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9rLartinia

Tome 24 (2) Juin 2008


Martinia, Tome 24, 2008
Revue scientifique de la Société française d' odonatologie
ISSN 0297-0902

Directeur de publication: Jean-Louis Dornrnanget


Comité de lecture
M. Jean-Pierre BauDoT, CNRS, Nancy
M. Jean-Louis DOMMANGET, INRA/OPIE
M. Samuel JOLIVET, OPIE
Mme Annie KOHN, Paris
M . Philippe MACHET, La Chapelle d'Andaine
M. Maurice MAsHAAL, Paris
M. François M EURGEY, Muséum, Nantes
M. Michel PAPAZIAN, Marseille

Adresser toute correspondance à :


Société française d'odonatologie
7 rue Lamartine, F -78390 Bois-d'Arcy, France
TARIFS 2008
Prix au numéro (franco de port): --------------------------------------------------------- 13,00 €
Abonnement: Tome 24, 4 fascicules. Tarifnormal: ----------------------------------- 50,00 €
Abonnement: Tome 24, 4 fascicules. Tarif réduit (Sociétaires "Individuels"). ---- 17,00 €
Abonnement: Tome 24, 4 fascicules. Tarifréduit (Sociétaires "Collectivités"). --- 22,00 €

Règlement:
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Pour les abonnés étrangers, Prix franco de port et ajouter: - CEE --------------- + 12,00 €
- Autres pays ------ + 15,00 €

Illustrations de couverture
Page 1 de couverture: Aeshna mixta Latreille, 1805 (Photographie Bernard Duprez)
Page 1 de couverture, sigle: Création de Sarah Entzmann et dessin d'Alain Manach.
Pages 1 et 4 de couverture : Etang de Brenne (Indre).
Page 4 de couverture: Portrait de René MARTIN (d'après Calvert, 1927), dessin de Robert Rousso.

Maquette et mise en page: l-L & C. Dommanget.


Textes et illustrations réalisés sous Word 2003 pour Windows.

Les opinions exprimées dans la revue n'engagent que leurs auteurs

© Société française d'Odonatologie, 2008


Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés
réservés pour tous pays.
33

Martinia
Tome 24, fascicule 2, juin 2008

Sommaire

S. BONIFAIT, P. DEFOS DU RAu et D. SOULET. Les Odonates de la Réserve


Nationale de Chasse et de Faune Sauvage d'Orlu (département de
l' Ariège, France). ............................................................................................. 35

D. GRAND et J.-L. GROSSI. Le marais de Chavas dans le nord de l'Isère et


son peuplement odonatologique: inventaire, gestion et menaces.
Particularités de la saison 2007. .... ..... .. ......... ................ ...... ........ ....... .. 47

Brève communication
P. DEFONTAINES. Une nouvelle observation de Sympetrum danae (Sulzer,
1776) en Loir-et-Cher (Odonata, Anisoptera, Libellulidae). .................. 46

Société française d'Odonatologie


34 Martinia

Martinia
Volume 24, number 2, June 2008

Contents

S. BONIFAIT, P. DEFOS DU RAu and D. SOULET. Odonata of Orlu nature


reserve (Ariège department, France). .......................................................... 35

D. GRAND and J.-L. GROSSI. The marsh of Chavas (North Isère, France)
and its dragonfly fauna: inventory, conservatory management and
threats. Cases of 2007 flight season. .................................................... 47

Short communications
P. DEFONTAINES. A new observation of Sympetrum danae (Sulzer, 1776)
in Loir-et-Cher department (Odonata, Anisoptera, Libellulidae). ......... 46

Société française d'Odonatologie


Tome 24, fascicule 2, juin 2008 35

Les Odonates de la Réserve Nationale de Chasse


et de Faune Sauvage d'Orlu
(département de l'Ariège, France)

Par Sylvain BONIFAIT, Pierre DEFOS DU RAU, David SOULET


ONCFS - Cellule technique, D.R. Sud-Ouest, 10 bis route d'Ax, F-31120 Portet sur Garonne
<sylvain_bonifait@yahoo.fr> (auteur correspondant)

Mots clés: ODONATES, EXUVIES, MILIEU MONTAGNARD, CORTEGE BOREO-


MONTAGNARD, LIMITE ALTITUDINALE
Key words: ODONATA, EXUVIAE, MONTANE ECOSYSTEM, BOREO-
MONTANEOUS ASSEMBLAGE, ALTITUDINAL LIMIT

Résumé: Vingt espèces d'Odonates ont été recensées au cours de


prospections réalisées dans la Réserve Nationale de Chasse et de Faune
Sauvage d'Orlu (Pyrénées ariégeoises, milieu montagnard: 915-2765 m).
Les recherches de larves et exuvies ont permis la récolte de données
supplémentaires par rapport aux inventaires d'imagos. Une petite
population de Coenagrion mercuriale a été découverte entre 1300 et 1425
m, ce qui constitue, à notre connaissance, une nouvelle limite altitudinale
pour cette espèce. Globalement, le peuplement odonatologique de la
réserve est pauvre en espèces, mais il présente une certaine variabilité
entre les différents sites, notamment pour les milieux lotiques. Les milieux
stagnants sont caractérisés par un cortège boréo-montagnard, typique des
étangs végétalisés et zones tourbeuses, avec Coenagrion hastulatum,
Aeshna juncea, Leucorrhinia dubia, Enallagma cyathigerum, Libellula
quadrimaculata et Somatochlora metallica. A Orlu, les principaux enjeux
de conservation des Odonates concernent l'importance de la fréquentation
des zones humides par les troupeaux et la gestion halieutique de la
réserve.
Odonata of Orlu nature reserve (Ariège department, France)
Abstract: Twenty Odonata species were identified during a survey
realized in 2004 in the Orlu protected area (Ariège Pyrenees, montane
ecosystem : 915-2765 m). In addition to adult survey, further data were
obtained from searches of larvae and exuviae. A small population of
Coenagrion mercuriale was found between 1300 and 1425 m, a new
altitudinal limit for this species, as far as we know. The odonate
community of Orlu includes few species but shows comparatively high
inter-site variability, especially in flowing habitats. Lentic habitats are
characterized by a boreo-montaneous assemblage richer and typical of
peaty ponds, composed of Coenagrion hastulatum, Aeshna juncea,
Leucorrhinia dubia, Enallagma cyathigerum, Libellula quadrimaculata
and Somatochlora metallica. The degree of wetlands' use by cattle and

Martinia, 24 (2) juin 2008 : 35-44.


Manuscrit reçu le 15 novembre 2007.
36 Martinia

fishery management are the main conservation issues for Odonates in the
Orlu protected area.

Introduction
Les Odonates constituent actuellement l'un des groupes d'insectes les plus
étudiés et les mieux connus du fait d'un nombre d'espèces assez faible en Europe et
d'une détermination relativement aisée. Malgré cela, les connaissances restent
lacunaires, tout particulièrement dans les zones montagneuses. Ainsi, à notre
connaissance, hormis la publication de listes départementales (MAUREITE 1990,
PAPAZIAN 1993), il n'existe pas de publication récente sur les Odonates d'Ariège. Par
contre, la littérature sur les peuplements odonatologiques de montagne sur le plan
national est plus abondante (BOUDOT et al., 1985, 1987, 1990; D'AMICO, 2002;
DEGRANGE et SEASSAU 1970, 1974; FRANCEZ & BRUNHES, 1983; FRANCEZ, 1985 ;
JACQUEMIN et BOUDOT, 2002; MULNET, 1995 ; VIGNERON 1995 .. .).
Dans le cadre d'une étude sur les interactions du Saumon de fontaine Salvelinus
fontinalis (espèce exotique naturalisée) avec la faune autochtone des zones humides
de la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage d'Orlu (RNCFS) (BARAILLE
et al. 2006), des prospections ciblées sur les Odonates ont été entreprises en 2004. Les
données récoltées ont ainsi permis d' établir une première liste d'espèces pour la
réserve. Ce travail, outre la discrimination spatiale entre le Saumon de fontaine et les
Odonates, nous a permis de mettre en évidence une odonatofaune relativement
diversifiée entre les différents sites inventoriés malgré une richesse spécifique
modérée (BONIFAIT et DEFOS DU RAU, 2007). L'objectif de cette note est de présenter
brièvement les Odonates observés dans la RNCFS d'Orlu en considérant plus
particulièrement leur statut local ainsi que certains aspects biogéographiques et
biocénotiques.

La Réserve d'Orlu
La Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage d'Orlu se situe dans les
Pyrénées ariégeoises en limite est du bassin versant atlantique (42°39' N; 1°57' E) .
Située en haute vallée de l'Oriège, elle couvre 4247 hectares, compris entre 915 et
2765 mètres d'altitude. Depuis 2002, la réserve bénéficie d'un plan de gestion mis en
place par l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (BARBOIRON 2002).
La réserve est soumise à un climat montagnard marqué avec une influence
océanique dominante. Le substrat est composé de roches métamorphiques et
volcaniques et est traversée par une faille et des rochers calcaires au centre. Le réseau
hydrographique est constitué d'une rivière principale, l'Oriège, alimentée par de
nombreux ruisseaux (fig. 1). La plupart des étangs et mares se trouvent entre 1900 et
2400 mètres. L'élevage extensif (deux estives ovines, une estive bovine, une estive
équine), la pêche sportive et le tourisme de randonnée (un refuge gardé en été) sont
les principaux facteurs anthropiques susceptibles d'affecter les écosystèmes
aquatiques de la réserve.
Tome 24,jascicule 2,juin 2008 37

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0.5
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Figure 1: Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage d'Orlu (Ariège, France),
réseau hydrographique principal (bleu) et sites d'observation d'Odonates (rouge).

Matériel et méthodes
L'exploration à pied des principaux secteurs de la réserve a été axée sur les
habitats favorables aux Odonates et la quasi-totalité des zones humides de la réserve a
été visitée (fig. 1). Les inventaires ont eu lieu de juin à début août 2004 et il est donc
possible que quelques espèces tardives (Lestes spp.), absentes de notre liste, soient
présentes malgré tout dans la réserve. Les individus ont été identifiés à vue, à l'aide de
jumelles (8 x 42) ou, pour les espèces d'identification plus délicate, capturés au filet,
identifiés à l'aide d'une loupe (10 x), puis relâchés sur place (arrêté d'autorisation de
capture nO2004-10). Les exuvies et larves d'Odonates ont également été recherchées,
afin de préciser quels sites sont utilisés pour la reproduction et le statut des différentes
espèces. De plus, en juillet 2004, une mare l du secteur de l'Estagnol de Gaudet

1 Cette mare est formée par un replat sur le cours d'un ruisseau; elle est peu profonde et présente un fond

sableux à organique ; la végétation se compose de Carex spp. et de sphaignes sur les berges, les
hydrophytes étant représentées par Sparganium angustifolium et Isoetes sp.
38 Martinia

(surface ~ 650 m2 ; aIt. = 1910 m) a fait l'objet de récoltes hebdomadaires d'exuvies


sur l'ensemble du périmètre.

Résultats
Vingt espèces d'Odonates ont été observées dans la RNCFS d'Orlu (Annexe 1).
Nous avons obtenu des preuves de reproduction pour huit espèces et des indices de
reproduction probable pour sept autres (le succès de reproduction est incertain pour
Platycnemis latipes, observé à haute altitude). Il est probable que quelques espèces
vagabondes ou migratrices ne fréquentent la réserve que de manière occasionnelle et
anecdotique (Crocothemis erythraea, Sympetrum fonscolombii). Parmi les espèces à
valeur patrimoniale, seul Coenagrion mercuriale a un statut réglementaire: il figure
en annexe 2 de la Convention de Berne du 19 septembre 1979, en annexe 2 de la
Directive Habitat Faune Flore 92/43/CEE et dans l'article 3 de l'arrêté du 23 avril
2007 fixant la liste des insectes protégés en France. Une petite population est présente
sur quelques ruisselets et suintements marécageux entre 1300 et 1425 m (quatre
stations identifiées), mais les effectifs y semblent très faibles: maximum de quelques
imagos observés simultanément. Le statut des Odonates observés dans la RNCFS
d'Orlu est présenté dans le tableau 1.
Nous avons pu identifier un cortège odonatologique lentique riche en espèces et
assez homogène sur l'ensemble des sites tandis que les communautés des habitats
lotiques présentaient une richesse spécifique moindre et une diversité ~ plus
importante (BONIFAIT & DEFOS DU RAu, 2007). Les ruisseaux, suintements et sources
marécageuses accueillent typiquement Pyrrhosoma nymphula (ubiquiste) et, selon les
conditions locales (altitude, végétation, pente, etc.), Cordulegaster boltonii,
Coenagrion mercuriale, Orthetrum coerulescens et Platycnemis pennipes. Dans
certaines zones marécageuses, Sympetrum flaveolum peut également être noté, de
même que Cordulegaster bidentata sur les suintements de pente. Les milieux
stagnants présentent généralement une plus grande richesse spécifique et, souvent, de
fortes abondances. Libellula quadrimaculata, P. nymphula, Aeshna juncea et
Coenagrion hastulatum sont omniprésents dans ces habitats, fréquemment
accompagnés de Coenagrion puella, Enallagma cyathigerum, Somatochlora metallica
et Leucorrhinia dubia.
La mare étudiée sur l'Estagnol de Gaudet présente de forts effectifs et la plus
grande richesse spécifique en Odonates de la réserve : plus d'une dizaine d'espèces y
ont été recensées dont six à l'état d'exuvies (fig. 2). Sur cette mare, C. hastulatum
formait la moitié des effectifs émergeants récoltés (n = 353), suivi par L. dubia (n =
243), L. quadrimaculata (n = 60), A. juncea (n = 41i, P. nymphula (n = 37)3 et E.
f
cyathigerum (n = 1 Le sex-ratio semble légèrement biaisé chez certaines espèces en
fonction de la date de récolte, mais est difficilement interprétable en l'absence
d'éléments de comparaison (fig. 2).

2 Début de la période d'émergence


3 Fin de la période d'émergence
Tome 24, fascicule 2, juin 2008 39

Intérêt Altitude maximale (m) Statut dans la RNCFS


Espèce biogéogra- d'Orlu
phique
France Orlu

Calopteryx xanthostoma 1400 1 1955 Inconnu (observations


éparses)
Platycnemis latipes Limite 900 1, 2 1960 Inconnu (2 observations,
altitudinale dont 2 3 et un tandem à
191Om)
Platycnemis pennipes 1800 2 2000 Reproduction probable à
1425 m (observations éparses
ailleurs)
Coenagrion hastulatum # Limite sud, 2500 2, 3 2220 Reproduction certaine à
populations 1910 m, probable à 2180 m
pyrénéennes
isolées
Coenagrion mercuriale Limite 1100 1 (1220)2 1425 Reproduction probable
altitudinale
Coenagrion puella 2200 2, 3 2230 Reproduction probable
Enallagma cyathigerum 2500 2,3 2230 Reproduction certaine à
1910 m, probable à 2230 m
Ischnura pumilio 1800 2 (2100) 3 2180 Reproduction probable à
1425 m
Pyrrhosoma nymphula 2100 2 2180 Reproduction certaine à
1950 m, probable à 2180 m
Aeshna juncea 2700 3 2180 Reproduction certaine
Cordulegaster bidentata Limite sud 1800 1 1560 Reproduction certaine à
#
dans les 1400m
Pyrénées
Cordulegaster boltonii 1600 2 (2000) 2 2010 Reproduction certaine à
1400 m, probable à 2010 m
Somatochlora metallica # Limite sud 2200 3 2180 Reproduction probable
dans les
Pyrénées
Crocothemis erythraea 1500 1 1910 Accidentel (1 observation)
Leucorrhinia dubia # Limite sud, 2400 1 1950 Reproduction certaine à
populations 1910 m, probable à 1950 m
pyrénéennes
isolées
Libellula depressa 2000 2 (2350) 2 1425 Inconnu (3 observations)
Libellula quadrimaculata 2400 1 2010 Reproduction certaine à
1910 m, probable à 2010 m
Orthetrum coerulescens 2000 3 1960 Reproduction probable
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Intérêt Altitude maximale (m) Statut dans la RNCFS


Espèce biogéogra- d'Orlu
phique
France Orlu
Sympetrumflaveolum # 2300 1 2000 Reproduction probable à
1955 m
Sympetrum fonscolombii 1800 3 (2000) 1 1425 Accidentel (1 observation)

Tableau 1. Statut des Odonates de la RNCFS d'Orlu


Légende:
* Reproduction certaine: observations de larves, exuvies, imagos émergeants
(ou récemment émergés sur place).
Reproduction probable: observations régulières en milieu favorable, comportements reproducteurs
(ponte, parade nuptiale, tandems, accouplement, individus territoriaux), imagos frais.
[les comportements observés permettent de supposer une reproduction sur le site, mais ne présument pas du succès de
cette reproduction; ainsi, dans le cas d'observations inhabituelles (cf P. latipes), il est possible que certains individus
tentent de se reproduire mais ne parviennent pas à boucler leur cycle].
# Espèce déterminante en Midi-Pyrénées 1 : DELIRY & FATON, 2007
2: GRAND & BOUDOT, 2006

-
170
3: HEIDEMANN & SEIDENBUSCH, 2002

~
1
160

150 -

50
J

~ 40-

El 50
&!

130-

140

150 r 9 juillet

D fyrrhosoma nymphJ~la
• Leu'corrhinia dubia
18 juillet

D libellula quadrimaculata
• CoefUlgrion haslulalum
f
24 juillet

0
31 juillet

AesllllLl juncea
• Enallagma c)ialhigerum

Figure 2 : Exuvies d'Odonates récoltées sur une mare de l'Estagnol de Gaudet


(1910 m, RNCFS d'Orlu) en juillet 20044,

4Un orage la veille de la deuxième récolte a probablement fait disparaître une partie des exuvies, surtout
parmi les Zygoptères.
Tome 24, fascicule 2, juin 2008 41

Discussion
Tout d'abord, l'échantillonnage des larves et des exuvies a permis la découverte
des espèces sur des sites où les imagos n'ont pas été observés. Dans notre étude, cette
absence de détection peut correspondre à trois principaux cas de figures:
1) espèces discrètes dont les imagos restent peu sur les sites de reproduction,
comme par exemple Cordulegaster bidentata que nous n'avons pas observé à l'état
imaginaI sur ses sites de reproduction ;
2) sites de très petite taille où les imagos ne viennent que pour pondre, comme
les petites mares (de quelques mètres carrés au plus) colonisées par Aeshnajuncea ;
3) espèces en faibles effectifs «noyées» au sein d'espèces semblables plus
abondantes et qui peuvent passer facilement inaperçues (comme les Coenagrion et
Enallagma) .
La comparaison des abondances relatives des espèces de l'Estagnol de Gaudet
n'est pas fiable à cause de différences dans la probabilité de détection et dans la durée
de vie des exuvies. Il faut également considérer que les effectifs observés
correspondent aux émergences du seul mois de juillet. Les récoltes ne rendent donc
pas compte des abondances réelles de certaines espèces : par exemple, A. juncea, qui
était au début de sa période d'émergence, présente vraisemblablement des effectifs
bien plus importants que ceux trouvés. Malgré cela, nous avons observé des
différences sensibles entre les abondances des exuvies comparativement à celles des
imagos. Ainsi, A. juncea, Leucorrhinia dubia et Coenagrion hastulatum semblent
sous-représentés à l'état imaginaI par rapport à leur abondance dans nos récoltes
d'exuvies. Il est possible que ces différences s'expliquent en partie par une saturation
du milieu par les r3 recherchant les ~ , notamment pour les deux premières espèces.
Dans la réserve d'Orlu, plusieurs Odonates ont été observés assez haut en
altitude, même si des indices de reproduction n'ont été notés que pour une quinzaine
d'espèces. Coenagrion mercuriale ne semble pas dépasser 1100-1200 m en France
(DELIRY et FATON, 2007; GRAND et BOUDOT, 2006). A notre connaissance, les
stations découvertes en 2004 (1300-1425 m) se trouvent donc en limite altitudinale
pour cette espèce. Ces stations sont certes réduites et abritent de très faibles effectifs,
mais elles semblent pérennes puisque C. mercuriale était toujours présent en 2007.
Les éventuels milieux favorables pouvant héberger cette espèce semblent rares dans la
région et éloignés (les plus proches se trouvant vraisemblablement à plusieurs
kilomètres). A cause de cet isolement et des faibles capacités de dispersion de
C. mercuriale (PURSE et al. 2003), l'évolution démographique de cette population est
probablement indépendante d'un apport d'immigrants 5 • A l'échelle de la RNCFS
d'Orlu, ces stations présentent donc une sensibilité importante.
Parmi les altitudes maximales notées à Orlu (tableau 1), il est probable que de
nombreuses observations isolées concernent des individus erratiques. Bien qu'il

5 Nous considérons cette population comme autonome par opposition aux populations «puitS » viables
grâce à l'apport régulier d'immigrants. Néanmoins, même si une éventuelle immigration n'est peut-être
pas indispensable à sa survie, elle aurait des effets bénéfiques sur la population, par exemple en favorisant
la diversité génétique.
42 Martinia

n'existe pas de seuils altitudinaux marqués, la richesse odonatologique diminue avec


l'altitude (GRAND et BOUDOT, 2006). Or la quasi-totalité des biotopes favorables aux
Odonates de la réserve se trouve à plus de 1300 m pour les milieux lotiques et à plus
de 1900 m pour les milieux lentiques. Le potentiel odonatologique de la réserve est
donc relativement limité, d'autant plus que la diversité des habitats favorables aux
Odonates est assez réduite, notamment dans les milieux stagnants.
La RNCFS d'Orlu se trouve à la limite des Pyrénées catalanes et du Donezan,
qui appartiennent aux bassins versants méditerranéens et accueillent des isolats
d'espèces à affinité boréo-montagnarde plus ou moins prononcée (relictes glaciaires
par exemple). Plusieurs de ces espèces sont présentes à Orlu (à l'instar des
Lépidoptères Rhopalocères Helleia helle, Pseudaricia nicias, Proclossiana eunomia,
Erebia pandrose, etc.) et, pour certaines, se trouvent en limite d'aire de répartition.
Aeshna grandis, Sympetrum danae et Somatochlora arctica ont globalement le même
type de répartition, bien que les deux premières aient une distribution un peu plus
étendue (Programme Invod de la Sfonat). Ces espèces n'ont pas été observées dans la
réserve où leurs habitats sont rares. Toutefois, comme pour H. he Ile ou P. eunomia
(qui ont été ponctuellement observées mais dont la sédentarité n'est pas établie), leur
présence est possible, ne serait-ce que de manière temporaire, en phase de dispersion
ou bien sous forme de colonies non pérennes.
Le peuplement odonatologique de la RNCFS d'Orlu montre une richesse
spécifique modérée, mais une importante diversité p. De manière générale, les zones
montagneuses accueillent une odonatofaune assez pauvre bien qu'originale, avec des
espèces souvent isolées (relictes glaciaires, etc.) ou en limite d'aire de répartition
(FRANCEZ et BRUNHES, 1983; GRAND et BOUDOT, 2006). Plusieurs espèces (tableau
1) présentent ainsi un intérêt biogéographique notable, et d'autant plus marqué que
certaines d'entre elles (comme L. dubia) sont inféodées à des milieux à forte valeur
patrimoniale (zones tourbeuses, etc.).
Les résultats obtenus sur Orlu montrent une structuration des communautés
d'Odonates dépendant de la diversité des habitats, avec des cortèges relativement bien
identifiés et correspondant aux différents types de milieux. La forte hétérogénéité des
milieux lotiques entraîne une variabilité importante des cortèges d'Odonates, bien que
ceux-ci ne soient composés que de quelques espèces au maximum. Sur ces habitats, ce
sont principalement le statut patrimonial et l'intérêt écologique des espèces présentes
qui déterminent l'intérêt des différents sites (par exemple C. mercuriale, C. bidentata,
Sympetrum flaveolum, etc.). En revanche, l'intérêt odonatologique des milieux
stagnants est essentiellement dû à la présence d'une communauté peu variable,
caractéristique des étangs végétalisés et des zones tourbeuses 6 : C. hastulatum, A.
juncea, L. dubia (l site), Libellula quadrimaculata, Enallagma cyathigerum,
Somatochlora metallica, etc. (FRANCEZ et BRUNHES, 1983; GRAND et BOUDOT,
2006). Certaines de ces espèces sont relativement fréquentes sur la réserve, mais la

6 Il n'existe pas de véritable tourbière sur la RNCFS d'Orlu ; en revanche sur plusieurs secteurs, la
végétation présente des caractéristiques proches (Sphagnum spp, Cyperaceae, etc.). Plusieurs mares,
ruisseaux et laquettes ont ainsi des bordures de sphaigne, voire des tremblants, et accueillent des
populations d'Odonates ; ceux-ci sont absents des étangs à dominante minérale.
Tome 24, fascicule 2, juin 2008 43

présence simultanée de plusieurs d'entre elles est assez rare et n'a été observée que
dans les sites les plus riches et diversifiés d'un point de vue écologique. Ce cortège, à
répartition boréo-montagnarde typique, présente donc, à notre sens, une valeur
biocénotique et bioindicatrice importante, d'autant plus qu'il est fréquemment associé
à d'autres indicateurs de qualité des milieux: habitats d'intérêt communautaire, flore
patrimoniale, etc.
Sur la RNCFS d'Orlu, les principaux enjeux de conservation des Odonates
concernent les étangs et mares les plus riches et diversifiés, les stations à
C. mercuriale, les suintements où se reproduit C. bidentata, et dans une moindre
mesure quelques sites fréquentés par S. flaveolum. La présence de troupeaux est a
priori compatible avec leur conservation, à condition que le pâturage reste extensif.
Une fréquentation importante et localisée serait en effet susceptible de dégrader ces
milieux par le biais du piétinement, des déjections, voire de la prédation des plantes
aquatiques. L'intégrité du site de l'Estagnol de Gaudet est également menacée par les
rejets du refuge gardé, mais ce risque apparaît, pour le moment assez faible. Enfin, la
gestion halieutique de la réserve et les introductions de poissons constituent un
facteur de risque supplémentaire sur plusieurs sites (BONIFAIT & DEFOS DU RAU,
2007) . Dans un tel contexte, la conservation des Odonates peut être assurée de
manière relativement simple, en limitant ou supprimant les introductions de poissons
(notamment d'espèces exogènes), et en contrôlant la présence des troupeaux (par
exemple à l'aide d'exclos) sur les sites les plus sensibles.

Remerciements
Ce travail a été réalisé dans le cadre d'un financement de l'Union Européenne
(arrêté n° 00/2004/9970) et de l'Agence de l'Eau Adour-Garonne (décision attributive
n° 2004/843). Nous tenons à remercier P. Menaut (directeur de la RNCFS d'Orlu)
pour son appui logistique, ainsi que J.-M. Cugnasse et A. Paris pour la relecture de ce
travail.

Travaux cités
BARAILLE L. , SANTOUL F., DEFOS DU RAu P., BONIFAIT S. & MARTY P., 2006. Introduction
d'espèces exogènes: interactions avec les espèces autochtones : cas du Saumon de
fontaine (Salvelinus fontinalis) dans les zones humides de la Réserve Nationale de Chasse
et de Faune Sauvage d'Orlu (Ariège). ONCFS, LEH, DIREN & Agence de l'eau AG,
Portet/Garonne (France).
BARBOIRON A., 2002. Plan de gestion 2002-2007 de la Réserve Nationale de Chasse et de
Faune Sauvage d 'Orlu (09). ONCFS, Portet/Garonne (France).
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27-34.
Tome 24,fascicule 2, juin 2008 45

Annexe 1
Odonates 7 (20 espèces)
Nomenclature: BOUDOT & DOMMANGET, 2006.

Zygoptera
Calopterygidae (1 espèce)
Calopteryx xanthostoma (Charpentier, 1825) 8
Platycnemididae (2 espèces)
Platycnemis latipes Rambur, 1842
Platycnemis pennipes (Pallas, 1771)
Coenagrionidae (6 espèces)
Coenagrion hastulatum (Charpentier, 1825)
Coenagrion mercuriale (Charpentier, 1840)
Coenagrion puella (L., 1758)
Enallagma cyathigerum (Charpentier, 1840)
Ischnura pumilio (Charpentier, 1825)
Pyrrhosoma nymphula (Sulzer, 1776)

Anisoptera
Aeshnidae (1 espèce)
Aeshnajuncea (L., 1758)
Cordulegastridae (2 espèces)
Cordulegaster bidentata Selys, 1843
Cordulegaster boltonii (Donovan, 1807)
Corduliidae (1 espèce)
Somatochlora metallica (Vander Linden, 1825)
Libellulidae (7 espèces)
Crocothemis erythraea (Brullé, 1832) 9
Leucorrhinia dubia (Vander Linden, 1825)
Libellula depressa L., 1758
Libellula quadrimaculata Linné, 1758
Orthetrum coerulescens (Fabricius, 1798)
Sympetrumflaveolum (L. 1758)
Sympetrumfonscolombii (Selys, 1840)

7 Sylvain Bonifait 2004 : toutes les données sauf les suivantes:


8 Observateurs: Pierre Marty & David Soulet 2004 ; déterminateur : S. Bonifait
9 S. Bonifait 2007
46 Martinia

Brève communication

Une nouvelle observation


de Sympetrum danae (Sulzer, 1776) en Loir-et-Cher
(Odonata, Anisoptera, Libellulidae)
Par Pierre DEFONTAINES
2 place Adrien Rozier, F-12000 Rodez
ou bien 2 chemin de La Place, F-41700 Cour Cheverny

Sympetrum danae (Sulzer, 1776) est une espèce extrêmement rare en Loir-et-Cher, où une
seule donnée a été signalée: 3 (; sur une tourbière à sphaignes en octobre 1988 (LETI, 1998 :
Recherches Naturalistes en région Centre, 3 : 47-69). L'espèce n' a pas été retrouvée par la
suite, une extraction de tourbe ayant endommagé le milieu. Elle est tout aussi rare dans les
autres départements de la région Centre (LETI et al., 2001 : Martinia, 17 (4) : 123-168 ;
DOMMANGET,2002 : Martinia, 18 (suppl. 1) : 68 pp.).

Le 7 août 2006, vers midi, alors que j ' observais les Odonates sur une mare de jardin sur la
commune de Cour Cheverny (Loir-et-Cher), un petit Anisoptère noir est venu se poser sur une
touffe de carex à environ 4 mètres de moi. l'ai pu le détailler à loisir avec des jumelles : son
allure de petit Sympetrum avec le corps entièrement noir, les pattes noires et les ailes hyalines à
nervures et ptérostigmas noirs permettaient de le déterminer comme un (; de Sympetrum danae.
Il s'est envolé et s'est reposé à plusieurs reprises au même endroit. En début d'après-midi,
il avait disparu.

Cette mare occupe une surface de 100 m2 d'eau libre (partiellement recouverte de
nymphéas et plus ou moins encombrée d'hydrophytes) et environ autant de zones marécageuses
occupées par diverses espèces d'hélophytes. La végétation y est entretenue en vue de garder un
aspect naturel tout en ayant une diversité aussi grande que possible. 29 espèces d'Odonates y
ont été observées depuis 1996, dont 16 s'y reproduisent, régulièrement ou occasionnellement
(Defontaines, en prép.). Deux autres espèces de Sympetrum y sont abondantes: S. sanguineum
et S. striolatum. S. meridionale a été trouvé sur les étangs de la forêt de Cheverny à 5-6 km de
cette mare mais n'a pas été observé ici.

Il paraît exclu qu'une population reproductrice de cette espèce ait pu passer inaperçue à
cet endroit. D'une part, le milieu ne paraît pas favorable, et d'autre part, j'ai passé sûrement
plus d'un millier d'heures à observer les Odonates au bord de cette mare sans apercevoir
d ' autres individus (une seule fois, en août 1999, un petit Anisoptère sombre, pouvant être un (;
de cette espèce, était apparu et s'était éloigné avant que je puisse le déterminer avec certitude).
Il est difficile de savoir de quel site de reproduction pouvait provenir cet individu. Je ne
connais pas de milieu favorable à cette espèce à proximité, et la tourbière citée plus haut est à
plusieurs dizaines de kilomètres.

Martinia , 24 (2) juin 2008 : 46.


Manuscrit reçu le 10 septembre 2007.
Tome 24, fascicule 2, juin 2008 47

Le marais de Chavas dans le nord de l'Isère


et son peuplement odonatologique .
inventaire, gestion et menaces.
Particularités de la saison 2007
par Daniel GRAND 1 et Jean-Luc GROSSI 2
1 impasse de la Voûte, F-69270 Saint-Romain au Mont d'Or
2 AVENIR, 10 rue Raspail, F-38000-Grenoble

Mots-clés: ODONATA, FAUNISTIQUE, DEPARTEMENT DE L'ISERE, FRANCE.


Key words : ODONATA, FAUNISTIC, ISERE DEPARTMENT, FRANCE.
Résumé: Le marais de Chavas, zone de tourbières alcalines du nord de
l'Isère, a été fortement perturbé ces 30 dernières années par la trop grande
proximité de l'agglomération lyonnaise à l'ouest, par d'encombrantes
voies de communication (ligne du TGV, autoroute) qui le traversent du
nord au sud, et enfin par agriculture intensive. Suite aux remembrements
successifs dont il a été victime, le marais actuel ne représente plus que
21 % de sa superficie initiale, qui dépassait 150 hectares. Malgré les
graves atteintes faites à ses milieux humides et à la qualité de ses
paysages, il a conservé une grande diversité faunistique et floristique. Il en
va ainsi de son entomofaune et, en particulier, du peuplement de libellules
qui se reproduit dans ses prairies inondées, ses plans d'eau (mares et
étangs) et ses petits cours d'eau (ruisseau de Charvas et fossés drainants).
Constitué de 47 espèces d'Odonates (26 genres et 9 familles), ce
peuplement est tout à la fois bien équilibré dans la représentation des
taxons supérieurs et remarquablement diversifié par le nombre des
espèces présentes. Deux d'entre elles, C. haemorrhoidalis et L. pectoralis,
sont nouvelles pour le site. En outre, d'autres espèces comme Lestes
barbarus, C. mercuriale, C. scitulum, J. pumilio, C. tenellum, A. affinis,
A. parthenope, H. ephippiger (migrateur occasionel), L. fulva,
O. coerulescens, S.fonscolombii et S. meridionale sont d'un intérêt
évident, que ce soit localement ou pour le nord de la région Rhône-Alpes.
Par ailleurs, le secteur ouest du marais, qui est une vaste prairie inondée
par une prise d'eau sur le ruisseau de Charvas, a permis la reproduction
massive en 2007 (quelques centaines à plusieurs milliers d'individus selon
les espèces), de S. fusca, L. barbarus, A. affinis, S. fonscolombii, S.
meridionale, S. sanguineum et S. striolatum. Enfin, des espèces assez peu
printanières comme L. barbarus, A. affinis, S. meridionale, S.
sanguineum, et S. strialatum ont été d'une précocité exceptionnelle pour
la région de Lyon en 2007, avec des émergences dès la première moitié du
mois de mai, tandis qu'une seconde génération de S. fonscolombii
apparaissait en août. Si la gestion actuelle du marais en fait un milieu
humide d'un intérêt majeur pour son odonatofaune, il reste menacé à

Martinia , 24 (2) juin 2008 : 45-63.


Manuscrit reçu le 15 décembre 2007.
48 Martinia

terme par les activités humaines envahissantes et par les sécheresses de


plus en plus longues et sévères qui nous sont promises du fait du
réchauffement climatique.
The marsh of Chavas (North Isère, France) and its dragonfly fauna:
inventory, conservatory management and threats. Cases of 2007
flight season
Summary : Calopteryx haemorrhoidalis, already recorded in south Isère,
has recently colonized the Charvas brook, whereas Leucorrhinia
pectoralis extends its distribution area to the west of the region. The
Charvas marsh has been strongly disturbed in the 30 last years, and the
actual marsh represents only 21 % of its initial surface. In spite of this, it
has conserved a high fauna and flora diversity. Its odonatofauna is
composed of 47 species. But the future of this marsh seems in danger
because of the anthropic extension and the climate change.

1. Présentation générale du site (fig. 1)


Le marais de Charvas se situe sur la commune de Villette-d'Anthon, à l'extrême
nord-ouest du département de l'Isère, dans la zone de jonction entre les départements
du Rhône à l'ouest et de l'Ain au nord. TI est établi sur les hautes terrasses alluviales
du fleuve Rhône, à une altitude d'environ 200 mètres.
Ce marais représente l'un des derniers espaces palustres d'importance du district
naturel de l'est lyonnais, dénommé plaine de l'Ain et référencé na 21 (RICHOUX et al.,
2000), et cela malgré les multiples amputations dont il a été victime à la suite des
remembrements successifs, et de l'implantation d'infrastructures de transport le
séparant en deux entités distinctes, Charvas-est et Charvas-ouest. Inséré au milieu
d'une vaste plaine agricole, il est traversé par le ruisseau de Charvas et par d'anciens
fossés de drainage. A partir des années 1970, le développement des cultures
céréalières intensives, puis l'implantation au début des années 1990 de l'autoroute
A432 et de la ligne TGV sud-est ont morcelé le marais et gravement perturbé son
fonctionnement hydraulique.

L'ensemble du marais s'étendait jadis sur plus de 150 hectares (ha) mais seuls
les deux secteurs les plus marécageux n'ont été que peu modifiés. Les mesures
compensatoires, liées à l'implantation des voies de communication dans l'emprise du
marais, ont permis l'acquisition de 32 ha par le Conservatoire Régional des Espaces
Naturels de Rhône-Alpes, contribuant ainsi à la sauvegarde du site. Sa gestion a été
confiée au Conservatoire des Espaces Naturels de l'Isère (AVENIR). Elle se décline
en deux plans de gestion (BARBAT DU CLAUZEL, 1994; AVENIR, 2002) et une
révision en cours par AVENIR, soit trois documents rédigés en collaboration avec les
partenaires locaux et les associations de protection de la nature, qui ont défini les
principes de sa conservation et de la restauration des parcelles qui subsistent.
Tome 24,fascicule 2, juin 2008 49

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~ Tourbières etl\loUnillits

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Figure 1. Marais de Charvas (département de l'Isère).

2. Description paysagère, floristique et faunistique


Les zones humides du marais revêtent un intérêt naturaliste de premier plan. Il
s'agit d'un bas-marais alcalin qui se développe sur des sols riches en calcaire. Ces
zones humides sont également appelées « tourbières plates » ou « tourbières basses ».
La tourbe qui s'y accumule est formée de laîches, mais aussi de mousses et, en
particulier, d'Hypnacées. Surtout installés dans les vallées alluviales et les Préalpes
calcaires où l'influence des glaciers jurassiens et alpins a été importante, ces habitats
représentent 55 % de la surface des tourbières de la région Rhône-Alpes. A ces
tourbières alcalines de plaine sont également associés des habitats naturels très variés.
Sur Charvas, il s' agit le plus souvent de prairies humides à forte diversité floristique,
tandis que la faune y est diversifiée et intéressante. L'entomofaune du marais
comporte plusieurs espèces de Lépidoptères Rhopalocères remarquables tel le
Lycénidé Macu/inea telejus, protégé en France. Sur le plan odonatologique, les
milieux aquatiques du marais sont d'un intérêt majeur, telle la prairie humide qui
s'exonde en grande partie au cœur de l'été sur Charvas-ouest. Cette prairie s'est
révélée être spécialement favorable aux libellules des milieux temporaires.
50 Martinia

Témoin de la flore de la région lyonnaise, au moins 344 espèces végétales ont été
répertoriées parmi lesquelles un cortège important de plantes rares (GENTIANA, 2007).
Nous citerons Gentiana pneumonanthe, Gymnadenia odoratissima, Orchis laxiflora
subsp. palus tris et Euphorbia palustris, qui trouvent refuge dans les prairies humides
et les cariçaies de Charvas.
Au fil du temps, ce bas-marais a commencé à se boiser progressivement tandis
que certaines prairies évoluaient vers la moliniaie en raison, notamment, de la baisse
générale du niveau de la nappe phréatique. Pour une grande part, cette baisse est liée
aux perturbations créées par les infrastructures de transport et par les pompages
agricoles intensifs, indispensables à l'irrigation des cultures céréalières de maïs. A
l'ouest, la présence du ruisseau de Charvas a ralenti ce phénomène de dégénérescence
et nous observons toujours une mosaïque d'habitats caractéristiques des bas-marais à
molinie. L'embroussaillement de cette partie du marais est aujourd'hui en grande
partie résolu par une gestion adaptée, combinant le pâturage de chevaux camarguais et
une bonne maitrise des niveaux d'eau.
D'un point de vue phytosociologique, les milieux ouverts sont à rattacher :
- Pour les bas-marais neutro-alcalins, à l'ordre des Caricetalia davallianae et à
l'alliance de l'Hydrocotylo vulgaris - Schoenion nigricantis, marquée par des
influences atlantiques révélées par la présence d'un cortège d'espèces caractéristiques
telles Hydrocotyle vulgaris, Oenanthes lachenalii, Samolus valerandi, Anagallis
tenella et n'ayant qu'une faible contribution de composantes continentales.
- Pour les prairies à Molinia caerulea et communautés associées, à l'ordre des
Molinietalia et à l'alliance de l'Eumolinion.
- Sur les prairies de Charvas-ouest, la formation à Hydrocotyle vulgaris est
dominée par les laîches (Carex panicea, C. viridula, .. .), les joncs (Juncus
alpinoarticulatus subsp. fuscoaster, J. articulatus) et l'Eleocharis uniglumis. Elle est
infiltrée par l'Orchidée Orchis laxiflora subsp. palus tris et le roseau Phragmites
australis. Quant à l'alliance de l'Eumolinion, la molinie présente sur ces prairies une
très forte contribution en association avec des espèces comme Sanguisorba officinalis,
Silaum silaus et Epipactis palustris.

3. Les milieux humides du marais.


Depuis les premières prospections odonatologiques, commencées en 1989-90 sur
Charvas, nous avons toujours associé au marais deux gravières qui lui sont
mitoyennes sur sa bordure sud-est. Ces plans d'eau sont localisés sur la commune de
Pusignan, dans le département du Rhône. Dans cette présentation, nous avons préféré
conserver cette association, d'autant que ces gravières utilisées comme étangs de
pêche sont en relation étroite, sous l'angle de leur odonatofaune, avec les zones
humides du marais. Les maigres lambeaux du marais initial correspondent à un
enchevêtrement de boisements divers et de prairies pâturées, humides ou non, mais
aussi de parcelles agricoles et de basses tourbières alcalines à moliniaie. Cette
mosaïque de milieux est drainée par le ruisseau de Charvas et quelques fossés aux
écoulements souvent temporaires. Des mares et de petits étangs marécageux, au
Tome 24,fascicule 2, juin 2008 51

niveau d'eau variable selon les saisons, sont dispersés parmi ces zones humides semi-
naturelles, imbriquées les unes dans les autres.
Depuis quelques années, Charvas-ouest est inondé intentionnellement sur son
secteur méridional, où se développent des fourrés d'arbustes, par un ouvrage de
déversement aménagé sur le ruisseau, l'écoulement s'étalant sur le secteur sud-ouest
de la prairie. Lors de printemps humides, cette prairie reste en partie noyée jusqu'en
juin, voire au-delà, comme en 2007. Sur sa bordure occidentale, elle se prolonge par
un étang à niveau fort variable de 700 m2 de superficie maximale, proche du ruisseau.
Sur Charvas-est, trois autres étangs ont été visités. Le plus méridional, qui est
implanté contre l'autoroute A432, dispose d'une superficie de 750 m2• Il conserve en
permanence une faible profondeur qui fluctue entre 0,20 et 0,50 mètre au cours des
saisons. Sa surface en eau diminue de moitié lors de l'étiage estival. L'étang central,
situé en partie dans un boisement, possède une superficie de 1600 m2 • Il se compose
d'un grand plan d'eau qui se prolonge, sur son extrémité orientale, par un vaste
marécage tourbeux. Enfin, l'étang nord-est, d'une superficie de l'ordre de 2000 m2 , a
été peu prospecté en raison de son isolement.
Quant au ruisseau de Charvas, son tracé est globalement forestier, mais
localement il a été débroussaillé et ses berges ont été dégagées de leur couvert arboré
sur de petits tronçons. Ces interventions améliorent ponctuellement son
ensoleillement, ce qui attire certaines libellules héliophiles et thermophiles comme
Calopteryx haemorrhoidalis et Coenagrion mercuriale. Hormis le ruisseau, il existe
un réseau accessoire de fossés de drainage aux écoulements intermittents, qui
subissent de longues périodes d'assèchement, surtout en été et au début de l'automne.

4. L' odononatofaune du marais de Charvas


Par comparaison avec le cortège recensé lors des prospections antérieures, six
espèces sont nouvelles sur le marais. Il s'agit de C. haemorrhoidalis qui, pour la
première fois, est observé dans le nord de l'Isère, de Leucorrhinia pectoralis, espèce
protégée déjà connue de la partie orientale de cette région (DELIRY, 1997), ainsi que
Lestes barbarus, Onychogomphus f forcipatus, Somatochlora flavomaculata et
Sympetrum meridionale, quatre espèces d'intérêt local, assez largement distribuées
sur le nord de Rhône-Alpes.
Le cortège du marais de Charvas et des gravières mitoyennes se compose de 47
espèces recensées entre 1989 et 2007. Tant par la densité de certaines populations
qu'en raison de la diversité surprenante des espèces, il s'agit là d'un cortège
remarquable pour un marais si proche d'une grande agglomération et qui a subi
d'irréversibles altérations au cours de ces 30 dernières années. Si nous comparons ce
cortège à l' odonatofaune de la France métropolitaine (GRAND et BOUDOT, 2006),
nous constatons que 9 familles sur 10 et que près des trois quarts des genres y sont
présents, tandis que plus de la moitié des 91 espèces citées de notre pays y a été
observée. Les libellules ayant colonisé cette zone humide se scindent en un cortège
des eaux courantes (11 espèces) et un cortège des eaux stagnantes, qui regroupe 39
autres espèces. Chalco/estes viridis, Pyrrhosoma nymphula et Coenagrion puella sont
communs à ces deux cortèges.
52 Martinia

Le marais est divisé selon une direction nord-sud par une large bande de terrain
biologiquement appauvrie. Cette zone contient la ferme de Charvas et ses
dépendances, ainsi que les assiettes de la route D55c, de la ligne du TGV et de
l'autoroute A432. A l'extérieur de cette bande, nous distinguons le secteur de
Charvas-est avec 41 espèces et le secteur de Charvas-ouest, moins diversifié avec 35
espèces. D'un point de vue chronologique, les investigations odonatologiques ont
commencé en 1989, principalement sur les gravières. Puis elles se sont poursuivies en
1990 pendant les travaux de construction de la ligne du TGV et de l'autoroute, puis en
1994 après la mise en service des ouvrages précités. Enfin, des campagnes de
prospection plus approfondies ont été conduites en 1996 et en 2007, essentiellement
sur le marais, c'est-à-dire en excluant les plans d'eau des gravières, tandis que des
passages ponctuels étaient irrégulièrement programmés en 1998, 1999,2005 et 2006.

5. Catalogue commenté des espèces


Dans la suite de l'exposé, les symboles qui suivent le nom de chaque espèce ont les
significations suivantes :
- Ouest et Est: correspondent à Charvas-ouest et à Charvas-est.
- Ml à M7: mares répertoriées sur le secteur oriental du marais.
- El à E4 : étangs décrits dans le chapitre 3.
- RI à R5 : stations prospectées sur le ruisseau de Charvas et les fossés de drainage.
- GI et G2 : gravières sud-est de Pusignan (69).
- Pl et P2: prairies inondées de Charvas-ouest, décrites au chapitre 3.
Remarque: tous les milieux référencés par les symboles E, G, M, P et R sont reportés sur
le plan général du marais.

Calopterygidae
1. Calopteryx haemorrhoidalis (Vander Linden, 1825)
Ouest et Est, RI , R3 et R5.
Lors d'une visite le 27 juillet 2007, un CS et une ~ ont été observés sur le
ruisseau en R3, immédiatement en amont où celui-ci s'écoule sous l'autoroute A432.
Par la suite, une ~ isolée était découverte le 12 août en R5, sur un secteur
embroussaillé où le ruisseau se déverse sur la prairie P2. Enfin le 15 août de la même
année, deux ~ et un CS en fin d'émergence étaient observés en RI. Cette micro-
population s'est probablement installée récemment sur le marais, à partir d'individus
provenant du ruisseau du Rizan à Meyzieu (69) (GRAND, 2004), éloigné de moins de
5 km du site. Anciennement connu du sud de l'Isère (JULIAND, 1988), C.
haemorrhoidalis est pour la première fois cité dans le nord du département. Le faible
effectif décompté et la configuration particulière du ruisseau encaissé et globalement
forestier, ne permettent aucune prévision quant à sa pérennisation à long terme sur
Charvas.

2. Calopteryx splendens (Harris, 1776)


Ouest et Est, R3 et R5.
Quelques individus ont été vus en 1994, tandis qu'un dernier CS était vu en 1996.
li est possible que le recouvrement progressif des cours d'eau par des formations
Tome 24, fascicule 2, juin 2008 53

végétales riveraines soit à l'origine de la disparition de cette espèce, qui préfère les
cours ensoleillés.

3. Calopteryx virgo (L., 1758)


Ouest et Est, RI à R5 , GI et G2.
Ce Calopteryx est très abondant sur toutes les eaux courantes du marais. D'un
point de vue taxonomique, les Ô correspondent pour la plupart à des formes
intermédiaires entre les sous-espèces C. v. virgo et C. v. meridionalis. Des études
ultérieures devraient préciser le statut local de ces taxons. A l'occasion, des individus
en maturation s'égarent parfois sur les gravières.

Lestidae
4. Chalcolestes viridis (Vander Linden, 1825)
Ouest et Est, commun sur toutes les eaux stagnantes permanentes.
Ce Lestidé fréquente également les fossés en eau et les tronçons calmes du
ruisseau. Un début d'année 2007 au climat particulièrement tempéré, voire chaud, a
favorisé son apparition précoce. La présence le 1er juin de nombreux individus
immatures sur l'étang E2 permet de situer ses premières émergences dans les derniers
jours de mai, soit une dizaine de jours avant la période habituelle pour la région
lyonnaise. En fonction des biotopes, elles se sont poursuivies au-delà du mois de
juillet. Ainsi, trois individus émergèrent sur la mare M2 le 15 août. Ô et ~ ne se
reproduisent qu'après une longue maturation, ce qui explique l'observation des
premières pontes le 19 juillet 2007 (habituellement, elles ne commencent guère avant
la fin juillet). Par la suite, elles se sont porsuivies jusqu'à fin octobre.

5. Lestes barbarus (F., 1798)


Ouest et Est, Pl, P2, El et E2.
Nouvel arrivant sur le marais, ce Lestes s'y est probablement acclimaté à partir
de populations provenant de l'lie-Crémieu (Isère), voire des Dombes voisines (Ain).
Au printemps 2007, plusieurs dizaines (ou centaines) d'émergences se produisirent
quotidiennement sur les prairies Pl et P2, entre le 12 mai et le 1er juin, cette dernière
date étant suivie d'une interruption des visites de 10 jours. Pendant la 2e quinzaine de
juin, la population était toujours florissante, mais à partir de la mi-juillet nous
n'observions plus que deux à trois douzaines d'individus. Encore plus rare début août
l'espèce disparaissait quasiment à la fin du même mois. Au contraire de Charvas-
ouest, les plans d'eau permanents de Charvas-est ne subissent aucune fluctuation
importante de leur niveau, hormis l'étang E2 sur lequel quelques individus ont
émergé. lis sont donc peu favorables à cette espèce exigeante dans le choix de ses
habitats larvaires, qui préfère dans notre région les marécages temporaires ouverts ou
les mares et étangs ensoleillés bénéficiant d'un fort marnage annuel. Ces baisses
estivales sévères de leur niveau d'eau induisent une importante exondation de leurs
rives, voire l'assèchement complet de certains plans d'eau.
54 Martinia

6. Lestes sponsa (Hansemann, 1823)


Est, E2
Observé pour la première fois en été 1996 sur le marais, à proximité de l'étang
E2, ce Lestes y a fait souche avec le maintien d'une petite population. Des individus
immatures ont été observés en compagnie de deux CS adultes le 1er juin 2007, ce qui
implique des émergences dès la fin mai. Cette apparition est en avance d'une bonne
semaine par rapport à la normale pour la région lyonnaise.

7. Lestes virens vestalis Rambur, 1842


Ouest et Est, E2, Pl et P2
Les pontes de cette espèce semblent se restreindre à l'étang E2, où les
émergences ont-elles aussi été plus précoces de quelques jours en 2007. En effet, les
individus observés le 1er juin se trouvaient à divers stades de maturation, certains CS
commençant déjà d'acquérir leur couleur définitive. Tout à fait adapté à la
reproduction de cette espèce, l'étang E2 dispose de berges à faible pente, largement
exondées en été et colonisées par des scirpes et des laîches en formation dense. Seuls
des individus isolés ont été rencontrés sur Charvas-ouest.

8. Sympecmafusca (Vander Linden, 1820)


Ouest et Est, commun sur tous les milieux stagnants.
Suivant les biotopes et les années, les dates d'émergence de cette espèce sur
Charvas sont très variables et couvrent la période du 20 juin au 10 août. En raison
d'une fin de printemps et d'un été pluvieux et frais en 2007, les émergences massives
de S. fusca ont commencé dans la première quinzaine de juillet sur la prairie Pl. Elles
se sont poursuivies tardivement sur le marais, avec les dernières émergences le 25
août sur l'étang E3.

Platycnemididae
9. Platycnemis pennipes (Pallas, 1771)
Ouest et Est, R5, Gl et G2
Une ~ a été capturée le 12 août 2007 en R5, à proximité de la prairie humide P2.
Le manque d'ensoleillement sur le ruisseau de Charvas et les eaux notoirement closes
des étangs du marais sont peu favorables à cette espèce. En revanche, les eaux
profondes des gravières qui baignent dans la nappe phréatique de l'est lyonnais, lui
conviennent mieux.

Coenagrionidae
10. Ceriagrion tenellum (de Villers, 1789)
Ouest et Est, R3, R4 et M2.
Toujours présent en petites populations dans le passé, ce délicat Zygoptère se
trouve aujourd'hui dans une situation critique. Disparu de Charvas-ouest suite à la
destruction d'un de ses anciens biotopes, il n'a également plus été revu sur un secteur
marécageux du ruisseau en R3 et sur le fossé R4. Malgré des recherches approfondies,
seuls un CS adulte et une ~ immature ont été vus le 15 août 2007 sur la mare M2.
Tome 24, fascicule 2, juin 2008 55

L'effondrement des anciennes petites populations du marais semble lié à


l'envahissement de ses habitats par la végétation buissonnante et arborée.

Il. Coenagrion mercuriale (Charpentier, 1840)


Ouest et Est, RI, R3, R5.
Cet agrion protégé se rencontre sur le ruisseau et les fossés ensoleillés qui
conservent des eaux courantes. Les populations du marais sont en régression en
comparaison de celles observées au début de la décennie 1990. Préoccupante mais
non alarmante, cette situation provient sans doute de l'embroussaillement des berges
du ruisseau, lui-même parfois trop encaissé, et à l'assèchement estival de certains
fossés . La mise en œuvre d'une gestion spécifique semble indispensable pour cette
espèce, strictement héliophile et thermophile.

12. Coenagrion puella (L., 1758)


Ouest et Est, commun sur toutes les eaux stagnantes et permanentes.
Cette espèce se plaît aussi sur les secteurs calmes et marécageux du ruisseau et
des fossés. En revanche, elle n'apprécie guère les eaux peu profondes ou trop
ensoleillées. Elle devient rare à partir du début de l'été, mais nous en avons repéré
quelques individus tardifs sur l'étang E3, jusqu'au 25 août. lis se protégeaient des
fortes chaleurs en s'abritant sous une lisière arborée en surplomb.

13. Coenagrion pulchellum (Vander Linden, 1825)


Ouest, E3.
Un é'J tardif et erratique a été capturé le 8 août 1994 sur l'étang E3. li venait
peut-être de la lône (bras-morts) du Grand-Gravier, située à peu de distance du marais .

14. Coenagrion scitulum (Rambur, 1842)


Ouest et Est, El , E2, E3 et Ml.
En 1996, cette espèce a été trouvée en forte population sur la mare Ml , pour
disparaître quelques années plus tard. Elle a fait un retour attendu au printemps 2005
sur l'étang E2, mais n' y a pas été revue en 2007. En revanche, elle vient de coloniser
le marécage prolongeant l'étang El où, le 1er juin 2007, plusieurs dizaines de couples
pondaient dans la végétation aquatique flottante. Cette espèce est accidentelle sur
Charvas-ouest où un é'J isolé survolait l'étang E3, le 19 juillet 2007.

15. Enallagma cyathigerum (Charpentier, 1840)


Est, El, 01 et 02.
Un é'J accidentel a été observé sur l'étang El, le 1er juin 2007. li provenait
probablement des gravières, sur lesquelles cette espèce est d'ailleurs peu abondante.

16. Erythromma lindenii (Selys, 1840)


Ouest et Est, El , E2, E3 et E4.
Cette espèce ne dispose que d'effectifs réduits sur les 4 étangs et il n'est pas
certain que sa reproduction régulière y soit assurée.
56 Martinia

17. Erythromma viridulum (Charpentier, 1840)


Ouest et Est. E2, E3, Gl et G2.
Peu abondant sur le marais et les gravières, il préfère les grands plans d'eau
ensoleillés riches en hydrophytes affleurant la surface de l'eau.

18. Ischnura elegans (Vander Linden, 1820)


Ouest et Est.
Commun sur tous les milieux stagnants.

19. Ischnura pumilio (Charpentier, 1825)


Ouest et Est, El, E2, E3, Ml, M5, Pl et P2.
Généralement rare, sauf sur l'étang E2, cette espèce surprend par son
polymorphisme. Outre les ~ hétérochromes classiques, soit immatures (stades dits
«aurantiaca »), avec les parties claires orangées, soit matures (coloration verte), nous
avons également observé des ~ andromorphes qui ont des taches post-oculaires, les
côtés du thorax et les côtés de l'abdomen de couleur bleu ciel (GRAND et BaUDOT,
2006, voir l'illustration page 273). Du 16 mai au 13 juillet 2007, nous n'avons trouvé
sur les prairies Pl et P2 que de rares r3 bien colorés, sans observer d'individus
immatures. En revanche, lors de notre visite du 19 juillet, la situation était bien
différente, puisque de nombreux r3 adultes et immatures voletaient au ras des herbes,
tandis que des émergences se déroulaient parmi les herbes s'élevant au-dessus des
flaques un peu profondes (10 à 20 cm), éparpillées dans la prairie humide. Elles se
poursui virent jusqu'au 17 août.

20. Pyrrhosoma nymphula (Sulzer, 1776)


Ouest et Est, commun sur tous les milieux stagnants permanents.
Également localement présente sur le ruisseau et les fossés en eau.

Aeshnidae
21. Aeshna affinis Vander Linden, 1820
Ouest et Est, E2, E3, Pl et P2.
Avant 2007, cette Aeschne était surtout connue par l'observation régulière de
quelques r3 sur l'étang E2. La collecte de plus de 180 exuvies entre le 12 mai et le 10
juin 2007 sur la prairie inondée Pl montre que la population devait approcher les 300
individus. En effet, la recherche des exuvies sur la prairie partiellement recouverte de
5 à 20 cm d'eau, n'a pas été toujours facile. Un vent énergique soufflait assez souvent
pendant cette période a dû provoquer de nombreuses chutes dans l'eau. Lors d'une
visite le 12 mai vers 10 heures, nous découvrions 5 émergences en cours et une
vingtaine d'exuvies, ce qui situe le début des émergences dans la première semaine de
mai. Les exuvies étaient agrippées à faible hauteur au sein de touffes d'herbes peu
denses et se trouvaient entre 3 et 35 cm au-dessus de l'eau. La prairie P2, en partie
constituée d'une vaste clairière abritée du vent, a servi de lieu de maturation et de
dortoir aux individus fraîchement émergés, qui se sont ensuite dispersés. A partir du
19 juillet, de rares r3 sont revenus sur les sites de reproduction et, plus tard, deux
Tome 24, fascicule 2, juin 2008 57

couples y ont été observés, l'un pondant en tandem sur un secteur exondé (12 août) et
l'autre survolant la prairie à la recherche d'un site de ponte (25 août).

22. Aeshna cyanea (Müller, 1764)


Ouest et est, P2, El , E3, E4, M2, M3 et M7.
Cette discrète Aeschne vole surtout en septembre et octobre, le long des chemins
et en bordure des lisières forestières. Deux Sf2 ont été surprises en ponte sur un
marécage semi-forestier prolongeant l'étang El.

23. Aeshna isoceles (Müller, 1767)


Est,M7.
Cette espèce printanière est accidentelle sur le marais. Nous l'avons vue deux
fois sur la mare M7, en juin 1996, et en juin 2007. Les deux individus observés
provenaient peut-être de l'Ile-Crémieu, mais plus sûrement des lônes de la Chaume ou
du Grand Gravier, situées à proximité et où cette Aeschne possède de belles
populations.

24. Aeshna mixta Latreille, 1805


Ouest et Est: G 1, G2, M2, M4 et Pl.
Cette petite Aeschne reste très localisée sur l'étang M2, même si, à partir de la
deuxième quinzaine de juillet, quelques individus se déplacent sur l'ensemble du
marais. C ' est sur ce plan d'eau de faible profondeur et qui subit des exondations
sévères sur ses rives en été, que des exuvies sont collectées chaque année. Les rares
observations sur Charvas-ouest se rapportent à des individus en période de maturation
ou à des 0 erratiques (chasse, recherche des Sf2). A l'inverse d'A. affinis, cette espèce
préfère les plans d'eau permanents (marécage, fossé, mare, étang, ... ), même si ces
derniers subissent un fort marnage annuel.

25. Anax imperator Leach, 1815


Ouest et Est, Pl, 01 , G2, El , E2, E3 , E4, M6 et M7.
Ce puissant Anax, à la territorialité exacerbée, se rencontre sur toutes les
étendues d'eau stagnantes et ensoleillées, y compris sur les milieux temporaires
comme la prairie humide Pl. Sa reproduction est prouvée sur les deux gravières et sur
tous les étangs du marais.

26. Anax parthenope (Selys, 1839)


Ouest et Est, Pl, G 1, G2, El , E2, E3 et E4.
Souvent pris en chasse par A. imperator dès qu'elle approche d'un plan d'eau,
cette magnifique espèce reste toujours discrète et furtive sur Charvas. Observée de
juin à septembre, elle y est sans doute indigène, même si sa reproduction n'y est pas
encore démontrée.

27. Brachytron pratense (Müller, 1764)


Ouest et Est, El, E2, E3, M2 et M7.
Cet Aeschnidé n'est arrivé sur le marais qu'au printemps 1996, probablement en
provenance de l'Ile-Crémieu. Depuis, il s'y est bien implanté avec des populations
58 Martinia

importantes sur les étangs El et E2. Certaines années favorables, plusieurs dizaines
d'exuvies sont collectées sur l'étang E2. A cause de la construction de la ligne
ferroviaire contournant l'agglomération lyonnaise, cet étang disparaîtra à moyen
terme et, avec lui, la population de Brachytron.

28. Hemianax ephippiger (Burmeister, 1839)


Est, GIet G2.
Ce grand migrateur a envahi toute l'Europe de l'ouest en mai 1989 (PAPAZIAN,
1992) et, en particulier, les environs de l'agglomération lyonnaise (GRAND, 1990 et
2004). Cette superbe libellule n'a pas été observée directement sur le marais, mais des
couples ont pondu dans les deux gravières, mais aucune exuvie n'y a été découverte
par la suite, malgré des recherches assidues.

Gomphidae
29. Gomphus pulchellus Selys, 1840
Est, El.
Ce Gomphus est accidentel sur le marais, où il y a été vu à deux reprises. Le 8
juin 1996, nous avons dérangé une ~ posée sur un chemin à proximité de l'étang El.
Le 10 juin 2007, un Ô patrouillait le long de la berge du même plan d'eau.

30. Onychogomphusforcipatusforcipatus (L., 1758)


Est: R3 et E2.
Entre le 19 et le 31 juillet 2007, plusieurs individus étaient posés sur le chemin
longeant l'autoroute A432, à proximité des sites R3 et E2. Au même endroit, une ~ se
trouvait en compagnie de deux Ô le 27 juillet. Enfin, nous dénombrions 4 Ô le 31
juillet. Le statut de cette espèce n'est pas clairement défini sur le marais, car aucun
individu n'a été trouvé sur le ruisseau, ni aucune exuvie. Des vérifications ultérieures
permettront peut-être de clarifier cette situation.

Cordulegastridae
31. Cordulegaster b. boltonii (Donovan, 1807)
Ouest et Est, RI, R2, R4 et R5 .
Toujours discrète, cette puissante libellule est bien distribuée le long du ruisseau.

Corduliidae
32. Cordulia aenea (L., 1578)
Est: El, E2, E4, M2 et M3.
Cette Cordulie fréquente beaucoup de plans d'eau sur Charvas-est, mais elle n'a
pas encore été trouvée sur Charvas-ouest.

33. Somatochloraflavomaculata (Vander Linden, 1825)


Ouest, Pl et P2.
Cette élégante libellule a été vue à plusieurs reprises sur le marais, entre le 13
juillet et 12 août 2007, toujours en individus isolés volant le long des lisières boisées
Tome 24, fascicule 2, juin 2008 59

de la prame Pl et dans les fourrés marécageux mitoyens de P2. De futures


prospections nous apprendront si elle a réussi son implantation sur Charvas.

Libellulidae
34. Crocothemis erythraea (Brullé, 1832)
Ouest et Est.
Assez commun sur les milieux stagnants ouverts.

35. Leucorrhinia pectoralis (Charpentier, 1825)


Est, El.
L'arrivée de cette libellule protégée sur le marais n'est qu'une demi-surprise car
des individus peuvent migrer facilement des populations de l'Ile-Crémieu ou même
des Dombes voisines (Ain). Le 15 mai 2007, deux naturalistes - Marie-Laure Bally et
Olivier Caparros - nous informaient avoir observé cette espèce à Charvas sur l' étang
El, ce que nous confirmions le leT juin. Ce jour là, nous trouvions un, voire plutôt
deux éS territoriaux, sur la vaste zone marécageuse prolongeant l' extrémité orientale
de l'étang. Adossé contre un boisement, ce secteur tourbeux d'une superficie de 500 à
600 m2 est envahi d'hydrophytes et d'hélophytes. La configuration marécageuse du
plan d' eau, la végétation aquatique s'y développant et la proximité de la forêt sont des
éléments favorables à cette rare espèce. En regard du grand intérêt patrimonial de L.
pectoralis, un suivi sur Charvas-est sera mis en place les prochaines années.

36. Libellula depressa L., 1758


Ouest et Est.
Commun sur toutes les eaux stagnantes.

37. Libellulafulva Müller, 1764


Ouest et Est, RI , R2 et M2.
Rare sur le marais, cette libellule se cantonne dans les secteurs ensoleillés et
marécageux du ruisseau. Sa reproduction est confirmée par la collecte d'une exuvie
sur la mare M2. Quant à sa présence sur Charvas-ouest, elle reste anecdotique avec
une observation isolée, à proximité de la ferme de Charvas.

38. Libellula quadrimaculata L. , 1758


Ouest et Est, El, E2, E3 et Pl.
Peu abondante sur le marais, cette espèce se cantonne aux secteurs marécageux
des étangs bordés de roselières. Au printemps 2007, des individus traversaient en tous
sens la prairie inondée Pl , mais , visiblement, sans s'y reproduire.

39. Orthetrum albistylum (Selys, 1848)


Ouest et Est.
Assez commun sur les eaux stagnantes et permanentes.

40. Orthetrum brunneum (Fonscolombe, 1837)


Ouest et Est, El , E2, E3 , E4 et Pl.
60 Martinia

Habituellement rare sur le marais, cet Orthetrum a été observé au printemps


2007 sur tous les milieux favorables, y compris sur la prairie humide Pl où nous
avons collecté une exuvie le 12 mai et plusieurs autres ultérieurement. Le même jour,
un 0 bien coloré survolait la prairie Pl, suggérant que des émergences avaient déjà du
avoir lieu durant la première semaine de mai. Lors d'hivers modérément rigoureux,
cette espèce n'est guère observée avant le 20 mai dans la région lyonnaise.

41. Orthetrum cancellatum (L., 1758)


Ouest et Est.
Commun sur tous les milieux stagnants ouverts.

42. Orthetrum coerulescens (F., 1798)


Ouest et Est, RI , R2, R4, R5, E2, M2 et Pl .
A Charvas, cet Orthetrum se rencontre sur le ruisseau et ses abords immédiats,
mais des individus visitent beaucoup de milieux humides, y compris la mare M2,
traversée par un filet d'eau. Un 0 en fin d'émergence a été vu le 1er juin 2007 sur le
ruisseau en RI . De nombreux autres individus ont été aperçus en 2007 et un dernier 0
était observé le 3 octobre sur la prairie Pl.

43. Sympetrumflaveolum (L., 1758)


Est, E2.
Ce Sympetrum est connu pour ses comportements migrateurs certaines années, ce
qui explique l'apparition de plusieurs individus le 7 septembre 1996 et les jours
suivants, sur la prairie bordant l'étang E2 (GRAND, 2004).

44. Sympetrum fonscolombii (Selys, 1840)


Ouest et Est, Gl , 02, El à E4, Pl et P2.
Avant 2007, cette autre espèce migratrice était observée sur plusieurs plans
d' eau du marais, mais sa reproduction n'était confirmée que sur les gravières. Lors
d'un passage sur la prairie humide Pl le 19 juillet 2007, nous découvrions une
cinquantaine d'émergences de S. fonscolombii. De nombreuses autres se produisirent
ensuite jusqu'au 25 août. Le pic maximal d'émergences se situe vers le 12 août, jour
où nous avons dénombré au moins 200 individus immatures ou réalisant leur
émergence. Dans le courant de l'été, c'est plusieurs milliers d'individus qui ont dû
émerger sur la prairie. Au printemps de cette même année, quelques 0 isolés avaient
été observés vers le 1er juin, en différents endroits de Charvas-est, mais aucun
individu n 'avait été aperçu en mai sur Charvas-ouest. Il est cependant nécessaire que
des Sï! aient pondu en avril-mai pour que de telles émergences massives aient eu lieu
en été.

45 . Sympetrum meridionale (Selys, 1841)


Ouest et Est, El à E4, Pl et P2.
La présence de ce migrateur est récente sur le marais, et avant 2007 sa
reproduction n'était prouvée que sur l'étang E2. Dès le 10 juin 2007, quelques
émergences étaient dénombrées sur la prairie inondée Pl. Elles furent suivies par
Tome 24, fascicule 2, juin 2008 61

d'autres, plus nombreuses, sur cette prairie, mais également sur l'étang E3, où elles se
poursuivirent au moins jusqu'à fin juin, ou au-delà. Les premières pontes ont été
observées à partir du 12 août, mais au début de l'automne, ce Sympetrum avait
quasiment disparu, puisque le 3 octobre nous n'observions qu'un seul éS sur P2.

46. Sympetrum sanguineum (Müller, 1764)


Ouest et Est, sur tous les milieux stagnants du marais.
Dès le 12 mai 2007, nous découvrions sur les prairies Pl et P2 des centaines
d'émergences de S. sanguineum, qui se trouvaient à toutes les phases de leur
développement, depuis la larve sortant de l'eau jusqu'à l'individu accomplissant son
premier envol. Ces émergences se poursuivirent au moins jusqu'au 1er juin. En
conséquence du nombre impressionnant d'émergences le 12 mai, la prairie était
littéralement couverte d'individus immatures. li faut certainement envisager les
premières émergences dès les premiers jours de mai. Enfin, une rapide évaluation de
leur nombre montre que la population de Charvas-ouest devait se situer entre 8000 et
10000 individus.

47. Sympetrum striolatum (Charpentier, 1840)


Ouest et Est, sur tous les milieux stagnants du marais.
li s'agit probablement de l'Anisoptère le mieux distribué à basse altitude et le
plus abondant de France et de Rhône-Alpes. Sur Charvas, S. striolatum a commencé
d'émerger sur l'étang E2 dès le 10 mai 2007, ainsi que sur les prairies inondées Pl et
P2 où nous en découvrions quelques individus le 12 mai. Sur ces prairies, les
émergences de S. striolatum étaient mélangées à celles de S. sanguineum, mais dans
des proportions nettement moindres (seulement 10 % à 15 % des émergences de
Sympetrum dénombrées sur le site). Comme la ~ pond au contact de l'eau jusqu'à une
période avancée de l'automne, il est probable que la prairie devait être inondée par
endroits en novembre 2006. Dans la région, cette espèce vole régulièrement en
novembre et, exceptionnellement, jusqu'en décembre lors d'automnes sans gel
prolongé (GRAND, 2004).

6. Menaces
Ces trente dernières années, le marais de Charvas a subi bien des vicissitudes qui
ne cessent de s'accentuer. Des menaces anciennes se font plus pressantes tandis que
d'autres sont nouvelles. li s'agit, entre autres de l'expansion continue de
l'agglomération lyonnaise, de la construction programmée d'une ligne de ferroutage,
d'extensions urbaines et du réchauffement climatique.
L'agglomération lyonnaise ne cesse de s'étendre sur sa bordure orientale, ce qui
amène également les infrastructures nécessaires à son développement. Quant à
l'aéroport international de Lyon-Saint-Exupéry, il s'agrandit régulièrement en
grignotant des espaces vers le nord-ouest, c'est-à-dire en direction du marais de
Charvas qui se trouve ainsi pris en tenaille par ces deux pôles économico-urbains.
Après la construction de l'autoroute A432 et de la ligne du TGV, l'implantation
d'une nouvelle voie ferrée de contournement de l'agglomération lyonnaise est dès
62 Martinia

aujourd'hui acquise. Elle devrait être accolée aux deux autres axes de communication
déjà en service. Cette ligne ferroviaire va aggraver la fragmentation qui existe déjà
entre Charvas-est et Charvas-ouest, et interdira probablement les déplacements de la
faune terrestre entre les deux secteurs, car le passage à faune sous les 3 voies de
communication approchera alors les 80 mètres de long. Une autre conséquence du
ferroutage sera la disparition de l'étang E2 et de ses 29 espèces de libellules. Pourtant,
ce plan d'eau est essentiel à la faune odonatologique du marais et, en particulier, à
Lestes barbarus, L. sponsa, L. virens vestalis, Ischnura pumilio, Coenagrion scitulum,
Aeshna mixta, Anax parthenope, Brachytron pratense, Libellula quadrimaculata,
Sympetrum fonscolombii et S. merdionale. li héberge également la seule station
iséroise connue d'une petite plante discrète, Anagallis tene/la.
Par ailleurs, les terrains localisés au sud de la ferme de Charvas, entre le TGV et
la route départementale, vont accueillir prochainement une Zone d'Aménagement
Concertée (Z.A.c.) abritant des bâtiments industriels et tertiaires, amputant d'autant
le territoire originel du marais tout en réduisant dangereusement la distance entre les
prairies humides et les zones d'activité de l'est lyonnais. Ce mitage des espaces semi-
naturels devrait faciliter la création d'autres projets urbanistiques dans ce secteur. En
outre, ces constructions et leurs ouvrages annexes (voiries et parkings) ont pour effet
d'imperméabiliser l'amont du marais et de modifier son fonctionnement hydraulique.
Depuis le début des années 1990, celui-ci est gravement perturbé par la construction
des voies de communication et les extractions massives d'eau dans la nappe
phréatique (eau potable, industries et irrigation) dont le niveau moyen s'est abaissé
depuis une quinzaine d'années. Le marais n'est plus constitué que de milieux humides
résiduels qui, pour la plupart, sont d'origine anthropique (mares et étangs). Quant aux
prairies de Charvas-ouest, elles ne conservent de l'humidité que grâce à la mise en
place d'une surverse artificielle sur le ruisseau. Enfin, la colonisation permanente des
prairies par des broussailles et la forêt n'est maîtrisée que par le pâturage des chevaux
camarguais et, si nécessaire, par des interventions mécanisées de nettoyage. Même
dans ces conditions de gestion permanente et organisée, le marais souffre de
sécheresses chroniques en été et en automne. Si le réchauffement climatique devait se
prolonger et s'accentuer comme nous en assurent les climatologues, il faudrait alors
craindre la disparition du marais de Charvas.

7. Discussion
L'année 2007 a en commun avec 1997 d'avoir bénéficié, dans la reglOn
lyonnaise, de la fin d'hiver et du début de printemps les plus chauds de ces 30
dernières années. Ces conditions particulières, de moins en moins exceptionnelles,
permettent l'apparition de plus en plus précocement des espèces animales et
végétales. Bien évidemment, ceci s'applique également à l'odonatofaune. Dans le
nord de Rhône-Alpes, les pontes de Sympecma fusca ont commencé avant la mi-mars
2007, soit à une date jamais observée auparavant, tandis que la première observation
de Calopteryx splendens a été notée le 19 avril. Les autres espèces citées dans l'ordre
chronologique de leur apparition, sont: E. cyathigerum, O. albistylum et O.
cancellatum le 21 avril, C. mercuriale le 23 avril, E. bimaculata le 26 avril,
Tome 24, fascicule 2, juin 2008 63

C. scitulum le 6 mai et O. f forcipatus le 12 mai (GRAND, 2007). Par ailleurs, les


apparitions, entre le 10 et le 12 mai, de L. barbarus, A. affinis, S. sanguineum et S.
striolatum, se sont probablement produites dans la première semaine de mai. Pour ces
espèces, cette précocité se traduit par des périodes d'apparition en avance d'une petite
semaine (c. scitulum), à plus de trois semaines (O. albistylum). Cette précocité n'est
pas uniforme et ne concerne pas toutes les espèces. Ainsi, en établissant une
comparaison entre 1997 et 2007, nous pouvons vérifier qu'au printemps de la
première année, P. nymphula, J. elegans, J. pumilio, C. pue lia, C. pulchellum,
A. imperator, B. pratense, C. aenea, L. depressa et L. quadrimaculata apparaissaient
entre le 1er et le 13 avril. La pluie et le froid étant arrivés à partir du 20-22 mai 2007
pour se prolonger tout l'été, les espèces ayant émergé au-delà de la mi-juin l'ont fait à
leur date habituelle, voire un peu plus tard. Ainsi, S. fusca, qui peut émerger dès le 16
juin, n'a commencé que début juillet.
il est parfois évoqué de possibles émergences nocturnes chez certains
Sympetrum. Bien qu'un tel comportement soit toujours possible dans des conditions
particulières, il doit rester exceptionnel. Préalablement à une discussion sur le sujet, il
convient de définir ce que l'on entend par émergence nocturne chez les libellules.
Selon notre conception, il s'agit d'une espèce dont la larve du dernier stade attend la
nuit tombante pour sortir de l'eau, puis réalise sa mue imaginale dans la soirée et la
nuit, l'imago étant prêt pour son premier envol au lever du jour. Pour les émergences
des espèces de Sympetrum dont nous avons contrôlé le déroulement complet de la
métamorphose, l'émergence commence très normalement dans la matinée, voire au
lever du jour si la nuit a été chaude. Cependant, il nous est parfois arrivé de trouver
des Sympetrum avec les ailes déployées dès l'aube, comme ce fut le cas en mai 2007
avec S. sanguineum, sur les prairies inondées du marais de Charvas. Cette année-là,
les émergences étaient si nombreuses à la mi-mai qu'elles se produisaient sans
discontinuer tout au long de la journée. Depuis le matin jusqu'au soir, nous trouvions
des larves sortant de l'eau qui enchaînaient sans attendre la sortie de l'eau et la mue
imaginale. A 19 heures, nous trouvions encore des larves qui venaient de sortir de
l'eau, tandis que d'autres déjà métamorphosées essayaient de déployer leurs ailes. Les
nuits étant encore assez fraîches à cette époque de l'année, il nous semblait évident
que les Sympetrum qui terminaient leur métamorphose en début de soirée devaient
nécessairement attendre le lendemain matin pour effectuer leur premier envol. Cette
situation particulière explique que, lors d'une visite très matinale, nous ayions trouvé
des S. sanguineum prêts à l'envol dès 7 heures du matin. En revanche, comme nous
n'avions pas effectué de visites nocturnes, il nous est impossible de confirmer que les
émergences commencées en fin d'après-midi se poursuivaient dans la nuit sans
interruption de la métamorphose ou, au contraire, s'interrompaient provisoirement
dans la fraîcheur.

8. Conclusions
Composé d'un peuplement reproducteur d'au moins 40 espèces, Charvas est
assurément l'un des marais les plus remarquables du sud-est de la France. Outre les
deux libellules patrimoniales et légalement protégées que sont C. mercuriale et
64 Martinia

L. pectoralis, d'autres espèces présentent un intérêt local et départemental évident


comme C. haemorrhoidalis, L. barbarus, J. pumilio, C. scitulum, C. tenellum,
A. affinis, A. parthenope, O. coerulescens, S. fonscolombii et S. meridionale. Sur un
autre plan, le mode de gestion hydraulique adopté, qui consiste à inonder
volontairement une partie des prairies, rend ces espaces ouverts particulièrement
attractifs aux libellules plus ou moins spécialistes des marécages temporaires comme
L. barba rus, L. virens vestalis, A. affinis, S. meridionale et S. sanguineum.
Malgré les diverses pertes de territoire et dégradations subies par le marais de
Charvas ces trois dernières décennies, les résultats obtenus sont encourageants pour
son gestionnaire, les associations de protection de la nature et les organismes
institutionnels impliqués dans sa conservation. Cependant, les projets déjà engagés
d'urbanisme et de ferroutage mettent en péril la pérennité du marais et le travail
accompli. Ces craintes risqueraient de se concrétiser rapidement si le réchauffement
climatique venait à s'accélérer, aggravant la durée et la fréquence des sécheresses
estivales. Dans ces perspectives inquiétantes, nous pourrions voir les quelques
lambeaux encore humides du marais se transformer en prairies sèches. Un autre
problème plus ponctuel est d'inverser le déclin des populations de C. mercuriale et,
surtout, de C. tenellum, cette dernière espèce se trouvant au bord de l'extinction. L'un
des facteurs mis en cause est la fermeture relative de leurs biotopes spécifiques, cela
malgré les efforts déployés pour la maîtriser.

Travaux consultés
[AVENIR, 2002. Plan de gestion du marais de Charvas (Villette d'Anthon et Pusignan). 91 pages
+ annexes.]
[BARDAT DU CLAUZEL, L., 1994. Réflexion pour la réalisation d'un plan de gestion du marais
de Charvas (Nord-Isère). Mémoire de DESS : 67 pages + annexes.]
DELIRY, c., 1997. Atlas des Libellules de la Région Rhône-Alpes. Premier volet. Les espèces
rares et menacées des départements des Alpes du nord françaises, Isère-Savoie-Haute-
Savoie. Numéro spécial, Sympetrum : 1-624.
[GENTIANA, 2007. Expertise floristique du marais de Charvas (Villette d ' Anthon, Isère): 17
pages + annexes.]
GRAND, D., 1990. Sur une migration d'Hemianax ephippiger (Burmeister, 1839) en région
lyonnaise, Rhône. Martinia , 6(4) : 85-92.
GRAND, D., 2004. Les libellules du Rhône. Muséum, Lyon: 256 pages.
GRAND, D., 2007. Apparition précoce de libellules au printemps 2007 dans la région lyonnaise.
Martinia , 23 (3) : 88.
GRAND, D. & J.-P. BOUDOT, 2006. Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg.
Biotope, Mèze, 480 pages.
JULIAND, P., 1988. Le Calopteryx nouveau est arrivé! Sympetrum n° 2 : 53-56.
PAPAZIAN, M., 1992. Contribution à l'étude des migrations massives en Europe de Hemianax
ephippiger (Burmeister, 1839) (Odonata, Anisoptera, Aeshnidae). Ent. Gall., 3 (1) : 15-21.
RICHOUX, P., ALLEMAND, R. & G. COLLOMB, 2000. Écogéographie de la région Rhône-Alpes:
définition de districts naturels pour la cartographie de l'entomofaune. Bull. mens. Soc.
Linn. Lyon, 70 (1) : 17-20.

Imprimé par la Société GRAPHIe TRAPPES, 6 avenue Jean d' Alembert - Zone de Pissaloup - F-781 90 Trappes-en-Yvelines
Dépôt légal: 2' trimestre 2008
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René Martin (1846-1925),
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ce bulletin consacré aux libellules.

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