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: I. Justice naturelle et justice civile: le droit naturel et le droit positif. II. Si


les lois sont parfois injustes, comment organiser une société juste et égalitaire ?

I. Justice naturelle et justice civile : le droit naturel, le droit positif.

A) La loi du plus fort : le paradoxe d'une justice injuste.

On a vu que le symbole de la justice était la balance et qu'elle représentait l'harmonie.


Pour les Grecs, l'univers (Cosmos) est gouverné par des lois harmoniques. Le juste
est l'expression de l'ordre et de la mesure, par opposition à ce qui est injuste, qui
détruit l'harmonie.
Cependant, nous avons vu en introduction que la justice devait être égalitaire. Or,
dans la nature, au sens physique du terme, nous ne sommes pas du tout à égalité. En
effet, il y a des petits, des grands, des forts, des faibles, des plus ou moins intelligents,
plus ou moins riches.
Fonder une justice sur les lois de la nature au sens physique serait alors dangereux
puisque cette justice ne serait pas égalitaire et cela reviendrait à la loi du plus fort.

Pour Platon, l'ordre cosmique de la nature fournit le modèle d'organisation juridique


de la société. Platon pense la justice comme la situation dans laquelle chaque chose
ou chaque être a sa place dans le tout. Pour les Grecs, on naît avec certaines
dispositions naturelles ex : on dit parfois de quelqu'un qui a un talent inné « tu es fais
pour ça » et on doit accomplir notre nature.

_ Aristote (384- 322 Av JC), Politiques:


Aristote se sert de la « justice naturelle » pour justifier l'esclavage et la supériorité
de l'homme sur sa femme. Le chef est chef « par nature » et l'esclave est esclave
« par nature ». Pour Aristote, cela n'a rien d'injuste puisque l'esclave accomplit sa
nature d'esclave et le maître accomplit sa nature de maître.
Justifie aussi supériorité de l'homme sur la femme :

« Le rapport entre mâle et femelle est par nature un rapport entre plus fort et
plus faible, c'est-à dire entre commandant et commandé ».

=> Fonder la justice sur les lois de la nature est dangereux. Cela revient à la loi du
plus fort. La justice est alors, de ce point de vue, une justice injuste et inégale.
L'humain doit donc dépasser la nature physique et sa condition d'animal par la
vie en société et les lois. Il ne faut donc pas fonder la justice sur les lois de la
nature mais sur la nature de l'homme lui-même.

B) La justice naturelle, fondée sur la nature humaine et l'universalité de la


raison.
Ce qu'il y a d'universel chez les humains, c'est qu'ils possèdent tous la raison.
La raison est ce qui permet de distinguer l'homme de l'animal. Chez les animaux, il
n'y a pas de justice, c'est la loi du plus fort. Mais nous, nous avons une raison et
c'est ce qui nous rend libres. Nous ne sommes pas quelque chose « par nature » mais
c'est nous qui décidons ce que nous sommes et donc d'obéir aux lois ou pas.

Grotius (1583-1645) écrit dans Droit de la guerre et de la paix que ce droit naturel
de la raison humaine consiste : « dans certains principes de la droite raison, qui
nous font connaître qu'une action est moralement honnête ou déshonnête, selon
la convenance ou la disconvenance nécessaire qu'elle a eue avec une Nature
Raisonnable et Sociable. »

Droit naturel= qui dépend de la nature humaine. Droit universel qui est reconnu par
la raison. Le droit naturel existe indépendamment de toute loi civile, il est éternel,
absolu et universel.

C'est ce droit naturel qui s'oppose au droit positif. Le droit positif, ce sont les lois
crées par les hommes. Il est temporel, relatif, particulier.

Problème : Le droit naturel ne suffit pas, il faut des lois écrites pour qu'une société
fonctionne, sinon la loi du plus fort prend le dessus. Mais le droit positif n'est pas
le même selon les sociétés. Comment fonder un droit positif qui serait universel ?

Kant (1724-1804) , Métaphysique des mœurs, 2ème section.

Loi= impératif catégorique.

Distinction impératif catégorique et hypothétique :


Impératif hypothétique= conditionné. Ex : si tu dois faire des crêpes, tu dois faire
reposer la pâte. Pas obligé, il n'y a pas d'impératif moral qui nous oblige à le faire.
Par contre si je vous dis « tuez votre voisin » vous allez hésiter quand même. => loi
« il ne faut pas tuer ». Les lois dépendent d'un impératif catégorique.

Pour Kant, c'est la forme de la loi qui fait qu'elle est universelle. Ce qui garantit
l'aspect universel de la loi, c'est sa forme. Elle ne doit être conditionnée par rien
d'autre qu'elle même. Ex : ne pas tuer. Pourquoi il ne faut pas tuer ? Parce qu'il
ne faut pas. Loi qui n'est conditionnée par rien. Obligation morale.

Problème : certains systèmes politiques sont justes par leur cohérence, mais
cependant, ce sont des dictatures.

C) Que faire quand les lois sont cohérentes mais injustes ? La désobéissance
civile.
Faire reposer le droit sur le raison revient à assimiler la cohérence à la justice,
toutefois, certains lois sont cohérentes pour la raison mais injustes. Rosa Parks
par ex arrêtée en 1955 pour avoir refusé de céder sa place à un homme blanc.
Il faut alors faire reposer la justice sur autre chose que la cohérence. Pour cela, il faut
différencier ce qui est légal et ce qui est légitime.

Légal= ce qui est conforme au droit positif, aux lois de la société.


Légitime= ce qui est conforme à la justice comme norme du droit.

Le cas cité précédemment est un cas où le légal et le légitime s'opposent et


s'affrontent. Ce qui est légitime n'est pas toujours légal et vice-versa. (ex : Cédric
Herrou = agriculteur qui habite à la frontière entre la France et l'Italie et et qui aide
les migrants qui sont bloqués en leur donnant à manger et du confort. Entre 2016 et
2017, il a été arrêté plusieurs fois par la police et condamné à des peines avec sursis
pour aidé aidé certains d'entre eux à passer illégalement la frontière. En France,
Article L.622-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile
prévoit 5 ans d'emprisonnement et une amende de trente mille euros.
Finalement Herrou a eu un procès (Amande de 3000 euros et 4 mois de prison avec
sursis. ) pour « délit de solidarité ». Paradoxe = la solidarité peut-elle être un
délit ? Si la loi nous interdit d'être solidaires, sommes nous dans une société juste ?

Quand il existe un conflit entre le légal et le légitime dans une société injuste, certains
auteurs nous encouragent à désobéir, c'est le cas de Thoreau.
Thoreau a forgé le concept de désobéissance civile.
Double signification de cet acte, qui est un acte public visant à remettre en question la
légitimité d’une loi :
- Affirmation de la liberté d’une conscience, qui s’exprime dans l’opposition à
une loi considérée comme injuste.
- Une action visant à ouvrir une discussion au sein de la société sur la légitimité
de certaines lois. Nécessité de se mettre d’accord, au sein d’une société, sur
une définition du juste : discussion, débat nécessaire au sein des démocraties.
=> Qu’elle soit individuelle ou collective, l’action de désobéissance civique va
au-delà de l’expression d’une opinion individuelle. Elle vise une discussion
collective sur la définition du juste, et sur la légitimité d’une loi.

_ Thoreau (1817-1862), La Désobéissance civile, 1849, Trad J. Mailhos, ed.


Gallmeister, 2017, p.5-6.

Donner le texte. Contexte : L'état américain décide d'envahir le Mexique. Selon


Thoreau, l'impôt qui finance cette guerre ne doit pas être payé par ceux qui s'y
opposent. Cette Guerre est menée par les états esclavagistes du Sud. HDT a été
emprisonné en 1846 pour avoir refusé de payer cet impôt à l'Etat du Massachusetts
auquel il reprochait de commercer avec les Etats su Sud.
La loi des états unis demande aux citoyens de payer un impôt pour la guerre. Mais si
les citoyens sont contre cette guerre et contre l'esclavage, est-ce légitime de leur faire
payer cet impôt ?

Leur donner le texte, leur demander de le lire et souligner/ entourer ce qui leur
semble important. Trouver le problème, la thèse, expliquer la métaphore de la
machine.

Texte répond au problème : faut-il consentir à des lois injustes ?


La thèse : si le gouvernement veut faire de nous l'instrument de l'injustice envers
notre prochain, il faut enfreindre la loi.
Métaphore de la machine :
Qu'est ce qu'une machine ? Une machine agit de façon mécanique, elle n'a pas de
raison. Elle est programmée et déterminée. Dès que l'on actionne le levier de la
machine, le système s'active et la chaîne de la série causale d'événements se produit.
Pour être responsable, il faut une raison, une conscience. Le gouvernement, en se
dédouanant de toute conscience morale sur la situation devient une machine.
Le frottement nécessaire à la machine = l'injustice. Si machine = déterminée et socle
= injustice, elle ne peut produire que de l'injustice. Et comme nous faisons partie de
la société étatique, cette machine veut faire de nous des instruments de l'injustice. Or,
nous ne sommes pas des machines, nous sommes des êtres libres et responsables. Il
est de notre responsabilité d'enfreindre la loi. Contre-frottement pour stopper la
machine= ce qui empêche la machine de s'activer. => tuer la machine à l'usure.

Problème : comment détermine-t-on alors si une loi est juste ? Qu'est-ce qui nous
permet de savoir ce qui est juste et ce qui est injuste ?

Notre conscience morale (conscience du Bien et du Mal) perçoit spontanément la


justice et l’injustice des situations. On le voit dans les réactions d’indignation et de
révolte que l’on peut constater face à des situations d’oppression, ou de violence. Une
tradition philosophique appelle « droit naturel », ce fondement en nous de la justice,
au plus profond de notre conscience. Weber : éthique de la conviction et éthique de la
responsabilité. La désobéissance civile est du côté de l'éthique de la responsabilité,
elle est un devoir moral. « enfreignez la loi » = impératif.

Si les lois peuvent être injustes, ne faudrait-il pas réetablir un droit naturel par-delà le
droit positif ? Comment organiser une société juste et égalitaire ?

II. Si les lois sont parfois injustes, comment organiser une société juste et
égalitaire ?

1) La déclaration des droits de l'homme.


La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen a été une des tentatives pour
rétablir la justice et l'égalité dans la société. Cette déclaration est fondée sur cette
justice dite naturelle. « tous les hommes sont par nature libres et égaux en droits » +
Art. « la loi doit être égale pour tous ». Aucun homme n'a donc, d'après cette
déclaration, par nature, le droit de commander à un autre.
La DDLC se donne donc pour but de rétablir l’ordre et la justice dans la société. Mais
cette déclaration est juste un écrit. C’est une déclaration formelle ; Qu’en est-il dans
les faits ? Inégalités se situent au-delà de ce niveau formel. De plus, la déclaration des
droits de l’homme se fonde sur la présupposition selon laquelle il existerait une
nature humaine, mais une telle nature existe-t-elle ?
 Critique de la nature humaine par Marx et Sartre. Sartre ex du coupe-papier
dans l’existentialisme est un humanisme. Sartre = existentialiste. Pense que
l’existence précède l’essence. Quand on crée un coupe papier, le coupe-papier
sert à couper le papier = on détermine d’abord l’essence (ce à quoi il va servir)
puis on le crée. Mais pour l’homme, c’est différent. On ne naît pas quelque
chose, on le devient. Pour Sartre, ce sont nos choix qui vont déterminer qui
l’on est.
 Pour Marx, l’homme apparaît dans l’histoire, il n’y a pas de nature humaine
qui le précède.

2) Mais qu'en est-il en fait ? Critique marxienne de la DDL.

Pourquoi la solution de la déclaration des droits de l’homme est-elle insuffisante ?


Affirmer l’égalité en droit de tous les hommes entre eux ne suffit pas à préserver les
individus des injustices sociales sont sont liées à l’inégalité des situations matérielles
sociales réelles.
Distinction en fait/ en droit :
En fait : ce qui existe dans la réalité, ce que nous pouvons observer.
En droit : ce qui devrait exister. Renvoie à une norme, une référence qui indique
comment la réalité devrait être.
 Égaux en droits mais pas en fait.
Droits proclamés par la DDLC restent purement formels parce que dans la réalité les
hommes ne jouissent pas de ces droits. Ils ne servent qu’à masquer les inégalités
sociales réelles qui continuent de subsister dans la réalité.

_Marx, Sur la question juive, 1844.

Marx étudie tour à tour les différents droits de l’homme.De tels droits ne servent que
els intérêts des bourgeois car, dans les faits, seule cette classe peut jouir de ces droits
de façon réelle.
«  Les soi-disant droits de l’homme, distingués des droits du citoyen, ne sont en
réalité que les droits de la société civile bourgeoise, c’est-à-dire de l’homme
égoiste. »
ex de la liberté = si liberté = possibilité de se mouvoir, il faut les moyens financiers
de le faire. Ex : voyager. Pareil liberté = ne pas nuire à autrui = propriété privée. Si
l’on veut construire une société plus juste, cela ne suffit pas de se contenter
d’affirmer l’égalité des droits, il faut aussi des droits sociaux.

=> Etude du texte de Marx.

Nous venons de remettre en cause la dimension universelle de la liberté et de la


propriété dans la DDL. La question se repose alors. Si l’on considère que ces droits
ne sont pas des droits naturels et universels que l’Etat doit garantir mais que c’est
l’Etat qui octroie ces droits aux citoyens Ex : droit du travail, santé, grève etc. Le
rôle de l’Etat n’est pas seulement de garantir l’égalité juridique mais doit contribuer à
l’égalisation réelle des conditions. => Egalité des chances, bourse par ex.
Le droit, pour être juste, devrait donc être inégal étant donné que nous ne sommes pas
tous égaux de base => discrimination positive.

Remise en question de la justice comme principe d'égalité :


Mais si la discrimination positive est nécessaire à la mise en place d’une société plus
juste, il devient difficile d’assimiler justice et égalité. En effet, ce qui est égal est, au
sens mathématique, proportionnel et la discrimination positive (le fait de donner plus
de droits à ceux qui sont défavorisés), n’établit pas un rapport de proportion. Il
convient alors, dans le cadre de la justice, de parler d’équité.
Différence équité et égalité : équité = égalité juste.

3) De la justice à l’équité : l’égalité des chances.

_John Rawls, Théorie de la justice.

Pense que si l’on veut déterminer honnêtement ce que peut être une soc juste, il faut
« voile d’ignorance ».
Voile d’ignorance : Imaginez que vous deviez présider à l’institution d’une société au
sein de laquelle vous ne connaissez pas encore la place que vous occuperez et que
vous avez autant de chance de faire partie d’une catégorie défavorisée que la classe
dominante. Il est vraisemblable que vous allez opter pour le système qui rend le sort
des plus défavorisés le plus favorable, ou le moins inacceptable possible. De même,
vu que vous ne savez pas à quel groupe ethnique vous appartiendrez, il est peu
possible que vous élisiez une constitution discriminatoire à l’égard d’un ou plusieurs
groupes.
Cela montre bien qu’il est finalement dans l’intérêt commun d’optimiser le sort des
moins favorisés.
Pour Rawls, il faut alors donner le plus d’aide possible aux personnes défavorisées
pour rétablir une équité dans la société. On ne peut supprimer les inégalités sociales
mais on peut tenter de rétablir une équité avec la discrimination positive et l’égalité
des chances.
Mais est-ce que cela se passe toujours comme ça ? Non
Théorie des jeux :

Imaginez que vous avez commis un braquage avec un acolyte. Vous vous faites
prendre. On vous dit que : si personne ne balance personne vous prenez un an. Si
vous vous balancez tous les deux 5 ans chacun. Si l’un balance et l’autre se tait, un
prend 10 ans et l’autre est libre. Quel cas de figure allez vous prendre ?

La rationalité ne l'emporte pas toujours dans ce genre de situation.

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