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LE TRAVAIL

INTRODUCTION : DEFINIR LE TRAVAIL

Mot d’usage très courant mais dont les significations sont multiples et la définition
soulève de nbx pb.

 Etymologie : latin tripalium = dispositif constitué de 3 pieux servant à


immobiliser les chevaux ou les bœufs pour les ferrer, instrument de torture

dès l’origine le mot est associé à l’idée de souffrance  « travail d’enfant »


=accouchement, en obstétrique « Ensemble des phénomènes mécaniques de l'accouchement
qui permettent la dilatation du col de l'utérus et l'expulsion du fœtus »-salle de travail,
femme en travail

->idée souffrance, contrainte, effort, processus se déployant ds le tps p aboutir


résultat

Activité humaine pénible (travail animal ?) manuelle ou intell qui demande effort
prolongé p obtenir résultat (produire qqch), une modif de son environnement.

Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle que le mot travail s’impose ds son sens actuel
(avant lié seulement à souffrance-accouchement et torture), jusque-là on employait plutôt
labeur <lat. labor -> labourer ou ouvrer <lat. operare <opera = travail, activité pour le travail
des artisans (subsiste ss forme œuvrer).

Le travail est lié à la production : il s’agit, on l’a vu, d’obtenir un résultat donc de
produire qqch qui réponde à un besoin (travail tjs lié besoin ?) -> production matérielle,
concrètela pensée est-elle un travail ? Rapport travail manuel/intellectuel.

Le travail est aussi lié à un salaire, une somme d’argent en réponse à un effort,
comme compensation d’un effort  réponse monétaire suffit-elle ? (v. S.Weil sur le salaire)
un travail non rémunéré en est-il vraiment un ?

Le travail modifie la matière, l’environnement mais il modifie aussi le travailleur (cf


Marx, Hegel).
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Le travail est-il forcément lié à la souffrance, à une activité pénible ? travail


ingrat/travail gratifiant

Récap def travail :

 Tte activité demandant attention, efforts prolongés


 Activité rétribuée, effectuée en vue d’un gain
 Activité par laquelle on produit matériellement des objets de conso et
d’usage
 Physique : produit d’une force par le déplacement de son point
d’application (XVIIIe)

On constate à travers la réflexion sur le mot la complexité de la notion, son historicité


et les nombreuses qst qu’elle soulève. Nous allons voir d’abord que le travail est une réalité
humaine et historique, ensuite nous aborderons l’ambiguïté du travail vu à la fois comme
une servitude et un moyen de réalisation de soi, il nous faudra après réfléchir aux rapports
entre le travail et la société, enfin nous envisagerons l’actualité et l’avenir du travail.

I – LE TRAVAIL, PROPRE DE L’HOMME

 LECTURE DU MYTHE DE PROMETHEE (Platon,Protagoras 320-321c)

1 – Le travail, réalité humaine

Comme on le voit ds le mythe de Prométhée, s’il veut survivre, l’homme doit


travailler, il doit engager ses forces pour se nourrir, pour rendre habitable un environnement
qui lui est sinon hostile en tous cas inadapté. Le travail est donc une réalité humaine et seul
l’homme travaille.

En effet les animaux ne font que remplir un programme génétique auquel ils ne
peuvent échapper et dont dépend leur survie- ils ne peuvent pas ne pas travailler. Bien sûr
l’araignée tisse sa toile, l’oiseau construit son nid, l’abeille fabrique des alvéoles
géométriquement parfaites et fait du miel mais aucun de ces animaux ne travaille. Même les
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animaux dressés par l’homme pour l’assister dans son travail – cheval, bœufs, chien de
berger- ne travaillent pas comme le montre Marx ds un texte célèbre :

 LECTURE D’UN EXTRAIT DU CAPITAL LIVRE I

Ce que montre Marx c’est que le travail est le résultat d’un projet conscient,
l’architecte élabore son édifice ds sa tête avant de la réaliser ds la réalité ce que ne fait pas
l’abeille ni l’araignée. Le travail ne consiste pas à transformer la matière, à produire qqch
mais à poursuivre un but dont on a conscience, ce qui implique un projet, une attention
soutenue, une persévérance, un effort continu ds le temps jusqu’à obtention du résultat
souhaité. En agissant ainsi l’homme n’agit pas seulement sur la nature mais sur lui-même
« il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent » Marx (Capital, LI,
ch.7)

Le travail est-il donc une donnée anthropologique essentielle ? Tous les hommes ont-
ils toujours travaillé ? Existe-t-il des sociétés sans travail ? (qst sur laquelle ns reviendrons) Le
mot travail n’est pas universel, de nombreuses langue ne le possèdent pas mais cela signifie-
t-il qu’il est absent des pratiques ? Et la représentation du travail, l’idée qu’on s’en fait est-
elle la même pour tous les peuples et toutes les époques ? Il semble cependant que le travail
fasse bien partie de la condition humaine, l’homme préhistorique était en permanence en
quête de nourriture, il fabriquait des outils pour travailler (se nourrir, se vêtir, s’abriter…).
L’homme met au point des techniques de travail qu’il transmet à ses descendants qui les
améliorent et c’est ainsi que l’humanité progresse (=/= fixité animale). Il s’approprie la
nature par son travail.

L’homme travaille parce que c’est pour lui une nécessité vitale, il doit tirer ses
moyens de subsistance de la nature et cette activité réclame des efforts soutenus, répétés,
fatigants pour obtenir ce qui lui est nécessaire : d’abord survie biologique mais le nécessaire
va en s’élargissant avec le tps.

Mais comme le montre Marx, le travail n’a jamais lieu sous la pression du besoin mais
ds une distance que manifeste la production de moyens de production qui suppose que la
satisfaction soit anticipée ou différée.
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2 – Travail et humanisation

Ce que nous venons de voir qui distingue le travail humain de l’activité animale est
aussi ce qui contribue à notre humanisation. On vient de voir que selon Marx, le travail
modifie l’homme, lui permet de développer ses capacités, d’exprimer ses potentialités, donc
de s’améliorer. Le travail répond à une nécessité biologique mais permet aussi de la
surmonter, d’accéder à une pleine conscience de soi. Le travail peut donc permettre de
donner un sens à son existence. Pour Hegel (Phénoménologie de l’Esprit, 1807) le travail est
ce par quoi l’homme accède à une pleine conscience de lui-même et à l’indépendance. Il
dépasse sa condition biologique et les contraintes de son environnement. En travaillant
l’homme s’humanise d’autant plus qu’il développe ses capacités, à commencer par ses
facultés spirituelles qui ne sont en lui qu’en puissance tant qu’il ne les a pas exercées. Le
travail permet l’acquisition de savoirs et de savoir-faire ce qui manifeste sa perfectibilité qui
selon Rousseau (Discours sur l’origine de l’inégalité, 1755) fait le propre de l’humanité.

Cette qualité ne se manifeste pas seulement sur le plan individuel, grâce à l’éducation
et à la transmission des savoirs et techniques c’est toute l’espèce humaine qui se développe
et progresse (mais ceci a, comme l’a montré Rousseau, son revers : régression, domination,
violence…). Ce développement de l’huma n’est possible que par le travail de chaque
homme : en travaillant, l’homme s’humanise en ce qu’il se perfectionne et contribue au
perfectionnement de son espèce.

3 – Le travail, phénomène historique

Le travail est un fait historique qui varie en fct du temps et de l’espace, le mot travail
recouvre une grande diversité d’activités plus ou moins valorisées.

Dans la Grèce ancienne il n’existe aucun mot correspondant à notre mot « travail »,
on trouve des termes désignant des activités diverses : « ponos » désigne toutes les activités
pénibles (12 travaux d’Hercule), un terme « ergadzesthai » désigne le travail agricole, les
mots formés sur la racine « tek » désignent les activités artisanales. Pour les Grecs le travail
est une contrainte, qqch qui s’oppose à la liberté, donc il est lié à la condition servile. Cette
activité est méprisable et réservée aux esclaves et aux artisans guères mieux considérés car
se consacrant à des activités utilitaires et soumis à la nécessité. Seuls les hommes libres et
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oisifs sont valorisés car ils disposent du temps pour se consacrer aux activités libérales  :
activité intellectuelle et activité politique. Ceux qui travaillent sont considérés comme des
êtres inférieurs, ds La République (495 d-e) Platon parle de la « foule des gens de nature
inférieure, et chez qui l’exercice d’un métier mécanique a usé et mutilé l’âme en même temps
que déformé le corps ». Pendant longtps (jusqu’à Révol) les sociétés seront séparées en deux
catégories, ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas, les premiers étant méprisés et
infériorisés.

Ds la société chrétienne médiévale, les aristocrates sont voués à la guerre et ne


travaillent pas, le clergé prie et se consacre aux œuvres de l’esprit, les paysans, artisans et
commerçants travaillent, ce travail est pénible mais il faut l’accepter car, voulu par Dieu, il
apporte la rédemption. Le travail et ceux qui l’exercent sont méprisés par les élites sociales.

Peu à peu émerge une nouvelle classe sociale enrichie par le travail (intellectuel,
productif ou financier) la bourgeoisie d’où naitra le capitalisme et les théories libérales qui
valorisent le travail et l’action. Petit à petit la notion de travail est valorisée, il est perçu
comme une activité qui demande certes des efforts mais qui est efficace et aboutit à une
transformation bénéfique. Le travail est ce qui enrichit et permet de réussir ds la société. Au
XVIIIe le travail devient une valeur avec l’apparition de l’économie politique, il est vu comme
un facteur de production et comme source d’autonomie pour l’individu.

La bourgeoisie créatrice de richesses mais privée du pouvoir politique ds la société


aristocratique sera au cœur de la révolution de 1789 qui libérera le travail en supprimant les
privilèges, les corporations : chacun peut exercer le métier qu’il veut en fct de ses goûts et
de ses compétences. Le travail devient un moyen de montrer sa valeur, de se rendre utile à
la collectivité et de se constituer une identité ds une société qui condamne les privilèges et
les situations héritées.

Au XIXe se développe le travail salarié mais aussi la législation du travail issue des
luttes sociales. Hegel y voit l’essence de l’homme, la liberté créatrice et Marx une activité
vraiment humaine mais qui doit être libérée. A partir de la fin du XIXe le travail devient le
pivot de la distribution des biens, des revenus, des droits et des protections.

La société du XXe est une société salariale et le travail est valorisé comme facteur de
production mais aussi d’épanouissement. Mais en parallèle la division du travail s’amplifie et
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même sa parcellisation avec l’organisation scientifique du travail imaginée aux Etats-Unis par
Taylor.

4 – Travail et inscription de l’homme dans l’histoire

L’homme s’inscrit ds l’histoire par le travail, étant donné que contrairement à


l’animal il doit se représenter son action avant d’agir, il doit être capable de se projeter ds le
futur, de s’inscrire ds le temps donc d’acquérir une conscience du tps qui passe. La pratique
de l’agriculture suppose de comprendre le cycle des saisons et de mettre en œuvre un travail
dont le résultat ne se concrétisera que des mois plus tard.

On a vu que le travail humain est aussi lié au progrès, chaque génération bénéficie
des acquis de la précédente et les améliore ou les modifie il y a donc une dynamique
historique ds les sociétés humaines. Le travail structure le temps humain, l’oriente vers un
but, par son travail l’homme apporte qqch au monde commun des hommes et donne un
sens à son existence.

Le travail joue un rôle décisif ds l’organisation des hommes en société :

 LECTURE DAVID HUME, TRAITE DE LA NATURE HUMAINE

II – SERVITUDE OU REALISATION DE SOI ?

Il y a une fondamentale ambiguïté du travail qui est lié à la fois à la servitude et à la


liberté, en effet le travail est une contrainte douloureuse et même une malédiction à
laquelle on ne peut échapper, il soumet l’homme à l’exploitation et à l’aliénation mais il peut
aussi être un moyen de conquérir sa liberté et d’atteindre à un épanouissement par la
créativité.

1 – Le travail comme malédiction


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Il (Dieu) dit enfin à l’homme : « Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu
as mangé le fruit de l’arbre que je t’avais interdit de manger : maudit soit le sol à cause de
toi ! C’est dans la peine que tu en tireras ta nourriture, tous les jours de ta vie. De lui-même,
il te donnera épines et chardons, mais tu auras ta nourriture en cultivant les champs. C’est à
la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont
tu proviens ; car tu es poussière, et à la poussière tu retourneras. » Bible, Genèse I, 1

Les paroles de la Bible imposent ds le monde chrétien l’image du travail comme


punition et malédiction, l’homme doit travailler parce qu’il a désobéi à Dieu et la sanction
sera la difficulté pour obtenir sa nourriture, pour satisfaire ses besoins vitaux l’homme devra
peiner car le sol sera avare en nourriture. L’homme devra cultiver tous les jours un sol ingrat
avec peine et la sueur sera le prix de son pain. Tout cela pour retourner un jour à la terre.

Ds la Bible la nécessité de travailler apparaît comme un malheur car la nature ne nous


donne pas spontanément, directement ce dont nous avons besoin pour vivre cela demande
des efforts et, contrairement aux animaux, nous ne pouvons nous satisfaire de ce que nous
trouvons à notre portée. Nous sommes faibles et nous avons des besoins impératifs sans les
moyens de les satisfaire, comme le montre le mythe de Prométhée il nous faut user d’art
pour rester en vie, donc travailler, mettre en œuvre des techniques.

Le travail est donc une contrainte, une obligation naturelle et sociale « tu dois
travailler ». On ne peut se livrer qu’à des activités utiles, des « gagne-pain » ce qui réduit
notre liberté. Le travail n’est pas facile car le sol est maudit, la terre résiste, ne livre pas
facilement ses fruits d’où la pénibilité du travail. On a vu que ds son origine le mot travail
comporte l’idée de souffrance.

Le mépris antique du travail est lié à sa pénibilité qui rend évident notre statut d’être
dépendant d’une nature qui nous impose sa loi, à laquelle nous sommes soumis (=/=vision
moderne).

2 – Le travail comme exploitation et aliénation

Ce qui rend le travail maudit pour certains (cf S.Weil) c’est les conditions ds lesquelles
il est effectué et le rapport de domination qu’il entraine.
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Ds les manuscrits de 1844, Marx définit le travail comme une aliénation (fait de ne
plus s’appartenir, de ne plus être soi-même) qui consiste pour le travailleur à être rendu
étranger à la fois au produit qu’il fabrique et à l’activité à laquelle il se livre. Ds le travail le
travailleur ne s’affirme pas mais se nie, ne se sent pas à l’aise, ne déploie pas une libre
activité physique et intellectuelle mais mortifie son corps et ruine son esprit. Le travailleur
n’a le sentiment d’être lui-même qu’en dehors du travail.

L’aliénation se produit quand le travail s’effectue selon des modalités (méthodes,


rythme, organisation) dépossédant celui qui travaille de la possibilité de faire œuvre. La
parcellisation des tâches mécanise le travail au point de réduire le travailleur à « un simple
appendice de la machine. » (opp civili indus /civili artisanale).

Le travail est aliéné lorsqu’ « il n’est pas la satisfaction d’un besoin mais seulement le
moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail. » Il y a une contrainte vitale, le
travailleur s’y soumet parce qu’il ne peut pas faire autrement pour survivre mais ce qu’il fait
ne l’intéresse pas. Le temps de travail est vécu comme un temps de négation de soi.

Dans Le Capital, Marx passe du concept d’aliénation (ce qui est subi, ressenti par le
travailleur) au concept d’exploitation (méthode pour accumuler du capital). L’exploitation de
la force de travail est ce qui permet à l’employeur de faire du profit et d’amasser du capital.
Le travailleur est réduit à sa force de travail, il est déshumanisé et n’est plus qu’un facteur de
production parmi d’autres. Son salaire est réduit au minimum, calculé pour qu’il reste en vie
et en capacité de travailler, Marx appelle ce travailleur un prolétaire (à Rome les prolétaires
étaient la dernière des 6 classes sociales, ni droits, ni propriétés, exclus charges publiques).

Pour vivre le prolétaire n’a que sa force de travail à vendre aux propriétaires des
moyens de production or le salaire reçu en échange ne correspond pas à la totalité de leur
travail car la plus-value, la différence entre la valeur des biens produits par le travailleur et la
rémunération du travail est prélevée par l’employeur=>exploitation.

Le sommet de ce processus est atteint avec l’organisation scientifique du travail


(O.S.T.) Taylor : séparation totale entre conception et exécution, encadrement et ouvriers ;
rationalisation du procès de prod par décomposition et chronométrage des tâches ->
ouvrier : strict exécutant des tâches ds le tps voulu.
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3 – Le travail comme libération

Ds la Phénoménologie de l’esprit (1807) Hegel montre la place fondamentale du


travail ds la conscience de soi et la conquête de la liberté, c’est la célèbre « dialectique du
maître et de l’esclave ».

 Premier moment : rencontre de deux subjectivités et lutte pour la


reconnaissance, chacun veut être reconnu par l’autre comme sujet
(=/=objet)lutte : celui qui gagne triomphe et réduit en esclavage l’autre qui est nié
comme conscience de soi libre, il devient l’instrument de la volonté du maître.
 Deuxième moment où le travail vient bouleverser le rapport maître-
esclave et rend l’esclave maître du maître. Par le travail l’esclave se met en situation
de prendre conscience de sa liberté : le maître, soumis à ses désirs qu’il peut réaliser
en commandant à l’esclave, risque de devenir esclave de ses pulsions ; l’esclave au
contraire apprend la patience car il apprend par le travail qu’il existe un tps d’effort
entre le désir et sa réalisation « le travail est désir réfréné, disparition retardée, le
travail forme » ; le travail confère à l’esclave la maîtrise de ses propres facultés (ctrl
désirs et savoir-faire) et celle de la nature (ctrl de son milieu par travail). L’esclave
devient maître de lui-même alors que le maître accroit sa dépendance à l’égard de
son esclave.
 Troisième moment, en travaillant l’esclave prend conscience de lui-
même à travers ses œuvres, il mesure sa puissance alors que le maître n’est
personne sans son esclave ce qui conduit à renverser le premier moment : ce n’est
plus le maître qui domine, mais l’esclave qui devient maître du maître.
Selon Hegel le travail est une contrainte libératrice et formatrice.

4 – Le travail comme création

Le travail c’est la lutte que mène l’homme pour transformer la matière et lui imposer
la forme qu’il a choisie, il est donc création de qqch qui n’existe pas à l’état naturel. Le travail
comme transformation de la matière témoigne du génie humain qui s’approprie le monde,
en fait un matériau auquel il donne une forme imaginée par lui.
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Le travail crée des biens utiles mais au XVIIIe on prend conscience qu’il crée aussi des
richesses, de la valeur -Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des
nations (1776).

Dans le domaine artistique le travail est bien évidemment création de qqch qui
n’avait pas été fait avant, de qqch d’unique.

III – TRAVAIL ET SOCIETE

Le travail joue un rôle central ds la société, il construit du lien et établit des


hiérarchies, il met en place des interdépendances, chacun a besoin des autres ce qui soude
le corps social. Le travail est aussi ce qui crée et mesure la valeur au sein de la société mais
se pose aussi la qst de la justice, de la rétribution et des conditions du travail. Enfin il faudra
réfléchir à la place du travail et du non-travail ds les sociétés.

1 – Travail et lien social

Chacun ne pouvant répondre à ses besoins par son travail a besoin de celui des
autres ce qui renforce les liens entre les individus, pour Adam Smith ces liens ne sont pas
fondés sur l’attachement à l’autre mais sur l’égoïsme de chacun : « Ce n'est pas de la
bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais
plutôt du soin qu'ils apportent à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en
remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. » Chacun recherche son intérêt mais en
cela il devient un instrument du bien-être des autres. Le besoin des autres dû à la
spécialisation des tâches ds la société lie les individus.

Pour Saint-Simon (1760-1825), penseur de la société industrielle qui est en train de


supplanter l’Ancien Régime, les individus ds la soc. Indus. sont liés par la coopération
laborieuse plutôt que par une hiérarchie due au hasard de la naissance. Chacun ds son
domaine, ingénieurs, banquiers, paysans, artistes, savants, fournit des ressources
essentielles à la vie de la société.
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Le travail est aussi lié à la reconnaissance sociale et au sentiment que chacun a de sa


valeur ds la société. Il est important de pouvoir être fier de son travail qui manifeste nos
compétences, notre valeur, notre engagement, la reconnaissance de cette valeur se
manifeste par le salaire mais aussi par la considération que nous accorde la société. Ceci
explique pourquoi le chômage est difficile à vivre car il donne le sentiment de l’inutilité, de la
non-valeur donc de la non-appartenance au groupe social.

Dans la société la reconnaissance s’acquiert dans et par le travail. Quand nous


travaillons les autres accordent une valeur à ce que nous produisons, c’est ainsi que ns
ressentons que ns valons qqch. Au contraire si notre travail est méprisé ou que ns le perdons
ns perdons aussi la reconnaissance.

Le travail insère l’individu ds un collectif, crée une sociabilité très importante, des
réseaux de connaissances, des possibilités d’échange (pb télétravail).

2 – La division du travail

Rousseau explique qu’à l’origine les hommes pouvaient se suffire à eux-mêmes en se


livrant à des tâches qu’un seul pouvait réaliser, mais dès qu’ils commencèrent à avoir besoin
d’un autre pour accomplir leurs activités ils devinrent dépendants les uns des autres ce qui
pour lui fut le début de l’injustice : « le travail devint nécessaire et les vastes forêts se
changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes et dans
lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germer et croître avec les moissons. »
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755)

L’interdépendance qui a rendu le travail nécessaire s’explique par la division du


travail social : chacun doit se spécialiser ds son activité pour produire plus de marchandises
utiles aux autres qu’il pourra échanger contre ce qu’il ne produit pas lui-même et dont il a
besoin. Mais la spécialisation rend les indiv plus vulnérables et plus dépendants des autres
pour vivre.

Emile Durkheim théorise cette qst ds son ouvrage De la division du travail social
(1893) où il définit la solidarité sociale, ce qui crée le lien entre les mb de la société. Il
identifie deux types des liens : la solidarité mécanique, soc tradit dt mb liés par la
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ressemblance ou la similarité-même langue, mêmes croyances, mêmes habitudes…- ; et la


solidarité organique ds les soc où le lien provient du travail ou de la fct différenciée que
chacun assume ds la soc. Ds les soc construites sur la solidarité organique ce n'est pas la
ressemblance qui relie les indiv mais leur différenciation. Chacun, spécialisé ds sa tâche, se
différencie des autres et c’est ainsi que chacun devient nécessaire aux autres et que les
autres lui deviennent nécessaires. Ds ces soc on a besoin que les indiv ne se ressemblent
pas, qu’ils s’individualisent d’où l’importance de la valorisation du travail comme choix
personnel répondant à des aspirations, des goûts de l’indiv.

Donc pour Durkheim la division du travail est le fondement de la solidarité sociale,


elle soude les indiv et assure la cohésion de la soc mais si elle va trop loin elle peut présenter
des formes « pathologiques ». En effet il faut distinguer la répartition sociale des métiers et
la division technique des opérations de travail qui apparaît au XVIIIe siècle et que théorise
Adam Smith.

 LECTURE D’UN EXTRAIT DE LA RICHESSE DES NATIONS D’ADAM SMITH

A. Smith met en avant le gain d’efficacité et de productivité d’une telle organisation


du travail (passage travail artisanal/~industriel) :

-gain d’habileté individuel

-eco de tps p passer d’un travail à l’autre

-invention d’un gd nb de machines

Cela entrainant l’opulence générale. Mais Smith néglige les effets d’une telle
organisation sur le travailleur, comme l’écrit l’économiste J-B Say « c’est un triste
témoignage à se rendre que de n’avoir jamais fait que la 18 e partie d’une épingle. » En effet
le travailleur est traité comme une machine ce qui produit un effet d’abrutissement et de
perte de sens.

3 – Valeur du travail

On a vu qu’Adam Smith le premier avait montré que le travail produisait de la valeur


et constituait la mesure de la valeur « Le travail est donc la mesure réelle de la valeur
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échangeable de toute marchandise », c’est-à-dire que le prix d’une chose est déterminé par
la quantité de travail qu’elle a demandé.

David Ricardo (1772-1823) précise les rapports entre valeur et travail en distinguant
valeur d’usage et valeur d’échange. Si la valeur d'usage est nécessaire pour qu'il y ait
échange, ce n'est pas elle qui fonde la valeur d'échange comme le montre le paradoxe de
l'eau et du diamant : l'eau a une forte utilité mais une valeur d'échange (prix) très basse ; au
contraire le diamant a une utilité faible mais une valeur d'échange forte. Tout objet que l'on
utilise a par définition une valeur d'usage, qu'il soit marchandise ou non : un couteau du
commerce ou un silex taillé soi-même reste un objet avec une valeur d'usage pour son
utilisateur. C'est l'utilisation qui la lui confère, dit autrement, "La valeur d'usage n'a de
valeur que pour l'usage et ne se réalise que dans le procès de la consommation." (Marx) En
revanche, toute marchandise possède une valeur d'échange, puisque c'est la condition
première pour qu'elle intéresse des acheteurs. Depuis le troc primitif jusqu'à la société
marchande d'aujourd'hui, des objets ont été échangés couramment. Si l'on prend le cas
moyen d'un échange équilibré, il existe donc une grandeur commune entre les deux objets
que l'on échange. Plus généralement, il existe une grandeur commune à toutes les
marchandises échangeables sur le marché, grandeur qui se matérialise dans leur étalon
commun : l'argent. Cette grandeur est la valeur d'échange.

L’économie libérale a défini le travail comme producteur de valeur (richesse) mais en


même tps le travail lui-même est devenu une valeur morale. S’il était méprisé ds l’Antiquité
qui valorisait le loisir-otium- il va peu à peu être valorisé pas seulement sur le plan
économique mais aussi moral.

Les ordres monastiques du MA valorisent le travail, devise des Bénédictins « ora et


labora », le travail manuel est inclus ds la vie des moines car il dispose à l’humilité mais cette
règle se relâche progressivement ce qui va conduire Luther lors de la Réforme protestante à
accuser les moines de vivre ds l’oisiveté, la paresse et d’être des parasites de la soc. Luther
va changer la perception du travail, d’abord ds le monde protestant, avec la notion de Beruf
= vocation, métier, travail. Luther estime que le travail est un devoir moral, un moyen de
servir Dieu, le métier que l’on exerce n’est pas seulement un moyen de gagner sa vie mais un
destin et même une mission voulue par Dieu. Le travail devient la valeur par excellence, il est
une vocation et évite les tentations, éloigne du péché. Le sociologue Max Weber montre ds
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son ouvrage L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1904) que le protestantisme


affirme que l'homme est sur terre pour se livrer à des œuvres terrestres, et que le succès de
ses entreprises est le signe de la grâce divine. L'essor du capitalisme se fonde sur cette
révolution des esprits ce qui explique qu’il se soit d’abord développé ds les pays de culture
protestante (Allemagne du nord, Pays-Bas, Angleterre, Etats-Unis).

Au XXe siècle le travail est érigé en valeur centrale aussi bien ds le monde capitaliste
que ds le monde communiste. En 1935 en URSS, le stakhanovisme était une campagne de
propagande soviétique faisant l'apologie d'un travailleur très productif et dévoué à son
travail. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le régime nazi reprend le thème du travail
libérateur et positif, le slogan Arbeit macht frei (« Le travail rend libre »), repris de Hegel,
sera même apposé à l'entrée des camps d'extermination. Le régime de Vichy, imitant
l'Allemagne nazie et voulant tourner le dos aux conceptions du Front populaire (semaines
des 40 heures, congés payés, etc.), où il voit la source de la défaite, reprend la glorification
du travail. Une nouvelle devise nationale voit le jour en 1941 dans le cadre de la Révolution
nationale voulue par le maréchal Philippe Pétain : Travail, Famille, Patrie. Le droit de grève
est supprimé, de même que l'activité syndicale. Les syndicats sont remplacés par des
corporations contrôlées par l'État. Le retour à la terre est encouragé. Le travail des femmes,
en revanche, est découragé.

Après la guerre, il faut reconstruire et moderniser ce qui place encore une fois le
travail comme valeur suprême, de plus il permet l’accès à la société de consommation.

La valeur du travail se mesure en argent, par le revenu perçu par le travailleur et là se


pose le pb du rapport entre l’utilité sociale et le salaire (cf confinement) – paradoxe
infirmier/footballeur.

4 – Travail et justice

Pour le philosophe anglais John Locke (1632-1704) le travail doit être le fondement
de la propriété : si un homme met sa force de travail ds un champ il est légitime que celui-ci
lui appartienne. Le travail justifie donc l’accaparement des ressources naturelles
(justification du colonialisme). Ds un esprit issu du protestantisme il montre que la propriété
récompense le mérite moral du travailleur, par csq ds son livre Que faire des pauvres ?
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(1696) il voit en ceux-ci des oisifs vivant de la mendicité (donc des parasites) et préconise de
les envoyer aux galères…

Mais la propriété des uns est privation pour les autres et crée des inégalités sociales
considérables au XIXe siècle avec des travailleurs misérables et des rentiers oisifs tirant profit
de leurs propriétés : si on valorise le travail individuel comment accepter que certains
s’enrichissent sans travailler parce qu’ils sont propriétaires ? C’est ce qui conduit le
philosophe anarchiste Proudhon (1809-1865) à déclarer « La propriété c’est le vol ! ».

Pour sa part Marx montre l’injustice du système capitaliste qui fait que les
propriétaires des moyens de production ont tout pouvoir sur les travailleurs qui ne
possèdent que leurs bras à louer et sont par csq exploités : privés de liberté par le lien de
subordination qui en fait les instruments des objectifs capitalistes ; dépossédés de la plus
grande part des fruits de leur travail (cf plus-value).

Les conditions très dures imposées aux ouvriers (salaire journalier misérable,
journées de travail de 10 heures, pas de jour de repos) entrainent la formation d’une
conscience de classe chez les travailleurs qui vont commencer à s’organiser pour établir un
rapport de force. En 1848, pour encourager cette tendance Marx et Engels publient le
Manifeste du parti communiste qui se conclut par cet appel « Prolétaires de tous les pays,
unissez-vous ! »

Des luttes, des grèves parfois sanglantes se succèdent pour réclamer justice ce qui
conduit à une évolution de la loi. Les travailleurs s’organisent et le droit du travail émerge
progressivement :

-1841 – interdiction du travail enfants de – de 8 ans

- 1874- interdiction du travail enfants de – de 12 ans

-1892 – journée de travail max 10 h

-1884 - loi légalisant les syndicats

-1895 – fondation de la CGT

- 1906- journée de repos hebdo obligatoire

-1936 – 15 jours de congés payés


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Peu à peu indemnisation accidents travail, retraites, sécu sociale…

5 – Travail et oisiveté

On a vu que le travail est considéré comme constitutif de l’homme et de nos sociétés


mais existe-t-il ou a-t-il existé des sociétés sans travail ? Des anthropologues comme Pierre
Clastres qui étudié des soc indiennes d’Amérique du Sud (La société contre l’Etat 1974) ou
James Suzman (Travailler 2020) qui s’est intéressé à des soc d’Afrique australe montrent que
le travail tel que nous le concevons n’existe pas ds les sociétés de chasseurs-cueilleurs dont
les membres se contentent de récolter ou chasser ce qui est nécessaire à leurs besoins et se
livrent le reste du temps à des activités plus agréables, repos, loisir… L’anthropologue
Marshall Sahlins dans son ouvrage Âge de pierre, âge d'abondance (1976) se pose la
question : Quel est le statut de l'économie primitive ? La société des chasseurs-cueilleurs
n'est pas une société de dénuement mais d'abondance. L'auteur montre ainsi une autre
définition de l'abondance, inconnue de nos sociétés contemporaines : produire et
consommer uniquement ce dont on a besoin.

La sacralisation moderne du travail à partir du XIXe siècle a suscité des résistances


sous la forme de livres revendiquant l’oisiveté comme Une apologie des oisifs de Stevenson
(1877) et le célèbre Droit à la paresse de Paul Lafargue (1880). Ds ce livre (rédigé en prison
pour propagande révolutionnaire), Lafargue, gendre de Marx et membre de l’Internationale
ouvrière, déplore la sacralisation du travail qui atteint même les classes ouvrières
« possédées d’une étrange folie, l’amour du travail ». Le travail avilit et enlaidit, pour rendre
sa dignité à l’homme il faut réclamer non des droits de l’homme ou un droit au travail mais
un droit à la paresse « mère des arts et des nobles vertus ». « « Si, déracinant de son cœur le
vice qui la domine et avilit sa nature, la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non
pour réclamer les Droits de l'homme, qui ne sont que les droits de l'exploitation capitaliste,
non pour réclamer le Droit au travail qui n'est que le droit à la misère, mais pour forger une
loi d'airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la
vieille Terre, frémissant d'allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers… »

Lafargue écrivait au XIXe siècle, à un moment où le travail occupait la quasi-totalité


du temps des ouvriers, progressivement au cours du XXe siècle le tps de travail a diminué et
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le tps de loisir s’est accru si bien qu’on a pu parler de civilisation des loisirs. Le temps libéré
par la diminution de la durée du travail est consacré au loisir, un tps où chacun peut se livrer
à une activité où il s’épanouit sans obligation. Mais ce tps libre a aussitôt généré une
industrie de loisirs destinée à offrir aux individus des activités (séjours de vacances, stages
sportifs, parcs d’attractions, spectacles…) ou des accessoires pour certaines activités
(jardinage, tennis, escalade…). Le temps libre des salariés est devenu une ressource à
exploiter qui crée des profits et génère des emplois.

IV – ACTUALITE ET AVENIR DU TRAVAIL

Aujourd’hui le travail est tjs extrêmement valorisé (Macron et la valeur travail) peut-
être jusqu’à l’excès ce qui empêche de réfléchir à son évolution car de nouvelles formes ou
pratiques sont apparues à la faveur de l’évolution technologique et/ou organisationnelle
mais aussi par l’effet de circonstances imprévues comme la pandémie de COVID. Il est donc
important de réfléchir à l’avenir du travail, va-t-il disparaître sous l’effet de la robotisation et
de l’IA, va-t-il changer radicalement pour s’adapter à la crise climatique et
environnementale ?

1 – Valorisation excessive ?

« C’est par le travail, et par plus de travail, que nous pourrons préserver notre modèle
social », a déclaré E. Macron le 9 novembre 2021 lors d’une intervention télévisée au cours
de laquelle il a employé 20 fois l’expression « valeur travail ». Cette mise en avant du travail,
sa glorification a été dénoncée dès la fin du XIXe siècle par Nietzsche qui y voit une manière
de contrôler les indiv, de réprimer l’originalité, la créativité, l’individualité :

 LECTURE D’UN EXTRAIT D’ AURORE DE F. NIETZSCHE

Nietzsche dénonce la place excessive accordée au travail et plusieurs auteurs le


feront après lui, pourquoi perdre sa vie à la gagner ? pourquoi travailler plus pour gagner
plus pour consommer plus ? en oubliant de profiter de l’existence en nous perdant ds la vie
active oubliant la vie contemplative. Il faudrait remettre le travail à sa juste place dit la
sociologue Dominique Méda qui montre que nos sociétés sont obsédée par le travail et que
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le lien social et l’estime des individus en dépend uniquement : « Nous devrions cesser
d'appeler travail ce « je-ne-sais-quoi » censé être notre essence, et bien plutôt nous
demander par quel autre moyen nous pourrions permettre aux individus d'avoir accès à la
sociabilité, l'utilité sociale, l'intégration, toutes choses que le travail a pu et pourra encore
sans doute donner, mais certainement plus de manière exclusive . » Le travail, une valeur en
voie de disparition ? (1998)

Réduire la place occupée par le travail pour laisser place à de l’activité politique c’est
déjà ce qu’évoquait Hannah Arendt en 1958 ds son ouvrage Condition de l’homme moderne
où elle critique le développement technique et économique ds le sens du produire tjs le +
possible en négligeant les échanges humains politiques (vita activa=/= vita contemplativa).

Le travail a-t-il une valeur en soi indépendamment de sa nature, de son sens, de son
objectif ? La qst du sens se pose à de + en + nombreux indiv : grande démission,
réorientations radicales, dénonciations de diplômés d’écoles d’ingé…

2 – Nouvelles formes de travail

 néomanagement

En rupture (apparente) avec les méthodes traditionnelles hiérarchique d’organisation


du travail qui nient l’autonomie du salarié est apparu à la fin du XXe siècle le
néomanagement qui cherche à susciter un engagement volontaire des indiv ds leur travail :
diminution du poids hiérarchique, développement de l’autonomie, esprit d’équipe, prise en
compte bien être du salarié. Mais ce néomanagement ne concerne que les emplois qualifiés
et sous des apparences bienveillantes, il vise à tirer le maximum des employés et repose sur
l’ultra-personnalisation des talents, des projets et des récompenses et l’évaluation
permanente. Il en résulte une vision purement individualiste de la concurrence entre tous,
fondée sur le « talent » personnel et l’absence d’états d’âme, et provoque du mal-être voire
de la souffrance au travail.

 numérisation

Le numérique a eu des csq très importantes sur le travail en permettant le travail à


distance et la délocalisation et en démantelant le salariat et les protections associées. Les
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plates-formes en ligne représentent une nouvelle forme d’exploitation au travail : elles


rémunèrent faiblement et échappent au droit du travail (livraison de repas en ligne) en
donnant au travailleur un faux sentiment de liberté. L’ubérisation est une forme
d’externalisation avec un statut peu protecteur, on qualifie d’ubérisation le phénomène
économique de désintermédiation, de numérisation et de facilitation administrative qui s’est
développé autour de start-ups ces dernières années. Phénomène de rupture et de «
disruption », l’ubérisation s’illustre dans les domaines hôteliers : AirBnb ou Booking par
exemple mais aussi dans le transport de personnes : Uber, Blablacar, Drivy, etc.

L’ubérisation repose sur l’usage d’une plateforme numérique, d’une quasi-


immédiateté des échanges entre le client et le prestataire, la mutualisation des ressources et
la limitation des infrastructures et des démarches administratives. Pour ses détracteurs,
l’ubérisation symbolise un modèle économique qui aurait des conséquences sociales
négatives, en entraînant une augmentation de la précarisation des contrats de travail et une
concurrence déloyale pour les acteurs économiques traditionnels (taxis, hôteliers, etc.).

Le numérique permet la « plateformisation» du travail, travail à domicile, micro


tâches peu payées réalisées par des travailleurs indépendants ce qui fait que les plateformes
n’assurent pas les contraintes de l’employeur.

 Pandémie COVID

La crise du COVID a accéléré certaines évolutions :

 fossé entre travailleurs de 1ere ligne et les autres : surmortalité, bas


revenus, femmes, immigrés->augmentation des inégalités sociales
 fossé utilité sociale/rémunération
 fossé ceux qui peuvent télétravailler / les autres
 pratique télétravail =>csq négatives : inégalité conditions de vie
hommes/femmes, abs séparation vie pro-vie privée, augmentation tps de travail,
surveillance intrusive accrue, perte de contact social

 Souffrance au travail
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On a vu que le travail a tjs était lié à la souffrance mais le travail contemporain


produit de nouvelles formes de souffrance, l’exploitation et la « mortification des corps »
dont parlait Marx existent tjs mais elles se sont en grande partie déplacées ds des pays
pauvres où les règles du travail sont plus souples. Cependant on identifie même ds les pays
développés un mal nouveau, les troubles musculo-squelettiques liés aux tâches répétitives.

Mais ce sont surtout des maux psychologiques qui sont aujourd’hui identifiés :

 Le burn-out -(consumation) épuisement professionnel, usure


progressive ds le cadre professionnel liée au stress chronique, à la pression continue
et excessive provoquée par les conditions de travail. Se caractérise par un état
d'épuisement physique, émotionnel et mental lié à une dégradation du rapport d'une
personne à son travail. Le burn-out apparaît quand le travailleur ressent un écart trop
important entre ses attentes, la représentation qu'il se fait de son métier et la réalité
de son travail. Concrètement, face à des situations de stress professionnel chronique,
la personne en burn-out ne parvient plus à faire face.

 Le bore-out - syndrome d'épuisement professionnel par l’ennui,


déclenché par le manque de travail, l'ennui et, par conséquent, l'absence de
satisfaction dans le cadre professionnel. Il affecterait couramment les individus
travaillant en entreprise et notamment les travailleurs du secteur tertiaire. Il s'agit
d'un sous-investissement au travail, d'une absence de perspective, d'un ennui
profond et durable qui mènent à un épuisement général et à la dépression. C'est un
sentiment d'être sous utilisé, d'avoir des compétences au-dessus de ce à quoi on est
utilisé et de gâcher ces compétences => troubles psy et somatiques.

 Bullshit jobs – ce terme a été créé par l’anthropologue américain


David Graeber -travail à la con- désigne des tâches inutiles, superficielles et vides de
sens effectuées dans le monde du travail. Graeber les définit comme « une forme
d'emploi rémunéré qui est si totalement inutile, superflue ou néfaste que même le
salarié ne parvient pas à justifier son existence, bien qu'il se sente obligé, pour
honorer les termes de son contrat, de faire croire qu'il n'en est rien. » Graeber
soutient que les bullshit jobs font partie d’un système qui maintient en selle le capital
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financier : « La classe dirigeante s’est rendu compte qu’une population heureuse et


productive avec du temps libre était un danger mortel. »
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3 – Vers la fin du travail ?

On a vu que le travail avait une historicité ce qui peut ouvrir la possibilité de la fin du
travail ou l’apparition de sociétés non structurées par le travail. L’accélération et le
perfectionnement de la robotisation pourrait rendre l’homme de – en – nécessaire à la
production=> quelles csq ? découpler le revenu du travail ? baisser tps de travail ?

Dominique Méda envisage trois scénarios pour l’avenir :

 Démantèlement du droit du travail, flexibilisation extrême


 Révolution technologique, automatisation -> fin du travail
 Reconversion écologique, nouvelle org du travail prenant en compte
contraintes écologiques

CONCLUSION

On a pu voir que le travail qui nous semblait au premier abord un phénomène éternel
et évident avait en fait une histoire, une évolution tjs en cours et que sa réalité était
complexe et contradictoire. Nous allons voir comment cela se manifeste ds trois œuvres
d’époques et de contextes très différents.
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