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Dissertation philosophie

« Tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit », c’est ce que
promet la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Ainsi, la Constitution française
applique l’égalité des « droits » à « tous », s’admettant universelle.
Cependant, si ces droits sont universels, alors selon la Constitution, ils doivent être
appliqués à tous sans condition, c’est ce qu’on appelle les droits inconditionnels. Nombreux
sont les célèbres philosophes qui se sont intéressés à ce terme.
Le droit est par définition ce que peut faire un citoyen, s’opposant à devoir, qui
affirme ce que doit faire un citoyen. L’idée qu’il puisse exister des droits qui ne demandent ni
condition ni contexte est ancienne ; en effet, c’est ce qui a été appelé les « droits naturels »,
une théorie expliquant que l’Homme naît avec des droits inaliénables. Néanmoins, cette
théorie a été de nombreuses fois contestée, les droits ayant pour fin de réguler une société,
que l’homme construit par définition contre- la nature. Pourtant, certains droits paraissent
exister depuis toujours. Affirmer qu’il existe des droits naturels ou inconditionnels
reviendrait à affirmer qu’il existe des droits, des lois, sans même l’instauration d’une société.
Ne faudrait-il pas alors approfondir notre interrogation sur la nature des fondements de
notre société ? La justice est-elle seulement fondée par l’Etat ? Nous allons donc nous
demander s’il existe des droits antérieurs à nos sociétés.
Pour répondre à cette question, il est tout d’abord nécessaire de s’interroger sur la
théorie des droits naturels, qui affirme la volonté de l’existence de ces droits, avant de
nuancer cette théorie : de tels droits peuvent être une illusion. Enfin, il convient de montrer
que le droit naturel peut exister partiellement car, considéré comme le droit juste, est
protégé par le droit positif.
Les droits inconditionnels ont un intérêt particulier pour les Hommes, car cela ils
signifient que ceux-ci ont sont sous l’égide d’une entité supérieure à eux-mêmes : la nature.
Tout d’abord, la théorie des droits naturels affirme que tout être humain possède des
droits sans considération de son sexe, de sa couleur de peau, de sa croyance, de son âge, de
ses mérites, de ses pêchés, qui le protègent non seulement de tout être humain mais aussi
de tout souverain et ordre social. Ces droits se revendiquent depuis les textes de l’Ancien
Testament. En effet, cela a Ils ont été évoqués dans à travers l’interrogation du sur le rôle
des sentiments des Hommes. La question posée est légitime : si dans la Bible, Dieu autorise
les Hommes à avoir des sentiments, autorise Eve à céder à l’envie, c’est pour que ceux-ci
puissent faire leurs propres choix. Alors, les Hommes ont le droit de revendiquer, de
protester contre Dieu. C’est effectivement ce que Voltaire écrit dans son poème sur le
désastre de Lisbonne. « Je respecte mon dieu, mais j’aime l’univers. Quand l’homme ose
gémir d’une misère si terrible il n’est point orgueilleux – hélas, il est sensible » L’Homme est
donc doté de sentiment, ce qui entraine par conséquent une réflexion de celui-ci, et un droit
de les exprimer. Ainsi, selon la Bible, les Hommes ont un droit naturel de s’exprimer, de
ressentir, et d’en subir les conséquences. La volonté des droits inconditionnels est donc
ancienne, et permet aux Hommes de s’autoriser des principes au nom d’une entité
supérieure.

Un principe s’ajoute aux droits considérés comme inconditionnels : le principe


d’université. Il se définit essentiellement comme le lieu de l’exercice inconditionnel, libre et
public de la pensée. Cela signifie que les Hommes auraient un droit incontestable, qui est
celui du libre examen réflexif, la critique. Kant, avec son principe de l’autonomie de la
volonté, a inspiré « l’autonomia », selon lequel l’esprit se donne à lui-même sa propre loi,
régissant les actions de l’Homme. Il convient donc d’affirmer que le principe d’université
n’appartient à aucun pouvoir si ce n’est celui de l’Homme. Ce principe ne peut donc n’être
qu’inconditionnel. C’est lors du siècle des Lumières que ces principes atteignent leurs
paroxysme. En effet, les grands esprits du XVIIIème, tels que Rousseau ou Voltaire, ont exercé
la pensée comme le droit inconditionnel par excellence. Cependant, la société d’Ancien
Régime pose un problème considérable aux protagonistes du développement de la pensée,
le défi de la censure. En effet, Voltaire, s’est vu interdire à maintes reprises la publication de
ses textes ou ouvrages. Ce sont là les limites de ce droit supposé naturel de la pensée : en
pratique, la critique ne peut être inconditionnelle que si celle-ci n’est pas exprimée.

De plus, les Hommes développent leur volonté d’imposer des droits naturels avec la
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen en 1789, lors de la révolution française. En
effet la révolution provoqua un besoin de droits naturels qui abolissent les ordres, la
monarchie, les inégalités liées au pouvoir et dues au simple hasard. La DDHC Ce grand texte
élève l’expérience du principe de Publicité de Kant, c’est-à-dire ériger en règles les maximes
politiques, au titre des libertés et droits humains fondamentaux. Par exemple, les droits à la
liberté d’opinion et d’expression, le droit de rechercher, de recevoir et de répandre des
informations, considérés comme fondamentaux. Ces exemple prouvent la volonté des
Hommes à l’existence des droits inconditionnels.
Or, le besoin de cette existence ne la garantit pas. En effet, la recherche de droits
inconditionnels peut amener les Hommes à se croire à tort protégés par de tels droits

En premier lieu, l’illusion du droit inconditionnel s’illustre par des lois et textes qui se
transforme au fur et à mesure que les sociétés évoluent. Il existe un parfait exemple, celui
de la jurisprudence. En effet, ce concept désigne l’ensemble des décisions de justice relatives
à une question juridique donnée. Ce sont des décisions précédemment rendues qui
illustrent la manière dont un problème juridique a été résolue. Le procès juridique mené par
le juge Magnaud est emblématique de ce terme : celui-ci a gracié une mère de famille pour
son vol affirmant l’ « état de nécessité » de celle-ci à nourrir ses enfants. Les droits ne
seraient donc pas antérieurs à nos sociétés mais évolueraient donc en fonction de celle-ci.
De plus, il est possible de concevoir que le principe le plus fondamental, le principe
d’université, peut être corrompu par les sociétés. En effet, la formation intellectuelle que les
citoyens d’un Etat peuvent recevoir va transformer le point de vue que ceux-ci auront sur
une situation, sur une personne, sur un contexte. Leur émancipation, leur esprit critique,
tout peut être aujourd’hui décidé par l’éducation, qui est donc une limite à ce droit naturel.
Par exemple, les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale pouvaient être ou étaient
convaincus de la légitimité de leur antisémitisme. Cependant, si ces mêmes personnes
avaient été mises dans un contexte complètement différent, au XXIeme siècle il est tout à
fait concevables que celles-ci n’auraient pas été antisémites. L’Etat a donc une grande part
de responsabilité dans les actions et les pensées de ses citoyens. Non-seulement l’Etat, mais
également l’éducation, le milieu social, ou encore d’autres critères fondés sur la nature
d’une personne : son genre, ses origines etc. Peirce définissait les professeurs comme ceux
qui donnerait au peuple une formation, mais aussi ceux qui s’assuraient que « les problèmes
théoriques qui surgissent au cours du développement de la civilisation puissent être résolus ».
Enfin, il est important de noter la notion du droit du plus fort, c’est-à-dire une loi
naturelle qui désigne une situation où une confrontation se résout par un rapport de force
au profit d’une partie et au détriment d’une autre. « La raison du plus fort est toujours la
meilleure », concluait avec cynisme Jean de la Fontaine en laissant le loup dévorer l’agneau.
Le droit peut évoquer une certaine nature des choses. Il est en effet impossible de fonder le
droit sur le fait : le droit est nécessairement institué. Sa fonction principale est de rectifier, il
est donc contradictoire qu’il cherche ses fondements dans ce qui est déjà présent. Par
exemple, dans le Gorgias de Platon, l’un des personnages explique que le droit qui doit
mettre les Hommes à égalité devant la loi est en fait véritablement injuste. Celui-ci affirme
que c’est le droit du plus fort qui est le seul droit juste, car c’est la nature qui en aura décidé
ainsi : « Si le plus fort domine le moins fort et s’il est supérieur à lui, c’est là le signe que c’est
juste », refusant donc le droit au profit de la violence.
Les droits inconditionnels sont donc en contradiction avec le principe d’un société, le
principe du droit, et peuvent être privilégiés influencés par des facteurs tels que l’éducation,
l’Etat, la propagande. Cependant, le droit naturel est considéré comme le droit juste, comme
un idéal humain et qui a donc par conséquent une existence partielle, car protégé par le
droit positif.

Tout d’abord, le droit est restrictif par définition. En effet, celui-ci est le système de
norme qui régit une société, et par conséquent régule les relations, ce qui provoque une
restriction des libertés de chacun. Le « droit naturel » pourrait être donc considéré comme
étant un oxymore. Le droit nous est imposé à la naissance, lorsque l’on fait partie d’une
société. Cependant de nos jours, chaque humain appartient à une société, ce qui fausse la
théorie du contractualisme, comme l’expliquait Hegel : « si le contractualisme avait raison
alors il serait facultatif de faire partit d’un Etat ».
C’est ainsi que le droit naturel existe sous la forme d’un idéal, d’un droit juste. Le
droit naturel s’oppose au droit positif, qui est institutionnel et par conséquent relatif aux
sociétés et à leurs évolutions. C’est ce que voulait prouver Sophocle dans Antigone : en effet,
lorsqu’on lui demande « as-tu violé les lois ? », celle-ci répond « c’est que Zeus ne les a pas
faites, ni la Justice qui siège auprès des dieux souterrains ». Selon Antigone, les lois
naturelles sont celles qui ont été créés par les dieux. Si l’on suit cette logique, celle-ci affirme
que le droit positif n’est pas le droit juste, au contraire du droit naturel, car le droit positif
est inventé par les Hommes et non pas par les entités qui les contrôlent, pouvant donc être
corrompu. Ainsi, le droit naturel existe sous la forme du droit juste, d’un droit idéal.
Enfin, si le droit naturel se proclame universel et d’un ordre supérieur, ce n’est pas
par celui-ci que les sociétés sont régies, il n’est alors que théorique. Le droit naturel ne peut
alors pas se séparer d’un droit positif. Les droits inconditionnels dont les humains veulent
disposer sont protégés par le droit positif, comme le respect des vivants et des morts, la
protection de la propriété, le droit à la dignité et la préservation de la liberté de chacun. La
justice protège ainsi les droits inconditionnels. Selon Platon, qui l’exprime donc dans le
Gorgias, la justice naturelle est déterminée par la force. C’est donc par une justice qui n’est
pas naturelle, c’est-à-dire par le droit positif, que les droits naturels peuvent être conservés.
En effet, sans système de normes écrit et appliqué, les droits naturels ne veulent rien dire
car ils ne font pas partie d’une société.

Nous pouvons donc en conclure que les droits inconditionnels ont une existence
partielle, car ceux-ci sont voulus et mis en pratique par l’Homme. Cependant, il n’est pas
affirmé que ces droits peuvent exister sans une société, un Etat, ou une organisation qui
régit et offre à ses citoyens protection contre l’établissement de ces règles.
L’Homme est doté de sentiments importants, comme ceux de l’empathie, de la
culpabilité, de l’amour mais aussi de la haine. La société donne son sens aux lois morales.

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