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Bertin
Sandrine 15/20 L1 philo option santé
( 28705161 )

TP du 10/12/2020

Peut-on se connaître soi-même ?

Nous ne pouvons pas douter de notre existence car nous savons que nous existons. En
revanche, la connaissance de soi apparait à première vue comme un sujet complexe. Si l’on
posait la question à une personne, la réponse logique serait qu’elle dise se connaitre, voire
même qu’elle dise se connaitre mieux que les autres la connaisse. Cette perception de la
connaissance de soi se manifeste de façon identique à travers les individus. D’ailleurs, à
l’entrée du Temple de Delphes on pouvait remarquer la devise suivante : Gnothi seauton qui
signifie “Connais-toi toi-même’’. La devise complète était “Connais-toi toi-même et tu
connaitras l’univers et les dieux’’ et elle était utilisée pour rappeler aux individus qu’ils
n’étaient que des mortels. Cette expression est ensuite utilisée par Socrate avec le “Connais-
toi toi-même’’ pour affirmer que l’homme peut se connaître et justement c’est en cherchant
en lui-même, qu’il peut avoir une certaine sagesse. Par cette idée, on perçoit que la
connaissance de soi est atteignable ce qui nous invite dès lors à nous demander si nous nous
connaissons pas, qui pourrait nous connaitre.
Il est vrai qu’au premier abord, l’homme parait se connaître car il est constamment avec
lui-même. On aurait de la sorte, bien affaire à une connaissance de soi c’est-à-dire au fait
que l’homme possède un “ moi ”. Ce “ moi ’’ est posé comme condition pour exister car il
reflèterai la nature de l’homme car pouvoir se connaitre c’est avoir la connaissance de ce
qu’on est, de ce qu’on représente. Ce qui permet à l’homme de se connaître c’est la
conscience puisque par la conscience, il a une forme de connaissance de lui-même. Il est
conscient de savoir qui il est, c’est-à-dire qu’il connaît son identité, il a conscience d’aimer
telle ou telle chose, de penser de telle ou telle façon. En outre, l’homme se construit par ce
qu’il pense, comment il agit, par ce qu’il ressent dans le temps, et il est seul à être
omniprésent avec lui-même durant des années. Il peut alors être le seul, à se connaitre car il
perçoit son évolution, son état intérieur. De la même manière, il connaît ses secrets, ses
craintes. Si bien que la conscience est une forme de connaissance de soi et donc à l’aide de
sa conscience l’homme se connaît déjà. Or, si l’homme peut ainsi affirmer qu’il a une
parfaite connaissance de lui, il ne faut pas oublier que cette connaissance n’est pas
objective. Peut-on dire que parce qu’on vit avec soi-même au quotidien, on se connaît ? Il
ne faut pas oublier que l’homme possède un côté où il se trouve dans le déni, où il se refuse
à la vérité. Tout comme on peut vouloir être dans le déni de notre vie c’est-à-dire, ne pas
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voir qu’on est condamné à mourir ou bien voir qu’on a une vie malheureuse quoi qu’on
fasse. On peut également être dans le déni de ce qu’on perçoit de nous. Le fait d’être dans le
déni de notre existence montre qu’on a pas une parfaite connaissance de soi. La
connaissance de soi, consisterait d’avantage en une opinion objective de soi-même où l’on
saurait voir qui l’on est vraiment sans être dans le déni de ce qu’on peut percevoir de nous-
mêmes. Toutefois, s’il apparaît que l’homme puisse se connaître, cette idée ne serait-elle pas
une manière de garder une forme d’humanité ? Le fait de ne pas se connaître ne serait pas au
contraire un moyen de se défaire de toute réalité ? Le stade de la connaissance de soi
pourrait être perçu comme le dépassement de sa propre personne (on s’élève au delà du
déni, au delà de notre subjectivité). En se connaissant, on serait capable de voir où sont nos
blocages afin de voir qu’est-ce qui nous empêche d’avoir une belle vie. Il y a l’idée de se
connaitre pour mieux vivre. Aussi, comment peut-on penser que l’homme serait capable de
se connaitre alors même qu’il est un être social c’est-à-dire qu’il n’existe que par les autres,
par leur contact et leur regard ?
Pour répondre à cette question, nous serrons amener dans un premier temps à constater
que l’homme peut se connaitre par l’introspection qu’il peut avoir de lui-même. Cependant,
dans un second temps, il apparaîtra que cette connaissance de soi est une erreur. La nature
de l’homme ne peut lui permettre d’avoir la capacité de se connaitre car il n’est pas
transparent avec lui-même. Enfin, nous montrerons que la connaissance de soi n’est pas une
chose vaine. Elle est au contraire, une étape à franchir afin de pouvoir espérer comprendre
ce qui nous entoure.

La connaissance de soi se manifeste à première vue comme pouvant être compris par
l’homme puisque l’homme possède une conscience. Or, si cette compréhension peut amener
l’homme à se remettre en question voire, à ne pas supporter de savoir qui il est, on sait que
la connaissance de soi est possible.
Tout d’abord, on peut voir que l’homme peut comprendre qui il est et ce grâce à sa
conscience. En effet, il existe deux types de consciences : la conscience immédiate qui se
caractérise par la pensée que j’ai de chaque objet qui se présente à moi (une table, un ami,
un portail). J’en ai conscience immédiatement, sans penser au fait que j’y pense. Il y a aussi
la conscience réfléchie qui se caractérise par la conscience que j’ai de moi-même comme
être qui pense et la conscience que j’ai de mes actions et de mes pensées. Lorsque je vois un
paquet de bonbons, ce paquet est présent à moi (conscience immédiate), lorsque je compte
des bonbons, lorsque je joue à un jeu, lorsque j’éprouve de l’amour, j’ai conscience de
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compter, de jouer et d’être amoureux (conscience réfléchie). Cependant, c’est
principalement à l’aide de la conscience réfléchie qu’on peut obtenir une connaissance de
soi. Descartes nous disait déjà dans le Discours de la méthode la fameuse phrase du cogito :
“Je pense donc je suis’’ qui fait allusion à la conscience. Ainsi, en se prenant soi-même
comme objet de connaissance, on parvient à se connaître, à connaître sa nature. Par la
« pensée », la conscience, on se définit. En ce sens, comme le dit Descartes, l’homme est
une «  chose pensante  », un «  esprit  » ou même comme le définit Pascal, l’homme est un
«  roseau pensant  ». Par conséquent, le fait d’avoir conscience de soi, c’est se penser soi-
même, se connaître, être transparent à soi. Aussi, Locke dans son Essai sur l’entendement
humain fait référence au fait que l’identité d’une personne est constituée par la conscience.
Parce que l’homme a cette faculté de percevoir sans savoir qu’il perçoit ou bien de penser
sans savoir qu’il pense, c’est alors un être conscient. Mes pensées et mes actions d’il y a
cinq ans sont unifiées avec celles d’aujourd’hui par ma conscience. Mon identité est la
même car ma conscience de l’époque et de maintenant est la même : “C’est le même soi
maintenant qu’alors’’. Le « moi » repose donc sur la continuité de la conscience à travers le
temps. Par la conscience de nos pensées et de nos actions passées, on sait qui on est et qui
on a été. On remarque donc que la conscience de soi est bien connaissance de soi.
En plus, la mémoire peut permettre de se connaitre soi-même. Par la mémoire, l’homme
peut se souvenir de ce qu’il est, ce qu’il aime et donc se connaître. C’est d’ailleurs l’une des
différences entre les hommes et les animaux. Les animaux ne peuvent justement pas se
rappeler ce qu’ils font, ce qu’ils aiment chasser, les animaux prédateurs (lion, léopard) ne
savent même pas qu’ils sont des prédateurs. Donc à l’inverse de l’homme, ils ne se
connaissent pas puisqu’ils n’ont pas de mémoire, ils ne peuvent pas savoir qui ils sont. Une
mémoire instable et défaillante produit des coupures dans notre identité. Sans mémoire pour
unifier nos états de conscience, on devient étranger à soi-même et on ignore qui on est. Le
film Memento illustre bien la pensée de Locke puisque ce film met en avant la vengeance
d’un homme qui souffre d’amnésie. En effet, on y évoque l’histoire d’un homme qui souffre
d’une amnésie antérograde causée par un traumatisme crânien. Il est à la recherche du
meurtrier supposé de sa femme mais avec son amnésie il ne peut se rappeler quand ce qu’il
fait où il va ou bien les personnes qu’il rencontre. Pour l’aider, il utilise un appareil photo à
développement instantané afin de remplacer sa mémoire. De même, lorsqu’il apprend une
nouvelle information liée au meurtre de sa femme et à son tueur, il s’en fait un tatouage afin
d’avoir une trace. Son identité parait alors pas fiable car elle est fondée sur des informations
partielles et des écrits inconnus. Mais qui lui dit que les informations qu’il a sont correctes ?
Il ne peut reconstruire sa vie à partir de données tirées de spéculations ou de ce qu’on lui dit.
La preuve, lorsqu’il croit avoir retrouvé la trace de l’assassin à l’aide des autres
personnages, il décide de le tuer. Cependant, l’assassin n’est pas celui qu’il croit donc la
mémoire est indispensable pour savoir qui on est. Par la mémoire, l’homme peut retracer sa
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vie car sans mémoire, les faits ne sont jamais entièrement fiables. L’oubli est une menace
pour notre identité.
Ainsi, la connaissance de soi par nos facultés, semble constituée notre essence. On se
connait car on a conscience de ce qu’on fait mais on se connait aussi parce qu’on s’en
rappelle. Peut-on considérer que cette connaissance de soi peut-être illusoire ?

Mais derrière la vision apparente d’une connaissance parfaite de soi, un caractère


illusoire semble en réalité se dégager. L’homme oublie les obstacles qui se présente à lui
dans sa vie en générale, obstacles qui sont aussi présents dans sa connaissance de lui-même.
Pour commencer, l’homme peut espérer avec une connaissance parfaite de lui-même
mais puisqu’il est un être changeant, cette idée est déraisonnable. Nous changeons (temps,
état d’esprit…), il est possible que l’identité soit instable, et donc que la connaissance de
soi, soit illusoire. Il est difficile de me connaître par une seule qualité qui serait figée ou
immuable car je suis parfois heureux et parfois triste. Mon état d’esprit ne peut donc pas me
définir. Mon corps ne peut pas non plus constituer mon identité, d’abord parce qu’il change
avec l’âge, la santé et ensuite parce qu’il ne me définit pas entièrement (grand, petit, blanc,
noir, porteur de handicap). Rust Cohle nous dit : “Nous sommes des choses qui vivent avec
l’illusion d’avoir un soi (self)’’. Aussi, Pascal dans ses Pensées montre que le “moi’’ est
inaccessible par la question : « Qu’est-ce que le moi ? ». Pour Pascal, le moi représente une
substance identique au sein d’un être qui change. Il forme sa thèse sur l’amour en disant
qu’on ne peut aimer une personne abstraitement c’est-à-dire pour son “moi’’ car on aime
juste des qualités donc on n’aime jamais personne (idée qui balaye toutes les relations
humaines). Il y a l’idée que l’homme ne peut pas se connaître lui-même donc comment
pourrait-il connaître les autres et les aimer pour ce qu’ils sont vraiment c’est-à-dire pour leur
“moi’’. Ses exemples sont les suivants : aimer une personne pour sa beauté ce n’est pas
l’aimer pour son “moi’’ car la beauté ne perdure pas. La beauté ne fait pas partie de ma
nature puisqu’elle peut disparaitre mais on ne peut pas non plus aimer une personne son
corps ou son âme. Le corps et l’âme sont constitués de qualités périssables et donc il ne
peuvent en aucun cas être le “moi’’. Parce que l’homme est un être changeant, la
connaissance de soi lui est alors illusoire car il ne peut pas réellement se connaître.
L’homme ne peut se connaître car il y a tendance à être de mauvaise foi par peur de la
réalité. S’il perçoit sa méchanceté, il essayera de se convaincre qu’il n’est pas méchant mais
que c’est la situation qui l’a rendu ainsi. Puisque l’homme agit par sa propre volonté, s’il
trouve que le reflet de ses actions ne sont pas le “moi’’ qu’il souhaite, il va se dire que ce
n’est pas sa faute, il va se trouver des excuses. Il a alors un côté hypocrite envers lui-même.
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L’homme ne veut pas admettre la misère de son existence donc il se réconforte en se voilant
la face ce qui fait qu’il ne peut se connaître. La connaissance de soi suppose une entière
compréhension de nous et de tout ce qui à un rapport avec nous. Anatole France affirme ceci
: “Je tiens la connaissance de soi comme source de soucis, d’inquiétudes et de tourments. Je
me suis fréquenté le moins possible’’. En cherchant à se connaître, on commence une
réflexion sur soi et sur son existence pour comprendre ce que nous sommes. On cherche à
prendre conscience de nos propres limites, on veut se libérer de nos défauts et développer
nos qualités. C’est pourquoi, on ne peut se connaître car cette réflexion engendre contrariété,
crainte et troubles. Pour échapper à cette contrariété, cette crainte, et ces troubles, l’homme
n’a qu’une solution qui est d’être dans le déni. Sa connaissance de lui-même est alors
illusoire car il refuse de reconnaître la réalité.
Comment admettre avoir une connaissance de soi alors même que l’image que nous
avons de nous-mêmes vient d’autrui ? Tout ce qu’on sait de soi-même, on le sait de autrui.
Mais autrui nous montre de nous, une image déformée et biaisée. Effectivement, nous ne
sommes pas que nos pensées et nos souvenirs. Nous sommes également notre apparence,
nos actions et nos émotions. Dans nos rapports sociaux, nous agissons par intérêts. Nous
avons rarement intérêts à présenter à autrui sa véritable image. De ce fait, notre moi, l’image
que l’on se fait de soi est une fiction produite par autrui. Nous sommes donc voués à nous
ignorer. Cette idée est énoncée dans les Pensées de Pascal. Selon Pascal, les gens nous
parlent comme cela nous plait et nous disent ce que nous souhaitons entendre. Ils nous
donnent donc une image rarement honnête et complète : “On nous traite comme nous
voulons être traités : nous haïssons la vérité, on nous la cache […] nous aimons à être
trompés, on nous trompe.’’ Il rajoute que notre amour-propre nous pousse à “une haine
mortelle contre cette vérité’’ et nous plonge dans une “illusion volontaire’’. Il définit la vie
humaine et l’homme par ces phrases : “ Ainsi la vie humaine n’est qu’une illusion
perpétuelle…’’ “ L’homme n’est donc que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en
soi-même et à l’égard des autres’’. Il y a alors une différence entre l’identité subjectif et
objectif. La façon dont je me perçois (subjectif) diffère de ce que je suis réellement
(objectif). On peut alors dire que l’homme ne peut se connaître car c’est un être social, il se
définit par rapport à autrui mais comme autrui n’est pas une source fiable, sa connaissance
de lui-même est illusoire car son “moi’’ lui échappe.
Ainsi, il n’existe pas de connaissance de soi dès lors que cette connaissances est
confrontée à des obstacles. L’homme peut-il aller au delà des obstacles qu’il perçoit ? Ces
obstacles dépendent-ils de chacun ?
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Les analyses faites précédemment montre que la connaissance de soi est inhérent et
qu’il est nécessaire d’interroger autrement notre esprit et notre identité. L’étude de
l’inconscient n’est pas à négliger et doit être analysé afin de pouvoir comprendre si la
connaissance de soi est accessible.
La connaissance de soi ne pourrait être remise en cause car elle permet à l’homme de
d’évoluer, de grandir. L’homme est ce qu’il voit de lui, ce qu’il croit qu’il est. La
connaissance qu’on a de nous est procurée par tous les moments de notre vie. Nos erreurs,
nos échecs, nos abandons mais aussi nos réussites qui permettent de dire d’une certaine
façon ce qu’on peut tenter d’espérer entreprendre ou non (sentimental, professionnel,
activité). Shakespeare a dit : “De toutes les connaissances possibles, la plus sage et la plus
utile, c’est la connaissance de soi’’. On peut donc se connaître et c’est même un objectif que
tout homme doit se fixer car elle pourrait aider l’homme à atteindre une certaine forme de
satisfaction.
Malheureusement, il existe de nombreux phénomènes dans notre esprit qui restent
inexpliqués : il nous est difficile de donner du sens aux maladies maladies mentales
(schizophrénie, hystérie, mutisme, paralysie de certains membres), rêves, lapsus, les actes
manqués doivent être expliqués. En effet, le déterminisme psychique évoque l’idée d’une
cause inconsciente qui montre que s’il y a en nous des actes inconscient qu’on ne contrôle
pas, alors nous ne sommes pas entièrement maître de nous-mêmes. Freud reconnaît que
nous sommes conscient de nos actes et de nos pensées. Mais nous nous croyons entièrement
maître de nous-mêmes et capable de contrôler nos désirs et nos paroles. Cependant,
contrairement à ce que l’on croit, notre esprit ne se réduit pas à notre conscience. Notre
identité n’est pas seulement défini par ce que l’on croît savoir. Les maladies mentales nous
montre que certaines parties de notre esprit nous sont obscures. Donc notre inconscient rend
notre connaissance de nous-mêmes difficile.

Nous pouvons donc conclure que malgré le fait qu’il y ait des obstacles à la
connaissance de soi, il est possible de se connaitre en cherchant à comprendre ces obstacles.
Il faut les analyser et non les ignorer en faisant comme s’ils n’existaient pas, car ça nous
éloigne de la vrai connaissance de soi qui est différente de la connaissance vaine. En outre,
notre conscience et notre mémoire nous permet de commencer à nous connaître, mais il
faudrait aussi analyser notre inconscient afin que cette connaissance devienne compète.
L’homme a donc les moyens de se connaître mais il faudrait qu’il sache bien les conduire
afin d’espérer pouvoir prôner sa connaissance de lui-même : « L’homme est à la fois le plus
proche et le plus éloigné de lui-même ». Et de ce fait, il pourrait tenter de voir s’il connaît
ses semblables.

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