Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
4 2 1 Le raisonnement d’un
itinéraire technique
À partir d’une contribution de C. Fovet-Rabot (CIRAD)
DÉFINITION ET CARACTÉRISTIQUES
La définition de l’itinéraire technique est simple1 : c’est la suite logique et ordonnée
de techniques appliquées à une culture. Autrement dit, c’est l’ensemble des techniques
combinées pour conduire une culture, y compris le choix de la variété, en vue d’at-
teindre des objectifs divers, accompagné des raisons qui justifient ces choix.
1 SEBILLOTTE M., 1978. Itinéraires techniques et évolution de la pensée agronomique. C.R. Acad. Agric. Fr., 64 (11) : 906-914.
SEBILLOTE M., 1990. Système de culture, un concept opératoire pour les agronomes. In Les systèmes de culture, L. COMBE et D.
PICARD éditeurs. INRA, Paris, p. 165-196.
2 CAPILLON A., CANEILL J., 1987. Du champ cultivé aux unités de production : un itinéraire obligé pour l’agronome. Cah. Sci. Hum.
23 (3-4) 1987, p. 409-420.
485
42_071102 14/11/02 15:00 Page 486
4 Agriculture générale
3 Système de culture : ensemble des modalités techniques mises en œuvre sur des parcelles traitées de manière identique.
Chaque système de culture se caractérise par : la nature des cultures et leur ordre de succession ; les itinéraires techniques
appliqués à ces différentes cultures.
486
42_071102 14/11/02 15:00 Page 487
L’appui que peut prodiguer efficacement un agronome de terrain a été bien décrit4 :
« La tâche de l’agronome est d’observer et d’analyser des pratiques agricoles dans le but de
proposer des solutions techniques compatibles avec les moyens disponibles (humains, matériels,
financiers) et conformes aux objectifs des producteurs. (…) On peut penser qu’en associant des
approches à plusieurs niveaux (parcelle, exploitation, région), il est possible d’expliciter l’emploi
des techniques par les agriculteurs et de proposer des références adaptées. (…) L’agronome peut
soit proposer plusieurs voies pour un même niveau de rendement, soit définir l’objectif de rende-
ment le mieux adapté aux ressources que l’agriculteur peut mettre en œuvre ».
4 CAPILLON A., CANEILL J., 1987. Op. cité. CCAPILLON A., FLEURY A., 1986. Conception d’itinéraires techniques
respectant la diversité des exploitations agricoles : les enseignements d’un essai. BTI 408, p. 281-294.
487
42_071102 14/11/02 15:00 Page 488
4 Agriculture générale
par les travaux mécaniques. Il ne s’agit donc pas d’une action directe de l’herbicide
sur le sol mais de la conséquence des conditions de son efficacité. Cette observation
amène à réfléchir aux conséquences de l’emploi d’un herbicide de pré-levée sur les
autres éléments de l’itinéraire technique.
488
42_071102 14/11/02 15:00 Page 489
> dans le premier cas (pépinière puis repiquage), le début de campagne se caractérise par
une grande mobilisation de main-d’œuvre pour l’opération de repiquage des
plants. Cette technique permet une installation du peuplement rapide et
régulière, qui limite les risques d’enherbement7. Les apports d’engrais peuvent
dans ces conditions être prévus en fonction des stades de développement du riz,
donc selon les besoins. Avec peu de mauvaises herbes et un apport fractionné des
engrais aux périodes adaptées, on observe le plus souvent des productions élevées ;
> dans le deuxième cas, le semis à la volée de graines prégermées implique peu de tra-
vail. En revanche, la structure du peuplement est irrégulière et la levée peu homo-
gène. Les mauvaises herbes se développent en même temps que le riz : le risque
d’infestation est important. Le désherbage manuel nécessite donc beaucoup de
temps et de travail : il est impossible de désherber la parcelle correctement et rapi-
dement. Les apports d’engrais sont retardés tant que la parcelle n’est pas propre,
voire réduits. Finalement, c’est l’incapacité à lutter efficacement contre les mau-
vaises herbes qui compromet la suite des opérations culturales. On observe des pro-
ductions en général bien inférieures à celles obtenues avec le premier itinéraire
technique.
Tableau 1. Itinéraires techniques, besoin en main d’œuvre, effets agronomiques (périmètre de Guédé, fleuve Sénégal)
7 Avance de la culture sur les adventices, maintien d’une lame d’eau réduisant la germination ou la levée des graines de
mauvaises herbes.
489
42_071102 14/11/02 15:00 Page 490
4 Agriculture générale
8 DUGUÉ P., GUYOTTE K., 1996. Semis direct et désherbage chimique en zone cotonnière du Cameroun. Agriculture et développe-
ment 1, p. 3-15.
490
42_071102 14/11/02 15:00 Page 491
travail aux mois de mai et juin pour mettre en place les cultures (cotonnier, maïs, sor-
gho, arachide) et pour commencer les premiers sarclages : il y a chevauchement entre
le premier sarclage de l’arachide et du sorgho et les préparations du sol et semis du
cotonnier et du maïs. De ce fait, la surface labourée et semée par type de culture varie
avec la distribution des pluies en début de saison agricole et selon les objectifs et les
moyens de production : disponibilité en attelages, en charrues et en main-d’œuvre. La
culture cotonnière revêt dans cette région une importance toute particulière puisque
c’est une culture de rente, dont la production est gérée et traitée par la SODECOTON,
société nationale de développement. Cultiver le cotonnier assure un revenu et permet
d’accéder à la fourniture d’intrants à crédit.
Technique d’implantation 1er herbicide Travail du sol Semis 2ème herbicide Total heures/ha
Labour bovin - 39 56 - 95
Labour asin - 66 60 - 126
Houage manuel - 120 52 - 172
Semis direct 3 - 60 3 66
Dent traction bovine 3 12 32 3 50
Dent traction asine 3 21 36 3 63
Houage manuel sur la ligne 3 64 44 3 114
L’observation des temps de travaux (cf. tableau 2) montre que l’option intermédiaire
est la plus rapide pour la culture attelée, suivie de près par le semis direct : le traçage
de la ligne de semis permet en fait d’éviter la pose du cordeau pour semer ensuite à
la main. D’un point de vue agronomique, les productions obtenues après labour et
semis direct sont équivalentes, celles permises par le travail à la dent sur la ligne de
semis montrant un léger avantage : l’enracinement pivotant du cotonnier est favorisé.
491
42_071102 14/11/02 15:00 Page 492
4 Agriculture générale
Sur le plan économique, le coût de l’herbicide total vient s’ajouter aux charges mais
induit une moindre mobilisation des attelages et un gain de temps, qui permettent de
se consacrer à bon escient aux autres cultures (vivrières et vente locale), dont la pro-
duction augmente.
492
42_071102 14/11/02 15:00 Page 493
au détriment des jachères et des espaces défrichables, avec des effets préjudiciables à
long terme sur la reproductibilité de ces systèmes de culture à l’échelle des territoires
villageois.
493
42_071102 14/11/02 15:00 Page 494
4 Agriculture générale
Bibliographie
CHARPENTIER H., DOUMBIA S., COULIBALY Z., ZANA O., 1999. Fixation de l’agriculture au nord de la Côte
d’Ivoire : quels nouveaux systèmes de culture ? Agriculture et développement 21, p. 4-70.
GRET, FAMV, 1994, Manuel d’agronomie tropicale. Exemples appliqués à l’agriculture haïtienne, Paris,
GRET, 490 p.
SOLTNER D., 1998. Les techniques culturales simplifiées, pourquoi ? Sciences et techniques agricoles,
Sainte-Gemmes-sur-Loire, France, 25 p.
SOLTNER D., 2000. Les techniques culturales simplifiées, comment ? Sciences et techniques agricoles,
Sainte-Gemmes-sur-Loire, France, 25 p.
494