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On définit généralement comme libre ce qui n'est pas empêché de vivre un

mouvement ou une volonté => liberté correspondrait au pouvoir d'agir


indépendamment de toute contrainte. Plusieurs points de vue de liberté :
métaphysique (sujet), politique (citoyen), morale (personne).

MAIS on évolue dans un milieu avec de nombreux conditionnements :


Comment l'homme peut-il être à la fois libre ET contraint par un ensemble
de déterminismes (naturel, social, culturel, politique, psychologique) ?

légal = ce qui est accompli conformément à la loi politique (ensemble des


interdictions, obligations, autorisations adressées à un groupe donné)
légitime = ce qui est accompli conformément à la loi morale (ensemble des
règles autorisant, obligeant ou interdisant, s'adresse à l'homme
universellement)

=> Être libre, est-ce faire ce que l'on veut ?


La conception courante de la liberté

Dans sa situation concrète, homme = soumis à multitudes contraintes


-> il définit la liberté comme un idéal contraire à sa situation réelle.
-> Dans ces conditions, liberté = existence sans lois/contraintes/devoirs,
s'exprimerait au travers d’actions dans lesquelles l'auteur ne tiendrait
compte QUE de lui-même.

A.Gide, Les Caves du Vatican : Le personnage de Lafcadio


décide arbitrairement de jeter hors du train en marche dans
lequel il est, le vieil homme assis en face de lui

Explication référence :
Libre arbitre = pouvoir de décision et d'action possédé par le sujet, si le
pouvoir est utilisé de façon immotivée, peut pousser à réaliser des actes
gratuits ; action libre, ici être libre = faire ce que l'on veut
Critique de cette conception :

- Croire que l'on est en mesure d'accomplir une action détachée de toute
cause apparaît comme une illusion.

Spinoza, Éthique : "L'illusion du libre arbitre vient de la


conscience de notre action jointe à l'ignorance des causes qui
nous font agir".

Explication réf :
Difficile d'affirmer qu'être libre c'est faire ce que l'on veut puisque je ne
sais justement pas ce qui m'a poussé vouloir si mes actions s’intègrent dans
un système de causes dont je n'ai pas conscience.

- Si être libre = faire ce que l'on veut⇔ loi du plus fort l'emporte ; plus
de liberté mais tyrannie.
- Si être libre⇔ faire tout et n'importe quoi sans tenir compte de rien =>
caprice, déraison et non véritable volonté.

Descartes, 4e Méditation Métaphysique : explique à quel point


la volonté et la liberté sont liés, pour Descartes, la volonté
est une faculté universellement partagée.

Développement référence :
Pour Descartes, les hommes ne font pas même usage de la volonté ->
différents degrés de liberté :
- (le + bas) liberté d'indifférence ; je suis capable d'agir mais ne peux
expliquer mon choix
- liberté éclairée ; j'agis tout en étant parfaitement conscient des
motivations qui m'ont poussé à agir.
+ volonté forte, + degré de liberté est grand (Liberté déterminée par
volonté, on peut s'attribuer nos propres choix en revendiquant être les
auteurs de nos actions. -> assumer part responsabilités

=> faire ce que je veux ≠ faire ce qui me plaît


=> Être libre, est-ce refuser d'agir ?
Que suppose et qu'implique la notion d'obéissance ?

obéissance et désobéissance ont du sens que par rapport à la loi, qui


semble toujours s'imposer à nous de façon radicale (ensemble de règles à
respecter) : elle est normative, contraignante (on doit agir en fonction de
ce qu'elle détermine) car a des répercussions (mauvaise conscience,
sanctions...) -> loi est coercitive

La loi n'a-t-elle pourtant pas été instituée pour préserver la liberté ?

attitude commune = voir loi comme obstacle à la liberté MAIS inconcevable


d'envisager liberté en l'absence de toute forme de loi, elle existe car il
existe des limites. Absence de loi = écrasement des plus faibles par les
plus forts.

Montesquieu, L'Esprit des Lois : "La liberté est le droit de faire


tout ce que les lois permettent".

Explication référence :
Absurde d'affirmer qu'être libre c'est refuser d'obéir à la loi car en
théorie, elle a pour fonction de préserver la liberté de tous, sert l'intérêt
commun : être libre ≠ être indépendant des lois

Rousseau, Lettres écrites à la montagne : "il n'y a point de


liberté sans loi, ni où quelqu'un est au dessus des lois".

Explication ref :
Pour Rousseau, liberté = obéissance non pas aux puissants mais à des lois
s'imposant à tous, y compris aux puissants.

-> loi = condition même de la liberté, refuser d'obéir à la loi = refuser la


possibilité d'être libre, permet à chacun de vénéficier d'un minimum de
justice, le droit d'autrui fonde mon devoir envers lui et inversement, vie en
société implique principe de réciprocité.
Être libre ce n'est pas refuser d'obéir, mais accepter de faire son
devoir

La notion de liberté a du sens que pour l'homme car il possède le libre-


arbitre, qui permet l'expérience morale : c'est car on est libre que l'on
peut faire le bien ou le mal.

Kant, Critique de la raison pratique et Les Fondements de la


métaphysique des mœurs : explique qu'il faut faire de la
liberté un postulat de la raison (=affirmation qu'on demande
d'admettre). "tu dois donc tu peux".

Explication référence :
Pour Kant, il faut admettre avant toute action la possibilité pour un
homme de choisir d'obéir ou non à ce que dicte la loi : puisque tu es libre et
que la loi t'impose des devoirs, tu as la possibilité de ne pas y obéir, c'est
CAR je suis libre que mes actions peuvent être jugées bonnes ou non.

Puis, Kant dit qu'être libre c'est accepter de faire son devoir. Pour Kant,
être libre c'est refuser d'obéir à nos passions/désirs (nous rendent
esclaves) -> liberté = acte libre doit être déterminé par "bonne volonté"
(= choisir ce que la raison reconnaît comme "bon"). -> être libre = agir
raisonnablement, en obéissant au devoir moral que dicte notre raison.

Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs : "La liberté


est une propriété de la volonté de tous les êtres raisonnables".

Explication référence :
Pour Kant, refuser d'obéir aux devoirs moraux dictés par sa raison =
refuser son statut d'homme libre car se laisse guider passivement par
désirs/instincts comme l'animal.

=> Être libre n'est-ce pas la possibilité de nous "fabriquer"?


Existence et essence
existentialisme = mouvement philosophique faisant de la liberté un objet
de réflexion privilégié (Sartre)

Pour eux, liberté = propriété propre à l'homme, lui permet d'échapper aux
déterminations naturelles jusqu'à une certaine limite. Grâce liberté,
existence humaine a un sens : chaque homme (CAR libre) se réalise
personnellement en attribuant lui-même le sens qu'il veut donner à sa vie.

Sartre, L'Existentialisme est un humanisme : montre à quel point


l'homme se doit de se réaliser lui-même grâce à sa liberté.

Explication référence :
L'existence humaine diffère de l'existence des objets fabriqués : un objet
est fabriqué pour répondre à une utilité particulière (stylo existe dans le
but d'écrire avant même d'exister réellement). Pour existence humaine, rien
ne prédétermine l'homme de façon aussi figée: avant d'être ceci ou cela je
dois exister. -> Pour Sartre, chez l'homme, existence précède l'essence ≠
objets. -> chacun doit faire exercice de la liberté en forgeant propre
personnalité => je ne suis que ce que j'ai décidé d'être.

Conséquences de cette forme de liberté

liberté totale => responsabilité totale ; Car homme = libre -> livré
pleinement à lui-même, lui seul doit endosser les conséquences de ses actes.

Sartre, Situations : "Jamais nous n'avons été aussi libres que


sous l'occupation allemande".

Explication référence :
(Sens métaphysique de la liberté) : les situations extrêmes nous
permettent de faire véritablement l'épreuve de notre liberté -> liberté =
fardeau, parfois difficile à assumer. CAR les autres me jugent sans cesse,
impression de ne pas pouvoir me tromper "condamné à être libre". MAIS car
infinité de choix -> peur d'assumer liberté : je la nie en faisant comme si
je n'avais pas le choix-> mauvaise foi

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