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RÉPARTITION DU PROGRAMME PAR TRIMESTRE EN CLASSE DE

TA4
Pour le premier trimestre
A. Notions relatives au sujet humain
1. Philosophie et psychologie
2. La méthodologie de la dissertation philosophique
3. Nature, culture et civilisation
4. Le langage et la communication
5. Autrui
6. La conscience et l’inconscient
7. DEUXIÈME TRIMÈTRE
B. Notions relatives à l’homme et à l’action
8. La méthodologie du commentaire de texte philosophique
9. Le travail et la question sociale
10.Le développement et l’idée du progrès
11.État et les doctrines politiques
12.Les doctrines morales
13.Le droit et la violence
14.La justice et la charité
15.TROISIÈME TRIMESTRE
C. Notions relatives à l’homme et à la connaissance
16.La connaissance du vivant
17.L’idée de vérité
18.Les sciences humaines (histoire, sociologie)
D. Notions relatives à la métaphysique
19.Liberté et désaliénation
20.L’essence et l’existence
21.Dieu et religion

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RÉPARTITION DU PROGRAMME PAR TRIMESTRE EN TS
PREMIER TRIMESTRE
A. Notions relatives au sujet humain
1. La philosophie et science
2. Méthodologie de la dissertation philosophique
3. Langage et la communication
4. La conscience et l’inconscient
DEUXIÈME TRIMESTRE
B. Notions relatives à l’homme et à l’action
5. Le travail, la technique et la question sociale
6. le Développement et idée du progrès
7. le pouvoir et la violence
8. la Méthodologie du commentaire dirigé
TROISIÈME TRIMESTRE
C. Notions relatives à l’homme et à la connaissance
9. La connaissance scientifique
10. L’idée de vérité
D. Notions relatives à la métaphysique
11. Liberté et désaliénation

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Chapitre 1 : la philosophie et la psychologie
Objectif du cours. À la fin du chapitre, les élèves doivent être capable de :

 Définir les concepts philosophie et psychologie


 Etablir la spécificité de la philosophie et les autres formes du savoir ;
 Démontrer la nécessité de la philosophie pour l’homme en général et
pour l’Africain en particulier.

Introduction
Au cours de la leçon inaugurale à Toulouse, le jeune et talentueux jules
Lachelier, philosophe français se demandait : « qu’est-ce que la philosophie » ?
La stupéfaction de ses élèves, il répondait : « je ne sais pas ». Cette attitude
paradoxale du philosophe français ne doit pas nous sidérer. En effet, loin d’être
une matière de connaissance, la philosophie s’oppose à celle-ci par essence. Elle
est la recherche de la vérité et non sa possession. Dans ce sens, la philosophie se
diffère à la fois du dogmatisme et fanatisme qui, satisfait de ceux qu’ils savent,
n’ont plus rien à rechercher. Qu’est-ce que la philosophie ? La philosophie est-
elle une doctrine ou une pratique ? Que vaut la philosophie pour la vie
humaine ? Le philosophe est-il un fou ? Telles sont les questions auxquelles
nous tenterons d’approcher de solution.

1. Approche définitionnelle
1.1. La philosophie et son étymologie
Etymologiquement, la philosophie est comme l’a montré Pythagore de Samos au
VIème siècle av JC comme : « amour de la sagesse », le nom de Sophos (sage)
ne convenait qu’à Dieu, disait-il et l’homme ne devait aspirer qu’au titre plus
modeste de philos (aimant, zélateur). Autrement dit, le philosophe n’est pas
celui qui a quantitativement accumulé le savoir ou qu’il est reconnu comme tel
mais c’est celui est épris de la science ou de la sagesse. En d’autres termes, la
philosophie n’est pas la Sophia elle-même et le philosophe un savant, non. Dans
son introduction à la philosophie comme le précise ci-bien Karl Jaspers : « faire
de la philosophie, c’est être en route, les questions en philosophie sont plus
essentielles et chaque réponse devient une nouvelle question », en ce sens la
philosophie est une activité elle se pratique, elle vie, elle ne relève pas de ce qui

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se dit mais de ce qui se fait. Cette vision de Karl Jaspers explique que la
philosophie n’est pas un savoir arrêté de manière complète et définitive.
Cependant, dans la plupart du temps, on assiste à une contradiction de système
de pensée, raison pour laquelle Emmanuel Kant soutient : « il n’y a pas de
philosophie qu’on puisse apprendre (…) l’on ne peut apprendre
qu’philosopher », l’essence de la philosophie est la recherche du savoir et non sa
possession, c’est-à-dire une investigation rationnelle ayant pour but l’explication
et la compréhension totale de l’homme et le fondement de connaissances
humaines.

1.2. Aristote, Descartes et la définition de la philosophie


Selon Aristote : « le philosophe est celui qui possède la totalité du savoir dans
la mesure du possible », ceci veut dire que du point de vue aristotélicien, la
philosophie s’identifie à un savoir, à une doctrine qui peut être enseigné. Dans
l’optique cartésienne « toute philosophie est comme un arbre dont les racines
sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce
tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales : la
médecine, la mécanique et la morale ». Que ce soit dans la perspective
aristotélicienne ou dans celle cartésienne, la philosophie se présente comme un
système, un corps de doctrine susceptible d’être enseigné. Pour ces tenants, la
philosophie englobe donc la totalité du savoir, elle a pour but de permettre à
l’homme de s’épanouir, de se réaliser, ceci dit la préoccupation de la philosophie
est l’homme.

1.3. Distinction entre la philosophie et sciences


Si au début les branches du savoir ne formaient qu’un tout. Au fur et à mesure
qu’elles se constituaient de façon précises, se détachaient de la philosophie pour
se transformer en discipline autonome, il n’est plus possible de nos de prolonger
la confusion antique, les sciences se sont imposées dans leur domaines propre
successivement : dès l’antiquité l’émancipation des mathématiques avec
Euclide, au XVIIème siècle, c’est l’indépendance de la physique avec Galilée, le
XVIIIème siècle, la chimie avec Antoine Laurent de Lavoisier, le XIXème
siècle, Claude Bernard spécifie la biologie et le XXème siècle voit l’autonomie
des sciences humaines à l’instar de la sociologie avec Auguste Comte et Emile
Durkheim .

Cette rupture philosophie-sciences va se caractérisée par un manque de


communication entre les domaines du savoir. En science la vérité est définie par
la vérification expérimentale, c’est-à-dire par la confrontation des faits, sur un

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objet précis tandis que la philosophie est définie comme réflexion sur
l’ensemble du savoir. La philosophie est désormais le domaine métaphysique, la
science est le domaine du réel, la science adopte méthode expérimentale tandis
que la philosophie demeure réflexive, la science pose la question comment pour
expliquer les phénomènes tandis que la philosophie pose la question pourquoi et
cherche le fondement des choses par la réflexion.

Au regard de cette situation, la philosophie n’est plus connaissance mais plutôt


réflexion sur l’ensemble de nos savoirs et de nos pouvoirs : l’être en
métaphysique, des valeurs en morale, de la destinée humaine en anthropologie
philosophique et en évaluation les autres sciences ou critiques des sciences en
épistémologie.

1.4. Complémentarité entre la philosophie et sciences


De ce qui précède, il existe un lien de complémentarité entre la philosophie et
science, c’est-à-dire la philosophie a besoin des sciences et les sciences
s’intéressent toujours à la philosophie. C’est ainsi que Cournot disait : « sans les
sciences, la philosophie tombe dans l’irréel et sans la philosophie, les sciences
ne parviennent pas à s’élever au-dessus du règne de la matière ». La science a
conduit à la décadence de la morale, il faudrait que la philosophie soit à ses
côtés pour la guider, la philosophie apparait comme une alternative à la science
comme le souligne François Rabelais : « la science sans conscience n’est que
ruine de l’âme »

2. La portée de la philosophie
2.1. La portée spirituelle, didactique ou théorique
La portée de la philosophie revient à démontrer son utilité, son importance pour
l’humanité tout entière, c’est-à-dire le destin de la philosophie, c’est de
s’interroger sur la destinée de l’homme. Dans préface aux principes de la
philosophie Descartes déclarait : « c’est proprement avoir les yeux fermés sans
tâcher jamais de les ouvrir que de vivre sans philosopher », il dire que dans
l’optique cartésienne la recherche de la vérité en tant qu’exercice intellectuel est
un impératif pour tous, indispensable pour chaque homme d’entreprendre
personnellement une fois dans sa vie la recherche méthodique. Théoriquement,
la philosophie forme l’homme à une réflexion critique, à réfléchir par lui-même
aux diverses façons dont l’homme peut mener sa vie en société et à comprendre
le monde dans lequel nous vivons, elle nous initie à la gestion des rumeurs et des
« on dit », au contrôle de nos passions. La philosophie permet à l’homme de se
libérer de la fatalité de l’ignorance. Dans le livre VII de la République à travers

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son allégorie de la caverne, Platon souligne la nécessité de la philosophie. En
effet, dans ce mythe, l’image de la caverne symbolise la profondeur,
l’obscurantisme du monde qui entre dans l’inconscient. Les ombres portées sur
la paroi de la caverne, seul spectacle offert à nos fameux prisonniers, figure
notre expérience sensible. Les objets variables à l’extérieur de la caverne
illuminés par le soleil symbolisent le monde des essences éternelles, ce soleil
symbolise l’idée du bien. Le prisonnier arraché à la caverne et porté à la lumière
du jour, figure le philosophe qui, peu à peu se délivre des apparences vers la
lumière de la vérité. Pour tout dire, philosopher, c’est comme l’a dit Emmanuel
Kant : « exercer le talent de la raison », dans le but de sortir de l’obscurantisme
et dépasser la connaissance approximative. Dans l’enseignement de Socrate, la
philosophie se propose de faire prendre conscience aux hommes de leur propre
nature et comprendre que la vraie nature de l’homme est l’âme. Car la
philosophie nous permet de voir les choses non avec l’œil du corps mais l’œil de
l’âme. Elle nous pousse à voir non plus les hommes mais l’homme, non plus le
sensible mais l’intelligible, non plus l’extérieur mais l’intérieur, non plus la
superficialité mais la profondeur.

2.2. La portée socio- politique


La fonction politique philosophique ou des philosophes est-elle aussi indéniable.
Dans le livre VII de la République Platon souligne déjà à son temps, l’urgence
qu’il y a pour le philosophe de prendre la direction de la cité : « les maux ne
cesseront pas pour les humains avant que la race des pures et authentiques
philosophes n’arrive au pouvoir, ou que les chefs de cité par une grâce se
mettent à philosopher véritablement », entant qu’il est un homme de hauteur et
de culture, le philosophe a une vision synoptique du sens de l’existence
humaine, épris de la justice, le philosophe ne peut que gouverner de manière
juste. Dans préface aux principes de philosophie, René Descartes écrit ceci : « le
plus grand bien qui puisse être dans un Etat est d’avoir de vrai philosophe ».
Autrement dit le philosophe est celui qui, de par sa culture doit déterminer la
direction à prendre et les obstacles susceptibles d’entraver une action. Malgré les
progrès scientifiques et techniques, la philosophie garde sa raison d’aide. C’est
vrai comme dit Descartes dans Discours de la méthode : « le but dernier de la
science est de nous rendre maître et possesseur de la nature » mais Lambert le
rétorque dans ce sens : « la technique nous apprend à servir de chose mais
saurons-nous nous-même à quoi se servir » ?

1. La nécessité de la philosophie pour l’Afrique

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En dépits de progrès réalisé par l’humanité, l’Afrique reste en marge et demeure
le continent dont les pays sont les plus endettés. Face à l’ampleur, à la gravité de
la souffrance de sa population on se demande : que peut valoir la philosophie
pour ce continent sinistré ? En effet, est vrai la science et la technique
constituent les éléments fondamentaux du développement, il demeure que c’est
l’homme qui en est l’acteur principal, c’est alors dans le cadre de la formation
de l’homme à réfléchir, à prendre son destin en main que la philosophie
intervient. En réalité, la crise actuelle que traverse l’Afrique n’est pas
simplement une crise économique ou un vide matériel et financier mais elle est
beaucoup plus une crise de la pensée, de la rationalité, voire une crise morale.
Pour le juriste camerounais Maurice Kamto : « plus qu’une urgence d’aide, il y
a pour le continent sinistré urgence de pensée ». Pour l’auteur De la Médiocrité
à l’excellence , Njoh Mouelle Ebénézer, la philosophie nait de situation trouble,
s’il y a un besoin de philosophie en Afrique, c’est pour répondre à la crise de
l’heure car dit-il : « c’est bien lui le philosophe qui doit se risquer à dire voilà ce
qui se passe, voilà jusqu’où cela peut aller ; voilà les mirages, voilà les réalités
et les obstacles », pour dire que la philosophie est un facteur qui doit sous-tendre
tout développement véritable humain. Elle est la seule voie par laquelle
l’Afrique pourra se libérer et accéder au développement réel et durable.

3. La psychologie
C’est au XIXème siècle que cette nouvelle discipline a vu le jour et s’est
démarquée de la philosophie. Étymologiquement, la psychologie est dérivée de
deux mots grecs : psukhê(âme) et logos(science), littéralement la psychologie
est la science de l’âme. Elle est également définie comme une étude de
comportement et de la pensée, la psychologie permet de comprendre les idées,
les sentiments, la manière d’agir d’un individu. Concrètement, la psychologie
cherche à comprendre les failles, les problèmes et les troubles du patient, elle est
une science de la vie intérieure.

3.1. Les branches de la psychologie


La psychologie a plusieurs branches qui sont entre autres : la psychologie
animale qui étudie le comportement individuel ou social des espèces animales ;
la psychologie sociale étudie le comportement de l’individu par rapport à son
milieu ; la psychologie différentielle étudie les performances entre les
individus ; la psychologie linguistique étudie la possibilité qu’ l’homme de
parler, de communiquer ; la psychologie clinique s’intéresse aux méthodes de la

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manifestation des maladies, des symptômes permettant de traiter les troubles de
comportement du malade.

3.2. Rapport entre la philosophie et la psychologie


Depuis le temps de Socrate, la philosophie n’a pas perdu de vue sur le problème
du fonctionnement de l’esprit humain, les domaines de philosophie sont plus
large, elle étudie l’homme en général et se demande aussi : qu’est-ce que le
monde, Dieu, les autres, la vie, le bonheur. Elle nous donne les clés pour agir et
pour prendre notre futur en main et redevenir le maître de notre destin. Le
psychologue étudie l’âme pour soigner le traumatisme psychique tandis que le
philosophe est celui qui, à travers la connaissance cherche la sagesse. Si la
psychologie s’intéresse à un aspect de l’homme, la philosophie se veut totale.
Au-delà de la distinction, la philosophie et la psychologie cherche à définir
l’homme.

Conclusion
La philosophie n’est ni une doctrine, ni une religion, ni une magie encore moins
la folie. Elle est simplement une discipline de l’esprit, une activité intellectuelle
qui suit des méthodes : le doute, la maïeutique, la dialectique visant la recherche
de la vérité sur le sens de l’existence humaine. La psychologie quant à elle est
l’étude des faits intérieurs et le comportement de l’homme par rapport à son
milieu. « Philosophie ne garde tout son sens si elle reste un discours d’un
homme qui s’adresse aux hommes pour leur parler de l’homme et le
monde » Mikael Dufresne.

CHAPITRE 2 : LE LANGAGE ET LA COMMUNICATION


Objectif du cours. À l’issu de la séance, les élèves de la terminale littéraire
doivent être capable sans se référer à leur document :

- Définir le concept du langage ; démontrer son origine ;


- Citer les fonctions essentielles du langage ;
- Distinguer les différentes caractéristiques du langage humain et
animal ;
- Démontrer que le langage et la pensée sont indissociables.

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Introduction
Selon Aristote, l’homme est : « homo loquens », un animal qui parle ou
raisonnable. Lévi-Strauss quant à lui pense que ce qui caractérise l’homme, c’est
la locution. Autrement dit, l’homme est un animal comme tous les autres
animaux ; mais c’est un animal parlant. Au sens large du terme, le langage est
tout système de signe (gestuel, symbolique, sonore et mimique) permettant la
communication entre les individus. Le problème que pose la question du langage
est récurrent. Le langage est-il une institution ou un fait naturel ? Le langage est-
il le propre de l’homme ? Quelles peuvent être les valeurs et les fonctions du
langage ? Quels rapports y a-t-il entre le langage et la pensée ?

1. Origine du langage
Depuis l’origine grecque, le problème de l’origine de la langue et du langage a
donné lieu à des controverses sur la question : de quelle façon les langues
trouvent-elles leur origine comme début ? À cette question, les avis sont
partagés : la cosmologie religieuse qui pense que pense que la langue est
l’origine du monde ; les naturalistes pensent l’origine de la langue à partir des
états d’âme, d’émotion et les conventionnalistes qui, pour eux, font imaginer
l’origine des langues à partir des contrats sociaux.

1.1. La cosmologie religieuse


Dans la tradition biblique et précisément dans Jean 1 :1 : « au commencement
était la parole et la parole, et la parole était avec Dieu et la parole était Dieu ».
La langue a une origine divine, Dieu a créé tous les hommes égaux et les a dotés
d’une langue commune. Les hommes parlaient d’une seule langue. Pour se faire,
ils s’entendaient mieux pour la satisfaction de leur besoin. Dans la même source,
ils vivaient ensemble, décidèrent un jour d’atteindre Dieu en construisant une
tour de Babel. Mécontent de l’orgueil des hommes, Dieu décida de les
disloquer à travers une multitude de langue ce fut aussi l’origine de la diversité
des langues et des cultures.

1.2. Le point de vue naturaliste


Selon les naturalistes, le langage est un fait naturel. Pour eux, les onomatopées
sont à l’origine des vocabulaires qui existent dans toutes les langues. À ce
propos écrit Lucrèce : « quant aux divers sons du langage, c’est la nature qui
pousse les hommes à les émettre, c’est le besoin qui fit naître le nom des
choses ». Dans son œuvre Essai sur l’origine des langues, Jean Jacques
Rousseau affirme que, ce sont les passions qui ont donné naissance aux

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premières langues, c’est pourquoi dit-il : « ce n’est ni la faim, ni la soif mais
l’amour, la haine, la pitié, la colère qui leur ont arraché la première voix ».

1.3. Le point de vue conventionnaliste


Pour les conventionnalistes, à l’instar de Michel Foucault, toute langue est
instituée dans la communauté et n’est parlée qu’à travers les discours des
institutions. Pour Foucault, la langue ne nait pas de rien (ex nihilo), mais d’une
modification interne à l’élément d’une langue donnée, c’est sur le fond d’une
dérivation des autres langues que l’origine d’une langue doit être pensée. Pour la
plupart des conventionnalistes, on doit la paternité du langage à l’homme, parce
qu’il peut fabriquer ses mots, donner une forme et constituer pour lui sa langue
maternelle.

2. Les fonctions du langage


Le langage assure nombre de fonctions. Tout abord il assure la fonction
communicative entre les sujets ; expressive à travers les gestes ; esthétique
dans la fabrication du beau et magique dans la bénédiction ou les injures.

2.1. La fonction communicative


La communication est ce qui donne un sens réel à la vie humaine. Lorsqu’on
définit l’homme comme un animal social c’est en référence à cette faculté.
Toute société se fonde sur les échanges : le commerce et le mariage. En outre le
langage est un irremplaçable véhicule de la culture, en ce sens, c’est par lui que
la société transmet son héritage culturel à la génération postérieure. Autrement
dit, le langage est une courroie de la transmission de la culture et de la
civilisation. À ce sujet Frantz Fanon déclare : « parler la langue d’autrui, c’est
supporter le poids d’une civilisation ». C’est conscient de cette valeur de la
langue et de son rapport avec la civilisation que les colonisateurs ont imposé
leur langue respective comme seule langue d’enseignement, en même temps
qu’ils cultivent la haine de leur propre langue en taxant les autres de dialectes.

2.2. La fonction expressive


La fonction expressive du langage est celle par laquelle le locuteur manifeste
son affection, son visage, ses gestes, son ton témoignent du sentiment qu’il
ressent. Autrement, sans comprendre, on peut parfois imaginer le sentiment
qu’éprouve une personne. C’est une fonction que les poètes ou artistes utilisent
pour faire l’éloge de la nature ou de la société, c’est sous cet angle que précise
Merleau-Ponty : « le langage est une manière pour le corps humain de célébrer
le monde ».

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2.3. La fonction magique
La fonction magique du langage nous fait penser au pouvoir de la parole. Ceci
étant la parole constitue les principaux moyens d’action pour le pire et pour le
meilleur. Le pouvoir des mots est très grand : les avocats, les journalistes, les
enseignants et les hommes politiques ont le privilège de soumettre les auditeurs
à leur dépendance d’une part, d’autre part, ils ont le privilège de mettre leur
savoir au service des autres les défendre, les informer, les instruire, les
gouverner dans le souci du bien commun, c’est ce que souligne le poète
allemand Friedrich Hölderlin : « le langage est le bien le plus précieux et le plus
dans dangereux qui ait été donné à l’homme ». Avec les mots, on peut blesser
son prochain, bénir, unir les hommes et former un monde social tout comme
provoquer la guerre et le déchirement social. Jean Paul Sartre de conclure : « les
mots sont des pistolets chargés »

2.4. La fonction esthétique


La fonction esthétique est conservée dans la poésie et arts dans la production du
beau. En effet, le poète est capable de nous faire un monde fictif, un monde qui
n’existe que dans l’imaginaire mais qui porte toutes les caractéristiques idéales.

3. La problématique du langage animal


Le problème du langage animal a fait couler tant d’encre et de salive. Il s’agit de
savoir si le système de communication existant chez les animaux mérite le statut
du langage. Autrement dit, le système de communication chez les animaux et
chez les hommes se valent-ils ? Sinon, quelles seront les spécificités du langage
constitué comme l’attribut exclusif de l’homme ?

3.1. La communication animale


Tout le monde sait que les mammifères expriment leur besoin et leur émotion
par des cris. Les cynocéphales par exemple sont capables d’émettre près d’une
trentaine de cris pour exprimer la faim, l’attaque, l’appel. Cette réalité explique
que les animaux ont de langage puis qu’ils communiquent des informations.

Par analogie, il est facile de découvrir chez les animaux une certaine capacité
qui les rend sensible à des signaux. Chez les animaux dressés par exemple le son
de la cloche ou la simple vue d’un fouet sont suivit d’une réaction appropriée
(confère chien de Pavlov).

Beaucoup plus intéressante ce que Karl Von Frisch pour qui, les abeilles sont
des insectes de société, leur association, leur différenciation et à la coordination
des abeilles, on pourrait s’étonner de ce qu’elles échangent entre elles les

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informations à travers deux systèmes de danses: la danse en rond vaut la
nourriture située à 100 mètre, sa durée dépend de la quantité du gisement de
pollen ou champ de fleur et la danse frétillante ou danse en huit(8) qui vaut pour
la nourriture située à plus de 100 mètre, plus la quantité de la nourriture est
grande plus la danse est longue.

Mais il s’agit d’un langage olfactif (odorat), tactile (le toucher, palper). C’est un
langage inné, héréditaire qui s’observe dans chaque race d’abeilles. Au sujet du
dressage, il mentionner que c’est l’homme qui choisit le dressage à l’animal. Il
est évident que les animaux ont un langage, mais peuvent-ils communiquer des
idées ?

3.2. Les caractères propres au langage humain


Parmi tous les systèmes de communication de tous les individus, celui des
hommes comportent un certain trait spécifique, certains diront que c’est une
thèse injuste qui ne vise que la disqualification animale. Mais à bien voir,
comme le dit René Descartes, le langage humain témoigne d’une faculté de
penser et de raisonner propre à l’homme. Autrement dit, les animaux n’ont pas
de langage parce qu’ils ne pensent et ne peuvent pas parler comme nous. Et si
les animaux ne parlent pas, c’est faute de pensée et non faute de moyen de
communication ; allant dans la même critique, Émile Benveniste fait remarquer
que s’il y a information chez les abeilles, il n’y a pas dialogue, il n’y a pas
d’échange linguistique. Les abeilles répondent au message par une conduite,
jamais par un autre message. Chez les hommes, dans les échanges les plus
simples, il y a souvent de dialogue, échange ; par exemple : le soldat obéira
l’ordre de l’officier mais avant d’exécuter l’ordre, il dira : « oui mon
lieutenant ». Aujourd’hui, on parle du caractère historique, social progressif du
langage humain, ce langage qui ne peut être conçu hors de la société, c’est-à-
dire que l’enfant ne commence pas de manière spontanée à parler et à bien
parler. En peu de mots, loin d’être inné, héréditaire ou naturel, le langage
humain est un héritage culturel créé, transmis, acquis et mise à la disposition des
membres de la société humaine.

4. Le langage et la pensée
Le problème classique est de savoir si la pensée se constitue dans et par le
langage, dans ce cas il n’aura de pensée verbale ou bien si le langage ne fait
qu’exprimer, traduire la pensée qui lui serait aussi antérieure, ce qui pose le
problème de l’adéquation, de l’inexprimable.

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4.1. Prééminence de la pensée sur le langage
Cette thèse développe plusieurs idées qui tendent à affirmer une transcendance
de la pensée sur son instrument linguistique. La pensée précède le langage et le
langage n’est qu’un instrument parfois inadéquat servant à véhiculer la pensée.
L’idée déborde le mot, nous en faisons l’expérience semble-t-il quand nous
cherchons nos mots, quand nous avons une idée et quand nous ne parvenons pas
à l’exprimer, quand nous l’habillons successivement nos pensées de termes
impropres qui ne nous satisfont pas et que nous rejetons tour à tour, on dit
alors : « si la pensée cherche ses mots c’est parce qu’elle précède ». Le langage
est inadéquat dans cadre métaphysique, selon Henri Bergson : « le langage,
reflet de la pensée conceptuelle masquant les choses elle-même, est incapable
d’exprimer la pensée pure que constitue la pensée intuitive ». Cette inaptitude
du langage à exprimer se vérifie aussi sur le plan religieux et mystique. En effet,
l’incommensurabilité de la pensée avec le langage est plus évidente quand il
s’agit d’exprimer le divin et l’expérience que peut faire un homme.

4.2. L’indissociabilité du langage et de la pensée


Pour les tenants de cette thèse, il n’y a pas à proprement parler de pensée pure,
de pensée sans langage ; et il n’existe pas de médiation vraiment silencieuse. Et
comme il n’est pas pertinent de dire : « j’ai un corps » mais que : « je suis un
corps », de même ma pensée a son propre langage. Le lien nécessaire signifiant
et signifié implique que le langage et la pensée sont étroitement liés comme le
recto et verso d’une feuille de papier Ferdinand De Saussure à ce propos
déclare : « il n’y a pas d’idée préétablie et rien n’est distinct avant l’apparition
de la langue, les seules vraies pensées sont celles exprimées », car le dit Alain et
Valéry, la pensée inexprimée d’un poète ou d’un sculpteur et comme une
intention coupée de l’acte, l’expression seule est la preuve de la pensée. En effet,
Friedrich Hegel : « c’est dans les mots que nous pensons », pour dire que nous
c’est dans le son articulé, mieux encore le mot donne une existence réelle ou
l’interne et l’externe sont intiment liés d’où pour Hegel : « vouloir penser sans
les mots est une est une tentative insensée ». L’ineffable dont on parle souvent
est une pensée obscure, une pensée à l’état de gestation, de fermentation qui ne
peut devenir clair que par les mots.

Conclusion
Dans Discours de la méthode, René Descartes déclare : « le bon sens est la
chose du monde la mieux partagée », ceci veut dire que la raison, la pensée est
un don naturel. Par contre le langage est un élément conventionnel, arbitraire,

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institutionnel. En ce sens la pensée préexiste au langage mais l’existence de la
pensée dépend du langage. Ainsi donc il y a interdépendance entre la pensée et
le langage. Le langage est exclusivement humain parce qu’il remplit toutes
fonctions de communication, d’expression, magique et esthétique, il est
susceptible d’être apprit et décodé parce qu’articulé. Ainsi c’est par abus de
langage qu’on parlerait de langage animal.

Chapitre 3 : Nature, Culture et civilisation


Objectifs du cours. À l’issu de ce chapitre, les élèves de la terminale
littéraire doivent être capable de définir les concepts :

- Nature ; culture et civilisation ;


- Distinguer la nature de la culture ;
- Démontrer que l’homme est un être culturel ;
- Démontrer que les cultures se valent.

Introduction
Le mot nature dérive du verbe latin « Natura » qui veut dire naître. Parler de la
nature, c’est parler de ceux avec lequel on est né. Mais la nature désigne aussi
l’univers ou cosmos, la réalité biologique ou tous milieux donnés à l’homme. La
nature c’est ce qui n’a connu aucune modification artificielle. La culture quant à
elle est ce qu’on ajoute à la nature, c’est toute action de transformation par
laquelle l’homme marque la nature. Synonyme de civilisation, avec une
différence près, la civilisation désigne l’ensemble d’institution et d’habitude de
manière de s’organiser et de vivre qui caractérise un groupe humain dans un
milieu donné. La problématique fondamentale qui se construit autour de ces
termes et de savoir, l’homme a-t-il une nature ?

1. La culture ou cultures
La culture est un processus de transformation. Elle est donc une entreprise qui
vise à humaniser la nature. Mode collectif d’une société, la culture est selon
Taylor : « un tout complexe qui inclue les connaissances, les croyances, l’art, la
morale, le droit, la coutume et toutes les autres capacités et aptitudes acquises
par l’homme en tant que membre de la société ». En ce sens, la culture est une
arme efficace conçue par chaque groupe social pour répondre aux groupes
vitaux. Contrairement à la nature qui est d’ordre de l’hérédité biologique, la

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culture est un héritage. Il n’y a donc pas de société humaine sans culture car
chaque société, chaque peuple ont leurs manières de s’adapter à leur milieu.
Parler donc de peuple non civiliser ou sauvage est une illusion ethnocentrique et
raciste car dit Saint Paul apôtre : « il n’y a plus ni grec, ni barbare, ni juif il n’y
a qu’un relativisme culturel qui dispose que toutes les cultures se valent », il y a
autant de culture, autant de civilisation, il y a plusieurs religions, plusieurs
formes d’art ainsi chaque société a sa culture, tout homme appartient à un
environnement culturel.

2. L’ethnocentrisme
Chaque société a tendance de confondre sa propre culture à celle des autres,
allant jusqu’ traiter de sauvage ceux qui ne sont pas de leur culture. Les Grecs
appelaient barbare ceux qui ne parlaient pas leur langue ; les occidentaux quant
à eux taxaient de sauvage tous ceux qui n’avaient pas de même mode de vie
qu’eux. Dans les deux cas, l’idée de la diversité culturelle est remise en cause ici
et là. Le refus d’admettre ces différences veut dire qu’on préfère rejeter dans la
nature, hors de sa culture tout ce qui est étranger à sa propre culture. Les effets
de cette illusion ethnocentrique ont été nombreuses et désastreuses au cours de
l’histoire : le régionalisme, le tribalisme, le racisme et c’est à juste titre que
Claude Lévis Strauss dans Page et histoire s’est posé de l’ethnocentrisme
que : « l’humanité cesse au frontière de la tribu du groupe parfois même de
village ». Cependant, il faut reconnaitre que l’inégalité entre l’homme et la
femme par exemple n’est pas un fait naturel mais culturel, le culturel ne justifie
pas les inégalités entres les hommes. Ce n’est pas le naturel qui explique le
culturel, le biologique ne saurait expliquer le social au contraire, c’est le social
qui explique le biologique. Si les femmes africaines meurent plus lors de
l’accouchement, ce n’est pas à cause d’une différence naturelle mais d’une
condition de vie peu favorable.

3. L’idée d’une nature humaine


Selon la tradition biblique, coranique, l’homme est un être créé par Dieu et en
tant qu’il est créé, il a une nature qui est celle que Dieu lui a donné. De même
pour Henri Bergson le naturel ne se laisse pas transformer, il a une peau coriace
qui résiste au temps, c’est pourquoi dit-il on a eu tort de dire : « chasser le
naturel, il revient au galop », selon lui, le naturel ne se laisse pas chasser.

Dans l’optique rousseauiste, il existe une nature humaine, c’est l’ensemble des
caractéristiques essentielle : innées, immuable et propre à l’individu ; la couleur
de ma peau, la qualité de mes cheveux, ma taille, ma passion, mes désirs…c’est

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à cause de cette nature « le bon sauvage » peut solidairement vivre en harmonie
avec la nature. En outre, il se passe en nous des phénomènes typiquement
naturels inexplicables ne dépendant pas de notre volonté : la croissance des
cheveux et des ongles, l’apparition des barbes. Mais ceux-ci nous donnent-ils le
droit de conclure que l’homme a une nature ou encore que l’homme soit un
élément naturel ?

4. L’homme comme résulta de la culture


La culture est ce qui fait de nous des hommes, autrement dit, si à la naissance
l’être humain se trouve en dehors du groupe, il n’aura rien qui le reproche de
l’homme. Un enfant qui, à la naissance est maintenu solitaire n’acquiert pas
l’ensemble des qualités qui caractérisent un être accompli : le langage,
l’intelligence, la station debout… L’être humain s’adapte au milieu dans lequel
il nait, grandit. La culture apparait comme un facteur d’intégration dans la
société. Lucien Malson écrit dans les enfants sauvages : « avant la rencontre de
l’autre et du groupement, l’homme n’est rien que des virtualités aussi légère…
dans le monde des autres », ainsi donc selon Lucien, les enfants d’homme
élevés par les loups hurlent avec ces derniers et vont à quatre pattes, c’est ainsi
qu’il continue à dire : « la vérité est que le comportement chez l’homme ne doit
pas à l’hérédité spécifique comme chez l’animal ».

Dans l’optique sartrienne : « il n’y a pas de nature humaine puisqu’il n’y a pas
un Dieu pour la concevoir, l’homme est non seulement tel qu’il se conçoit, mais
tel qu’il se veut ». Autrement dit, pour le père de l’existentialiste athée, il est
absurde de parler d’une nature humaine car avant son existence, l’homme ne
saurait avoir une nature. C’est pourquoi déclare : « l’existence précède
l’essence », ceci veut dire que l’homme n’est pas un déterminé, il est un être qui
se réalise, un être qui se transforme une histoire, un bilan, il n’est rien d’autre ce
qu’il se fait. Dans la perspective marxiste : « l’essence de l’homme n’est pas une
abstraction inhérente à l’individu isolé. Dans sa réalité, elle est l’ensemble des
rapports sociaux ».

Conclusion
Contrairement à ce que pense Jean Jacques Rousseau : « la société corrompt
l’homme », la société l’accomplit. En d’autres termes en tant que la culture est
une entreprise voulue et donc consciente, elle ne saurait asservir l’homme. Sa
transcendance des caractères naturels par des acquisitions culturelles fait de lui
une histoire et non une nature. Il n’est pas question de nier ici l’existence
commune à tous les hommes, mais on ne les retrouve que sur le plan biologique

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et ne sont pas suffisante pour donner une caractéristique humaine objective à
l’homme. Comme le conclue Maurice Merleau-Ponty dans la phénoménologie
de la perception : « il est impossible de superposer chez l’homme une première
couche comportement qu’on appellerait naturel et un monde culturel ou
spirituel fabriqué, tout est fabriqué tout est culturel chez l’homme ».

Chapitre 4 : Autrui


Objectifs du cours. À l’issu de ce chapitre, les élèves de la terminale seront
capables de :

- Définir le concept Autrui ;


- Etablir les éléments permettant la connaissance d’autrui ;
- Démontrer la nécessité et les difficultés de la communication avec autrui.

Introduction
Autrui est un être qui, hors de moi me ressemble. C’est l’autre, c’est-à-dire mon
vis à vis. Autrui est un moi qui pourtant est différent de moi. Mais Autrui en tant
qu’il est différent de moi est une pensée pensante, est une conscience libre. Bien
que semblable à moi, il est inter changeant. Le problème qui se dégage dès lors
est de savoir si Autrui est connaissable ? Autrui peut-il être saisi comme un objet
d’étude et de connaissance ? Puis-je communiquer franchement avec celui qui
est différent de moi ? À quelle circonstance Autrui peut-il s’ouvrir à moi ?

1. La connaissance d’Autrui
La question de la connaissance d’autrui soulève le problème épistémologique de
l’intériorité de l’autre, c’est-à-dire la capacité de pénétrer la conscience de
l’autre et de vivre son expérience comme le vit lui-même. Autrement dit, poser
le problème de la connaissance de l’autre, c’est soulever la question
métaphysique de la science. Il s’agit de savoir : comment puis-je connaitre
autrui entendu comme sujet pensant et donc comme conscience libre ?

Selon les intellectualistes, le raisonnement analogique me permet de connaitre


autrui. En effet, selon René Descartes : « je vois dans la rue des chapeaux et des
manteaux, semblable à ce que je porte moi-même et je juge pour cela que ce
sont des hommes », Descartes déduit l’existence et la connaissance d’autrui à
partir de sa propre existence et de sa connaissance. Me ressemblant sur le plan
morphologique, Autrui possède ce que je possède intérieurement.

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L’amitié est un mode de la connaissance d’autrui, dans l’amitié, je m’ouvre à
l’autre et lui à son tour s’ouvre à moi. L’amour que j’ai pour autrui m’amène à
le révéler à travers le confident. L’amour que j’ai pour mon ami me pousse à
chercher en lui par des aptitudes captives, comme le dit Jacques Lacan : « aimer,
c’est essentiellement vouloir être aimé », ainsi je cherche à connaitre les
exigences psychologiques de de mon semblable pour me confondre à son goût.
Mais pour Antoine de Saint-Exupéry : « aimer, ce n’est pas se regarder l’un
l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction ». Max Scheler dans
Nature et formes de la sympathie pense que c’est dans la sympathie que je
connais celui-ci. En effet, la sympathie que j’éprouve pour mon semblable me
porte rationnellement vers lui afin que je comprenne son problème comme je le
fait pour moi-même. Ceci veut dire que la compassion que j’ai pour l’autre
résulte des souvenirs de mes expériences propres. C’est dans ce sens qu’il faut
comprendre Jean Jacques Rousseau lorsqu’il déclare : « qui n’a jamais réfléchit
ne peut être pitoyable ».

La connaissance d’autrui passe aussi par certaines sciences humaines telles que :
la psychologie, la psychanalyse, la caractérologie. En fin, selon Friedrich Hegel,
l’affrontement des volontés individuelles permet à chaque conscience de prendre
la véritable dimension de ses rapports avec les autres. Dans le conflit, les
consciences se découvrent car : « le moi ne se pose qu’en s’oppose au non-
moi ».

2. Autrui est une énigme (est mystérieux)


Il importe en parlant d’autrui de ce rappelé toujours de ce qu’il est une
conscience libre. Selon Jean Paul Sartre, on ne peut connaitre autrui, puis qu’il
est toujours en situation, et de ce fait, est toujours en train de se faire : ses
réactions sont imprévisibles et ses comportements sont changeants. Comme le
dit Montaigne : « l’homme est ondoyant et divers ». Ainsi pour Sartre, loin
d’être mon semblable, autrui c’est l’autre, c’est-à-dire le moi qui n’est pas moi
et que je ne suis pas. D’ailleurs pour lui, l’existence d’autrui cause ma chute, son
regard me chosifie et me spatialise, m’aliène, me fait honte de moi-même
comme objet de nature, cette honte me fait dépendre d’une autre liberté, c’est
ainsi qu’il déclare : « l’enfer, c’est les autres », l’altérité d’autrui pose un réel
problème de sa connaissance. Très honnêtement, autrui est un étranger sur le
plan biologique, ensuite sur le plan historique et enfin sur le plan de l’éducation.
Comme l’a si bien vu Montaigne : « il se trouve autant de différences de nous à
nous même que de nous à autrui », le langage qui est sensé d’extérioriser autrui

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à travers la communication, occulte plutôt celui-ci dans la mesure où il peut être
mensonger. En d’autres termes, je ne puis jamais être sûr de ce que l’autre me
dit. Exemple : cas d’une jeune fille qui déclare :« je n’aime que Djibrine », alors
elle vient de quitter Ahmad.

3. De la compréhension à la nécessité du sujet


Il est donc aisé de constater que l’homme ne peut être connu au même titre que
les objets de la nature, les roches par exemple qui sont suffisamment mesurable.
L’homme ne peut être connu que relativement. L’amour, la sympathie,
l’analogie ou le conflit ne sont pas toujours les moyens de connaissances mais
bien souvent des facteurs d’illusion, ne dit-on pas souvent que : « l’amour rend
aveugle » c’est-à-dire en tant qu’il est une conscience libre, l’homme est une
réalité très complexe, qui ne peut être connu que relativement. Le visage de
Socrate n’a jamais révélé à ceux qui le rencontraient, l’âme d’un grand
philosophe. En croyant découvrir autrui tel qu’il est, je ne fais que recouvrir de
mes songes. Ainsi la projection se substitue à l’intuition ; et si nous connaissons
vraiment les autres, la vie nous serait peut-être trop amère comme le mentionne
Nédoncelle : « la perception que nous avons de l’homme doit finir par
transformer en rêve pour être tolérable ». La connaissance d’autrui est
incertaine, approximative et beaucoup intuitive. Malgré l’effort des différents
modes proposés pour la connaissance d’autrui, on se rend compte qu’autrui est à
comprendre et non à connaitre comme objet de la science, ce qui est sûr, est que
chacun a en lui cette part obscure et mystérieuse qui le rend différent des autres,
c’est ce que Montaigne appelle : « son arrière-boutique ».

La nécessité d’autrui, c’est accepter son altérité ; même dans le conflit, autrui
me permet de me découvrir et de m’enrichir comme l’estime Jean Paul
Sartre : « Autrui est le médiateur entre moi et moi-même », la relation
interpersonnelle favorise la transformation positive d’une communauté humaine,
réelle ou l’exploitation, l’asservissement deviennent moralement condamnable.
Cette nécessité, consiste à être honnête et à ne pas être source de problème pour
les autres ; à cultiver la culture du dialogue car personne ne se suffit à lui-même,
écrit David Hum : « la solitude complète est la plus grande des punitions ».

Conclusion
Aucun mode de connaissance ne peut supprimer l’aspect mystérieux d’autrui ;
toutefois, l’amour, l’amitié, la sympathie et le dialogue sincère font transcender
le conflictuel pour donner la fraternité et l’humanité, du coup Autrui n’est plus

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pour moi un ennemi, une menace mais une personne ayant une valeur comme
moi, voilà ce qui rend la cohabitation possible.

Chapitre 5 : la conscience et l’inconscient


Objectif du cours. À l’issu de ce chapitre, les élèves de la terminale littéraire
doivent être capable sans utiliser le cahier :

- Définir les concepts : la conscience et l’inconscient ;


- Distinguer les différents types de consciences ;
- Démontrer les différentes manifestions de l’inconscient ;
- Démontrer que la conscience et l’inconscient permettent à définir
l’homme.

Introduction
Le souci premier de la philosophie est de parvenir à la saisie rationnelle de
l’homme. Ceci étant, nous sommes fondés à scruter la question fondamentale,
celle de savoir ce qu’est l’homme. D’emblée, nous savons que l’homme est un
être bidimensionnel, c’est-à-dire constitué aussi bien du corps et de l’esprit,
lequel l’emporte sur le corps, le dirige ; ceci signifie que c’est la pensée qui
enrichit à la limite exécute toutes les actions. À cet effet, si on veut comprendre
le sujet, saisir l’homme dans son comportement, ainsi que la portée et la
signification de ses actions, il convient d’abord d’interroger la source même de
ses actes. Doué de raison, l’homme est-il toujours conscient et maître de ses
actes ? N’est-il pas permis de conjecturer l’existence d’une autre force plus
dynamique que la conscience qui ferait agir l’individu contre son gré ? Quelle
relation peut-on établir entre l’âme et le corps ?

1. Définition des concepts


1.1. La conscience
Étymologiquement, le mot conscience vient du latin : « cum-scientia », qui
signifie être présent à son savoir. La conscience est le sentiment que chacun a de
son existence. La notion de la conscience a d’abord une activité psychologique
et désigne la connaissance plus ou moins claire qu’un sujet pensant a de soi et
du monde extérieur. Exemple : prendre conscience de… La conscience se
développe avec la mémoire et le retour sur soi-même. Elle possède un sens
moral qui s’identifie avec le sentiment du devoir.

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1.2. La conscience philosophique ou réfléchie
C’est l’acte par lequel l’esprit saisit et s’interroge sur sa propre activité. C’est à
René Descartes que revient le mérite d’introduire dans le champ de la
philosophie. La notion de la conscience réfléchit à travers son : « cogito ergo
sum », en effet, au terme de son doute, Descartes découvre qu’il est une chose,
une substance, non pas comme les autres, mais une substance dont toute
l’essence de la nature n’est que de penser. Ainsi : « le cogito ergo sum »
cartésien est la certitude et le fondement de toute chose.

1.3. La conscience professionnelle


C’est le sentiment qu’on a du devoir de bien accomplir sa tâche. C’est
l’ensemble de soucis qui dicte la mesure à un ouvrier. En ce sens elle est un
élément de la déontologie et peut s’identifier à celle-ci.

1.4. Les rationalistes et la primauté de la conscience


Le rationalisme est un système fondé sur la raison ; la raison quant à elle est
entendue comme une faculté de connaitre. Pour les philosophes rationalistes,
l’homme est par essence un être raisonnable, c’est-à-dire la raison, aussi entendu
comme la conscience est la réalité qui, fondamentalement distingue l’homme de
l’animal et de tous les autres êtres. Pour Emmanuel Kant : « la conscience est ce
pouvoir qui élève l’homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants
sur la terre », le sujet pensant est entièrement maître de lui-même, de ses actes
et de son destin. C’est en tout cas ce qui ressort de cette affirmation de
Descartes : « le sujet pensant est entièrement libre et maître de sa pensée
toutefois qu’il pense », pour dire avant d’agir, le sujet pense, réfléchit d’abord,
tous ses actes sont alors dans le contexte éclairé, médité et conscient. Les
rationalistes pensent qu’il est hors de question qu’un homme pose des actes
qu’on supposerait inconscient. Dans son livre intitulé Émile, Jean Jacques
Rousseau identifie la conscience comme un instinct divin, juge infaillible du
bien et du mal, dit-il nous rend semblable à Dieu. Il parle ainsi de la conscience
morale et fait l’éloge de la rationalité de l’homme.

1.5. La conscience husserlienne ou conscience comme


intentionnalité
Pour le philosophe allemand Edmond Husserl, la conscience cartésienne est
renfermée sur elle-même (solipsisme) et n’intègre pas le monde qui lui est
extérieur. Autrement dit, la conscience est intentionnelle, c’est-à-dire toujours
ouverte au monde extérieur, c’est pourquoi déclare-t-il : « toute conscience est
conscience de quelque chose », pour dire on ne parle de conscience que si un

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sujet est en relation avec un objet existant ou fictif. La conscience est donc l’acte
mental par lequel un ego (moi) vise un objet (objectum).

Cependant, l’expérience de la vie en société nous révèle que bien que doué de
raison, l’homme est souvent amené à poser des actes dont la signification lui
échappe, quelquefois le sujet perd le contrôle de lui-même. Exemple : si je
savais…je n’aurai pas du…Au lieu d’être considéré comme un être doué de
raison, l’homme n’est-il pas fondamentalement inconscient étant donné qu’il ne
vit que par et pour son corps ?

2. L’inconscient
L’inconscient désigne une dimension cachée de l’esprit à la base des
comportements, jusque-là taxée de mystérieux, d’irrationnel et par conséquent
inexplicable. C’est ce qui est privé de conscience ou ce dont on n’a pas
conscience mais dont on peut prendre conscience. Au XVIIème siècle, Leibniz
s’interroge déjà sur les petites perceptions qui agissent à notre insu ; au
XVIIIème siècle, Nietzche parle de l’intuition d’une force intérieure totalement
séparée de la conscience. C’est un médecin neurologue et psychiatre autrichien
Sigmund Freud (1856-1939) que revient le mérite de la découverte de
l’inconscient. Cette découverte fut une grande révolution dans la compréhension
du sujet, avec elle cesse d’être ce sujet rationnel, totalement conscient, c’est
pourquoi dit-il : « la conscience est prisonnière d’illusion », elle est ignorante
des mobiles des actes qu’elle pense émaner d’elle. Selon lui, le moi est tributaire
de l’inconscient qui, en lui, sans lui et malgré lui agit, c’est ce que Blaise Pascal
(1623-1662) signalait en ce terme : « le cœur a sa raison que la raison ignore ».
Ainsi pour Sigmund Freud, il faut interpréter le rêve si on veut connaitre le sujet
et expérimenter l’inconscient.

2.1. La conception freudienne du psychisme humain


La psychanalyse a largement contribué à la compréhension de l’homme. Dans la
première topique, Freud conçoit l’appareil psychique comme composé de trois
parties : le conscient ; le préconscient et le conscient. Un peu plus tard, il
constate la sexualité occupe une place capitale dans la mise en place du
fonctionnement psychique humain, ceci le conduit une deuxième fois dans la
deuxième topique à refuser sa conception première, on aura alors : le moi ; le
surmoi et le ça.

- Le ça, il désigne l’inconscient proprement dit qui, selon Freud est le


siège de désir insatiable qui oriente le sujet vers la recherche

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permanente du plaisir ou de satisfaction. Il est donc le réservoir des
pulsions qui pousse l’homme à la conquête de la satisfaction de ses
désirs dont la source primordiale est la libido ;
- Le surmoi, c’est la deuxième instance du psychisme. Il est le centre des
interdits socio-parentaux, un ensemble des règles éthiques qui
régularisent la vie en société. Le surmoi se présente comme l’instance
judiciaire qui exerce sur le ça une pression constante afin d’adapter ses
exigences sociales. Il résulte de l’intériorisation des interdits durant
l’enfance et les étapes du développement des affectifs ;
- Le moi, encore appeler la conscience. Le moi suis un instinct chargé
d’adapter les désirs du ça aux exigences du surmoi. Il est comme nous
l’avons dit un peu plus haut, le tamis des désirs à satisfaire.

C’est au regard de cette conception psychique humain de surmoi et de ça que


Freud est venu à déclarer : « le moi n’est pas dans sa propre maison », pressé
par le ça, anéanti par le surmoi puis par les réalités extérieures, le moi se bat
pour accomplir sa tâche économique : établir l’équilibre entre les différentes
forces qui agissent en et sur lui.

2-3- La conception freudienne de la sexualité

La sexualité est entendue comme l’ensemble des comportements relatifs à la


satisfaction de l’instinct sexuel. La libido qui est le désir, la recherche instinctive
du plaisir ou la satisfaction sexuelle, elle envahit le corps à travers les zones
d’érogènes, c’est-à-dire les parties du corps qui sont capables de procurer et
d’exciter de désir sexuel tel que : la bouche, le sein, la poitrine, la fesse, le sexe.
Ces réalités de la sexualité commencent dés notre enfance et joue un rôle très
important dans la découverte de l’inconscient. Il y a six (6) stades dans la
croissance de la personne :

Stade buccal ou oral (de 0 à 6 mois). Pendant cette période, l’enfant cherche à
obtenir une satisfaction sexuelle par la bouche, c’est-à-dire l’enfant prend plaisir
à sucer ; l’acte de sucer le sein maternel est le point de départ de toute vie
sexuelle. Lorsqu’il cesse de sucer le sein, il le remplace par des objets faciles :
son pouce ou sa langue.

Stade de narcissisme (de 6 mois à 1 an). La poussée des dents va conduire


l’enfant à la morsure du sein de sa maman. Le sevrage va créer une tension entre
l’enfant et sa mère. L’enfant va se livrer aux activités essentiellement au plaisir

23
personnel : la succion du pouce ou de la langue. Freud parle en termes de
satisfaction auto-érotique, c’est-à-dire amour charnel.

Stade sadique-anal (de 1 à 3 ans). Le plaisir est lié à la satisfaction de certains


besoins organique, les matières fécales. L’enfant défèque par économie et
éprouve le plaisir de tout détruire les objets fragiles. Il ne connait pas la pitié et
le regard menaçant d’autrui ne le paralyse pas. La notion de la propriété créera
une situation de tension entre l’enfant et sa maman. La phase génitale pendant
laquelle, l’enfant prend intérêt à ses organes génitaux.

Stade phallique ou œdipien (de 3 à 6 ans). Pendant cette période, l’enfant se


livre à des représentations imaginaires, de production. C’est le début du
complexe d’œdipe, puisque le garçon est affectueusement lié à sa mère, qu’il
veut l’avoir tout seul et devient jaloux de son père. Il en est de même pour la
fille à l’égard de sa mère.

La période de latence (de 6 à 12 ans). La libido infantile va connaitre un déclin


et refoulé, voire détruit. L’enfant est désormais orienté vers les buts sociaux et
culturels.

La période turbulence ou pubertaire (de 12 à l’âge adulte). La libido reprend


et donne l’orientation sexuelle à la personne. C’est le moment de contact sexuel
avec un autre sexe.

Par la libido, Freud fait comprendre que la vie sexuelle ne commence pas à la
puberté mais dès la naissance. Le rôle de l’enfance dans la formation de la
personnalité, surtout le complexe d’œdipe considéré comme le noyau de névrose
ou de perversions explique les échecs, les déceptions amoureuses. La
personnalité de l’homme trouve ses explications dans son enfance avec les
premières relations parentales, c’est-à-dire le passé psychoaffectif de l’homme
gouverne sa vie à l’âge adulte. Voilà pourquoi Wordsworth dans son poème arc-
en-ciel déclare : « l’enfant est le père de l’homme »

2.2. Les manifestations de l’inconscient


Pour Freud, l’inconscient existe, il est même dynamique et actif. Freud est
parvenu à l’inconscient à partir de certaines données comme : les actes
manqués ; les rêves, les lapsus, Les oublis pathologiques, les névroses et les
psychoses

24
- Les actes manqués sont des erreurs involontaires, c’est un acte qui
échoue à atteindre le résultat que visait son auteur et qui en atteint un
autre, qu’il ne visait pas, du moins consciemment : oublier un rendez-vous
qu’on voulait aller ; au lieu de dire : « je regrette que vous soyez
malade », on dit : « je regrette que soyez guéris ». Synonyme de
« lapsus », qui consiste à dire un mot à la place d’un autre. Freud, qui ne
croit pas au hasard psychique, y voit la manifestation d’un désir refoulé,
qui vient perturber l’enchainement conscient et volontaire de nos actes :
ainsi en voulant appeler Zenaba, j’appelle Roukaya, je trahis un certain
amour pour une certaine Zenaba ;
- Les rêves, c’est une représentation mentale des objets agréable et
désagréable pendant le sommeil. Pour Freud rêve est une réalisation d’un
désir ;
- Les névroses et les psychoses désignent les troubles de la vie mentale, de
comportement ou de déviation constatée chez l’homme. Le névrosé serait
malade de nerfs tandis que le psychotique est malade de l’esprit. La
distinction entre ces deux troubles mentaux reste d’ailleurs difficile à
cerner. Toutefois elles se manifestent par la paranoïa, un délire sur une
perception fausse de la réalité ; l’homosexualité, un trouble due à la
manifestation de désir sexuel de l’homme vers un autre homme ; le
lesbianisme, contraire de l’homosexualité, un trouble due à la
manifestation de désir sexuel entre deux femmes ; la pédophile est une
forme de déviation sexuelle des vieux avec les mineurs ; la gérontophilie
une perversion sexuelle des vieux par les jeunes, contraire de pédophilie.

Les névroses sont moins graves dans la plupart des cas et restent parcellaires ou
localisés susceptible d’un traitement psychothérapeutique. Les psychotiques sont
ordinairement plus graves et perturbe la totalité de la vie psychique, ils sont
généralement de la schizophrénie, cette maladie mentale, caractérisée par la
rupture ou contact avec le monde extérieur.

2.3. La critique de l’inconscient freudienne


La thèse de Freud est lourde de conséquence d’ordre philosophique. En
déclarant que l’inconscient est la réalité essentielle de l’appareil psychique, cette
déclaration sera sévèrement critiquée par des philosophes comme : Alain et Jean
Paul Sartre.

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- Selon Alain, l’inconscient remet en cause la liberté du sujet face aux actes
conscients. Pour lui, si c’est l’inconscient qui commande les actions
humaines alors l’homme cesse d’être libre et la liberté de l’homme n’est
que de l’illusion. L’inconscient est un mythe dangereux, de
l’irresponsabilité et un abandon de soi à l’inconscient.
- Pour le père de l’existentialiste athée, Jean Paul Sartre, aucun
déterminisme ne pèse sur l’homme. L’homme est liberté et responsabilité,
c’est-à-dire l’homme est toujours responsable de ses actes, puisque la
responsabilité implique la liberté. Il est hors de question que l’inconscient
soit le maître de nos actes et de nos choix. Tous ceux qui justifient leurs
actes par l’inconscient sont selon Sartre de : « mauvaise foi », être de
mauvaise, c’est fuir ses responsabilités, c’est refuser d’assumer notre
liberté humaine.

Conclusion
L’inconscient est une réalité n’en déplaise à Alain et Sartre. Cependant, il n’est
pas autonome et est l’inconscient d’un sujet pensant. On ne saurait donc
autoriser à douter de la conscience et de l’autonomie du sujet qui demeure un
être libre et moralement responsable. Si la conscience caractérise l’homme
entant que sujet libre, il n’y a pas en douter que la liberté ne se conçoit sans
l’idée d’obstacle qu’elle doit surmonter pour s’affirmer. L’inconscient n’exclue
donc pas la conscience. D’ailleurs le simple fait que l’homme soit capable de
prendre conscience de son état d’ignorance prouve qu’il est un être conscient.

Chapitre 6 : le travail et la question sociale


Objectif du cours. À l’issu de ce chapitre, les élèves de la terminale littéraire
doivent être capable de :

- Définir le concept travail et la question sociale ;


- Démontrer que si l’homme travaille, c’est parce que la nature n’offre
pas de quoi satisfaire ses besoins ;
- Préciser que le travail est une aliénation du travailleur et en même il
le libère ;
- Préciser les modes de production et les solutions liées aux problèmes
du travail

Introduction
Le mot travail vient du terme latin : « tripalium », qui est un instrument servant
à immobiliser les grands animaux. Le mot travail porte la marque de l’énergie

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qu’on déploie pour exercer un métier. La Fontaine introduisait l’une de ses
fables en ce terme : « travaillez, prenez de la peine ». Pour certain, le travail est
une activité spécifiquement humaine caractérisée par une dépense consciente
d’énergie en vue d’une fin utilitaire. La problématique fondamentale
philosophique qui se dégage ici est la suivante : le travail est-il une activité
servile ou une activité de libération ?

1. Le travail comme signe de malédiction ou recherche d’une


satisfaction
Le caractère souvent pénible du travail renforce la négative idée qu’on peut s’en
faire du travail comme une activité de lutte entre la nature et l’homme. Il est
évident que l’homme travaille la nature en vue d’en extraire les produits à cause
du fait qu’elle ne l’offre pas spontanément. L’agriculteur par exemple est séparé
de ce qu’il attend par plusieurs activités ; il doit préparer le champ : labouré,
semé, désherbé. En un mot le travailleur n’a pas un temps de repos. Selon
Genèse : 3.17, le travail est perçu comme un châtiment lié au péché
originel : « Eh bien par ta faute, le sol est maintenant maudit. Tu auras de la
peine à en tirer ta nourriture pendant toute ta vie » ; « tu gagneras ton pain à la
sueur de ton front », il faut comprendre par ces versets que l’homme est
condamné à travailler jusqu’à la fin de ses jours et n’aura jamais aucune facilité
à obtenir sa nourriture. Cependant, la détermination des hommes, même les plus
riches à travailler nous amène à nous interroger sur le vrai sens du travail. Loin
d’être asservissant, le travail n’est-il pas c’est parfois l’homme se libère ?

2. Travail : signe de liberté et d’intelligence humaine


2.1. Travail comme liberté
Par le travail, l’homme est devenu comme maître et possesseur de la nature dans
laquelle il vit ; en ce sens le travail n’est plus une activité négative mais un
remède à cette négativité. Du point de vue de la tradition chrétienne, l’homme
est appelé à participer à la création ainsi, la création n’est pas une réalité
statistique. Chaque fois que l’homme marque la nature de ses mains, il évolue.
C’est pourquoi Jean Lacroix écrit : « le travail étant une aliénation en même
temps remède à cette aliénation », Il faut donc cesser de considérer le travail
comme la conséquence dramatique du péché originel. En mettant la nature en
valeur, le travail prend la forme d’une activité libératrice.

Pour Hegel, le travail est un processus de libération et d’objection de l’homme.


Pour lui, l’esprit parvient à une prise de conscience de l’être par le travail. Le
travail permet donc de passer de la subjectivité à l’objectivité, de la particularité

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à l’universalité. Par conséquent, celui qui ne travaille pas dégénère, c’est-à-dire
s’il est maître, il devient esclave de celui qui travaille pour lui. Il perd sa liberté
dès qu’il n’a plus de rapport personnel avec la nature. Par contre, par son travail
l’esclave devient le maître de son maître, lui seul jouit d’une liberté ; c’est ce qui
ressort de la dialectique du maître et de l’esclave exposé dans la
phénoménologie de l’esprit. Il ressort de cette analyse hégélienne que
l’humanité ne peut se réaliser dans l’histoire que par le travail ; celui-ci
transforme le monde, transforme aussi la nature et la condition humaine en
développant les potentialités qui y sommeillent. De même pour Voltaire dans
Candide : « le travail éloigne de nous trois grands maux : le vice, l’ennui et le
besoin »

2.2. Le travail comme signe de l’intelligence humaine


Le travail révèle l’intelligence humaine. Venant nu sur terre, l’homme doit user
son savoir-faire pour fabriquer des outils pour pouvoir vivre et survivre. La
transformation de la nature exige la fabrication de l’outil de plus en plus
sophistiqué grâce auquel l’homme se présente cette nature. Selon Karl
Marx : « ce qui distingue dès lors le plus mauvais architecte de l’abeille la plus
experte, de ce qu’il construit la cellule dans tête avant de la construire dans la
ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans
l’imagination du travailleur », en faisant passer les réalités dans son
intelligence, l’homme affirme son autonomie par rapport à l’animal, ce qui veut
dire que le travail est le propre de l’homme dans la mesure où il est une activité
visant à humaniser la nature. Des bœufs attelés à la charrue dépendent de
l’énergie ainsi que les abeilles qui construisent leur ruche, la femme en travail
soufre de douleur physiologique mais dans tout ce cas de figure, on ne saurait
parler de travail au sens humain du terme. Le travail est ce parfois l’homme
réalise son humanité, c’est-à-dire le travail est une volonté de dépassement, de
transformation ; elle s’oppose à l’activité animale qui se fonde sur l’instinct
naturel. Sans doute penserions-nous que le travail a pour but la rémunération,
mais le salaire est une fin subjective qui ne saurait justifier le travail. Le travail
doit conduire à entrer en solidarité avec les autres, c’est-à-dire avec l’humanité
tout entière. Cette solidarité peut être horizontale ou verticale.

3. Evolution du travail
3.1. De l’outillage au machinisme
Dès son apparition sur terre, l’homme en voulant satisfaire ses besoins a utilisé
un outil. Les conditions travail ce sont largement amélioré au fur et à mesure

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qu’évolue l’intelligence humaine. Mais toujours est-il que le corps humain
demeure le moteur de ces outils. L’homme vit à proprement parler aujourd’hui
dans son milieu naturel. Les épreuves du travail du travail ont développé
l’intelligence qui, elle aussi a développé les outils les outils de travail. Au fil des
âges, la machine a fait son apparition. Aujourd’hui, on ne saurait douter de ce
que l’homme vit non plus dans un milieu naturel mais dans un milieu technique.
De nos jours, c’est l’énergie extérieure qui meut les autres forces naturelles sans
pourtant les modifier, grâce à la technoscience, les industries ont vu le jour, la
condition humaine a radicalement changé.

3.2. Les avantages du machinisme


À son temps, Aristote déclarait prophétiquement : « quand les navettes
marcheront toutes seules, nous n’aurons plus besoin d’esclave », cette vision
aristotélicienne s’est réalisée car, nous constatons que le machinisme a libéré les
femmes et les hommes de certains dures travaux ,la construction des
tracteurs ,des pelles mécaniques des niveleuses et bien d’autres machines en sont
un témoin irrévocable ,la machine a permis à l’homme de dominer l’espace et le
temps ;aller d’un continent  à un autre n’est qu’une question de minute 
l’apparition de la téléphonie mobile a aussi franchement libéré l’homme. Du
point de vue de la productivité on note une nette amélioration. La Robotisation du
travail a offert la possibilité d’un travail non répressif, caractérisé par le pré
domination du temps libre et des loisirs , avec ce machinisme il y a eu de
spécialisation, c’est-à-dire chaque agent se spécialise dans un genre de métiers,
installant ainsi la vitesse de la production avec la durée du travail baissée, le
congé payé, la période d’instruction ne cesse d’accroitre ; ce qui reste maintenant
pour l’homme selon Herbert Marcuse : « c’est travailler, acheter, acheter,
travailler », pour dire que le machinisme augmente la puissance de l’homme.
C’est dans cette perspective que le chimiste français Marcellin Berthelot a pu
affirmer que : « la science est la bienfaisance de l’humanité ». Jean Rostand
renchérit cette pertinence que la science est capable de résoudre tous les
problèmes de l’homme. C’est pourquoi dit-il : « la science a fait de nous des
dieux avant que nous n’ayons la statue d’homme ». Mais le machinisme n’est pas
lui-même manque des enjeux négatifs.

3.3. Les inconvénients du machinisme


Le machinisme constitue la dépossession du travailleur, c’est-à-dire la civilisation
technologique détourne parfois l’homme de sa vie spirituelle, à une vitesse
exponentielle on est passé de la civilisation de production à la civilisation de

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consommation ; des hommes se complaisent dans les satisfactions animales des
besoins artificielles de luxe imposées par les publicités ; les conséquences sont
certaines : production industrielle sauvage , l’usage aveugle des produits ; la
civilisation industrielle a déshumanisé l’homme, les machines ont remplacés le
corps et l’esprit en créant plus de servitude, réduisant ainsi le peuple au chômage
et à la misère, causant de nombreux accidents. C’est dans cette nuisance causée
par le machinisme qu’Albert Chavand écrit : « longtemps notre fierté, la science
est devenue notre crainte ». L’automatisme du travail industriel fait perdre à
l’homme son humanité, elle l’a dépouillé de sa valeur, sa dignité, transformé en
un automate(robot, machine automatique)’il faut rappelé le travail à la
chaine ,l’on verrait que ouvrier est devenu un automate qui travaillant au rythme
de la machine se trouve aliéné ;en plus l’avènement du machinisme s’est
accompagnée de la privatisation du capital, cause première de la société de
classes ,caractérisé principalement par l’exploitation des ouvriers au profit des
maitres (grands exploitant) ;dans les sociétés capitalistes la force de travail
dévient une marchandise dans la mesure où elle crée d’autre marchandise ; on
comprend alors le sens de l’affirmation d’Éric Frank lorsqu’il écrit : « la main
d’œuvre recrutée sur le marché de travail n’est qu’un matériel humain qui fait
partie d’outillage et dont l’emploi est subordonné à la production », en d’autre
terme, l’employeur achète la force de l’ouvrier qu’il ne paye qu’en partie ; le
salaire n’équivaut pas à la quantité de l’énergie fournit ;c’est pourquoi on dit par
son travail l’ouvrier s’aliène ;celui qui vit sans travailler s’enrichît alors que
l’ouvrier s’appauvrit.

4. La question sociale
La question sociale est une proposition des solutions servant à résoudre le
problème de l’organisation économique de la société, de la distribution de
consommation, du bien matériel et le problème de la propriété privée. Selon
André Lalande : « la question sociale est le problème consistant à résoudre les
difficultés économiques et morales que soulève l’existence des classes sociales et
le fait de misère ». Pour ce faire, divers types de solutions proposées à la question
sociale :

4.1. La solution du libéralisme économique ou le capitalisme


Pour les libéraux, il faut : « laisser faire, laisser passer », selon eux si un produit
est rare, c’est que la demande dépasse l’offre et donc le prix doit s’élever
seul. Mais si l’offre est supérieure à la demande, le prix baisse. Il est naturel que
le prix très élevé stimule l’offre et que les produits chers fabriqués en grande

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quantité font baisser le prix ; de même le salaire des ouvriers est soumis à une
relation naturelle, s’il est trop bas dans une profession, on n’aura pas assez des
candidats et si un grand nombre d’ouvriers se proposent d’embauche, cela fait
baisser le salaire. Donc pour les libéraux, la plupart des difficultés économiques
et sociales vient de l’intervention de l’État qui prétend réglementer les prix des
marchandises, le salaire et d’autres échanges économiques.

4.2. Le marxisme ou la critique du capitalisme


Le marxisme est un courant de pensée fondé par Karl Marx et Engels qui,
préconise la subordination des propriétés privées des moyens de productions à
l’intérêt général ; synonyme du socialisme. Pour les marxistes, dans le système
libéral, les patrons exploitent les ouvriers, puisqu’ils les font travailler plus pour
un salaire dérisoire ; la liberté que parlent les libéraux est théorique. Le chômeur,
compte tenu du manque de travail est obligé d’accepter ce que lui propose son
employeur juste pour sa survie. Pour Karl Marx et Engels le capitalisme comme
système d’exploitation de l’homme par l’homme doit disparaitre pour donner
place au socialisme d’un Front Commun Contre les Grands Patrons qui, selon eux
est le seul moyen de la révolution pour renverser la situation et donner la
nationalisation des moyens de production qui, jusque là divisent les hommes en
classe sociale à une autorité centrale considérée comme gardien des moyens de
production ; chargé de la distribution équitable des biens, qui assure la sécurité
sociale.

4.3. La solution de l’église catholique


Pour les religieux, il faut que les industriels cessent d’exploiter les ouvriers car
nous sommes issus d’un même Père (Dieu). Car Dieu dit : « aimez-les-vous-uns,
les autres comme je vous aime », pour l’église, il faut la conversion des volontés
au bien matériel serait la solution au question sociale, car le système capitaliste
n’est pas injuste en lui-même mais ce sont les hommes qui exploitent
indignement d’autre hommes.

4.4. La solution des nations unies


Reconnaissant l’égalité de droit de tout homme, les Nations-Unies condamnent
les États qui violent les droits des travailleurs, les phénomènes de l’exploitation
des enfants mineurs et de l’injustice liée à la rémunération. Elles s’occupent de la
formation des syndicats à travers ses deux organisations : le OIT (Organisation
Internationale des Travailleurs) et le BIT Bureau International des Travailleur).

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Conclusion

Le travail est défini comme un mode du rapport de l’homme à la nature.


Premièrement conçu comme conséquence du péché originel de l’homme, le
travail dans le temps prit un facteur libérateur dans la mesure où en travaillant,
l’homme se libère de son animalité, de ses besoins et de la nature elle-même.
Cependant, l’évolution de la technique de travail a profondément fait évoluer le
travail lui-même, le passage des outils aux machines a défiguré le travail et le
travailleur. Désormais, le travail n’est plus perçu comme une activité libératrice
mais comme une activité aliénante. Dans ce contexte l’ouvrier n’est plus
important que le produit de son travail. Quoi qu’on dise, de quelle solution de
travail qu’il s’agisse, le vrai travail qui a un sens humain, est celui proposé par
l’église catholique et les nations-unies car le respect de la dignité humaine
pourrait régler le problème lié à la question sociale.

Chapitre7 : l’État et le pouvoir politique

Objectif du cours : à la fin de ce chapitre, l’élève de la terminale les élèves de


la terminale doivent être capable de définir les concepts : État, Nation et
Patrie et leur distinction ; connaître les fonctions de l’État est de libérer
l’individu de toutes craintes ; énumérer les différentes doctrines politiques et
procéder à l critique du rôle de l’État.

Introduction : dans l’histoire de l’humanité, l’État apparait comme une


communauté organisée où s’exerce l’autorité politique. C’est une communauté
juridique autonome. Selon Aristote : « l’État est une communauté du bien vivre
tant pour les familles et pour les groupements de famille en vue d’une vie
parfaite ». Il faut comprendre ici que l’État est la forme d’une société
organisée. Nous sommes alors tous membre de l’État et l’État c’est nous. Dans
une autre acception, l’État est l’appareil qui gouverne cette société, c’est une
entité politico-juridique qui manifeste son autorité à travers les institutions telles
que : les lois, les prisons, la police… Dans ce sens, l’État ce sont ceux qui
gouvernent, c’est eux. Dans cette perspective, critiquant l’État, Nietzsche
déclare : « l’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids, il ment
froidement et voilà le mensonge qui s’échappe de sa bouche « moi l’État, je suis
le peuple » ». Il se dégage dès lors une lancinante question, celle de savoir si la

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constitution de l’État signifie négation de droit et de liberté individuelle ?
Autrement dit, quels sont les enjeux de l’institution de l’État ?

I. Approche conceptuelle des termes


1.L’État : est un ensemble organisé d’homme, d’institution politique, juridique et
administrative. C’est une société organisée ayant à sa tête un organe investi du
pouvoir politique et juridique. Il est constitué : un territoire ; une population ; un
gouvernement ; une armée et la reconnaissance internationale de son autonomie.
L’État est aussi l’ensemble de gouvernement et moyen mise à sa disposition en
vue de gérer efficacement la vie politique, économique et sociale.
2. La nation est l’ensemble d’homme habitant ou non sur un même territoire et
ayant une origine commune, pratiquant des traditions et des mœurs communes
telles que la tradition, la langue et ayant aussi un passé commun. Exemple : la
nation juive ; la nation tchadienne.
3. La patrie : c’est le nom sentimental ou affectif de l’État. Ce terme exprime
l’attachement à ce dernier, ce terme dérive de patriarcat qui veut dire patriarche,
les membre d’une même patrie se considère comme frère et sœur, comme ayant
un patrimoine commun et à garder le patriotisme qui se manifeste à travers
l’hymne national et le respect des couleurs.
II. Origine de l’État
Parler de l’origine de l’État, deux thèses sont développées pour nous la faire
comprendre, il s’agit des thèses religieuses et contractualiste.
1. La thèse religieuse

Du point de vue, le prince est oint. Il est investi d’un pouvoir divin, car il a reçu
son pouvoir de Dieu. À ce sujet l’apôtre Paul déclare : « il n’y a pas un seul
pouvoir qui ne soit pas venu de Dieu » ; « tout pouvoir vient de Dieu ». Selon les
tenants de cette thèse, l’État est une institution dont l’ordre de la création fut
donné par Dieu. Ainsi donc le roi est le représentant de Dieu sur terre, lui obéir,
c’est obéir à Dieu, par contre toute désobéissance à son autorité constitue un
péché voire un sacrilège.

2. La thèse contractualiste

À partir du temps moderne, le pouvoir d’État cesse d’être envisager comme venu
de Dieu mais le produit des hommes. L’idée du contrat suppose alors un accord
lequel les hommes sont constitués de l’institution d’une communauté politique.
L’État cesse d’avoir un fondement divin pour devenir une institution humaine
républicaine. Dans l’histoire de la philosophie, deux grandes théories de contrat

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social sont développées par Jean Jacques Rousseau et Thomas Hobbes. En effet,
selon Rousseau avant de parvenir à l’’État politique ou social que nous vivons
aujourd’hui, les hommes vivaient à l’état de nature, plus ignorant, ils étaient plus
vertueux. À cause de leur bonté naturelle, les hommes ne se faisaient pas de mal.
C’était un monde de sécurité et de la liberté totale où personne n’avait peur de
personne ; un état où rien n’appartenait à personne, un état de béatitude, de
félicité, de générosité et de douceur. Malheureusement cet état fut de courte durée
car conscient de leur droit, les hommes ont aspiré à leur garantie de leur vie. Pour
ce faire, les hommes ont décidé de remettre leur droit à un seul chef en vue qu’il
les garantisse. Ainsi donc pour Rousseau, l’’État, résultat d’un contrat social et à
pour but de réaliser et de garantir la liberté et la sécurité auxquelles les individus
ont naturellement droit.

Pour Hobbes, l’état de nature est un état d’insécurité, un état de guerre de tous
contre tous, un état où l’homme est loup pour l’homme. C’est donc conscient de
cette précarité de nature que les hommes ont unanimement décidé de la signature
d’un double pacte : le contrat horizontal qui instaure la paix entre les hommes et
le contrat vertical qui institue l’État et lui donne le pouvoir de veiller sur les
choses du premier contrat.

Les deux points de vue de Hobbes et de Rousseau ont quelque chose de commun.
En effet, ils démontrent que l’’État est une institution ayant pour but la paix
sociale. L’État est une ordination de la multitude dont le pouvoir lui vient du
peuple, il est donc une : « República », dans le vrai sens de la chose du peuple ou
publique.

III. Fonction et critique de l’État


1. Les fonctions sociales de l’État

Par définition, l’État est une autorité politique qui exerce son pouvoir sur le
peuple, c’est un organe juridique dont la principale fonction est de libérer
l’individu de la crainte. Il a pour but fondamental de s’occuper de la gestion
politique, économique et social. Garant des libertés individuelles ; l’État doit
créer un cadre idéal d’épanouissement des citoyens. Comme le dit Baruch
Spinoza, l’État doit faire en sorte que les âmes et les corps des citoyens
s’acquittent en sureté de bonne fonction. Dans le même sens Herbert Marcuse
déclarait : « l’État est le seul capable d’assurer l’émancipation ». Selon cet auteur,
seul l’État est capable de créer les meilleures conditions de bonheur de citoyen. À

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cet effet, il doit les protéger de toute forme d’injustice, s’assurer de leur égalité,
garantir la protection de leur bien.

Dans l’optique aristotélicienne : «: « l’État est une communauté du bien vivre tant
pour les familles et pour les groupements de famille en vue d’une vie parfaite »,
de son avis, l’existence humaine en tant que celle d’être raisonnable n’a de sens
qu’au sein de la communauté où l’État fait régner l’ordre, la stabilité sociale. En
un mot, comme le conclut Baruch Spinoza : « la fin de l’État est donc en réalité la
liberté ».

Malgré la noblesse des fonctions de l’État si clairement définies, elles font l’objet
de multiple critique.

2. Critique de l’État

Pour certains théoriciens de l’Etat, celui-ci n’a pour seul but que la domination
des citoyens. L’Etat est un appareil de répression et de contrainte au service
unique de la clap dirigeante en ce sens, l’Etat se présente pour eux comme
obstacle aux libertés individuelle il est assimilé à un parasite qui se nourrit
toujours sur le dos de la société selon Marx et Hegel « le pouvoir politique est le
pouvoir organisé d’une classe et d’une autre ». Pour eux et comme pour tous les
anarchistes, les peuples souffrent parce que l’Etat est un monstre dangereux qui
ne dit pas son nom mais qui, dans son abstraction, cherche à bafouer les intérêts
des citoyens, il représente souvent l’expression déguiser d’une classe sociale sur
une autre. Les lois de l’Etat sont définies en fonction égoïste ceux qui gouvernent,
de ceux qui ne sont jamais pris par la loi. En outre l’armé, la prison, la loi (ARE)
sont devenues de véritable instrument, de torture, le peuple est conduit à
l’obéissance inconditionnel pour les anarchistes, il faut faire disparaitre, l’Etat
afin de permettre aux citoyens de jouir leur liberté, pour BAKOUNINE, l’Etat
est : « un immense cimetière ou viennent s’enterré toutes les manifestations de la
vie individuelle ». Pour le renchérir PRODHON, considère que l’Etat sacrifie les
intérêts des individus selon lui, une authentique vie sociale suppose la
suppression de tout pouvoir. Ainsi parlait ZARATHOUSTRA Nietzsche pense
que « l’Etat c’est le plus froid de tous les monstres froid ». IL ment en disant qu’il
est le peuple faut-il alors, compte tenu de ces critiques conclure que l’Etat doit
s’effondrer ?

Selon toutes vraisemblances l’essence de l’Etat comme nous l’avons dit est la
garantie de la liberté et de sécurité, en un mot, l’émancipation des citoyens dans
un cadre social stable. Considérer l’Etat comme un mal médical à la façon des

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anarchistes, est une illusion sans excuse comme le démontre si bien les théories
contractives. L’Etat est l’ordination du peuple, ses lois sont celles qui émanent de
la volonté générale, par conséquent obéir aux lois de l’Etat n’est pas une
aliénation bien plus c’est garantir, les fondements de ses droits. Comme le
démontre Jean- Rousseau dans contrat social « l’obéissance aux lois qu’on s’est
prescrite est liberté ».

IV -Les grandes doctrine politiques :

L’analyse de système politique à travers le monde et au cours de l’histoire de


l’humanité nous permet de distinguer plusieurs doctrine politiques. Notre étude
s’intéressera à quelques principales :

1 -Le totalitarisme

Le totalitarisme est un système politique dans lequel celui qui gère le pouvoir à
une autorité absolue.

Dans ce système l’autorité de l’Etat à une origine transcendante, elle n’émane pas
de l’individu.

Les pouvoirs législatif , exécutif et judiciaire sont concentrés entre les mains


d’un petit nombre ( L’aristocratie ou la technocratie) ou d’un seul individu
(monarchie)subordonne les droits de la personne humaine à la maison
d’Etat .Dans un système totalitaire ,l’Etat n’a pas de compte à rendre aux hommes
car le pense Bossuet « le Roi est oint du seigneur ».Les systèmes totalitaire sont
une forme de dictature :Le fascisme ,le Royauté ,le nanisme ,mobutisme sont là
quelques formes totalitaire .

2- L’anarchisme

L’anarchisme est un système politique représenté par les Russes BAKOUNINE et


Kropotkine et les français Elisée Redus et Jean Grave ; un système qui considère
l’Etat comme un mal radical une source d’aliénation de la liberté. Selon les
anarchistes l’Etat est synonyme abnégation, de suggestion bref des privations de
liberté selon eux être gouverner c’est être dominer, c’est être inspecter, espionner,
surveiller et contrôler. Du point de vue des anarchistes, l’Etat ne se pose qu’en
s’opposant à d’autres Etat ce comportement lieu à des guerres et de souffrance.
L’Etat est une caricature de la société naturelle. Les anarchistes proposent une
révolution qui abattra l’Etat, ses Juges, ces politiciens, ces armées afin de laisser
libre place aux abominations humaines.

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Cette position des anarchistes vise à valoriser les citoyens, c’est-à-dire à voir en
eux une valeur plus haute que l’Etat.

3. La Démocratie

La Démocratie est un système politique dans lequel la souveraineté est exercée


par le peuple, elle peut être directe (comme dans Grèce antique) lorsque le peuple
participe directement à la discussion sur la vie de la cité ou indirecte
(représentative) lorsque le peuple est représenté par des citoyens
démocratiquement élus. Selon Abraham Lincoln, la Démocratie est système
politique dans lequel les affaires publiques sont gérées par le peuple lui-même.
Pour Français Mitterrand la Démocratie est un système qui admit pluralité
d’opinion et dans lequel chaque représentation politique a la chance de devenir la
majorité.

La démocratie est un signe caractérisé par les libertés (presse, de culte, d’opinion,
de religion), l’égalité devant les lois.  La justice, la légitimité de pouvoir etc.
Mais le péché de la démocratie c’est de confondre la majorité d’opinion avec la
vraie opinion.

Dans la République Platon considère la Démocratie comme étant un régime voué


à l’échec à cause de son ecce de liberté. Et puisque la Démocratie considère la
majorité de voix y a une forte chance que n’importe qui monte au pouvoir des
plus pauvres qui veulent s’enrichir aux plus riche qui veulent s’imposer, imbécile
qui désirent ressemble aux techniciens, aux élites, qui désirent se sur valoriser.

CONCLUSION

Pour nous résumer l’Etat est une institution juridico-politique ayant pour finalité
l’épanouissement de tous les citoyens. Tout Etat qui ne vise pas le bien être
générale est remise en cause non seulement par les anarchistes mais par tous ceux
qui l’ont remis le pouvoir. Un régime est dit lorsque son pouvoir est du ressort de
la volonté générale. Quoiqu’on dise quel que soit le type de régime politique, il
vaut mieux vivre dans l’état que de vivre a l’état de nature de thomas Hobbes,
seule l’état peut être a les moyens de garantir les droits des citoyens.

SUYET DE REFLEXION

1 L’état est-il indispensable ?

2 L’homme politique doit-il être craint ou aimé

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Chapitre. 8 : LA LIBERTE ET LA DESALIENATION

Objectifs du cours : À l’issu de ce chapitre, les élèves de la terminale


littéraire doivent être capable de :

- Définir le concept liberté et désaliénation ;


- Démontrer que la liberté n’est pas le libertinage ou désordre,
- Enumérer les différents points de vue proposés à la liberté ;
- Démontrer que la liberté et la responsabilité forment un corps
- Connaître que la liberté implique le respect de lois sociales
-
Introduction

La question de la liberté est ambiguë. Bien qu’inscrite au plus profonde des


aspirations humaines. La définition de la liberté se fait l’unanimité des esprits
compétents. Chacun la définie selon ses états. Mais le dénominateur commun à
toutes ces définitions ; donne lieu à une définition simpliste : liberté est égale à
une absence à une contrainte ceux-ci nous donne droit à une certaine
interrogation. La liberté se conçoit- elle sans obstacle ? Et si elle était inséparable
de contrainte, peut-on parler d’un homme libre ? Liberté et responsabilité sont-
elles antinomiques ?

1. liberté vue sous l’angle rationaliste 

Pour les nationalistes entant qu’il est doué de raison l’homme juge et agit de sa
propre initiative. Aussi ARISTOTE dans le livre 1 de la Métaphysiques pense-t -
il que : « l’homme libre c’est ce qu’il appartient et n’a d’autre maître que la
rationalité ».

En d’autres termes, la liberté correspond à une connaissance éclairée du vrai. Une


action libre est nécessairement une action réfléchit, c’est avec Hegel que si
l’homme ne sait pas qu’il est libre, il ne l’est pas. Dans la dialectique du maitre de
l’esclave, par ce qu’il transforme la nature et lui-même par son travail, activité
consciente accède finalement à la liberté.

Selon une acception bergsonienne, nous sommes libres quand nos actes émanent
de notre personnalité. L’homme libre c’est celui qui vit sous la dictée de la raison.

Chez Kant, la liberté c’est l’autonomie qu’a le sujet d’user de son instrument
rationnel. Ainsi elle s’exprime dans le fait pour l’homme d’être créateur de ses
propres valeurs.la liberté est donc dans la puissance de notre raison, de notre

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volonté sur notre vie. Comme le pense Fichte à ce sujet : « seul l’être rationnel,
considéré comme tel, est absolument autonome, fondement absolu de soi-
même ». La position de schelling n’est pas du tout éloigné de lui quand-il
écrit : « être libre c’est réalisé l’idéale dans le réel ».

L’existentialisme prôné par Sartre souligne pour sa part que l’homme jouit d’une
liberté infinie. « Il est celui qui ce fait » en ce sens qu’il est entièrement libre et
responsable de ses choix. Dans le même ordre d’une Fichte écrit « Je veux être
libre signifie je veux me faire libre ce que je serai ». Ceci-veux dire que l’homme
devient libre lorsqu’il substitue une attitude active à une situation subie, lorsqu’il
prend parti à l’égard des évènements de son temps et définit aux origines et par
rapport aux hommes. Bref la liberté se prouve en se réalisant lorsque l’homme
réalise sa personnalité à travers les évènements du monde. Au lieu de subir du
dehors comme un destin aveugle, c’est pourquoi dans optique Leibnizienne « la
liberté consiste à se déterminée soi-même » Et Spinoza de préciser : « l’homme
qui est conduit par la raison est plus libre dans cité où il vit ». Mais nous pouvons
rétorquer aux rationalismes en se terme : l’homme n’est-il pas esclave de lui-
même quand obéit à sa seule raison ? Autrement dit la liberté n’est-elle pas un
sentiment illusoire ?

II-Influence des déterminismes sur la liberté

Nous avons montré avec les rationalistes que l’homme, parce qu’il est doué de la
raison est un être libre. Mais à regarder de l’homme n’est toujours choit de soi
c’est-à-dire bâtisseur de sa propre existence. En effet, nombre de déterminisme
affecte la liberté de l’homme. C’est ce que reconnait Rousseau en
déclarant : « L’homme est né libre et pouvant-il est dans les fers ».

Dans la perspective durkheimienne, c’est la société qui fait de l’homme ce qu’il


est dans la mesure où elle se charge de lui inculquer les normes et les valeurs. De
ce point de vue le comportement de l’homme est entièrement par les lois sociales,
la culture et la politique c’est ce qui ressort de cette déclaration
de Montesquieu : « être libre, c’est faire tout ce que les lois permettent ». Si la
liberté consiste à respecter les lois de la société, il est évident que c’est la loi de la
société qui détermine le comportement de l’homme ; L’homme qui vit en société
ne saurait être libre. En outre selon le Freudisme, l’homme est essentiellement
inconscient. Autrement dit la liberté humaine est une illusion puisque l’homme
est selon Freud déterminé par son inconscient. Les mobiles ou les motifs des actes
humains sont souvent simplement ignorés de leurs auteurs. C’est dans cet ordre

39
idée que Spinoza affirmait « Les hommes se trompent en ce qu’ils pensent être
libres (…) parce qu’ils ignorent les causes par lesquelles ils sont déterminés à
agir » (Ethique).

En outre l’idée de Dieu affecter profondément la liberté de l’homme, le simple


fait de savoir qu’il existe là-haut un être suprême, tout puissant capable de mettre
fin à notre vie et nous jugera malgré notre mort, constitue une entrave à
l’épanouissement de l’homme. D’ailleurs le simple fait de savoir qu’on est un être
pour la mort, on peut mourir à tout moment figure un autre déterminisme.

Pour les fatalistes, une cause mystérieuse fixe le destin, tout étant tracé à
l’avance, chacun ne fait qu’accomplir son destin. Tout ce arrive dans le monde et
aux hommes est écrit ou prédestiné, l’homme est comme un jouet entre les mains
de Dieu comme l’argile dans les mains du potier, c’est le sens de leur
affirmation : « Dieu a tout tracé d’avance »

Bien que sous l’influence du déterminisme, l’homme conserve un espace de


liberté grâce au pouvoir qu’il a sur lui-même. Ainsi la liberté n’est pas
seulement un droit à revendiquer mais aussi une charge à assumer. C’est ce que
Sartre dans l’être et néant clame : « tous ce qui m’arrive est mien »; il faut
entendre par là, que je suis à la hauteur de ce qui m’arrive. La liberté est ainsi
posée comme préalable à toute responsabilité.

III. La liberté et responsabilité

On saurait parler de la liberté sans son corollaire qui est la responsabilité.


L’homme libre est inéluctablement un homme responsable en ce sens que la
liberté suppose une connaissance éclairée de soi. L’Auteur d’un acte est tenu de
répondre de son acte dans le vrai sens de la responsabilité. Un acte est celui qui
est posé sans influence extérieur. De ce fait, la raison du comportement des
hommes n’est plus à rechercher en dehors d’eux. C’est optique que Frederic
Henri Amiel : « Nous sommes assujettis mais susceptible de nous affranchir, nous
sommes liés mais capable de nous de liés. L’âme est en cage mais peut voltiger
autours de sa cage ».

En tanque liée à la responsabilité, la liberté engage un devoir envers soi- même et


envers la société. C’est ainsi que selon Saint Exupéry : « être homme s’est
précisément été responsable. En terme simple un homme libre c’est celui qui est
responsable de lui-même et de la société. C’est pourquoi il déclare encore être
libre : « C’est être fière d’une victoire que les camarades ont rapportée, c’est

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sentir en posant sa pierre que l’on contribue à bâtir le monde ». Ceux-ci étant
toute liberté en marge de loi de la société n’est qu’un libertinage.

IV. La liberté métaphysique

Parler de la liberté absolue revient à faire valoir l’exigence d’une autonomie


inconditionnelle. L’homme est libre selon les métaphysiciens de celui qui agit
indépendamment de toute contrainte extérieure et détermination intérieurs. Selon
les théoriciens du libre arbitre aucun ne peut se soustraire à cette liberté, quelques
soit le degré de notre vie nous sommes obligé d’être libre, être libre dans le cas
signifie n’est pas déterminer d’avance, soit par ses idées soit par instincts ou par
ses habitudes. La liberté s’éprouve mais ne se démontre pas et selon Alain : « une
preuve de la liberté tuerait la liberté ».

Certains philosophes comme Descartes envisage la liberté sous l’aspect de la


tension ;(L’âne de Buridan) Buridan conçoit la liberté comme un acte sans motif
dans les deux cas la liberté est confondue avec l’indifférence.

De son côté Maine de Birran parle de l’expérience de l’effort, et nous rétorquons


la liberté telle que conçue par lui à pour mobile de faire l’effort ne se reste que
pour illustrer la théorie Bahamienne. Faire de la liberté un absolu, suppose que
celle-ci ne se fonde sur aucune force. L’homme libre n’est pas cet homme qui agit
n’importe comment sans motif et gratuitement. Il n’y a pas d’acte gratuit ou sans
motif. S’il y en avait un homme qui en poserait, il serait déterminé par des motifs
inconscients. Le libre arbitre est un mythe ou une illusion dû à l’ignorance des
causes qui font agir remarque Spinoza. Du point de vue freudienne, certains de
nos actes même bizarres dont nous semblaient ignoré les motifs sont les moyens
libres car dit-il nous agissons par des causes inconscientes.

V. Les stoïciens et la liberté

Le spinozisme et le stoïcisme offrent à l’homme de convertir la nécessité en


liberté. Selon eux, ce qui est nécessaire est inévitable, il suffit de leur dire
intelligemment oui pour être libre. Sous cet angle, Les spinozistes et les stoïciens
enseignent le fatalisme, cette doctrine qui affirme que tout ce qui arrive devait
nécessairement arriver à cause de l’influence du destin. Pour les fanatiques, une
cause mystérieuse fixe le destin, tout étant tracé à l’avance. Chacun ne fait
qu’accomplir son destin, tout ce qui arrive dans le monde est écrit dans ou
prédestiné par Dieu, c’est-à-dire l’homme est un jouet entre les mains de Dieu
comme l’argile dans les mains du potier. Obéir aux déterminismes naturels parce

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qu’ils sont incompréhension est une voie loyale pour accéder à la liberté.
Résigner à ses forces en les comprenant puisqu’elles sont inévitables féra de
l’homme un être libre. Selon Spinozistes et les stoïciens, les lois de la nature sont
celles de Dieu et par conséquent justes, pour éviter de voir en cette loi une entrave
à notre liberté, il suffit de leur obéir comme s’il relève de notre législation. En
d’autres termes, devant les lois de la nature, faisons ce que Rousseau nous
demande de faire devant la société : « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrit est
liberté »

Conclusion

Enfin de compte, nonobstant les divers déterminismes, nous pouvons affirmer


sans risque de nous tromper que l’expérience de la liberté est possible. Elle réside
dans le fait pour l’homme de choisir et d’agir par rapport aux influences
extérieures. Elle une conquête excédante et permanente, c’est un progrès à
réaliser. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre pourquoi J.J.Sartre a écrit : « le
chemin de la liberté »

CHAPITRE 12 : LES GRANDES DOCTRINES MORALES

Objectifs du cours : À l’issu de ce chapitre, les élèves de la terminale


littéraire doivent être capable de :

- Définir et distinguer les concepts : morale, éthique, déontologie ;


- Identifier un acte moral,
- Énumérer les différents types de fondement de la morale.

Introduction
La morale est l’ensemble des principes ou des notions qu’une personne ou
groupe de personnes se donnent pour orienter vers le bien. Selon les
auteurs, le concept moral a plusieurs acceptions. Pour les épicuriens, la
morale vise le plaisir ; selon Aristote, c’est le bonheur ; pour Jeremy
Bentham, la morale vise l’intérêt. En un mot, la morale est une théorie de
l’action humaine prise dans son sens normative. Elle a une valeur
universelle telle que le respect de la vie d’autrui : « tuer quelqu’un,

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partout est un crime » et se distingue par ce fait de l’éthique qui
s’applique à un individu isolé. La diversité de la conception de la morale,
nous amène à nous interroger sur sa valeur. Autrement dit, il est question
de se demander si tous les fondements de la morale sont moraux. En
d’autres termes, peut-on fonder la morale sur le calcul ou sur l’intérêt ?

I.LES MORALES DE L’INTERET

1. Épicure et le fondement de la morale

Selon Épicure, la morale se fonde sur le plaisir, c’est-à-dire la valeur


s’explique en effet par la nature de ce qui est désirable. Les hommes, comme les
autres êtres vivants cherchent avant tout le plaisir. C’est pourquoi dit-il : « la
racine de tout plaisir est le plaisir du ventre ». Il faut pourtant chercher à lever
l’équivoque car, Épicure ne cherche pas à justifier la vie de la violence et de la
débauche, au contraire selon lui, le vrai plaisir est celui qui est privé de douleur.
Ainsi un homme moral est celui qui sait fuir les occasions de douleur, les risques
et les aventures périlleuses. D’ailleurs Épicure condamne les plaisirs artificiels
tel que : le luxe et même les plaisirs qui, tout en étant naturel ne sont pas
nécessaires à la vie. Les plaisirs liés aux passions sexuelles sont à bannir, car de
telle passion, sont mêlés d’agitation et constituent l’occasion de souffrance. Le
sage ne doit cultiver que des plaisirs qui sont à la fois naturel et nécessaire. Il se
contente du strict minimum vital : « un peu du pain pour ma faim, un peu de
l’eau pour ma soif, un peu de paille pour dormir et je rivalise de félicité avec
Zeus ». Il y a le paradoxe. Comment parler d’une morale austère (sévère) et
ascétique (strict) fondée cependant, sur le culte du plaisir ?

2. L’utilitarisme anglais

La morale de Jeremy Bentham est liée à la postérité du commerce anglais, au


fond, c’est une reprise de l’habilité épicurienne sous une forme plus élaborée. En
effet, selon Bentham, l’homme intelligent, désireux de servir son intérêt et son
plaisir aura ce qui convient d’être appelé conduite morale, de son avis, l’honnête
homme est un habile comptable, avant d’agir, il réfléchit et calcule suffisamment
son intérêt. Il est passé maître dans  l’arithmétique des plaisirs : « un plaisir
apporté de la main vaut mieux un plaisir lointain », par conséquent, il n’est pas
conseiller de sacrifier un plaisir sûr pour un plaisir probable. En outre, tout plaisir
doit être fécond, c’est-à-dire il doit engendrer d’autre plaisir et ne doit pas
mélanger à la douleur mais la morale de Bentham semble contestable.

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Le système de Bentham est loin de fonder la morale. Sa morale est une caricature
de morale, sinon comment comprendre qu’un voleur morale qui sait calculer son
intérêt et poursuit son plaisir et pose son acte moral ? Il faut remarquer que
l’intérêt ne saurait fonder la morale. Critiquant Bentham, La Roche Foucault
déclare : « les vertus se perdent dans l’intérêt comme le fleuve dans la mer »,
pour dire que la recherche de l’intérêt constitue un obstacle à la pratique de la
vraie morale.

II. LES MORALES DU SENTIMENT

Avant de réfléchir sur la morale du sentiment, notons que selon Freud, la morale
résulte du compromis entre le principe du plaisir et le principe de la réalité.
Ainsi donc le petit enfant accepte d’être propre, d’obéir à ses parents tout
simplement parce qu’il a peur. L’affection de ses parents est indispensable à son
existence. C’est pour garder les bénéfices de cet amour qu’il accepte les interdits
et les assimile. C’est ne pas d’être aimer que l’enfant renonce à être satisfait.
Revenons maintenant à la morale du sentiment. Nous remettons en cause la
morale benthamienne que l’homme n’est pas exclusivement mû par des soucis de
l’intérêt personnel égoïste, les sentiments peuvent aussi fonder.

1. Schopenhauer et le fondement de la morale

Selon Schopenhauer, si les individus se prennent les uns sur les autres et
s’entredéchirent pour conquérir les biens de la vie qui n’ont ni durée, ni
signification, c’est parce qu’il manque la pitié. Selon Schopenhauer la pitié est le
grand remède à la misère de l’homme. En effet, la pitié est capable de convertir
l’égoïsme en amour pus que le moi qui contemple la souffrance de l’autre
éprouve à son tour une sorte de souffrance et ainsi les individus cessent d’être
clos et enfermer sur eux-mêmes.

La pitié est un sentiment de portée morale qui révèle l’unité profonde de tous les
êtres. Le point de vue de Schopenhauer se trouve développé chez J.J.Rousseau,
lorsqu’il écrit : « c’est elle qui nous porte sans réflexion au secours de ceux que
nous voyons souffrir. C’est elle qui, dans l’état de nature tient de loi, c’est elle
qui détourne tout sauvage robuste d’enlever à un faible enfant ou à un vieillard
infirme sa subsistance acquise avec peine ». J.J.Rousseau parle ici de la pitié
(c’est elle), est capable de fonder une morale altruiste.

Selon les moralistes du sentiment, l’immoralité est liée à l’illusion de singularité


individuelle.

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2. Guyau et la morale

Pour Guyau, la vie est altruiste, un homme en bonne santé a immédiatement


tendance sans effet, ni calcul à se donner à d’autre, à se dévouer. Dans cette
perspective, l’égoïste est un malade, c’est celui qui manque de vitalité, c’est-à-
dire qui a trop peu de ressource pour les dépenser et qui consacre le peu de force
qui lui reste à lui-même. La vie morale, c’est la vie elle-même, elle est
ouverture, générosité et sacrifice. Dans cette condition, la morale de Guyau se
présente comme une morale sans obligation, ni sanction. Il suffit d’être soi-
même, être en bonne santé pour poser des actions morales. Je ne m’accomplis
pleinement qu’en me donnant aux autres. La morale de Guyau est immanente
aux sentiments naturels.

3. La position de Bergson

Selon Henri Bergson, la vraie morale est celle qui s’incarne aux héros comme
Socrate et les Saints comme Jésus-Christ. Ceux-là sont des initiateurs qui ont
rompu avec les habitudes collectives et dans un élan ont créé de nouvelle valeur
morale. Ainsi donc l’émotion est pour Bergson une source qui donne des
représentations morales dans la mesure où elle promeut des valeurs. L’émotion
qui anime les héros et les saints sont une émotion créatrice. Cette émotion ne crée
pas seulement des valeurs mais elle permet aussi leur diffusion. Cet élan qui
révèle les cœurs généreux menacées par des règles établis.

4. Critique des morales

Fonder la morale sur l’élan du cœur et sur les sentiments, c’est vouer la morale à
l’échec. Il est philosophiquement difficile de prendre les sentiments comme
source de la morale car, parmi les sentiments il y en a les bons et les mauvais :
l’amour et la haine.

Selon Nietzsche, la charité par exemple maintient artificiellement les pauvres


dans les distances, quant à la pitié, elle est une contagion. L’élan vital est une
volonté de puissance et de domination triomphante, les sentiments ne sont pas
toujours de guide très sûr, ils sont subjectifs.

III. Emmanuel Kant et le fondement de la morale du devoir

Comme tous les moralistes du siècle des lumières, Kant est un humaniste sévère.
Il n’admet pas que la morale se réduise à l’obéissance, à un principe extérieur à la
personne humaine. Ainsi, la morale de Kant exclue l’idée que nous puissions être

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régis par un autre que nous-mêmes, c’est la personne humaine qui est la source et
la mesure du devoir. Selon Kant, l’homme est le créateur de valeur morale. La
morale du sentiment qu’il a découvert chez les moralistes anglais l’inquiète, la
morale de l’intérêt lui fait horreur. La conscience morale selon Kant prend sa
source dans la Raison.

1. Le formalisme de Kant

Le bien pour Kant n’est jamais un objet, ni la santé, ni l’intelligence et encore


moins la richesse car, tout dépend de l’usage bon et mauvais je décide d’en faire.
Une chose est bonne inconditionnellement : c’est la bonne volonté.

2. Le rigorisme de Kant

Pour Kant, l’impératif moral ne doit pas être hypothétique : ne pèche pas si tu
veux aller au ciel mais l’impératif moral doit être toujours catégorique, c’est-à-
dire sans condition : tu ne voleras point. Aime ton prochain toi-même. Par là,
l’impératif catégorique, entant qu’il a une valeur universelle doit pouvoir guider
la morale, une morale qui ne change pas avec les circonstances.

3. Le logicisme de Kant

De l’avis de Kant, l’action morale est celle qui n’a d’autres soucis le respect de la
forme de la raison. Et nos devoirs ne peuvent se déduire de la logique et non de la
contradiction. La morale apparait alors rigoureuse comme une logique de l’action
qui repose sur trois maximes :

- La première maxime nous conseille sur la contradiction dans nos


actions : « agis toujours de telle sorte que la maxime de ton action
puisse être érigé en règle universelle », ceci veut dire qu’avant d’agir,
chacun doit se poser des questions : « si tout le monde se faisait autant »
- La deuxième maxime kantienne nous convie au respect de la personne
humaine : « agis toujours de telle sorte que tu traites l’humanité en toi et
chez les autres comme une fin et jamais comme un moyen ». Au nom de
cette maxime, Kant entend condamner la ségrégation et l’exploitation de
l’homme par l’homme.
- La troisième maxime souligne l’autonomie du sujet : « agis toujours de
telle sorte que tu considères ta volonté raisonnable comme instituant
une législation universelle », ceci veut dire toutes les lois de nos actions
doivent servir d’exemple aux autres.

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4. La critique de la morale de Kant

Malgré la noblesse et le souci de fonder une morale à valeur universelle, le


système kantien reçoit quelques griefs (accusation).

La morale de Kant est donc une morale loin de la vie. Les hommes ne
peuvent pas agir uniformément qu’ils ne vivent pas les mêmes réalités
partout. En prônant l’universalité de la morale Kant envisage l’existence de
l’homme universel : chose impossible. La morale de Kant ne tient pas
compte de la faiblesse humaine des imperfections des êtres possibles que
nous sommes. Le critiquant, Péguy déclare : « Kant a les mains propres
mais il n’a pas de main ». Autrement dit, la morale de Kant ne peut pas être
pratiquée par des hommes si ce n’est que par des anges, c’est-à-dire cette
morale de Kant est trop pure pour être destinée à la créature impure. De
même, conscient de ce que le kantisme ne tient pas compte de la nature des
hommes. La Roche Foucault déclare : « il est plus facile de prêcher la morale
que de la pratiquer » 

Enfin, on ne saurait envisager une forme universelle de la morale. Si le mot


moral dérive de mœurs et que chaque peuple a ses mœurs, il est évident
qu’on ne saurait une morale universelle. Ce qui est moral pour moi ne peut
pas l’être pour autrui.

Conclusion

Comme la philosophie, la morale vise et dit ce qui doit être. À ce titre,


philosophie et morale synonyme puis que toutes deux donnent la règle de
conduite dans la société. En effet, la sagesse que vise la pratique
philosophique consiste avant tout à chercher du bien pour moi-même et pour
les autres. La morale est la finalité de la philosophie. En dépits des objections
formulées contre le kantisme, sa morale reste les plus indiquée car Kant met
l’accent sur la personne et souligne l’autonomie de sa volonté. Il a eu le
mérite de montrer que l’homme est une valeur, une fin en soi.

CHAPITRE : LE DROIT ET LA VIOLENCE

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