont des produits de cette genèse de la
vie.
Toutes les tentatives pour décrire cette vie sont inutiles et tromperont
toujours, de même qu'il est impossible d'expliquer comment un point
devient une surface, comment Un devient Deux. Le
39
La théorie exotérique euclidienne est pratique mais absurde. Il était
employé dans l'Égypte ancienne à des fins ordinaires, mais la
géométrie sacrée partait du volume et non « d'un point qui résulte de
l'intersection de deux lignes qui ellesmêmes proviennent du
mouvement du point ». Toute la philosophie matérialiste, rationaliste
est basée sur l'absurde, et nécessairement ainsi, tandis que la
philosophie ésotérique, ou science sacrée, est basée sur les faits
pour connaître la Cause. Tout est espace, ce qui signifie qu'il a du
volume. Il n'y a pas de sens, au sens d'un seul moment compréhensible
au singulier dans l'univers.
Le volume coupé donne les plans, les angles des lignes d'intersection
donnent le point qui, dans le cas le plus simple, est le résultat de la
rencontre de trois lignes d'intersection. Le point est ternaire. La Cause
cosmique est ternaire ; tout début compréhensible est "trois en un".
Tout ce qui en résulte est compréhensible et constitue la science
rationnelle. L'erreur de notre science est de vouloir pénétrer les
mystères de la vie par ses moyens ordinaires de compréhension.
Reconnaître le point qui résulte du volume au lieu de suivre la
proposition d'Euclide serait adopter une attitude toute nouvelle,
accepter a priori l'existence d'un monde métaphysique. (Ce serait
de la sagesse, mais nous préférons l'absurde parce que c'est
pratique.)
Ce serait rechercher une logique vitale, une science de la vie qui
considère le « vide » interstellaire comme le Feu, la substance
nutritive d'où proviennent toutes choses grâce au cycle d'une genèse
conforme à la Loi immuable.
Mais nous sommes absolument déterminés à comprendre
40
par la logique de l'esprit, et des éclairs d'intelligence, comme
celle qui concevait l'entropie, s'annulent à cause de ce désir
d'expliquer en termes concrets.
Cette substance, qui est le "vide", n'est ni chaude ni froide tant
qu'elle n'est pas en mouvement. Augmenter mécaniquement le
volume, c'est lui permettre d'absorber ce vide, et contracter le
volume, c'est libérer le vide : d'où l'effet du chaud et du froid.
Générer une forme matérielle, c'est fixer le vide, et rien au
monde n'est plus fixe que ce « vide ».
Ce qui ne peut pas être brûlé, c'est le vide fixé à un degré
égale à la chaleur qui agit sur elle. Il y a une chimie et une
physique de la « logique vitale ».
De la chair en putréfaction naît la vie animale primitive ; mais
comme cela n'est pas compris, on dit qu'il existait des graines,
des spores et des œufs.
Le syllogisme est une logique mécanique et ne peut résoudre
que des problèmes mécaniques, c'estàdire des relations de
quantités. Sa méthode est analytique car seule la décomposition
d'un composé en ses éléments permet de comprendre, c'està
dire de connaître et de définir ce qui le compose. Par cette
voie, nous arrivons bientôt aux éléments irréductibles où
l'analyse affronte le mur d'enceinte de l'intelligence cérébrale, la
faculté mentale. C'est la frontière du Paradis terrestre, gardée
par un ange à l'épée flamboyante, à l'Est où se lève l'œil de
Dieu, le Soleil.
41
Il n'y a pas de retour dans ce jardin de "l'identité fusionnée"
parce qu'il n'y a ni intérieur ni extérieur : seuls ceux qui en sont
sortis ont appris à connaître cette distinction, et "sortir" signifie
diviser.
Il faut réapprendre cette vision de l'Un qui est « dans la chose
» ; qui dépérit, grandit, s'épanouit, vit, fructifie et meurt avec
elle, en elle.
Sur le plan, deux fois deux font quatre, et deux fois quatre font
le cube de deux, tout cela par addition et déplacement du plan.
Mais il faut vingtsept cubes pour que le cube original grandisse,
se dédouble dans toutes les directions de l'espace. On peut
ajouter des cubes aux cubes, mais on
doit pouvoir être cube avec le cube pour le savoir. C'est la
faculté de synthèse. On nous conseille en tant que discipline de
pensée d'objectiver chaque idée. Le sage, au contraire, cherche
à mettre fin à la dualité. On apprend à connaître l'objet, mais on
connaît la vie par la connaissance innée.
42
11
La définition de quoi que ce soit dans l'univers
naturel ou physique est la conscience innée. Au
fond, cette conscience innée, dans son
accomplissement final, est, pour le minéral :
affinité ; pour la plante : affinité, croissance et
génération de fruit ou de graine ; pour l'animal :
l'affinité, la croissance, la liberté de mouvement,
et l'intelligence cérébrale, qui accompagne l'instinct.
Pour l'humainanimal, toutes les consciences
précédentes sont innées, et la raison se développe,
ce qui rendra l'homme conscient de la conscience.
Ici commence la capacité de libération de la forme
matérielle, le retour, après que toutes les consciences naturelles
Le terme "conscience" est utilisé philosophiquement dans
manières différentes, mais comprend toujours et
nécessairement une relation entre deux éléments et la faculté
de mémoire. Ainsi comprise, la conscience de l'identité
fusionnée serait un nonsens.
Mais on peut aussi définir la conscience comme étant cette
qualité spécifique d'une chose qui lui confère la capacité de
sélectionner par affinité, qui est alors une véritable «
mémorisation » de sa position par rapport aux autres choses.
Par exemple, une molécule d'un corps chimique simple a des
affinités très précises visàvis d'autres molécules et fait
43
le choix de son alliance en fonction des conditions environnantes.
Il n'y a pas de libre arbitre pour le minéral ; elle est régie par
une nécessité prédéterminée. Dans la vie cérébrale de
l'homme, les « affinités », ou associations d'idées, peuvent
varier, mais la fonction fondamentale reste la même que celle des
affinité chimique des corps. Le caractère, la définition qualitative
des choses, est la conscience innée que l'homme a des choses,
sans tenir compte des circonstances qui forment ce caractère.
On peut toujours trouver une explication physique à chaque
phénomène, même à la vrille d'une plante cherchant
infailliblement un support à travers l'espace vide. Estce dû au
magnétisme ? Ou à cause de l'infrarouge ou d'un autre
rayonnement ? Peu importe : la plante, comme le minéral, * est
vivante, et cette tendance de la vrille (et non d'aucune autre
partie de la plante) à trouver un moyen de s'attacher est un
aspect de la conscience végétale, dont le but , en général, est
de se nourrir sélectivement par affinité, de grandir et de produire
des fruits, qui sont des graines.
Pour compléter cette idée, notons ici le caractère séminal du
minéral, selon la science hermétique.
* De plus en plus fréquemment, on rencontre des articles très autorisés
concernant la nécessité de rechercher un meilleur mode de vie spirituelle,
proposant une philosophie psychologique basée sur les enseignements de tous
les temps. Il est étrange de rencontrer dans ces écrits un silence complet sur la
vie du minéral, qui est pourtant le fondement de toute vie terrestre. Il manque ici
quelque chose — peutêtre à dessein — mais qu'il faudrait donc au moins
mentionner, à moins qu'il ne s'agisse d'une simple ignorance.
44
Le centre, pour ainsi dire, du règne minéral est le métal. Les
substances prémétalliques et postmétalliques doivent être
classées comme métalloïdes. Ces derniers pénètrent dans
règne végétal et se retrouvent également dans le règne animal.
Le métal est donc le tronc minéral qui portera le fruit. Ce fruit ou
graine est le métal luimême, c'estàdire qu'il y a élimination
successive de toute substance qui n'est pas graine. Ainsi, il y a
deux graines ou fruits, tout comme il y a un enfant embryonnaire
de sept mois et un enfant embryonnaire de neuf mois. Le premier
est Silver, de nature blanche et de caractère féminin ; le second
est l'or. Ces caractères ne doivent pas être considérés comme
renvoyant à des types sexualisés, mais chacun comporte en soi
son complément et est les deux sexes réunis en une seule
Unité. L'Argent féminin contient la nature masculine fixe, et
L'Or est entièrement Argent, animé par le Feu masculin. L'Argent,
cette "Reine de la Paix", ne pourra jamais jouer le rôle féminin de
l'Or. L'or dans le domaine métallique est généralement parallèle
au principe christique universel. C'est la perfection naturelle de
l'intention originelle, et devient ainsi la pierre angulaire du retour
à la Source.
Par conséquent, une multiplicité d'individualités métalliques
n'existe pas. Il n'y a qu'un seul état métallique qui engendre la
semence métallique : de nature blanche, en Argent ; de la nature
rouge, en Or : assimilable à une plante aux racines en matière
prémétallique produisant graine, tronc, branche, feuille et fleur
— tous des « métaux » apparemment distincts — afin de porter
ces deux graines. Les essences, les résines, la sève et les
exhalaisons de cette plante métallique produisent des substances
postmétalliques.
Cette doctrine est parfaitement conforme à l'universel
45
cosmogonie religieuse, et les analogies précisent le sens
ésotérique. De là jaillit une véritable connaissance de toute la
science psychospirituelle concernée par la génération de la
conscience. C'est à cette dernière lignée que le bouddhisme
doit se rattacher. Il serait absolument incorrect de considérer le
Bouddha et le Christ comme identiques.
Le Christ doit être vu comme l'Or, l'incarnation du Verbe divin,
HommeDieu et DieuHomme : le divin dans la Nature.
A ce principe est lié le sens de la rédemption, qui n'appartient
pas au Bouddha. Mais cela ne signifie pas qu'il existe une
hiérarchie des valeurs de la Parole divine. Les voies bouddhique
et christique sont toutes deux des expressions de la vérité ;
cependant, nous devons faire la distinction entre les manières
qui sont enseignées. Le Christ, comme le Bouddha, est dans
tous les hommes, tout comme la semence dans le prémétallique
est le métal. Il s'agit d'amener cette graine à maturité.
Si la Loi de la Genèse est unique et universelle et donne lieu à
des analogies, elle se manifeste néanmoins à différentes
étapes de la genèse globale. Elle peut donc s'appliquer, d'une
part, à la genèse de chaque plante, de la racine à la fleurfruit,
comme dans les pratiques psychospirituelles, notamment
bouddhistes et brahmaniques, qui
éliminer progressivement les hétérogénéités pour produire le
Lotus pur dans sa semence. D'autre part,
il y a la Voie de la Rédemption, qui élimine toute impureté d'un
seul coup, et n'agit que sur la substance restaurée à son
originalité (la Vierge Cosmique), et produit ce fruit en
contournant la Nature et la dualiza
46
tion. Cela part du principe que l'intention divine est perfection,
conscience du Soi, Paradis terrestre et Unité consciente, tandis
que la dualisation, ou « péché originel », a produit cette Nature
imparfaite et souffrante. Ce sont donc les deux aspects d'une
même science sacerdotale : Osiris et Horus.
Pour comprendre le mystère du plus haut enseignement donné
à l'homme, il faut d'abord connaître l'instrument
qui nous est offerte, après les innombrables séries de
souffrances qui ont précédé et comprennent notre vie présente.
Car la souffrance est le seul stylet dont la nature corresponde
à la substance sur laquelle s'inscrit l'impérissable conscience.
La pierre a souffert pendant
la plante, la plante a souffert pour l'animal, l'animal a souffert
pour l'homme et l'homme a souffert pour la Rédemption.
Et ceux qui sont allés plus loin que nous, ce sont les Puissances
et les Maîtres qui tendent la main
pour nous aider, comme la mer attise l'envie du marin de
prendre le large, ou le sommet défie l'audace de l'alpiniste.
La chaleur expansive du cœur, lorsqu'elle révèle comme
rationnel ce qui est généralement considéré comme irrationnel,
lorsqu'elle nous permet de franchir d'un pied sûr ce gouffre,
que nous pouvons alors ignorer, et qui terrifie les autres : cette
chaleur est l'appel du Maître.
La tendance c'est la tension, l'affinité c'est l'amour, l'appétit c'est le besoin,
mais il faut dire avec le Proverbe : "Je ne connais pas le chemin
47
d'un homme avec une servante" (Prov. 30 : 1819).
L'expérience de la vie inscrite dans la matière s'appelle la conscience
innée, le caractère spécifique de chaque chose, la qualité qui est pur
esprit dans la Nature.
L'animal est une plante en mouvement libre car tous les
les phases de sa gestation sont fixées dans des organes, c'estàdire
dans des individualisations spécifiques, et parce que la racine est
devenue intestin, la feuille est devenue poumon, la racine pivotante est
devenue estomac, la circulation de la sève est devenue sang et veines,
et la la fleur est devenue sexe. Cette totalité a été reliée par la moelle
pour former un organe conducteur, le cerveau, et par là est devenue
l'intelligence cérébrale, qui est mémoire consciente, et permet l'expression
de
la conscience innée qui crée l'instinct. Le
la faculté de coordonner les idées manque encore pour que l'homme
existe.
Quand on voit les réactions émotionnelles de l'animal – envie, haine,
fidélité, amour, joie, tristesse, dévouement à son maître jusqu'à
l'abnégation – on se dit qu'un animal semble parfois humain. C'est une
erreur : c'est l'homme qui est encore un animal. Toutes les réactions
émotionnelles reposent sur l'égoïsme, première conscience cérébrale de
soi, miroir de l'objet, esclave affranchi. D'un point de vue moral, ces
réactions émotionnelles sont naturelles. Mais seul l'homme possède en
lui ce don lui permettant de s'affranchir de toutes ces réactions ; atteindre
la liberté aristocratique en fusionnant avec le Tout, amour sans cause,
sans but, sans récompense, donc sans tromperie.
48
Ce don est la Raison, qui fait de l'animal l'Homme ; c'est la seconde
naissance dans le monde, car la Nature s'arrête à l'animal, y compris
l'animal humain. Le baptême de l'esprit, la Pentecôte qui donne la Raison,
est une seconde Fiat Lux.
La raison affirme en nous ce que le cerveau ne peut pas comprendre, la
connaissance a priori ; La raison nous montre la noblesse de l'inutile qui
est beauté, pardon, foi, sacrifice : l'acte sacré.
La raison est l'intelligenceducœur qui nous permet, en amour, d'être la
chose, d'être à l'intérieur de la chose, de grandir avec la plante, de voler
avec l'oiseau, de planer avec le serpent, d'être cela. "la voie d'un homme
avec une servante" qui, selon le Proverbe, ne peut être connue; devenir
un espace cubique
avec le cube.
C'est à cette Raison que s'adresse l'ésotérisme.
Mais nous avons prostitué cette Raison et en avons fait un. le rationalisme
utilitariste, la mentalité des marchands pour qui la balance est l'outil de
travail, pour qui chaque chose a sa contrevaleur, son contrepoids,
conduisant à la logique équationnelle, au savant système décimal, à
l'algèbre.
Mais dans la vie, chaque instant est différent du précédent, la genèse du
monde ne cesse jamais, ni le retournement des sphères, les cycles : rien
ne revient jamais au même endroit. Tout dans l'univers est en relation
interdépendante avec Tout.
49
12
La désagrégation de tout être peut affecter sa quantité par
l'analyse ou la « logique mécanique », mais à partir de l'homme
conscient, elle peut affecter sa qualité de conscience de soi. En
principe, les deux routes mènent à la même source naturelle,
mais la première est originale et causale ; la seconde est finale
et créatrice, consciente, audelà de la Nature. La première
source est l'énergie polarisée et dépendante, et donc destructrice
envers les choses ; la seconde est une énergie non polarisée,
indépendante de la Nature dualisée.
Dans la Nature, tout est composé, un agrégat de
quantités; pourtant l'énergie — l'esprit — n'est pas composée.
En dehors de la Nature, originellement et finalement, l'esprit n'est
pas polarisé, mais il est polarisé dans la Nature. C'est encore
une autre façon d'énoncer le thème. Ainsi l'énergie apparaîtra,
dans son action sur les choses, sous un triple aspect plutôt que
double, parce que les pôles euxmêmes n'apparaissent que dans
leurs effets : le Nord attire et le Sud repousse ; Sud contre Sud
repousse ; Nord et Sud se complètent, s'attirent ; Nord contre Nord
est neutre Ce sont les trois aspects de l'énergie.
Puissent les sorciers atomiques tolérer notre incursion dans leur
domaine, mais ils n'ont pas encore compris la Nature comme
étant faite à l'image de Cela, le Même, Dieu, et ils n'ont pas encore
perçu le microscope fiable de la philosophie naturelle comme
supérieur au microscope électronique.
51
Décomposer par la force l'agrégation matérielle, c'est libérer
son « vide », cette énergie qui sera nécessairement
immédiatement repolarisée. Libéré arbitrairement, il reste lié à
la chose naturelle et, comme une pieuvre, va s'accrocher à tout
ce qui l'entoure. Mais appartenant à l'Origine, cette énergie peut
agir même sur les éléments de permanence innés dans la
substance des êtres.
En revanche, cette libération peut se produire dans
cours d'une genèse naturelle qui tend toujours vers le retour à
la source originelle et, par cette voie, atteint son but en incluant
toutes les consciences innées.
Alors la dualisation originelle prend fin ; la multiplicité et la
variété ne sont plus nécessaires ; l'énergie n'est plus polarisée
et devient Feu bienfaisant, conscient, créateur, générateur.
52
13
La conscience innée est inscrite dans la matière et subit
toutes ses transformations, naissance et mort, tout en
conservant ses caractéristiques essentielles, qui se
transmettent.
La conscience vitale est inscrite dans l'essence
immortelle de la forme matérielle, ce qui signifie que le
pouvoir causal, à travers le moment de la prise de
conscience de toute la Nature, cherche la possibilité de
sa relibération ou conscience de soi, audelà de l'instrument matériel.
Prenons un exemple dans l'illustration suivante.
Directement ou indirectement, le rayonnement solaire est ce qui fait
la plante. Ce rayonnement fait un pin ou un épi de blé. Le
rayonnement est impartial et universel, mais à travers la graine, il
est spécifié comme pin ou blé.
A partir de ce moment, il se caractérise par la conscience innée
particulière d'une de ces plantes.
Lorsque ce même rayonnement retourne à sa source, après avoir
traversé sa forme matérielle, il porte cette conscience innée. Ce
n'est pas possible pour une conscience particulière qui ramène
toujours le rayonnement caractérisé par ce qui est de la nature du
pin ou du blé : l'universel dans son retour exige l'universalité des
expériences pour une conscience universelle.
53
Puisque le rayonnement en luimême est non spécifié, c'est donc dans
la semence engendrée que se fixe le caractère, et c'est lui qui doit se
transformer dans la genèse universelle.
Fixée sous une forme matérielle, la graine est la partie qui retient la
conscience acquise. Inversement, on peut dire : c'est la partie fixe
indestructible et immuable d'une chose qui représente le germe des
continuations dans le cycle de la genèse cosmique, et attire à soi le
rayonnement suivant pour en faire un nouvel individu. point fixe spécifié
sélectionne nécessairement le rayonnement, tout comme les feuilles et
les pétales colorés d'une plante sélectionnent les rayons lumineux.
Cette sélection constitue l'adaptation du rayonnement à la conscience
innée, que ce soit du pin ou du blé. Par conséquent, ni l'un ni l'autre
n'est le rayonnement total, universel, le chemin évolutif vers cette
conscience universelle que cette semence particulière doit poursuivre.
Ainsi cette genèse s'opère dans la fixité de
matière.
Au niveau de l'animal humain, toutes les possibilités d'évolution de la
conscience matérielle sont épuisées. Il
il s'agit alors soit d'une continuité physique (la légende du Juif errant),
soit d'un nouveau baptême de l'esprit, permettant au rayonnement
originel de se libérer de la matière, toutes expériences épuisées, ce qui
signifie qu'aucune autre sélection n'est à faire dans la matérialisation
de ce rayonnement : il est reçu dans son universalité.
*C'est le sens du ka égyptien.
54
La continuité physique fait une sélection, la relibération ne le fait plus.
(Les apôtres parlent en toutes langues après la descente du Saint
Esprit.)
C'est un moment de grâce.
Cette grâce est offerte à tout homme vivant : il lui suffit d'utiliser ses
facultés acquises pour y devenir réceptif.
C'est le souffle inspiré de l'âme vivante, reçu par le père, Adam, et
conservé à l'état de sommeil dans sa descendance.
C'est là que peut se produire la seule mort possible : il existe la
possibilité d'une désintégration entre l'être humain et l'âme vivante.
Cette mort implique le reniement conscient de cette âme vivante,
également connu sous le nom de péché contre le SaintEsprit, le plus
impardonnable des péchés.
L'éveil est l'éveil de l'intelligenceducœur. La raison est née avec
nous. Si nous lui donnons la prépondérance sur l'intelligence cérébrale,
sur le mental, elle nous dira tout, car c'est l'intelligence du
univers.
Les étapes de cette libération sont donc des étapes de fusion.
L'inscription n'est plus séminale ; ce n'est qu'un degré de détachement.
Maîtrise du corps et de tous ses membres, maîtrise de la pensée,
maîtrise des passions, ne sont que les étapes d'une libération qui
permet à cette âme, comme dans le sommeil naturel, de vivre en pleine
conscience, sans
55
instrument matériel, hors du sommeil définitif de notre
corps actuel.
Réussir à "dormir" donc à l'état de veille est la véritable
clairvoyance de l'intelligenceducoeur. *
* Dans Journey Into the Light (New York : Inner Traditions, 1984), Isha Schwaller
de Lubicz définit divers aspects de la conscience innée, et les doubles aspects
de l'âme immortelle comme la « conscience humaine »,
"Témoin permanent" et "Témoin spirituel".
56
14
La faculté « d'entendre » l'instinct et de le traduire dans le
cerveau est l'intuition. Cette faculté de traduire constitue
l'intelligenceducœur.
L'intelligence du cœur est ce qui permet à l'homme d'avancer
vers la libération. C'est à l'intelligence du cœur que l'Écriture
ou la tradition orale d'un enseignement ésotérique s'adresse
et est formulée de la manière la plus conforme à cette faculté,
même au risque de paraître irrationnelle.
Si nous pouvons empêcher l'intervention du raisonnement, cette faculté
qui nous distingue de l'animal proprement dit et dont nous abusons sans
cesse, alors la simple intelligence cérébrale ne fait que traduire la
conscience innée, comme dans le cas de l'instinct animal.
Nos sens suffisent à l'observation des instincts
effets. Ils sont en contact avec les quatre principaux
éléments qui sont les constituants de la Nature.
Mais pour connaître la conscience innée, il faut l'écouter, se servir du
sens spirituel qui est l'Ouïe ; de même, le pouce sert de doigt de l'esprit
par rapport aux quatre doigts (élémentaires) de la main.
C'est difficile, voire impossible, à expliquer. Entendre ce qui n'est rien
d'autre qu'un silence physique (la voix
57
du silence) est la faculté qui rend possible la traduction.
C'est l'intelligenceducœur qui apparaît comme intuition, connaissance
inhérente de ce que le cerveau n'a pas encore classé comme
connaissance apprise.
Dans chaque situation de la vie, nous ressentons une émotion. Cette
émotion doit être entendue ; nous devons centrer l'ouïe sur l'émotion
afin d'être conscient de notre attitude instinctive face au moment vital
en question.
Dès cet instant, nous savons ce que cela veut dire ou, moins
subtilement formulé, nous avons une intuition de la réponse à la
question qui s'est posée.
L'intuition signifie entendre la voix du silence qui parle dans toute la
nature vécue, innée en nous, avec un vacarme cosmique.
L'intelligenceducœur, c'est savoir traduire ce bruit.
Ainsi, le but des textes initiatiques est bien moins logique que de
provoquer des chocs, des réactions émotionnelles ou de gratter le
besoin cérébral de logique séquentielle.
Paradoxe, images improbables, juxtaposition de phrases sans lien
sont librement employées. Les textes font appel à la sensation, à un
sentiment de sensibilité émotive.
L'expression la plus vraie, l'expression fondamentale, pour ainsi dire,
est fournie par le Nombre. La faculté d'énumérer est connaissance a
priori, conscience innée de la Nature : la dualité est relation ; ça
compte. Une molécule compte ses affinités selon sa valence. Une
plante cherche son soutien et pousse vers le haut : tous les discrimi
58
la nation compte. Un animal compte ses petits. Mais
il y a des limites caractéristiques à l'état conscient, à
l'expérience innée dans chaque entité. La science du Nombre
n'est pas celle des chiffres, pas même celle des proportions
qui constituent la géométrie ordinaire. Qu'on cherche des
combinaisons et des séries, même avec le fameux Nombre
d'Or, ou Nombre d'Or, l'ésotérisme des Nombres ne nous
sera jamais révélé que
chemin.*
Le nombre est vivant, une expression de la vie, et parle
directement à l'intelligenceducoeur. Son véritable secret
réside dans le devenir du Un en Deux.
* Nous suggérons aux vrais amoureux de l'ésotérisme de la Section d'Or d'étudier
l'Egypte ancienne. Ici Phi et toutes ses applications, y compris le développement
de 6 x phi2 /5 qui joue le rôle de Pi, sont appliqués avec une vraie connaissance
de
Nombre dont l'Occident — même à la Renaissance — ignorait. Seuls les initiés de
la grande mais brève "époque gothique" peuvent être considérés comme
directement liés aux sages pharaoniques.
59
15
L'univers rationnel et l'univers métaphysique n'existent
pas en tant qu'entités essentiellement différentes, mais il
y a esprit ou Parole triple. De même, il n'y a pas
l'énergie et la matière, il y a l'espritsubstance et la forme.
Il n'y a pas de microcosme et de macrocosme, il y a
l'esprit et la vie. Il n'y a pas deux rives d'un fleuve, il y a
la terre et le fleuve qui y coule d'où vient la terre, de
même que l'esprit — ou la substance — produit la matière
par l'action de la forme.
Les apparences sont relatives, donc passagères.
La conscience innée dans la matière n'est qu'une
succession de phases où l'esprit prend conscience de
luimême dans toutes les possibilités de ses réflexions.
Lorsqu'il n'y a plus de réflexions possibles, il
est l'immortalité consciente.
Ce d'où vient une chose est ce à quoi elle retourne. Pourtant, aucun
cycle dans la Nature ne se ferme à son point de départ exact ;
autrement la Nature serait absolue, et il n'y aurait ni devenir ni retour.
Le retour à l'origine est
donc seulement absolu pour la Cause causale. Ce n'est pas un cycle
infini puisque l'infini, l'irrationnel, est indéfini, alors que le retour à
l'origine est précisément le cycle qui définit la Nature. Rien, pour
nous, n'est plus défini que le cycle absolu, irrationnel, puisque celui
ci est
61
ce qui fait la Nature, l'univers sensible, pour lequel dans lequel
aucun cycle ne peut être absolu.
On ne peut jamais penser sans diviser pour comparer. L'infini
est incompréhensible ; par conséquent, nous souhaitons ce
qui est défini. Nous sommes dans le cycle de la Nature, qui est
le cercle du devenir et du retour. Si nous le brisons, l'anneau est
un début et une fin à chaque instant, et cette rupture est ce que
réclame notre intelligence cérébrale.
La raison, au contraire, peut concevoir cet anneau et l'affirmer,
comme elle affirme la spirale sphérique dans le cas du
gonflement d'un volume sphérique, puisque le développement
radial rend cette expansion impossible. Pourtant, là encore,
nous ne pouvons comprendre que la spirale plane.
La raison impose la notion d'une unité indivisible, ce qui est
absurde pour l'intelligence cérébrale.
La raison procède par affirmation ; elle n'explique pas, puisqu'elle
est connaissance innée, implicite en tout et en nousmêmes.
L'homme est un cosmos, le cosmos. Il n'y a rien au monde qui
ne soit en lui, soit en puissance, soit en fait. La forme matérielle
de l'homme est l'anneau éternel qui, par la naissance et la mort,
manifeste la rupture. Cette rupture n'affecte que l'aspect naturel ;
le cercle subsiste toujours : rien n'est plus fixe que le vide, rien
de plus stable que le cycle du devenir et du retour, le cercle
absolu. Notre glissement sur cet anneau, qui est la genèse du
devenir et la genèse du retour, nous donne
62
l'illusion du mouvement, et attribue à ce cercle une grandeur dans
le temps.
La rupture provoque réflexion, réaction. Un circuit électrique ou
magnétique ne produit un phénomène que par interruption. Tout
représente un circuit électrique ou magnétique ininterrompu,
puisque toute rotation produit un axe magnétique et un équateur
électrique, et que tout bouge : corporellement dans ses atomes ou
molécules, vitalement dans le cycle naturel. Les brisés
circuit fait un pôle aller ou positif, et un pôle retour, relativement
négatif qui est le reflet du premier. Le cycle tend toujours à se
refermer puisque l'anneau dans son essence est éternel, et le lien
joignant les extrémités corporelles de la rupture est le phénomène,
l'apparition du circuit.
Ainsi l'homme est une apparition dans l'instant, le site de l'anneau
éternel se manifestant maintenant dans l'être humain. Ce n'est
qu'un subterfuge dialectique de comparer un microcosme à un
macrocosme pour montrer l'influence céleste sur les choses
sublunaires, les choses qui la subissent. Car rien ne peut être
soumis à quelque influence que ce soit si le sujet n'est pas de
même nature que l'influence. Un bâton est impuissant contre
l'esprit, l'idée parle à l'idée, la raison à la raison, le raisonnement
au cerveau. L'univers stellaire n'a aucune influence sur
la terre, parce que celleci est de nature identique aux cieux, avec
leur harmonie et leur substance ; et ça
l'identité du ciel et de la terre est l'arcane.
S'il y avait une différence, l'homme le microcosme serait
63
une quantité moindre que l'homme macrocosmique. Mais la
taille n'existe pas pour la qualité pure. Un chien n'est pas un
microcosme, c'est un élément, un organe, un aspect de celuici,
pas une partie, mais un état transitoire de celuici. L'homme, au
contraire, est une totalité et, pour cette raison, il est luimême le
cosmos. Cette plénitude en lui est virtuelle ; elle devient effective
lorsque sa conscience est libérée des contingences mortelles,
se réalise comme intelligenceducœur, libre de toutes les
comparaisons nécessaires ; la conscience en soi, sans autre
réflexion, donc sans rupture : l'anneau fermé, tout le phénomène
cosmique.
64
16
Tout dans l'univers représente l'une des possibilités
imminentes dans la Source ou la Parole ou le triple
Logos. On pourrait aussi dire "énergie".
Ainsi chaque chose est l'image ou l'expression ou
l'écriture de cette possibilité : meduNeter (sous forme
graphique, les hiéroglyphes). Pour transcrire la
conscience, on peut utiliser l'image ou le hiéroglyphe,
ou bien créer une écriture conventionnelle.
De même que l'arbre est virtuellement, sous une forme idéale,
contenu dans la graine, de même l'univers est contenu dans le
triple Verbe de l'Origine omniprésente. Toutes les formes de
graines sont matérialisées dans l'Arbre du Monde, et chaque
partie est l'un des meduNeter, le signe écrit ou "baguette
runique", révélant l'idée. De cette manière, nous pouvons lire
possibilité, entité divine, à travers les manifestations de la Nature :
c'est l'Egypte. Chacun est deva, daimon, Neter, en tant que type
général. Pour exprimer une fonction, l'écriture ésotérique la plus
parfaite, la plus complète et vraiment irremplaçable est la
représentation picturale des choses, voire la synthèse des
caractères de diverses choses.
Lorsque ces meduNeter sont finalement organisés en un
système, un alphabet, une grammaire et une syntaxe, l'écriture
hiéroglyphique en est le résultat. Elle s'éloigne de la perfection
originelle, mais permet de s'adresser aussi aux noninitiés, avec
un minimum d'erreur, cabalistiquement.
65
instillant un sens possible avec une correspondance humaine
parallèle au sens ésotérique primordial.
Ce dernier n'est compréhensible que pour le lecteur bien
préparé. Le sens ordinaire est lisible pour tout le monde et sert
d'excellent guide, si l'on sait regarder derrière spécifiquement
pour le meduNeter.
Nous préférons utiliser les mots égyptiens meduNeter lorsque
parlant d'écriture ésotérique pour distinguer son intention de
celle du mot hellénisé « hiéro glyphe », qui renvoie à une
écriture complètement organisée et exotérique. * Mais les
figures hiéroglyphiques sont trop souvent considérées à tort
comme des symboles au sens ordinaire du terme, et une erreur
d'interprétation est par conséquent si facile à commettre qu'elle
est presque inévitable.
*Pour le déchiffrement de cette écriture, nous restons profondément
redevables à Champollion, érudit d'un vrai génie.
66
17
Le symbole est une représentation conventionnelle.
Le hiéroglyphe est unificateur direct, non conventionnel,
et seul un hiéroglyphe est capable de transcrire
directement l'intelligenceducœur et d'être ensuite
traduit par l'intelligence cérébrale. Toute autre méthode
d'écriture ésotérique nécessite soit l'élimination d'une
grande partie de la forme grammaticale, laissant au
lecteur le soin de saisir le sens des mots.
sans imposer de cadre de référence ou bien recourt
à des dispositifs tels que l'allégorie, la métaphore, la
parabole, le jeu de mots ou la cabale phonétique.
Dans son sens originel, le mot "symbole" est synonyme de
"coïncidence", ou complément de
deux parties d'un tout. Au sens large, il en est venu à signifier
convention. Dans ce dernier sens, il ne peut plus s'appliquer aux
signes hiéroglyphiques. Une image n'est pas la représentation
conventionnelle d'un objet ; il évoque l'objet tel qu'il est représenté
par ses traits typiques ou ses caractéristiques essentielles.
Utilisée de cette manière, même la couleur n'est pas
conventionnelle pour la végétation florale, car celleci est verte,
tout comme la mousse et le mildiou.
Chaque couleur répond ainsi à une phase de genèse, et se
rattache aux deux lignes principales de l'ensemble de la Nature,
que représentent les deux couronnes d'Egypte. Les formes
étranges de ces couronnes devraient attirer l'attention sur leur
signification réelle et non conventionnelle.
67
L'écriture hiéroglyphique pharaonique dans son essence n'est pas
conventionnelle, tant qu'elle est meduNeter.
Un degré de conventionnalité entre cependant dans l'écriture
exotérique organisée, mais le choix conventionnel est toujours fait
avec beaucoup de soin afin de ne pas trop s'éloigner du sens
ésotérique. Icibas, rien n'est absolu. L'écriture picturale est le seul
moyen de transmettre une pensée directement à l'intelligencedu
cœur. Un enfant lit des images sans connaître les mots qui
retranscrire intelligemment aux autres ce qu'il vit. Un enfant essaie
toujours de s'exprimer par des gestes ou des actions. Il est beaucoup
plus près de la vérité que le savant, pour qui les mots à sens fixe ne
sont que des sons alignés d'une manière plus ou moins agréable.
Hélas pour notre littérature !
L'idéogramme conventionnel est lisible dans toutes les langues.*
L'écriture hiéroglyphique ne peut pas être lue de cette façon. Il
exige d'être lu pour ce qu'il exprime en particulier et d'être transcrit
plus tard — du mieux qu'on peut. Ce
le langage parlé, comme l'écriture, est basé sur la gnose.
Chaque lettre, chaque racine obéit à une loi naturelle, une loi exacte
et vivante. Aucune lettre ne peut être prononcée sans mettre en action
des centres nerveux spécifiques. Il y a donc une raison vitale pour
construire leur séquence « alphabétique », et une loi définie pour les
relier par des racines.
De plus, pour s'exprimer en alpha
* A cet égard, en dehors d'une langue universelle, les EtatsUnis d'Europe ne se
concrétiseront jamais sans une écriture idéographique unificatrice.
68
langues bétiques composées de signes conventionnels, les
sages ont toujours employé le subterfuge. La méthode la plus
parfaite, à cet égard, est celle que l'on trouve dans les textes
sacrés originaux de l'Inde, et dans les Livres de
Moïse, avant l'introduction des voyelles mères, puis des points
vocaux, pour fixer le son des voyelles vagues et non écrites.
Les noms, généralement sans liens entre eux, forment une
sorte d'écriture télégraphique. Le lecteur doit assembler le sens
de ces mots selon ce qu'il « entend » ou « comprend ».
L'homme sera toujours égaré par la
sens logique d'une idée, de la même manière qu'il sera
beaucoup plus attiré par une recette que par la philosophie.
L'immédiat est facile, l'utile nous attire facilement, mais penser
est fastidieux ; l'inutile irrite le paresseux. L'oisiveté et l'inertie
régissent toute la Nature qui, en l'absence d'un nouvel élan
d'énergie, dégénère, suit le chemin de la moindre résistance,
se désagrège, se dégrade et tombe. Ceci s'applique à toutes
choses.
Par conséquent, si nous voyons la génération d'une vie, cela signifie que
quelque chose de nouveau a été introduit.
La parabole littéraire est comme la parabole géométrique : un
foyer au centre et d'innombrables rayons parallèles qui y sont
concentrés par réflexion. L'allégorie, au contraire, tourne autour
du centre comme un chat autour d'une assiette trop chaude.
L'allégorie est trompeuse voire enfantine lorsqu'elle se veut
sincère. La métaphore est une astuce indigne de l'ésotérisme.
Le jeu de mots demande beaucoup d'érudition et de
connaissances étymologiques. Ce moyen est le plus proche de
la Kabbale. Il peut être construit sur la relation phonétique.
69
18
La Kabbale, en tant que révélation du sens ésotérique
du Testament de Moïse, a donné naissance à une très
fausse notion d'ésotérisme. La Genèse de Moïse
comporte un ésotérisme, mais il est écrit dans un
style historique qui satisfait l'intelligence ordinaire et
se retrouve aussi dans la clé évangélique : la Passion.
La Kabbale, au contraire, parle de l'histoire
métaphysique de cette Genèse, comme le fait
l'Apocalypse dans les Evangiles.
Il y a un parallélisme entre ces deux modes de
révélation, même s'ils sont fondamentalement très
différents.
Ni la Kabbale ni l'Apocalypse ne sont une explication
de l'ésotérisme du texte principal,
mais un autre aspect de ce texte. L'ésotérisme ne
s'explique et ne peut être énoncé : il s'agit de la
conscience du disciple et non d'une doctrine.
Cabale, ou révélation, est devenue synonyme de mystère et
d'intrigue. Revenant à la vraie signification de ce terme, nous
trouvons qu'il y a aussi une cabale égyptienne, bouddhiste et
chrétienne.
La cabale égyptienne comprend les textes des pyramides et ce
qu'on appelle l'histoire du Dwat, le livre de
le mort.
71
C'est le récit de l'âme : une analyse des dissociations et des
affinités, du but de l'effort de rétention de l'âme, des
conséquences malfaisantes ou bienfaisantes des actes des
vivants.
C'est vraiment une science psychospirituelle. En Egypte, elle
prend le caractère d'un savoir complet, fondé sur une science
sacerdotale. Dans le bouddhisme, du fait de l'absence de mythe
fondamental, il prend un caractère plus littéraire.
Il existe une parenté étroite entre la cabale pharaonique et
brahmanique.
La Kabbale hébraïque, révélation de l'enseignement mosaïque,
vient d'Egypte et garde une parenté avec cette origine, quoique
modifiée par la nature de la mission juive et par plusieurs
Commentaires.
Chacun des Textes des Pyramides est complet en soi. Ils se
superposent pour donner différentes nuances de sens à certains
passages, la clé de ces modifications
étant donné par la signification du nom du roi.
Quant à la cabale chrétienne, considérée dans ce contexte, elle
a vécu ce qui arrive aux gens qui vivent ensemble tout le
temps : à force de se voir si souvent, ils ne se connaissent plus.
Il semblera toujours plus attrayant et romantique de parler d'un
Maître en Inde que d'un saint occidental. Le monde astral
suscite beaucoup plus de curiosité qu'une étude du Purgatoire,
et
bientôt.
72
En effet, le caractère asexué du mythe chrétien a teinté tout son
enseignement d'une sorte d'inhibition sexuelle qui écarte la cabale
chrétienne des contingences de la vie d'icibas. De plus, son caractère
purement moral étouffe la base de la gnose, aussi complète ici qu'ailleurs.
Ceci est en contraste frappant avec le noir atlante
cabale, basée entièrement sur le sexe, c'estàdire sur la sexualisation ou
la dualisation de la Cause causale, Dieu uniquesingulier et Inconnaissable.
Il est tentant, surtout dans le monde chrétien, d'étiqueter cette théologie
magie noire, la magie du mal, qui est aussi inepte que de condamner nos
parents à l'enfer pour nous avoir conçus dans le péché. Si les premiers
chrétiens avaient suivi les conseils de chasteté de saint Paul, personne ne
serait resté pour
propager la nouvelle foi.
Le chercheur de Dieu devrait regarder Son Œuvre ; c'est le Livre qu'il faut
apprendre à lire en brisant les sept sceaux. Le mal est à l'origine, dans la
conscience, quand le savoir devient savoirfaire, et l'intelligenceducœur
tombe dans « le laboratoire du diable », dans ce cerveau, imitateur de
l'Œuvre créatrice.
Il y a bien plus de mal réel dans notre science rationnelle que
dans les rites sexuels de la grande forêt africaine.
Une cabale n'est pas l'ésotérisme des textes sacrés. C'est l'histoire de la
conscience de l'âme. L'histoire est succession dans le temps. L'ésotérisme
est intelligenceducœur, vision spatiale, identité fusionnée, horstemps, ex
stase.
73
19
L'ésotérisme n'est pas un sens particulier caché dans un
texte, mais un état de fusion entre l'état vital du lecteur et
l'état vital de l'auteur : ceci au sens d'une vision spirituelle,
spatiale, synthétique.
qui disparaît précisément au moment où la pensée devient
concrète.
Ainsi l'enseignement ésotérique est strictement évocation,
et ne peut être rien d'autre que cela. L'initiation ne fait pas
résider dans n'importe quel texte, mais dans la culture de
l'intelligence du cœur. Alors il n'y a plus rien d'occulte ni
de secret, car l'intention des éclairés, des prophètes et
des « messagers d'en haut » n'est jamais de dissimuler,
bien au contraire.
Cette dernière affirmation n'a pas besoin de commentaires supplémentaires.
Tout ce que ces simples remarques pourraient contenir a déjà été dit.
Puissent les hommes de notre temps, qui en raison des prétendus
conforts tirés de leur technologie scientifique, plongent de plus en
plus profondément dans la matière, comprendre que si la fin de la vie
corporelle est la mort, la fin de ce qui constitue la vie du corps est de
survivre et de se libérer de ce qui est mortel.
75
19
L'ésotérisme n'est pas un sens particulier caché dans un
texte, mais un état de fusion entre l'état vital du lecteur et
l'état vital de l'auteur : ceci au sens d'une vision spirituelle,
spatiale, synthétique.
qui disparaît précisément au moment où la pensée devient
concrète.
Ainsi l'enseignement ésotérique est strictement évocation,
et ne peut être rien d'autre que cela. L'initiation ne fait pas
résider dans n'importe quel texte, mais dans la culture de
l'intelligence du cœur. Alors il n'y a plus rien d'occulte ni
de secret, car l'intention des éclairés, des prophètes et
des « messagers d'en haut » n'est jamais de dissimuler,
bien au contraire.
Cette dernière affirmation n'a pas besoin de commentaires supplémentaires.
Tout ce que ces simples remarques pourraient contenir a déjà été dit.
Puissent les hommes de notre temps, qui en raison des prétendus
conforts tirés de leur technologie scientifique, plongent de plus en
plus profondément dans la matière, comprendre que si la fin de la vie
corporelle est la mort, la fin de ce qui constitue la vie du corps est de
survivre et de se libérer de ce qui est mortel.
75
Le moyen d'atteindre ce but n'est pas plus difficile qu'il ne l'est
à vivre. Pourtant, c'est précisément ce que peu de gens savent
faire. La plupart ne s'occupent que de se distraire, de passer le
temps qui les sépare de l'heure de la mort qu'ils redoutent tant.
Vivre n'est pas travailler. Si nous sommes condamnés à
travailler pour entretenir notre vie, cette peine constitue la
souffrance par laquelle nous devons acquérir l'intelligencedu
cœur qui est, en soi, le but spirituel de notre vie.
Fonder l'existence sur le travail est aussi stupide que fonder la
société sur des principes économiques. L'amour de la tâche
rend le travail joyeux, et un bon ordre économique est un
résultat secondaire. La mécanicité, émanation d'une conscience
faussée, ainsi que l'argent sans valeur, ont été la cause et le
moyen d'action de dirigeants ambitieux pour entraîner notre
monde dans les profondeurs de la misère.
Il en résulte une réaction qui trahira les attentes de ces maîtres
égarés. L'étincelle divine sommeille toujours dans l'homme, et
lorsqu'elle est animée d'un souffle nouveau, elle est irrésistible.
Nous avons tenté ici d'exposer quelques idées sur le sens de
l'ésotérisme ; il n'y a pas de mots pour le faire
plus clair. Souvent, les idées ne sont ni expliquées ni même
liées : acceptez le fait que c'est bien qu'il en soit ainsi.
Quant aux mots, leur sens doit parfois être lu de différentes
manières : la langue du meduNeter n'est pas dans le
dictionnaire des idées momifiées.
76
Les philosophes des temps modernes auront du mal à s'entendre
sur le sens dans lequel des mots tels que « intelligence », «
raison », « compréhension », « conscience », etc., doivent être
pris. Leur pensée ne manque pas de puissance et de subtilité,
mais ils n'ont aucune connaissance de la genèse.
Pour élargir le vocabulaire, les idées doivent jaillir de la conscience.
Il est donc vain de chercher à enrichir notre collection de mots
vides de sens, même si le besoin s'en fait sentir.
Nos philosophes peuvent élaborer des systèmes philosophiques
et pousser l'analyse aussi loin qu'ils veulent ; cependant, pour
surmonter les obstacles devant eux, ils seront toujours forcés de
recourir à la foi (affirmation indémontrable), ou bien à la négation.
Cette dernière voie est la plus facile et plaît aux partisans de la
paresse et de l'impuissance, qui l'expriment par l'athéisme ou
l'indifférence rationnellement justifiée.
Toute philosophie spéculative est vaine ; toute explication de la
vie, de son origine et de sa fin, ne peut jamais être que le tour d'un
point central logiquement indéfinissable.
Une telle recherche n'est pas stérile mais doit cesser lorsque la
raison acquiert la certitude que ce point existe. Sinon, ce sera
sûrement une errance dans un brouillard de suppositions par mille
chemins qui ne mènent nulle part.
Comment alors s'exprimer clairement ?
Par l'image et par le mythe, comme l'ont fait les sages de tous les
temps. La façon la plus subtile de dire la vérité est d'être
77
trouvé dans la pure doctrine du Tao; mais en dehors des
directives générales qui en découlent, le Tao Te
Ching est inaccessible même aux Chinois les plus érudits de
nos jours. Un principe symbolique (voire hiéroglyphique) a guidé
l'établissement de l'idéogramme chinois, et on y retrouve
l'expression ésotérique. Celleci s'est perdue en adoptant la
convention idéogrammique, de même que l'écriture hiératique
fait oublier son origine hiéroglyphique dans les adaptations
alphabétiques qui en découlent.
à partir de là.
Partout ailleurs, on retrouve le mythe : brahmanique, judaïque,
chrétien.
Que les chrétiens ne nous accusent pas d'essayer de nier
l'existence d'une réalité historique. De notre point de vue, le
mythe est une réalité, pas une convention. C'est la
représentation du principe naturel, ce qu'il ne peut être « en
vérité » sans recourir au fait naturel. Que ce principe prenne
alors une forme de synthèse, c'estàdire qu'il devienne une
incarnation, n'a rien d'extraordinaire. La pensée d'une époque
son caractère est
pas un fluide projeté dans toutes les directions de l'espace.
C'est l'Idée insituable, qui prend une forme mentale et aussi
corporelle lorsque l'instrument de sa manifestation est donné
par la préparation, à savoir l'intelligenceducœur et la genèse
cosmique. Ainsi l'Idée jaillit sous forme d'idées de toutes parts,
simultanément.
La fin de l'Egypte pharaonique est la fin d'un cycle cosmique,
et non la fin d'un royaume. Osiris, par Isis Marie, engendra
HorusChrist, déjà annoncé,
78
contenus et connus dans l'ésotérisme pharaonique. Le temps
(phase de la genèse cosmique) étant arrivé avec le signe des
Poissons le Poisson, l'Enfant Divin est né. Il est né de l'esprit, il
est né de la nécessité engendrée par la chute du Verbe dans la
matière. Dans la Nature, par la rotation des cycles du monde et
au moyen de la connaissance mentale, la rupture de l'équilibre
primordial devient la conscience de soi, l'unification consciente
de l'Etre en soi. Ce qui était virtuel est devenu réel par
l'accomplissement de tous les aspects possibles de la forme.
Mais JosuéJésus est tombé du ciel dans la pleine perfection de
la forme finale de la Nature,
et c'est l'annonce d'une fin.
Louxor, Égypte
Noël 1947
79
Une note sur les travaux de
RA ET ISHA SCHWALLER DE LUBICZ
Après de nombreuses années d'étude de l'héritage médiéval dans les domaines
religieux, hermétiques et ésotériques, et leur manifestation dans les cathédrales
gothiques, RA et Isha Schwaller de Lubicz ont fait l'expérience d'une reconnaissance
de cette même expression dans les monuments des Pharaons.
Leur travail représente la première percée importante dans notre compréhension de
l'Égypte depuis que Champollion a déchiffré la pierre de Rosette. Cette pénétration
du symbolisme des monuments et leur lecture intuitive des glyphes situent l'Egypte,
et non la Grèce, comme le berceau de notre héritage occidental. Le travail des de
Lubicz sert de guide qui initiera le lecteur au ton, à la structure et à la mentalité
authentiques de la sagesse égyptienne.
RA et Isha Schwaller de Lubicz étaient maîtres d'un large éventail de connaissances.
Pourtant, ce n'est pas la compréhension des de Lubicz des nombreux départements
de la connaissance seule qui est magistrale, mais leur compréhension transcendante
qui les qualifie pour remettre en question les réalisations de notre civilisation. Le
travail de RA et Isha Schwaller de Lubicz offre une direction non seulement au
chercheur spirituel, mais aussi au scientifique et au philosophe.
"En tant qu'homme contemporain de la Renaissance, RA Schwaller de Lubicz, qui
dans sa jeunesse a étudié la peinture avec Matisse, peut tomber dans cette catégorie
de génie partagée par des sommités telles que Rudolf Steiner et Emanuel
Swedenborg. Il a combiné les talents de réformateur social, d'artiste, de scientifique ,
visionnaire et mystique pour formuler des idées qui étaient si en avance sur leur
temps qu'elles semblaient condamnées, jusqu'à récemment, à être ignorées."
Est Ouest
LIVRES D'INTÉRÊT CONNEXE
LE TEMPLE DE L'HOMME
par RA Schwaller de Lubicz
LES TEMPLES DE KARNAK par RA
Schwaller de Lubicz
LE TEMPLE DANS L'HOMME
Architecture sacrée et l'homme parfait par RA
Schwaller de Lubicz
LE MIRACLE ÉGYPTIEN Une
Introduction à la Sagesse du Temple par RA Schwaller
de Lubicz
LA SCIENCE SACRÉE
Le roi de la théocratie pharaonique par
RA Schwaller de Lubicz
L'OUVERTURE DE LA VOIE
Un guide pratique des enseignements de sagesse de l'Égypte ancienne
par Isha Schwaller de Lubicz
HERBAK
Le visage vivant de l'Egypte ancienne
par Isha Schwaller de Lubicz
HERBAK
Initié égyptien par
Isha Schwaller de Lubicz
UNE ÉTUDE DES CHIFFRES
Un guide pour la création constante de l'univers par RA
Schwaller de Lubicz
HATHOR RISING Le
pouvoir de la déesse dans l'Égypte ancienne par
Alison Roberts, Ph.D.

Esoterisme Et Symbole (Traduction) - R. A. Schwaller de Lubicz

Transféré par

Informations du document

Titre original

Copyright

Formats disponibles

Partager ce document

Partager ou intégrer le document

Options de partage

Avez-vous trouvé ce document utile ?

Ce contenu est-il inapproprié ?

Droits d'auteur :

Formats disponibles

Esoterisme Et Symbole (Traduction) - R. A. Schwaller de Lubicz

Transféré par

Droits d'auteur :

Formats disponibles

Machine Translated by Google

Machine Translated by Google

Vous aimerez peut-être aussi