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Verhellen Noé Bac 3 Arts Num

Philosophie contemporaine
La Liberté
Pour commencer cette dissertation, j’ai regardé ce que l’on trouve comme définition du
terme « liberté » dans Le Robert. Et voilà ce qu’il y est écrit :

1.Situation d'une personne qui n'est pas sous la dépendance de qqn (opposé à esclavage,
servitude), ou qui n'est pas enfermée (opposé à captivité).

2. Possibilité, pouvoir d'agir sans contrainte ; autonomie.

On remarque alors que c’est une définition assez vague et on comprend pourquoi la liberté
donne lieu à des points de vue aussi divergents. Si beaucoup de grands penseurs de l’histoire
s’accordent sur l’idée que l’être humain doit être libre, ils ne s’accordent pas sur le concept et
la description qu’ils en font.

Je vais alors parler ici de la liberté du point de vue d’un jeune européen qui a vécu toute sa
vie en ayant le sentiment d’être libre, et essayer de décortiquer et de remettre en question cette
liberté.

Dans la vie quotidienne, l’existence de la liberté comme étant une réalité ne fait pas trop
débat, mais d’un point de vue philosophique, on peut se questionner sur ce concept en tant que
tel et sur la possibilité d’être réellement libre en tant qu’être humain. Sur ce sujet, Hannah
Arendt dit d’ailleurs :

« Dans tous les champs de travail scientifique et théorique, au contraire, nous procédons
d'après la non moins évidente vérité du nihil ex nihilo, du nihil sine causa, c'est-à-dire en
supposant que « même nos propres vies sont, en dernière analyse, soumises à des causes » et
que, s'il doit y avoir en nous-mêmes un moi ultimement libre, celui-ci, en tout cas, n'apparaît
jamais sans équivoque dans le monde phénoménal, et ne peut donc jamais devenir l'objet d'une
assertion théorique. »

On pourrait dès lors se dire que si la liberté est une utopie que nous ne pourrons jamais
atteindre, à quoi bon en débattre ? Nous pouvons alors choisir le désespoir d’une vie
prédéterminée et sur laquelle nous n’aurons aucune emprise ou nous pouvons, et c’est là la force
de l’esprit humain, choisir de croire en la liberté. Car nous n’avons aucune preuve tangible qui
prouve l’existence ou non de la liberté et nous avons donc la possibilité d’y croire.
Hannah Arendt dit ceci :

« …pour être libre, l'homme doit s'être libéré des nécessités de la vie. Mais le statut d'homme
libre ne découlait pas automatiquement de l'acte de libération. Être libre exigeait, outre la simple
libération, la compagnie d'autres hommes, dont la situation était la même, et demandait un
espace public commun où les rencontrer - un monde politiquement organisé, en d'autres termes,
où chacun des hommes libres pût s'insérer par la parole et par l'action. »

La liberté s’acquiert quand nous ne devons plus nous soucier de nos besoins primaires :
comment nous allons nous nourrir, comment nous allons boire, …

Seulement, si nous n’avons plus besoin de nous préoccuper de tout ça, c’est que quelqu’un
d’autre le fait à notre place et si cette personne doit s’occuper de ces questions là alors elle n’est
pas libre.

On gagnerait donc notre liberté en sacrifiant celle des autres et inversement. Je pense que
tout un chacun peut en prendre conscience en observant notre société capitaliste, basée sur
l’exploitation de l’humain par l’humain, qui nous permet d’être libre et donc de s’investir en
politique.

La liberté n’est pas qu’une affaire de politique, c’est aussi une histoire d’indépendance. Une
indépendance qui serait liée à notre capacité à subvenir à nos besoins, car si l’on est dépendant
d’un système pour satisfaire nos besoins primaires nous serons incapables de renverser ce
système quand il menacera nos libertés.

Sur ce sujet, Rousseau dit d’ailleurs :

« Le corps de l'homme sauvage étant le seul instrument qu'il connaisse, il l'emploie à divers
usages, dont, par le défaut d'exercice, les nôtres sont incapables, et c'est notre industrie qui nous
ôte la force et l'agilité que la nécessité l'oblige d'acquérir. »

Rousseau parle essentiellement de capacité physique ici, mais je rajouterais qu’il s’agit aussi
de connaissances. Aujourd’hui, peu d’entre nous savent encore comment cultiver la terre ou
repérer les plantes et fruits comestibles dans la nature alors que ces connaissances sont
essentielles à l’indépendance.
Nous perdons aussi une grande partie des connaissances qui servent à produire les objets
utiles du quotidien.

Dans « Moi, le crayon » Leonard E. Read dit : « En fait, des millions d’êtres humains
participent à ma création, et aucun d’entre eux n’en connaît plus que quelques autres. »

La chaine de production est tellement grande que personne ne se préoccupe plus de connaitre
l’entièreté du processus de production, on ne se contente que de connaitre une petite étape de
celle-ci.

Ces éléments menacent nos libertés et sont le résultat des dérives de notre société
démocratique. La Boétie dit d’ailleurs :

« Celui à qui le peuple a donné l’état devrait être, ce me semble, plus insupportable, et le serait,
comme je crois, n’était que dès lors qu’il se voit élevé par- dessus les autres, flatté par je ne sais
quoi qu’on appelle la grandeur, il délibère de n’en bouger point ; communément celui-là fait
état de rendre à ses enfants la puissance que le peuple lui a laissée… »

Et effectivement, plus d’un chef d’état élu démocratiquement est après resté au pouvoir pour
créer un gouvernement totalitaire.

L’indépendance est aussi la faculté de penser par soi-même, sans être prisonnier des
schémas de pensées induits par la société dans laquelle on vit et de pouvoir avoir des idées
nouvelles.

Nietzsche dit d’ailleurs :

« Conquérir le droit de créer des valeurs nouvelles – c’est la plus terrible conquête pour un
esprit patient et respectueux. »
En conclusion, l’obtention de la liberté, si on ne veut pas la gagner au détriment de celle des
autres, passe par un long chemin d’apprentissage. Il faut obtenir son indépendance intellectuelle
et de subsistance si l’on veut être réellement libre.

Ces deux éléments sont nécessaires pour acquérir une liberté individuelle qui nous mènera
ensuite vers la liberté politique.

Sartre dit : « L'homme est non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme
il se conçoit après l'existence, comme il se veut après cet élan vers l'existence, l'homme n'est
rien d'autre que ce qu'il se fait. »

Et je pense qu’il est temps de se vouloir indépendant, pour se libérer des tyrans.
Bibliographie

Read Leonard E. "I, Pencil: My Family Tree as Told to Leonard E. Read." The Freeman: Ideas
on Liberty, Etats-Unis, vol. 61, no. 6, 2011, pp. 1-4.

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