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TP encadré par : M.

Ehrsam

Note et observations :

15/20

Sujet : Quels sont les rapports entre liberté et responsabilité chez Sartre ?

«  L'homme, étant condamné à être libre, porte le poids du monde tout entier sur ses
épaules : il est responsable du monde et de lui-même en tant que manière d’être ». Sartre est
l’auteur d’une théorie existentialiste; en tant que l’homme est « jeté » dans le monde c’est-à-dire
dès qu’il naît, il se fait libre au sens où la liberté est le propre même de l’homme. L’homme est
en quelque sorte le maître de sa vie et donc il en est responsable puisque c’est lui qui choisit sa
manière d’être, c’est lui qui décide d’agir de telle ou telle façon. Dès lors, quels sont les rapports
entre liberté et responsabilité chez Sartre ?
De prime abord, il faut expliquer ce que Sartre entend par liberté et responsabilité. Pour
comprendre la théorie sartrienne de la liberté, il faut déjà comprendre deux principes
fondamentaux énoncés par ce dernier. Pour lui, « l’existence précède l’essence» c’est-à-dire que
l’homme existence d’abord et se fait après et non l’inverse. Cette conception de l’existence de
l’homme est possible car la doctrine sartrienne ne conçoit pas l’existence de Dieu. En
considérant que Dieu existe, cela voudrait dire que l’homme n’est pas libre ni responsable de ses
actes puisqu’il est pré-déterminé puisque Dieu l’a pensé de telle manière et ne sera donc pas

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sujet mais objet de sa vie. Donc pour Sartre, « l’homme n'est rien, il ne sera qu'ensuite, et il sera
tel qu'il se sera fait ». En d’autres termes, l’idée d’une nature pré-établie de l’homme n’est pas
acceptable pour Sartre. D’ailleurs, il faut également comprendre les notions d’ « être en soi » et
d’ « être pour soi ». L'être en-soi représente des « choses » (comme les feuilles, les pierres, etc)
qui ont une essence déterminée et ne sont pas être libres et pas responsables. À contrario, il y a
les êtres pour-soi qui sont des « sujets » conscients, qui n’ont pas d’essence déterminée, qui sont
des «  sujets » libres et responsables d’eux-mêmes. Dès le moment où nous venons au monde,
pour Sartre, nous sommes déjà libres; nous sommes même condamnés à l’être. Nous ne sommes
justes pas libres de ne pas être libres. Mais comment dé nit-il cette liberté ? Pour Sartre, le fait
d’être libre cela ne veut pas dire avoir ce que l’on a voulu mais cela revient plutôt à déterminer
par soi ce que l’on veut donc être libre revient à faire des choix. Cependant, si je souhaite une
chose que je n’obtiens pas cela n’in uence en rien ma liberté. Le fait d’avoir déterminé ce que je
veux, fait que je peux dire que je suis libre. Par responsabilité Sartre entend «  conscience (d’)
être l’auteur incontestable d’un évènement ou d’un objet » c’est-à-dire que les conséquences de
nos actes, de nos choix, ressortissent de nous. La responsabilité réside dans le fait d’être libre. Ce
qui tombe bien puisque notre sujet présuppose qu’il existe un lien entre liberté et responsabilité
chez notre auteur. Pour lui, nous sommes responsables de tout, même des événements que nous
n’avons pas souhaité. Par rapport on entend un lien, une corrélation. Ce qui veut dire qu’il y a un
(plusieurs chez Sartre) lien entre le fait qu’on soit libre et le fait qu’on soit responsable. Par le
pronom «  les », le sujet présuppose qu’il y a plusieurs rapports entre liberté et responsabilité.
D’après l’analyse que nous venons de faire, il apparaît que d’un côté l’homme est soit libre soit
non libre, il n’y a pas de demi-mesure et d’un côté si est l’homme libre, il doit être responsable.
Il y a un paradoxe. La thèse de Sartre est que nous sommes condamnés à être libre dès l’instant
où nous venons au monde et donc à être responsable de nos actes. Il apparaît à première vue que
l’idée que l’homme soit condamné à être libre est assez dif cile à accepter. Que faisons-nous des
personnes opprimées ? Les esclaves, si on se fonde sur la théorie sartrienne de la liberté, étant
des hommes « jetés » dans le monde, sont eux aussi responsables de leurs conditions puisqu’ils
peuvent exercer leur liberté en « brisant » leurs chaînes. Cette idée est complexe puisqu’elle sous
entend que malgré son statut d’opprimé, l’esclave reste toujours libre. Et c’est en ce n’agit pas,
qu’il reste dans cette condition d’esclave. De même, cela veut dire que dans les pays totalitaires,
les individus ne sont pas non plus privés de leur liberté. Toutefois, il est vrai dans certains cas, il
est clair que nous exerçons notre pouvoir d’agir, nous utilisons (à bon escient ou pas) la liberté
dont nous sommes dotés. Je détermine ce que je veux faire, qui je veux être en faisant les choix
qui me feront atteindre le but souhaité. L’expression : « Je fais ce que je veux » en témoigne. Si
je prends des décisions, il va de soi que je suis responsable de ce qui advenir par la suite. Cela
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veut dire que tout ce qui m'arrive est de ma faute, tout ce qui m’arrive dépend de ce que je fais.
Cependant, ne serait-ce pas la peur d’être responsable de notre destin, de toutes les
responsabilités qui accompagnent la liberté, qui pousse l’homme à nier sa liberté et à trouver des
prétextes pour justi er ce qui lui arrive ? Comment considérer que nous sommes tous condamnés
à être libre alors même que l’homme libre c’est celui qui est responsable ?
Premièrement, il va s’agir d’évoquer l’importance des actions dans la reconnaissance de
notre liberté. Mais qu’aussi, les actions suggèrent une forme de responsabilité par rapport à ce
qui va advenir. Puis nous allons nous pencher sur l’idée de la conscience de soi a n de
comprendre comment le fait d’être confronté à autrui est un moyen idéal pour mettre en œuvre sa
liberté et montrer qu’on peut être également responsable de notre situation. En n, nous
montrerons que l’acceptation lie les deux notions que sont la liberté et la responsabilité. Du fait
que la liberté n’a pas de limite, j’ai conscience d’être l’auteur de mes malheurs et donc d’être
responsable de ce que je vis.

Tout d’abord, il semble que dans l’Être et le Néant, Sartre dit que c’est lorsqu’on agit,
qu’on est perçoit notre liberté.
En effet, l’être humain est pour Sartre libre s’il détermine par lui-même ce qu’il souhaite
et qu’il fait tout a n de pouvoir obtenir ce qu’il veut. Donc c’est en faisant des choix qu’on est
libre. Sartre souligne que la concrétisation du souhait n’affecte en rien la liberté de l’individu.
Dès qu’il souhaite par lui, cela veut dire qu’il fait l’usage de sa liberté. Par exemple, si une mère
souhaite que son ls soit médecin et que ce dernier pour lui faire plaisir, décide de faire des
études de médecine alors on peut dire que le choix du ls est pré-déterminé par la volonté de la
mère. Ce choix n’a pas été libre. Mais il a été libre de se lancer dans ce projet. En ce sens, pour
Sartre, “Agir c'est modi er la gure du monde”. En se lançant dans des études de médecine et
non pas dans des études de droit par exemple, c’est vouloir commencer un projet. Il est
intéressant de relever ici que la liberté ne doit pas être comprise comme un caprice c’est-à-dire
«  comme je suis libre, tout est permis, donc je peux exercer de manière vaine ma liberté ».
L’action en question résulte d'un projet, d’un choix que l'homme fait de lui-même. Sartre nous dit
clairement que le choix libre c’est le choix qui ne peut pas être autre qu’il est. Donc je suis libre
de choisir de devenir médecin et dans ce cas là pas ingénieur. Prenons comme exemple
l’expérience suivante : sauver la vie de cinq personnes ou condamner deux personnes qui me
sont proches. Si je décide de ne pas condamner la vie de mes deux proches, je sais que cinq
personnes vont mourir à cause de moi. Cette idée de choix libre montre bien un rapport entre la
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liberté et la responsabilité. En faisant le choix de ne pas condamner mes deux proches, je fais
l’expérience de ma liberté et en ce sens je suis responsable de ce qui va arriver aux cinq autres
personnes dans la théorie sartrienne. On pourrait émettre une objection à l’analyse que nous
venons de faire et dire : Et si la personne décide de ne pas faire l’expérience et donc de ne pas
choisir ? Sartre a une réponse à donner à cette objection. Pour lui, « ne pas choisir, c'est encore
choisir de ne pas choisir ». En outre, quoi que nous faisons, nos actes ont des conséquences qui
nous rend responsable. Ne pas choisir c’est décider de s’abstenir donc d’exercer sa liberté et
donc ce qui advient, advient à cause de nous donc nous en sommes responsables.
La question de l’intentionnalité est aussi un aspect à étudier pour évoquer l’action et donc
un rapport entre la liberté et la responsabilité. Dans le premier chapitre de la quatri me partie de
L' tre et le N ant intitul e « Avoir, Faire et tre », Sartre explicite plus en détail son idée selon
laquelle agir c’est être libre. Effectivement, agir c’est effectuer une action qui est « par principe
intentionnel ». L’action intentionnelle pour Sartre doit avoir une n qui se rapporte à un motif. Il
donne un exemple très juste lorsqu’il dit : «  Le fumeur maladroit qui a fait, par mégarde,
exploser une poudrière n’a pas agi. Par contre, l’ouvrier chargé de dynamiter une carrière et qui
obéi aux ordres donnés a agi lorsqu’il a provoqué l’explosion prévue ». Dans son exemple, la n
a été l’explosion et le motif a été les ordres donnés. En outre, l’action intentionnelle c’est le fait
d’agir volontairement et non pas par erreur c’est-à-dire être conscient de ce qu’on fait mais pour
Sartre, cela ne veut pas non plus dire «  prévoir toutes les conséquences de ses actes ». Il faut
juste agir en fonction du but que l’on souhaite atteindre. L’ouvrier a agi volontairement. Il savait
à quoi ça allait conduire. Qu’elle est cette volonté ? D’où provient-elle ? Si on reprend les dires
de Sartre : « La volonté est nécessairement négativité et puissance de néantisation si elle doit être
liberté ». La néantisation (c’est-à-dire sécréter du néant dans les parties du monde étrangères à
l’intention du sujet, les supprimer, les « éliminer » en quelque sorte) est l'expression de la liberté
du sujet, du fait qu'il est pur projet. C’est pourquoi la «  libert appara t comme la condition
indispensable et fondamentale toute action ». De ce point de vue, l’idée qu’on serait parfois
libre parfois esclave n’est pas acceptable pour Sartre. On est toujours libre ou on ne l’est pas. En
fait c’est une question de volonté. Sartre dit que « La volont , en effet, se pose comme d cision
r chie par rapport certaines ns. Mais ces ns elle ne les cr e pas. Elle est plut t une
mani re d' tre par rapport elle : elle d cr te que la poursuite de ces ns sera r chie et
d lib r e. La passion peut poser les m mes ns ». À partir de ça, on peut distinguer la
conscience irré échie de la conscience ré exive. Quand on parle de la volont , on parle d’une
action basée sur une d cision r chie et ainsi, elle se distingue de la spontanéité non volontaire
(conscience irré échie). Même si l’action peut s’ex cuter sans passer par la ré exion (faire une
chose sur un coup de tête). Toute l’analyse que l’on vient de faire tend à expliquer que l’action
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intentionnelle, celle qui est volontaire (et non liée au hasard) en tant qu’elle est une décision
ré échie démontre un rapport en liberté et responsabilité. Pour être plus clair, notre entreprise se
résume par le schéma suivant : agir conduit à faire des actions (ici intentionnelles) qui conduisent
à une preuve de ma liberté ce qui conduit à des conséquences qui démontrent ma responsabilité
(en tant qu’auteur). Cette mise en perspective nécessite l’analyse des motifs et des mobiles dans
le mouvement intentionnel. Le motif appara t comme la « saisie objective » d'une situation
d passer et des moyens donn s pour le faire. Les mobiles eux, apparaissent ordinairement
comme « un fait subjectif » savoir qu'ils renvoient l'ensemble des motions et passions qui
poussent un individu accomplir tel ou tel acte. Sartre dans cette quatrième partie donne
l’exemple de Clovis. Par exemple, l'ambition de Clovis ne précède pas son projet de conqu rir la
Gaule mais la re ète. Il explique que les justi cations de la conversion de Clovis au
christianisme, peut être en lien avec une donn e subjective qui l’ambition et une donn e
objective qui est son projet de conqu rir la Gaule. On a donc le mobile et le motif de son action;
en tant qu’ils forment un fait propre de son tre dans le monde. C’est pourquoi le motif et le
mobile sont corr latifs. Ce que Sartre reproche au psychologue c’est de s parer le mobile comme
un « tat de conscience » qui viendrait en d terminer la d cision. Nos analyses montrent donc
qu’être libre c’est faire des actions intentionnelles c’est-à-dire agir volontairement (motif et
mobile). Toutefois, Sartre ne dit pas que parce que j’ai la volonté de faire mon action je suis plus
libre que quelqu’un qui fait une action pour « agir » puisque Sartre dit : « la volonté n’est pas
une manifestation privilégiée de la liberté, mais qu’elle est un évènement psychique». Par
exemple, le jugement tel que «  J’ai fait ce que j’ai voulu » est une satisfaction liée à notre
volonté. Nous pouvons donc dire qu’être libre c’est non seulement avoir des droits mais c’est
également avec des responsabilités. Donc être libre c’est répondre de ses actes.
Nous venons de voir qu’il y a un premier rapport entre liberté et responsabilité qui réside
dans l’action. On remarque que l’action démontre bien qu’il y a un lien entre le fait que je sois
libre et le fait que je sois responsable de ce que je fais en étant un être libre. Mais qu’en est-il des
personnes opprimées ? N’y a-t-il pas des individus plus libres que d’autres ? Autrui joue-t-il un
rôle dans ma liberté ?

Sartre dit dans l’Être et le Néant que c’est en souffrant qu’on a conscience de nous, même
si cette conscience n’est pas «  contemplée ». C’est en me confrontant avec autrui que je peux

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exister. En ce sens, il y a un rapport entre liberté et responsabilité qui se situe dans ma condition,
dans le fait que j’ai conscience de moi, dans ce qui est ma « situation ».
Pour le philosophe, c’est dans les moments où on sent que notre liberté est menacée
qu’on est encore plus libre. En ce sens, Sartre disait : « jamais nous n'avions été plus libres que
sous l'occupation allemande ». Pour lui, le fait de vivre sous l’occupation c’est en fait être exposé
de manière permanente au danger, c’est avoir la conscience qu’on peut mourir. Pour cela, Sartre
pense que l’occupation allemande est une situation dans laquelle l’homme peut exercer sa liberté
et même qu’il doit le faire. Cette idée est quand même dure à concevoir. Durant cette période, on
avait quand même le travail qui était obligatoire, il y avait aussi des lois antisémites, des
déportations, de la censure voire de la répression . C ‘était une période très compliquée. On voit
bien à première vue que sous l’occupation, la plupart des Français ne semblent pas avoir été
libres ou alors, pour essayer de comprendre la pensée de Sartre, nous dirions qu’ils semblent
avoir été libres que de subir et d’obéir. Pour comprendre Sartre, il faut comprendre que pour lui,
la liberté n’a de sens que parce qu’elle suppose une action, un engagement de soi, en fonction
précisément des circonstances. Être libre, c’est se situer par rapport à une condition donnée, qui
nous invite à choisir. Selon Sartre, il dépend de moi de me comporter en collaborationniste, en
résistant, en observateur. Le pouvoir de la liberté ne réside pas seulement dans le pouvoir
d’action, mais également dans la conception fait du monde qui nous entoure. Tout dépend de moi
d’agir et de vouloir transformer ma condition. Mais je suis libre car je décide. Je décide de rester
dans ma situation ou je mets en œuvre ma liberté. Mais il est impossible selon Sartre de renoncer
à sa liberté, c’est même moralement interdit. Renoncer à porter cette charge revient à abdiquer
notre responsabilité face aux actes. Il est vrai que dans ces situations, l’homme a tendance à ne
pas apercevoir sa liberté et donc a trouvé qu’il ne peut pas être responsable des choses qui
l’arrivent mais Sartre n’est pas de cet avis. C’est justement ces situations qui montrent le mieux
ma liberté. En d’autres termes, ce que je fais de ma condition dépend de moi, je suis ici
responsable de ce que je fais de ma liberté c’est-à-dire dans ma capacité à l’utilité. Son ouvrage,
l’Être et le Néant, évoque à peu près la même idée au sujet des esclaves. Sartre comme on peut le
voir a des théories plutôt discutables. Selon lui, l’esclave est également libre. Il dit, je cite :
« lorsque nous déclarons que l’esclave est aussi libre dans les chaînes que son maître, nous ne
voulons pas parler d’une liberté qui demeurerait indéterminée ». Sartre dans ce passage explique
ce qu’il entend par l’idée que l’esclave est libre; il af rme qu’ici il ne considère pas que l’esclave
et le maître ont la même situation (le maître est celui qui opprime et l’esclave est celui qui est
opprimé) mais que la liberté du maître n’in uence en rien la liberté de l'esclave. En fait, pour
Sartre, tout dépend du projet de l’esclave. L’esclave est selon lui « libre pour briser les chaînes »
mais cette liberté il ne peut l’apercevoir que selon ce qu’il veut faire de ses « chaines ». Sartre
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dit, je cite : « le sens même de ses chaînes lui apparaître à la lumière de la n qu’il aura choisie :
rester esclave ou risquer le pis pour s’affranchir de la servitude ». On voit ici que dans la
situation même de l’esclave, il y a un lien a faire entre liberté et responsabilité. Rappelons ici une
phrase de Sartre : « rien n’existe dans la conscience qui ne soit conscience d’exister ». L’esclave
qui a pour projet de se révolter ne voit pas dans les chaînes un obstacle alors que celui qui pense
qu’il n’est pas libre à cause de ses chaînes, fait des chaînes un obstacle. Pour Sartre, l’homme
n’est pas ontologique plus ou moins libre qu’un autre. Nous pouvons dire en un sens que Sartre
soutient l’idée que l’esclave est responsable de sa liberté et est donc en un sens responsable de sa
condition d’esclave. Sartre dit que l’esclave est libre, libre de briser ses chaînes (ce qui n’est pas
tout à fait vrai car sinon il n’y aurait pas eu autant d’esclave). En fait, on a l’impression ici que le
philosophe minimalise la condition de l’esclave. Je cite : «  Il n’y a donc pas de situation
privilégiée; nous entendons par là qu’il n’est pas de situation où le donné étoufferait sous son
poids la liberté qui le constitue comme tel — ni, réciproquement, de situation où le pour soi
serait plus libre que dans d’autres ». Le pour soi est la situation pour Sartre. La situation du
maître n’est pas une situation plus privilégiée (d’un point de vue libéral) selon l’auteur. En tant
qu’hommes, ils sont dotés de la même liberté. Rappelons quand même ici que pour les colons,
les esclaves n’étaient pas leurs semblables. Même si Sartre est conscient que le maître est un
obstacle à la liberté de l’esclave et qu’il le contraint, il af rme quand même malgré cela que
l’esclave peut chercher à contourner, s’opposer à cette contrainte. Ce n’est pas une condition
indépassable. C’est donc une excuse. L’esclave se réconforte dans sa situation en se disant que
c’est le maître qui en est la cause.
En plus des analyses que nous venons de faire, il faut se pencher sur la notion
d’impuissance a n de mieux comprendre les situations dans lesquelles les hommes ont
l’impression d’être confronté à des situations pour lesquelles ils n’ont pas « d’issue de secours ».
L’impuissance réside dans le fait que nous ne pouvons pas modi er notre situation à notre gré; ce
n’est pas nous qui nous changeons. Cette idée provient de Sartre et la justi e en disant : « je ne
suis « libre » ni d’échapper au sort de ma classe, de ma nation, de ma famille ». Sartre conçoit le
fait qu’il existe des obstacles qui nous empêchent de concrétiser nos projets. Mais face à
l’obstacle, il ne faut pas abandonner, il faut trouver un moyen a n d’attendre le projet qu’on s’est
xé (cf l’idée de spontanéité) voire à s’adapter en changeant de projet. Sartre donne l’exemple
du rocher a n de montrer la pertinence de son idée. Pour le philosophe, le fait qu’un rocher
bloque le chemin n’est pas une condition insurmontable mais c’est plutôt une situation qui me
conduit à fonder un projet nouveau; face à cet imprévu, je peux soit contourner le rocher, soit
l’escalader, soit changer de chemin. Cette partie se basera sur ce que Sartre appelle le coef cient
d’adversité. Ce coef cient dépend de moi. Il n’atteint en rien ma liberté. Le mot «  adversité »
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revient à parler d’obstacle à ce qu’on veut. Pour lui, l’obstacle se caractérise par le coef cient de
l’adversité qui donne l’action. Sartre dit, je cite : «  Tel rocher, qui manifeste une résistance
profonde si je veux le déplacer, sera, au contraire, une aide précieuse si je veux l’escalader pour
contempler le paysage ». Dans le cas de l’exemple de Sartre, la grosseur du rocher dépend de
mon objectif (il peut m’aider ou m’empêcher à réaliser mon action). Mais cependant, il n’y a pas
de situation qui suit une situation intrinsèquement c’est-à-dire en soi, d’impuissance. Cela
dépend de nous. Comme « Être libre, c’est se déterminer à vouloir ». L’homme dès lors qu’il se
lance dans un projet et que celui-ci (le projet) fait face à un obstacle, le fait de ne pas s’arrêter sur
un échec mais au contraire trouver des solutions, déterminer d’autres projets fait que l’homme
exerce sa liberté. Il ne peut pas rejeter la faute de son échec sur les contingences du monde
puisqu’il est seul, maître de ses actes. Ce n’est pas l’obstacle qui l’empêche de réaliser son
projet; c’est plutôt lui qui ne sait pas saisir l’obstacle à bon escient. Ma situation d’impuissance
dépend donc de ce que je choisis de faire. D’ailleurs pour Sartre, il est mieux d’avoir plusieurs
projets c’est-à-dire d’être «  perpétuellement » en recherche de projet (de continuer malgré les
échecs) que de rester sur un échec. Donc la situation de l’homme, sa condition met en évidence
un rapport entre sa liberté et sa responsabilité.
Un problème se pose. L’homme est-il capable d’assumer toute la responsabilité de sa
vie ? Responsabilité dont Sartre atteste qu’elle fait partie de lui dès lors qu’il est conscient d’être
libre. Cette charge n’est-elle pas angoissante pour l’homme ?

De plus, on peut citer un dernier lien entre l’idée de liberté et celle de responsabilité. Les
analyses faites précédemment nous montre qu’un rapport entre liberté et responsabilité est lié au
problème de la peur; ce qui fait que l’homme a tendance à nier sa liberté et donc sa
responsabilité dans ce qui peut lui arriver. Le rapport se situe dans l’acceptation de cette réalité-
humaine.
L’homme est confronté dans l’ontologie sartrienne à sa fatalité. Pour Sartre, je cite :« En
ce sens, la responsabilité du pour soi est accablante, puisqu’il est celui par qui il se fait qu’il y ait
un monde ; et, puisqu’il qu’il est aussi celui qui se fait être, quelle que soit donc la situation où il
se trouve, le pour soi doit assumer entièrement cette situation avec son coef cient d’adversité
propre, fut-il insoutenable ; il doit l’assumer avec la conscience d’en être l’auteur, car les pires
inconvénients ou les pires menaces qui risquent d’atteindre ma personne n’ont de sens que par
mon projet ; et c’est sur le fond de l’engagement que je suis qu’ils paraissent. Il est donc insensé
de songer à se plaindre puisque rien d’étranger n’a décidé de ce que nous ressentons, de ce que
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nous vivons ou de ce que nous sommes ». Comme nous l’avons démontré plus haut, Sartre
montrait que l’homme était le seul être dans la nature à disposer d’une volonté. Par là, Sartre
entend qu’il est seul à être libre. Malgré le fait que la liberté n’a pas d’essence, elle reste ce qui
fonde les essences. Le fait qu’il agit dans le monde, l’homme entretient avec celui-ci un rapport
fondamental qui est celui de transcender toute relation déterministe en af rmant ses propres
possibilités. La possibilité qui indéniable, celle qui est importante, c’est la liberté. C’est parce
que je suis libre que j’ai la possibilité de secréter mon propre néant, voire d’être mon propre
fondement. C’est ainsi que le pour soi se saisit dans l’angoisse. C’est dans le fait que l’homme
prend conscience de lui même, prend conscience d’exister en tant que sujet, acteur de sa vie qu’il
est angoissé par sa liberté. Pour Sartre, l’angoisse est angoisse de ma liberté parce que «  c’est
dans l’angoisse que l’homme prend conscience de sa liberté » ce qui signi e explicitement que
l’homme ne pourrait prendre conscience de sa liberté sans être immédiatement pris d’angoisse.
Prenons l’exemple d’un homme qui reçoit deux propositions de travail. On va lui proposer pour
le premier travail (travail A) moins d’argent que pour le second travail (travail B). Mais, s’il
choisit de prendre le travail B, il ne devra plus exercer les activités qu’il fait (sport, etc) et qui lui
tient à cœur puisque le travail demande toute son attention. S’il choisit le travail A, il n’aura pas
la vie nancière qu’il souhaite mais il pourra pratiquer les activités qui le passionne. Ce dilemme
sera pour certains hommes une source d’angoisse. Malgré le fait qu’il soit libre de choisir le
travail A ou le travail B, le fait de faire ce choix, fait que la décision qu’il va prendre va impacter
sa vie d’où la source d’angoisse (ne pas faire le mauvais choix, ne pas commettre une erreur). De
la même manière, les dilemmes cornéliens sont également source d’angoisse. Dès le moment où
je réalise que suis absolument libre, cette prise de conscience subite est aussitôt sujette à une
angoisse. Cependant, l’angoisse étant angoisse devant soi, elle est, selon Sartre, une sorte de
vertige devant notre liberté. L’homme agit. Il est pris dans l’action, et ne saurait se substituer à
celle-ci, car elle n’est déterminée par rien si ce n’est par lui-même. En d’autres termes, pour
Sartre, cette lourde responsabilité, cette responsabilité totale est « simple revendication logique
des conséquences de notre liberté ». Du fait que « ce qui m’arrive m’arrive par moi », j’en suis
responsable. Si le choix que j’ai fais est au nal un mauvais choix, c’est de ma faute. C’est
pourquoi, en ayant peur de faire des choix, en voulant nier ma liberté et nier mon implication
dans les conséquences qui peuvent en résulter, j’angoisse. Toutefois, Sartre ne dit pas que cette
angoisse est une chose mauvaise bien au contraire. Nous voyons donc que la peur atteste bien
que la conscience de ma liberté et de ma responsabilité est une source d’angoisse.
Sartre appuie également l’idée d’une mauvaise foi où l’homme veut se décharger de ses
responsabilités et «  accuser » ce qui l’entoure. Cette attitude pour Sartre n’est pas digne d’un
homme libre puisque l’homme libre est celui qui ne se laisse pas abattre (puisque l’échec
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n’impacte pas ma liberté) et surmonte, affronte sa vie puisque sa vie c’est le re et de ses choix.
C’est celui qui assume sa liberté et par conquérant le fait d’être responsable de lui. En effet,
Sartre nous dit : «  je dois être sans remords ni regrets comme je suis sans excuse, car, dès
l’instant de mon surgissement à l’être, je porte le poids du monde à moi seul, sans que rien ni
personne ne puisse l’alléger ». En un sens, il est plus facile de nous dédouaner de notre
responsabilité plutôt que de l’affronter. Par exemple, un homme (qu’on appellera A) est menacé
par un autre homme (B) pour qu’il tue un homme (C). Si A décide d’écouter B et de tuer C, alors
il agit et donc sera responsable du choix qu’il va faire car il est libre. Il sera responsable de la
mort d’un individu. Je ne pourrais pas pour me dédouaner selon Sartre, en disant que c’est parce
que B m’a dit de le faire que je l’ai fait. La mauvaise foi montre que l’homme dans certains cas,
a du mal à accepter ses responsabilités. La mauvaise foi provient de cette peur de saisir ma
responsabilité dans son absolu, je cherche à me réfugier : «  nous fuyons l’angoisse dans la
mauvaise foi » nous dit Sartre. Puisque Sartre considère que l'homme du fait qu'il soit venu au
monde est condamné à être libre, et ce, de manière indubitable. Il trouve que l'homme en se
référant à sa facticité, fait également preuve de mauvaise foi. Sartre dit, je cite : «  je n'ai pas
demandé à naître » est une objection qu’on peut faire à sa thèse mais c’est la preuve même de la
déresponsabilisation que veut obtenir l’homme. Mais cela ne se peut. Nous voyons bien que la
mauvaise fois provient de la peur de faire face à la responsabilité qui découle de notre liberté.

Ainsi, il s’avère que l’homme libre est celui qui agit et qui est responsable de ses choix.
L’homme est libre et responsable, il ne peut pas être l’un ou l’autre. Sartre parle de la liberté et la
responsabilité en montrant qu’il y a plusieurs rapports et ces rapports dépendent de nos actions,
de la conscience que l’on a de nous (autrui est une aide pour cette conscience), de notre
condition entre outre mais aussi au fait que l’homme l’acception n’est pas totale. Il admet tout à
fait qu’il est dif cile d’être libre voilà pourquoi la liberté est source d’angoisse, de mauvaise foi.
Pour Sartre, c’est justement en ce que c’est dur, que cela fait la valeur de l’homme.

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