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La conception sartrienne de la liberté

Analyse réalisée dans le cadre du


Travail Personnel Encadré (UE 7)
Professeur référent : Mme Elise MARROU

par Sandrine BERTIN


N° étudiant : 28705161

Sorbonne-Université
Licence de Philosophie, 3ème année
Année universitaire 2022-2023

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Dans ce TP, nous allons nous pencher sur la conception sartrienne de la liberté et se faisant,
nous allons parler de la célèbre phrase de Sartre qui dit : « L’homme est condamné à être libre ».
Pour cela nous allons nous baser sur son ouvrage l’Être et le Néant et sur son contre rendu appelé
L’existentialisme est un humanise tiré d’une conférence. Sartre est l’auteur d’une théorie
existentialiste. Il considère que l’home puisqu’il est « jeté » dans le monde c’est-à-dire puisqu’il est
venu au monde, puisqu’il est né, il est automatiquement libre (au sens où la liberté est le propre de
l’homme). Dès lors, quelle est la conception sartrienne de la liberté ?
Pour comprendre la théorie sartrienne de la liberté, il faut déjà comprendre deux principes
fondamentaux énoncés par ce dernier. Selon Sartre, « l’existence précède l’essence » c’est-à-dire
que l’homme existence d’abord et se fait après et non l’inverse. Cette conception de l’existence de
l’homme est possible car la doctrine sartrienne ne conçoit pas l’existence de Dieu. Considérer que
Dieu existe c’est laisser admettre que l’homme n’agit pas de lui-même mais que tout ce qu’il fait est
déjà pré-déterminé par une puissance supérieure. En d’autre, si Dieu existe cela voudrait dire que
l’homme n’est pas libre ni responsable de ses actes. Il n’est alors pas sujet mais objet de sa vie.
Donc pour Sartre, « l’homme n'est rien, il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait ». Pour
être plus claire, le philosophe n’admet pas l’idée d’une nature pré-établie de l’homme. La
compréhension de la notion de liberté chez Sartre doit également passer par la compréhension de ce
qu’est l’« être en soi » et l’ « être pour soi ». L'être en-soi représente des « choses » (comme les
feuilles, les pierres, etc) qui ont une essence déterminée et ne sont pas être libres et pas
responsables. À contrario, il y a les êtres pour-soi qui sont des « sujets » conscients, qui n’ont pas
d’essence déterminée, qui sont des « sujets » libres et responsables d’eux-mêmes. Sartre dit dans
l’Être et le Néant que c’est « l'être même du Pour-soi qui est « condamné à être libre » ». C’est par
que je suis responsable de ce que je fais que je peux me dire « libre ». À l’instant où nous venons au
monde nous sommes libres et nous sommes mêmes condamnés à l’être selon lui. Nous ne pouvons
pas changer cette fatalité. En fait, l’homme n’est juste pas libre de ne pas être libre. Mais comment
définit-il cette liberté ? Pour Sartre, le fait d’être libre cela ne veut pas dire avoir ce que l’on a voulu
mais cela revient plutôt à déterminer par soi ce que l’on veut donc être libre revient à faire des
choix. Par contre si on n’obtient pas une chose qu’on a désiré, cela ne nous rend pas moins libre
pour autant. Le fait d’échouer n’influence en rien notre liberté. Le fait d’avoir déterminé ce que
qu’on veux, fait qu’on peux dire qu’on est libre. D’après les analyses que nous venons de faire, il
semble que d’un côté que l’homme n’a pas le choix, il est libre mais d'un autre coté il semblerait
que pour être libre, on doit avoir la pleine conscience de nos actes, on doit être responsable de nos
actes. Il y a donc un paradoxe. La thèse de Sartre est que nous sommes condamnés à être libre dès
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l’instant où nous venons au monde et donc à être responsable de nos actes. Il parait difficile à
première vue d’admettre que l’homme soit condamné à être libre. Admettre que les hommes sont
condamnés à être libre c’est nier l’existence des personnes opprimées. Par exemple, les esclaves, si
on se base sur la théorie sartrienne de la liberté, étant des hommes « jetés » dans le monde, sont
responsables de leurs conditions puisqu’ils peuvent exercer leur liberté en « brisant » leurs chaînes.
Ils seraient selon l’auteur en quelque sorte aussi libre que leurs oppresseurs. Cette idée est complexe
puisqu’elle sous entend que malgré son statut d’opprimé, l’esclave reste toujours libre. Et c’est en
n’agit pas, qu’il reste dans cette condition d’esclave. De même, cela veut dire que dans les pays
totalitaires, les individus ne sont pas non plus privés de leur liberté. Toutefois, il est vrai dans
certains cas, il est clair que nous exerçons notre pouvoir d’agir, nous utilisons (à bon escient ou pas)
la liberté dont nous sommes dotés. Je détermine ce que je veux faire, qui je veux être en faisant les
choix qui me feront atteindre mon objectif. C’est ce que veut dire l’expression : « Je fais ce que je
veux ». Il va de soi que lorsque je prends une décision, je suis responsable des conséquences, de ce
qui va advenir par la suite. Ce qui veut dire que tout ce qui m'arrive est de ma faute, tout ce qui
m’arrive dépend de ce que je fais. Cependant, ne serait-ce pas la peur d’être responsable de notre
destin, de toutes les responsabilités qui accompagnent la liberté, qui pousse l’homme à nier sa
liberté et à trouver des prétextes pour justifier ce qui lui arrive ? Comment considérer que nous
sommes tous condamnés à être libre alors même que l’homme libre c’est celui qui détermine ce
qu’il veut ?
Premièrement, il va s’agir de voir qu’être condamné à être libre veut dire déterminer ce
qu’on souhaite mais aussi être responsable de ce que l’on fait. Deuxièmement, nous verrons qu’être
condamné à être libre implique d’être angoissé, angoissé de voir que tout ce qui arrive est de notre
faute. Dans une dernière partie, nous parlerons des différents problèmes liés au fait de « penser »
que l’homme est condamné à être libre.

Tout d’abord, Sartre dans l’Être et le Néant affirme que l’homme pour mettre en œuvre sa
liberté, pour pouvoir l’exercer, doit agir. C’est lorsqu’il agit qu’il perçoit sa liberté.
En effet, une homme qui dans le monde ne peut qu’agir. Il est amener à prendre des
décisions, à faire des choix, à vouloir des choses. Ces décisions que je vais prendre, les actions que
je vais réaliser ce sont des choses qui vont m’engager dans le sens où tout ce que j’entreprends
m’engage. La liberté ne fonctionne pas sans la responsabilité. Dès lors où je suis libre, je suis
également responsable de ce que je fais. Prenons comme exemple l’expérience suivante : sauver la
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vie de quatre inconnus ou condamner deux personnes qui me sont proches. Si je décide de ne pas
condamner la vie de mes deux proches, je sais que quatre inconnu vont mourir à cause de moi. Cette
idée de choix libre montre bien un rapport entre la liberté et la responsabilité. En faisant le choix de
ne pas condamner mes deux proches, je fais l’expérience de ma liberté et en ce sens je suis
responsable de ce qui va arriver aux cinq inconnus. On pourrait émettre une objection à l’analyse
que nous venons de faire et dire : et si la personne décide de ne pas faire l’expérience et donc de ne
pas choisir ? Sartre a une réponse à donner à cette objection. Pour lui, « ne pas choisir, c'est encore
choisir de ne pas choisir ». En outre, quoi que nous faisons, nos actes ont des conséquences et nous
rendent responsable. Ne pas choisir c’est décider de s’abstenir donc d’exercer sa liberté et donc ce
qui advient, advient à cause de nous donc nous en sommes responsables. Sartre dans
L’existentialisme est un humanisme dit : « Nous sommes seuls, sans excuses. C'est ce que
j'exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne s'est pas
créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde il est
responsable de tout ce qu'il fait ». Nous voyons bien que l’homme ne peut donc pas faire des choix,
agir et considérer qu’il n’est pas libre. Il ne peut pas non plus se dédouaner et justifier son choix,
son acte en accusant une autre personne. Dire « j’ai été forcé » c’est se disculper de toutes
responsabilités. Mais selon Sartre cela ne se peut puisqu’on aurait pu très bien ne pas faire ce qu’on
a fait. On a fait le choix de le faire. Cette attitude relève de la mauvaise foi. Pour Sartre, il n’y a
“aucune excuse” qui permet de « contourner » sa liberté. Agir de mauvaise foi, c'est d'essayer de se
comporter comme un « objet » ou une « chose », se donner une essence. En ce sens, le refus de la
liberté peut être conçue que comme une tentative de se saisir comme être-en-soi. Ce n’est pas parce
qu’on fait une chose sous la contrainte que cela nous disculpe. Lorsqu’on agit, on exerce notre
liberté ce qui nous rend automatiquement responsable de ce qui va advenir.
Qu’est ce que la liberté ? L’être humain est pour Sartre libre s’il détermine par lui-même ce
qu’il souhaite et qu’il fait tout afin de pouvoir obtenir ce qu’il veut. Donc c’est en faisant des choix
qu’on est libre. Sartre souligne que la concrétisation du souhait n’affecte en rien la liberté de
l’individu. Dès qu’il souhaite par lui, cela veut dire qu’il fait l’usage de sa liberté. Un objet, étant
en-soi, est déterminé par son essence, une plante n'est pas libre de choisir son destin il doit vivre sa
vie selon sa nature. En ce sens, on pourrait dire qu’une plante est «condamné à ne pas être libre».
Elle n’a pas ce « pouvoir » d’agir sur son destin. Puisque l’homme n’a pas une nature pré-établie, il
est libre de se déterminer. Par exemple, si une mère souhaite que son fils soit médecin et que ce
dernier pour lui faire plaisir, décide de faire des études de médecine alors on peut dire que le choix
du fils est pré-déterminé par la volonté de la mère. Ce choix n’a pas été libre. Mais il a été libre de
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se lancer dans ce projet. En ce sens, pour Sartre, “Agir c'est modifier la figure du monde”. En se
lançant dans des études de médecine et non pas dans des études de droit par exemple, c’est vouloir
commencer un projet. Il est intéressant de relever ici que la liberté ne doit pas être comprise comme
un caprice c’est-à-dire penser que parce qu’on est libre, on peut faire ce qu’on veux et donc exercer
de manière vaine sa liberté. Dans l’existentialisme est une humanisme, Sartre dit que l’idée que
l’homme ait une essence fixe et déterminée n’est pas acceptable. L’homme ne naît pas tout fait,
mais il reste toujours à réaliser. C'est à l'homme de se faire, de devenir lui-même, par ses décisions
et ses actions. Ce n’est pas parce que je suis né dans une famille pauvre que je vais rester pauvre
toute ma vie. C’est à moi de changer les choses. Si je trouve que cette condition n’est pas
satisfaisante et que je veux changer cela, c’est à moi de tout faire pour. Toutefois, il est important ici
de rappeler une distinction que fait Sartre : « être libre » ce n’est pas “obtenir ce que l'on a souhaité”
mais plutôt « déterminer par soi-même ce que l'on souhaite » (au sens large de choisir). En d’autres
termes, ce n’est pas parce que j’échoue dans ce que j’avais souhaité que je suis moins libre. L’action
en question résulte d'un projet, d’un choix que l'homme fait de lui-même. Sartre nous dit clairement
que le choix libre c’est le choix qui ne peut pas être autre qu’il est. Donc je suis libre de choisir de
devenir médecin et dans ce cas là pas ingénieur. Si je ne deviens pas médecin, ça ne veut pas dire
que je ne suis pas libre. Le succès des projets (par projet on entend but) que je me fixe n’influence
pas ma liberté. Il serait pertinent ici de parler de l’intentionnalité. Dans le premier chapitre de la
quatrième partie de L'être et le Néant intitulée « Avoir, Faire et Être », Sartre explicite plus en détail
son idée selon laquelle agir c’est être libre. Selon lui, agir c’est effectuer une action qui est « par
principe intentionnel ». L’action intentionnelle pour le philosophe doit avoir une fin qui se rapporte
à un motif. Il donne un exemple très juste lorsqu’il dit : « Le fumeur maladroit qui a fait, par
mégarde, exploser une poudrière n’a pas agi. Par contre, l’ouvrier chargé de dynamiter une carrière
et qui obéi aux ordres donnés a agi lorsqu’il a provoqué l’explosion prévue ». Dans le premier cas,
c’est un accident, ce n’était pas volontaire alors que dans le second cas c’était volontaire puisqu’on
a une fin qui est l’explosion et le motif qui est les ordres donnés. En outre, l’action intentionnelle
c’est le fait d’agir volontairement et non pas par erreur c’est-à-dire être conscient de ce qu’on fait.
Par contre, agir volontairement ne veut pas nécessaire dire « prévoir toutes les conséquences de ses
actes ». Il faut juste agir en fonction du but que l’on souhaite atteindre. L’ouvrier a agi
volontairement. Il savait ce que son acte allait produire. L’homme parce qu’il ne laisse pas sa vie
être guidée par le hasard mais prend en main son destin, peut se dire libre.
Qu’elle est cette volonté ? D’où provient-elle ? Si on reprend les dires de Sartre : « La
volonté est nécessairement négativité et puissance de néantisation si elle doit être liberté ». La
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néantisation (c’est-à-dire sécréter du néant dans les parties du monde étrangères à l’intention du
sujet, les supprimer, les « éliminer » en quelque sorte) est l'expression de la liberté du sujet, du fait
qu'il est pur projet. C’est pourquoi la « liberté apparaît comme la condition indispensable et
fondamentale à toute action ». Sartre dit que « La volonté, en effet, se pose comme décision
réfléchie par rapport à certaines fins. Mais ces fins elle ne les crée pas. Elle est plutôt une manière
d'être par rapport à elle : elle décrète que la poursuite de ces fins sera réfléchie et délibérée. La
passion peut poser les mêmes fins ». À partir de ça, on peut distinguer la conscience irréfléchie de la
conscience réflexive. Quand on parle de la volonté, on parle d’une action basée sur une décision
réfléchie et ainsi, elle se distingue de la spontanéité non volontaire (conscience irréfléchie). Même
si l’action peut s’exécuter sans passer par la réflexion (faire une chose sur un coup de tête). Toute
l’analyse que l’on vient de faire tend à expliquer que l’action intentionnelle, celle qui est volontaire
(et non liée au hasard) en tant qu’elle est une décision réfléchie démontre un rapport en liberté et
responsabilité. Pour être plus clair, notre entreprise se résume par le schéma suivant : agir conduit à
faire des actions (ici intentionnelles) qui conduisent à une preuve de ma liberté ce qui conduit à des
conséquences qui démontrent ma responsabilité (en tant qu’auteur). Cette mise en perspective
nécessite l’analyse des motifs et des mobiles dans le mouvement intentionnel. Le motif apparaît
comme la « saisie objective » d'une situation à dépasser et des moyens donnés pour le faire. Les
mobiles eux, apparaissent ordinairement comme « un fait subjectif » à savoir qu'ils renvoient à
l'ensemble des émotions et passions qui poussent un individu à accomplir tel ou tel acte. Sartre dans
cette quatrième partie donne l’exemple de Clovis. Par exemple, l'ambition de Clovis ne précède pas
son projet de conquérir la Gaule mais la reflète. Il explique que les justifications de la conversion de
Clovis au christianisme, peut être en lien avec une donnée subjective qui l’ambition et à une donnée
objective qui est son projet de conquérir la Gaule. On a donc le mobile et le motif de son action, en
tant qu’ils forment un fait propre de son être dans le monde. C’est pourquoi le motif et le mobile
sont corrélatifs. Nos analyses montrent donc qu’être libre c’est faire des actions intentionnelles
c’est-à-dire agir volontairement (motif et mobile). Toutefois, Sartre ne dit pas que parce que j’ai la
volonté de faire mon action je suis plus libre que quelqu’un qui fait une action pour « agir » puisque
Sartre dit : « la volonté n’est pas une manifestation privilégiée de la liberté, mais qu’elle est un
évènement psychique ». Par exemple, le jugement tel que « J’ai fait ce que j’ai voulu » est une
satisfaction liée à notre volonté. Ce n’est pas parce que j’agis selon ma volonté que je suis plus libre
qu’une personne qui agit que parce qu’elle est menacée. Nous pouvons donc dire que le fait de
déterminer ce que je veux c’est bien jouir de ma liberté. Toutefois, il ne faut pas oublier que tout
action nous rend responsable. Être libre c’est en quelque sorte avoir le pouvoir de changer le cours
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de ma vie mais il faut aussi être conscient que ce qui m’arrive est de ma faute puisque je suis le seul
maitre de ma vie.
Nous venons de voir que l’homme est condamné à être libre car il est responsable de ce qu’il
fait et de la manière dont il veut agir sur le monde. Ne serait-ce pas là un trop gros poids incombé à
l’homme ?

De plus, il s’avère que le fait d’être condamné à être libre implique une forme de
responsabilité qui conduit l’homme à l’angoisse. C’est d’ailleurs cette angoisse d’être responsable
de ce qui lui arrive qui pousse l’homme à nier sa liberté.
L’homme est confronté dans l’ontologie sartrienne à sa fatalité. Sartre dit je cite : « En ce
sens, la responsabilité du pour soi est accablante, puisqu’il est celui par qui il se fait qu’il y ait un
monde ; et, puisqu’il qu’il est aussi celui qui se fait être, quelle que soit donc la situation où il se
trouve, le pour soi doit assumer entièrement cette situation avec son coefficient d’adversité propre,
fut-il insoutenable ; il doit l’assumer avec la conscience d’en être l’auteur, car les pires
inconvénients ou les pires menaces qui risquent d’atteindre ma personne n’ont de sens que par mon
projet ; et c’est sur le fond de l’engagement que je suis qu’ils paraissent. Il est donc insensé de
songer à se plaindre puisque rien d’étranger n’a décidé de ce que nous ressentons, de ce que nous
vivons ou de ce que nous sommes ». Comme démontré plus haut, Sartre atteste que l’homme est le
seul être dans la nature à disposer d’une volonté. Par là, Sartre entend qu’il est seul à être libre. Le
fait qu’il agit dans le monde, l’homme entretient avec celui-ci un rapport fondamental qui est celui
de transcender toute relation déterministe en affirmant ses propres possibilités. La possibilité qui
indéniable, celle qui est importante, c’est la liberté. La liberté, ce poids terrible, rend l'homme digne
d'être homme. La liberté qui vient avec l'être humain n'est pas quelque chose que nous choisissons,
c'est notre humanité. Cette condamnation à la liberté est le sens de l’existentialisme. C’est parce que
je suis libre que j’ai la possibilité de secréter mon propre néant, voire d’être mon propre fondement.
C’est ainsi que le pour soi se saisit dans l’angoisse. C’est dans le fait que l’homme prend conscience
de lui même, prend conscience d’exister en tant que sujet, acteur de sa vie qu’il est angoissé par sa
liberté. Pour Sartre, l’angoisse est angoisse de ma liberté parce que « c’est dans l’angoisse que
l’homme prend conscience de sa liberté » (l’Être et le Néant), ce qui signifie explicitement que
l’homme ne pourrait prendre conscience de sa liberté sans être immédiatement pris d’angoisse. Il
angoisse face à la charge qui lui incombe. Le fait de voir que « notre destin est entre nos propres
mains » et que l’on a pas ce que l’on désire ou veut et qu’en plus, c’est de notre faute, amène au fait
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qu’on angoisse. Mais cette angoisse est-il une mauvaise chose ? Pas forcément. Oui, la liberté est un
poids terrible mais c’est parce que c’est terrible qu’on est digne d’être homme. Lorsque Sartre
affirme dans L’existentialisme est un humanisme que « l'homme est angoisse », il estime que c'est là
un sentiment existentiel fondamental qui ne peut se réduire à un état pathologique. L'angoisse est le
vertige de la liberté se découvrant elle-même et qui apparait quand l'homme se rend compte que sa
liberté lui confère un pouvoir infini. Voilà pourquoi, il ne doit pas se masquer dans la mauvaise foi
cette angoisse fondamentale. C’est grâce à cette angoisse que l'homme s'aperçoit qu'il est au
fondement de ses propres actes et a donc le sentiment douloureux et épanouissant, de sa propre
liberté. Prenons l’exemple d’un homme qui reçoit deux propositions de travail. On va lui proposer
pour le premier travail (travail A) moins d’argent que pour le second travail (travail B). Mais, s’il
choisit de prendre le travail B, il ne devra plus exercer les activités qu’il fait (sport, etc) et qui lui
tiennent à cœur puisque le travail demande toute son attention. S’il choisit le travail A, il n’aura pas
la vie financière qu’il souhaite mais il pourra pratiquer les activités qui le passionne. Ce dilemme
sera pour certains hommes une source d’angoisse. Malgré le fait qu’il soit libre de choisir le travail
A ou le travail B, le fait de faire ce choix, fait que la décision qu’il va prendre va impacter sa vie
d’où la source d’angoisse (ne pas faire le mauvais choix, ne pas commettre une erreur). On peut
comparer ça aux dire aux dilemmes cornéliens qui sont également source d’angoisse puisque quoi
qu’on fasse on est perdant. Dès le moment où je réalise que suis absolument libre, cette prise de
conscience subite est aussitôt sujette à une angoisse. On ne peut pas se « libérer » de cette
responsabilité. Sartre affirme que cette lourde responsabilité, cette responsabilité totale est « simple
revendication logique des conséquences de notre liberté ». Du fait que « ce qui m’arrive m’arrive
par moi », j’en suis responsable. Si le choix que j’ai fais est au final un mauvais choix, c’est de ma
faute. C’est pourquoi, en ayant peur de faire des choix, en voulant nier ma liberté et nier mon
implication dans les conséquences qui peuvent en résulter, j’angoisse. Dire que l’homme est
condamné à être libre c’est savoir que cette liberté lui fait porter tout le fardeau de sa vie et comme
il ne peut pas y échapper, il angoisse.
En effet, comme nous avons commencer à le voir, Sartre appuie également l’idée d’une
mauvaise foi où l’homme veut se décharger de ses responsabilités et « accuser » ce qui l’entoure.
Sartre est conscient que très peu de personnes sont prêts à accepter et à assumer leur liberté et donc
à être responsable d’eux-mêmes. Cette responsabilité de l'auto-détermination cause pour la plupart
des gens de l'angoisse et du désespoir car on ne peut plus se dédouaner, on ne peut pas trouver un
autre fautif que nous-mêmes. Effectivement, les gens de manière générale préfèrent tenir quelqu’un
ou quelque chose d’autre pour responsable de leur situation. Cette attitude pour Sartre n’est pas
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digne d’un homme libre puisque l’homme libre est celui qui ne se laisse pas abattre (puisque l’échec
n’impacte pas ma liberté) et surmonte, affronte sa vie puisque sa vie c’est le reflet de ses choix.
C’est celui qui assume sa liberté et par conquérant le fait d’être responsable de lui. En effet, Sartre
nous dit : « je dois être sans remords ni regrets comme je suis sans excuse, car, dès l’instant de mon
surgissement à l’être, je porte le poids du monde à moi seul, sans que rien ni personne ne puisse
l’alléger ». En un sens, il est plus facile de nous dédouaner de notre responsabilité plutôt que de
l’affronter. Par exemple, un homme (qu’on appellera A) est menacé par un autre homme (B) pour
qu’il tue un homme (C). Si A décide d’écouter B et de tuer C, alors il agit et donc sera responsable
du choix qu’il va faire car il est libre. Il sera responsable de la mort d’un individu. Je ne pourrais pas
pour me dédouaner selon Sartre, en disant que c’est parce que B m’a dit de le faire que je l’ai fait.
La mauvaise foi montre que l’homme dans certains cas, a du mal à accepter ses responsabilités. La
mauvaise foi provient de cette peur de saisir ma responsabilité dans son absolu, je cherche à me
réfugier : « nous fuyons l’angoisse dans la mauvaise foi » nous dit Sartre. Puisque Sartre considère
que l'homme du fait qu'il soit venu au monde est condamné à être libre, et ce, de manière
indubitable. Il trouve que l'homme en se référant à sa facticité, fait également preuve de mauvaise
foi. Sartre dit que dire « je n'ai pas demandé à naître » peut être une objection qu’on peut faire à sa
thèse mais ça serait là la preuve même de la dé-responsabilisation que veut obtenir l’homme. Mais
cela ne se peut. Nous voyons bien que la mauvaise fois provient de la peur de faire face à la
responsabilité qui découle de notre liberté.
L’homme est donc condamné à être libre. Cette condamnation à la liberté est justement ce
qui angoisse l’homme, ce qui lui fait peur. Mais alors, n’existe-il pas des individus qui sont privés
de ce droit d’être libre ? N’existe t-il pas des situations où l’homme n’est pas libre ?

Il y a un problème à concevoir que l’homme est condamné à être libre quand on sait que
l’esclavage a existé, que dans certains pays les individus sont privés de liberté.
On ne peux pas nier le fait que les esclaves ont été privés de liberté. Et un esclavage reste un
homme donc si on suit la théorie de Sartre, l’esclave est libre et est même condamné à l’être. Mais
comment peut-on être libre alors même qu’on est attaché ? Comment être libre quand on nous laisse
pas ce qu’on veut ? Pour comprendre pourquoi selon Sartre, les esclaves sont également libre, il faut
savoir que pour l’auteur, c’est en me confrontant avec autrui que je peux exister. Le philosophe
existentialiste considère que c’est dans les moments où on sent que notre liberté est menacée qu’on
est encore plus libre. En ce sens, Sartre disait : « jamais nous n'avions été plus libres que sous
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l'occupation allemande ». Pour lui, le fait de vivre sous l’occupation c’est en fait être exposé de
manière permanente au danger, c’est avoir la conscience qu’on peut mourir. Pour cela, Sartre pense
que l’occupation allemande est une situation dans laquelle l’homme peut exercer sa liberté et même
qu’il doit le faire. Cette idée est quand même dure à concevoir. Lors de l’occupation allemande, le
travail était obligatoire, il y avait aussi des lois antisémites, des déportations, de la censure voire de
la répression. Comment pouvons nous soutenir que lors de cette période, l’homme a été plus libre
que jamais ? On voit bien à première vue que sous l’occupation, la plupart des français ne semblent
pas avoir été libres. Pour Sartre, la liberté n’a de sens que parce qu’elle suppose une action, un
engagement de soi, en fonction précisément des circonstances. Être libre, c’est se situer par rapport
à une condition donnée, qui nous invite à choisir. Selon Sartre, il dépend de moi de me comporter
en collaborationniste, en résistant, en observateur. Le pouvoir de la liberté ne réside pas seulement
dans le pouvoir d’action, mais également dans la conception fait du monde qui nous entoure. Tout
dépend de moi d’agir et de vouloir transformer ma condition. Mais je suis libre car je décide. Je
décide de rester dans ma situation ou je mets en œuvre ma liberté. Mais il est impossible selon
Sartre de renoncer à sa liberté, c’est même moralement interdit. Renoncer à porter cette charge
revient à abdiquer notre responsabilité face aux actes. Il est vrai que dans ces situations, l’homme a
tendance à ne pas apercevoir sa liberté et donc a trouvé qu’il ne peut pas être responsable des choses
qui l’arrivent mais Sartre n’est pas de cet avis. C’est justement ces situations qui montrent le mieux
ma liberté. En d’autres termes, ce que je fais de ma condition dépend de moi, je suis ici responsable
de ce que je fais de ma liberté c’est-à-dire dans ma capacité à l’utilité. Sartre a des théories plutôt
discutables. On aurait plus tendance à croire que alors de l’occupation allemande, les droits
fondamentaux de l’homme ont été « balayer », « ignorer ». Son ouvrage, l’Être et le Néant, évoque
à peu près la même idée au sujet des esclaves. Il dit au sujet de l’esclave, je cite : « lorsque nous
déclarons que l’esclave est aussi libre dans les chaînes que son maître, nous ne voulons pas parler
d’une liberté qui demeurerait indéterminée ». Sartre dans ce passage explique ce qu’il entend par
l’idée que l’esclave est libre; il affirme qu’ici il ne considère pas que l’esclave et le maître ont la
même situation (le maître est celui qui opprime et l’esclave est celui qui est opprimé) mais que la
liberté du maître n’influence en rien la liberté de l'esclave. En fait, pour Sartre, tout dépend du
projet de l’esclave. L’esclave est selon lui « libre de briser les chaînes » mais cette liberté il ne peut
l’apercevoir que selon ce qu’il veut faire de ses « chaines ». Sartre dit, je cite : « le sens même de
ses chaînes lui apparaître à la lumière de la fin qu’il aura choisie : rester esclave ou risquer le pis
pour s’affranchir de la servitude ». On voit ici que dans la situation même de l’esclave, il y a un lien
a faire entre liberté et responsabilité. Rappelons ici une phrase de Sartre : « rien n’existe dans la
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conscience qui ne soit conscience d’exister ». L’esclave qui a pour projet de se révolter ne voit pas
dans les chaînes un obstacle alors que celui qui pense qu’il n’est pas libre à cause de ses chaînes,
fait des chaînes un obstacle. Pour Sartre, l’homme n’est pas ontologique plus ou moins libre qu’un
autre. Nous pouvons dire en un sens que Sartre soutient l’idée que l’esclave est responsable de sa
liberté et est donc en un sens responsable de sa condition d’esclave. Sartre dit que l’esclave est
libre, libre de briser ses chaînes (ce qui n’est pas tout à fait vrai car sinon il n’y aurait pas eu autant
d’esclave). En fait, on a l’impression ici que le philosophe minimalise la condition de l’esclave. Je
cite : « Il n’y a donc pas de situation privilégiée; nous entendons par là qu’il n’est pas de situation
où le donné étoufferait sous son poids la liberté qui le constitue comme tel — ni, réciproquement,
de situation où le pour soi serait plus libre que dans d’autres ». Le pour soi est la situation pour
Sartre. La situation du maître n’est pas une situation plus privilégiée (d’un point de vue libéral)
selon l’auteur. En tant qu’homme, ils sont dotés de la même liberté. Rappelons quand même ici que
pour les colons, les esclaves n’étaient pas leurs semblables. Même si Sartre est conscient que le
maître est un obstacle à la liberté de l’esclave et qu’il le contraint, il affirme quand même malgré
cela que l’esclave peut chercher à contourner, s’opposer à cette contrainte. Ce n’est pas une
condition indépassable. C’est donc une excuse. L’esclave se réconforte dans sa situation en se disant
que c’est le maître qui en est la cause. Le problème de cette idée c’est que ce n’est pas aussi facile.
Même si l’esclave voudrait se libérer, le problème est que s'il a des familles, le fait qu’il s’en fou, il
les condamne à encore plus souffrir si le maître décide de s’acharner sur eux. L’esclave qui « brise
ses chaines », abandonne sa famille et je pense même que c’est pour cela que certains esclaves ne se
révoltent pas contre leur maitre. Il y a aussi le risque de mourir en voulant s’échapper. On ne veut
pas rester, mais on n’a pas le choix. Sartre ne prend pas en compte tous les facteurs. Ne pas avoir le
choix ça ne veut pas dire que j’accepte ce qui m’arrive. Normalement une personne est libre quand
elle a le choix. L’homme n’est pas responsable du fait qu’il soit né avec telle couleur de peau et pas
une autre. Ceci dit, il est vrai qu’il peut se révolter et là montrer qu’il ne veut pas être réduit en
esclavage mais la situation est plus complexe qu’elle y parait. Mais en fait ce qu’il faut comprendre
c’est que pour Sartre, il n'y a donc pas de nature humaine. C'est à chacun de réaliser, dans une
époque et un lieu déterminés, sa propre histoire qui ne peut être fixée d'avance. Ce n’est pas parce
qu’on naît esclave que cela veut forcément dire qu’on ne peut rien faire pour changer cette
condition. L’homme construit son existence à chaque instant en choisissant sa vie et en la réalisant
in situ : « l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et [...] il se définit après »
nous dit Sartre. Ce que Sartre veut dire c’est que c’est nous qui nous créons. Donc même l’esclave
est libre.
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Néanmoins, si on se penche sur la notion d’impuissance, on peut voir qu’il existe des
situations dans lesquelles les hommes ont l’impression d’être confronté à des situations où ils n’ont
pas « d’issue de secours ». L’impuissance réside dans le fait que nous ne pouvons pas modifier
notre situation à notre gré. Cette idée provient de Sartre et la justifie en disant : « je ne suis « libre »
ni d’échapper au sort de ma classe, de ma nation, de ma famille ». Sartre conçoit le fait qu’il existe
des obstacles qui nous empêchent de concrétiser nos projets. Mais face à l’obstacle, il ne faut pas
abandonner, il faut trouver un moyen afin d’attendre le projet qu’on s’est fixé (cf l’idée de
spontanéité) voire à s’adapter en changeant de projet. Sartre donne l’exemple du rocher afin de
montrer la pertinence de son idée. Pour le philosophe, le fait qu’un rocher bloque le chemin n’est
pas une condition insurmontable mais c’est plutôt une situation qui me conduit à fonder un projet
nouveau; face à cet imprévu, je peux soit contourner le rocher, soit l’escalader, soit changer de
chemin. Cette partie se basera sur ce que Sartre appelle le coefficient d’adversité. Ce coefficient
dépend de moi. Il n’atteint en rien ma liberté. Le mot « adversité » revient à parler d’obstacle à ce
qu’on veut. Pour lui, l’obstacle se caractérise par le coefficient de l’adversité qui donne l’action.
Sartre dit, je cite : « Tel rocher, qui manifeste une résistance profonde si je veux le déplacer, sera, au
contraire, une aide précieuse si je veux l’escalader pour contempler le paysage ». Dans le cas de
l’exemple de Sartre, la grosseur du rocher dépend de mon objectif (il peut m’aider ou m’empêcher à
réaliser mon action). Mais cependant, il n’y a pas de situation qui suit une situation intrinsèquement
c’est-à-dire en soi, d’impuissance. Cela dépend de nous. Comme « Être libre, c’est se déterminer à
vouloir ». L’homme dès lors qu’il se lance dans un projet et que celui-ci (le projet) fait face à un
obstacle, le fait de ne pas s’arrêter sur un échec mais au contraire trouver des solutions, déterminer
d’autres projets fait que l’homme exerce sa liberté. Il ne peut pas rejeter la faute de son échec sur les
contingences du monde puisqu’il est seul, maître de ses actes. Ce n’est pas l’obstacle qui l’empêche
de réaliser son projet; c’est plutôt lui qui ne sait pas saisir l’obstacle à bon escient. Ma situation
d’impuissance dépend donc de ce que je choisis de faire. D’ailleurs pour Sartre, il est mieux d’avoir
plusieurs projets c’est-à-dire d’être « perpétuellement » en recherche de projet (de continuer malgré
les échecs) que de rester sur un échec. Même si, certaines choses se présentent à nous comme des
obstacles, c’est à nous de les tourner à notre avantage afin de réaliser nos projets. Autrement dit,
même si une chose semble nuire à ma liberté, cela reste qu’une impression.

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Ainsi, il s’avère que l’homme libre est celui qui agit et qui est responsable de ses choix.
L’homme est libre et responsable, il ne peut pas être l’un ou l’autre. Sartre parle de la liberté et la
responsabilité en montrant qu’il y a plusieurs rapports et ces rapports dépendent de nos actions, de
la conscience que l’on a de nous (autrui est une aide pour cette conscience), de notre condition entre
outre mais aussi au fait que l’homme l’acception n’est pas totale. Il admet tout à fait qu’il est
difficile d’être libre voilà pourquoi la liberté est source d’angoisse, de mauvaise foi. Pour Sartre,
c’est justement en ce que c’est dur, que cela fait la valeur de l’homme.

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