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LIVRE
[9]
PRÉFACE
AVANT-PROPOS
1
Le Plan Astral.
Pour l'étudiant en Théosophie, il est absolument nécessaire de bien
saisir cette grande vérité, qu'il existe dans la nature différents plans ou
divisions ; chacun possède une densité de matière qui lui est propre,
laquelle s'interpénètre toujours avec celle du plan immédiatement
inférieur. Il faut bien comprendre aussi que les expressions "supérieur" et
"inférieur" que nous appliquons à ces plans, ne se rapportent pas à leur
position (puisqu'ils occupent tous le "même" espace), mais seulement à la
densité de [13] leurs matières respectives ou, en d'autres termes, aux
subdivisions de cette matière. En effet, tous les types de matière connus
sont essentiellement identiques, et ne diffèrent que par leur degré de
subdivision et leur vitesse vibratoire.
Dire d'un homme qu'il passe d'un de ces plans à un autre, n'implique
donc jamais qu'il effectue un mouvement dans l'espace (de notre plan
physique), mais signifie simplement qu'une modification de sa conscience
a lieu. Tout homme possède en effet en lui de la matière propre à chacun
de ces plans et, pour chacun d'eux, un véhicule correspondant qu'il pourra
employer après en avoir appris l'usage. Passer d'un plan à un autre signifie
par conséquent transférer le foyer de la conscience d'un véhicule à un autre
et employer tantôt le corps astral ou le corps mental au lieu du corps
physique. Puisque chacun de ces corps ne répond naturellement qu'aux
vibrations de son propre plan. Si donc un homme "centre" sa conscience
sur son corps astral, il ne percevra que le monde astral – tout comme nous
ne percevons que ce monde physique-ci quand notre conscience n'emploie
que les sens physiques. Néanmoins, ces deux mondes (et bien d'autres
encore) existent, pleinement actifs en permanence tout autour de nous.
L'ensemble de ces plans constitue, en réalité, un tout immense et vivant,
même si nos maigres facultés ne peuvent en observer à chaque fois qu'une
infime partie.
Cependant, comme nous l'avons dit plus haut, chacun de ces trois
plans possède un état de matière dit atomique, lequel s'étend à l'échelle
cosmique : de sorte que les sept sous-plans atomiques de notre système
solaire (isolés des autres sous-plans, donc) peuvent être considérés comme
un unique plan "cosmique" – soit le niveau le plus bas de celui-ci, appelé
parfois le plan cosmique prâkritique.
Une bonne compréhension de ces faits évitera les erreurs que font
parfois les étudiants, confondant le plan mental de notre propre Terre avec
ceux des autres globes de notre chaine planétaire – lesquels existent, quant
à eux, sur le plan mental. Retenons que les sept globes de notre chaine sont
de véritables globes, occupant des positions déterminées et distinctes dans
l'espace, bien que certains d'entre eux ne soient pas sur le plan physique
(cf. illustration [17] 1). Les globes A, B, F et G sont séparés de nous et
séparés entre eux, tout comme le sont Mars et la Terre. La seule différence
est celle-ci : Mars et la Terre ont des plans physique, astral et mental qui
leur appartiennent en propre, tandis que les globes B et F n'ont rien
d'inférieur au plan astral, quand les globes A et G n'ont rien d'inférieur au
plan mental. Le plan astral étudié précédemment et le plan mental que
nous étudions ici ne valent que pour notre "propre" Terre et ne s'appliquent
en aucun cas aux autres planètes.
Le plan mental, sur lequel se déroule la vie céleste, est le troisième des
cinq grands plans qui, pour le moment, intéressent l'humanité ; au-dessous
de lui on trouve les plans astral puis physique, et au-dessus de lui les plans
bouddhique et nirvânique. C'est le plan sur lequel l'homme, à moins d'en
être encore aux débuts de son développement, passe le plus clair du temps
de son processus évolutif. En effet, sauf dans le cas d'une involution totale,
la durée de la vie physique va rarement au-delà d'un vingtième de la vie
céleste – et lorsqu'il s'agit de personnes correctement avancées, cette durée
en dépasse rarement un trentième. Car le plan mental constitue en fait la
demeure véritable et permanente de l'égo réincarné – ou âme humaine –
chaque incarnation ne constituant qu'un bref mais important épisode dans
sa propre vie. C'est pourquoi l'étude de la vie céleste mérite qu'on [18] lui
consacre tout le temps et l'attention nécessaires, afin qu'on la comprenne
au mieux pendant la durée de notre confinement dans le corps physique.
CHAPITRE PREMIER
—
CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES
S'il a le bonheur de compter parmi ses amis une personne dont le sens
supérieur soit éveillé, leur union sera d'une perfection impossible à
comprendre ici-bas. Pour eux, plus de distance ni de séparation ; leurs
sentiments ne sont plus cachés, ni partiellement exprimés en mots
insuffisants ; questions et réponses sont inutiles, car les images mentales se
lisent dès qu'elles se forment et l'échange des idées est aussi rapide que
leur apparition lumineuse dans le champ intellectuel.
LE MILIEU
2
1 Cor., II, 9.
Imaginez-vous vous-même, éprouvant la béatitude profonde et
l'extraordinaire augmentation de force que nous venons de décrire, flottant
dans un océan de lumière vivante, entouré de toutes les variétés de beauté
imaginables – formes et couleurs. Le spectacle se modifie à chacune des
ondes mentales projetées au dehors. À vrai dire – et l'observateur s'en
aperçoit bientôt – ce n'est là que l'expression de sa pensée projetée dans la
matière du plan et dans son essence élémentale : car la nature de cette
matière est en effet identique à celle du corps mental lui-même. Aussi,
quand les particules du corps mental vibrent pour former ce que l'on
nomme une pensée, celle-ci gagne immédiatement les particules
environnantes extérieures et y éveille des vibrations synchrones, tandis
qu'elle se reflète avec une fidélité absolue dans l'essence élémentale. Les
pensées concrètes prennent naturellement la forme de leurs objets ; les
pensées abstraites, au contraire, sont généralement représentées par toutes
sortes de formes géométriques, d'une perfection et d'une beauté extrêmes.
Souvenons-nous pourtant que beaucoup de pensées qui ne sont guère que
de pures abstractions ici-bas deviennent sur ce plan plus élevé des faits
concrets.
On voit ainsi que, dans ce monde plus élevé, toute personne désirant
pendant un temps réfléchir avec calme et s'isoler de tout ce qui l'entoure,
peut littéralement vivre dans son propre monde de façon ininterrompue,
auquel s'ajoute l'avantage de voir toutes ses idées défiler devant lui en une
sorte de panorama – poussées jusqu'à leurs conséquences [32] extrêmes. Si
la personne désire, par contre, étudier le plan où elle se trouve, il lui faudra
y suspendre très soigneusement toute activité mentale, afin qu'aucune
émission de pensée ne vienne affecter la matière très réactive qui
l'environne, ce qui corromprait les conditions de son étude.
Les pensées et les aspirations les plus élevées que l'homme aura
généré pendant son existence terrestre se groupent autour de lui et
l'entourent d'une sorte de coque, de monde subjectif qui lui est propre ;
vivant dans celle-ci pendant toute la durée de son existence céleste, il ne
percevra que très peu ou pas du tout les gloires véritables du plan
environnant – prenant ce qu'il en voit pour la totalité de ce qui s'y trouve.
L'ACTION DE LA PENSÉE
Il va sans dire que les pensées visibles sur ce plan ne sont pas toutes
directement adressées à autrui. Beaucoup ne sont projetées que pour flotter
là, comme suspendues : leurs formes et leurs couleurs sont d'une variété
quasiment infinie, si bien que leur étude constituerait une science à part
entière – et une science du plus haut intérêt. Leur description détaillée,
même en se bornant aux catégories principales, prendrait ici trop de place.
Empruntée à un article des plus éclairants sur ce sujet, et écrit par Mme
Besant pour la revue Lucifer (nom original de la revue théosophique [44]
anglaise The Theosophical Review) dans son numéro de septembre 1896,
la citation suivante donnera une idée de la classification à réaliser.
LES SOUS-PLANS
3
L'article en question a été repris et approfondi dans un ouvrage écrit par A. Besant et C.-W.
Leadbeater, Les Formes Pensées, paru aux Éditions Adyar.
est vivifiée et animée par une énergie qui s'y répand un peu comme une
lumière venue d' "en haut", d'un plan qui n'a plus rien de commun avec le
plan mental. Si nous descendons jusqu'à la subdivision suivante, deuxième
à partir du haut, nous constaterons qu'elle a pour énergie la matière de
notre premier sous-plan. Dit plus exactement, l'énergie hors plan plus son
revêtement du sous-plan s'additionnent, leur énergie commune formant
l'âme de la matière du deuxième sous-plan. De même la matière de la
troisième division sera triplement formée par l'énergie originelle et par les
deux voilages de celle-ci, lors de sa descente par le premier et le deuxième
sous-plan. Si bien qu'en descendant jusqu'à notre septième subdivision du
plan [48] mental, notre énergie originelle aura déjà été enclose ou voilée
par six fois – et sera par conséquent devenue d'autant plus faible et moins
active. Cette progression correspond exactement à l'obscurcissement
d'Atmâ, l'Esprit primordial, lors de la descente de son essence monadique
pour vitaliser la matière des plans du cosmos. Et puisque cette descente
atmique se produit fréquemment dans la nature, l'étudiant s'épargnera de
nombreuses difficultés en tentant de se familiariser avec cette idée (cf. La
Sagesse Antique, par Mme Annie Besant, p. 71, et la note de l'édition
française).
CHAPITRE II
—
SES HABITANTS
LES INCARNÉS
N'oublions pas que chaque être humain doit passer par les deux étapes
que sont la mort et la naissance – même si la plupart d'entre eux, encore
peu évolués spirituellement, en sont si peu conscients qu'ils traversent l'une
et l'autre en "rêvant", pour ainsi dire. Néanmoins, conscient ou non,
chaque être humain doit parvenir aux niveaux supérieurs du plan mental
avant de se réincarner ; et à mesure que son évolution progresse, ce contact
devient pour lui plus défini et plus réel. Non seulement la conscience de
l'égo s'y élargit à mesure qu'il y retourne après chaque incarnation, mais le
temps passé dans ce monde de la réalité s'accroit à chaque fois : car de fait,
sa conscience s'élève lentement et surement à travers les différents plans
de l'ensemble.
C'est par leur affection envers leur famille ou leurs amis que de
nombreux êtres humains accèdent à la vie céleste – ainsi que par leur
dévotion religieuse. Mais l'on se tromperait en supposant que toute
affection ou toute dévotion manifestée aboutit nécessairement post mortem
à la vie céleste. Car à l'évidence affection et dévotion se déclinent en deux
versions, l'égoïste et l'altruiste – on pourra logiquement soutenir que seule
la seconde peut qualifier ces qualités.
C'est pour cette raison que bon nombre d'égos arriérés – encore au
début de leur évolution – n'accèdent [63] jamais en pleine conscience au
monde céleste, tandis que la plupart y parviennent mais à peine, et pas au-
delà de ses sous-plans inférieurs. Bien entendu, chaque âme se retire sur
les niveaux supérieurs, vers sa véritable individualité, avant de descendre
vers une réincarnation – mais lorsque l'âme vit ce retrait elle n'expérimente
pas pour autant ce que nous appellerions une conscience. Ce sujet sera
développé lors de l'étude des plans "aroupa" ; commençons plutôt avec les
niveaux "roupa" qui les précèdent, de bas en haut – sous lesquels on trouve
donc la partie de l'humanité dont l'existence consciente, après la mort, est
quasiment limitée au plan astral.
Une expérience de courte durée, sans doute, et assez simple, mais plus
importante que cela semble d'abord ; car une fois éveillée en nous la
grande énergie spirituelle de l'oubli de soi, du désintéressement,
l'épanouissement qui en résulte dans le monde céleste tend à se renouveler.
Et si ce premier épanchement d'altruisme est encore de taille modeste, il
n'en communique pas moins à l'âme la teinte (à peine visible) d'une qualité
qui s'exprimera certainement dans la prochaine incarnation.
Voilà comment la bienveillance d'une pauvre couturière permit à
plusieurs âmes moins avancées d'accéder pour la première fois, et en
pleine conscience, à une vie spirituelle qui croitra désormais en force à
chaque nouvelle incarnation, influençant à [66] son tour de plus en plus de
vies terrestres à venir. Cette anecdote pourrait permettre d'expliquer
pourquoi les religions insistent tant sur la dimension humaine de la
charité : c'est-à-dire sur les liens directs que créent celui qui donne et celui
qui reçoit.
Mais ce n'est pas ce qui se produit ; car dans un cas tel que le nôtre,
l'homme doté de ses deux qualités affirmées se serait directement éveillé
au niveau de conscience le plus élevé des deux, celui du sixième [67] sous-
plan (et non au septième) – où, entouré de ceux qui lui étaient si chers, il
ferait preuve de la plus haute dévotion religieuse possible. Ce qui, en y
réfléchissant, semble assez logique ; car celui qui peut à la fois faire
preuve de dévotion religieuse et d'affection envers les siens pourra
légitimement être crédité d'une affection supérieure et plus élargie – à
laquelle ne peut prétendre celui dont le mental ne se développe que dans
une unique direction. Il en va de même à tous les niveaux : un plan donné
intègrera toujours les qualités du plan précédent plus celles qui lui sont
propres ; de sorte que ceux qui y résident possèdent (presque
immanquablement) ces qualités, mais plus accomplies que celles d'âmes
appartenant à un plan inférieur.
Mais si le septième sous-plan se caractérise par l'affection pour la
famille, il n'en découle pas que l'amour se confine à ce seul plan ; cela
indique plutôt que cette affection est la qualité principale de celui qui y
accède après la mort – une qualité sans laquelle il ne pourrait accéder au
monde céleste. Mais il existe un autre amour, bien plus noble et bien plus
grand que celui de ce niveau – et que l'on trouve bien entendu aux sous-
plans supérieurs.
Dans tous les exemples cités ils accédèrent à la vie céleste par leur
affection et leur altruisme naissants de fait, rien dans leurs vies
personnelles, hormis cela, ne pouvait leur permettre d'y accéder. Dans la
plupart des exemples observés sur ce plan, les images des êtres aimés
étaient loin d'être parfaites, de sorte que leurs véritables égos ou âmes ne
pouvaient s'exprimer à travers elles que très imparfaitement – même si
cette expression était toujours plus complète et plus satisfaisante que dans
la vie physique.
Il apparait donc clairement ici que plus l'homme progresse, plus ses
opportunités se multiplient, venant de toutes parts. Non seulement ses
progrès tendent à le rendre plus aimé et plus respecté de la plupart, mais ils
multiplient aussi les images-pensées fortes à sa disposition sur le plan
mental. De plus il augmente rapidement, grâce à eux, son aptitude à se
manifester dans chacun des sous-plans mentaux, et à y être plus réceptif.
Parmi les entités dont le mental est à l'œuvre ici, bon nombre d'entre
elles proviennent de religions orientales, mais uniquement de celles qui
favorisent une dévotion épurée – encore que peu raisonnée et dépourvue
d'intelligence. C'est sur ce sous-plan que l'on retrouve aussi bien les
adorateurs de Vishnou – l'avatar de Krishna ou d'autres – que certains
disciples de Shiva ; chacun d'eux est enveloppé dans le cocon de ses
propres pensées, seul avec son dieu particulier, oublieux du reste de
l'humanité, sauf s'il associe à son adoration ceux qu'il aima sur terre. On
remarqua par exemple un Vaishnavite complètement absorbé par
l'adoration extatique de l'image de Vishnou, celle-là même à laquelle il
offrit des offrandes de son vivant.
S'il avait pu y disposer d'une grande fortune, son projet aurait consisté
à racheter tous les commerces d'un secteur d'activité peu important, puis à
se placer à la tête de la société ainsi formée. Trois ou quatre grandes
entreprises se partageant ce secteur, il pensait que leur regroupement
produirait d'immenses économies, par la suppression de leurs publicités
concurrentes et de leurs autres pratiques commerciales ruineuses ; ce qui
permettait de conserver ses mêmes prix de vente auprès du public et
d'accorder à ses ouvriers des salaires beaucoup plus élevés. Son projet
prévoyait l'achat de terres pour y bâtir de petites maisons pour ses ouvriers,
chacune entourée de son petit jardin particulier. Après un certain nombre
d'années de travail, chaque ouvrier recevait sa part de bénéfices de
l'entreprise, suffisamment conséquente pour assurer ses vieux jours. Avec
la mise en œuvre d'un tel système, notre philanthropiste espérait montrer
au monde entier [86] que le Christianisme savait aussi être pragmatique, et
il souhaitait également que les âmes de ses ouvriers se rallient à sa propre
religion, reconnaissants envers les bienfaits matériels reçus.
Dans un autre cas assez voisin, c'était un prince indien dont l'idéal sur
la terre avait été Râma, le héros-roi divin ; ce prince décida que sa propre
vie et celle de son royaume auraient pour modèles la vie et la gouvernance
du héros-roi. Si ce monde physique lui réserva naturellement des accidents
fâcheux de toutes sortes, qui l'empêchèrent donc de réaliser ses projets,
dans le monde céleste, en revanche, tout se déroulait comme prévu, et
chacun de ses efforts bien intentionnés aboutissait au mieux. Son œuvre
était évidemment orientée et dirigée par Rama lui-même, qui recevait
l'adoration perpétuelle de tous ses fidèles sujets.
C'est sur ce plan que s'expriment également les œuvres les plus
élevées des missionnaires, caractérisées par leur sincérité et leur piété. Il
va sans dire que le fanatique ignorant, assez commun, ne parvient jamais
jusque-là ; mais qu'il s'y trouve de ces rares cas parmi les plus nobles (tels
que Livingstone), dédiés à l'agréable activité de convertir des multitudes à
la religion qu'ils représentent. Cela fut illustré par le cas frappant de ce
Musulman qui, dans la vie céleste, s'imaginait travailler avec un zèle
extrême à convertir le monde entier et ses gouvernants selon les principes
religieux de l'Islam les plus orthodoxes. [88]
La quasi-totalité de ceux que l'on trouve ici provient, bien sûr, des
religions professant la nécessité d'acquérir les connaissances spirituelles.
On se souviendra que le sixième sous-plan contenait de [90] nombreux
Bouddhistes, chez lesquels la religion se manifestait par leur dévotion
envers l'image de leur guide spirituel : ici, tout au contraire, nous trouvons
des disciples dont l'aspiration suprême est de s'assoir aux pieds du Maitre
et de l'écouter, préférant plutôt voir en lui un instructeur qu'un être à
adorer.
Ce degré de la vie céleste leur permet de voir leur vœu suprême
réalisé : ils peuvent désormais recevoir effectivement les enseignements de
Bouddha. L'image de Lui qu'ils projettent, loin d'être creuse comme dans
le cas précédent, est au contraire une forme illuminée par la sagesse, la
puissance et l'amour merveilleux du plus puissant des Instructeurs de ce
monde. C'est pourquoi ces disciples y acquièrent des connaissances
nouvelles et une vision plus étendue des choses ; autant d'éléments qui, à
leur tour, ne manqueront pas d'affecter durablement leur prochaine
existence terrestre. Dans cette incarnation future ils n'auront de souvenir ni
de leur histoire individuelle antérieure ni des moyens par lesquels ils
comprirent les enseignements reçus ; même si, lorsque ceux-ci se
présenteront à leurs esprits, ils sauront parfois les reconnaitre
immédiatement vrais dans toute leur intensité. Pour autant, ces
enseignements auront renforcé les capacités de leurs égos à embrasser des
idées plus philosophiques et plus larges sur tous ces sujets.
On comprendra sans peine à quel point une telle vie céleste accélère
l'évolution de l'égo, d'une façon définitive et incontestable – et nous
constatons une fois encore le formidable avantage dont profitent ceux qui
ont accepté d'être guidés par des Instructeurs authentiques, vivants et
puissants.
Un autre exemple pris dans nos rangs et sur ce même niveau, montrera
les terribles effets que produisent des soupçons injustes et sans fondement.
Adonnée à l'étude avec zèle et abnégation, la personne en question avait
malheureusement, vers la fin de sa vie, conçu à l'égard de son ancienne
amie et instructrice Mme Blavatsky une défiance indigne et injustifiable.
On ne pouvait constater sans tristesse combien ce sentiment la privait des
influences et des enseignements supérieurs dont elle aurait joui durant sa
vie céleste. Ces influences et ces enseignements [93] ne lui étaient pas
refusés – puisque cela ne se peut pas – mais son propre comportement
mental la rendait réfractaire à une partie de leur action. Bien entendu elle
ignorait tout de cela, et semblait profiter d'une communion totale et
parfaite avec les Maitres – pour les investigateurs, cependant, sans cette
regrettable autolimitation qu'elle s'était imposée, son séjour sur ce plan eût
été autrement plus fructueux. Elle avait à sa portée un trésor d'amour, de
force et de connaissances quasiment infini qu'elle ne pouvait saisir,
aveuglée par son ingratitude.
De même, ceux des peintres et des sculpteurs qui exercèrent leur art
avec générosité et désintéressement, ne cessent ici de créer et de diffuser
mille formes admirables ravissant et encourageant leurs semblables –
formes qui sont simplement des élémentals artificiels générés par leurs
pensées. Tout en causant un plaisir extrême à tous ceux qui vivent
entièrement sur le plan mental, ces créations ravissantes peuvent très
souvent être perçues par les esprits d'artistes encore [96] incarnés : auquel
cas elles peuvent les inspirer dans leurs créations d'ici-bas, élevant et
ennoblissant ainsi cette partie de l'humanité qui lutte dans le tourbillon de
l'existence terrestre.
De sorte que la vie céleste de cet enfant vit son vœu exaucé ; on voyait
se pencher vers lui l'image originale d'une Sainte Cécile médiévale, toute
en angles, puisque l'objet de sa pensée aimante provenait d'un vitrail. Cette
dernière figure artistique de Sainte Cécile, issue d'une vague légende
ecclésiastique, voilait cependant une réalité autrement plus vivante et
glorieuse. Cette forme-pensée puérile de la sainte était en fait vivifiée par
l'un des puissants archanges de la hiérarchie céleste du chant, qui se servait
de cette image d'elle pour enseigner au choriste un type de musique plus
sublime que tout ce que l'on connait ici-bas.
À propos du premier point, disons que la réalité telle qu'elle est peut
être très facilement découverte par toute personne ayant développé la
faculté de passer consciemment sur le plan mental pendant sa vie terrestre.
Lorsque ce plan mental est étudié de la sorte, sa description concorde
parfaitement avec celle que proposèrent les Maitres de la Sagesse, par
l'intermédiaire de la grande fondatrice de notre Société et notre instructrice
Mme Blavatsky. Cela invalide immédiatement la théorie de "la solide
objectivité" mentionnée plus haut, et transfère la charge de la preuve du
côté de nos amis orthodoxes. Quant au second point, si la dispute porte sur
le fait qu'aux niveaux inférieurs du monde céleste la vérité continue à nous
échapper – et que l'illusion continue donc d'y régner – nous admettons sans
hésiter que tel est le cas en effet. Mais généralement l'intention de ceux qui
font cette objection est ailleurs : ils s'effrayent à l'idée d'une vie céleste
plus illusoire et plus inutile encore que la vie terrestre – ce qui va tout à
fait à l'encontre de la vérité vérifiée.
Dira-t-on que dans la vie céleste chacun prend ses pensées pour autant
de réalités ? Je répondrai qu'il en est bien ainsi : les pensées sont bel et
bien réelles, et sur ce plan, le plan mental, elles seules peuvent l'être. Ainsi
on admettrait que cette grande vérité s'applique à l'au-delà, mais pas à
notre monde physique : sur lequel des deux plans l'illusion est-elle donc la
plus forte ? Au niveau mental, les pensées de chacun sont bien des réalités,
et peuvent produire des effets des plus saisissants sur les vivants – mais
[101] uniquement des effets bienfaisants, parce qu'à ce niveau ne
subsistent que des pensées aimantes. On voit donc que la théorie selon
laquelle la vie céleste est une illusion, ne peut être due qu'à une idée
erronée, et qu'elle trahit une ignorance certaine des conditions et des
possibilités que cette vie céleste recèle. En réalité, plus nous nous élevons
et plus nous nous rapprochons de l'unique réalité.
4
Robert Browning (1812-1889), poète et dramaturge anglais. Cet extrait provient d'un poème
composé en 1864, intitulé "Abt Vogler", du nom d'un organiste anglais du XVIIIe siècle, célèbre
pour ses improvisations ; ce passage imagine l'un de ses monologues (NdT).
Autant de musiques envoyées vers
Dieu par l'amant et le poète ;
Il suffit qu'une seule fois Dieu l'ait entendue
– et nous l'entendrons bientôt. [103]
Autre point qu'il faut avoir à l'esprit : seul le système naturel à l'œuvre
dans l'au-delà est capable de satisfaire et de rendre heureux tous les êtres
humains dans leur diversité, à hauteur du bonheur dont ils sont capables.
S'il n'existait qu'un seul type de félicité céleste – ce que prétend la théorie
orthodoxe – certains finiraient nécessairement par s'en lasser quand
d'autres seraient incapables de s'y joindre (faute d'un gout envers celle-là
en particulier ou faute d'une éducation suffisante). Faut-il ajouter que, si la
vie céleste devait durer éternellement, il y aurait une injustice flagrante à
récompenser d'une manière uniforme tous ceux qui y parviennent, sans
tenir compte de leur mérite personnel ?
Grâce aux sages dispositions prises par la nature, toutes ces difficultés
sont évitées : l'homme détermine lui-même le caractère et la durée de sa
vie céleste en fonction de ce qu'il engendra pendant sa vie terrestre. C'est
la raison pour laquelle il obtiendra très exactement ce qu'il mérite, et qu'il
[104] aura infailliblement droit au type de joie qui lui convient le mieux.
Ces cas, fort rares, n'en existent pas moins, et ils nous permettent
immédiatement d'envisager l'existence d'une exception à notre règle. Une
telle personnalité pourrait en effet être assez évoluée pour gouter
l'ineffable béatitude céleste, puis, tout en en rapportant le souvenir jusqu'à
sa vie astrale – mais pas plus bas – d'y acquérir le droit d'y renoncer.
Celui qui voudrait réaliser cet exploit devra donc chercher de toutes
ses forces, de toute son âme, à devenir le digne instrument de ceux qui
aident le monde. Il devra se consacrer avec le dévouement le plus absolu
au bien spirituel de ses semblables ; sans l'arrogance de se croire déjà
digne d'un tel honneur, il espèrera humblement qu'après une ou deux
existences d'efforts soutenus, son Maitre lui dise peut-être que l'heure est
venue ; et qu'il peut désormais, lui aussi, faire ce choix.
Au début de son évolution, elle profitera peu d'un tel aperçu, car sa
conscience est rudimentaire et à peine capable de saisir les faits et de les
lier les uns aux autres. Puis son aptitude à apprécier ce qu'elle voit ira en
croissant, jusqu'à parvenir à se souvenir des révélations fugitives qui
achevèrent ses vies précédentes, et à comparer celles-ci ; elle pourra ainsi
juger du chemin parcouru. [114]
LE TROISIÈME SOUS-PLAN, OU LE CINQUIÈME CIEL
Tous ces corps causals sont remplis d'un feu vivant venu d'un plan
supérieur, auquel les sphères semblent reliées par un fil palpitant d'une
lumière intense ; ce qui rappelle d'une manière frappante la stance de
Dzyan, où L'Étincelle est suspendue à la Flamme par le fil le plus ténu de
Fohat. À mesure que l'âme se développe et que ce fil lui permet de
recevoir toujours plus de cet océan inépuisable d'Esprit Divin, le fil lui-
même s'élargit pour que le flux augmente, jusqu'à ressembler sur le sous-
plan supérieur à une trombe reliant la terre et le ciel. Puis, plus haut
encore, cette trombe prend elle-même l'aspect d'une sphère immense
accumulant la source vivante, jusqu'à ce que le corps causal fusionne avec
la matière qui l'inonde. Ici encore, une Stance nous le décrit :
"Le fil qui unit le Veilleur Silencieux à son Ombre,
devient plus fort et plus radieux à chaque Changement.
La Lumière Solaire du Matin s'est changée en l'éclat
glorieux du Midi. Voilà ta Roue actuelle, dit la Flamme à
l'Étincelle. Tu es moi-même, mon Image et mon Ombre.
Je me suis vêtue de toi et tu es mon vâhan, jusqu'au Jour-
sois-avec-nous, où tu reviendras moi-même et d'autres,
toi-même et moi."
Les âmes qui sont reliées à un corps physique diffèrent de celles qui
sont désincarnées par le type de vibrations que produisent les surfaces de
leurs [116] sphères ; aussi est-il facile, sur ce troisième sous-plan, de
savoir du premier coup d'œil si un individu est ou non incarné au moment
de l'observation. Dans leur grande majorité, les sphères sont dans un état
de semi-conscience rêveuse, qu'elles aient un corps physique ou non ; et
cependant celles qui n'ont que de simples pellicules incolores sont rares.
Les âmes complètement éveillées sont de notables et superbes exceptions,
resplendissant parmi leurs ternes congénères comme autant d'étoiles plus
brillantes. Entre ces deux extrêmes on trouve toutes les variations de taille,
de beauté et de couleurs imaginables, chacune représentant exactement de
degré d'évolution qu'elle a atteint.
Mais voyons plutôt ici ce qu'il en est pour la plupart des âmes moins
évoluées. Elles vont déployer leurs [118] personnalités dans l'océan de
l'existence comme autant de tentacules tâtonnants et hésitants, ces
personnalités étant elles-mêmes situées sur les plans inférieurs de la vie.
Les âmes ignorent encore que c'est à travers ces personnalités successives
qu'elles vont se nourrir et croitre : leur propre passé et leur futur leur
échappe et elles ne sont pas encore conscientes sur leur propre plan. Mais
au fur et à mesure que ces âmes acquièrent de l'expérience puis
l'assimilent, elles s'éveillent à l'idée qu'il y a des choses bonnes et d'autres
mauvaises. Cela se traduira – de façon imparfaite – dans les personnalités
qu'empruntent ces âmes par un début de conscience, un sentiment du bien
et du mal. Et avec l'évolution progressive de ces âmes, ce discernement
s'affirmera de plus en plus clairement dans leurs natures inférieures,
jusqu'à les guider plus correctement.
Dès lors, le lecteur comprendra que les seules âmes capables de vivre
sur ce plan sont celles [121] qui poursuivent délibérément leur
développement spirituel – et qui sont par conséquent devenues très
réceptives aux influences des plans supérieurs. Leur canal de
communication grandit et s'élargit, répandant un flux plus important : c'est
sous cette influence que la pensée acquiert une acuité et une netteté
singulières (y compris chez les personnalités les moins développées), dont
les effets sur le mental inférieur se traduisent par une propension à la
réflexion philosophique et abstraite. Chez les personnalités les plus
avancées, le champ de vision s'élargit de façon considérable : leur regard
pénétrant remonte jusqu'aux origines de la personnalité, identifie les causes
à l'œuvre, puis leur développement, et enfin leurs effets ultimes encore à
venir.
Lorsqu'elles sont libérées de leur corps physique, les âmes qui vivent
sur ce plan sont à même de faire de grands progrès ; en effet, c'est là
qu'elles peuvent recevoir les leçons d'entités plus avancées, entrant en
contact direct avec leurs instructeurs. Ce contact n'a plus lieu au moyen
d'images-pensées, mais par une lumière éclatante impossible à décrire :
l'essence même de l'idée vole comme une étoile d'une âme à l'autre, et les
corrélations quelle engendre sont comme des ondes lumineuses émanées
d'une étoile centrale, qui ne nécessiteraient pas d'être énoncées séparément.
Ainsi, une pensée est un peu comme la lampe d'une pièce : elle révèle tous
les objets-corrélations qui s'y trouvent, sans qu'il soit nécessaire de les
décrire par des mots. [122]
LE PREMIER SOUS-PLAN, OU LE SEPTIÈME CIEL
L'ESSENCE ÉLÉMENTALE
DÉFINITION
Durant les âges qu'elle passe sur ce niveau, le but de son évolution
vise à apprendre à répondre à toutes les vitesses vibratoires rencontrées,
afin qu'elle puisse animer et employer toutes les combinaisons de matière
propres à ce plan. Pendant cette longue période de son évolution, elle aura
expérimenté toutes les combinaisons possibles avec les matières des trois
niveaux "aroupas", avant de retourner, à la fin du temps, au niveau
atomique dont elle est issue – mais dotée cette fois de toutes les facultés
acquises, bien entendu.
LE RÈGNE ANIMAL
Après ses morts sur le plan physique puis sur le plan astral, l'animal
individualisé jouit en général d'une existence très prolongée, quoique assez
rêveuse, dans le monde céleste inférieur. Pendant cette période, il est dans
un état similaire à celui d'un être humain parvenu au même niveau – mais
avec une activité mentale infiniment moindre. Ses propres formes-pensées
l'entourent – même s'il n'en est qu'à moitié conscient – et elles contiennent
invariablement les formes de ses amis terrestres sous leur meilleur jour, et
sous leurs aspects les plus agréables. Et puisque l'amour qui est assez fort
et désintéressé pour former une telle image doit également l'être pour
parvenir à l'âme de l'être aimé et y provoquer une réponse, il en résulte que
les animaux domestiques [136] auxquels nous prodiguons nos caresses,
peuvent en retour exercer sur notre évolution une faible mais incontestable
action.
Si ces anges sont liés à cette terre, cela ne signifie pas qu'ils y soient
relégués : car pour eux, l'ensemble de notre chaine planétaire actuelle,
composée de sept mondes, ne constitue qu'un seul monde, et leur propre
évolution s'échelonne sur un ensemble grandiose de quelques sept chaines
planétaires. Jusqu'ici, leurs rangs se sont surtout formés à partir d'autres
humanités propres à ce système solaire, les unes étant moins évoluées que
nous, d'autres l'étant plus. Il en est ainsi car à ce jour, peu d'êtres issus de
notre [138] humanité sont parvenus au niveau permettant de les rejoindre.
D'autre part il est presque certain que sur toutes les catégories de Dévas
existantes, certaines ne passèrent jamais par une humanité telle que la
nôtre, lors de leur évolution ascendante.
HIÉRARCHIE
De même que le corps par défaut d'un être humain est son corps
physique – le plus bas qui soit dans notre évolution –, le corps normal d'un
Kâmadéva est son corps astral. Par conséquent, sa position évolutive
actuelle est celle qu'occupera l'humanité une fois parvenue à la planète F
de notre chaine planétaire. Ce décalage se poursuit : tandis que le Déva vit
habituellement dans son corps astral et qu'il s'élève dans un corps mental
pour aller au-delà encore, nous, êtres humains, pouvons nous élever en
recourant à notre corps astral. Et depuis son corps mental, le Kâmadéva
peut accéder à son corps causal comme nous pouvons parvenir à notre
corps mental depuis l'astral ; à condition, dans chaque cas, que l'évolution
spirituelle le permette. Pour l'ange du monde céleste inférieur, le
Roupadéva, la procédure est similaire : son corps par défaut est son corps
mental, puisqu'il vit sur l'un des quatre niveaux "roupas" du plan mental.
L'Aroupadéva quant à lui, ange du plan céleste supérieur, appartient aux
trois sous-plans supérieurs du plan mental, et son corps habituel ne dépasse
pas la densité du corps causal. Au-dessus des Aroupadévas vivent quatre
autres grandes catégories de Dévas, habitant respectivement les quatre
plans supérieurs de notre système solaire. Puis par-delà ceux-ci, bien au-
delà du règne Déva, nous trouvons les grandes hiérarchies des esprits
planétaires – mais la description de ces êtres de gloire nous entrainerait
trop loin de l'étude de ce livre.
Sur le plan mental, nous avons dit que le règne Déva comprenait les
Roupadévas et les Aroupadévas, habitant respectivement le plan céleste
inférieur et le [140] plan céleste supérieur. Chacun d'eux possède à son
tour de nombreuses subdivisions, mais les différences qui les distinguent
sont si éloignées des nôtres que le mieux est encore de s'en tenir à une
description plus générale. Pour traduire l'impression qu'ils firent sur nos
chercheurs, je ne pourrais guère que citer précisément ce que rapporta l'un
d'eux, à l'époque de ces recherches. Ce chercheur rapporta : "Il me semble
percevoir une conscience d'une élévation très intense, une conscience dont
la gloire est indicible, mais si étrange et si éloignée de nous ; une
conscience si entièrement différente de tout ce que j'ai pu ressentir
jusqu'ici, si étrangère à toute expérience humaine, quelle qu'elle soit, qu'il
serait absolument inutile de chercher à l'exprimer par des mots."
Il serait tout aussi vain de s'efforcer de décrire ces être puissants sur ce
plan physique, leur aspect changeant à chacune de leurs pensées. Mais
nous pouvons regrouper certains indices pour nous représenter leur nature ;
ainsi, nous avons mentionné plus haut la splendeur et l'incroyable
puissance expressive de leur langage fait de couleurs ; et nous avons
également fait référence aux habitants humains rencontrés sur ce plan
mental, qui peuvent, sous certaines conditions, agir activement sur ce plan
et recevoir des Dévas de précieuses leçons. Par ailleurs, le lecteur se
souviendra comment l'un de ces Dévas vint animer un personnage
angélique dans la vie céleste d'un choriste, profitant de ce canal pour lui
enseigner une musique plus grandiose qu'aucune musique terrestre ; et
comment, dans un autre cas, les Dévas associés au maniement [141] de
certaines influences planétaires favorisèrent les progrès évolutifs d'un
certain astronome.
En employant les précautions de rigueur, on pourrait déclarer que les
Dévas sont aux esprits de la Nature ce que les hommes sont au règne
animal, quoiqu'à une échelle supérieure. En effet, tout comme l'animal ne
peut s'individualiser qu'en associant à l'homme, l'esprit de la Nature ne
peut acquérir une individualité pérenne – qui se réincarne – qu'en
s'attachant à des membres du règne des Dévas.
Bien entendu, tout ce qui a été dit – ou qui pourrait être dit – sur
l'évolution de ce grand règne angélique ne fera jamais qu'effleurer un sujet
immense. C'est à chaque lecteur de compléter par lui-même ces notions,
quand il aura développé sa conscience jusqu'à ces plans supérieurs. Quant
aux indications de ce livre, esquisses forcément légères et peu
satisfaisantes, elles donneront peut-être une idée de ces aides innombrables
que l'homme rencontre, à mesure qu'il progresse dans son évolution : car
dans ce processus ses facultés augmentent et autorisent des aspirations
nouvelles qui se voient, à leur tour, plus que satisfaites par les
arrangements providentiels de la nature.
III. — HABITANTS ARTIFICIELS
CONCLUSION
En parcourant de nouveau ce qui a été écrit dans ces pages, l'idée qui
s'en dégage bien entendu est celle, un peu humiliante, de notre incapacité
manifeste à décrire le plan mental tel qu'il est – incapacité désespérante de
traduire par des mots humains les gloires ineffables du monde céleste.
Mais aussi imparfait que soit finalement cet essai, du moins existe-t-il
désormais ; il pourrait par exemple permettre au lecteur de se faire une
modeste idée de ce que sera sa vie d'outre-tombe. Lorsqu'il atteindra cet
éclatant royaume de béatitude, celui-ci lui apparaitra, à n'en pas douter,
infiniment supérieur à ce qu'il imaginait et souhaitons qu'aucun des
renseignements recueillis ici par lui ne soit inexact.
L'homme, tel qu'il est constitué à ce jour, réunit en lui les principes de
deux plans qui sont supérieurs au plan mental lui-même : son Buddhi, qui
le représente sur le plan dit bouddhique (pour cette raison), et son [146]
Atmâ (son étincelle divine intérieure) qui le représente sur le plan
généralement appelé plan nirvânique, le troisième plan du système solaire.
Chez l'homme ordinaire, ces principes supérieurs sont encore presque
entièrement latents – d'ailleurs, leurs plans respectifs sont encore plus
difficiles à se représenter que ne l'est le plan mental.
Le plan nirvânique la mène plus loin encore, car elle constate que sa
propre conscience et les leurs sont une dans un sens plus sublime : qu'elles
sont en réalité des facettes de la conscience, infiniment plus vaste, du
Logos. Elles vivent, se déplacent et ont leurs corps en Lui. Aussi quand "la
goutte de rosée tombe dans la mer lumineuse", l'effet produit ressemble au
phénomène inverse : c'est l'océan qui se déverse dans la goutte de rosée,
laquelle comprend là pour la première fois qu'elle est l'océan - non pas une
partie de lui, mais sa totalité. Un paradoxe, parfaitement incompréhensible,
semblant impossible et pourtant absolument vrai.
FIN DU LIVRE