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2
Sommaire
Sommaire .......................................................................................................... 3
Introduction ...................................................................................................... 5
Conclusion ...................................................................................................... 44
Annexes .......................................................................................................... 49
Bibliographie .................................................................................................. 55
3
Résumé :
Cette analyse résulte d’une réflexion sur l’implication de la recherche en
économie dans le domaine de l’évaluation des contributions économiques aux
fonctionnalités des zones humides et plus particulièrement celles des marais
estuariens, littoraux ainsi que des mangroves. Il s’agit d’identifier la littérature
parue sur le sujet et de constituer une base de données qui fera l’objet d’une
exploitation statistique. Par ailleurs, nous essayerons de montrer les bases
théoriques qui sous-tendent ces évaluations. Nous présenterons aussi les
lacunes de ces évaluations et nous proposerons des pistes de réflexions pour
remédier à ces lacunes.
Abstract
This analysis follows a reflection on the implication of research in economics in
the assessment of contributions to the economic features of wetlands and
especially estuarine marshes, coastal marshes and mangroves. It acts to
identify the published literature on this subject, to establish a database to make
a statistical exploitation. We try to show the theoreticals underpinning these
assessments. We also present the shortcomings of these assessments and we
propose ways of thinking to remedy these gaps.
Mots –clés : analyse statistique, zones humides, services écosystémiques, marais estuariens,
mangrove, littoral
4
Introduction
« Les primevères et les paysages ont un défaut grave : ils sont gratuits.1» C’est
toute la question de la valeur de la biodiversité qui est posée là car donner une
valeur au vivant est une des conditions d’une économie verte.
La nature offre à la société une vaste gamme de bienfaits tels que la nourriture,
les fibres, l’eau potable, une terre saine, la filtration du carbone et beaucoup
d’autres avantages encore. Même si notre bien-être dépend entièrement du
flux ininterrompu de ces « services rendus par les écosystèmes », ces derniers
sont en grande partie des biens publics dépourvus de marchés et de prix, et ont
longtemps été considérés comme un don.
1
Aldous Huxley, Le meilleur des mondes
2
Le Monde 28/12/08 ; le Monde 04/06/92
5
Les écosystèmes des zones humides font partie de ces environnements qui
doivent faire l’objet d’une évaluation. Costanza et al ont ainsi chiffrés à 33 000
milliards d’USD la valeur des écosystèmes naturels, et pour les zones humides,
ont avancé le chiffre de 14 900 milliards d’USD, soit 45 pour cent du total.3
Les milieux humides sont par, ailleurs, extrêmement divers ; mais qu’il s’agisse
d’étangs, de marais, de récifs coralliens, de tourbières, de lacs ou de
mangroves, ils ont en commun une caractéristique fondamentale: l’interaction
complexe entre leurs éléments de base - le sol, l’eau, les animaux et les
plantes - qui remplissent de multiples fonctions et fournissent les nombreux
produits qui ont assuré la survie de l’homme au fil des siècles. Bien entendu,
toutes les zones humides ne remplissent pas toutes les fonctions - mais la
plupart d’entre elles en ont plusieurs. Dans le cadre de cette étude, nous nous
concentrerons sur les marais littoraux et estuariens et les mangroves qui
présentent tous la caractéristique d’être des zones humides côtière, ainsi, nous
pourrons plus aisément analyser les contributions économiques aux
fonctionnalités délivrées par ces environnements.
3
Costanza et al.1997. The value of the world’s ecosystem services and natural capital. Nature 387, 253-
260.
4
Id.
6
On entend par « évaluation économique » une tentative d’attribuer une valeur
aux biens et services fournis et aux fonctions que procure la zone humide
étudiée. Nous pouvons, pour ce faire, nous appuyer sur les prix du marché.
Toutefois, une telle définition reste incomplète. Lorsqu’une ressource de
l’environnement existe purement et simplement et nous fournit des produits et
services sans aucun frais, c’est notre disposition à payer seule qui traduit la
valeur de la ressource fournissant le bien en question, qu’il y ait paiement ou
non.
7
I. Définition du cadre de base
Vouloir étudier les marais littoraux et estuariens ainsi que les mangroves,
suppose que l’on ait préalablement une compréhension la plus complète
possible de que l’on entend par zone humide, de ce que l’on entend par
services et fonctions que ces zones humides offrent et proposent.
Enfin, nous aborderons les multiples facettes qui se cachent derrière le terme
de mangroves, marais littoraux ou estuariens.
La difficulté de ces définitions est d'établir des listes répondant à tous les cas
de figure existant de part le monde.
Selon l'article 2 de la loi sur l'eau française de 1992, « on entend par zone
humide les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d'eau
8
douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation,
quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins
une partie de l'année. »
Mais en plus de cette définition légale des zones humides, chaque institution,
auteur, a sa propre définition.
9
Pour le Canadian Wetland Registry :«une zone humide est définie comme un
terrain ayant un sol soit avec la nappe phréatique proche ou à la surface, soit
saturé pendant une période assez longue pour permettre le développement de
processus caractéristiques de zones humides ou aquatiques se traduisant par
la présence de sols hydromorphes, d'une végétation hydrophyte et d'activités
biologiques variées adaptées à un environnement mouillé.». Le Comité
Canadien de Classification Écologique quand à lui définit les zones humides
comme «des terres saturées d'eau assez longtemps pour favoriser les
processus de milieux humides ou aquatiques : sols mal drainés, végétations
hydrophytes et diverses formes d'activités adaptées à ce milieu.» Les
définitions sont donc même diverses au sein de grandes institutions d’un même
pays.
C’est aussi le cas en France ; nous avons vu la définition donnée par la loi,
mais cette définition est différente pour Manaud et Monbet5. Pour eux, «les
zones humides maritimes occupent des zones estuariennes ou lagunaires
abritées, périodiquement recouvertes par la marée ; elles évoluent
généralement en marais saumâtres par fermeture naturelle des cordons
littoraux.» Les zones humides d'eau douce comprennent «les lits majeurs,
zones basses situées en bordure des cours d'eau, périodiquement inondées
par les crues, à boisement dominé par le peuplier et le saule ; les marécages
occupant des dépressions mal drainées dans lesquelles les débris végétaux
s'accumulent sous forme de tourbe et à la surface desquels flotte un tapis
végétal.»
5
Évaluation des zones humides (MANAUD F. / MONBET Y.), Centre National pour l'Exploitation des
Océans, 1980
10
eaux courantes, les prairies, landes et bois humides établis sur des sols
hydromorphes.»
11
bras morts et zones de faible courant des rivières de plaine et boisements
inondables.»
Les définitions précédentes ont été rédigées par des acteurs issus de différents
domaines (environnement, droit...) et de différents pays. Elles n'ont pas toutes
un aspect formel. Aussi, leur portée est-elle variable en fonction de l'usage
qu'on veut en faire.
2. Un consensus international
Cette convention a retenu dans sa définition les zones littorales «où l’eau est
stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues
d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres».
Son article 2 ajoute : «les limites de chaque zone humide devront être décrites
de façon précise et reportées sur une carte, et elles pourront inclure des zones
de rives ou de côtes adjacentes à la zone humide et des îles ou des étendues
d'eau marine d'une profondeur supérieure à six mètres à marrée basse,
entourées par la zone humide, particulièrement lorsque ces zones, îles ou
étendues d'eau, ont de l'importance en tant qu'habitat des oiseaux d'eau.»
En outre selon l'article premier de cette même convention, « les zones humides
sont des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d'eaux naturelles ou
artificielles, permanentes ou temporaires, où l'eau est stagnante ou courante,
douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d'eau marine dont la
6
L’appellation officielle est Convention relative aux zones humides d'importance internationale
particulièrement comme habitats des oiseaux d'eau ; elle est adoptée le 2 février 1971 et est entrée en
vigueur le 21 décembre 1975.
12
profondeur à marée basse n'excède pas six mètres ». (Cette définition de droit
international s'impose aux États plus qu'aux particuliers, sauf si une clause
particulière précise l’effet direct du texte pour ces derniers).
13
1. Les fonctions
Les fonctions biologiques. Les zones humides sont des milieux de vie
remarquables pour leur biodiversité ; grâce à cela nombreuses espèces
végétales et animales y sont dépendantes. Par exemple, les zones humides
hébergent un tiers des espèces végétales remarquables ou menacées, la
moitié des espèces d'oiseaux et la totalité des espèces d'amphibiens et de
poissons. Nous voyons donc qu’il d’agit là de lieux d'abri, de nourrissage et de
reproduction pour de nombreuses espèces, indispensables à la reproduction
des batraciens. Par ailleurs, ces zones constituent des étapes migratoires, des
lieux de reproduction ou d'hivernage pour de nombreuses espèces d'oiseaux
aquatiques et de poissons.
Les fonctions hydrologiques. Nous entendons par là que les zones humides
participent à la régulation du débit des cours d'eau (atténuation des crues,
prévention des inondations et soutien d’étiage). Par leurs capacités de stockage
et de restitution progressive de grandes quantités d'eau, elles permettent
l'alimentation des nappes d'eau souterraines et superficielles. De plus, elles
favorisent l'épuration grâce à leur riche biocœnose, et participent ainsi à la
préservation de la qualité de l’eau.
7
Organisation for Economic Co-operation and Development (ou en français l’OCDE pour Organisation de
coopération et de développement économiques)
14
Les fonctions économiques. Les zones humides offrent la possibilité d’exercer
de nombreuses activités économiques, telles l'élevage de crustacés, de
mollusques ou de poissons, la pêche ou la production d'osier, de sel ou de
tourbe.
Enfin des fonctions sociales et culturelles puisque, de par leur grande qualité
paysagère, les zones humides sont des lieux de détente, de découverte et de
loisirs, propices à de nombreuses activités récréatives, telles la navigation, la
chasse ou la pêche.
Si la définition d’un service est aisée, voir par exemple celle de l’INSEE qui peut
faire figure d’autorité « il se caractérise essentiellement par la mise à disposition
d'une capacité technique ou intellectuelle » celle de services environnementaux
et sujette à variation entre les auteurs.
En effet, chacun adapte la définition à ses besoins, à ses contraintes, ce qui fait
qu’in fine il n’y a pas de définition générale mais une multitude de petites qui
rendent les comparaisons beaucoup plus difficiles.
8
« Ecosystem services are the benefits people obtain from ecosystems. These include provisioning
services such as food and water; regulating services such as regulation of floods, drought, land
15
3. La valeur
Ainsi Thomas d'Aquin, les Scolastiques espagnols, les classiques français dont
Turgot et Say, et enfin les marginalistes, considèrent la valeur comme
l'expression du désir qu'un agent économique éprouve pour un bien ou un
service. C'est alors une appréciation subjective non mesurable, liée aux
préférences de la personne, compte tenu de sa situation actuelle. Cette
conception est celle de la grande majorité des économistes contemporains.
Il convient de ne pas confondre la valeur avec le prix. Le prix d'un bien ou d'un
service est un taux d'échange entre ce bien et la monnaie, qui est établi sur le
marché par l'offre et la demande ou fixé par une autorité. C'est un chiffre
directement constatable de façon objective. Quand il est établi par le marché, il
résulte de la confrontation des valeurs que les différents agents accordent au
bien en question, et peut donc être utilisé comme expression de la valeur que
l'ensemble des agents accordent à ce bien, ce qui explique la fréquente
confusion des deux notions.
Dans le cadre des zones humides retenues par les études de notre analyse ; si
la valeur d’un territoire peut naturellement être évaluée selon sa valeur foncière
ou selon la valeur de sa production agricole, d’autres valeurs doivent être
considérées dans une perspective d’approche globale.
degradation, and disease; supporting services such as soil formation and nutrient cycling; and cultural
services such as recreational, spiritual, religious and other nonmaterial benefits »
16
La valeur économique de tout bien ou service est généralement mesurée
d’après ce que nous sommes disposés à payer pour un bien, moins ce qu’il en
coûte pour fournir ce bien.
Il est souvent dit que l’évaluation économique a pour but de mesurer les
variations de bien-être. Il s’agit là d’un abus de langage, car par définition la
valeur économique n’est que la traduction en terme d’allocation du budget
de la hiérarchisation des choix de l’individu 9. L’idée qu’une telle traduction
est assimilable a une mesure de bien-être est probablement à la source
de la plupart des débats - idéologiques - qui opposent partisans et
opposants de l’évaluation économique.
La valeur des services offerts par les mangroves, marais estuariens et littoraux
est alors déterminée par les services qu'ils fournissent aux humains.
Mais cette valeur peut revêtir différentes formes ; la valeur d’usage que l’on
peut observer et en déduire de façon plus ou moins correcte la valeur ; la valeur
de préservation que l’on ne peut observer ; la valeur d’usage actif induit qui
entre indirectement dans la fonction d’utilité (à l’exemple du pétrole) ; la valeur
d’option pour les usages futurs et la valeur de non usage qui indique que même
si on est plus usagé on accorde de l’importance à ceux qui en sont encore10.
Le bénéfice « marchand » est le bénéfice qui peut être estimé par les circuits
économiques existants. Il peut s’agir, par exemple, de coûts moindres de
traitement de l’eau pour l’alimentation en eau potable. En revanche,
l’augmentation de valeur ajoutée de certaines activités (notamment touristiques)
n’est pas prise en compte, car des diminutions en parallèle d’autres activités
font qu’il n’y a pas de réel bénéfice net ou cumulé.
9
Sachant que le cadre au sein duquel est bâti le concept de valeur économique, est toujours le modèle
de maximisation de l’utilité.
10
Cf. Annexe 1 pour une meilleure présentation des valeurs économiques attribuées au patrimoine
naturel
17
Le bénéfice « non marchand » ne peut pas être, quand à lui, directement lu à
travers les flux économiques existants. Il repose sur la valeur que la population
accorde à l’accroissement de bien-être issu du changement de qualité
environnementale (exemple des pêcheurs à pied qui retirent une satisfaction de
la diminution du risque sanitaire de consommation des coquillages). Il peut
notamment être mesuré par le consentement à payer de la population pour
l’amélioration de la qualité d’un bien environnemental. Un grand nombre des
services offerts par les marais littoraux ou estuariens et les mangroves entrent
dans cette dimension.
Le premier de ces services est la maîtrise des crues. Les zones humides ont la
faculté de retenir les fortes pluies, empêchant des inondations possibles en
aval. De plus, en stockant l’eau dans le sol ou en la retenant à la surface des
lacs, des marais, etc., les zones humides peuvent remplacer les structures
artificielles, construites souvent à grands frais (digue, barrage, etc.). Par
ailleurs, la végétation des zones humides joue aussi un rôle en ralentissant le
débit des eaux de crue vers l’aval.
18
l’agriculture, les zones humides offrant ce service permettent l’existence des
pêcheries et de l’exploitation forestière. Enfin une utilisation à des fins
domestiques peut être faite de cette eau.
Les zones humides offrent en outre un service d’épuration de l'eau. Les plantes
et les sols des zones humides y jouent un rôle crucial en épurant l’eau. De
grandes quantités de matières nutritives, telles que le phosphore et l’azote qui
proviennent généralement du ruissellement agricole, sont ainsi efficacement
éliminées par les zones humides. Celles-ci préviennent en plus l’eutrophisation
en aval, et empêchent ainsi la croissance rapide de plantes et d’algues et
entraînant un appauvrissement du taux d’oxygène qui affecte d’autres espèces.
Cette fonction d’épuration peut également empêcher que de fortes
concentrations de ces matières nutritives n’atteignent l’eau souterraine ou
d’autres sources d’eau de consommation.
19
biodiversité des zones humides est un important réservoir génétique au
potentiel économique considérable pour l’industrie pharmaceutique et la culture
de plantes commerciales.
Un service de produits des zones humides a aussi été constaté. Ces zones
fournissent une variété d’avantages à l’homme sous forme de produits qui
peuvent être exploités et ce à tous les niveaux, subsistance, industrie
communautaire et échelle commerciale, partout dans le monde.
Les loisirs et le tourisme entrent pour une part importante dans l’évaluation des
fonctionnalités des zones humides. En effet, de nombreuses zones humides
sont des endroits rêvés pour le tourisme; certaines des plus belles sont
protégées dans des parcs nationaux, des biens du patrimoine mondial, des
sites Ramsar ou des réserves de biosphère. Beaucoup génèrent grâce à cette
activité touristique un revenu local et national considérable.
Enfin, les zones humides offrent un service culturel. Nombres d’entre elles ont
une valeur religieuse, historique, archéologique, etc. importante pour les
communautés locales et représentant un élément du patrimoine national.
Souvent cette fonction est mal connue.
20
celui-ci s’étend sur toute la zone de balancement des marées, c’est à dire entre
les niveaux de la marée basse et la marée haute des vives eau, alors on parle
de marais littoral. Les marais estuariens sont, eux, dans les marges des zones
intertidales et supratidales11 des estuaires.
1. Les mangroves
11
Zones de marnages (les niveaux d'une pleine mer et d'une basse mer consécutives) et zones situées
immédiatement au dessus du point le plus haut atteint par la marée
12
L’eau pouvant contenir jusqu'à 90%, et dans certains cas jusqu'à 97% de sel
21
On distingue en outre, trois types de mangroves. Les mangroves côtières, qui
ont la particularité d’être mobiles, en fonction des déplacements des bancs de
vase qu’elles colonisent, les mangroves estuariennes, fixes, situées à
l'embouchure et dans les deltas des fleuves et enfin les mangroves de récifs
coralliens.
Ces marais sont dit littoraux car ils se sont formés par proximité avec le littoral.
Ils s’étendent sur toute la zone de balancement des marées, c’est à dire entre
les niveaux de la marée basse et la marée haute des vives eaux. Ils constituent
des espaces de nourrissage et de repos pour de nombreux oiseaux, surtout lors
de la période de migration.
Les marais littoraux comportent deux parties, la "slikke" (du néerlandais "slijk" =
"boue") qui est la partie basse, immergée à chaque marée et le schorre (du
néerlandais "schor" = "pré salé") qui commence au-dessus des marées de
morte-eau. La fréquence et la durée des inondations varient en fonction des
coefficients de marée et du niveau topographique.
Le cycle des marées détermine largement les conditions de vie dans les marais
littoraux. Les espèces y sont exposées à des cycles de submersion et
d’émersion par l’eau de mer. Au cours d’une journée, la teneur en sel dans le
sol peut ainsi varier de façon importante. En période de submersion, la teneur
en sel correspond plus au moins à la teneur en sel de l’océan. En période
d’émersion, la teneur en sel peut être variable : en période estivale, la salinité
du substrat peut être très élevée car on assiste à une concentration du sel dans
les interstices du substrat suite à l’évaporation de l’eau ; des précipitations
pendant la période d’émersion ont pour suite la dessalure de la vase.
Néanmoins en dehors de ces contraintes, les marais littoraux sont des milieux
riches en éléments nutritifs et par conséquent très productifs. Ils sont alimentés
22
en matière organique par les rivières débouchant sur les côtes ainsi que par le
milieu marin.
Dans un tel habitat extrême, peu d’espèces peuvent survivre, mais celles-ci se
développent, en absence de concurrence par d’autres espèces et grâce à la
richesse en éléments nutritifs, souvent de façon abondante. Les espèces
capables de survivre sur des sols salés sont appelées "halophytes". Dans la
plupart des cas, elles disposent de mécanismes de régulation leur permettant
de supporter des concentrations de sel élevées dans le sol.
Les marais estuariens sont dans les marges des zones intertidales et
supratidales des estuaires. Les niveaux d’eau changent selon les marées, mais
pas autant que dans d’autres marais non estuariens (par exemple les marais
littoraux). Ces marais reçoivent de grandes quantités d’eau douce, ce qui rend
les eaux des marais estuariens de saumâtres à douces. La végétation se
développe dans les secteurs en réaction aux variations de l’inclinaison, à la
profondeur de l’eau et à son degré de salinité.
23
Le marécage estuarien de rivage forme quant à lui des bandes linéaires
le long du rivage des estuaires sortis de la principale côte extérieure.
13
Rey et al., 2004
24
d’une végétation abondante et variée, combinée à la capacité de rétention des
nutriments et sédiments font que l’on peut s’attendre à trouver dans ces zones
d’importantes ressources halieutiques, fourragères ainsi qu’en espèces
sauvages. A l’inverse, la capacité de rétention des toxiques combinée à la forte
salinité de ces eaux rend les marais estuariens, littoraux et les mangroves non
efficients pour la ressource en eau ainsi que comme ressource agricole.
Il s’agit dans cette partie de montrer, avant même l’analyse des données, les
limites qui sont imposées par le cadre de recherche que nous avons retenu.
Par ailleurs, si il est aisé de calculer facilement la valeur d’une zone humide
pour de nombreux produits tels que le poisson ou le bois d’œuvre ; de même
que la valeur de fonctions telles que l’amélioration de la qualité de l’eau, peut
être calculée d’après le coût de construction d’une station d’épuration qui
rendrait le même service ; il est beaucoup plus difficile d’évaluer la diversité
biologique ou la beauté des mangroves par exemple. En effet, le marché, pour
ce genre de biens, est beaucoup plus impalpable et il est loin d’être aisé d’en
14
http://www.fao.org/DOCREP/V5200F/v5200f09.htm
25
faire une évaluation économique avec les méthodes traditionnelles. Un autre
grand problème vient de ce que les pays en développement rencontrent des
obstacles de taille lorsqu’ils souhaitent s’approprier les avantages liés à la
conservation des marais estuarien, littoraux ou des mangroves telle que la
diversité biologique15.
15
Pearce et Morane, 1994
26
En outre, il convient de souligner que les services rendus se mesurent mieux
lorsqu'on les perd ou qu'on les a perdus ; en conséquence c'est souvent trop
tard que les valeurs apparaissent.
Il arrive par ailleurs que les services rendus produisent des valeurs
économiques spectaculaires surtout lorsqu'ils sont associés à des usages
économiques puissants tels que les inondations, le tourisme, etc. Lorsqu'il n'y a
pas d'usage, il n'y pas beaucoup de chiffres économiques crédibles à proposer.
De ce fait, il faut veiller à ne pas utiliser ces résultats pour définir des priorités
dans la préservation de l'environnement, on ne définirait comme prioritaire que
ce qui est déjà le mieux identifié comme utile et on négligerait les zones
remarquables, mais sans usage notable.
Enfin, il est peu aisé d’évaluer et de chiffrer toute valeur d’option associée à la
protection. En général, on estime que les valeurs d’option (y compris les valeurs
de quasi-option) attachées à la majorité des mangroves ou des marais peuvent
être très élevées car elles représentent des atouts uniques et irremplaçables
qui fournissent d’importants avantages pour l’environnement. On ne saisit pas
toujours, de prime abord, la valeur totale de ces avantages mais celle-ci peut
apparaître avec le temps, à condition que les marais ou les mangroves soient
préservées. Et c’est précisément parce que les valeurs d’option naissent de
l’incertitude qui plane sur d’éventuels avantages futurs des zones humides
qu’elles sont difficiles à estimer.
27
II. L’Analyses des données des contributions
économiques aux fonctionnalités des zones
humides
Mais il faut garder en tête que l’évaluation économique n’est qu’un volet des
efforts déployés pour améliorer la gestion des ressources naturelles telles que
les zones humides. Lorsqu’ils choisissent la meilleure utilisation possible des
zones humides, les décideurs doivent également tenir compte de nombreux
16
Millennium Ecosystems Assessment, 2005
28
intérêts concurrentiels. L’évaluation économique peut éclairer ces décisions de
gestion mais uniquement dans le cas où les décideurs ont conscience des
objectifs généraux et des limites de l’évaluation.
La définition utilisée pour ne retenir que les études, entrant dans le cadre de
recherche préalablement établie, est celle donnée par le Convention de Ramsar
et communément admise. Si cette dernière n’était pas explicitement citée dans
les articles, il était procédé à une analyse plus approfondie afin de déterminer si
les zones humides étudiées répondaient bien à la définition donnée par la
Convention. Dans le cas contraire l’étude était écartée afin d'éviter l'inclusion
des écosystèmes qui ne sont pas généralement considérés comme des
mangroves, des marais littoraux ou estuariens.
Les données retenues par Woodward et al. (2000) ont servies de point de
départ à l’analyse. Les données originelles ont été complétées par de
nombreuses observations provenant des plus récentes études disponibles,
mais aussi en allant chercher des études plus anciennes ; et ce afin d’avoir une
image la plus large possible. Dans le but de réduire les biais résultants de la
prise en compte de données uniquement issues des publications scientifiques
reconnues, il a été procédé à des recherches du coté de la « littérature grise »,
telle que celle provenant des institutions publiques ou privées, ainsi que des
études de consultant ou cabinets-conseils.
29
tels que « Science Direct » où plus nous remontons dans le temps, moins nous
trouvons d’articles complets référencés.
Les études mettent plutôt l’accent sur une échelle locale d’étude (Figure 3 :
Répartition des échelles d'analyse). Cela peut être la résultante des
fonctionnalités et des environnements que l’on cherche à analyser et qui sont
plus facilement identifiables et analysable à une échelle locale plutôt que
régionale.
30
Figure 3 : Répartition des échelles d'analyse
On note une nette domination des fonctions hydrologiques, suivie par les
fonctions économiques, biologiques et enfin culturelles.
De plus, une méthode est rarement utilisée pour déterminer au plus une
fonctionnalité, on voit même que certaines techniques sont quasiment utilisée
pour déterminer la valeur d’une unique fonctionnalité. En outre, les méthodes
d’évaluation contingente, des prix hédonistes et des coûts de déplacement sont
utilisés pour déterminer la valeur des aménités mais aussi la valeur récréative
des zones étudiées.
32
Il n’est pas possible de déterminer de valeur moyenne pour chaque
fonctionnalité étant donné le fait que toutes n’utilisent pas les mêmes unités de
mesure.
Figure 6 : Ventilation des valeurs des contributions des études par plages
B. Analyse de données
Après avoir procédé à une analyse statistique descriptive des données, nous
allons procéder à une analyse des données. Par cette méthode nous allons
essayer de convertir notre tableau de donnée17 en images synthétiques
dégageant de grandes structures et ce, en extrayant les données les plus
marquantes, les hiérarchisant et éliminant les aspects marginaux ou ponctuels
qui pourraient perturber la perception globale des faits.
17
Le tableau de Burt rassemblant l’ensemble des informations est présent en annexe 2
33
généralisation de l’analyse factorielle des correspondances, permet de croiser
des individus à des variables qualitatives.
En outre, sur ces deux axes factoriels se trouve des modalités des variables
valeur de la zone humide ainsi que l’unité de mesure de la valeur de la zone
humide étudiée.
18
Le diagramme est reproduit dans l’annexe 3
19
Le test d’indépendance complet est reproduit dans l’annexe 4
34
À l’inverse, nous trouvons dans l’autre groupe les études réalisées à l’autre
bout du monde, en Amérique, celles-ci regroupant les zones littorales et
estuariennes et où les contributions économiques évaluées sont beaucoup plus
faibles puisque comprises entre 0 et 40 USD, sans spécification de superficie
(ha) ou de temporalité (an).
35
s’agit des méthodes les plus pratiques à mettre en œuvre pour obtenir des
résultats probants. Ainsi on peut supposer la fonction d’épuration de l’eau n’a
besoin que d’une analyse coût-bénéfice pour être évaluée car il s’agit là d’une
fonction hydrologique qui peut être aisément comparable avec des techniques
industrielles d’épuration ; avec néanmoins tous les problèmes qui sont posés
par cette méthode20.
Par contre, nous n’avons pas décelé de corrélation entre l’année et la valeur ; la
prise de conscience par l’opinion publique et par la société en général ne
semble pas influencer positivement ou négativement la valeur des fonctions des
marais littoraux, estuariens ou des mangroves. Et ce, même pour les types
d’évaluation qui font directement appel aux individus ; par exemple dans le
cadre des méthodes d’évaluation contingentes.
20
Voir à ce sujet les critiques qui sont apportés envers certaines études dans la troisième partie de ce
travail.
36
C. Analyse économétrique
37
III. Lecture critiques de deux articles
Dans cette troisième partie nous allons essayer de porter un regard critique sur
la littérature que nous avons eu à analyser
Tout d’abord les auteurs posent la variable Va, symbolisant la valeur perdue
résultant de l'accumulation de déchets. Une valeur négative se produit lorsque
l'accumulation de déchets dépasse la capacité de purification de l'écosystème.
Pour les auteurs, cette variable est nulle, pour eux, les capacités d’absorption
de la pollution du milieu sont suffisamment efficaces pour qu’il n’y ait pas de
pollutions dans les effluents. Nous pouvons douter de cette affirmation, en effet,
des cas de pollutions de zones humides font chroniquement la une des médias
généralistes22.
Par ailleurs, il nous est présenté une méthode de dépollution par les boues
activées, mais nulle part il n’est fait mention des capacités réelles de traitement,
de leur efficacité. En outre, dans la construction du coût de traitement via les
boues activées ; les auteurs ne comptent pas les frais de collecte des eaux
usées, ainsi que la mise en place des infrastructures telles que les
canalisations, nous sommes donc confrontés à une estimation beaucoup plus
21
Chen, Z. M., G. Q. Chen, et al. (2009)
22
Les zones côtières de la Chine sont gravement polluées (09/06/2008) ; http://tinyurl.com/n2qdqg
38
faible que le coût réel du traitement. Enfin ; si nous pouvons supposer que la
méthode par les boues activées n’est pas la seule façon qui soit mise en place
aux environs de Pékin pour dépolluer les eaux, cette précision n’est présente
nulle part, de même que l’importance qu’elles occupent vis-à-vis de la méthode
par les boues révélées. Cela pourrait in fine avoir une incidence s’il s’avère que
les coûts, dans leur ensemble, sont à même d’inverser le raisonnement des
auteurs et de rendre meilleure la qualité de l'eau des effluents, en comparaison
avec les zones humides de Pékin
Lorsque les auteurs s’interrogent sur la façon d’attribuer une valeur au service
de gestion des gaz à effet de serre on peut s’interroger sur l’utilisation du prix
du marché pour l’oxygène ou pour la tonne de carbone. En effet, l’air, ou la
pollution, sont des biens publics, et à ce titre leurs utilisations sont non-rivales
et non-exclusives. A ce titre laisser au marché la liberté, in fine, de fixer la
valeur de la dépollution offerte par les zones humides est sujette à caution (voir
à ce sujet toute la littérature sur la fixation des coûts de dépollution offert par la
nature)
Par ailleurs, cette simplification du calcul par l’utilisation d’une seule espèce
végétale en guise de moyenne de tout ce dont on peut trouver dans les zones
est peut être une simplification peut être exagérée ; en effet, il n’est que peu
préciser ce qui a présidé à ce choix ; on aurait aimé avoir une ventilation plus
précise des espèces végétales que l’escompte trouver dans ces zones afin de
savoir plus précisément comment peut s’opérer la dépollution. Certaines
39
tendent à montrer qu’il exister une grande diversité biologique au sein des
mangroves chinoises et il est réducteur de tout résumer à un seul facteur.23
On peut aussi reprocher aux auteurs le fait de ne pas avoir poussé très loin leur
analyse (comparer leur théorie avec une vraie étude de terrain)
Cette étude se veut par trop mécanique dans le programme qu’elle avance pour
s’adapter aux spécificités des zones humides littoraux, estuariennes, et des
mangroves.
Gilbert et Jansen proposent une méthode pour inclure les données obtenues
par les écologistes dans l’analyse économique, et ce pour permettre une
gestion plus efficace et efficiente des forêts des mangroves.
1. Pêcheries
Ainsi, ces auteurs s’intéressent aux pêcheries ; ils posent que la variable
productivité est la résultante de l’agrégation des stocks ainsi que des flux
23
Li (1997)
24
Janssen, R., A. Gilbert, et al. (2000)
40
associés avec la fixation du carbone, ainsi que du stockage et du recyclage du
carbone et des nutriments. Néanmoins on peut s’interroger sur l’absence, dans
cette estimation, de l’inclusion de la prévision des stocks ainsi que le fait que
cette estimation soit basée sur un échantillon incomplet.
De plus, si on en croit Ong et Padilla (1997), les pêcheries situées dans les
mangroves entrent pour 98,8% du revenu total de toutes les pêcheries. Or
Gilbert and Janssen assurent que 87.75% du prix du poisson couvre les coûts
d'exploitation et représente 12,25% de la valeur in situ. Ce coût d'exploitation
est basé sur le rapport de 1996 du National Statistical Coordinating Board sur
les ressources issues de la pêche marine aux Philippines. Selon ce rapport, sur
les 207 établissements de pêche de l’étude, la majorité, 47.3%, sont des
exploitations piscicoles (aquaculture), 40.1% vont aussi pêcher de façon
conjointe en mer, près de la côte et dans les eaux intérieures, et 12.6% ont
d’autres activités de pêche. Les réflexions de Gilbert & Janssen, sur la valeur
brute des produits de la pêche, s’appliquent alors à l'aquaculture ou à la pêche
commerciale, mais pas aux mangroves.
41
D’une manière plus générale, la pêche au large, les interactions mer-côte, la
collecte des autres produits de la pêche sur le site ne sont pas reconnus ni
valorisés.
2. Services
Une autre lacune importante dans cette étude est le fait que les services
écologiques ne soient pas évalués et, par conséquent, que le coût d'opportunité
de la perte de services est ignorée dans le cas de la conversion des mangroves
en quelque chose d’autre.
Une objection, peut, par ailleurs, être apportée quant au fait que les auteurs
refusent d’attribuer une valeur d'élimination des déchets de la mangrove sous le
prétexte que la pollution de l'eau n'est pas un problème à l'heure actuelle. 25 Et
même si on peut supposer que Pagbilao ne connaisse pas actuellement une
crise aiguë de l'eau ; les futurs dépôts de nutriments et de polluants provenant
des activités humaines associées à une vaste suppression des mangroves
existantes pourrait conduire à de graves problèmes environnementaux. Par
conséquent, le principe de précaution devrait être appliqué, et une valeur
devrait être attribuée à ce service.
Pour généraliser on pourrait dire que la valeur des mangroves est largement
sous-estimée, alors que la valeur des solutions de gestion de la conversion de
la forêt est surestimée, car le coût d'opportunité de la perte de services
écologiques est ignoré.
3. Aquaculture
25
« Since water pollution is not a problem in Pagbilao this value cannot be attributed to waste disposal
in Pagbilao » (p339)
42
En effet, Gilbert et Janssen posent que les alternatives de gestion actuelles
sont durables26. On peut contester cette affirmation. En effet, il n’est pas
ubuesque d’imaginer que les ressources collectées sur de grandes surfaces,
sont introduites et utilisées dans le site de production de l'aquaculture puis
relâchées dans l'environnement dans des formes concentrées de nutriments et
de polluants, ce qui provoque divers problèmes
26
« wastes released by the ponds into the nearby environment do not overload the system’s capacity
for self-purification and so good water quality is maintained »
43
Conclusion
Nous avons vu que cette évaluation des zones humides par la littérature est
quelque chose d’extrêmement varié en termes de valeurs estimées, de types
de zones humides considérés et de méthodes d'évaluation utilisées.
44
combien de temps les individus devront payer, ou encore la durée de vie de la
réhabilitation que l’on escompte.
Par ailleurs, si les études montrent plus ou moins clairement qui devra payer la
réhabilitation, à l’inverse, ces études sont beaucoup moins prolixes quand il
s’agit de préciser qui est le destinataire final de ce consentement à payer. En
effet, lors de la détermination du consentement à payer, l’étude se concentre
presque toujours sur les individus qui sont directement touchés ou situés dans
la zone humide que l’on étudie. Cela emmène à se poser la question de
comment faire la différence sur des usages actifs des services délivrés et les
usages passifs que ceux ce fournissent. De plus, il est délicat dans ces
situations de tracer la limite d’influence des services délivrés et il apparait
relativement logique de penser qu’au final le nombre des utilisateurs passifs soit
supérieur à celui des utilisateurs actifs avec toutes les conséquences que cela
induit.
45
d'études provenant d'autres régions, en particulier d'Asie, moins d’Europe.
Il n'est pas toujours approprié d'attribuer une valeur économique aux avantages
fournis par les milieux humides. L'évaluation économique doit être perçue
comme un outil pour ceux qui doivent décider où et quand protéger des aires
naturelles. Cette approche peut se révéler particulièrement utile lorsqu'une
nouvelle utilisation proposée présente une grande valeur économique perçue. Il
est cependant important de veiller à ce que l'évaluation économique d'un milieu
humide ne soit pas bâclée, toute analyse précipitée menant inévitablement à
une grossière sous-évaluation d'un système
Bien que les évaluations économiques des aires naturelles permettent une
meilleure mesure de l'efficience économique globale, elles ne constituent qu'un
facteur dans la plupart des processus décisionnels. Le choix le plus rentable au
plan économique n'est pas nécessairement le choix le plus acceptable au plan
social ni le plus avantageux pour l'environnement.
46
valeur globale. C'est pourquoi de nombreux chercheurs se sont appliqués à
évaluer un ou deux avantages particuliers. Dans certains cas, une évaluation
partielle convient; dans d'autres, il peut être préférable d'établir une valeur
globale. La détermination de la valeur de services naturels comme la filtration
de l'eau, la prévention de l'érosion ou le piégeage des sédiments est un
concept beaucoup plus récent que l'établissement de la valeur d'activités
traditionnelles fondées sur l'exploitation ou l'extraction des ressources comme
la pêche et la chasse. Toutefois, il est maintenant établi que de nombreux
habitats naturels, en particulier les milieux humides, ont une très grande valeur
économique. Dans certains cas, une évaluation partielle convient; dans
d'autres, il peut être préférable d'établir une valeur globale.
Il faut enfin noter une chose qui ne transparait pas dans les études ; c’est le fait
de savoir si les utilisations actuelles d’un marais estuarien ou d’une mangrove,
par exemple, sont durables. À long terme, les utilisations directes, telles que la
pêche et la récolte du bois d’œuvre peuvent affecter profondément les relations
écologiques. Les rapports entre les utilisations directes actuelles et la viabilité à
long terme d’importantes fonctions écologiques ne sont pas forcément visibles
dans l’immédiat. Il faut donc s’efforcer de déterminer le «rendement durable»
des ressources des zones humides en rapport avec les utilisations directes
actuelles. Il faut tenir compte, dans l’analyse, des taux de récolte ou
d’exploitation actuels lorsqu’il est clair qu’ils dépassent le rendement durable
des ressources de ces zones. Pour ce faire, on peut introduire un autre
scénario de durabilité dans l’évaluation et conduire une analyse comparative. Si
cette analyse révèle que ce scénario apporte des avantages sociaux plus
élevés que le scénario d’utilisation actuelle, il est clair que le premier est,
socialement, un meilleur choix. Une deuxième méthode consiste à incorporer
dans un «portefeuille» de projets au moins un projet de compensation pour
l’environnement afin d’atténuer la dégradation de l’environnement causée par
d’autres projets et de garantir la durabilité globale des systèmes naturels27.
27
Barbier, Markandya et Pearce, 1990
47
Nous entendons par là que les individus que l’on consulte ont des préférences
identiques pour l’ensemble des services et fonctions offerts par les zones
humides. Nous pouvons nous interroger sur ce caractère d’homogénéité, il est
tout à fait possible que les agents ait un classement de leur préférence envers
les services offerts par les zones humides et une évaluation « monobloc »
parait peu efficiente. Pour remédier à cela, nous pouvons imaginer la
construction de différents offres ou packages présentant à l’individu différents
classements d’importance qu’il peut accorder aux services de la zone humide.
Si on souhaite mettre en application cette façon de procéder, on peut ensuite
déduire du classement des différents packages un coût de substitution. Un
dernier intérêt à cette méthode est qu’elle n’oblige plus l’individu à se prononcer
sur la protection ou la réhabilitation complète, par exemple, d’un service
particulier mais juste sur le niveau de service correspondant à ses préférences.
Enfin, cette approche permettrait de ne plus avoir le problème selon lequel les
services ne sont pas forcément compatibles entre eux, puisque dans la
construction même de l’évaluation nous tiendrions compte de ces impératifs.
Tel que mentionné, cette analyse se veut être une première étape dans une
plus large démarche. Elle essaye de montrer les limites théoriques de la
détermination des contributions économiques des services des marais littoraux,
estuariens et des mangroves. Elle essaye de montrer l’importance des
compétences humaines impliquées dans la mise en œuvre de ces méthodes
d’évaluation. Enfin elle pose un certain nombre de questions d’ordre plus
pratique, dont les réponses théoriques et pratiques, justes esquissées ici,
peuvent enrichir considérablement l’analyse.
48
Annexes
Usage Futur
Usage Non Usage
Valeur d’usage Valeur d’usage Valeur d’usage Valeur d'option Valeur Valeur
direct indirect actif induit d’héritage d'existence
• Paysage
49
Echelle Méthode Méthode
Random
utility
model;
Contingent Cost- Travel Discrete
valuation benefit Hedonic cost choice Replacement Opportunity Production Damage-cost Épuration
Locale Régionale method analysis
Market prices pricing method model cost method cost function approach de l'Eau
Locale 25 0
Echelle Régionale 0 11
Contingent valuation method 9 4 11 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Market prices 0 4 0 4 0 0 0 0 0 0 0 0
Cost-benefit analysis 4 0 0 0 4 0 0 0 0 0 0 0
Hedonic pricing 3 0 0 0 0 3 0 0 0 0 0 0
Travel cost method 3 0 0 0 0 0 3 0 0 0 0 0
Random utility model; Discrete choice model 2 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0
Replacement cost method 2 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0
Opportunity cost 2 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0
Production function 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0
Méthode Damage-cost approach 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1
Épuration de l'Eau 5 3 1 1 2 0 0 1 2 0 0 0 8
Produits des Zones Humides 3 2 1 0 0 0 0 0 0 2 2 0 0
Loisirs et Tourisme 3 2 3 1 0 0 0 1 0 0 0 0 0
Réservoirs de Diversité Biologique 4 0 2 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0
Atténuation des Changements Climatiques 2 1 2 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0
50
Recharge des Eaux Souterraines 2 1 0 1 2 0 0 0 0 0 0 0 0
Stabilisation du Littoral et Protection contre les Tempêtes 2 1 0 0 0 1 1 0 0 0 0 1 0
Maîtrise des Crues 2 1 1 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0
Rétention et Exportation des Sédiments et Nutriments 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Fonctions Valeur Culturelle 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Estuaire 21 2 11 0 2 2 2 2 2 2 0 0 5
Annexe 2 : Tableau de Burt
51
1 0 0 0 0 0 0 3 0 0 0
0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0
0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1
0 5 3 3 4 2 2 0 2 1 1 23 0 0
0 0 0 1 0 0 0 0 1 0 0 0 2 0
1 3 2 1 0 1 1 3 0 0 0 0 0 11
0 3 2 2 1 0 0 1 1 1 1 7 2 3 13 0 0 0
0 1 0 2 1 0 0 0 0 0 0 4 0 0 0 3 0 0
1 3 3 1 2 3 3 2 2 0 0 12 0 7 0 0 19 0
0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 1
0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 1
0 5 0 1 0 0 0 0 1 0 0 3 2 2 6 0 0 1 0
1 4 5 3 4 3 3 2 2 1 1 20 0 8 6 3 19 0 0
0 1 1 1 1 0 0 0 0 0 0 3 0 0 5 2 0 0 0
0 5 3 1 2 3 3 1 2 0 0 12 0 8 1 0 10 1 0
1 0 0 1 1 0 0 1 0 1 1 5 0 1 1 0 1 0 0
0 2 0 1 0 0 0 1 0 0 0 3 0 1 3 1 0 0 1
0 1 1 0 0 0 0 0 1 0 0 0 2 1 3 0 0 0 0
0 1 0 0 0 1 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 2 0 0
0 2 1 3 3 0 0 0 0 1 1 11 0 0 7 3 1 0 0
1 2 3 0 1 1 2 1 2 0 0 10 0 2 1 0 11 0 0
0 4 1 1 0 1 1 2 1 0 0 0 2 9 5 0 5 1 1
Continents Année de publication Unité de mesure Valeur_PPA
De 41 euros
Dollar/pers Dollar/ha/a Dollar/men Valeur De 0 à 40 à 1000 Plus de
Océanie Années 80 Années 90 Années 2000 onne/an n age/an Dollar/an Dollar négative euros euros 1000 euros
années 2000 52
valeurs négatives
années 80
années 90
0 à 40€
41 à 1000€
1 000 €
0
0
0
val1
val2
val3
val4
ann1
ann2
ann3
0 1 2 1 0 0 0 4 0
0 0 2 1 0 0 0 0 3
0 0 0 2 0 2 0 0 0 2 0 0 0
0 0 2 9 2 1 5 3 0 0 11 0 0
0 0 1 11 1 11 1 0 0 0 0 12 0
1 1 4 6 0 6 0 1 3 0 0 0 11
Annexe 3 : Données de l’analyse
53
Annexe 4 : Test d’indépendance
Dim 1
quality R2 p,value
Continent 0,7368 0
Valeur_PPA 0,7198 0
Méthode 0,8391 0
Unité de mesure standardisée 0,7163 0
Type de zone humide étudié 0,336 0,0012
Fonctionnalités 0,4781 0,0253
category Estimate p,value
val2 0,9535 0
Contingent valuation method 0,8786 0
Random utility model_Discrete choice model 1,3654 0
Europe 0,8337 2,00E-04
Amérique 0,4585 0,0023
Dollar/personne/an 0,4877 0,0211
Dollar/an 0,3719 0,0462
Océanie -0,6145 0,0208
Recharge des Eaux Souterraines -0,8432 0,0177
val4 -0,3438 0,0169
Mangroves -0,651 0,0068
val3 -0,3637 0,0044
Market prices -0,6424 6,00E-04
Asie -0,6777 0
Dollars/ha/an -0,9163 0
Dim 2
quality R2 p,value
Type de zone humide étudié 0,7733 0
Valeur_PPA 0,6466 0
Échelle étudiée 0,4204 0
Unité de mesure standardisée 0,5667 0
Année de publication 0,4301 1,00E-04
Continent 0,2772 0,0145
category Estimate p,value
Littorale 1,1344 0
val4 0,9318 0
Dollar 1,3224 0
Régionale 0,4745 0
Dollar/personne/an -0,4911 0,0466
val3 -0,276 0,0375
val1 -0,5518 0,0235
ann3 -0,6754 0,0183
Dollar/ménage/an -0,5032 0,0096
Dollars/ha/an -0,4451 0,0088
Locale -0,4745 0
Estuaire -1,0203 0
54
Bibliographie
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www.ramsar.org
www.aier.org
www.sciencedirect.com
58
Table des matières
59
B. Use of environmental functions to communicate the values of a mangrove ecosystem
under different management regimes ............................................................................ 40
1. Pêcheries ..................................................................................................................... 40
2. Services........................................................................................................................ 42
3. Aquaculture ................................................................................................................. 42
Conclusion ...................................................................................................... 44
Annexes .......................................................................................................... 49
Annexe 1 : Ventilation de la valeur économique totale des zones humides ...................... 49
Annexe 2 : Tableau de Burt ............................................................................................ 50
Annexe 3 : Données de l’analyse .................................................................................... 53
Annexe 4 : Test d’indépendance ..................................................................................... 54
Bibliographie .................................................................................................. 55
Sites web: ............................................................................................................................ 58
Table des matières ......................................................................................... 59
60