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DOMAINE III

EPISTEMOLOGIE OU PHILOSOPHIE DES SCIENCES

INTRODUCTION
La partie de la philosophie qui traite de la science est appelée épistémologie.
L’épistémologie est l’étude critique des sciences ; étude destinée à déterminer leur
origine, leur nature et leur portée. Par ses méthodes, la science est aujourd’hui
considérée comme le modèle de la connaissance exacte. Ce faisant, l’épistémologie
n’intervient que lorsque la science est déjà constituée. Mais serait-elle le seul savoir
certain comme le prétend le positivisme ? Serait-elle une connaissance incontestable ?
Gaston Bachelard dira que non, car pour lui, « la connaissance du réel est une lumière
qui projette toujours quelques zones d’ombres ». Cela signifie que la science n’est pas
exacte comme on le prétend souvent. Mais la science n’a pas toujours existé. Comme le
souligne Bachelard, « elle est une conquête tardive de l’esprit humain ». Avant la
science, d’autres formes de pensée ont existé tel le mythe, la magie et la religion. Ces
formes de pensée pré-scientifiques sont dites premières approches du réel, c’est à dire
premières tentatives d’explication des choses. La science est aussi une approche du réel,
mais elle se démarque des autres formes de connaissance. Mais serait-elle le seul savoir
exact comme le prétend le positivisme ? Serait-elle une connaissance incontestable ? A
ces deux questions, s’ajoutent d’autres :

- Le stade actuel de la science, est-ce une raison qui vaut l’inutilité de la philosophie ?
- La philosophie devrait-elle ou non se taire quand la science enfante ?

- La science, malgré ses progrès spectaculaires, arrive-t-elle à satisfaire toute la


curiosité de l’homme ?
- La science n’est-elle pas parfois préjudiciable à l’homme ?

- La science ne laisserait-elle pas des zones d’ombre qui exigeraient l’intervention de


la philosophie ?

Dans cette leçon, nous étudierons les premières approches du réel et leur rapport avec la
science, nous examinerons ensuite les différentes branches de la science ainsi que les
rapports qu’elle entretient avec la technique et l’éthique.

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I-) LA CONNAISSANCE EMPIRIQUE
La connaissance empirique est celle qui est fondée sur l’experience sensible et brute
mais aussi non méthodique. Elle s’oppose à la connaissance rationnelle en ce qu’elle se
fonde sur les images des objets extérieurs. Cette connaissance est dite formes
d’approche du réel.
1-) Les premières approches du Réel : le mythe, la magie et la religion
D’abord, qu’est-ce le réel ? Le réel inclut l’ensemble des êtres et des choses que nous
disons exister pour nos sens et nos esprits. Il désigne l’ensemble des choses que
l’homme voit, touche, goûte ou pense. Il peut désigner aussi bien le monde matériel que
le monde métaphysique. De ce point de vue, une approche du réel désigne l’ensemble
des opérations mentales que les hommes mettent en œuvre pour expliquer les
phénomènes. Il existe, à ce sujet, plusieurs approches du réel : le mythe, la religion, la
magie, la philosophie et la science. L’homme est et sera toujours animé par un désir
ardent de connaitre les phénomènes naturels dans le but de transformer ces derniers tout
en se transformant lui-même. Avant l’émergence de la pensée rationnelle qui trouve son
expression la plus achevée dans la philosophie et la connaissance scientifique, nous
avons noté chez l’homme un effort perpétuel de rendre compte de la totalité ou d’une
parcelle du réel. C’est ainsi que ces formes d’approche du réel précitées furent utilisées
par les hommes en vue de donner une explication aux phénomènes naturels et sociaux.
Le réel inclut l’ensemble des êtres et des choses que nous disons exister pour nos sens et
nos esprits. Il désigne l’ensemble des choses que l’homme voit, touche, goûte ou pense.
Il peut désigner aussi bien le monde matériel que le monde métaphysique. De ce point
de vue, une approche du réel désigne l’ensemble des opérations mentales que les
hommes mettent en œuvre pour expliquer les phénomènes. Tandis que a réflexion
philosophique est caractérisée par un esprit critique, un esprit d’analyse et d’examen qui
s’oppose au sens commun. Parler des caractéristiques de la réflexion philosophie revient
à dire ce qu’est la philosophie et à l’opposer des approches du réel comme le mythe, la
magie, la religion et à la science.
a-) Le mythe
Le mythe est un récit imaginaire, légendaire, transmis par la tradition et qui, à travers les
exploits d’êtres fabuleux (dieux, héros etc.), tente d’expliquer des phénomènes comme
l’origine de l’univers, de l’homme, des choses etc. Il raconte comment, grâce à des êtres
surnaturels, une réalité est venue à l’existence. Il est considéré comme sacré, il ne
démontre pas ce qu’il dit, il se contente de le dire. Sa fonction est essentiellement
sociale, car il prescrit des règles que les hommes doivent adopter et leur indique ce
qu’ils doivent faire. Il a une fonction d’instauration en ce qu’il explique l’origine et les
causes premières de tous les phénomènes. Le mythe s’oppose à la connaissance
rationnelle en ce qu’elle n’est pas méthodique. Sous cet angle le mythe est conçu
comme une histoire grotesque et incapable de satisfaire les exigences de la raison. Selon
GUSDORF la connaissance mythique ne s’étonne de rien, elle justifie tout. Le principe

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du mythe est de raconter, mais raconter ne signifie pas expliquer par des démonstrations
logiques, d’où son divorce d’abord avec la philosophie, la science ensuite. Le mythe
raconte comment, grâce à l’intervention des êtres surnaturels, une réalité est venue à
l’existence. Il est considéré comme sacré, il ne démontre pas ce qu’il dit, il se contente
de le dire. Le récit mythique est cru de façon dogmatique par les membres du groupe
social, on ne le critique pas : on y croit sans chercher à avoir des preuves. Le mythe a
pour fonction de justifier ce qui existe, de dire comment les choses sont ce qu’elles sont
et pourquoi les hommes doivent adopter tels comportements. Il est irrationnel.

b-) La magie
La magie est un art, une pratique une action exercée sur les choses et les êtres
permettant d’agir sur la nature grâce à des formules surnaturelles ou rites. en vu de
parvenir à des résultats efficaces. La magie se contente de mener des faits qui ne
peuvent pas être vérifié. C’est un discours irrationnel ésotérique c'est-à-dire réservé à un
cercle d’initié. Dans ce domaine interviennent les sentiments et non la raison.
Contrairement à la magie, le discours scientifique s’appuie sur la raison. Lorsque le
magicien arrive à dompter les forces invisibles de la nature, il les utilise pour obtenir des effets
bénéfiques ou maléfiques Le magicien peut également être un guérisseur partir du verbe ou
des incantations, il peut agir sur le réel.
c-) La religion
C’est est un ensemble de pratiques ou d’actes extérieurs à travers lesquels l’homme
manifeste son attachement à Dieu. Elle repose sur des dogmes immuables et est censée
dire une vérité absolue, incontestable, indiscutable pour le croyant. Ce dernier considère
comme vrai tout ce que dit la religion et il interprète toutes choses selon ce que les
textes en ont dit. Le dogme c’est l’ensemble des croyances que constitue la substance
des enseignements religieux. Ces croyances sont des vérités consignées par exemple
dans le coran (Islam), la bible (Christianisme), la Thora (Judaïsme).
La religion signifie le lien que l’homme entretient avec une puissance surnaturelle et
transcendante nommée Dieu. Elle est fondée sur la foi. Croire, c’est donc adhérer,
accepter sans exiger des preuves. La croyance est une forme d’assentiment fondée sur la
confiance. Voilà la foi et la raison qui évoluent dans des rapports d’hostilité. La foi
dépasse les apparences et apparaît comme un engagement, une croyance consciente
d’être croyance. La raison quant à elle est la propriété voire la faculté supérieure à
laquelle sont soumise la pensée, la connaissance et la réalité. Elle (raison) nous donne
les moyens d’organiser nos connaissances en système, détournées de toute probabilité,
elle est capable de nous donner un sens à l’univers. Hegel dira en ce sens que « la
raison gouverne le monde ».

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d-) La philosophie et la science
Elles sont aussi des approches du réel, mais elles sont nées au 6ème siècle avant Jésus
Christ, bien après le mythe, la magie et la religion. La philosophie est une discipline qui
n’admet pas une définition unanime. Elle a pour origine l’étonnement et est basée sur
une remise en question permanente des certitudes. Elle englobait, à l’origine, les
sciences qui, avec le temps, ont pris leur autonomie en développant leurs propres
méthodes d’investigation du réel. La philosophie et la science ne s’opposent pas
radicalement. Elles sont, à bien des égards, complémentaires. La philosophie en tant que
interrogation continuelle sur l’expérience humaine ne saurait faire abstraction de la
science Car la philosophie réfléchit sur les principes, les méthodes et les conclusions des
sciences. La pensée philosophique a toujours été le thème de la réflexion philosophique
qui trouve sa nourriture dans l’histoire des sciences. La quête constitue l’histoire de la
pensée humaine. Par conséquent, la philosophie ne peut pas se déployer sans pour
autant tenir compte des résultats des sciences.

II-) RAPPORTS ENTRE LA SCIENCE ET LES 1ERE APPROCHES DU REEL


On peut se demander quels rapports la science entretient avec les premières approches
du réel. S’agit-il de rapports de continuité ou de rupture ? Autrement dit, la science est-
elle le simple prolongement des premières formes de pensée ou une connaissance
radicalement nouvelle qui vient remettre en question les pensées préscientifiques ? On
trouve la réponse chez Auguste Comte et Gaston Bachelard.
Selon Auguste Comte, la science devrait dépasser et même supprimer les premières
formes de pensée. Il développe son point de vue à travers ce qu’il appelle « la loi des
trois états ». Dans cette loi, Comte décrit le processus de l’évolution de l’esprit humain.
La première étape est dite théologique : pour justifier la réalité, l’homme invoque des
dieux et des êtres surnaturels. La deuxième étape est dite métaphysique : ici, l’esprit
humain produit des notions abstraites comme le bien et le mal. La dernière étape est dite
positive et elle correspond à l’avènement de la science.
Gaston Bachelard a abondé dans le même sens en considérant que les rapports que la
science entretient avec les premières approches du réel sont des rapports de rupture,
qu’il appelle rupture épistémologique. A son avis, pour que la science se constitue, il a
fallu rompre avec les premières approches du réel. Ces dernières ont même constitué
pendant longtemps des obstacles à la science. Elles font partie de ce que Bachelard
nomme obstacles épistémologiques. Il s’agit de tout ce qui a constitué un frein ou un
écran à l’avènement de la science. C’est le cas de l’opinion commune, de certaines
traditions, croyances et coutumes. Par exemple, certaines traditions surtout l’Eglise, a
longtemps cru que la terre est le centre de l’univers. Il a fallu l’avènement de la science
pour passer du géocentrisme à l’héliocentrisme.
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III-) RAPPORTS ENTRE LA SCIENCE ET LA PHILOSOPHIE
1-) Imperfection de la philosophie et importance de la science
La spéculation et l’abstraction ont été conçues par certains comme les bases de
l’imperfection de la philosophie. Ceux-là pensent que la philosophie devrait s’élever au-
dessus de ses spéculations et viser le concret comme la science. Antoine Augustin
Cournot estime que « l’une des imperfections radicales du discours parlé ou écrit,
c’est qu’il constitue une série essentiellement linéaire ». Il s’inscrit dans la perspective
d’une critique acerbe à l’endroit de la philosophie et montre le dessus de la science sur
la philosophie. A son avis, la philosophie ne contribue pas à l’épanouissement matériel
de l’homme et est en retard par rapport aux réalités vécues par l’homme. On retrouve
l’idée de ce retard chez Louis Althusser qui dit : « La philosophie se levait tard le soir
tombé lorsque la science a parcouru l’espace d’une journée ». Hegel traduit ce retard
en ces termes : « L’oiseau de Minerve ne prend son vol qu’à la tombée de la nuit »
comme pour dire que la philosophie est toujours derrière la science.
2-) Imperfection de la science et importance de la philosophie
La philosophie n’est pas superflue comme le disent certains. Elle est omniprésente et se
veut omnisciente. Karl Jaspers dit à cet effet : « L’homme ne peut se passer de la
philosophie. La philosophie fixe à l’homme un code de conduite morale dans la
société alors que la science ne se préoccupe ni de la morale ni des philosophies…
Aussi, est-elle présente partout et toujours ». La science ne peut pas épuiser le réel, elle
bute souvent sur des obstacles et c’est à la philosophie de lui venir en aide. La vision
questions existentielles qui angoissent l’homme. Si on analyse les découvertes
scientifiques, on se rend compte que la science ne s’occupe pas à rehausser la dignité de
l’homme, à l’élever au-dessus de l’humanité, à lui enseigner une morale. Tout au
contraire, elle incite l’homme à l’animosité en le dotant d’armes comme les bombes, les
armes nucléaires, les gaz toxiques, la détérioration de la couche d’ozone etc. La science
est, aujourd’hui, à l’origine de plusieurs maladies cancéreuses, dont le cancer de la peau
causé par les produits de dépigmentation ou par les rayons ultraviolets, conséquence de
la destruction de la couche d’ozone. La science est une discipline pour l’homme et
contre l’homme, et c’est un paradoxe. Bien qu’elle soit une discipline qui n’a cessé
d’étonner l’homme, la science doit néanmoins prendre en compte la morale. Il est grand
temps qu’elle intègre dans ses inventions le côté moral. « Science sans conscience n’est
que ruine de l’âme », disait François Rabelais. Mais de l’avis d’Anatole France, les
considérations morales de la science ne font que ralentir ses activités. Pour lui, toute
création est positive ou négative aux yeux de celui qui la juge. Donc tout est relatif en
science et il conclut que la science « ne se soucie ni de plaire, ni de déplaire, elle est
inhumaine ».

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II-) L’APPROCHE SCIENTIFIQUE DU REEL
La science apparait comme le fait de la logique par le souci qu’elle a de rationaliser son
objet en justifiant ses propres démarches. La science dans son ambition représente selon
Lalande un ensemble de connaissance et de recherche ayant un degré suffisant de
généralité et susceptible de dominer les hommes qui s’y consacre à des conclusions
concordantes qui ne résultent ni de conventions arbitraires, ni de goût ou d’intérêt
individuel. L’idée fondamentale que nous retenons ici est celle de la méthode la science
représente aujourd’hui une réussite, tout le mérite revient à sa méthode performante et le
respect du principe de la raison.

1-) Les caractéristiques de la science


La science est une connaissance rationnelle et objective. Contrairement aux approches
du réel qui sont l’œuvre de la divinité, la science est un produit de la raison, autrement
dit, c’est une connaissance rationnelle qui cherche à expliquer les phénomènes de
l’univers par la raison. Elle refuse toutes les connaissances basées sur les sentiments, le
hasard et les jugements arbitraires. Elle considère que le moyen le plus sure pour
accéder à la vérité c’est l’expérience qui est le centre névralgique de l’objectivité de la
science. L’objectivité de la science consiste à décrire les phénomènes tels qu’ils sont et
non tels qu’il veut qu’il soit. Donc l’objectivité signifie la neutralité du savant qui doit
taire ses sentiments, ses convictions et ses idéologies personnelles. C’est dans cette
perspective que Karl POPPER dit : « Les connaissances scientifiques est une
connaissance sans sujet connaissant ».En dehors de la rationalité et de l’objectivité la
science est également universelle ; son universalité est garantie par son objectivité.
La connaissance scientifique est précise. En fait, la mesure est une de ses données
fondamentales. Connaitre, c’est mesurer et quantifier avec précision.
La connaissance scientifique est aussi critique. L’esprit scientifique c’est le sens de la
preuve. L’esprit critique peut être scientifique à la constitution de la vérité et de
l’objectivité.
La connaissance scientifique est neutre. Des découvertes pourraient être utilisées
indifféremment à des fins bonnes ou mauvaises. Par exemple l’énergie nucléaire peut
produire de l’électricité comme à détruire le monde avec des bombes.

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2-) La classification des sciences
Sous le vocable de la science, se cache une multiplicité de disciplines qui prennent des
orientations diverses, et chacune d’elles à une méthode spécifique. Selon une
classification devenue classique en épistémologie, on distingue trois grandes catégories
de science : les sciences logico-formelles ou hypothético-déductives, les sciences
expérimentales ou sciences de la nature et les sciences sociales ou humaines.
a-) Les sciences formelles (abstraites) ou hypothético-déductives
Elles sont constituées de la logique et des mathématiques. Elles sont dites formelles
parce qu’elles recherchent non pas la vérité de l’énoncé, mais sa validité, sa cohérence
du point de vue de la logique. C’est d’ailleurs en ce sens que GOBLET dit : « Les
mathématiques n’ont pas besoin pour etre vraies que leurs objets soient réels. Le
mathématicien construit sans autre instrument que sa pensée des objets qui n’ont de
réalité que dans sa pensée. » Elle repose essentiellement sur une démarche déductive
rigoureuse. En bref, les sciences formelles ou hypothético-déductives posent des
hypothèses et font des déductions. Elles ne s’intéressent pas au contenu de la
proposition, mais bien à la forme, c’est pourquoi elles sont dites formelles. Elle procède
exclusivement par raisonnement dans la manière de conduire la pensée. Ces sciences
n’ont pas pour vocation de s’occuper de la réalité matérielle ou humaine. Le
raisonnement constitue leurs modes privilégiés d’approche. Elles sont généralement
définies comme une opération discursive (démonstrative de la pensée), qui part de
données initiales pour aboutir à une conclusion finale, par le biais d’une série de
jugements ordonnés.
b-) Les sciences expérimentales ou sciences de la nature
Elles portent sur le monde extérieur, connu par l’esprit à travers les sens. Elles étudient
des réalités par le recours à l’expérience. A partir de l’étude des faits, elles essaient de
dégager des lois et d’élaborer des théories. Les sciences expérimentales comprennent la
physique qui étudie la matière interne et sa structure, la chimie qui étudie les
composantes de la matière, la biologie qui a pour objet la matière vivante et
l’astronomie qui s’intéresse aux corps célestes. La démarche des sciences
expérimentales suivent plusieurs étapes :
L’observation : Le savant observe les faits scientifiques. Une observation
minutieuse des phénomènes permet de dégager une hypothèse, une supposition, une
solution provisoire du problème posé.
L’hypothèse : C’est la première idée qui se dégage de l’observation d’un fait.
L’expérimentation ou la vérification : Elle permet de contrôler en vue de
confirmer ou d’infirmer idée.
Le résultat : C’est ce qui ressort de l’expérience.
L’interprétation : C’est la vérité scientifique qu’on tire du résultat.
La conclusion : C’est la théorie scientifique qui se dégage de l’investigation.

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c-) Les sciences sociales ou humaines
Par sciences humaines, on entend une réflexion scientifique sur les hommes et leurs
comportements. Comme exemple de sciences humaines nous pouvons citer l’histoire, la
sociologie, la psychologie, la linguistique, l’anthropologie etc. Le problème de ces
sciences est relatif à leur scientificité, on leur conteste leur caractère scientifique. Dans
les sciences humaines, l’homme est à la fois observateur et observé, sujet et objet. Il n’y
a pas de distanciation entre le sujet et l’objet, c’est l’homme qui s’étudie lui-même d’où
le risque de subjectivité. Il s’ensuit une rupture épistémologique entre les sciences
exactes et les sciences humaines. Autrement dit, dans la nature, les mêmes causes
produisent les mêmes effets ; il est donc possible de prévoir la manifestation d’un
phénomène naturel, alors que l’homme est changeant suivant les circonstances. Si le
phénomène naturel se répète, celui de l’homme ne l’est pas ; ce qui pose le problème de
scientificité des sciences sociales. D’ailleurs, dans la classification des sciences d’Auguste
Comte, les sciences sociales sont les dernières.
III-) SCIENCE ET TECHNIQUE
Les rapports entre la science et la technique sont posés en termes d’antériorité de l’une
par rapport à l’autre. La technique résulte-t-elle de la science ou est-ce la science qui
résulte de la technique ? En tout cas, tout le monde s’accorde à dire que l’homme a du
agir avant de réfléchir. Dès que l’homme est apparu sur terre, il s’est mis à produire des
outils pour affronter et transformer la nature. C’est pourquoi on l’appelle homo faber ou
animal fabricateur d’outils. Mais au cours de l’histoire, les techniques ont évolué, des
plus archaïques aux plus modernes. Et c’est grâce aux techniques sophistiquées que la
science progresse, mais aussi c’est grâce aux avancées scientifiques que la technique se
modernise, d’où un rapport de complémentarité entre science et technique. L’évolution
des techniques dépend du progrès des connaissances scientifiques et vice-versa. C’est la
technique qui fournit à la science les outils nécessaires à ses expériences, ses
recherches. Même si les deux sont indépendantes, il est à souligner qu’historiquement la
technique précède la science. Sur la base d’hypothèses, la science cherche à démontrer
l’ensemble de ses affirmations ; elle refuse l’arbitraire et le hasard qui sont une
ignorance des causes. La science décrit les choses telles qu’elles sont et non telles
qu’elles devraient être. La technique, par contre, est un savoir-faire ; elle est une
pratique, une action sur les choses, alors que la science est une théorie, une
connaissance. Historiquement, la technique précède la science. Dès que l’homme est
apparu sur terre, il s’est mis à produire des outils pour affronter la nature.
VI-) SCIENCE ET ETHIQUE ( MORALE )
Dans la mesure où les avancées de la techno-science posent des problèmes à l’humanité
aussi bien qu’elle arrive à en résoudre, il devient urgent de contrôler la science, de lui
définir des garde-fous. On doit pouvoir imposer à la science des limites sur le plan
éthique, moral, juridique afin d’éviter que l’homme ne soit prisonnier de ses propres
productions, à l’exemple des techniques génétiques, le clonage, la nucléarisation etc. La
techno-science a donc une part de responsabilité dans les maux de la société. La science

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a mis à notre disposition un très grand pouvoir sans nous dire comment l’utiliser. On
prête même à Einstein les propos selon lesquels il aurait dit que s’il savait que les
résultats de ses recherches feraient des dégâts, jamais il ne serait un scientifique. La
science ne s’occupe pas d’éthique ; c’est pourquoi les moralistes, philosophes et
hommes religieux peuvent bien apporter quelque chose aux savants. Dès lors, on
comprend Jean Rostand qui disait que « la science a fait de nous des dieux avant que
nous méritions d’être des hommes ».
IV-) SCIENCE ET ERREURS
La science est truffée d’erreurs. Par exemple, avec la découverte de la nivaquine
(comprimé contre le paludisme), les scientifiques conseillaient d’en prendre chaque jour
pour prévenir le paludisme. C’est seulement à la suite des débordements de ce
comprimé qu’ils finissent par remettre en doute son utilisation quotidienne et ont
demandé de n’en prendre que lorsqu’on est sur le point d’attraper le paludisme. Par voie
de conséquence, la science est truffée d’erreurs. Mais ce sont ces erreurs qui lui
permettent de progresser selon Gaston Bachelard dans son livre La formation de
l’esprit scientifique. Au regard d’une telle conception, il est aisé de constater que la
science n’est pas à l’abri de contradictions et de remises en cause comme l’a si bien dit
Karl Raymond Popper : la science progresse en rectifiant ses erreurs.
CONCLUSION
La science et la technique ont permis de dominer et de maîtriser la nature. Les
applications techniques de la science contribuent à l’amélioration des conditions de vie
des hommes. Mais la science à des limites, elle ne peut satisfaire tout le désir de savoir
de l’homme. Il y a aussi le fait que les sciences font courir de grands risques à l’espèce
humaine, surtout avec la prolifération des armes, la pollution de l’environnement etc.
Pour cette raison, Karl POPPER dit que « la science n’est pas le domaine de la
sécurité, mais de l’insécurité ». D’où la nécessité de l’épistémologie qui, par sa
critique, permet aux sciences de mieux comprendre leurs principes et leurs démarches
afin d’augmenter leur objectivité. Mais l’épistémologie vise essentiellement à protéger
l’homme pour lui éviter d’être prisonnier de ses propres productions scientifiques. Il
convient donc de noter que les progrès scientifiques ne garantissent plus les progrès
moraux et la liberté. Ce qui fait dire à BAYETTE que « La science ne fabrique pas
une morale, elle est elle-même fabriquée par la morale ». Dès lors, les hommes
doivent développer leur conscience morale dans leurs recherches, et dans l’explication
de leurs intérêts. Car comme le disait RABELAIS « Science sans conscience n’est
que ruine de l’âme. ».

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SUPPORTS DE RENFORCEMENT : DISSERTATIONS

SUJET N°1 : La science peut-elle mettre fin à la philosophie ?

SUJET N°2 : Notre désir de savoir est-il satisfait par la science ?

SUJET N°3 : Peut-on prouver une hypothèse scientifique ?

SUJET N°4 : A quoi servent les sciences ?

SUJET N°5 : Tout ce qui est possible techniquement est-il acceptable moralement ?

SUJET N°6 : Y’a-t-il une place pour la subjectivité dans la science ?

SUJET N°7 : Opposer science et philosophie est-elle légitime ?

SUJET N°8 : La technique n’est-elle qu’une application de la science ?

SUJET N°9 : La science peut-elle tenir lieu de philosophie ?

SUJET N°10 : L’objectivité de la science est-elle moralement neutre ?

SUJET N°11 : Y a-t-il d’autres moyens que la démonstration pour établir une vérité ?

SUJET N°12 : La science est-elle entièrement scientifique ?

SUJET N°13 : L’unanimité est-elle critère de vérité ?

SUJET N°14 : Ce pourrait-il que le réel ne soit pas rationnel ?

SUJET N°15 : Va-t-on vers une unité des sciences ?

SUJET N°16 : Le progrès scientifique s’accompagne-t-il de progrès moral ?

SUJET N°17 : Y a-t-il des vérités indiscutables ?

SUJET N°18 : La philosophie doit-elle laisser la science sans surveillance ?

SUJET N°19 : Y a-t-il des questions auxquelles aucune science ne répond ?

SUJET N°20 : Les techniques libèrent-elles l’homme plus qu’elles ne le


déshumanisent ?

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SUJET N°21 : Toute connaissance autre que scientifique n’est pas connaissance mais
ignorance.
SUJET N°22 : Si la science unit sans diviser, la philosophie, elle, ne peut unir qu’en
divisant. Qu’en pensez-vous ?
SUJET N°23 : La certitude que nous offrent les sciences nous autorise-t-elle de
renoncer à la métaphysique ?
SUJET N°24 : Expliquez et discutez ce jugement de Bachelard : « Deux hommes s’ils
veulent s’entendre ont dû d’abord se contredire. La vérité est fille de discussion, non pas
de sympathie ».
SUJET N°25 : Expliquez et discutez le propos suivant : « c’est parce qu’elle n’est sûre
de rien que la science progresse »
SUJET N°26 : Le mythe et la magie peuvent respectivement être considérés comme la
science et la technique des sociétés primitives.

SUJET N°27 : Y a-t-il une place pour la philosophie dans une société qui accorde toute
sa confiance à la raison scientifique et à la réussite technique ?

SUJET N°28 : Aujourd’hui les sciences et les techniques ont des progrès tels que la
réalité et la fiction se confondent. Quelle réflexion autorise un tel constat ?
SUJET N°29 : La science apporte-t-elle une réponse suffisante à la question : « qu’est-
ce que l’homme ? »
SUJET N°30 : Selon le physicien et philosophe Bernard d’Espagnat, « le réel est
voilé » à l’homme, qui n’a aucun moyen de le dévoiler. Qu’en pensez-vous ?
SUJET N°31 : N’est-ce pas faire obstacles à la science que de souhaiter la disparition de la
philosophie ?

SUJET N°32 :« La philosophie sans la science perd bientôt de vue nos rapports réels
avec la création pour s’égarer dans des espaces imaginaires ». Expliquez et discutez.
SUJET N°33 : Ce que les sciences humaines nous font connaitre de l’homme suffit-il pour
connaitre l’homme ?

SUJET N°34 : Faut-il renoncer à s’interroger sur ce qui est hors de portée de la
connaissance scientifique ?

SUJET N°35 : Expliquez et discuter le propos suivant : « C’est parce qu’elle n’est sûre
de rien que la science progresse ».

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SUPPORTS DE RENFORCEMENT : TEXTES

TEXTE N° 1 :
La science, dans son besoin d’achèvement comme dans son principe, s’oppose
absolument à l’opinion. S’il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l’opinion,
c’est pour d’autres raisons que celles qui fondent l’opinion ; de sorte que l’opinion a, en
droit, toujours tort. L’opinion pense mal, l’opinion ne pense pas ; elle traduit les besoins
en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître.
On ne peut rien fonder sur l’opinion ; il faut d’abord la détruire. Elle est le premier
obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple de la rectifier sur des points
particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance
vulgaire provisoire. L’esprit scientifique nous interdit d’avoir une opinion sur des
questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne pouvons pas
formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on dise,
dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément
ce « sens du problème » qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un
esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu
de question, il ne peut y avoir de connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien
n’est donné. Tout est construit.

Gaston Bachelard : La formation de l’esprit scientifique, Vrin, 1938

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TEXTE N° 2 :

La grande différence entre mythe et théorie scientifique, c’est que le mythe se fige. Une
fois imaginé, il est considéré comme la seule explication du monde possible. Tout ce
qu’on rencontre comme évènement est interprété comme un signe qui confirme le
mythe. Une théorie scientifique fonctionne de manière différente. Les scientifiques
s’efforcent de confronter le produit de leur imagination (la théorie scientifique) avec la
« réalité », c'est-à-dire l’épreuve des faits de sa validité, ils s’efforcent d’en produire
d’autres, plus précis, en la soumettant à l’expérimentation. Et les résultats de celle-ci
peuvent s’accorder ou non à la théorie. Et si l’accord ne se fait pas, il faut jeter la théorie
et en trouver une autre. Ainsi le propre d’une théorie scientifique est d’être tout le temps
modifiée ou amendée.
François Jacob.

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TEXTE N° 3:
Dans la mesure où une science est méthodique, dans cette même mesure, il devient
accidentel que ses résultats soient le fait de tel savant plutôt que tel autre. L’œuvre du
génie de la pensée, l’œuvre philosophique tout spécialement est bien différente de
l’œuvre scientifique : elle s’en distingue surtout par ceci qu’elle est, de par sa nature
même imprévisible et qu’elle apparaît dans l’existence comme une sorte de miracle.
Chose caractéristique, il se passe exactement le contraire pour l’œuvre scientifique : les
plus grandes découvertes de la science ont été faites presque simultanément et d’une
manière indépendante par plusieurs personnes à la fois qui ignoraient que la même
découverte avait été faite par une autre personne. Je mentionnerais, pour ne citer que
quelques exemples entre mille, la découverte par Galilée et Léonard de Vinci du
principe de l’inertie ; celle du principe de l’équivalence de la chaleur et du travail dans
cet autre principe, découlant du premier, de la conservation de l’énergie. Jusqu’à un
certain point, la méthode amène ici le progrès comme d’elle-même. Les savants sont
plus les serviteurs de la méthode que ses maîtres et l’on pourrait toujours dire à leur
propos ; si la découverte n’avait pas été faite par celui-ci, elle aurait été faite par un
autre. Aussi, l’homme qui connaît l’état de la science à son époque sait que toutes les
découvertes, avant même d’être faîte sont déjà ordinairement comme on dit « dans
l’air ».
MAX SCHELLER, Le Saint, le Génie, le Héros
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TEXTE N°4:

Dans la formation d’un esprit scientifique, le premier obstacle, c’est l’expérience


première, c’est l’expérience placée avant et au-dessus de la critique qui, elle, est
nécessairement un élément intégrant de l’esprit scientifique. Puisque la critique n’a pas
opéré explicitement, l’expérience première ne peut, en aucun cas, être un appui sûr.
Nous donnerons de nombreuses preuves de la fragilité des connaissances premières,
mais nous tenons tout de suite à nous opposer nettement à cette philosophie qui s’appuie
sur un sensualisme plus ou moins facile, plus ou moins romancé, et qui prétend recevoir
directement ses leçons d’un donné clair, net, sûr, constant, toujours offert à un esprit
toujours ouvert.
Voici alors la thèse philosophique que nous allons alors soutenir : l’esprit scientifique
doit se former contre la nature, contre ce qui est en nous et hors de nous, l’impulsion de
la nature, contre l’entrainement naturel, contre le fait coloré et divers. L’esprit
scientifique doit se former en se réformant.

Gaston BACHELARD

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TEXTE N°5:

La morale découle de la philosophie comme le comportement pratique issu de l’idée


que l’on se fait des choses.
Seule la connaissance scientifique différencie la morale de l’homme moderne de celle
du primitif. (…)
Une nouvelle morale tenant largement compte de la connaissance objective et des
intérêts de l’espèce humaine tout court est en train de s’édifier ; il est seulement difficile
de l’internationaliser par suite des conflits d’intérêts nationaux.
L’écologie, la défense de l’environnement, tendent à devenir les fondements d’une
nouvelle éthique de l’espèce, fondée sur la connaissance : le moment n’est pas loin où la
pollution de la nature deviendra un sacrilège, un acte criminel, même et surtout pour
l’athée, du seul fait que l’avenir de l’humanité est impliqué ; devient donc peu à peu
interdit moral, ce que le savoir, la « science de l’époque », décrète comme nuisible au
groupe tout entier.

Cheikh Anta DIOP, Civilisation ou barbarie

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TEXTE N°6:

Comparée aux techniques, l’activité philosophique semble inefficace, inutile,


parasitaire, elle passe pour un vain bavardage. On lui préfère la spiritualité religieuse ou
la vie artistique, s’il s’agit de satisfaire des besoins auxquels science et technique ne
peuvent pleinement répondre. Confondue avec les idéologies, la philosophie semble
dangereuse, mensongère, archaïque.
Cependant l’homme contemporain sait déjà que ses techniques échappent à son contrôle
et qu’elles le transforment sans qu’il soit le maître de cette transformation. Il éprouve
aussi le vide des lendemains d’ivresse idéologique. Il a donc, semble-t-il, davantage
besoin que ses prédécesseurs d’un déploiement proprement philosophique de sa pensée.
Il lui faut laisser libre cours aux interrogations qu’il porte en lui et que l’envoûtement
par les techniques et la crainte de nouvelles mystifications idéologiques l’empêchent
d’exprimer. L’hostilité actuelle à l’égard de la philosophie n’est peut-être que de la peur
de la conscience de reconnaitre son besoin le plus irrépressible.

P. FOUGEYROLLAS

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