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Nous avons donc vu que l’être humain peut être libre malgré l’existence de la nécessité car il
agit contre la nécessité en faisant des actes guidés par sa volonté pure qui rend ses choix
contingents. Néanmoins, ne serais-je pas sous l’influence de la nécessité rien que par le fait de faire
face aux choix auxquels je fais face ? Ma liberté serait alors une illusion car je n’ai pas conscience
d’à quel point je suis déterminé : je suis nécessairement soumis aux choix auxquels je fais face et je
suis contraint à agir de cette manière.
L’être humain n’est pas libre comme il pense l’être, il est soumis à des causes dont il ignore
l’existence, son libre-arbitre est une illusion. Le seul moyen pour que la liberté ait une place parmi
la nécessité est alors d’apprendre à connaître le monde et ses causes déterminantes pour s’approcher
de l’omniscience, de Dieu (la Nature), qui a créé l’être humain. L’homme existerait donc comme un
objet créé par une entité supérieure, étant la source des causes le déterminant, son essence, ce qu’il
est au fond de lui, précéderait son existence. Néanmoins, que serait-il de la liberté si la nécessité
n’existait pas, si l’homme n’était pas une création d’une entité supérieure mais juste une chose en-
soi ?
L’homme n’est pas le fruit d’une entité supérieure, il n’est pas un objet créé pour accomplir
un destin. Il n’est pas déterminé et n’a pas de tâches nécessaires à part celles liées à sa survie
comme manger boire et dormir. L’être humain n’a alors pas son essence précédant son existence :
son existence précède son essence, c’est à dire qu’il se détermine lui-même par ses choix. Voici la
thèse que défend Jean-Paul Sartre dans L’Existentialisme est un Humanisme. L’homme ne connaît
pas de déterminismes à part ceux qu’ils se construit par ses choix, son projet. Son existence précède
son essence. Pour illustrer cette idée, Sartre utilise l’exemple du coupe papier : pour créer un coupe-
papier, l’artisan doit avoir, avant de créer son objet, une image mentale de cet objet pour qu’il
réponde aux caractéristiques nécessaires à l’accomplissement de sa tâche qui est de couper du
papier. Le coupe-papier est créé pour couper du papier et uniquement pour cela, son essence
précède son existence. Pour Sartre, l’homme n’est pas le fruit d’une création supérieure et n’a alors
pas d’essence précédant son existence, c’est à lui de se donner une essence avec son projet. Le
projet de l’homme est ce qui fait de lui ce qu’il est car l’homme se définit au travers de ses actions.
Par conséquent, la seule nécessité influençant l’homme est celle qu’il s’impose à lui-même. En
effet, si je choisis de m’engager dans l’armée et que je perds l’usage de mes membres à cause d’un
accident, c’est uniquement mon choix de m’engager qui à causé cet accident. La liberté de l’homme
est dès lors absolue car il se détermine lui-même, sa liberté est tellement absolue que l’homme n’est
pas libre d’être libre, sa liberté est la seule nécessité existante. Chaque choix est alors contingent et
la nécessité telle que l’entend Spinoza est une illusion.
Certes, l’homme connaît des déterminismes mais penser qu’ils sont responsables de tout ses
choix et que l’homme lui-même n’est responsable de rien revient à faire preuve de mauvaise foi, de
se donner des excuses pour justifier nos actions. Or l’homme est responsable de tous ses choix car il
est conscient qu’il se construit au travers de ses choix. En ce sens, la liberté est compatible avec la
nécessité car je suis la nécessité, mes actions déterminent mes futures actions au fur et à mesure que
je choisis, je restreins mon champ d’action. L’homme est alors à la naissance dans la liberté la plus
totale et aucune nécessité ne le détermine.
La nécessité et les déterminismes sont alors des illusions que l’homme ressent alors qu’il est
totalement libre dans toutes ses actions. L’être humain se détermine lui-même sa liberté est alors
nécessaire.
Nous avons vu, au travers de ce développement, tout d’abord que la liberté semblait pouvoir
être compatible avec la nécessité grâce au libre-arbitre qui nous permet de choisir sans raison
déterminée par la nécessité. Néanmoins, ce n’était pas suffisant pour être libre malgré la nécessité,
pour cela il faut prendre conscience des causes nous déterminant pour être réellement libre. Mais
comment savoir si je suis conscient de toutes les causes qui me déterminent ? En effet, il existe un
nombre quasiment infini de causes me déterminant, qui me restent inconnues et je ne suis alors pas
libre si je ne les connaît pas. Si je veux espérer avoir un peu de liberté il faut que je prenne
conscience du fonctionnement du monde pour me rapprocher de l’omniscience divine et alors de la
liberté. Cette thèse sous-entendait que l’homme est une création d’une entité supérieure, or si il en
était autrement, l’homme ne serait pas déterminé par la nécessité imposée par le divin. C’est ce qui
nous a amené à notre dernière partie montrant que l’homme étant un être dont l’existence précède
l’essence et qu’il est par conséquent entièrement libre.
À la question « la liberté est-elle compatible à la nécessité ? » nous répondons donc que la liberté
est presque inexistante si il y a une nécessité déterminant l’être humain et que sa compatibilité avec
la nécessité est très réduite. Le seul moyen pour que la liberté soit compatible avec la nécessité est
d’être sa propre nécessité, que l’être humain soit le seul à causer ses actes. La liberté est alors
compatible avec la nécessité car l’homme est son propre déterminisme, sa liberté est alors
nécessaire.