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INTRODUCTION
« La philosophie ne commence qu’avec la décision de soumettre l’héritage philosophique et culturel à une
critique sans complaisance ».Cette idée de Marcien TOWA montre qu’elle est une activité consciente et
méthodiquement conduite de production et de mise en forme logique d’idées, de concepts et de représentation, bref une
activité qui tente d’expliquer le réel.C’est dans cette dynamique que notre sujet nous amène à réfléchir sur la conception
selon laquelle « la fonction de la philosophie est de contester, mais son destin est d’être contestée ». Autrement dit, il
évoque le problème de la vocation de la philosophie et de son destin qui est remettre en question les vérités préétablies.
La philosophie n'a jamais réussi à développer une méthode qui aurait réussi à s’imposer parmi les philosophes. L’histoire
de la philosophie ne présente-t-elle pas une diversité de systèmes d’idées opposées favorable à la contestation ? Le
philosophe ne doit-il pas tout contester et être contesté pour rompre avec les apparences et les certitudes ? Cependant,
est-il possible d’instaurer des croyances, des certitudes et d’y penser juste et bon sans les contester et ainsi de se libérer
des influences extérieures ? Pour mieux élucider cette problématique, nous allons tenter d’apporter des réponses à ces
questions. Dans quel contexte la fonction de la philosophie est-elle toujours de contester ? La contestation dont la
philosophie fait preuve est-elle utile dans le cadre de son déploiement ?
DEVELOPPEMENT
La philosophie est souvent définie comme une remise en cause de nos manières habituelles de vivre et de penser
poussant toujours au pratiquant de demeurer dans le champ de la contestation.
La philosophie est essentiellement questionnement, examen, doute. Elle aspire à une connaissance générale et achevée de
l’expérience humaine dans sa totalité et dans cette entreprise, elle a comme instrument la raison et comme démarche
principale le doute. A l’origine, la philosophie a élaboré son discours en dehors des références magico-religieuses. Au
dogme religieux, la philosophie a toujours opposé le principe de la raison comme instance de validation et comme source
de vérité. Pierre FOUGEYROLLAS a dit à ce propos que « Dans son jaillissement originel, la philosophie n’apparait
ni comme un savoir ni comme un pouvoir, mais comme la dissolution de tout savoir acquis et de tout pouvoir établi ».
La dissolution dont il est question ici est tout simplement la critique, l’examen. La philosophie n’épargne aucun savoir,
aucun pouvoir dans sa critique. La subversion est l’âme de la philosophie ; elle n’est pas une connaissance, elle ne
prétend pas détenir la vérité ; elle se veut une instance de contrôle et de veille. Le mythe, la magie, la science, la
technique, rien n’est épargné par la critique philosophique. C’est parce qu’elle aspire à tout fonder en raison que la
philosophie est fatalement critique. C’est justement parce qu’elle est d’essence subversive que la philosophie suscite un
cortège de critiques et d’indignations. Dans l’antiquité déjà la philosophie a été la cible de toutes les formes de
diabolisation et même de la persécution. La mort tragique de Socrate (père symbolique de la philosophie) est la preuve
archétypale du destin de la philosophie d’être inexorablement contestée. Elle est critiquée pour sa nature controversée,
pour son caractère spéculatif et désintéressé, mais aussi parce qu’elle est redoutée. Elle se critique elle-même car elle est
personnelle et controversée : sa nature même est d’être source d’antagonisme. Parce qu’elle exige conformisme et