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I- PHILOSOPHIE GENERALE

1) Passage du mythe à la raison

A) La formation de la pensée positive dans la Grèce archaïque

« Au 6eme siècle avant jésus christ dans les cités grecques d’Asie mineur, surgit une forme de
réflexion toute positive sur la nature », selon Jean pierre Vernant. Quelle est donc cette forme
de pensée qui existait avant le 6e siècle ?

Avant le 6eme siècle, il existait une forme de pensée : c’est la pensée mythique. Dans cette
forme de pensée, on fait appel à des êtres surnaturels pour expliquer les phénomènes naturels :
au divin à des dieux. Les éléments naturels (la terre, le feu, l’eau, le tonnerre, les étoiles, les
tremblements de terre, etc…) et les évènements importants de la vie des êtres humains (le
mariage, la naissance, la mort, la guerre, les actes héroïques, etc…) ; tout était attribué à des
dieux ou des puissances occultes et invisibles.

Selon la tradition juive, le travail et la souffrance auraient pour cause la désobéissance


d’Adam et Eve lorsqu’ils ont mangé le fruit de la connaissance du bien et du mal. Pour les
punis, Dieu condamna Adam à travailler à la sueur de son front pour se nourrir et Eve à
enfanter dans la souffrance.

Selon la tradition grecque, au contraire, la souffrance aurait pour cause une malédiction que
Zeus à envoyer aux mortels afin de se venger de Prométhée qui avait volé des parcelles
divines pour les donner aux humains. Pour les punir Zeus fit façonner une femme, Pandore à
l’image d’une déesse immortelle. Lorsque Pandore fut sur terre, elle ouvrit une jarre qui
contenait tous les malheurs. Ceux-ci se répandirent aussitôt sur l’espèce humaine. Seule
l’espérance qui était au fond n’a pu s’échapper, Pandore ayant refermé le couvercle.

A partir du 6eme siècle, on abandonne cette forme de pensée pour adopter une nouvelle forme
de pensée qualifiée : pensée rationnelle ou pensée positive ou philosophique. Pour ainsi dire,
l’homme va se servir de sa raison, il va commencer par expliquer le naturel par le naturel.
D’où le passage du mythe à la raison, d’une explication transcendante à une explication
immanente.

B) L’origine de la pensée rationnelle

a-Thèse historique :
Selon la thèse historique ou chronologique, la philosophie ou pensée rationnelle ou pensée
positive est une invention ou miracle grecque, c’est la position de Burnet, d’Edmond Husserl,
de François châtelet.

Point de vue de Burnet

Il exprime sa position en ces termes : « dans l’Ecole de Milet, pour la première fois, le logos
(la raison) se serait libéré du mythe comme les écailles tombent dans les yeux des aveugles ».
La pensée rationnelle est un miracle grec : « Elle est, un voyageur sans bagages, la
philosophie viendrait au monde sans passé, sans parents, sans famille, elle serait un
commencement absolu ».

Point de vue d’Edmond Husserl

Dans la crise de l’humanité européenne et la philosophie (1935), le philosophe Edmond


Husserl a écrit « c’est seulement chez les grecs que l’homme du fini prend à l’égard du monde
environnant cette attitude totalement nouvelle ».

Hegel, lui aussi, fait sienne la prééminence spirituelle et fondatrice de la Grèce dans l’histoire
de la pensée rationnelle.

Point de vue de François châtelet

Dans ses entretiens avec Emile Noel sur l’histoire de la raison, François châtelet n’hésitait
pas à dire que la raison n’est qu’une invention grecque. Selon lui, « si l’humanité a fait
apparaitre à un moment donné de son histoire une pensée rationnelle toute positive, c’est aux
grecs que nous en sommes redevables ».

Ainsi, selon une longue tradition, les Grecs auraient inventé la raison. Quant aux autres
peuples, étrangers au logos et à l’être, ils ne s’intégraient pas réellement dans une histoire de
la raison.

b-Thèse existentialiste :

D’après Martin Heidegger, l’un des représentants de l’existentialisme 1 en Allemagne, c’est


abusant de prétendre que la philosophie parle grec et marche devant nous. Dire que la
philosophie a pris naissance en Grèce, c’est faire une approche ethnocentrique,
européocentrique de la question. La philosophie est aussi vieille que l’humanité pour ainsi
1
Existentialisme est un courant philosophique du XXe siècle, qui place au cœur de sa réflexion l’existence humaine (avec des philosophes
tels : Kierkegaard, Heidegger, Jn Paul Sartre… d’après ce courant de pensée, l’existence précède l’essence (existentialisme est un
humanisme)
dire, l’origine de la philosophie coïncide avec l’apparition de l’homme sur la terre. On se
rappelle sa conclusion « L’homme étant la philosophie est, l’homme n’étant pas la philosophie
ne saurait être ».

c- Cornford contre Burnet

En 1912, Cornford publie ‘ From religion to philosophy’ où il tente, pour la première fois, de
préciser le lien qui unit la pensée religieuse et les débuts de la connaissance rationnelle. Selon
lui, la philosophie a un passé pré-philosophique : la religion. Ce qu’on assiste au VIe siècle
n’est qu’une sorte de laïcisation du système de représentation que la religion a élaboré. Donc,
Cornford rejette la notion de miracle grec soutenue par Burnet.

d- Les civilisations orientales

De plus, les civilisations orientales, bien avant les grecs avaient une conception du monde,
une philosophie. À titre d’exemple, chez les persans avec Zarathoustra, prophète et fondateur
du Zoroastrisme religion pré-islamique fondée au VIIe ou XVe siècle av. Jésus Christ, avait
une philosophie aboutissant au dualisme parce qu’elle enseigne l’existence de deux principes :
Le principe du bien et du mal, jusqu’à la victoire finale du bien. D’où la lutte sans merci
constitue toute l’histoire du monde philosophique.

Les indiens, les chinois, bien avant les grecs n’étaient pas sans philosophie ainsi la
philosophie n’entre pas directement dans les sociétés occidentales. Elle part de l’orient à
l’occident par l’intermédiaire des marchands et des voyageurs curieux qui de nos jours,
revendique sa paternité.

Alors, si les Grecs n’ont pas inventé la philosophie au VIe siècle avant Jésus-Christ, qu’est-ce
qu’ils ont inventé ?

Comme nous le montre Jean Paul Dumont, historien de la philosophie antique, ce n’est pas la
philosophie qui a pris naissance en Grèce, au Vie siècle avant Jésus-Christ, mais le
questionnement philosophique.

Sujet de réflexion

La pensée rationnelle est-elle une invention grecque ?

2) PROBLEMATIQUE DE LA DEFINITION DE LA PHILOSOPHIE

Qu’est-ce que la philosophie ?


La définition de la philosophie est problématique. Deux raisons majeures expliquent cette
difficulté :

1) La philosophie n’est pas une matière à vocation cognitive. Elle est une matière de
réflexion. Emmanuel Kant a dit: « Il n’y a pas de philosophie que l’on puisse
apprendre, on n’apprend qu’à philosopher ».
2) Toute philosophie est une vision du monde, une conception du monde, un point de vue
global sur l’univers. Chaque philosophe a sa propre vision, sa propre conception du
monde. Autant de philosophe autant de conception philosophique et également autant
de définitions proposées à la philosophie.

Définition Etymologique de la philosophie


Du Grec : Philos : Ami, amour ; Sophos : sagesse. Etymologiquement, la philosophie
est l’amour de la sagesse. Et le philosophe est l’ami de la sagesse.
-Pour Pythagore, la philosophie est l’amour de la sagesse.
-Pour Descartes, la philosophie est la connaissance des idées claires distinctes,
connaissance qui conduit à la sagesse.
-Pour Socrate, la philosophie ne réside pas dans l’accumulation de la connaissance,
mais par essence réflexion, par des remises en question de ces acquis intellectuels, de
ces préjugés et de ces valeurs morales de son temps.
-Pour Platon, la philosophie est la science du monde intelligible dont le monde
sensible n’est que l’ombre.
-Pour Aristote, la philosophie est la totalité du savoir et le philosophe, c’est celui qui
possède, dans la mesure du possible, la totalité du savoir.
Illustration de René Descartes.

Pour Descartes : « toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la
métaphysique, le tronc est physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes
les autres sciences qui se réduisent à trois principales. La médecine, la mécanique et la
morale.

Qu’est-ce que la sagesse ?

La définition de la sagesse varie avec les philosophes.


a) Pour Socrate, la sagesse rentre dans la prise de conscience d’un non savoir. Ainsi,
seul celui qui sait qu’il ne sait pas est vraiment sage et possède l’humilité
nécessaire à un nouveau départ.
b) Pour les cyniques (Diogène, Antisthène)
La sagesse réside dans le refus et le mépris des conventions sociales, de
l’opposition aux principes moraux et à l’opinion, dans le choix de la pauvreté et
d’une vie conforme à la nature. Le sage doit se suffire à lui-même.
c) Pour Epicure, la sagesse doit apporter à l’homme le bonheur terrestre. L’Epicurien
ne craint ni la mort, ni les dieux, croit que le bonheur est facile à atteindre et la
douleur facile à supporter.
d) Pour Descartes, On entend par sagesse non seulement la prudence dans les
affaires, mais une parfaite connaissance de toute les choses, que l’homme doit
savoir, tant pour la conduite de la vie que pour l’invention de tous les arts.
De plus, il existe plusieurs formes de sagesse.
e) La sagesse antique. Elle est à la fois connaissance et vertu. Le sage antique était
un homme raisonnable faisant preuve d’une lucidité d’esprit extraordinaire et
menait une existence exemplaire
f) La sagesse Ordinaire. Elle s’entend comme une attitude calme, prudent, modérée
et réfléchir. Elle s’acquiert le plus souvent avec l’âge et l’expérience. C’est ainsi
qu’on entend répéter : « l’âge amène la raison ».
g) La sagesse religieuse. Elle est basée sur la croyance de quelque chose
transcendance. Pour la religion chrétienne, les principes pour lesquels cette
sagesse se manifeste sont tirés de saintes écritures. Elle commence par la piété, la
crainte de l’être créateur. Selon Salomon : « la crainte de Dieu est le
commencement de la sagesse ».
h) La sagesse stoïcienne. Elle consiste à accepter les choses comme elles viennent, à
se soumettre au monde aux évènements et à faire comme si rien n’était.
(Croyances dans le destin)
i) La sagesse physique. Selon Karl Jaspers, la sagesse physique est la recherche du
savoir et non sa possession.
Ainsi, la question persiste, qu’est-ce que la philosophie ?

Définition quasi transversalement admise : La philosophie est une réflexion


critique et rationnelle sur l’ensemble du savoir.

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