Vous êtes sur la page 1sur 2

DOCUMENT CONFECTIONNE PAR MONSIEUR NDOUR TEL.

77-621-80-97

VERSION ORIGINALE AMELIOREE


Nous tenons à préciser que ce travail n’est qu’une esquisse des repères possibles pour acquérir des connaissances et dérouler
une argumentation en dissertation philosophique. Les choix opérés peuvent être arbitraires, comme tout choix d’ailleurs,
mais l’essentiel c’est que les mains expertes qui s’en saisiront mettent en branle leur effort d’orientation afin de l’exploiter au
mieux, pour le seul bénéfice des apprenants. Loin de réclamer une certaine exhaustivité, il va sans nul doute aussi leur
fournir des connaissances philosophiques non négligeables, renforçant la qualité de leur apprentissage, leur procurer des
données diverses, variées pouvant leur permettre de pallier à leur déficit de lecture. L’objectif ultime visé de ce document est
la mobilisation des ressources didactiques. Mais il ne prend pas en compte toutes les appréhensions méthodologiques, du
fait que leurs différents professeurs sont tenus de les mettre en œuvre dans le cadre de leur enseignement apprentissage.
………………………………………………………………………………………………………

SUJET DE DISSERTATION N°6


L’esprit critique permet-il au philosophe d’accéder à la vérité ?

INTRODUCTION
L’esprit critique est la disposition d’une personne capable de juger, de discerner et d’examiner attentivement une
donnée avant d’en établir la validité. Il sous-entend un état permanent, comparable dans une certaine mesure à un trait de
caractère qui ne s'efface pas. L’esprit critique serait donc la tournure d'esprit propre à celui qui, dans chacun des objets qu'il a
la possibilité d'observer, cherche à discerner le bien du mal, le vrai du faux. C’est dans cette dynamique que notre sujet nous
invite à analyser la question selon laquelle « L’esprit critique permet-il au philosophe d’accéder à la vérité ? ». Autrement dit
quelle est l’utilité de l’esprit critique ? La philosophie étant la recherche du vrai, il apparaît indispensable d'avoir
connaissance de la nature de l'esprit critique si l'on veut appréhender cette science. Il convient donc de se demander à quoi
s'oppose l’esprit ? L'esprit critique connaît-il des limites, et, si oui, quelles sont-elles ? Quels sont les difficultés rencontrées
par celui qui y fait appel ? Est-il possible d’instaurer des connaissances et d’y penser juste et bon sans esprit critique et ainsi
de se libérer des influences extérieures ? Pour mieux élucider cette problématique nous tenterons de répondre à ces questions.
En quoi l’esprit critique permet-il au philosophe d’accéder à la vérité ? L'esprit critique est-il la " voie royale " vers la
connaissance de la vérité ?
DEVELOPPEMENT
La philosophie faisant appel à son esprit critique, c’est-à-dire à sa raison est opposée à toutes les doctrines enseignant
le caractère relatif de la vérité.
Exercer son esprit critique, c'est douter. Pour accéder à la connaissance pleine et entière de la valeur d'une chose, il faut
nécessairement remettre en cause sa légitimité, son fondement. Celui qui ne doute pas de ce qu'il voit ou de ce qu'on lui a dit
n'atteindra jamais la vérité : il fera confiance à l'opinion commune, souvent erronée et toujours malléable, ou à ses sens,
généralement trompeurs. Pour juger d'une chose, il faut donc douter. Le doute est la première étape vers la sagesse
universelle, il est la porte de la philosophie en même temps que la condition de sa naissance. Nous avons vu que, pour
douter, il était nécessaire de mettre de côté l'opinion commune et le message de nos sens, c'est à dire le savoir que nous
donne l'expérience. L'Homme doit donc atteindre la vérité en faisant appel, non à l'expérience, mais à la raison. L'Homme
doit s'interroger seul sur l'objet dont il cherche à déterminer la valeur. Il doit pour cela découvrir son fondement, sa
légitimité. Seule une personne faisant appel à sa raison est susceptible de juger à la fois du bien-fondé d'une opinion, de sa
finalité. L'Homme doit donc découvrir la valeur, le fondement et les origines de chaque chose, ou se laisser tromper par les
apparences et ne pas pouvoir accéder à la vérité. L'esprit critique tel que nous l'entendons s'oppose donc à de nombreuses
autres attitudes mentales vis-à-vis d'une opinion, d'un objet. Il s'oppose tout d'abord à la croyance inconditionnelle en une "
fausse vérité " ou en une chose qui ne peut être prouvée. Le croyant affirme quelque chose sans pouvoir en donner de preuve
; l'Homme faisant appel à son esprit critique ne souscrit à aucune affirmation sans en avoir au préalable examiné la légitimité.
On peut difficilement imaginer deux attitudes plus antagonistes. L'homme exerçant son esprit critique s'oppose également
aux empiristes, qui font de l'expérience sensible la source de toute connaissance. Faire appel à son esprit critique implique
avoir une tournure d'esprit rationaliste, c'est à dire ne pas faire systématiquement confiance au message sensible. Le Docteur
Komokon KEITA s’engage dans la même dynamique quand il considère la philosophie comme : « Une réflexion critique
une recherche, une tentative de saisie totale par la pensée de toutes les formes d’activités et leur signification par
l’amélioration de leurs conditions humaine ». Ce n'est qu'en doutant de soi-même qu'on peut remettre en cause une telle
cosmogonie, et ce n'est qu'en faisant appel à la logique qu'on peut en prouver la fausseté. Ératosthène a prouvé par les

DOCUMENT CONFECTIONNE PAR MONSIEUR NDOUR TEL. 77-621-80-97 1


mathématiques que la Terre était ronde bien avant que Magellan n'accomplisse son tour du monde, et Galilée a démontré que
notre planète tournait autour du soleil avant que les premiers astronautes puissent l'attester. Faire appel à son esprit critique,
on l'a vu, c'est savoir étudier à fond un problème, en se posant toute une série de questions sur chacun de ses éléments
constitutifs afin d'en déterminer la nature. Cette méthode de travail, qui doit mener vers la vérité, s'oppose à celle des
sophistes, premiers tenants de la théorie selon laquelle " tout se vaut " et qui pensaient que toute vérité était relative. Les
sophistes enseignaient aux jeunes Athéniens fortunés l'art oratoire, l'art de convaincre. Dans ses dialogues, Platon les
présente comme des charlatans capables de soutenir, au moyen d'arguments spécieux et démagogues, n'importe quelle thèse,
même si celle-ci ne correspond pas à l'idéal de vérité vers lequel doivent tendre les philosophes. Le philosophe faisant appel
à son esprit critique, c'est à dire à la raison, est donc opposé au sophisme, et, d'une manière générale, à toutes les doctrines
enseignant le caractère relatif de la vérité.
Mais avant d'aboutir à un résultat probant, nombreuses sont les difficultés qui se présentent à la personne désirant faire
bon usage de son esprit critique. De plus, on aurait tort de voir dans le rationalisme un moyen d'accéder à la connaissance
suprême, à la connaissance de tout. L'esprit critique implique le doute. Faire appel à son esprit critique, c'est utiliser sa
raison. L'esprit critique connaît donc les mêmes limites que la raison. De même, il y a des cas où l'esprit critique ne peut pas
s'exercer sans une certaine éducation. Rappelons que les philosophes, les penseurs et les scientifiques faisant appel à leur
esprit critique restent des êtres humains, et que, de ce fait, ils sont comme tout un chacun sujets à l'erreur et victimes de
lacunes, de préjugés. La philosophie a pour point de départ l’étonnement. L’étonnement traduit l’incompréhension,
l’inquiétude, l’émerveillement d’où le désir de savoir. Dès lors, la philosophie reste d’abord une réflexion ; mais dire qu’elle
est réflexion revient à dire qu’elle commence par une prise de conscience de certains problèmes à côté desquels l’homme
passe le plus souvent sans y prêter attention. La réflexion devient une critique des idées admises, car réfléchir, c’est d’abord
s’interroger. Ainsi la philosophie peut être définie comme une réflexion critique sur la totalité de l’expérience humaine.
C’est dans cette mouvance que le professeur Assane SYLLA déclare : « La philosophie est une réflexion critique tendant à
atteindre le maximum de clarté, de cohérence et de profondeur dans la compréhension et l’explication des phénomènes
concernant les êtres naturels et leurs créations culturelles au niveau de leur existence, de leur essence, de leur légitimité
et de leur valeur ». Cependant force est de préciser que l’esprit critique n’est pas un esprit spontané. La célèbre
« maïeutique » de Socrate est l’art d’« accoucher les idées». C’est une méthode, une attitude, qui à poser des questions
jusqu’à ce que l’interlocuteur arrive à fonder définitivement son discours sur des bases irréfutables ou bien prenne
conscience de ce manque afin de ne pas imposer la vérité, mais pour permettre à chacun de la faire sienne. Socrate prend la
position de celui qui ne sait rien. La Maïeutique Socratique est donc un jeu de questions réponses consistant à accoucher les
esprits des hommes en vue de faire découvrir des vérités qu’ils portent en eux. Socrate par le biais de cette méthode aide ses
interlocuteurs à réfléchir et à prendre conscience. En même temps il faisait comprendre à ses interlocuteurs qu’ils croyaient
savoir alors qu’en réalité qu’ils ne savaient pas ; d’où l’ironie Socratique : « Tout ce que je sais,je ne sais rien ». Cette
profession de foi assigne à la philosophie sa noble mission de participer à l’éveil des consciences, conscience représentant le
seul moyen pour l’homme de se connaitre soi-même. Platon dit déjà : « Une vie sans examen ne mérite pas d’être vécue ».
L’esprit critique peut aussi se mesurer à travers à travers le doute Cartésien. Cette méthode utilisée par Descartes consiste à
opérer une conversion de l’esprit en rupture avec l’enfance et la tradition, afin de parvenir à des entreprises grandioses. C’est
pourquoi DESCARTES commence son itinéraire philosophique par une remise en question des préjugés reçues et des
pseudos certitudes. C’est en ce sens qu’il affirme : « Il fallait que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je
pourrais imaginer, le moindre doute, afin de voir s’il ne resterait point après cela quelque chose à ma créance qui fut
entièrement indubitable ». Il s’agit d’un doute méthodique, rationnel, provisoire. C’est une inspection de l’esprit permettant
au philosophe de suspendre son jugement jusqu’à l’acquisition d’idées claires et distinctes. Philosopher aux yeux de
Descartes, c’est soumettre la pensée à un examen critique, afin de parvenir à l’élaboration d’un savoir exclusivement dicté
par la raison. On peut également se demander si la découverte de grandes vérités définitives est, non seulement possible,
mais souhaitable.
Le rationalisme absolu est souvent critiqué dans la mesure où il ne laisse aucune place au rêve et à l'imagination,
pourtant bien agréables. Si l'on doit exercer son esprit critique sur chaque objet de la vie, on risque fort de passer à côté d'elle
comme ces photographes acharnés qui ne voient le monde qu'à travers leurs objectifs.
CONCLUSION
Au terme de notre analyse et au regard de ce qui précède, il était question de savoir si l’esprit critique permet au
philosophe d’accéder à la vérité. Ainsi, l'esprit critique ne tend pas forcément à une vérité mais permet aux Hommes de
constituer leur propre personnalité, leur propre pensée. La constitution de l'esprit critique passe par la connaissance et ce
point n'est pas négligeable car c'est par nos connaissances que nous constituons notre être, nos centres d'intérêts, notre
entourage. L'esprit critique permet la possibilité de vouloir rompre avec les croyances (quasi) collectives, mais pour cela il
faut que notre démarche suive une logique cohérente. L'esprit critique, comme le dit si bien Sartre : « condamne à chaque
instant à inventer l'Homme » car par cette démarche l'Homme tend vers de nouvelles libertés. Ainsi, nous pouvons nous
demander si c'est l'esprit critique qui forge la liberté ou bien si c'est la connaissance qui tend vers la liberté.

DOCUMENT CONFECTIONNE PAR MONSIEUR NDOUR TEL. 77-621-80-97 2

Vous aimerez peut-être aussi