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Sujet : l’être humain est-il un animal comme les autres ?

Au Moyen Âge ont eu lieu des procès dans lesquels l’accusé n’était pas un être
humain, mais un animal qui se voyait reprocher des faits pour lesquels il pouvait recevoir une
condamnation au même titre qu’un être humain. Ce rapprochement entre l’Homme et l’animal
laisse supposer que l’Homme serait un animal comme les autres. Néanmoins, cette
affirmation ne va pas sans susciter un certain étonnement aux yeux d’un Homme du XXIᵉ
siècle. Il convient donc de s’interroger sur sa pertinence.
L’être humain est un être vivant appartenant à l’espèce Homo sapiens. Dire de lui qu’il
est un animal comme les autres, revient à affirmer qu’il serrait pareil à tous êtres vivants se
distinguant du monde végétal. Or la langue française recèle à foison d’expression où cette
comparaison est utilisée pour dégrader l’image de l’Homme. On pense bien sûr au célèbre
bonnet d’âne ou encore au simple « tu es bête » où la comparaison avec l’animal est reçus
comme une humiliation par celui qui la subit. Il semble alors insultant pour l’Homme d’être
réduit à la condition de la bête. Ce qui laisse entendre que l’Homme considérait supérieur à
l’animal. En effet, on constate à travers l’Histoire que l’homme a pris soin de tracer une
démarcation claire et distinct entre lui et l’animal. Cette démarcation est-elle justifiée ?
L’Homme se présuppose différent de la bête bien que la ressemblance avec certaines espèces
animale – notamment lorsqu’il s’agit des singes – soit flagrante. Dans quelle mesure alors
l’Homme se distingue-t-il de l’animal ? L’être humain se sent supérieur à l’animal, il se plait
même à en domestiquer certains. Ce sentiment de supériorité est unique à l’Homme et parait
ainsi relevé d’une différence plus grande que celles qui distinguent les animaux entre eux. On
peut dès lors se demander si la différence qui sépare l’Homme de l’animal est une différence
de degré ou une différence de nature ?
Dans notre investigation, nous remettons tout d’abord en question le présupposé selon
lequel il existe une différence entre l’Homme et l’animal, si ce n’est une simple différence de
degré. Nous jugerons la différence de degré insuffisante pour justifier le sentiment de
supériorité humain à l’égard de l’animal. Ce qui nous conduira a recherché un critère de
démarcation plus radical entre l’homme et l’animal, qui serra la présence de l’instinct. Enfin,
après avoir constaté le vide laissé par l’absence de l’instinct en l’Homme, qui placerait ce
dernier en dessous de l’animal, nous trouverons auprès de la conscience un critère permettant
de justifier le sentiment de supériorité qu’éprouve l’Homme au sujet de l’animal.

* * *

L’Homme se pressent indéfectiblement différent de l’animal qu’il juge inférieur à lui.


Certains comme Descartes dans le Discours de la méthode vont jusqu’à lui refuser la raison en
le comparant à une machine. Pourtant, on trouve de nombreuses similitudes entre l’Homme et
l’animal, ce qui laisse penser que la différence entre l’Homme et l’animal serrait une affaire
de caractéristique commune qui serraient de plus ou moins bonnes facture chez l’un que chez
l’autre et qu'ainsi l’Homme se distinguerait de l’animal par une différence de degré.
Tout d’abord, L’organisation physiologique de l’animal est comparable à celle de
l’Homme. En effet, si les animaux étaient taxinomistes, ils considéreraient certainement
l’Homme comme un singe, un peu malade peut-être, s’ils s'attardent sur l’aisance de poile.
Mais la ressemblance est encore plus frappante si l’on se penche sur la disposition de nos
organes internes. C’est ce que fait Buffon dans son Histoire naturel des animaux. Il y défend
l’idée selon laquelle l’homme serait un animal particulier qui posséderait un corps similaire à
celui des animaux pour ce qui est de la disposition des organes, puis se différencierait peu à
peu à mesure qu’on approche de ses extrémités comme les mains et les pieds. L’homme
partage donc des traits commun dans son anatomie avec l’animal et ne se différencie de lui
que par quelque détailles.
De plus, l’homme et l’animal forment certaines idées de la même façon. Il est évidant
que nous avons des idées, cela l’est moins quand il s’agit des animaux. Pourtant l’intelligence
animale est indéniable, nous pouvons la constater chez les oiseaux qui font leur nid ou encore
chez la souris qui parvient à s'orienter dans un labyrinthe. Il n’est alors pas déplacé d’accordé
aux animaux qu’ils ont des idées bien que celle-ci ne soit certainement pas aussi développer
que celles de l’Homme. Le Philosophe David Hume soutient cette thèse dans l’enquête sur
l’entendement humain. Il y décrit la manière dont nous concevons nos idées que l’on pourrait
et octobre cette faculté aux Hommes comme aux animaux. Selon lui, nos idées proviendraient
de l’expérience, nous serions frappés par des impressions sensibles qui nous procureraient des
idées que nous serions capables d’associé pour en fabriquer de nouvelles. Ainsi l’Homme
partagerait avec l’animal la capacité de réflexion bien qu’il puisse en faire un usage plus
adroit.
Enfin, L’animal est comme l’Homme un être sensible. Nous avons admis la possibilité
pour l’animal d’avoir des idées et de les associer. On peut donc supposer qu’un animal est
capable de former l’idée de la tristesse ou de la joie. Voltaire dans son Dictionnaire
philosophique défend cette idée dans l’article bête. Il y met en scène un chien qui se trouve
prit de panique suite à la perte de son maître et se remplit de joie lorsqu’il le retrouve.
Ajoutons que dés expérience ont été menés a ce sujet par des chercheurs qui ont appris la
langue des signes à des grands singes et ont pu constater que ces derniers pouvait utiliser des
signes pour exprimer leur tristesse ou leur joie. C’est ce qu’à fait une guenon du nom de Koko
lorsqu’elle a perdu le chat que les chercheurs lui avait confié, elle a exprimé sa peine par les
signes « Koko, mal, triste ». Il est de ce fait manifeste que, tout comme l’homme, les animaux
sont traversés par des émotions. Les émotions humaines se différenciant par un degré de
sophistication plus élevé, en effet, il est difficile d’imaginer qu’un animal puisse ressentir de
l’angoisse.
L’homme et l’animal partagent alors des caractéristiques communes dont ils jouissent
tous deux dans des proportions différentes. Seulement, cette simple différence de degré ne
suffit pas à justifier le sentiment de supériorité de l’Homme à l’égard de l’animal. Nous
devons en conséquence identifier un critère qui nous permettra de tracer une démarcation plus
radicale entre l’homme et l’animal afin de justifier ce sentiment de supériorité.

* * *

Un tel critère doit permettre d’opposer frontalement Homme et animal. Nous devons
ainsi trouver une caractéristique singulière à l’Homme ou l’animal qui par sa présence ou son
absence révèle une distinction de nature entre ces deux êtres vivant. Par ce critère, nous
pourrons distinguer l’Homme de l’animal comme l’animal est distinguable du végétal par le
critère de l’âme. Or, il existe une faculté propre à l’animal, cette faculté n’est autre que
l’instinct. C’est de ce fait sur le critère de l’instinct que nous établirons une différence de
nature entre l’Homme et l’animal.
L’Homme, contrairement à la plupart des animaux, est incapable de survivre seul dans
la nature. Là où un animal est autonome pour assurer sa survie dés son plus jeune âge, les
nourrissons humains sont totalement dépendants de leurs parents ne serait-ce que pour se
nourrir. Il n’est pas rare, soulignons le d’observer chez l’Homme des individus continuant à
habiter chez leur parent au-delà même de leur majorité alors qu’un crocodile ou une tortue est
indépendant dès sa naissance. Ceci est dû à la présence de l’instinct chez l’animal qui lui
fournit les connaissances nécessaires à sa survie immédiatement dès sa naissance. L’Homme
quant à lui a besoin d’apprendre à reconnaître ce qui est dangereux et ce qui est bénéfique
pour lui par l’éducation. On comprend donc que l’Homme ne peut pas survivre seul dans la
nature du fait de l’absence d’instinct, ce qui l’oppose à l’animal.
D’autre part, la présence d’un instinct animal est indéniable. On peut l’observer chez
les oiseaux lors des phénomènes migratoires. En effet, ces derniers sont capables de suivre
des trajets d’une envergure gigantesque sans se perdre et bien évidemment sans boussole.
L’ornithologue Sauer a réalisé une expérience pour prouver l’action de l’instinct dans le
phénomène migratoire. Cette expérience consistait dans l’observation du comportement des
oiseaux migrateur en fonction de la disposition des étoiles dans le ciel. Pour se faire, Sauer a
mis plusieurs oiseaux migrateurs dans un planétarium et a affiché différentes dispositions
d’étoiles correspondant à des moments de migration. Ceci a considérablement influé sur les
comportements des oiseaux qui semblaient totalement déboussolés sous la présence d’un ciel
qu’ils ne connaissaient pas. On en déduit donc que l’oiseau a une connaissance instinctive de
la disposition des étoiles dans le ciel.
Enfin, l’Homme est capable d’aller jusqu’au suicide. L’animal lui peut se laisser
mourir, mais il ne peut pas choisir la mort par un ultime acte de volonté. L’animal est
contraint par l’instinct de conservation de son espèce a ne pas provoquer sa mort. L’Homme,
lui, ne se soucis pas de la réduction de l’humanité lorsqu'il commet un tel acte. Or l’instinct
étant justement l’émanation du souci de l’espèce, nous pouvons en conclure que l’homme en
dépourvue. Ce qui trace là une démarcation claire entre l’Homme et l’animal.Ainsi, l’instinct
est un critère permettant de différencier clairement l’homme de l’animal.
Néanmoins, on ne peut pas justifier le sentiment de supériorité de l’Homme par le
constat que l’animal possède quelque chose qu’il n'a pas. En effet, si l’homme n’est ni
capable de survivre seul dans la nature, ni capable d’accomplir les prouesses d’un simple
oiseau, il semblerait même qu’il soit inférieur à l’animal. Nous devons donc trouver ce à quoi
se substitue l’instinct chez l’Homme qui fait de lui un être supérieur à l’animal.

* * *

L’Homme, contrairement à l’animal, s’est élevé à la dignité de la conscience.


L’absence d’instinct chez l’homme n’est pas un défaut, mais un avantage par rapport à
l’animal qui est contraint à ne pas pouvoir s’écarter des règles que lui prescrit sa nature
contrairement à l’Homme qui en est indépendant. Cette indépendance permet à l’Homme de
posséder une conscience, ce qui est une faculté libératrice plus noble que l’instinct qui soumet
son détenteur à des règles strictes. Ainsi la conscience établit une différence de nature entre
l’Homme et l’animal et justifie pleinement son sentiment de supériorité.
L’animal n’a pas de sens moral contrairement à l’Homme. L’Homme, en tant qu’il est
doué d’une conscience, échappe à l’instinct auquel l’animal est soumis. De ce fait, il est un
être libre capable de déterminer ses actions. C’est en sens que Kant distingue l’Homme de
l’animal dans sa Critique de la raison pratique ou il défend l’idée que l’Homme est capable de
se fixer des lois par sa raison et sa volonté autonome. Ce qui n’est pas le cas de l’animal qui
est contraint par sa nature à respecter des lois dictées par son propre instinct. Dès lors,
l’Homme se distingue de l’animal qui n’est pas un être moral.
De plus, l’animal ne dispose pas d’un langage, ce qui est un pré-requis à la conscience.
L’Homme en revanche dispose d’un langage élaboré qui lui permet de communiquer. Or c’est
par le langage que se forme la pensée, comme la montrée la sinistre expérience de Frédéric II
sur des nourrissons privés de tout contact linguistique n’ayant ainsi pu développer la
conscience. Si c’est bien par le langage que la pensée est mise en forme, comme le prétend
Hegel « Vouloir penser sans les mots est une entreprise insensée » il est évident que les
animaux n’y ont pas accès et sont donc privés de conscience.
Enfin, l’être humain est capable de concevoir la mort. Le langage permet de penser par
concept, ce qui permet à l’être humain d’envisager la mort et d’y réfléchir. Ce qui n’est pas
possible pour l’animal qui ne conçoit la mort qu’en en vivant l’expérience. Heidegger affirme
ainsi que l’être humain est le seul qui soit un « être pour la mort » puisque qu’il est capable de
la conceptualiser par le langage et de ce fait de l’anticipé. Ce qui n’est pas le cas de l’animal
qui ne peut pas prendre assez de hauteur sur les événements pour envisager la mort.
L’Homme se distingue donc radicalement de l’animal par une différence de nature que
nous révèle le critère de la conscience. De plus, cette faculté est fondatrice du sentiment de
supériorité de l’Homme sur l’animal, puisqu’elle lui permet de penser le monde, ce qui est
impossible à l’animal.

* * *

Afin mettre en lumière la distinction entre l’Homme et l’animal, nous avons tout
d’abord cherché des caractéristiques communes entre l’homme et l’animal dont ils ne
jouiraient pas dans les mêmes proportions. Cependant, ces différences de degrés se sont
révélées incapable d’expliquer d'où pouvait provenir ce sentiment de supériorité de l’Homme
sur l’animal. Nous avons alors été conduits à distinguer l’Homme et l’animal sur la base du
critère de l’instinct qui nous a permis d’établir une différence de nature. Pourtant, cette
absence d’instinct semblait placer l’homme en dessous de l’animal, ce qui ne pouvait pas
expliquer le sentiment de supériorité humain. Ainsi, nous avons constaté que l’absence
d’instinct chez l’Homme, loin d’être un défaut, était ce qui lui permettait d’avoir une
conscience et avons montré qu'elle fondait le sentiment de supériorité humain. Nous pouvons
donc affirmer que l’Homme est un être radicalement différent de l’animal.

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