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Mr CH.

SEYDI, ECRIVAIN ET PROFESSEUR EMERITE DE PHILOSOPHIE (+221) 78 281 35 26

LEÇON 2: LA SPECIFICITE DE LA REFLEXION PHILOSOPHIQUE


(Philosophie, Science et Religion)
EPIGRAPHE : « [...] toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le
tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc principales sciences à savoir la médecine, la
mécanique et la morale [...] » voir Descartes, principe de la philosophie,
INTRODUCTION :
Depuis son avènement la philosophie a coutume d’affirmer son aspect métalangage, c’est-à-dire une
discipline qui a la prétention de parler pour toutes les autres disciplines. Dans cette mouvance il faut
reconnaitre que la science et la religion fond partir de ses objets de réflexion, les plus récurant
principalement parce qu’elles apparaissent comme les terrains où s’approfondit le plus l’investigation
philosophique. Jusqu’à quel point et dans quel mesure la pensée philosophique a tel un développement
suffisant pour faire l’objet d’une histoire distincte de celles des autres disciplines intellectuelles (science,
religion, art…). N’est-elle pas trop intimement liée aux sciences, à la religion, à la mythologie, à l’art, à la
métaphysique, à la vie politique, pour que l’on puisse faire des doctrines philosophiques, l’objet d’une
recherche séparée ?
I- PHILOSOPHIE :
La volonté de vérité qui anime la philosophie, son souci de justice, vont souvent à l’encontre de l’intérêt
des pouvoirs en place. C’est en ce sens que la philosophie peut apparaître dangereuse. En effet, elle consiste
souvent à secouer des convictions que personnes n’ose ni ne souhaite remettre en cause. C’est ainsi que
philosopher c’est un peu vivre en sursis. Autrement dit, on est toujours dans le risque de sa propre vie. Pour
preuve il faut se rappeler de l’histoire de Socrate : ce dernier en effet fut la première victime de la lutte entre
la vérité et les dogmes établis. Il a payé de sa vie le fait de ne pas laisser tranquille ses concitoyens. Ces
rapports difficiles entre la pensée progressiste, émancipatrice et les pensées conservatrices ont fait périr plus
d’un savant exemple : Galilée, Vanini, Voltaire… beaucoup d’autres penseurs ont dû échapper aux
représailles par l’exile. Cette situation est dû au fait que la philosophie est une entreprise subversive. Elle
inspire la méfiance et provoque l’hostilité. La philosophie représente une menace constante pour les savoirs
et les pouvoirs mal fondés. En résumé nous retiendrons que la philosophie en tant que quête perpétuelle de la
vérité, doit constamment résister aux préjugés, aux pressions de l’opinion et aux traditions qui empêchent le
progrès de la pensée. Le philosophe est un trouble fait dont l’audace n’a d’égal que le mépris de l’injustice.
II- PHILOSOPHIE ET SCIENCE
Depuis les origines la philosophie apparaît comme un effort de pensées personnelles portant sur ce qui
est essentiel à l’Homme ; une entreprise reposant sur l’usage de la seule raison. Depuis les Grecs la
philosophie nourrit l’ambition de se constituer en savoir encyclopédique. Ainsi Aristotepensait que pour
être philosophe, il fallait tenter de posséder dans la mesure du possible la totalité du savoir. Autrement dit, à
ce niveau distinguer philosophie et science n’a aucun sens. On pouvait être à la fois mathématicien,
naturaliste, physicien et philosophe. Comme exemple, nous pouvons citer Thalès, Pythagore, Platon,
Aristote, Galilée, Euclide, Descartes, etc. L’imbrication entre la philosophie et la science a duré jusqu’aux
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alentours du XVIIe Siècle, jusqu’à cette date les deux domaines étaient indissociables. Toutes les parties du
savoir étaient étroitement liées. Cette relation où même confusion entre la philosophie et la science relève du
fait que les deux ont en commun l’usage exclusif de la raison. Cependant il arrivera un moment où cette
ambition encyclopédique se révélera illusoire. Ainsi va commencer un processus de spécialisation. Les
différentes sciences vont se constituer avec de méthodes spécifiques. Il faut dire malgré la volonté
Cartésienne de maintenir ce rêve antique, l’autonomisation des sciences sera ininterrompue exemple la
physique se constitue en discipline autonome grâce aux travaux de Galilée, la chimie avec Lavoisier, la
biologie avec Lamarck et Claude Bernard. A partir de cette spécialisation la science de manière générale
change d’orientation. Au lieu de savoir pour savoir elle devient utilitaire. Son but sera alors de connaître les
lois du monde enfin de les mieux transformer en fonction de nos besoins. C’est dans ce sens que Auguste
Comte dira que : « La connaissance des lois des phénomènes […] peut seule nous conduire dans la vie
active, à les modifier à notre avantage ». D’ailleurs dans le même sens qu’Auguste Comte,Descartespensait
que grâce à la science, l’Homme pourrait devenir « comme maître est possesseur de la nature ».Sous prétexte
que la science a accru le pouvoir de l’Homme sur la nature, certains pensèrent que celle-ci pouvait résoudre
tous les problèmes de l’Hommes. RENAN par exemple n’hésitera pas à dire que seule la science peut
fournir à l’Homme le ce sans quoi il ne saurait vivre. Cette vision scientiste considère la science comme la
voie obligée du bonheur. De cette idéologie on prétend dire avant d’écouter qui que ce soit, il faut se mettre à
l’écoute des experts. Dans un tel contexte on peut se demander quel sort est réservé à la philosophie ?
Devant les promesses et l’efficacité de la science la philosophie apparaît comme un pur bavardage. N’ayant
plus d’objet propre, elle devait logiquement disparaître. Mais il n’en sera pas ainsi car avec les immenses
progrès de la science et de la technique, la nécessité de philosopher ne se fait plus que sentir. Les
conséquences qui peuvent résulter de l’application de certaines théories scientifiques font qu’il serait
imprudent de laisser le monde entre les mains des seuls scientifiques. C’est ainsi que Rabelais dit : « Science
sans conscience n’est que ruine de l’âme ».
1- Qu’est-ce que la science ?
La science peut être définie comme une discipline exacte ou comme une discipline objective, une
discipline de consensus, de concordance, de progrès et d’universalité.Elle s’oppose notamment à l’opinion et
à la connaissance immédiate. C’est ainsi que Lalande défini la science comme un « ensemble de
connaissance et de recherche ayant un degré suffisant d’unités, de généralité et successible d’amener les
Hommes qui s’y consacre à des conclusions concordantes, qui ne résultent ni de conventions arbitraires ni
des goûts ou des intérêts individuels qui leur sont commun, mais de la relation objective qu’on découvre
graduellement et que l’on confirme par des méthodes de vérifications définies». Ce qui est rejeté du domaine
de la science c’est donc l’arbitraire, l’individualisme, la subjectivité. Par contre, qu’une démarche soit
scientifique, il faut au moins qu’il est unanimité, universalité, concordance, objectivité, progrès, possibilité
de vérifier.

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III- PHILOSOPHIE ET RELIGION :


La permanence du fait religieux à l’instar de l’occupation métaphysique nous pousse à nous demander si
l’Homme n’est pas naturellement un homo religiosus. En fait de tout temps, l’être humain est habité d’une
soif de spiritualité et une foi en une vie future après la mort.C’est ce désir d’éternité qui explique quelque
part l’universalité de la religiosité. H. BERGSON souligne la pérennité et l’universalité de la religion dans
les termes suivants : « On trouve dans le passé, on trouverait même aujourd’hui des sociétés qui n’ont ni
science, ni art, ni philosophie. Mais il n’y a jamais eu de société sans religion ».
1- Définition :
Le mot religion a une double étymologie. Premièrement il semble venir du Latin religarequi signifie
rattacher, la deuxième étymologie renvoi à religio qui est formé à partir de religere qui signifie cueillir avec
soin. Les notions qu’il importe de retenir à ce niveau c’est celle de lien et de soin.La religion peut se définir
comme un ensemble de dogmes et de croyances concernant la divinité, et de pratiques culturelles et rituelles
établis par une société pour rendre louange à un être supérieur. Selon le sociologue Emile Durkheim, « Une
religion est un système solidaire de croyance et de pratiques relatives à des choses sacrées […] croyance et
pratique qui unissent en une même communauté morale tous ceux qui y adhère ».

2- Caractéristiques du phénomène religieux :


Une religion repose sur l’existence d’une communauté d’individus unis par certaines pratiques rituelles,
la croyance en un être supérieur et l’usage de formuler des prières. Une religion se caractérise aussi par la
règlementation des rapports entre les individus eux-mêmes et entre eux et une puissance spirituelle
supérieure. Elle renvoie aussi à un ensemble d’affirmation que l’on peut consigner dans un texte religieux
(Bible, Coran…) et aussi un ensemble d’acte rituelle communs à tous les fidèles d’une même religion.
Toutefois ce qui est remarquable à travers toute religion c’estl’idée d’un être supérieur surnaturel capable
d’intervenir à tout moment dans la vie des Hommes. C’est dans ce sens que Brunetière affirmait que : « Il
n’y a pas de religion sans surnaturel […] on peut essayer de détacher la religion du surnaturel qui la fonde,
mais ce n’est plus la religion c’est autre chose, et qu’il faut par conséquent nommer d’un autre nom ».

3- Religion et Philosophie :
Depuis toujours religion et philosophie entretiennent des rapports complexes. Les deux se mesurent
constamment l’une à l’autre, elles s’affrontent avec des armes différentes (raison – révélation) sur un même
champ de bataille. Ainsi aux divers moments de l’histoire, il y a toujours entre philosophie et religion un
conflit ouvert ou latent. Parfois nous avons une certaine attraction réciproque et même une tentative de
dissolution de l’une dans l’autre. En définitive nous remarquerons que malgré la pertinence des critiques
adressées à la religion, le besoin religieux demeure et persiste. Autrement dit, aucune critique ne parviendra
à supprimer la religiosité inhérente à l’esprit humain. Les problèmes relatifs à notre condition tragique, le
mystère de la mort et de notre destiné sont des questions perpétuelles, elles sont toujours d’actualité.La
pérennité du fait religieux nous invite à méditer ces propos de CIORAN dans Histoire et Utopie « On peut
tout étouffer chez l’homme sauf le besoin d’absolu, lequel survivrait à la destruction des temples et
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même à l’évanouissement de la religion sur terre ». En effet, il est bon que l’Homme reconnaisse toujours
quelque chose de plus grand que lui qu’il puisse aimer au-dessus de sa petite personne. Autrement dit,
l’être humain ne doit pas se satisfaire du seul confort matériel, de la santé physique.

IV- PHILOSOPHIE ET MYTHE


Le mythe est un récit mettant en scène des êtres surnaturels, des actions imaginaires, des fantasmes
collectifs. Tandis que la philosophie est une science qui étude les êtres, les princes et les causes d’un point de vue
général et abstrait. Elle est aussi une science de fermeté et de calme devant des événements imprévus. Les deux
s’opposent du point de vue fond et forme.Le mythe existe dans toutes les sociétés, des moins évoluées vers les
plus complexes. Il est, comme nous allons le constater, un type particulier de récit dont le modèle nous a été
donné. Cependant, il convient de préciser que tous les mythes ne sont pas des histoires de héros, d’ancêtres,
d’animaux. Par exemple « Ce qui est mythique, ce n’est pas comment est le monde ? Mais le fait qu’il est »
Voir Wittgenstein.

1- Définition des Notions :


Les savants ne s’accordent pas sur une définition unique du mythe. Mais nous pouvons retenir au
moins que le mythe est une idée ou récit fantaisistes ou fabuleux traditionnel à travers lequel s'exprime
symboliquement une conception du monde. Le mythe raconte comment, grâce aux exploits des êtres sur
naturels, une réalité est à l’existence, que ce soit la réalité totale, le cosmos, ou seulement un fragment. Dans
le mythe on rapporte comment quelque chose a été produit. Comment il a commencé à être parce qu’il se
réfère toujours à des réalités, le mythe est considéré comme « une histoire vraie ». Exemple : le mythe
cosmogonique est « vrai » dans la mesure où l’existence du monde est là pour le prouvé.

2- La principale fonction du mythe :


Revenons au mythe paradisiaque les notes spécifiques de l’Homme de l’époque paradisiaque sont :
l’immortalité, la liberté, la possibilité d’accéder aux dieux, l’amitié avec les animaux et la maîtrise de leur
langue. « Cet ensemble de liberté et de puissances a été perdu à la suite d’un événement primordial, la
« chute » de l’homme se traduit aussi bien par une mutation ontologique de par sa propre condition que par
une rupture cosmique. » V. Eliade, mythe rêve et mystères. Le mythe permet de donner un sens à l’actuelle
condition malheureuse de l’Homme. Le temps présent (temps historique) est négligé au profit du grand
temps (temps primordial). Un pont grâce aux mythes est établi entre les deux temps. En somme, nous
pouvons dire que la principale fonction du mythe consiste à la fois à jeter les bases de la signification et
celles de la communication.

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