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Sujets français corrigés

pour mieux préparer le


concours de réorientation
universitaire
Ministère de l’Enseignement Supérieur
Université de Monastir
Concours de réorientation.
Filière : sciences médicales Mars 2011
Épreuve de dissertation en langue française
Durée : 2 heures Coefficient : 1

Sujet :
« On rencontre beaucoup d’hommes parlant de la liberté, mais on en voit très peu
dont la vie n’ait pas été principalement consacrée à se forger des chaînes », écrit G le
bon dans Hier et demain
G le Bon souligne ainsi une contradiction chez la majorité écrasante des humains.
Expliquez sa pensée et dites ce que vous en pensez en illustrant vos arguments par des
exemples puisés dans l’actualité et dans vote expérience personnelle.

On est libre par essence, car dotés d’une personnalité et d’un égo propre à ce
que nous sommes. De ce fait, nous cherchons de manière volontaire ou spontanée à
exercer ce droit à chaque instant de notre vie, soit par confrontation à d’autres égos, soit
par composition calculée. En confrontant nos choix, nos principes, nos croyances, on
peut faire évoluer nos positions, soit radicalement, soit partiellement. Ce changement
peut s’opérer, soit par conviction, soit par repli stratégique. Face à d’autres paramètres,
comme recourir aux autres pour réussir notre parcours, ou diffuser nos idées, cette
concession peut se nommer : reculade, céder aux pressions, plier pour ne pas casser ; ou
tout simplement : se créer des limites, des lignes rouges ou des chaînes. Nous vivons en
société et cela implique des règles communes qu’on doit respecter, s’enchaîner c’est
accepter des freins et des interdits, même si on n’est pas convaincus ou satisfaits… il
vaut mieux obtenir la moitié d’un accord, que pas d’accord du tout.
Nous le voyons bien, il y a une différence notable entre une liberté totale, sans
entraves, comme celle prônée par Rousseau et une autre nuancée par les chaînes de la
responsabilité, de l’obéissance aux lois et du devoir. Ainsi, la liberté devient l’ensemble
des possibilités qui sont physiquement ou socialement applicables à un individu. Ces
possibilités changent de représentation selon le cadre spatial ou temporel ; ainsi on ne
peut plus parler de liberté mais des libertés. Par exemple, nous ne porterons pas le même
jugement de valeurs sur les libertés introduites par la révolution française de 1789 et la
révolution tunisienne de 2011.
En société, l’homme est un citoyen libre de ses actes, tant que ceux-ci ne nuisent
pas à autrui et ne sont contraires à aucune loi. Celle ci reconnaît à l’homme le droit
d’aller et de venir librement au sein d’un pays ou d’un espace commun : « la liberté des
uns s’arrête là ou commence celle des autres »John Stuart Mill. Pour ne pas empiéter sur
les espaces respectifs nous nous sommes astreints des contraintes légales et juridiques,
mais aussi morales. La contrainte morale est librement consentie, car dépendant de notre
libre arbitre. Elle est plutôt appelée responsabilité, devoir et implique une obéissance
individuelle : nous avons des devoirs à l’égard d’autrui quand bien même nous sommes
en règle envers lui du point de vue juridique. Quand j’obéis à un parent, à un professeur
ou à un patron j’ai bien l’impression de perdre ma liberté, puisque je ne fais pas ce que je
veux, mais ce que veut l’autre ; mais en même temps, cette même obéissance ne protège
t elle pas certaines de mes libertés ? Quand je suis les conseils du médecin, ce n’est pas
par pure soumission ou résignation ; mais bien parce que ce que veut le médecin (ma
guérison) est aussi ce que je veux. Ainsi cette obéissance ou cet enchaînement est un
renoncement libre à la liberté. Pour Kant : « Être libre, c’est être autonome et agir
conformément aux lois morales que notre raison a conçues ; dans le même registre un
peuple libre est un peuple autonome qui se donne à lui même les lois auxquelles il
acceptera de se soumettre : tel est le sens du contrat social ». Ainsi les individus
s’unissent et mettent en commun leurs forces et leurs volontés, de sorte que la volonté
générale du peuple décide des lois nécessaires au bien commun, dont ces mêmes
individus seront tout à la fois les auteurs et les sujets.
Ainsi, le constat s’impose, la liberté est indissociable de ses chaînes, contraintes,
lois, devoirs, responsabilités. La liberté absolue est le moyen d’agir conformément à
notre organisation et à nos besoins, c’est la liberté de nos mouvements. L’homme reste
libre quoi qu’il lui arrive et quoi qu’il fasse, même quand il est malade ou paralysé,
enchaîné à son lit. L’homme est libre par sa pensée, ses rêves, ses fantasmes, il peut
crier, gémir ou se taire et se résigner à son sort. C’est cela la liberté, oui mais pour la
préserver, il faut des lois, des garde fous volontaires ou coercitifs « quand chacun fait ce
qu’il lui plaît il fait souvent ce qui déplaît à d’autres » Jean Jacques Rousseau.
Ministère de l’Enseignement Supérieur
Université de Monastir
Concours de réorientation.
Filière : sciences médicales Mars 2011
Épreuve de dissertation en langue française
Durée : 2 heures
Coefficient : 1

Sujet :
« On rencontre beaucoup d’hommes parlant de la liberté, mais on en voit très peu
dont la vie n’ait pas été principalement consacrée à se forger des chaînes », écrit G le
bon dans Hier et demain
G le Bon souligne ainsi une contradiction chez la majorité écrasante des humains.
Expliquez sa pensée et dites ce que vous en pensez en illustrant vos arguments par des
exemples puisés dans l’actualité et dans vote expérience personnelle.

Par liberté, nous convenons communément le pouvoir de choisir entre plusieurs


actions possibles. Loin d’être des spectateurs, auxquels on dicte des ordres, nous
sommes auteurs et acteurs de nos propres actions : je conçois l’acte, je délibère, je décide
et j’exécute ; en un mot, je suis seul maître de ma destinée
La liberté veut qu’on exerce nos droits en tant qu’humain, de n’importe quelle
manière, aussi longtemps que cela n’interfère pas avec l’exercice des autres. Cet
itinéraire seul conduit à la libération des potentiels humains qui construiront les
civilisations, la sécurité régnera, la richesse coulera a flots, l’homme de cette manière
protégera, non seulement ses droits les plus fondamentaux, mais aussi ceux de son
prochain. Effectivement, l’humain naît libre de tout préjugé de tout vice et de toute
avarice ; mais seule son appartenance au genre humain veut que sa nature, ses passions,
ses désirs et son instinct triomphent sur sa raison. Il apparaît condamné à s’étourdir dans
le divertissement, afin de fuir l’insoutenable pensée de sa condition faible, misérable et
mortelle, bref animale. L’homme en grandissant devient esclave de la matière, de la
conquête du savoir, de ses sentiments, des autres hommes qui imposent leur supériorité à
son égard et c’est par là justement que commence l’aliénation. Dans quels domaines
l’aliénation intervient-elle ? Est-elle inéluctable ? Ceux qui ont proclamé sa fin n’ont-ils
pas crée d’autres aliénations ? La nature humaine ne se voit elle pas être l’alibi de
l’aliénation ? La passivité de l’homme ne la rend elle pas légitime ?
Pascal disait « l’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est
un roseau pensant ». Sociable de nature, l’homme ne peut se dissocier ou se défaire du
groupe ; sans lui, il est réduit à son nihilisme, il ne peut vivre ni subsister ni prospérer.
En conclusion l’homme est forcé de vivre en société, plus qu’un choix ou un droit, c’est
une évidence et une nécessité de l’ordre du vital : « L’ordre social est un droit sacré qui
sert de base à tous les autres »
L’homme est né libre certes, mais il est esclave de ses pulsions et de ses passions
qui le réduisent à son état animalier, sans normes ni réserves, c’est la loi de la jungle qui
régnera, bref l’anarchie totale : la volonté de dominer surgit, triomphe, prend le dessus et
c’est elle qui incitera les hommes à s’entre-tuer ; de là naît l’esclavage : « les esclaves
perdent tout dans leurs fers : virtualité, liberté, autonomie, jusqu’au désir de se défaire de
ses fers ». Peut-on parler du droit du plus fort ? Je crains que oui, mais jusqu’au jour où
vient un autre plus fort qui renverse le plus fort et détruit le droit de ce dernier, donc la
force ne peut pas fonder le droit. « Toute puissance vient de Dieu, je l’avoue, mais toute
maladie en vient aussi »
Ces sociétés archaïques fidèles à leurs coutumes et à leurs croyances
contraignantes sont incarnées par le chef ou le prêtre qui prend le pouvoir par la force et
le fait reconnaître. Le système féodal affiche cette situation : on fait allégeance à un
homme ce qui favorise les luttes pour le pouvoir et l’instabilité. De cette instabilité
même naît une volonté de dissocier le pouvoir de ceux qui l’exercent, c’est la théorie de
Benjamin Constant. Il fallait trouver au contraire une forme d’association qui défend et
protège de toute force commune la personne et les biens de chaque associé et par
laquelle chacun s’unissant a tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre
qu’auparavant. Les hommes sont en situation de conflit permanent, pour survivre, ils
sont forcés de s’unir : c’est la définition même du contrat social, première entrave à la
liberté. Selon Rousseau, les citoyens associés doivent décider librement selon la volonté
générale. c’est une résignation volontaire dans le but d’assurer la sécurité commune et
de faire régner l’ordre social pour protéger les biens et les personnes. En réalité
l’homme s’abandonne à nouveau à ses instincts, ses habitudes, à l’égoïsme et à
l’indifférence, il échappe à ses responsabilités et c’est pour cela qu’on a institué l’état,
deuxième entrave à la liberté, au nom de la liberté. Invisible à l’œil nu, il se manifeste
par ses institutions, en vue d’assurer les droits inaliénables de l’homme. Les philosophes
n’ont pas manqué de s’interroger quant à l’essence de l’état. Pour Platon, c’est la
justice, pour Aristote la vertu, pour Hobbes, l’état permet de préserver les hommes
contre leur sauvagerie et leurs violences natives, apte à protéger l’homme contre
l’homme. Pour Montesquieu, il préserve le citoyen de l’arbitraire. Hegel précise qu’il
incarne « la loi de la raison », on ne peut donc ne pas parler de lois. Elle est
l’ordonnancement des règles par la justice, elle prescrit des devoirs et assigne des droits
à ceux qui y sont soumis. Parce qu’elle assujettit donc l’individu, l’emprisonne, le
condamne au cachot, à la guillotine, la loi semble entraver la liberté, mais sa liberté la
plus fondamentale et la plus inaliénable : la liberté de vivre. En effet, obéir à la loi, c’est
se contraindre à ce qu’elle dicte, c’est donc être restreint dans ces conditions pour se
conformer à elle « et comme un gaz tend à occuper toute la place ou on l’enferme, ainsi
la loi envahit toute la vie, se dilate à travers l’épaisseur de l’existence » disait
Jankélévitch
Doit-on se lier alors avec les libertaires et les anarchistes pour réaliser une société
sans état ? En effet, l’état n’est-il pas plutôt un obstacle à la liberté, plutôt que son
garant ?
Les hommes estiment que c’est un mal nécessaire qui a un grand mérite : celui
d’assurer la liberté et de la conserver. On a trop souvent tendance à idolâtrer l’état et le
gouvernement, auxquels on attribue le statut souverain ; et pour quelle raison ? La seule
et unique raison de protéger leurs libertés qu’ils ont pourtant acquise en naissant, bizarre
n’est ce pas ? Être loyal et reconnaissant à un chef qui prétend vous offrir ce que vous
avez déjà ! Les hommes ont besoin d’être chaperonnés, guidés ; l’homme moderne,
l’homme du confort ne veut plus prendre la peine de décider ou alors il décide librement
d’obéir à la volonté générale où le pluralisme règne. Mais qui a dit que la majorité avait
toujours raison ? Claude Roy présume que la démocratie se transforme facilement en
démagogie ou pire encore en médiocratie : fondée sur la toute puissance de l’état : c’est
la dictature d’un parti unique.
Dès qu’une société se scinde entre dirigeants et dirigés, l’aliénation commence :
esclavagisme, féodalisme, capitalisme, socialisme, elle prend à chaque fois une forme
nouvelle, mute pour résister au temps. Le travailleur est dépersonnalisé, le processus de
production et le travail parcellaire lui sont imposés. Il est dépossédé, puisque producteur
d’une plus-value qui lui échappe. Le non-travail qui pourrait être le refuge de
l’autonomie est quant à lui aliénant, le citoyen devient un consommateur effréné qui
cherche l’avoir et le paraître et ses loisirs lui sont dictés. C’est le cas parfait d’une
tyrannie qu’on s’impose et qui nous asservit. La Béotie avec « de la servitude
volontaire » a rédigé le plus intelligent et le plus lucidement désespéré des traités de la
tyrannie. Il cherche à comprendre « comme il se peut faire que tant d’hommes, tant de
bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul qui n’a
puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire, sinon tant qu’ils ont
vouloir de l’endurer »Tyran faible qui perdure, peuple puissant qui courbe la nuque, c’est
le casse tête dont parlait le Bon. Victor Hugo ; « les peuples ont toujours les dirigeants
qu’ils méritent »
Etienne de la Béotie le résout d’une façon qui a quatre siècles et demi de distance
et qui n’a pas perdu de sa puissance explicative, ni de sa force provocante. Les peuples
aiment le joug, pense-t-il, ils désirent un maître, réclament sa poigne. Bref, ils désirent
leur propre asservissement. L’idée heurte, elle parait choquante. A l’homme de prendre
conscience en exerçant sa responsabilité ; mais l’homme peut il changer, si la société ne
bouge pas ?
Il faut conjointement lutter contre la société aliénante, lutter en soi contre le
conformisme spirituel. L’espoir subsiste quand même les regards se tournent de plus en
plus vers les jeunes démocraties qui naissent un peu partout dans le monde et qui
abolissent les dictatures. L’idéal démocratique n’a jamais été aussi répandu sur la
planète. Il affirme sa présence là ou son manque a prouvé combien il est précieux de
pouvoir agir librement, combien il est précieux de se sentir maître de sa propre
existence. La révolte n’est pas simplement lassitude, exaspération, patience, elle trace
une frontière, restaure la dignité, elle émerge de la grisaille pour créer du neuf. L’histoire
n’est jamais entièrement écrite, le désir de servitude peut avoir une fin, le peuple existe
par la pensée et agit, la liberté au prix du sang et des larmes se conquiert encore.
Ministère de l’Enseignement Supérieur
Université de Tunis El Manar Année
universitaire 2005/2006
Concours de réorientation pour l’année universitaire 2005/2006
Toutes les Filières Dissertation
en langue française
Durée : 3 heures
Coefficient : 1

Sujet : Pensez-vous que la civilisation moderne soit celle de l’ouverture sur l’autre
et du dialogue des cultures ?

Il y a quiproquos sur l’acception des notions de civilisation moderne, de culture,


de modernité ; elles n’ont cessé d’inviter historiens, sociologues psychologues et
philosophes à tenter de cerner leur champ épistémique et leur impact sur la réalité
construite. Au demeurant, Claude Levi Strauss a dissocié entre civilisation et culture, en
la fondant sur le fait que la civilisation constitue les réalisations matérielles à travers
l’histoire, alors que la culture entretient un rapport très étroit avec le symbolique, le
spirituel et l’inter-relationnel. C’est dans cet ordre d’idées qu’un concept émergent a fait
surface, à savoir la modernité qui se définit, comme étant le siège de l’individualité et de
la liberté. En rapport avec la définition présentée par le sujet, une certaine réduction se
fait aisément déduire.
Est-ce qu’il est vrai que la modernité (civilisation et culture moderne) recouvre la
question de l’altérité et celle de la communication interculturelle ?
Ne peut-on pas à juste titre démentir ce qui est avancé, en nous référant à la réalité
tangible ?
Quels sont les moyens qui peuvent être utiles, afin de dépasser ce cadre de conflits
de tensions et de guerres qui prévaut de nos jours ? Et là, on doit introduire la notion de
tolérance qui représente le respect de la liberté d’autrui. C’est le contraire de l’étroitesse
de l’esprit, c’est être ouvert sur des possibles. Mais cette attitude n’est pas innée ; elle se
construit. C’est le premier acte d’humanité vers autrui, aussi provisoire soit-il. C’est un
premier acte politique lorsqu’une communauté accepte de reconnaître la pluralité.
Qu’elle soit ethnique, religieuse, philosophique ou politique, cette reconnaissance est
fondamentale. Plus qu’une vertu, elle est un devoir éthique.
Tolérer, cela peut être endurer en silence, résister au mal, patienter devant une
erreur, être indulgent vis-à-vis du fautif, être respectueux de la parole, des idées
différentes, intégrer l’autre dans sa propre approche. C’est aussi accueillir l’autre chez
soi sans perdre son identité, ni la sienne, ni la nôtre. De fait, le mot tolérance doit être
rapproché de son historicité. Selon la période, les systèmes y donnent des significations
et des valeurs différentes : assimilation, accueil, complicité, endurance, indulgence,
patience, pitié, perméabilité, résistance, respect, souffrance…
S’il est bien vrai que la modernité est synonyme de tolérance, d’ouverture sur
l’autre et de « dialogue des cultures », il n’en demeure pas moins vrai que cette même
modernité verse dans le chaos universel, et ce pour plusieurs raisons.
En effet, tout donne en apparence l’impression que la civilisation moderne a libéré
l’homme du carcan de la fermeture et du repli sur soi, de l’isolement et de la solitude,
pour leur substituer des moyens de grande envergure, facilitant la communication et
l’échange. Tel est le cas des médias, des activités sportives, de l’internet…
Mais la tendance des moyens de communication ne résout pas le problème de
cette dernière dans la mesure où des réticences des silences sont observables dès qu’il
s’agit du rapport à l’autre. Par ailleurs, la civilisation moderne se présente, certes comme
l’espace, où s’annonce le dialogue des cultures, mais des tensions et des conflits
persistent, conférant ainsi au monde une dimension catastrophique et chaotique.
La logique de l’intérêt qui préside au choix des pays les plus puissants, se
trouverait embusquée derrière les rapports de domination/subordination entre les nations
et les cultures. C’est dans ce sens que les nations sur développées exportent la
démocratie sur les chars, qu’on a voulu libérer les africains de leur soumission totale en
usurpant leur richesses.
Dès lors une vision pessimiste se dessine en filigrane et qui supplante ce point de
vue optimiste véhiculé par le sujet. Une lecture hâtive de l’histoire des cultures et des
civilisations montre que leurs relations étaient marquées par des rapports de force qui
découlent en droite ligne d’intérêts financiers et économiques.
De Rome à Carthage, de la Grèce à l’Europe, de l’Occident à l’Orient les relations
sont analogues : la domination génératrice de deux statuts, celui du dominant capable
d’imposer sa culture et son idéologie et le statut du dominé subalterne qui doit lutter
pour s’en libérer.
La modernité n’a pas échappé à ce principe, bien au contraire elle l’a fortifié par
de nouveaux moyens plus efficaces, pour soumettre les peuples à la volonté des
minorités et reproduire les schémas classiques de l’esclavage, en tant que forme
exacerbée de tolérance.
L’esclavage moderne usurpe à l’homme son humanité, le réduit à sa nullité et
remet en question cette ouverture sur l’autre, dont il est précédemment question.
Parler du dialogue des cultures infère une suite de conditions, nécessaires à la
réalisation de ce dialogue. La première de ces conditions consiste en la légalité des
cultures. La négation de l’égalité aboutit inéluctablement à l’inexistence du dialogue.
Considérons le cas de la culture arabo-musulmane considérée comme inférieure,
car elle est assimilée entre autres au terrorisme. En vérité les causes sont historiques,
religieuses et économiques. Historiques, car le bassin méditerranéen a toujours été une
zone de conflits entre les peuples de la rive Sud et ceux de la rive Nord afin de dominer
le commerce maritime et le passage vers l’Asie.
Religieux car les trois religions monothéistes prônent une intolérance les une
envers les autres, ou du moins les interprétations qu’elles font de ces textes. Pour le
Judaïsme: «Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. », (Exode 20, 3). Le
christianisme : « Je crois en Dieu, le père tout puissant, créateur du ciel et de la terre. »
(Symbole des Apôtres, IIe siècle). L’islam affirme : « Il n’est d’autre dieu qu’Allah »
(Coran 2/255). On comprend donc que la tolérance n’est pas une vertu intrinsèque de
telle ou telle religion mais dépend du choix de ses hommes et de ses hiérarchies comme
de leur capacité à s’associer à un pouvoir.
Économique enfin, car le fait que la principale source d’énergie du monde se
trouve concentrée entre les mains de certains pays Arabes. Le pétrole attise les tensions
et attire les convoitises. La guerre du Golfe et celle de l’Irak en sont le meilleur exemple.
Nous le voyons bien, le constat porte sur le pessimisme, et le paradoxe en même
temps. La civilisation moderne porte en son sein l’ouverture, le rapprochement des
peuples à travers la démocratisation des moyens de transport, un degré d’instruction
jamais égalé. Des dialogues interreligieux se font au quotidien, afin de concilier les
oppositions. Les moyens audiovisuels et les NTIC participent à estomper les
différences… Pourtant les extrémismes ne se sont jamais autant exprimés. Attentats,
pogroms, guerres civiles au Nigeria, en Inde, en Palestine, aux Philippines…Tout
indique un retour de la barbarie. Malraux disait : « le XXIe siècle sera religieux », nous
pourrons rajouter qu’il sera celui de la survie, sur une planète de plus en plus pauvre,
hostile et surpeuplée.
« Éducation autoritaire, éducation libérale, la question est à la mode. Qu’en
pensez-vous ? »

Les enfants sont les projets ambitieux d’un avenir qu’on veut glorieux pour
l’homme. Ils construiront le monde de demain, d’autant mieux, qu’ils auront été
accompagnés par des adultes qui n’auront, ni abdiqué de leur devoir, ni abusé de celui-ci.
Il n’y a donc plus rien à redire sur le rôle fondamental des parents en matière
d’éducation et leur influence sur leur progéniture. Sur leurs épaules repose une lourde
responsabilité, une responsabilité envers leurs consciences ; mais surtout envers leurs
enfants. Un parent doit être présent auprès de son enfant, l’encadrer, lui inculquer les
valeurs de la vie, l’entourer de prévenance et d’intention, et le cas échéant, le remettre
sur le droit chemin.

Dure est la tâche des parents qui, malheureusement, se plaisent à basculer,


inconsciemment peut être, dans une éducation permissive ou au contraire austère. La
méthode éducative peut varier selon l’époque, le lieu, la culture ; leurs répercutions
diffèrent d’un enfant à un autre. Y a-t-il une recette miracle, une éducation parfaite
idéale ? comment peut on transmettre les valeurs de probité, de pudeur, d’honnêteté, de
travail, lorsque ces même valeurs sont dénigrées ? faut-il être sévère ou permissif ?
quelle est la meilleure formule à « Tout ce que nous faisons par nous même et tout ce
que les autres font pour nous, dans le but de nous rapprocher de la perfection de notre
nature » ? Telle est la définition de l’éducation selon plusieurs penseurs. Kant, quant à
lui, estime que le but de l’éducation est de développer dans chaque individu toute la
perfection dont il est susceptible. Mais que veut-on dire exactement par perfection ?
l’homme peut il être vraiment parfait ? peut-il atteindre l’harmonisation complète entre
toutes ses facultés ? ou ne serait ce qu’un idéal convoité qui laisse, malheureusement,
des parents tomber dans le piège et l’erreur fatidique d’une éducation qu’on qualifie
d’extrémiste ?

Les mutations que nos sociétés modernes subissent constamment, qui se voient
modelées par la science, guidées par les médias, influencent beaucoup les jeunes ; mais
leurs effets ne sont pas, dans la plupart des cas, désirables : figures publiques qui n’ont
rien de bon exemple, des valeurs remises en question. La société illustre
quotidiennement des échantillons de mensonge, égoïsme, bassesse, perversion et les
enfants, imitateurs nés, risquent de s’imprégner à tout jamais des mauvaises mœurs, sans
principes et sans convictions.

Face à ce risque, beaucoup de parents, ainsi que des institutions, prennent les
enfants en charge, afin de leur éviter les nuisances et les problèmes qui pourraient
entacher leur éducation. Rien de mieux alors que la bonne vieille méthode d’éducation à
l’ancienne : éducation stricte, autoritaire certes, mais qui sait poser les limites et diriger
l’enfant dans la bonne direction. Beaucoup plus de personnes adoptent cette méthode et
préfèrent revenir aux sources surtout dans une ère où une crise de l’autorité parentale
s’est révélée et où on remettrait en cause, même le rôle parental dans l’éducation morale
des enfants. L’éducation autoritaire est qualifiée de sûre garantissant un résultat
satisfaisant. Certains déclarent « ça a bien marché avec nous pourquoi ne pas l’adopter
avec nos enfants », et c’est bien là l’erreur gigantesque.

Voici un petit aperçu de l’éducation répressive : Tout d’abord on apprend à


l’enfant le respect, c’est très important, surtout envers les personnes plus âgées, ensuite
les bonnes manières : « arrête de gesticuler, tu me regardes quand je te parle, tu te lèves
quand je te demande de le faire ». En plus, du savoir vivre, l’art de la table, bien parler,
l’éloquence, bien se tenir en public, soigner son apparence, en aucun cas salir ses
vêtements. La ponctualité est un des piliers qu’il devra apprendre : quand se lever, quand
dormir, quand faire ses devoirs, le temps d’aller à l’école, celui de pratiquer une activité
physique ou intellectuelle. Regarder la télévision pendant une heure par semaine et pas
une minute de plus, pas de gadgets technologiques ou de superflus qui risqueraient de
détourner l’enfant de ses devoirs et lui inculquerait l’agressivité et la violence. Chez une
famille pareille, rien n’est laissé au hasard, tout est calculé à l’avance, prévu, organisé,
programmé, l’enfant doit se plier à des règles, se conformer aux ordres de ses parents,
sinon il se verra puni, tancé, mis au piquet. L’éducation autoritaire vise à rendre l’enfant
naturel, il n’aura pas tout ce qu’il voudra, ne fera pas ce que bon lui semble, les parents
font la loi, ceci l’a toujours été et ca a été mis au clair depuis le début. L’enfant sera
capable de discerner le bien du mal, le factice du réel « il aura les pieds sur terre »

Cette éducation stricte marche comme un charme sur plusieurs enfants qui seront
plus tard de bons citoyens, de hauts cadres de la société, des personnes de valeur et à
principes, d’honnêtes responsables autonomes, qui n’auront aucune difficulté à choisir le
bon chemin. Mais, dans la plupart des cas, cette éducation répressive a des répercussions
désastreuses sur le petit être moral. Trop de sévérité ne reste pas la solution, elle détruit
plein de qualités essentielles chez l’enfant. Elle lui inculque la peur, la répression des
émotions, la honte permanente, une hantise d’être puni. Elle détruit la spontanéité,
l’amour propre, la confiance. L’enfant n’est nullement heureux, il se sentira peut être
structuré, sécurisé ; mais il ne sera pas véritablement maître de lui-même, il ne sera pas
véritablement libre. « Si jamais vous substituez dans son esprit l’autorité à la raison, il ne
raisonne plus, il ne sera plus que le jouet de l’opinion des autres. ».

Pour Jean Jacques Rousseau, l’enfant est naturellement bon, il n’y a qu’à
l’abandonner à ses instincts naturels et donc le laisser libre, «la meilleure manière
d’éduquer, c’est d’éduquer le moins possible» disait JJ Rousseau. Des parents plus
libéraux l’ont bien compris, ils établissent une relation radicale entre eux et leurs
enfants. S’ils veulent quelque chose, ils l’obtiennent, un excès de liberté leur est accordé,
ils rentrent et sortent à leur convenance et ne connaissent, ni limites, ni interdits. Cela
pourrait marcher pour certains qui restent reconnaissants à leur parents de les avoir
traités en adultes et se comportent comme tels, responsables, sociables, ils s’intègrent
facilement, et savent exactement s’adapter et réagir face aux problèmes.
Pour d’autres, un enfant sans limites n’est pas un enfant libre, il est l’otage de ses
pulsions. Loin d’être heureux il vit en permanence dans l’angoisse, il est livré à lui-
même, sans repère et ne cherche qu’à s’auto satisfaire. S’il désire quelque chose, il la
prend ; mécontent, il crie, casse, frappe. L’enfant, à qui l’adulte ne met pas de limites,
n’apprend jamais à s’en remettre à lui-même. Il est emporté par ses envies. L’adulte
n’intervient pas pour interdire les transgressions ; alors, l’enfant pense qu’il les
approuve, voire qu’il les désire, dès lors, il s’amuse à les refaire. De plus, en ne balisant
pas le monde des interdits, l’adulte abandonne son enfant à la loi de la jungle, où tout est
imprévisible, le plus fort contrôle le plus faible. Les enfants ne sont pas protégés, ils
n’ont pas d’assurance : ils sont perdus en public, souffrent de cauchemar et de peur
continue « la pire éducation est de le laisser flottant entre ses volontés et les vôtres et
de disputer sans cesse entre vous et lui à qui des deux est maître ; j’aimerais cent fois
qu’il le fût toujours. » JJ Rousseau.
L’enfant n’est pas exempt de toute peur, l’éducation doit l’aider à devenir un aventurier
de la vie, à aimer vivre intensément, à prendre des risques, à accomplir ce qu’il ressent.
Lui inculquer les bases, et lui dessiner des repères est fondamental.

La vie est loin d’être une partie de plaisir, et celui qui n’a pas été contrarié en bas
âge ne saura pas cohabiter avec les autres, ni surmonter ses problèmes. Une éducation
démocrate, pondérée, équilibrée serait la solution. De même que la fermeté, l’affection et
le respect, sont complémentaires. Après tout, l’éducation a pour objectif de « faire de
l’individu un instrument de bonheur pour lui-même et pour ses semblables » et que selon
Rousseau « en sortant de mes mains, il ne sera, j’en conviens, ni magistrat, ni soldat ni
prêtre, il sera premièrement homme ».
Ministère de l’Enseignement Supérieur
Université de Monastir
Concours de réorientation
Année universitaire 2006/2007
Filières : sciences médicales
Dissertation en langue française
Durée : 2 heures
Coefficient : 1

Sujet: IL y a plus d’un siècle Georges Sand écrivait : « Cette pauvre planète,
encore enfant, est destinée à se transformer indéfiniment. L’avenir fera de vous toutes,
faibles créatures humaines, des fées et des génies qui possèdent la science, ce qui
signifie posséder la raison et la bonté. »
A considérer le cours de l’histoire, pensez vous que posséder la science signifie
posséder la raison et la bonté ?
Vous développerez à ce propos un point de vue argumenté et illustré d’exemples
précis.

Afin d’assurer sa sécurité alimentaire et physique, l’homme n’a cessé d’utiliser


sa seule arme qui le distinguait de toutes les autres créatures vivantes sur terre : la raison.
Cette faculté lui a permis, lui être faible parmi l’immensité de la création, de profiter de
chaque élément de son environnement pour maîtriser et asservir toutes les composantes
de notre nature, sinon s’en protéger.
Son empreinte n’a cessé de s’étendre sur tous les points du globe ; terre, mer, air,
voire cosmos, sont investis par l’homme, au point d’étouffer par sa présence la
régénération et la continuité de notre planète. Au XIX siècle, époque où Georges Sand
s’extasiait sur les vertus de cette science naissante, il faut se rappeler que cela
correspondait à la naissance de l’industrialisation et au bouillonnement des découvertes
et réalisations scientifiques. En médecine, Ian Flemming découvrait la pénicilline, Marie
Curie la radioactivité, Eiffel les nouvelles possibilités de l’acier, Bell le téléphone et
Edison l’électricité. Les usines faisaient leur apparition avec des produits de plus en plus
performants et des prix de plus en plus bas. L’automobile et les chemins de fer étaient
nés avec la construction des routes et le rapprochement des distances.
En si peu de temps, l’homme se surpasse et rêve de vaincre les maladies,
répandre le progrès, instruire l’humanité et éradiquer les obscurantismes. La France et
l’Europe parlent de porter la civilisation au-delà des mers et des continents : ce sera la
vague de colonisations qui consistera à occuper d’autres pays pour spolier gratuitement
leurs richesses minières et forestières et les transformer en produits manufacturés, en
métropole.
L’Algérie devient le grenier à blé de la France, les pays asiatiques fournissent les
bois exotiques et le caoutchouc, l’Afrique, le fer, le cuivre et le Zinc… On le voit bien le
message de bonté de la science est vite perverti et devient une arme redoutable aux
mains de quelques personnes fortunées aux besoins insatisfaits et aux appétits rapaces.
La suite on la connaît, cette frénésie a engendré des jalousies et l’Allemagne veut
sa part du Gâteau, et pour cela elle provoque la première et la seconde guerre mondiale.
Cette science est mise au service des canons, des gaz mortels et des bombes et obus de
tous genres. Ce que l’homme a bâti en quelques décennies de progrès technique et
scientifique fut rasé, en moins de quatre années, à chaque fois. Guerres génératrices de
mort et de surenchère technologique, la palme revient désormais à celui qui créera les
engins les plus destructeurs et les plus mortels et non plus à celui qui portera secours à
l’humanité, en allégeant sa souffrance et en assurant sa prospérité. La raison et la bonté
ne guident pas toujours les actes des hommes, encore moins ceux des états, et à ce
propos une ONG déclarait récemment que compte tenu de la consommation actuelle et
que si l’on ne faisait rien pour changer d’ici 2030, il nous faudrait deux planètes pour
subvenir à nos besoins. C’est comme si l’homme faisait tout pour se détruire, car Le
système économique de marché tel que nous le subissons aujourd’hui est en complète
contradiction avec notre pérennité. Les états du monde instituent, depuis la fin de la
guerre, des organismes internationaux, sensés apporter la prospérité et la paix dans le
monde, en réalité ils imposent des règles et des pratiques qui encouragent à ouvrir les
frontières à la concurrence, donc à agrandir les marchés pour permettre à quelques
entreprises multinationales de mieux écouler leurs marchandises. Le Fonds Monétaire
International, la Banque Mondiale ou encore l’Organisation Mondiale du Commerce,
présidées par des représentants des pays riches, incitent les pays pauvres à s’inscrire
dans un marché de dupes, où ils auront tout à perdre, vu qu’ils n’ont pas de moyens
financiers pour lutter à égalité avec les multinationales. A titre d’exemple, le chiffre
d’affaires de Microsoft ou de Coca-Cola dépasse à lui tout seul le budget de plusieurs
pays africains. Grace à la science, les besoins de l’homme ont été comblés, d’autres, pas
toujours raisonnables ont été crées (a-t-on vraiment besoin de quatre ou cinq voitures
dans un seul foyer ?), le confort et les loisirs sont devenus le lot quotidien de la majorité,
alors qu’au siècle dernier, ils étaient réservés à une élite. Le modèle consumériste nous
pousse à accumuler les biens pas forcément nécessaires à notre quotidien dans le but de
doper les ventes, créer les richesses, favoriser les investissements et la recherche et
inventer de nouvelles machines ou autres inventions.
C’est un cercle vicieux qui consomme plus pour produire plus et enfin polluer
plus. Les rejets nous encombrent et les produits inutilisables nous inondent ; pour s’en
débarrasser, certains ont commencé par proposer de les rejeter en mer ou de le brûler,
augmentant ainsi une pollution terrestre par une autre, maritime ou atmosphérique.
L’écologie nous apprend aujourd’hui comment s’en débarrasser, cela a un coût, il faudra
payer pour faire table rase du passé, mais surtout, on doit repenser notre mode de vie,
globalement, en faisant des concessions à notre confort et à nos sois- disant besoins.
Pour ce faire l’homme doit faire appel à sa raison, la vraie cette fois-ci, celle de la
préservation de l’écosystème et inventer d’autres sources d’énergies durables pour
l’homme et son environnement.
On peut faire confiance à son génie pour cela, car il nous a habitués au pire comme au
meilleur. Cela n’est pas suffisant pour autant, car si chacun cherche une solution dans
son coin il ne faut pas oublier que la terre est une planète et que les frontières ne sont que
politiques .Sans concertation entre les différentes composantes de notre système, et sans
prendre en compte le droit inexprimable de la faune et de la flore, on ne pourra pas
avancer d’un iota ; c’est pourquoi les solutions doivent être planétaires, comme les
accords de Kyoto, de Porte Allègre ou de la COP 21.
Concours de réorientation. Filières médicales.
Session 2005. Université de Sousse

Sujet: «La machine remplace nos muscles, l’ordinateur risque de remplacer nos
cerveaux» Pensez-vous que le développement de l’informatique soit bénéfique?
Présentez votre point de vue sous forme d’une argumentation nuancée.

La mécanique puis l’électricité ont permis à l’homme de construire des


machines capables de se substituer à lui pour alléger son fardeau de raccourcir les
distances et d’ouvrir de nouveaux horizons. Elles restaient néanmoins sous le contrôle
permanent de l’humain car elles ne pouvaient évoluer que sous une certaine logique de
marche d’arrêt et d’accompagnement continu.
L’émergence de l’informatique vers les années soixante marque un tournant
décisif dans l’histoire de l’humanité sans équivalent depuis la conception du moteur à
explosion. Pour la première fois une intelligence artificielle de plus en plus sophistiquée
va concurrencer l’intelligence humaine et souvent la dépasser.
Peut-on dire pour autant que celle-ci va résoudre tous nos problèmes et
satisfaire nos rêves les plus fous?
Nous allons présenter quelques domaines révolutionnés par l’informatique
mais comptant toutefois des lacunes voire des contre emploi non prévus par leurs
concepteurs.
Tout d’abord il ya la capacité illimitée d’un ordinateur. La rapidité et la
puissance de mémoire de cette machine permettent de faire face aux urgences en
planifiant plusieurs scènes d’action comportant plusieurs acteurs. Il ya la prévention des
catastrophes naturelles comme les tremblements de terre ou les tsunamis. La
performance qui consiste à traiter des milliards de données tout en les interprétant offre
la possibilité d’éviter les mauvaises surprises et d’évacuer les populations à temps. En
contrepartie les centres d’alerte font croire aux gens qu’ils sont en sécurité et les incite à
repeupler le littoral ou les flancs de montagne. Se reposer sur le computer entraîne
l’accoutumance et de ce fait on néglige la sécurité, la vigilance et les contrôles de bon
sens. Rappelons nous le pilote qui percevait sur son altimètre une altitude de six cent
mètres et qui était en réalité au ras du sol… on se souvient du crash qui s’en est suivi.
Dans le domaine automobile, les ordinateurs de bord assistent le conducteur
et accroissent ses réflexes. L’ESP permet de corriger les virages, L’ABS d’optimiser le
freinage le radar d’éviter les collisions… Bref tout pour réduire les accidents. Mais que
dire de ce régulateur de vitesse de la «velsatis» qui bloque l’accélérateur et donc la
vitesse à 130 km/h sans s’arrêter ? Les ascenseurs se bloquent au 20è étage, les
aéroports, gares ferroviaires sont par ci par là paralysés par les bogues des réseaux
informatiques saturés. Les satellites permettent bien de suivre la fonte de la calotte
glacière et d’alerter la communauté internationale. Ils traquent le CO2 surveillent
désormais les navires pollueurs et les décharges sauvages. Ils sont néanmoins
responsables d’accroître les dégâts des missiles téléguidés par les satellites et autres
engins de guerre.
Les capteurs et les cameras protègent les maisons et les lieux publics des
voleurs et des malfrats. En même temps ils espionnent les opposants politiques et fichent
les déplacements des gens en limitant leurs libertés. Ainsi nous le voyons bien
l’informatique et ses applications s’imposent partout par ses utilités et les perspectives
qu’elle offre pour l’ouverture de nos horizons. Elle est là et pour toujours et on ne peut
que s’en réjouir. Il n’empêche qu’au delà des exploits il faut toujours placer la réflexion
sur le volet éthique et moral, au centre de la démarche. Si la machine est là c’est pour
servir l’homme dans son entité et non l’asservir le contrôler, le dominer et augmenter ses
inégalités. C’est un bien qui doit être partagé par tous et permettre à la partie défavorisée
de la planète de rattraper le retard occasionné par l’ère de l’industrialisation. Un transfert
technologique profitant à tous est nécessaire pour que l’informatique soit un rêve et non
un cauchemar.
Sujet: Comme l’affirmait l’entomologiste Fabre, «souvent la nature apparaît à
la fois bonne et mauvaise». A travers votre propre expérience ou à l’aide d’exemples
rapportés, décrivez successivement, en les commentant, les aspects bienfaisants et les
effets néfastes de la nature.

Le mot nature est en soi un mot polysémique il renvoie au naturel absolu, le


naturel en opposition à l’artificiel, nature contraire de culture, les sens restent nombreux
et ne se ressemblent pas. C’est à dame nature que nous allons nous intéresser. Pure
œuvre divine, elle est à l’image de l’homme, elle peut afficher beauté, grâce, harmonie;
mais aussi, rage, violence et déchaînement.
L’homme primitif, vu ses manques de moyens, était à la merci de la nature et de
ses caprices il la priait l’implorait en toute dépendance il en faisait même déesse. Vient
alors la science émancipatrice qui libera l’homme de l’emprise de sa duègne la nature.
Que fait-il alors? Il s’acharne contre elle en vue de la dompter et de canaliser sa force,
engendrant ainsi, inconsciemment peut être, une rivalité homme-nature qui aboutira,
non pas à la perte de l’un des deux, mais des deux réunis. Devons-nous rappeler que la
nature désigne premièrement tout ce qui a été créé par une force supérieure et qui n’a pas
été modifié par l’homme. Si l’homme ne touche pas à la nature elle resplendira,
s’épanouira, se verra développée ; s’il l’envahit, il sera réduit dans le besoin, ne pouvant
nullement exister, subsister sans ses apports. Au contraire, à force de la consommer, de la
dépouiller et de l’exploiter, elle ne sera plus nature ; car il crée des déséquilibres et des
ruptures dans la balance équilibrée de la cohésion. Celle-ci se détourne alors contre lui et
s’abat, avec acharnement, pour lui démontrer quelles erreurs fatidiques il avait commis ;
sa splendeur se verra transformée en démence et laissera place aux catastrophes
naturelles et grands cataclysmes.
Nature bonne ou mauvaise, là réside le problème. Œuvre de tous les temps, ses
éléments, son ordre, ses lois, sa complexité et son charme laissent les scientifiques sans
voix. Des siècles entiers ont été consacrés, afin d’élucider les mystères naturels, qui à ce
jour, restent indéchiffrables pour beaucoup d’entre eux. Les croyants stipulent que la
terre est à l’image de son créateur : bonne ! Ils s’enfoncent dans un raisonnement qui
affirme que la nature rend au centuple le bien qu’on lui fait et se venge de tous les torts
qu’on lui occasionne ; mais jamais ils n’auraient pensé que la nature était mauvaise,
jamais. Ceci frôle le blasphème et met en doute la bonté divine toute puissante.
La nature représente, par le fait d’être là une miséricorde, elle signifie vie,
prospérité, elle offre à l’homme de quoi respirer, le droit le plus simple, mais le plus
fondamental, mais aussi de quoi se nourrir, oxygène, lumière, sels minéraux, nutriments,
eau…apports banals visiblement ; mais qui sont en réalité les denrées les plus
précieuses, une pénurie d’eau par exemple, peut engendrer une guerre mondiale.
La nature préserve la santé, apaise les maux, permet à l’organisme de se régénérer,
de garder son intégrité. C’est une immense pharmacie qui offre des soins miraculeux, les
médicaments homéopathiques sont aujourd’hui concoctés à base de plantes, herbes,
sèves, miel, champignons, venins qui renferment des vertus de valeur inestimée. Elle
calme les maux du corps de l’âme et de l’esprit, elle incite à la méditation, l’observation
et la contemplation et aboutit à un équilibre psychique serein, elle est symbole de
sagesse et d’harmonie. Il n’est pas étonnant que les mages et les anciens se soient exilés
en vue de se fondre spirituellement dans la nature, sans oublier nos saints et nos
marabouts qui choisissaient l’exil de la nature pour se rapprocher de leur créateur.
La nature est beauté, immensité, paysages merveilleux, phénomènes
extraordinaires, nuages, mers, ciels, soleil sont des éléments qui sont quotidiens et
banals, alors qu’ils sont un spectacle hors normes et un miracle renouvelé. Nous citons,
en particulier, ces sites parsemés ici et là, à travers les continents et qui représentent des
sanctuaires où se rencontrent les plus incroyables faunes et flores. Le fjord de Milford
Sound, par exemple, est le lieu touristique le plus visité de la Nouvelle-Zélande, sa
grande barrière de corail est un site classé, patrimoine naturel de l’humanité, il renferme
un écosystème unique au monde : on y trouve la tortue verte, quatre cent espèces
d’éponges, la baleine à bosse. Les Maldives, en océan indien, la forêt noire au sud-ouest
de l’Allemagne, le Sahara en Afrique permettent une industrie touristique structurée qui
attire les visiteurs du monde entier et offre aux populations locales, souvent démunies,
de subvenir à leurs besoins.
En partant de l’idée d’un Dieu bon, on conclut qu’il n’a créé que le meilleur des
mondes possibles, or, ce n’est visiblement pas vrai, la nature fait beaucoup de mal pour
l’homme et lui inflige des souffrances atroces. Le tsunami est un exemple où la nature se
déchaîne à l’extrême et décime hommes, bêtes, bâtiments, une inondation rase tout sur
son passage, un fort courant qui détruit habitations, infrastructures et flore. Il induit la
pollution par la destruction d’installations dangereuses et la dispersion de toxines et
d’agents pathogènes. Lors du tsunami du 26 decembre2004 un dépôt de munitions
immergé a été dispersé dans les fonds marins sur de grandes distances. Il existe plusieurs
centaines de décharges sous-marines dans le monde, contenant notamment des déchets
nucléaires et des déchets militaires ou industriels hautement toxiques. Mais le plus dur et
le plus coûteux restent les pertes humaines dont le bilan est lourd surtout pour les pays
pauvres, entraînant des épidémies liées à la putréfaction des cadavres et la contamination
de l’eau potable. La faim peut survenir en cas de destruction des récoltes.
Certains pays sont très agréables à voir en carte postale, alors qu’en réalité, les
habitants autochtones souffrent d’un climat aride, chaud, sec, pluvieux, froid, invivable
donc, les sols et les terrains sont impropres à la construction . Chaque année des milliers
de personnes perdent leur habitation suite à un séisme, une avalanche, un glissement de
terrain ou une éruption volcanique. Les exemples sont tellement nombreux, qu’on se
demanderait bien, s’ils sont fortuits, ou si l’humain est impliqué. Fort malheureusement,
l’homme contribue à la destruction de la nature et attente à l’équilibre de son
écosystème. Résultat, elle le lui rend, de plus en plus souvent, lui rappelant ainsi, le
consumérisme effréné de ressources naturelles, le déboisement massif, la saturation des
engrais chimiques, l’abattage à la chaîne des bêtes, le pillage des carrières et mines pour
les minerais et les pierres précieuses, le dépouillage intensif des ressources maritimes,
entraînant l’extinction des milliers d’espèces à tout jamais. La chaîne alimentaire est
brisée, l’écosystème est bouleversé, les catastrophes naturelles ne seraient alors qu’une
manière d’alarmer l’homme, de lui faire comprendre qu’il a dépassé les limites et les
normes et qu’il court à sa perte. Des millénaires ne suffiraient pas pour cicatriser la plaie
profonde occasionnée, en attendant, il faut compter sur les moyens prévisionnels qui
alertent l’homme sur les menaces qui le traquent.
Ministère de l’Enseignement Supérieur
Université de Monastir
Concours de réorientation Année universitaire 2004/2005
Filières : sciences médicales
Dissertation en langue française
Durée : 3 heures
Coefficient : 1

Sujet: Claude Bernard écrit : « Un poète contemporain a caractérisé ce sentiment


de la personnalité de l’art et de l’impersonnalité de la science par ces mots : l’art c’est
moi ; la science, c’est nous.
En quoi, selon vous, la connaissance artistique se distingue-t-elle de la
connaissance scientifique ?
Vous développerez à ce propos un point de vue argumenté illustré d’exemples
précis.

Le mécanisme de la pensée humaine est un océan complexe dont on ne


perçoit pas les limites, ni le mode d’emploi. Nous nous sommes toujours posé la
question pour savoir pourquoi on a pris telle décision plutôt qu’une autre, à un instant
«t» et dans un cadre donné. D’une manière générale l’histoire humaine s’est toujours
interrogée sur ce qui a présidé à la naissance des esprits de génie ou autres, maléfiques.
La dialectique art/science entre dans cette optique, car ce sont deux domaines vastes et
aussi vieux que l’homme, en témoignent les outils préhistoriques qui servent à chasser et
à découper les animaux et qui vont se perfectionner à mesure que les hommes
évoluèrent, ou encore les peintures rupestres, découvertes dans différentes grottes en
Europe voire dans les déserts africains. Dans le premier cas, on va parler de la science et
de sa quête de perfectionnement, dans le second, on va viser l’art et sa mission de
témoignage, d’expression et de matérialisation. Quels sont de ce fait les différences qui
les séparent et éventuellement les points communs qui les unissent?
Nous avons tous un monde extérieur en relation avec le réel et la
quotidienneté, notre comportement est dicté par nos règles sociales, religieuses mais
aussi par un ensemble de rapports de force. Notre raison dicte notre conduite et nous la
pratiquons dans sa globalité. Il en est de même pour la science. C’est la somme de nos
connaissances, et j’emploie exprès le pluriel, car tout nouveau savoir n’est qu’une strate
parmi tant d’autres. Je disais au début de mon intervention que la poursuite du savoir
faisait partie de l’inné de l’homme, et c’est ce qui le distingue de l’ensemble du règne
animal; il faut dire qu’il n’avait pas tellement le choix, car au contact d’autres prédateurs
plus forts que lui il fallait compenser sa défaillance physique par son intelligence et sa
roublardise. Chaque fois qu’il a pu remporter une victoire, il a permis aux générations
futures de repartir sur des bases encore plus solides et plus avancées. La découverte du
pétrole, par exemple, a permis au départ à la science de mettre en évidence se vertus de
combustible , mais au fur et à mesure des efforts de recherche conjoints, on a abouti à la
découverte de milliers d’autres produits dérivés : bitume, isolants, plastique, tissus,
peintures, … viande. La science couvre de ses implications tous les secteurs de la vie
courante, partout sur la surface du globe. Dans notre époque de mondialisation et de
promiscuité, cela est encore plus flagrant : c’est vraiment l’affaire de tous.
L’art commence du moment où l’homme crée, non plus comme les
animaux dans un but utilitaire, mais pour représenter ou pour exprimer. Quand il
représente il essaie d’échapper au monde réel et temporel pour pénétrer un monde
imaginaire visionnaire, qu’il porte en lui. L’artiste tente de faire rentrer dans le visible ce
monde invisible qui n’existe que dans notre tête ou dans notre cœur ; il essaie de projeter
dans son œuvre ce qu’il détient en lui, aussi bien le besoin d’une certaine harmonie
qu’une manière de sentir ou de penser. Matériellement parlant, l’art est donc un acte par
lequel on transporte, on transcrit dans la matière. Mais quoi ? Quelque chose de l’univers
ou quelque chose de soi ; un reflet du monde extérieur ou du monde intérieur, et bien
souvent les deux à la fois. Car tout ce qu’on figure de l’univers, on l’interprète
immanquablement à sa manière ; on y imprime son propre accent, on y laisse sa propre
empreinte, comme pour dire : j’y étais !
On ne peut interpeler la raison pour évaluer l’amour qu’on porte à une
musique en particulier, par exemple , on peut éventuellement essayer de comprendre les
influences et les expériences qui nous ont traversés depuis notre tendre enfance , cela
reste néanmoins insuffisant, car une grosse part du mystère persiste et on ne peut soi
même se l’expliquer, comme tout ce qui a rapport avec notre psychisme.
On peut toutefois tempérer cette fracture entre la science et l’art, car nous
pouvons apporter plusieurs exemples où l’interpénétration des deux peut s’avérer
indispensable et bénéfique ; La peinture acrylique, par exemple, a démocratisé la
pratique de cet art, en coûtant moins cher que la peinture à l’huile, et en offrant des
qualités plastiques et de conservation meilleures. La spectrographie et les multiples
produits chimiques ont permis de sauver des chefs d’œuvre en péril, sans compter la
technologie laser, performante pour éliminer les champignons liés à la pollution avec le
moins de dégâts collatéraux.
Les réalisations scientifiques ne peuvent se concevoir sans l’intervention
des designers, des ergonomes et autres métiers artistiques. Pour l’achat d’une voiture, on
va regarder d’abord le look, le tableau de bord et la cabine intérieure avant de savoir ce
qu’il y a dans le moteur
Il est vain d’opposer l’univers de la science à l’univers de l’art. L’invention
a partout les mêmes traits généraux ; ici ou là, elle exige toujours un esprit ouvert et
attentif, l’art des rapprochements inattendus, quelques hasards heureux que l’on sait
saisir et utiliser, l’aptitude à se concentrer, la ténacité dans le travail, la rigueur dans la
critique… En réalité, il n’y a qu’un monde, celui de l’homme, cet animal technique,
soumis à la dure loi du temps, construit petit à petit l’idée ou la chose qu’il désire, rêve
et imagine. Là où son opération est consciente, raisonnée, volontaire, il y a science. Là
ou la lucidité s’affaiblit et où la rigueur défaille, il ne convient pas de parler d’art, mais
de négligence…
Ministère de l’Enseignement Supérieur
Université de Monastir
Concours de réorientation Année universitaire 2004/2005
Filières : sciences médicales
Dissertation en langue française
Durée : 3 heures
Coefficient : 1

Sujet: Claude Bernard écrit: «Un poète contemporain a caractérisé ce sentiment


de la personnalité de l’art et de l’impersonnalité de la science par ces mots: l’art c’est
moi; la science, c’est nous.
En quoi, selon vous, la connaissance artistique se distingue-t-elle de la
connaissance scientifique?
Vous développerez à ce propos un point de vue argumenté illustré d’exemples
précis.

L’art et la science sont deux produits de l’humanité qui témoignent du génie et


de la grandeur de cette espèce. Une espèce qui a su se renouveler, créer, inventer,
découvrir, puiser dans son imaginaire pour en faire ressortir tout ce qu’il y a de plus
pratique et pour satisfaire des besoins naissants. Il s’agit surtout de faire émerger tout ce
qu’il y a de plus beau pour éveiller les sens et nourrir l’âme, ayant pour légendaire muse
l’œuvre artistique divine, l’inépuisable ressource de beauté et de cohésion : la nature.
Point de départ commun certes, l’art et la science ont pris des itinéraires
différents. La science est en perpétuelle quête du vrai, un élément fondamental qui unit
les pensées des hommes partout sur le globe. L’art, par contre, établit un lien entre le moi
isolé de l’artiste et l’univers extérieur. Les connaissances artistiques et scientifiques
enrichissent le patrimoine collectif et tracent un futur pour l’homme qui le veut glorieux.
Alors, il a tendance à trop miser sur la science et ceci au dépens des réalisations
artistiques qu’il juge parfois inutiles ; pourtant l’art s’est imposé plus profond encore. De
discipline, il est devenu un fondement de l’humanité, une question se pose alors:
comment une discipline aussi fragile, instable, relative, contingente, a pu faire le poids
contre une science exacte, charpentée, liée par le lien infaillible de la logique?
La science est fondamentale ou humaine, elle consiste à créer un modèle
intelligible, à une époque donnée, en fonction de l’état des connaissances du moment.
Par exemple, la mécanique newtonienne est remplacée par la quantique et la loi de la
relativité, au fur et à mesure de l’histoire. Elle est plutôt identifiée à une démarche
rigoureuse, une pertinence, un enchaînement logique, des idées, une cause qui induit une
conséquence, un fait ou une information, qui en ramène d’autres, telle une chaîne ou une
boucle qui n’en finit jamais. Un biologiste ne peut pas se contenter de connaître vingt
variétés d’une espèce donnée, sa curiosité, son amour pour la recherche et la découverte
le poussent à les connaître toutes, absolument toutes les espèces. Avez-vous déjà entendu
parler d’un chercheur qui est parvenu à lui seul à découvrir telle ou telle autre chose?
Jamais! La science est un domaine collectif qui nécessite un travail d’équipe, des
laboratoires, des centres de recherches, et le résultat fourni est la synthèse de l’effort de
tous.
L’art, quant à lui, est un langage, l’expression artistique, contrairement à la
science, c’est un moyen de la réalisation de soi sans vocation à devoir plaire, Pascal
affirme même «L’art détourne l’homme de sa condition misérable.» Une œuvre est une
réflexion à un écho de l’âme de l’artiste, ses passions, ses envies, ses désirs, une pulsion,
une inspiration vagabonde. L’art est connu pour être rebelle, sentimental, irrationnel,
imprévisible, il n’obéit à aucune loi préalable. Van Gogh s’est coupé l’oreille et s’est fait
un autoportrait, Picasso attaché à la représentation traditionnelle, durant sa période rose,
trace les fondements du cubisme, pendant sa période bleue avec « les demoiselles
d’Avignon », puis invente le collage avec « nature morte et chaise cannée ». Tout au
long de sa vie, il a exécuté un nombre considérable « expressionniste ou Baroque » avec
fougue, violence, verve et parfois précipitation.
Le tableau aurait pu être complètement autre si le peintre avait une autre
inspiration, était d’humeur différente, c’est lui et lui seul qui est maître de ses
sentiments, qu’il protège à son gré sur une toile, unique, fruit d’une créativité sans
limites, d’un être dont les contre-indications et conflits intérieurs sont aussi nombreux
que les hommes sur terre. La singularité de l’œuvre ne réside pas dans ce que le créateur
a fait, mais surtout dans tout ce qu’il n’a pas fait, ainsi une œuvre ne peut nullement être
reproduite identiquement. L’art consiste à user des précautions et des préparations à
manier les transitions savantes et dissimulées, surtout à l’écrit, de mettre sous les phares
de projecteurs, par une adresse que seul l’artiste sait dater des évènements essentiels et
affecter à tous les autres évènements le degré de relief qui leur convient, suivant leur
importance à ses yeux, pour produire, tel un illusionniste, la sensation profonde d’une
vérité spéciale qu’il veut proclamer. Après tout, l’artiste est une âme libre, hors normes
qui perçoit ce que le commun de nous autres ne voit pas, essaye de ne pas voir, essaye ou
s’efforce de ne pas voir. Si les artistes n’avaient toujours répondu qu’aux désirs du
public, les grandes œuvres dans leur totalité ou presque n’auraient jamais vu le jour.
Le rôle de l’artiste est donc, non pas de nous montrer la photographie banale de la
vie, mais nous en donner la vision la plus complète, la plus saisissante et la plus probante
que la réalité même ; ainsi, il établit une communication entre les hommes, les cultures,
une communication interne, originale, de qualité, qui requiert l’attention de l’autre pour
l’enrichir de l’écho de sa propre vie intérieure. Tout ceci était le stade de la réalisation de
l’œuvre, vient alors son impact sur le grand public.
Pour la science, les critiques scientifiques jugent si une théorie est applicable ou
pas. Si elle est négative, elle sera écartée et jetée à l’abandon, et la décision est
catégorique, unanime « Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que
voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre » affirme Proust. On peut
détester, être conquis, charmé, dégoûté, choqué, d’autres ne le seront peut-être pas, les
avis sont mitigés, jamais nous n’aurons l’unanimité, quels que soient les critiques.
L’œuvre artistique crée la polémique, elle laisse parler d’elle, Salvador Dali est
excentrique et expert en la matière, offre des œuvres aussi bizarres les unes que les
autres, étranges parfois poignantes ou répugnantes, mais qu’est ce qui fait finalement
leur charme. La Joconde dont le mystère reste complet demeure l’une des plus grandes
œuvres intrigantes. Lire une œuvre, c’est avant tout identifier les différents codes
sémiologiques qui y sont inscrits, superposés, et apprécier leurs degrés d’interactions et
de cohésion, parmi les codes, citons le code perceptif, vestimentaire, chromatique,
iconographique, esthétique, « quel enfantillage d’ailleurs de croire à la réalité, puisque
nous portons la nôtre dans nos pensées et nos organes » Maupassant. En effet nos sens,
nos goûts différents, cultivés selon l’entourage, l’éducation, l’environnement créent des
réalités à l’infini. Ils ont libre court à analyser, comprendre, juger, interpréter, comme si
chacun de nous appartenait à une espèce, l’étude des lettres n’est autre que l’étude des
hommes. Pour Emile Zola « l’œuvre d’art est un coin de la nature, vu à travers un
tempérament ».
L’art est subjectif et la science est objective, telle est l’idée répandue sur la
question. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que la science est étroitement guidée par des
motivations politiques et peut entraîner les plus grandes catastrophes humaines…
l’histoire en est témoin. Une fois le projet sorti du laboratoire, le scientifique n’en est
plus responsable, alors que l’artiste est un esprit libéré et libérateur, engagé pour une
cause, c’est pourquoi il continuera de porter de soutenir et de protéger son bébé jusqu’à
toujours. Hugo le souligne par ces quelques vers
« Honte au penseur qui se mutile, et s’en va chanteur inutile par la porte de la
cité,
L’art est en perpétuelles tensions entre beauté et douleur, amour des hommes et
folie de la création,
Puis mon cœur moins sensible à ses propres misères s’est élargi, plus tard aux
douleurs d’un frère. »
Dans le « tres de mayo », Goya a dénoncé le massacre des combattants espagnols
par les armées de Napoléon Bonaparte. Dans « Guernica », Picasso a exprimé l’horreur
et la révolte que lui ont inspiré les bombardements du petit village de Guernica par les
fascistes.
La tache majeure de l’écrivain, poète et peintre, est de faire en sorte que personne
ne puisse ignorer les calamités qui se déroulent dans le monde, mais surtout que nul ne
s’en fasse retraite. L’art ou la science, tous deux ont réalisé de grandes choses pour
améliorer la condition humaine. Ils vivent de contraintes et meurent de liberté, tant
qu’une société se laisse aller dans le confort du divertissement des futilités du
conformisme, de « l’art pour l’art » elle se verra condamnée à son nihilisme à tout
jamais.
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Université de Tunis El Manar
Concours de réorientation universitaire
Session 2009
Sujet de culture générale :
Pour certains, la télévision permet de mieux comprendre le monde, pour d’autres,
elle n’est qu’un simple moyen de divertissement.
Qu’en pensez-vous ?
Vous exprimerez votre point de vue en vous appuyant sur des arguments et des
exemples précis, tirés de votre culture générale et de votre expérience personnelle.

La naissance du poste télé a été une révolution, puisque cette technique


accapare désormais une bonne partie de notre emploi de temps quotidien. La multiplicité
des chaînes nous permet d’avoir en permanence une fenêtre ouverte sur le monde, que ce
soit sur le plan des informations, des documentaires, des films ou des chansons. Parmi
les objets de consommation, le récepteur de télévision occupe une place privilégiée, il
tend à investir tous les foyers, des plus riches aux plus pauvres : nous gardons tous à
l’esprit ces maisons de certains quartiers populaires, non achevées depuis plus de vingt
ans, mais équipées des derniers outils paraboliques.
La croissance des chaînes introduit plus de choix ; mais paradoxalement induit
moins de polyvalence. Ne pouvant tout regarder en même temps, chacun d’entre nous
sélectionne ses programmes en fonction de sa sensibilité, de ses humeurs ou de sa
culture. Ceci m’amène à reposer la problématique de départ, car incontestablement, la
petite lucarne divertit et informe, j’irais même jusqu'à dire qu’elle cultive ! Mais il ya
culture et culture ! Non, le postulat de départ devrait être : dans quelle mesure peut-elle
nous divertir et nous informer, et dans quelle autre mesure peut-elle nous régresser et
nous abrutir ?
Pour répondre à ces questions nous allons aborder les aspects négatifs et positifs
de quelques émissions d’information et d’autres de divertissement, même s’il est difficile
de séparer les deux, car je pense que chaque émission de qualité nous informe, nous
explique les choses et finit par rajouter une strate à notre culture ; le tout en nous
procurant du divertissement et du plaisir. Prenons par exemple « Ushuaia » elle nous
informe sur l’état de santé de la planète, nous sensibilise aux dangers qui nous guettent,
comme le trou d’ozone, la désertification ou l’épuisement des nappes phréatiques. Elle
nous cultive parce qu’elle nous présente un autre mode de vie qui respecte plus notre
environnement et offre un meilleur avenir à nos enfants. Enfin elle nous divertit par des
images époustouflantes d’une nature sauvage, et des promesses d’avenir qui contrastent
avec un présent désespérément sombre.
D’autres sitcoms flattent les instincts les plus bas du téléspectateur en véhiculant
un humour vulgaire, comme celui de la caméra cachée, ou en versant des larmes chaudes
en invoquant la misère humaine , mais en réalité pour assouvir un penchant voyeuriste
abject, comme dans certains reality shows et je pense plus particulièrement aux deux
frères Chebbi… Comme si un seul ne nous suffisait pas. Le problème réside dans le fait
qu’une émission de télé coûte cher et que pour la financer il faut engranger le maximum
de recettes publicitaires. Seulement un annonceur ne paie que s’il est sûr de toucher un
large public et pour ce faire, il faut abaisser la qualité et l’exigence pour brasser large…
D’où le cercle vicieux.
Les documentaires, les dossiers sociaux et économiques débattus doivent être
francs, directs, ils nous expliquent des situations confuses, nous permettent d’avoir une
opinion tranchée, nous initient à notre rôle de citoyen responsable. Les informations
politiques nous offrent un panorama complet et immédiat de ce qui se passe chez nous et
dans le reste du monde, ils nous maintiennent dans une dynamique de conscience
universelle. Indirectement, ils nous projettent une connaissance universelle pour mieux
s’adapter à la mondialisation et aux enjeux de l’avenir. Supposons maintenant que cet
outil puissant soit entre les mains d’un régime dictatorial, d’un groupe de pression, sinon
d’une seule personne. Cet état de forfaiture peut conduire à une manipulation organisée,
une tromperie à grande échelle pour assouvir des besoins matériels ou pour accaparer le
pouvoir, je pense notamment à Berlusconi qui grâce à son empire médiatique, Médiaset,
qui représente la moitié des chaînes télé a réussi à se faire élire à la tête de l’Italie, à
deux reprises.
Le problème lié à la télé est que celle-ci peut proposer le pire et le meilleur, et
souvent le téléspectateur la regarde de manière passive sans prise de distance et sans
esprit critique, contrairement au livre qui n’est qu’écriture, et qui nous impose l’effort de
la réflexion et de l’imagination. Avec la télé, on subit, et de manière subliminale, on finit
par acquiescer.
Nous le voyons bien il faut prendre ses précautions et ne pas prendre tout pour
argent comptant. Ce n’est pas la télé qui va nous offrir les clefs qui permettront son
décodage, c’est à nous de la lire au premier, deuxième ou troisième degré, pour cela, il
faut sélectionner ce qu’on regarde et le compléter par d’autres sources d‘informations,
d’autres lectures. Le petit écran n’est pas la panacée, mais une étape parmi d’autres pour
côtoyer au plus près la vérité.
Ministère de l’Enseignement Supérieur

Université de Monastir
Concours de réorientation 2010
Filières : sciences médicales
Dissertation en langue française
Durée : 2 heures
Coefficient : 1

« Dans nos hôpitaux, tout choque l’humanisme : la promiscuité des corps,


l’impudeur des voisinages, le contact permanent avec la souffrance, l’indifférence
devant la mort. », écrit René Leriche.
Que faudrait-il d’après vous pour améliorer les conditions de vie et de travail
dans des lieux publics comme les hôpitaux.
Vous développerez à ce propos un point de vue argumenté illustré d’exemples
précis.

Notre bien être en général et notre santé en particulier ont toujours représenté
une priorité dans l’ordre de nos préoccupations, c’est pourquoi nous y consacrons une
grande énergie soit à travers la prévention et l’alimentation soit à travers la médecine
homéopathique ou chimique. Sonder les mystères du corps est une énigme que toutes les
civilisations ont élevé au rang d’un art ou une discipline ; mais cela induit des coûts
énormes, soit sur le plan matériel, soit au niveau de l’investissement humain.
Aujourd’hui, les soins hospitaliers et la médecine connaissent des sommets de
sophistication et d’efficacité, mais connaissent aussi des problèmes insurmontables de
moyens matériels et d’organisation ; car en temps de crise économique, l’hôpital, tout
comme l’école, constituent le principal réceptacle de la détresse humaine.
L’hôpital a pour fonction de soigner et guérir : il devrait être le lieu exemplaire
d’une forme de qualité du travail. La médecine, cette action qui s’exerce non pas sur des
choses mais des personnes, avec des effets sur le corps, la psyché et l’histoire, le devenir
de ces personnes. Comment peut-on négocier l’amélioration des conditions de travail des
personnels hospitaliers et des lieux publics dans ce contexte d’austérité ? Ces derniers ne
sont-ils pas des aspects importants au sein d’une organisation, tant privée que publique, à
ne pas négliger, afin d’assurer l’enrichissement et le sentiment de satisfaction et de bien
être ?
Évidement ; les conditions de travail des praticiens hospitaliers ne cessent de se
dégrader ; ce qui en fait une profession particulièrement pénible aussi bien sur le plan
moral que physique. En fait, la crise économique pèse pleinement sur les établissements.
La pression est énorme dans chaque service et cela ne contribue pas à l’amélioration de
la qualité des soins proposés. Voici le témoignage d’un chirurgien pédiatre qui affirme
que : «les administratifs et les médecins n’ont pas les mêmes priorités. Ils veulent faire
du chiffre alors que nous voulons faire de la médecine ». Parallèlement à ces difficultés
financières, le plan humain est lui aussi affecté par la situation actuelle. Les praticiens
hospitaliers sont soumis à des conditions de travail pénibles : l’impossibilité de prendre
une pause déjeuner, subir des gardes de vingt-quatre heures et affronter de grandes
difficultés pour obtenir des jours de repos. Tous ces éléments induisent chez les
praticiens des états de stress facilitant les conflits internes, des dépressions ou encore des
états d’épuisement physique. Sans oublier que la désintégration des équipes, la perte de
relations humaines aggravent la désorganisation. L’hôpital demande aux praticiens
d’augmenter leurs activités, d’ouvrir des lits supplémentaires, afin d’obtenir les moyens
pour rénover des services. Mais, par exemple chaque patient n’a droit qu’à moins de
quinze minutes de Kinésithérapie par jour quand il en faudrait six fois plus. De plus ;
l’écart croissant entre la responsabilité du bon déroulement des soins et la disparition des
moyens qui permettent de les mener à bien rend la situation ingérable pour les médecins.
La perte de compétence en matière de prévention, de pose et de surveillance, la
diminution de la qualité des soins d’hygiène élémentaire (toilette), la multiplication des
transports en ambulance de façon coûteuse et désorganisée… Sont les exemples qui
abondent montrant cette situation inextricable. Enfin, le sentiment d’appartenance à la
famille des hospitaliers, renforce la motivation au travail de l’ensemble des membres du
personnel paramédical ; par contre les tâches parfois dévalorisantes et les salaires
extrêmement bas induisent chez certains spécialistes un sentiment de supériorité à
l’égard de cette partie des équipes. Ce mépris, bien que très difficile à vivre au quotidien,
ne semble plus choquer qui que soit dans le milieu hospitalier.
Que pouvons- nous y faire alors? Comment peut-on améliorer les conditions de
travail et de vie des personnels hospitaliers dans des lieux publics et les hôpitaux en
particulier?
Les conditions de travail sont des aspects importants au sein d’un organisme, tant
privé que public, à ne pas négliger. Elles désignent l’environnement dans lequel les
employés vivent sur le lieu de travail et peuvent être décrites par les effets qu’elles
peuvent avoir sur la santé, sur la vie professionnelle et sociale des salariés. Ce sont tous
ces paramètres qui déterminent l’indice de satisfaction des usagers en prenant en compte
le degré de fatigue, élément essentiel dans l’évaluation de la sécurité collective.
En premier lieu, la dégradation des conditions de travail découle indirectement du
manque de moyens dévolus aux établissements et l’insuffisance des matériels adéquats.
La technologie crée, la flexibilité en ce qui concerne le travail, afin de remplacer le
travail humain par des machines. Plutôt que d’acquérir des compétences techniques, les
employés peuvent seulement avoir besoin d’apprendre à utiliser une machine ou un
ordinateur pour leur fonction. Toutes, ces personnes peuvent avoir besoin de meilleurs
salaires pour ne pas produire un travail de qualité inférieure. Comme le déclare, Richard
Bandler: « Au lieu d’identifier ce qui ne tourne pas rond, vous pouvez identifier les
moyens de vous épanouir ». En effet, nous divisons les êtres humains en scientifiques,
prêtres, poètes, médecins…et nous oublions l’essence même de l’être humain. Que vaut
le chercheur dont le seul but est d’acquérir de nouvelles connaissances quelque soient les
conséquences de ses découvertes, le médecin qui ne considère que le corps de son
patient sans prendre en compte son psychisme… Cette dernière conduit l’homme à
considérer l’agressivité comme nécessaire pour défendre sa propre cause. Cependant,
l’homme devrait alors choisir d’agir sur la nature d’accroître l’estime de soi, d’induire
des attentes et renforcer la motivation afin d’amener à un changement des systèmes de
signification et obtenir ainsi des avis sur le temps et l’horaire de travail, salaire et
avantages divers. L’éclairage des locaux, par exemple, a une influence sur le rendement
des travailleurs, car un bon éclairage permet d’avoir une ambiance agréable en éliminant
la fatigue, ainsi que la température qui est une des conditions importantes du bien-être.
La climatisation consiste à réaliser une atmosphère agréable dans les locaux avec une
diminution des bactéries, un accroissement de l’efficacité et une amélioration de
l’ambiance de travail en général, comme l’affirme Practice Esalen : « Pour qu‘un
apprentissage soit vraiment efficace, il doit se passer à quatre niveaux : mental, corporel,
émotionnel, spirituel. » En fait, améliorer les conditions matérielles, seulement, ne parait
pas suffisant pour répondre aux besoins des travailleurs. Il semble que l’évaluation du
niveau de vie et l’évolution des mentalités aient laissé apparaître une série des besoins
dans le secteur de travail. Ce sont les besoins physiologiques (faim, soif, abri…), les
besoins de sécurité (protection physique, mentale…), les besoins sociaux (affection,
amitié…), les besoins d’estime (respect de soi, des autres….) et les besoins
d’accomplissement (épanouissement des capacités et des potentialités…). Cela
s’explique par les enjeux de l’aménagement du temps de travail qui ont fortement évolué
comme un facteur d’amélioration de vie et un instrument privilégié de la politique
sociale. Il devient un outil de compétitivité économique : la productivité des services et
la flexibilité des horaires en fonction des variations d’activités. En plus, le travail est un
art qui nous touche tous, Il nécessite de l’énergie, de l’imagination et de l’organisation et
demande beaucoup d’outils et de réalisme afin de réaliser l’épanouissement.
Tous ces facteurs fournissent à l’individu l’occasion de jouer un rôle plus actif
dans l’organisation en augmentant la productivité et la motivation. Le fait d’écouter les
personnels et de mieux organiser le travail et les équipes soignantes avec une meilleure
formation des cadres de santé en matière de management poussent l’individu à fournir
une performance au travail ainsi que d’avoir des relations satisfaisantes avec les
collègues.
Ainsi ; l’institution doit définir clairement les responsabilités de l’employé,
améliorer les canaux de communication, saluer le travail bien fait, voilà le paradoxe de
la vie. « Il faudra bien mettre du cœur à l’ouvrage », car un individu qui ne vit pas dans
le présent, ne libère pas ses potentialités, accumule des déséquilibres, vit en « circuit
fermé », finit par devenir un malade et perdre progressivement le goût de la joie et du
plaisir de vivre. La créativité est une fonction vitale, c’est elle qui nous donne « plus de
sagesse » et de conscience, un mouvement de l’esprit vers l’unité et la solidarité qui nous
permette de s’accepter et de se respecter.
La non-satisfaction et la démotivation au travail, manifestation de stress et de
fatigue sont dus aux contraintes et à la surcharge des horaires que connaissent les
personnels hospitaliers. Les organisations exigent aussi une performance maximale des
salariés en imposant des efforts physiques parfois inhumains, des horaires de travail
longs, ce qui constitue des conditions qui ne facilitent pas l’assiduité au travail. Les
bonnes conditions donnent aux travailleurs la liberté du travail favorable à leur santé et
peuvent contribuer à une augmentation des niveaux de vie des employés. Ceci amène à
sentir le bien-être qui est basé sur la confiance en soi, émane d’un effort continu et d’un
travail ardu qui forge notre moral et nous incite à dépasser nos limites pour une
amélioration bénéfique. L’homme doit se souvenir qu’au-delà des richesses, des
découvertes, du confort matériel, il y a un cœur qui bat et qui ressemble à tous les autres,
c’est pourquoi, il doit faire en sorte que son rythme cardiaque batte au diapason de
l’humanité. Comme le déclare Pascal: «Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît
point, on le sait en milles choses».
La mondialisation
I) Un monde parcouru par des flux toujours plus denses
A)Des flux variés
a) Les flux de personnes
Ils sont de deux types principaux : les migrations permanentes et le tourisme.
- Les émigrants (3 millions de personnes par an, mais il est difficile d’évaluer les
clandestins) se dirigent essentiellement des pays en développement, vers les pays
industrialisés.
- Les principaux flux des touristes internationaux ont lieu entre les pays développés.
- la diminution de coûts et du temps de transports, permet à un plus grand nombre de
personnes de partir en vacances, de plus en plus loin

b) Les échanges commerciaux


Les échanges de marchandises représentent l’essentiel des échanges
commerciaux : 80% de ceux-ci en 2002. Les échanges de services et de biens
immatériels recouvrent différents aspects, comme les services marchands (transports, les
voyages, le conseil, l’ingénierie…)
Les flux financiers : investissement direct à l’étranger(IDE), les flux
d’information, de modes…

B) Des flux toujours plus importants


a) Un spectaculaire accroissement
Au cours de la de la deuxième moitié du XXème siècle, le volume du commerce
mondial a été multiplié par 16, alors que la valeur de la production ne l’a été que par 5,5.
Les flux financiers ont fortement progressé passant de 977 milliards à 5169
milliards de dollars
Quant aux touristes internationaux, on comptait 25,3 de millions de personnes en
1960, 455,9 en 1990 et 702, 6 millions en 2002.
b) Une progression liée à plusieurs facteurs :
1) La diminution des coûts et des temps de transports et de communication : le coût
d’une communication téléphonique de 3 minutes entre Londres et New York était de
245 dollars en 1930 contre moins de 3,50 dollars en 1990.
2) Le bouclage du monde : Désormais, tout le système économique fonctionne en
continu. Ainsi dans le domaine boursier, les principales bourses opèrent sans laisser
de temps mort.
3) La diffusion instantanée de l’information
4) La possibilité pour les entreprises de délocaliser une partie de leurs activités
(production, comptabilité, service d’assistance téléphonique), dans des pays où les coûts
de production sont inférieurs. Ceci accroît les échanges.
II) Un ensemble d’interdépendances et l’émergence de
nouveaux rapports de force
A) L’interdépendance croissante entre les états
a) Les pays ne vivent pratiquement plus en autarcie, toutes les économies du
monde s’ouvrent sur l’extérieur. La Chine qui a longtemps vécu repliée sur elle-même, a
commencé en 1979 un processus d’ouverture économique et territoriale avec les zones
économiques spéciales (Changaï, Chen zou) et elle adhère à l’organisation mondiale du
commerce en 2001.
b) La création de tribunes et de lieux de rencontres internationaux : depuis
plusieurs décennies, la population a pris conscience que la terre est un ensemble fini et
que ses éléments sont liés. Cela se traduit par la recherche de solutions à de grands
problèmes qui se posent à l’échelle mondiale, comme l’inégal niveau de développement
et la pauvreté dans le monde ou encore les atteintes à l’environnement. De grandes
organisations internationales comme l’ONU, l’UNICEF, la CNUCED, l’OMC doivent
permettre des rencontres entre les états.

B) De grandes entreprises toujours plus puissantes


Les états sont de moins en moins des entités économiques : quant à leur influence
politique, elle peut être soumise à leur appartenance à des organisations régionales. Les
entreprises acquièrent une importance internationale grâce au nombre d’implantations
étrangères de certaines, et à leur taille. Le chiffre d’affaires de 150 de ces entreprises
peut dépasser le revenu national brut, de pays comme la Norvège ou le Danemark. Ces
entreprises se concentrent dans les pays riches : parmi les cent premières, une sur trois
est américaine.
Selon l’ONU, les firmes transnationales contrôlent les 2/3 du commerce mondial
et réalisent 50% de la richesse mondiale.

III) Les centres de la mondialisation


A) La domination d’un petit nombre de pays
Seul un petit nombre de pays participe à la mondialisation. Les pays du nord
réalisent l’essentiel des échanges et de la richesse mondiale, grâce notamment aux
relations qui existent entre eux. Au sein de cet ensemble, l’Union Européenne, les États
Unis et le Japon (la Triade) dominent nettement. Sur les 100 premières sociétés
transnationales du monde, 91 ont leur siège dans un de ces pôles.

B) Les nœuds des réseaux : les métropoles mondiales


Les villes mondiales : Plus que les pays, c’est surtout un petit nombre de très
grandes villes qui concentre les flux, les échanges et le contrôle de l’information. Ces
villes qui ne sont pas nécessairement les plus peuplées, offrent en revanche une très
bonne intégration à l’ensemble des réseaux (transports, télécommunications). Elles
produisent de l’information, elles concentrent la richesse, notamment la capitalisation
boursière et les sièges sociaux des plus grandes entreprises : le produit urbain brut de
l’agglomération New Yorkaise représente plus de huit fois la richesse globale de l‘Inde.
Ces villes concentrent aussi les services, tant en nombre qu’en qualité. Elles sont le lieu
de l’innovation et de la synergie. Elles contribuent à la direction du monde.

IV) La mondialisation: un processus discuté.


A) Les difficultés de l’organisation mondiale du commerce (OMC).
a) Une organisation créée pour gérer les échanges.
L’OMC est née au terme d’une association regroupant 146 membres, elle a pour
mission de s’occuper des règles qui régissent les échanges qu’il s’agisse de
marchandises, de services, de propriété intellectuelle ou du règlement des différends
commerciaux.
b) L’échec de plusieurs conférences.
Longtemps, les pays du Sud n’ont vu dans les pays du Nord que des exploiteurs et
des ennemis. Si aujourd’hui la collaboration se développe, elle n’est pas exempte d’un
certain ressentiment de la part des pays en voie de développement, qui estiment qu’ils ne
sont pas assez aidés et que les fruits de la croissance sont trop inégalement répartis.
c) L’affirmation des pôles régionaux.
En dépit de l’existence de l’OMC, les alliances économiques régionales se
multiplièrent. Elles créent des zones où les relations sont privilégiées, ce qui permet de
bénéficier de marchés protégés ayant une masse de consommateurs suffisante et donc de
réaliser des économies d’échelle
Parmi ces associations, on peut identifier :
-l’Union Européenne (1993) : elle est marquée par l’existence d‘un marché commun
pour les biens, les services et les personnes. Elle compte 25 pays membres depuis le 1 er
mai 2004 ;
- l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA ou NAFTA, 1989) : l’union de
États Unis, du Canada et du Mexique qui vise à réduire les barrières tarifaires entre les
pays ;
- le marché commun du cône Sud (MERCOSUR 1991) : l’Argentine, la Bolivie,
l’Uruguay, le Paraguay et le Chili ;
- l’Association du Sud-est asiatique (1967) : elle vise à parvenir à constituer un marché
commun entre les membres (Brunei, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines,
Singapour, Thaïlande, Vietnam, Cambodge) ;
- l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (1960) : ses 12 membres tendent à
contrôler les prix du pétrole, en agissant sur les volumes mis sur le marché mondial ;
- l’organisation de coopération et de développement économique (29 membres. 1960) ;
- la Communauté des États Indépendants(1991) : constituée par 12 des 15 anciennes
républiques de l’URSS, elles cherchent à régler les problèmes générés par celle-ci ;
- l’APEC (Association de coopération économique Asie Pacifique, 1989 : forte de 17
membres situés des deux cotés du pacifique et dans les deux hémisphères, elle vise à
devenir un marché commun à partir de 2010.
A côté de ses instances organisées, il faut également compter avec des groupes de
pression comme l’alliance qui s’est affichée lors de la conférence interministérielle de
Cancun. Regroupée derrière la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Brésil, le Mexique, le
Nigéria…, soit 22 pays représentant les deux tiers de l’humanité, elle est en partie
responsable de l’échec des négociations. Elle constitue une force importante aux côtés
des ONG altermondialistes, comme Oxfam.
B) L’environnement et sa protection
a) Une prise de conscience internationale
L’environnement commence à être envisagé à l’échelle mondiale, notamment en
raison des effets dévastateurs du réchauffement de la planète, lié à la généralisation des
gaz à effet de serre, comme le gaz carbonique: élévation du niveau de la mer,
multiplication des famines suite à des sécheresses plus sévères, augmentation des
crues…
Pour corriger ce point, les pays ont décidé de lutter en commun contre le
réchauffement climatique, lors de la conférence de Rio de Janeiro en 1994, et surtout lors
de la conférence de Kyoto, dont le protocole prévoit une réduction des émanations de
5%, d’ici 2012.
b) Un échec relatif
Bien que signé par tous les participants, ce protocole n’a pas été ratifié par les
États-Unis, du président Bush. L’adhésion de la Russie en 2004 a cependant permis au
protocole d’entrer en vigueur, sans compter que le nouveau président des USA, Barak
Obama s’est engagé à le ratifier.

V) Un monde encore largement divisé


A) L’affrontement de civilisations
a) Les chocs culturels et linguistiques
Parallèlement à la mondialisation qui unifie les valeurs et fait de l’anglais la
langue mondiale de la communication, les populations tendent à valoriser leur identité et
leur culture, fruit de leur passé, de leur religion et de leur langue. Elles s’affirment de
plus en plus dans des mouvements d’autonomie, voire d’indépendance.
- L’éclatement de la Yougoslavie a donné lieu à une guerre civile majeure et à une
partition en six États (Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Macédoine
et Kosovo)
- Au Rwanda, les Tutsis et les Hutus se sont massacrés.
- En Russie, les minorités s’affirment de plus en plus, comme en Tchétchénie.
Les langues sont valorisées. Les populations souhaitent apprendre les langues de
leur région. Même si l’anglais est le plus parlé, les deux autres les plus importantes, en
termes de masse démographique, sont L’espagnol et le chinois. Les langues sont
aujourd’hui, surtout un élément de division et d’affirmation.
b) Le poids des religions
Les conflits religieux ont été importants dans l’histoire des peuples, comme en
témoignent les croisades. La religion continue d’être la source de vifs affrontements
entre les pays ou au sein des pays. Il existe cinq grandes religions principales (l’islam, le
bouddhisme, le christianisme, l’hindouisme, le judaïsme) auxquelles s’ajoutent d’autre
religions, dont le nombre de fidèles et l’aire d’extension sont plus réduits.
Partout, on assiste à un réveil de la pratique religieuse : aux États-Unis, les
mouvements de renouveau charismatique se multiplient. On peut aussi remarquer les
progrès de l’intégrisme musulman, qui veut une stricte application de la charia dans le
domaine religieux et dans l’ensemble de la société. En Inde, les conflits sont larvés entre
hindouistes, sikhs et musulmans. Le partage de la Yougoslavie s’est fait en tenant des
religions présentes : orthodoxe, musulmane et catholique.
B) Des oppositions frontalières et économiques
a) Les conflits territoriaux.
Certaines frontières continuent à être discutées.
- L’Ukraine et la Russie se sont affrontées au sujet de la Crimée. Ce territoire fut
donné en 1954 par Khroutchev à l’Ukraine, pour commémorer son rattachement à
l’empire russe. Or en 1992, le parlement russe remettait en cause cet accord.
- La souveraineté sur les îles Kouriles demeure un sujet d’affrontement entre la
Russie et le Japon.
- Les Palestiniens se battent toujours pour récupérer leur terre sainte, l’Inde et le
Pakistan se battent pour le Cachemire…
b) Les contrastes économiques
La mondialisation et la multiplication des échanges ne se sont pas traduites par
une meilleure distribution des richesses. Ainsi, en 2003, alors que l’indice de
développement humain (IDH) le plus élevé est celui de la Norvège (0,944), La Sierra
Leone n’affiche qu’une valeur de 0,275.
La tolérance
C’est le respect de la liberté d’autrui. C’est le contraire de l’étroitesse de l’esprit,
c’est être ouvert sur des possibles. Mais cette attitude n’est pas innée ; elle se construit.
Faisons de la tolérance un concept dans le sens exprimé par Gilles Deleuze: « Le
concept, c’est ce qui empêche la pensée d’être une simple opinion, un avis, une
discussion, un bavardage. Tout concept est un paradoxe, forcément. »…

...Mais voilà, il s’agit d’un premier acte d’humanité vers autrui, aussi provisoire
soit-il. C’est un premier acte politique lorsqu’une communauté accepte de reconnaître la
pluralité.

Qu'elle soit ethnique, religieuse, philosophique ou politique, cette reconnaissance


est fondamentale. Plus qu’une vertu, elle est un devoir éthique.

Tolérer, cela peut être, endurer en silence, résister au mal, patienter devant une
erreur, être indulgent vis à vis du fautif, être respectueux de la parole, des idées
différentes, intégrer l’autre dans sa propre approche. C’est aussi accueillir l’autre chez
soi sans perdre son identité, ni la sienne, ni la nôtre. De fait, le mot Tolérance doit être
rapproché de son historicité. Selon la période, les systèmes y donnent des significations
et des valeurs différentes : assimilation, accueil, complicité, endurance, indulgence,
patience, pitié, perméabilité, résistance, respect, souffrance...

... Il n’a de valeur qu’en rapport avec comment réagit un système vis à vis
d’autrui. S’il est prêt intérieurement à accueillir l’autre, l’étranger, sans perdre l’essence
de ses propres valeurs, là il peut être tolérant. D’où aussi l’expression qui émerge parfois
: atteindre le seuil de tolérance quand il s’agit d’assimilation, d’intégration. Selon déjà
Aristote, c’est connaître (naître avec), devenir la chose connue, sans perdre son identité.

...A partir de l’écoute d’autrui, d’une possible conversion a lieu le dialogue,


l’échange d’idées. Mais pour que cet échange ait lieu, c’est aussi accepter la nouveauté,
la transgression de pré-acquis culturels, de lever les interdits à-priori. C’est donc là que
se couple l’autre concept, celui du tolérable, de ce qui est humainement tolérable. Je dis
bien humainement car il ne peut y avoir une tolérance ou une intolérance abstraite, pas
plus qu’objective. La tolérance suppose la liberté, voire elle la précède. Dans l’histoire,
l’une et l’autre agissent dans la continuité. Mais la tolérance procède du relatif, de
l’ouverture sur des possibles. Elle fait partie d’une logique de responsabilité vis à vis
d’autrui.

... Qui dit tolérance, dit aussi réciprocité. Contrairement à une bienveillante
indulgence d’une civilisation qui se croit supérieure à d’autres et par là s’octroie le droit
de pitié, ou d’une certaine tolérance, il est nécessaire de pouvoir se laisser convaincre
par les arguments d’autrui. Donc, il s’agit de croire également à un autrui qui a la même
valeur que soi, même si elle est différente. C’est le contraire de la méfiance, de la peur.
C’est aussi le contraire de l’indifférence.

...La tolérance est une action difficile, qui pose de nombreuses questions mais qui
n’a qu’une réponse en tant qu’acte, celui de tolérer et d’être toléré. En effet, tolérer ce
qui est caché ou dans l’ombre est plus facile. C’est ce qui est visible ou montré qui est
plus facilement intolérable. Il est plus facile de « fermer les yeux » que d’accepter la
différence. Que pouvons-nous tolérer qui ne soit pas de l’indifférence ? C’est à ce
combat que nous sommes confrontés. Il n’est pas possible de définir avec certitude si
nous sommes tolérants lorsqu'il n’y a pas confrontation. C’est au moment d’un conflit,
d’une confrontation que l’autre risque de devenir le bouc-émissaire ou l’ennemi.

Si je reprends la question du combat, c’est aussi parce qu’en tant que substantif, tolérer,
c’est aussi son synonyme Supporter, au sens de supporter d’une équipe.

L’autre idée aussi de Supporter peut s’examiner à travers un exemple proposé par
Jean Borreil. « La tolérance, ce n’est pas supporter, sous prétexte que votre voisin est
africain, qu’il vous réveille au milieu de la nuit par un concert inopiné, c’est de traiter
votre voisin comme un singulier en lui faisant savoir clairement qu’il vous arrive de
dormir passé la mi-nuit. »

C’est le respect de la liberté d’autrui. C’est le contraire de l’étroitesse de l’esprit,


c’est être ouvert sur des possibles. Mais cette attitude n’est pas innée ; elle se construit.
Faisons de la tolérance un concept dans le sens exprimé par Gilles Deleuze: « Le
concept, c’est ce qui empêche la pensée d’être une simple opinion, un avis, une
discussion, un bavardage. Tout concept est un paradoxe, forcément. »...

Selon déjà Aristote, c’est connaître (naître avec), devenir la chose connue, sans
perdre son identité.

La tolérance est une attitude qui aujourd'hui va de soi. Elle apparaît comme une
des vertus suprêmes de notre époque moderne, comme ce qui est de l'ordre de
l'obligation morale : il faut être tolérant. Elle représente pour beaucoup une conquête de
l'esprit des Lumières sur l'obscurantisme religieux en même temps qu'un progrès lié à la
démocratie. Mais derrière ces évidences, la tolérance suppose et implique des enjeux à la
fois épistémologiques, axiologiques et politiques: n'est-elle pas en effet la conséquence
d'un certain scepticisme qui suppose que toute valeur et toute vérité sont relatives et que
toute attitude universalisante ne peut être qu'illusoire ? De même, ne remet-elle pas en
cause la valeur de la démocratie en traduisant une indifférence et un laisser-faire vis-à-
vis des lois? Loin d'être cette vertu suprême qui nous obligerait, n'apparaît-elle pas alors
plutôt comme l'une des conséquences majeures du nihilisme contemporain?
I - Nos sociétés démocratiques sont fondées sur le pluralisme et la relativité des
valeurs impliquant le respect des opinions individuelles et de la liberté de conscience et
d'expression dans la mesure où elles ne portent pas atteinte à l'ordre public
(pornographie, pédophilie, nazisme, etc ...). Ainsi tolère-t-on autrui, même si l'on est d'un
autre avis sur sa manière de penser (en politique par exemple) ou de vivre
(homosexualité, etc...). Une telle attitude se justifie par le caractère fini, dont parlait déjà
Bayle, de la connaissance humaine: nous ne pouvons connaître la vérité, ni en
déterminer les critères absolus. La tolérance consiste à respecter le droit inaliénable de
l'individu à penser conformément à ses propres convictions parce qu'il n'y a pas en effet
de vérité, ou de principe transcendant absolu, et traduit par là le règne du subjectivisme:
toutes les opinions se valent et tout le monde a le droit de les exprimer. L'Etat lui-même,
comme l'affirmait Locke dans sa Lettre sur la tolérance, se doit de ne pas contraindre les
individus et de respecter leurs opinions.

Ainsi entendue, la tolérance résulte du conventionalisme - toute vérité ne peut être


qu'un accord entre les hommes qui ne peut valoir que relativement - et de l'historicisme -
tout phénomène humain ne peut être qu'historique et donc relatif à tel ou tel moment
donné de telle ou telle société - qui entérine la thèse selon laquelle seul le particulier et le
subjectif ont droit de cité.

II - Pourtant, cette conception de l'intolérance moderne repose sur des


contradictions, voire des paradoxes, qui ne vont pas sans poser problème.
En effet, ainsi que l'a montré Léo Strauss, le principe de tolérance se pose comme un
absolu au moment même où il affirme qu'il n'y a pas d'absolu. De même, il se veut
universel alors qu'il résulte de la dissolution de l'universalisme. Comment comprendre
que d'un côté on nie absolument l'existence de principes de morale et de justice
universels, et que de l'autre on érige en absolu ce principe de relativité et d'équivalence
qu'est la tolérance comme conséquence nihiliste du conventionalisme et de l'historicisme
? Ce que met ainsi en jeu le principe de tolérance n'est pas des moindres: comment
continuer à respecter dans nos sociétés démocratiques les opinions de chacun et
échapper en même temps à la dissolution de nos valeurs et à renoncer à la recherche du
vrai ?

III - Aussi la tolérance doit-elle être critiquée dans son principe même, à partir des
contradictions qu'elle met en jeu de manières interne et externe.

- critique interne :
A supposer que son exigence éthique ne soit pas un paradoxe comme nous venons de
l'analyser, elle ne pourrait quand même pas rendre compte de sa propre essence puisque,
pour se faire, elle devrait faire appel à des présupposés universalistes qu'elle nie pour se
constituer comme telle: elle ne peut, de fait, rendre compte d'elle-même et du principe
sur lequel elle repose.
- critiques externes :
La tolérance traduit son attitude comme étant le respect d'autrui: or tout respect
suppose une égalité de droit alors que la tolérance sous-entend la supériorité - et donc
l'inégalité - de celui qui veut bien consentir à supporter - ainsi tolérer des immigrés, c'est
être en position d'autorité et de pouvoir, s'arroger la possibilité de ne pas tolérer. Tolérer,
c'est faire en sorte que l'autre dépende de moi, de ma bonne volonté à son égard. Elle
apparaît alors plutôt, comme l'affirme Sartre dans L'Etre et le Néant, comme la négation
de la liberté de l'autre, puisqu'à travers une telle attitude, je fais de ma liberté la condition
de la sienne. De la même manière, elle ne peut valoir comme un droit universel puisque,
dans son essence - ne rien imposer, tout se vaut, il n'y a de valeurs que relatives - elle en
est la négation, tout droit ne possédant de valeur effective que si précisément il fait force
loi et s'impose à tous. Elle représente la négation de toute démarche scientifique et
philosophique: c'est bien parce que toutes les opinions ne se valent pas qu'il faut
impérativement les combattre aussi bien au niveau des sciences (Bachelard) qu'à celui de
la philosophie (Socrate), pour tenter de cheminer vers la vérité. Enfin, elle constitue un
véritable danger pour la démocratie dont elle prétend exprimer la valeur puisque, par
principe, celle-ci, sous peine d'intolérance, doit accepter même les partis qui en sont la
négation.

La tolérance se donne ainsi comme cette attitude d'indifférence généralisée, voire


de désintérêt ou de mépris de l'autre - je n'ai pas à lui dire qu'il se trompe puisque toutes
les opinions se valent - qui fait qu'on ne prend pas parti: elle traduit le confort de
l'irresponsabilité et l'individualisme égoïste de nos sociétés de consommation.

Le relativisme de l'épistémologie et des valeurs dont est issue la tolérance n'est


pas un argument nécessaire et suffisant pour amener au seul nihilisme: le recours aux
principes de la morale universaliste de Kant et la recherche de fondements de principes
éthiques universels du sujet moral peuvent en être encore aujourd'hui les contrepoints.

Le 16 novembre 1995, date du cinquantième anniversaire de l'Organisation, les


États membres de l'UNESCO ont adopté une Déclaration de principes sur la tolérance.
Ils y affirment notamment que la tolérance n'est ni complaisance ni indifférence. C'est le
respect et l'appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de
nos modes d'expression et de nos manières d'exprimer notre qualité d'êtres humains. La
tolérance est la reconnaissance des droits universels de la personne humaine et des
libertés fondamentales d'autrui. Les peuples se caractérisent naturellement par leur
diversité ; seule la tolérance peut assurer la survie de communautés mixtes dans chaque
région du g Tout comme l'injustice et la violence caractérisées, la discrimination et la
marginalisation sont des formes courantes d'intolérance. L'éducation à la tolérance doit
viser à contrecarrer les influences qui conduisent à la peur et à l'exclusion de l'autre et
doit aider les jeunes à développer leur capacité d'exercer un jugement autonome, de
mener une réflexion critique et de raisonner en termes éthiques. La diversité des
nombreuses religions, langues, cultures et caractéristiques ethniques qui existent sur
notre planète ne doit pas être un prétexte à conflit ; elle est au contraire un trésor qui
nous enrichit tous.

COMMENT CONTRER L'INTOLERANCE ?

1. La lutte contre l'intolérance nécessite des lois


Tout État a la responsabilité de renforcer la législation relative aux droits de l'homme,
d'interdire et de punir les crimes motivés par la haine ainsi que la discrimination à
l'encontre des minorités, qu'ils soient commis par des représentants de l'Etat, des
organisations privées ou des individus. L'Etat doit garantir un accès équitable aux
tribunaux et aux organismes de défense des droits de l'homme ou de médiation afin que
les citoyens ne fassent pas justice eux-mêmes et ne recourent pas à la violence pour
régler leurs différends.

2. La lutte contre l'intolérance nécessite l'éducation


lois sont nécessaires mais insuffisantes quand il s'agit de contrecarrer l'intolérance dans
les attitudes individuelles. L'intolérance a souvent pour causes I’ ignorance et la peur:
peur de l'inconnu, de l'Autre, des autres cultures, nations, religions. L'intolérance est
aussi intimement liée à un sentiment exagéré de sa propre valeur, d'orgueil, qui peut être
personnel, national ou religieux. Ces notions sont enseignées et apprises dès le plus
jeune âge. C'est pourquoi l'accent doit être mis sur le fait qu'il faut éduquer plus et
mieux. Il faut faire plus d'efforts pour enseigner aux enfants la tolérance et les droits de
l'homme, les sensibiliser à des modes de vie différents des leurs. Il faut encourager les
enfants à la maison comme à l'école à se montrer ouverts, curieux et réceptifs.

L'éducation est un processus qui se prolonge toute la vie; il ne commence ni ne s'achève


avec l'école. Les tentatives d'inculquer la tolérance au moyen de l'éducation ne réussiront
que si elles touchent tous les groupes d'âge, et partout : à la maison, à I’ école, sur le lieu
de travail, dans les formations juridiques et celles dispensées aux personnes chargées de
faire respecter la loi, sans oublier les divertissements et les autoroutes de l'information.

3. La lutte contre l'intolérance nécessite l'accès à l'information


L'intolérance est extrêmement dangereuse quand elle est exploitée pour servir les
ambitions politiques et territoriales d'un individu ou groupe d'individus. Les incitateurs à
la haine commencent souvent par identifier le seuil de tolérance de l'opinion avant de
développer des arguments fallacieux, de jouer avec les statistiques et de manipuler le
public en s'appuyant sur de fausses informations et des préjugés. Le moyen le plus
efficace de limiter I’ influence de ces propagateurs de haine est de mettre en œuvre des
mesures qui favorisent et encouragent la liberté de la presse et son pluralisme, afin que
les lecteurs puissent faire la distinction entre les faits et les opinions.

4. La lutte contre l'intolérance nécessite la prise de conscience individuelle


L'intolérance d'une société est la somme de l'intolérance de ses membres. Le
sectarisme, les stéréotypes, la stigmatisation, les insultes et les plaisanteries racistes sont
autant d'exemples de manifestations individuelles d'intolérance auxquelles nombre de
personnes sont quotidiennement soumises. L'intolérance engendre l'intolérance. Elle
incite ses victimes à chercher vengeance. Afin de combattre l'intolérance, nous devons
prendre conscience du lien qui existe entre nos comportements et le cercle vicieux de la
méfiance et de la violence dans la société. Chacun de nous devrait commencer par se
demander : « Suis-je tolérant(e) ? Est-ce que j'ai des idées stéréotypées sur les gens ?
Est-ce que je rejette ceux qui sont différents de moi ? Est-ce que je « leur fais porter la
responsabilité de mes difficultés ? ».
5. La lutte contre l'intolérance nécessite des solutions locales
Beaucoup d'entre nous savent que les problèmes de demain vont de plus en plus se
mondialiser, mais peu réalisent que la solution des problèmes mondiaux est locale voire
individuelle. Confrontés à l'escalade de l'intolérance autour de nous, nous ne devons pas
attendre des gouvernements ou des institutions qu'ils agissent seuls. Nous sommes tous
partie intégrante de la solution. Nous ne devrions pas nous sentir impuissants car nous
possédons en fait une capacité énorme de pouvoir. L'action non-violente est un moyen
d'exercer ce pouvoir, le pouvoir du peuple. Les outils de l'action non-violente - former un
groupe pour s'attaquer à un problème, organiser un réseau local, manifester sa solidarité
avec des victimes de l'intolérance, discréditer une propagande haineuse - sont à la
disposition de tous ceux qui veulent mettre un terme à l'intolérance, la violence et à la
haine.

Qu'est-ce que la tolérance?

«Le 16 novembre 1995, date du cinquantième anniversaire de l'Organisation, les


États membres de l'UNESCO ont adopté une Déclaration de principes sur la tolérance.
Ils y affirment notamment que la tolérance n'est ni complaisance ni indifférence. C'est le
respect et l'appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de
nos modes d'expression et de nos manières d'exprimer notre qualité d'êtres humains.

La tolérance est la reconnaissance des droits universels de la personne humaine et


des libertés fondamentales d'autrui. Les peuples se caractérisent naturellement par leur
diversité; seule la tolérance peut assurer la survie de communautés mixtes dans chaque
région du globe. Tout comme l'injustice et la violence caractérisées, la discrimination et
la marginalisation sont des formes courantes d'intolérance.

L'éducation à la tolérance doit viser à contrecarrer les influences qui conduisent à


la peur et à l'exclusion de l'autre, et doit aider les jeunes à développer leur capacité
d'exercer un jugement autonome, de mener une réflexion critique et de raisonner en
termes éthiques. La diversité des nombreuses religions, langues, cultures et
caractéristiques ethniques qui existent sur notre planète ne doit pas être un prétexte à
conflit; elle est au contraire un trésor qui nous enrichit tous. »

Tolérance et indifférence
«L'indifférence, c'est un état sans douleur ni plaisir, sans crainte ni désir vis-à-vis
de tous ou vis-à-vis d'une ou de plusieurs choses en particulier. L'indifférence, si elle
n'est pas une pose, une affectation, n'a évidemment rien à voir avec la tolérance. Dans la
mesure où la tolérance, c'est l'acceptation de la différence, celui qui affiche l'indifférence
n'a aucunement besoin de pratiquer la tolérance envers qui que ce soit ou quoi que ce
soit. Si tant est que l'indifférence soit un trait de la vieillesse, Maurois pouvait écrire:
«Le vrai mal de la vieillesse n'est pas l'affaiblissement du corps c'est l'indifférence de
l'âme.»
Tolérance et indulgence
L'indulgence est une disposition à la bonté, à la clémence; une facilité à
pardonner. L'indulgence va plus loin que la tolérance, mais il est clair que les deux font
un bout de chemin ensemble. L'indulgence est un trait de la vieillesse quand celle-ci est
un mûrissement et non un durcissement ou un pourrissement.

Tolérance et complicité
La complicité est une association dans le mal. Dans le langage juridique, comme dans
le langage courant, il n'y a complicité que dans un délit. En ce sens-là, il peut arriver que
l'on tolère une situation, une conduite, parce que cela fait «son affaire», comme on dit
familièrement. Cette tolérance fournit un alibi, une excuse, un prétexte. Cette forme de
tolérance dure le temps d'un intérêt commun et provisoire.»
«(...) le terme de tolérance, pris en son sens propre, est inadéquat à la grande idée
qu’on prétend lui faire exprimer. En effet, tolérer une différence d’être et de la pensée,
c’est la tenir en quelque sorte à distance avec une note de condescendance et
d’indulgence. Le respect d’autrui et de sa liberté demande plus et autre chose.»

L'intolérance derrière les appels à la tolérance


«Les préjugés ont-ils la dent dure? Oui, sans doute. Le goût des autres nous heurte
souvent et nous n'avons peut-être pas assez le goût pour les autres. Il ne s'agit pas bien
sûr de prôner une sorte de bienveillance générale et de consensus mou autour d'un
pseudo-humanisme nourri de mou autour d'un pseudo-humanisme nourri de bonne
conscience. La comédie humaine serait trop triste sans les colères des uns contre les
autres. Mais ce qui domine aujourd'hui, malgré un discours officiel pétri de "tolérance"
et de "liberté", c'est souvent la haine de l'autre même si elle n'ose pas dire son nom et se
camoufle derrière les mots d'ordre à la mode.»
«Tolérance s'oppose, bien sûr, à intolérance, mais cela ne nous avance guère. Il me
semble que c'est le fanatisme qui est le contraire de la tolérance. Alain définit la
tolérance comme étant «un genre de sagesse qui surmonte le fanatisme, ce redoutable
amour de la vérité». On tient ici un bout de piste. Alain parle de «sagesse» et de
«surmonter». Non pas de la tolérance qui résulterait de l'indifférence, du mépris, de la
faiblesse des convictions ou du caractère, mais d'une sagesse qui surmonte. On retrace
l'idée de force, nourriture souterraine de la tolérance. Dans le même ordre d'idées,
Guitton écrit: «Il y a dans la sagesse un esprit de compromis. La modération est-elle un
abandon? Si toute sagesse est l'acceptation de quelque incohérence, ne faut-il pas placer
la sagesse du côté de l'imperfection, et non pas du côté du bien?» Le «Tout ou rien» est
le propre de l'intolérant. L’intolérance est raide et abstraite; la vie est souple et «impure».

Dans l'idée de tolérance, il y a l'idée de délai. On tolère facilement une situation


ou une personne que l'on est sûr de pouvoir éviter ou neutraliser, à son gré ou
prochainement. On tolère par politesse, par ruse, par calcul ou tout bêtement par
lassitude. Mais, au fond, on attend de n'avoir plus à tolérer. Si l'on veut sortir de cette
conception et de cette pratique de la tolérance, il faut passer à l'idée de respect. Si , au
lieu de tolérer l'autre, c'est-à-dire le différent et même l'opposant, je m'efforce de le
comprendre et de le respecter, je fais preuve de force et de confiance. Confiance dans la
raison et dans le bien. Au-delà du respect, on entre dans l'ordre de la charité. Je ne sais
pas que saint Paul ait jamais prêché la tolérance, mais il écrit: «L'amour est patient, il ne
s'irrite pas, il supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout.»

Les différents aspects de la tolérance

La tolérance, du latin tolerare (supporter), est la vertu qui porte à accepter ce que
l'on n'accepterait pas spontanément. C'est aussi la vertu qui porte à se montrer vigilant
tant envers l'intolérance qu'envers l'intolérable.

En d'autres termes, c'est une notion qui définit le degré d'acceptation face à un
élément contraire à une règle morale, civile ou physique particulière. Plus généralement,
elle définit la capacité d'un individu à accepter une chose avec laquelle il n'est pas en
accord. Et par extension moderne, l'attitude d'un individu face à ce qui est différent de
ses valeurs.

La notion de tolérance s'applique à de nombreux domaines :

 la tolérance sociale : attitude d'une personne ou d'un groupe social devant ce qui
est différent de ses valeurs morales ou ses normes ;
 la tolérance civile : écart entre les lois et leurs applications et l'impunité ;
 la tolérance selon John Locke : « cesser de combattre ce qu'on ne peut changer » ;
 la tolérance religieuse : attitude devant des confessions de foi différentes ;
 la tolérance en technique : marge d'erreur acceptable, ou capacité de résistance à
une agression.

Toute liberté ou tout droit implique nécessairement, pour s'exercer complètement,


un devoir de tolérance et de respect.

Selon certains moralistes, la notion de tolérance est associée à la notion absolue


de bien et de mal. La tolérance s'exerce lorsqu'on reconnaît qu'une chose est un mal,
mais que combattre ce mal engendrerait un mal encore plus grand. La tolérance peut
alors conduire à une abstention volontaire dans le combat contre un mal identifié comme
tel. Cette abstention n'est pas motivée par une relativisation des notions de bien et de
mal, mais au contraire par la pleine conscience d'un mal qui ne peut malheureusement
pas être combattu sans produire un autre mal plus grave encore.

Tolérance politique

La notion de tolérance est fondamentalement une notion morale, devenue notion


politique et juridique. Elle a été théorisée sous cet angle par la philosophie à partir des
XVIIe et XVIIIe siècles, une époque où sévissaient en Europe les guerres civiles dites
guerres de religion (c’est-à-dire une époque où la religion était le véhicule de conflits
politiques débouchant sur des guerres). Elle a été développée pour y mettre fin, en
définissant les règles et conditions auxquelles la diversité des idées, opinions et
croyances, pouvaient être supportées et tolérées dans une même société, sans pour autant
la mettre en danger en créant des divisions incompatibles. L'auteur de référence pour la
théorie de la tolérance est l'anglais John Locke.

Tolérance sociale

La tolérance sociale est la capacité d'acceptation d'une personne ou d'un groupe


devant ce qui n'est pas similaire à ses valeurs morales ou les normes établies par la
société.

Ce que la tolérance n'est pas

On a souvent tendance à assimiler la tolérance à des notions qui se révèlent


fondamentalement différentes, bien que proches sur certains points.

L'indifférence

L'indifférence est de n'éprouver ni plaisir, ni douleur, face à ce que l'on perçoit. Il


n'y a aucunement besoin de tolérance face aux choses pour lesquelles on n'éprouve pas
d'émotion. Par exemple, une personne pour qui les questions de religion ne sont pas une
préoccupation, ne peut être qualifiée de tolérante ou intolérante en matière religieuse.

La soumission

La soumission est l'acceptation sous la contrainte. Pour qu'il y ait tolérance, il faut
qu'il y ait choix délibéré. On ne peut être tolérant qu'avec ce qu'on a le pouvoir
(d'essayer) d'empêcher.

L'indulgence

L'indulgence va plus loin que la tolérance, en cela qu'elle est une disposition à la
bonté, à la clémence, une facilité à pardonner, alors que la tolérance peut être
condescendante.

La permissivité

La permissivité, tout comme l'indulgence, va plus loin que la tolérance. Elle se


distingue de l'indulgence par l'absence de référence aux sentiments. Elle se définit
comme une propension à permettre sans condition.
Le respect

Le respect suppose que l'on comprenne et partage les valeurs d'une personne ou
d'une idée dont l'autorité ou la valeur agit sur nous. Par le respect, nous jugeons
favorablement quelque chose ou quelqu'un ; en revanche, par la tolérance, nous essayons
de supporter quelque chose ou quelqu'un indépendamment du jugement que nous lui
portons : nous pouvons haïr ce que nous tolérons, accepter à contre cœur. La sensation
de se sentir respecté ne peut que mener à notre épanouissement.

Tolérance et idéal

La tolérance est généralement considérée comme une vertu, car elle tend à éviter
les conflits. Ainsi Kofi Annan disait-il que « La tolérance est une vertu qui rend la paix
possible. »

Dans certaines philosophies, comme la philosophie bouddhique, la tolérance est le


premier pas vers l'équanimité, c'est-à-dire l'acceptation sans effort. La tolérance envers
ce qui nous agresse, est un exercice à pratiquer sur soi-même.

«La tolérance est un exercice et une conquête sur soi.» —Exercice du bonheur, Albert
Memmi

«L'esprit de tolérance est l'art d'être heureux en compagnie des autres.» —Les Poings
sur les i, Pauline Vaillancourt

Tolérance et réprobation

Cependant, on considère généralement qu'il n'y a pas de tolérance sans agression,


c'est-à-dire qu'on ne peut être tolérant que face à ce qui nous dérange (c'est-à-dire ce
avec quoi on n'est pas en accord) mais qu'on accepte par respect de l'individu
(l'humanisme) ou pour la défense d'un idéal de liberté (le libéralisme).

La tolérance par respect de l'individu pourrait se formuler comme: « Je ne suis pas


d'accord avec toi, mais je te laisse faire par respect des différences. »

La tolérance pour la défense d'un idéal de liberté, est parfaitement illustrée par une
célèbre citation attribuée de façon apocryphe à Voltaire « Je ne suis pas d'accord avec ce
que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire. »
Cela semble un résumé de ce que disait Voltaire sur Helvétius à l'article Homme
des Questions sur l'Encyclopédie : « J’aimais l’auteur du livre De l’Esprit. Cet homme
valait mieux que tous ses ennemis ensemble ; mais je n’ai jamais approuvé ni les erreurs
de son livre, ni les vérités triviales qu’il débite avec emphase. J’ai pris son parti
hautement, quand des hommes absurdes l’ont condamné pour ces vérités mêmes. »
La tolérance est soit un choix dicté par une conviction, soit un choix
condescendant. Dans tous les cas, pour qu'il y ait tolérance, il faut qu'il y ait choix
délibéré. On ne peut être tolérant qu'avec ce qu'on a le pouvoir d'essayer d'empêcher.
L'acceptation sous la contrainte est la soumission.
Depuis les années 1950, la tolérance est généralement définie comme un état
d'esprit d'ouverture à l'autre. Il s'agit d'admettre des manières de penser et d'agir
différentes de celles que l'on a soi-même. Il est d'autant plus difficile de comprendre un
comportement (et éventuellement de l'accepter) qu'on n'en connaît pas les origines. C'est
pourquoi l'éducation est souvent considérée comme un vecteur de tolérance.

Ainsi Helen Keller disait « Le meilleur aboutissement de l'éducation est la tolérance. »

Tolérance civile

Les mentalités évoluant — sur certains sujets — plus vite que les lois, il existe un
décalage entre la morale sociale (celle qu'un groupe légitime) et les lois civiques. Ainsi,
certaines dispositions de la loi peuvent, à un moment donné, être reconnues inadaptées
et, de ce fait, n'être appliquées que partiellement ou plus du tout, faute de moyens.

Les modalités d'application de la loi qui devraient dépendre des décrets qui les
promulguent, dépendent en fait souvent de la disponibilité du pouvoir à les faire
appliquer. Par exemple, les décrets Jean Zay (1936) prévoient l'interdiction du port de
signes religieux et politiques dans les écoles françaises, pourtant, la non application de
ces décrets a conduit les autorités à soumettre une nouvelle loi sur le même sujet en
2004. Ainsi Georges Clemenceau disait dans Au soir de la pensée, « Toute tolérance
devient à la longue un droit acquis. »

La tolérance selon Locke

Historiquement, la première notion de tolérance est celle défendue par John Locke
dans sa Lettre sur la tolérance, qui est définie par la formule « cessez de combattre ce
qu'on ne peut changer ».D'un point de vue social, il s'agit de supporter ce qui est
contraire à la morale (ou à l'éthique) du groupe posée comme un absolu. Il s'agit
principalement de réaction face à un comportement que l'on juge mauvais, mais que l'on
accepte parce qu'on ne peut faire autrement. C'est donc à partir d'une glorification de la
souffrance que s'établit une conception éthique de la tolérance.

Le respect de l'individu et de ses idées n'intervient qu'à partir du moment où l'on


ne peut convoquer la puissance publique contre sa façon de faire et ce respect
globalement n'apparaît dans le droit qu'à partir de 1948 et de la déclaration universelle
des droits de l'homme. Dans ce cadre, la tolérance n'est pas une valeur individuelle, mais
un dynamisme évoluant entre la réception de la règle et l'aptitude du pouvoir à la faire
respecter. Cette notion de tolérance dépend donc de la façon dont le pouvoir conçoit sa
relation à la vérité et des moyens qu'il est disposé à investir pour faire valoir cette
conception.
Exemple

Les débats contemporains sur l'homosexualité. Tant que la puissance publique


considéra les pratiques de cette minorité comme un délit, il était facile de menacer un
homosexuel de la perte de son travail ou d'organiser des chasses aux homosexuels qui
demeuraient impunies. Depuis que le délit a disparu du Code pénal de la plupart des
pays démocratiques, on respecte les individus tout en manifestant contre les projets
visant à leur accorder, suivant les points de vue, soit la pleine jouissance des Droits de
l'homme, soit une symétrie absolue avec l'hétérosexualité.

La tolérance selon John Rawls

Le philosophe américain John Rawls, dans son ouvrage de philosophie morale A


Theory of Justice (Une Théorie de la justice), établit que la tolérance est une vertu
nécessaire à l'établissement d'une société juste. Mais il pose la question « Doit-on tolérer
les intolérants ? ». Rawls y répond positivement, indiquant que de ne pas les tolérer
serait intolérant et serait donc une injustice. Par contre il établit qu'une société tolérante a
le droit, et le devoir, de se protéger et que ceci impose une limite à la tolérance : une
société n'a aucune obligation de tolérer des actes ou des membres voués à son
extermination.
Discussion
La « Théorie de justice » fait référence à « une société juste », dont les membres
seraient pour la plupart tolérants, et capable de tolérer les intolérants. On peut
légitimement lui opposer « une société tolérante », ce qui implique pour chacun de ses
membres, la pratique de la « tolérance mutuelle », et exclut la permissivité et
l'intolérable.
Tolérance religieuse
La tolérance religieuse est une attitude adoptée devant des confessions de foi
différentes ou devant des manifestations publiques de religions différentes. Exemple,
l'édit de Tolérance de 1787 (France) autorise la construction de lieux de cultes pour les
protestants à condition que leur clocher soit moins haut que celui des églises catholiques.

«Le mot, en son sens moderne, vaut comme rejet ou condamnation; la secte, c'est
l'Église de l'autre. » — André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, Paris :
PUF, 2001.

Il faut différencier trois domaines de tolérance religieuse. Tout d'abord, la


tolérance inscrite dans les textes sacrés auxquels se réfère la religion. Ensuite,
l'interprétation qui en a été faite par les autorités religieuses. Enfin, la tolérance du fidèle,
qui, bien que guidée par sa foi, n'en reste pas moins individuelle.
Le monothéisme
Avec le développement du monothéisme (judaïque, chrétien, puis islamique)
apparaît la notion d'exclusivité du divin.
 Judaïsme : « Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face. », (Exode 20,3).
 Christianisme : « Je crois en Dieu, le Père Tout-puissant, Créateur du ciel et de la
terre. » (Symbole des Apôtres, IIe siècle)
o Catholicisme : en 392 Ambroise de Milan obtient de Théodose II un édit
autorisant la mise à mort des « juifs, des païens, et des hérétiques ».
o Protestantisme : « Dirons-nous qu'il faut permettre la liberté de
conscience ? Pas le moins du monde, s'il s'agit de la liberté d'adorer Dieu
chacun à sa guise. C'est un dogme diabolique. », Théodore de Bèze, 1570.
En cela Théodore de Bèze est un excellent témoin des 150 premières
années du protestantisme qui furent tout aussi autoritaires que le
catholicisme. Toutefois le tournant fut pris avec John Locke et sa lettre sur
la tolérance intervenant dans le conflit entre le courant calviniste et
dogmatique et les Remontrants.
 Islam : « Il n'est d'autre dieu qu'Allah » mais aussi pas de contrainte en religion
(Coran 256/2)

On comprend donc que la tolérance n'est pas une vertu intrinsèque de telle ou telle
religion mais dépend du choix de ses hommes et de ses hiérarchies comme de leur
capacité à s'associer à un pouvoir.

Le dialogue interreligieux

La tolérance n'a donc pas de tout temps existé. Déjà Platon, d'après une rumeur
colportée par Diogène Laërce, aurait voulu brûler en place publique les œuvres de
Démocrite. L'ouverture de la culture grecque aux cultures extérieures et le dialogue
continuel des philosophes entre eux ont généré un climat intellectuel tendu mais propice
aux échanges et à la réflexion. C'est la philosophie des Lumières qui transforme ce qui
semblait une faiblesse chez Augustin d'Hippone, théoricien de la persécution légitime,
tel que le présentait Bossuet.

Le symbole du tournant est cette phrase de Voltaire : « je n'aime pas vos idées
mais je me battrai pour que vous puissiez les exprimer ». Il se constitue alors un
mouvement intellectuel luttant contre les intolérances du christianisme : « De toutes les
religions, la chrétienne est sans doute celle qui doit inspirer le plus de tolérance, quoique
jusqu'ici les chrétiens aient été les plus intolérants de tous les hommes. » (Dictionnaire
philosophique, article « Tolérance » 7).

Le développement des Sciences religieuses dans la philosophie allemande du


e
XIX siècle a permis la mise en œuvre d'un savoir laïc sur le phénomène religieux qui est
perçu comme une menace par les religions. Tel fut l'enjeu de la crise moderniste, tel est
encore l'enjeu de bien des conflits ayant à voir avec le phénomène religieux.
Les moyens de transport et de communication du XIXe siècle et du XXe siècle ont
permis des échanges culturels qui ne facilitent pas autant le dialogue interreligieux. La
démocratisation du voyage se fait par la méthode du voyage organisé qui permet
rarement la rencontre de l'autochtone. En revanche, les échanges d'étudiants, jusqu'ici
réservés aux classes supérieures des pays développés, pourraient améliorer la situation
par des financements européens, tel le programme ERASME.

Du fait de la vocation de la plupart des religions à n'enseigner que ce qu'elles


croient vrai désignant par toutes variantes du faux tout ce qu'elles n'ont pas exprimé
elles-mêmes (méthode des épicycles coperniciens décrite pour la première fois dans le
domaine religieux par John Hick dans God Has Many Names (1988) et popularisé par
depuis par Régis Debray dans Le Feu sacré : Fonction du religieux, Fayard, 2003), on ne
peut dire que la culture religieuse de l'Européen moyen ait grandement avancé.
La réflexion sur la vérité religieuse, pourtant bien amorcée par Michel de Certeau,
dans L'invention du quotidien, t. II : manières de croire n'a été reprise par aucune
religion. Le croyant ignore donc le sacré des autres et exige des mêmes autres la
révérence en ce que lui croit, révérence qu'il n'est pas prêt à manifester à l'égard de ses
interlocuteurs.

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