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Droits de l’Homme et libertés publiques

Le plan du cours :
Introduction : les concepts clés
Partie 1 : Droits de l’Homme
Chapitre 1 : Emergence et évolution du concept
Section 1 : Définitions et générations des « droits de l’Homme »
A.Définitions
B. Les caractéristiques des DH
C. Les fondements des DH
D.Les générations des DH :
 G1=  des droits contre l'Etat, d'inspiration libérale 
 G2= des droits sur l'Etat, d'inspiration socialiste
 G3= des droits à dimension transnationales
 G4= droits récents s’attachant au progrès scientifique
Section 2: Evolution historique du concept
A. Les premières traces du concept (fondements philosophiques et religieux)
1. Dans les anciennes civilisations
 Le code d’Hammourabi
 La charte de Cyrus
 Les enseignements de Confucius
 Chez les grecs
2. Dans les religions monothéistes
 L’Islam
 Christianisme
 Judaïsme
B. Les droits de l’Homme dans les théories politiques
1. La doctrine individualiste
 L’influence de la religion chrétienne.
 L’école du droit naturel (moderne).
 L’école du contrat social.
 Hobbes
 Locke
 Rousseau
 Montesquieu
2. La doctrine marxiste
Chapitre2 : Droit international des droits de l’Homme (Textes/instruments)
Section1: La consécration des droits de l’Homme
A. Les textes anglais
1. La Magna Carta de 1215
2. La pétition des droits de 1628 présenté au roi Charles 1er Stuart
3. L’Habeas Corpus 1679
4. Le Bill of Rights de 1689
B. Les documents américains
1. la déclaration des droits de Virginie du 12 juin 1776
C. La déclaration française des droits de l’Homme et du citoyen
Section 2: cadre juridique des Droits de l’Homme
 Au niveau international :
A- la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH
B- Les Pactes internationaux relatifs aux droits des Hommes.
1. le Pacte international sur les droits civils et politiques (PIDCP)
2. le Pacte international sur les droits  économiques, sociaux et
culturels (PIDESC)
C- Les Conventions internationales généralistes.
1. La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes
de discrimination raciale ;
2. La Convention sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes ;
3. La Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), ou
Convention relative aux droits de l’enfant ;
4. La Convention relative aux droits des personnes handicapées ;
5. La Convention pour la prévention et la répression du crime de
génocide.
D- La protection Internationale des Droits de l’homme :
1- Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU
2- les juridictions pénales internationales
 Au niveau régional :
A- En Europe :
B- Le système interaméricain :
C- Le système africain :
D- Le système africain :
 Au niveau local (Maroc) :

Partie 2 : les libertés publiques


Introduction : les concepts clés
 Le droit : est un outil d’encadrement des rapports dans la société. C’est
un instrument d’organisation de l’exercice d’une ou des libertés
(autorisation, réglementation, restriction….)
 la liberté désigne le pouvoir d’agir au sein d’une société organisée,
dans la limite des règles définies.
 L’Homme: la personne humaine. C’est un être doué de droits naturels
et possède une validité universelle antérieure à l’organisation sociale.
C’est un sujet atemporel, il libre.
 Les droits de l'homme dénommés également ou encore droits
humains ou de la personne sont les droits inaliénables de tous les êtres
humains, quels que soient leur nationalité, lieu de résidence, sexe,
origine ethnique ou nationale, couleur, religion, langue ou toute autre
situation.
 Les libertés publiques sont strictement de l’ordre du droit positif ;
déterminées par le législateur, elles s’appliquent à l’intérieur des
frontières nationales.

Partie 1 : Droits de l’Homme


Chapitre 1 : Emergence et évolution du concept
Section 1 : Définitions et générations des « droits de l’Homme »
A- Définitions :

Les DH sont des prérogatives naturelles qui apparaissent en même temps que
l’Homme; dès sa naissance, elles ne sont pas créées par la loi, mais sont
protégées par celle-ci. La meilleure façon pour garantir et protéger les DH est de
les inscrire dans la loi suprême de l’Etat (la constitution).
Plusieurs définitions des droits de l’Homme ont été proposées chacune
s’efforçant de serrer au plus près les éléments fondamentaux de la notion des
DH :
 selon René CASSIN : définition scientifique
Les droits de l’homme se définissent « comme une branche particulière des
sciences sociales qui a pour objet d’étudier les rapports entre les hommes en
fonction de la dignité humaine, en déterminant les droits et les facultés dont
l’ensemble est nécessaire à l’épanouissement de la personnalité de chaque être
humain.
 selon Yves Madiot : définition bidimensionnelle
Yves Madiot a pris en considération la dimension nationale et la dimension
internationale « L’objet des droits de l’homme est l’étude des droits de la
personne reconnus au plan national et international et qui – dans un certain état
de civilisation – assurent la conciliation entre, d’une part, l’affirmation de la
dignité de la personne et sa protection et, d’autre part, le maintien de l’ordre
public ».

 Selon l’ONU :
« Les droits de l’homme sont les droits inaliénables de tous les êtres humains,
sans distinction aucune, notamment de race, de sexe, de nationalité, d’origine
ethnique, de langue, de religion ou de toute autre situation. Les droits de
l’homme incluent le droit à la vie et à la liberté. Ils impliquent que nul ne sera
tenu en esclavage, que nul ne sera soumis à la torture. Chacun a le droit à la
liberté d’opinion et d’expression, au travail, à l’éducation, etc. Nous avons
tous le droit d’exercer nos droits de l’homme sur un pied d’égalité et sans
discrimination ».

B- Les principales caractéristiques des DH :

 Les DH sont fondés sur le respect de la dignité humaine et de la valeur de


chaque personne ;
 Les DH sont universels, ce qui signifie qu’ils s’appliquent à tous également
et sans discrimination aucune ; tous les Etats ont ratifié au moins un des
traités fondamentaux sur les DH qui leur impose des obligations légales et
donne une forme concrète au principe de l’universalité ;
 Les DH sont inaliénables, en ce sens que personne ne peut en être privé,
même si on peut leur apporter certaines restrictions dans des cas bien
précis ;
 Les DH sont indivisibles, interdépendants et solidaires, car il ne suffit pas
de respecter certains droits si on n’en respecte pas aussi d’autres. C-à-d tous
les DH ont une égale importance et sont également indispensables au
respect de la dignité et de la valeur de chaque être humain ;
 Les DH impliquent à la fois droits et des obligations : le droit international
impose aux Etats l’obligation et le devoir de respecter, protéger et instaurer
les DH.
C- Les fondements des DH :
Selon Albert Jacquard, les six valeurs fondamentales des DH sont:
 La dignité
 La liberté
 L’égalité
 La solidarité
 La citoyenneté
 La justice
D-Les générations des DH :
Il existe quatre générations des droits de l’Homme, chaque nouvelle génération,
chronologiquement décalée des autres :
1. Première génération : des droits contre l'Etat, d'inspiration libérale :
Les droits de la première génération ont pour principales bases les réflexions
des philosophes des Lumières et pour principales consécrations les déclarations
issues des révolutions américaines et françaises de la fin du 18ème siècle.
Ce sont des droits et des libertés que l’individu peut opposer à l’Etat, on les
nomme aussi « droits-libertés » ou « libertés-résistance ».
Ils sont qualifiés de droits bourgeois par Karl Marx pour deux raisons:

 leur caractère individualiste


 la nécessaire, mais inexistante, égalité entre les êtres humains qu’ils
présupposent pour pouvoir en jouir pleinement.
Ils incluent les libertés individuelles c’est-à-dire que toute personne peut faire
tous ce qui ne nuit pas à autrui ; on peut compter parmi celles-ci :
 Libertés physiques (droit à la vie, interdiction d’esclavage, torture,
peine inhumaine, de l’intégrité physique et du domicile, droits à la
sûreté, d’aller et de venir…)= droit à la sureté (selon Montesquieu)
 libertés intellectuelles : (libertés d’opinion, de conscience et de
religion, d’expression, d’enseignement, de la communication
audiovisuelle…)
 Libertés politiques (droit de vote, réunion pacifique, liberté
d’expression, d’association, syndicale,,)
 Liberté de propriété
2-Deuxième génération : des droits sur l'Etat, d'inspiration socialiste :
Au cours du 19ème siècle et du début du 20ème siècle les droits de la deuxième
génération se sont développés. Ces droits sont des droits qui nécessitent
l’intervention de l’Etat pour être mis en œuvre, cette mise en œuvre implique des
sommes considérables et nécessite des moyens financiers importants. Ce sont « la
contrepartie » de l’abandon des citoyens d’une part de leurs libertés.
Généralement ce sont des « droits créances » c’est-à-dire des droits
économiques, sociaux et culturels.
Ils sont le résultat des luttes sociales (droit de travail, à la protection sociale, à
l’éducation, à la santé, à la grève…)
3-Troisième génération : des droits à dimension transnationales(les
droits de solidarité) :
Les droits de la “troisième génération”, appelés aussi droits de solidarité,
désignent principalement quatre catégories de droits : droit à la paix, droit au
développement, droit à l’environnement et droit au respect du patrimoine
commun de l’humanité.
La paix, le développement, l’environnement et le patrimoine commun de
l’humanité constituent des valeurs universelles, reconnues comme telles par tous
les hommes, par tous les peuples et toutes les nations et que de tels droits
méritent donc d’être reconnus, protégés et mis en application comme droits de
l’Homme.
Ces droits s’articulent tous autour du principe fondamental de l’égalité ou de la
non-discrimination.
4-Quatrième génération : droits récents s’attachant au progrès
scientifique :
Ce sont des droits relatifs à l'avancement des sciences et des techniques .Ils
concernent principalement deux domaines :
 les nouvelles technologies de l'information et de la communication
(NTIC)
 les biotechnologies (les progrès liés à la médecine et la biologie).
Section 2: Evolution historique du concept
Les droits de l’Homme sont le produit d’une certaine histoire et d’une certaine
philosophie. Mais il est difficile de dire à quel moment l’idée de droits de
l’Homme s’est imposée. L’histoire des DH est aussi plus ancienne que celle du
droit. Ces droits sont le résultat d’une double évolution, celle des convictions
religieuses ou philosophiques d’une part (A) et celle d’un processus politique
d’une autre part (B).

A- Les premières traces du concept (fondements


philosophiques et religieux)
La question des DH étaient posée aux différentes civilisations et aux différentes
religions. Chacune a essayé d’élaborer sa propre conception concernant
l’Homme/l’individu, la vie d’ensemble, et ses exigences.
Les droits de l’Homme, tels qu’ils sont conçus aujourd’hui sont le résultat
d’une longue histoire de lutte, de construction et de destruction, ils ont connues
leurs premières traces dans les anciennes civilisations (1) et dans les différentes
religions monistes (2).

1.Les premières traces dans les anciennes civilisations :


Les DH tel que nous les connaissons sous la forme des diverses déclarations,
sont les fruits d’interminables luttes menées au long de l’Histoire de l’humanité.

 Le code d’Hammourabi :
C’est un corpus législatif consigné dans la pierre, daté d’environ 1750 av J.C, et
que le souverain babylonien entendait appliquer à l'ensemble de son royaume. Il
représente le premier embryon de Droits de l'Homme puisque, son objectif était
de faire éclater la Justice pour protéger l'individu contre l'arbitraire du pouvoir.

 La charte de Cyrus :
Elle est rédigée par le Roi de Perse pour le peuple de son Royaume, cette charte
reconnaissait les droits à la liberté, à la tolérance religieuse, à la liberté de
mouvement, l’interdiction de l’esclavage, ainsi que certains droits économiques
et sociaux.

 Les enseignements de Confucius :


Confucius (551 av. j.-c.-479 av. j.-c.) fut le fondateur de la philosophie
chinoise, sa philosophie fut longtemps considérée comme la référence au sein de
la société chinoise, C’est le courant principal de la pensée et de la culture
chinoise traditionnelle.
L’une des idées essentielles de Confucius, c’est que tous les hommes possèdent
une nature identique c’est-à-dire qu’ils sont tous semblables. Confucius utilise le
terme Bienveillance « C’est le fait d’aimer tous les hommes. » 

 Chez les grecs :


Aristote considérait que le droit naturel était inscrit dans la nature même de
l’homme. C.-à-d., Il existe une loi naturelle qui permet à l’homme de vivre dans
la cité  (ensemble), pour lui l’Homme est libre. Socrate était lui le grand
défendeur de la liberté de pensée.

2.Les premières traces Dans les religions monothéistes :


Les religions monothéistes sont les religions qui croient à un dieu unique,
éternel et incorporel. Chacune possède un « livre sacré » source de différentes
conceptions sur le monde. Ces religions (le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam)
ont désacralisé la matière pour sacraliser l’Homme.

 Le judaïsme :
Sur les dix commandements de dieu à son prophète, les six derniers portent sur
les réglementations des rapports entre individus:
 5) Honore ton père et ta mère afin de vivre longtemps dans le pays que
l’Eternel, ton Dieu, te donne.
 6) Tu ne commettras pas de meurtre.
 7) Tu ne commettras pas d’adultère.
 8) Tu ne commettras pas de vol.
 9) Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
 10) Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain; tu ne convoiteras
pas la femme de ton prochain, ni son esclave, ni sa servante, ni son
bœuf, ni son âne, ni quoi que ce soit qui lui appartienne.

L’interdiction d’un certain nombre d’actes signifient faire jouir autrui du résultat
de cette interdiction.

 Le Christianisme :
Les évangiles indiquent une place considérable à l’Homme avec une illustration
égalitaire. La liberté est inhérente au christianisme puisque, comme le dit saint
Paul, « le Christ nous a libérés pour que nous restions libres » .Le pouvoir doit
être limité puisque, la société est faite pour l’individu qui est un être doté de la
dignité. Les principales idées introduites par le Christianisme sont :
 l’idée du vouloir et de la volonté car le monde est créé par un acte de
volonté de Dieu, l’Homme étant créé à l’image de Dieu, lui aussi est doté
de volonté ;
 l’idée de la dignité humaine car l’Homme est une créature de Dieu, il est
donc digne de respect en dépit de ses appartenances ;
 l’idée de l’existence d’une sphère propre à l’individu, une sphère
d’autonomie car la formule évangélique « rendre à César ce qui est à
César et à Dieu ce qui est à Dieu » suppose que tout ce qui concerne la
conscience échappe au pouvoir ;
 l’idée de la limitation du pouvoir car la dualité temporel/spirituel veut
dire que le domaine de la conscience religieuse est soustrait à l’autorité de
l’Etat. Le pouvoir est donc limité et l’individu est en droit de désobéir
lorsque le pouvoir dépasse ses limites ;
 l’idée de la légitimité de la résistance à l’oppression.
 L’islam :
L’islam comme religion, comme culture et comme civilisation, apporte son
propre éclairage et sa propre justification concernant la question de la liberté et
des droits de l’Homme.
L’Homme en islam est le représentant de Dieu sur terre, c’est pour cela
l’Homme doit jouir de ces droits en tout temps et en tout circonstance. Cette
vision a conféré à l’Homme sa valeur réelle et durable quelle que soient sa race,
sa couleur, son origine ou sa situation sociale, en plus  il est interdit à un
musulman de porter atteinte à la vie, aux biens, et à l’honneur d’un autre
musulman.
B-Les droits de l’Homme dans les théories politiques :
Les droits de l’Homme en occident sont le résultat d’une double évolution :
évolution de la pensée philosophique et évolution d’un processus politique. Le
concept s’attache à la place accordée à l’individu. Si l’on voulait simplifier d’une
manière schématique la classification des diverses théories politiques, on pourrait
considérer qu’étant donné une société humaine, évidemment composée
d’individus, deux théories fondamentales s’opposent : la doctrine
individualiste(1) et la doctrine socialiste(2).
1- La doctrine individualiste :
Cette doctrine estime que l’individu, son bonheur et son épanouissement sont
les fins suprêmes de toute organisation sociale. Dans cette conception, la société
est faite pour l’individu. La société, l’Etat notamment, est destinée à permettre à
l’individu son plein épanouissement, à lui procurer le bonheur.
Les cités gréco-romaines et le moyen âge ont connu les libertés mais
inégalitaires et collectives, car ces libertés étaient reconnues non à des individus
autonomes mais à des groupes entiers : l’individu n’avait pas de liberté ; l’idée
même d’individu était méconnue. Elle surgit suite à une longue maturation
intellectuelle. Des facteurs avaient mené à cette situation, à savoir :
a) L’influence de la religion chrétienne.
b) L’école du droit naturel (moderne).
c) L’école du contrat social.
a-L’influence de la religion chrétienne.
La religion chrétienne valorise la personne humaine, elle affirme la dignité
humaine, l’Homme; créature de Dieu, est donc digne de respect en dépit de ses
appartenances, elle considère les gens égaux. La conception religieuse a valorisé
la foi au détriment de la loi.
b- L’école du droit naturel (moderne).
L’école du droit de la nature montre que l’origine des droits est une conception
globale de la nature, conception véhiculée par la philosophie depuis de nombreux
siècles. Pour cela les droits et les libertés sont des droits naturels de l’Homme,
c’est-à-dire des droits attachés en quelque sorte à la nature de l’être humain. Cette
théorie remplace les traditions et les croyances par l’effort de raison.
c- L’école du contrat social (philosophie des lumières)
Cette école puise ses fondements intellectuels et théoriques dans les
constructions philosophiques du siècle des lumières. Elle cherche à savoir
comment organiser la vie des hommes en société sans que leurs droits individuels
soient sacrifiés aux contraintes sociales et à traiter la problématique de la relation
entre les droits naturels de l’Homme et le pouvoir.
 Thomas Hobbes :
Hobbes considère l’état de nature comme un état misérable, où chacun est en
guerre contre chacun. Le désir de puissance mène à la violence et à l’insécurité
généralisée. C’est donc pour échapper au chaos de l’état de nature et pour trouver
la sécurité que les Hommes décident de se regrouper en société par un contrat
social. Par ce contrat les Hommes aliènent donc la totalité de leurs droits naturels
au profit du pouvoir politique, en échange de leur sécurité physique.

 Jean Locke :
Pour Locke, l’état de nature était un état de paix et d’assistance mutuelle, mais
cet état se caractérise par un manque de la garantie de la sécurité. Ainsi les
Hommes décident de passer un contrat social pour se procurer un mieux-être.
Mais Locke considère que pour fonder l’ordre social, l’Homme n’a pas renoncé
à tous ses droits il a renoncé seulement à ceux qui sont nécessaires pour la vie en
société. L’objet du pacte est justement de montrer les droits auxquels l’Homme
renonce et ceux qu’il se réserve car il ne peut les aliéner, ce sont les droits qu’il
tient de sa nature et qui sont opposables au pouvoir.

 Jean-Jacques Rousseau :
Rousseau imagine l’état de nature comme un état paisible, tranquille ; en plus,
c’est un état de solitude et de bonheur. Pourtant, le désir de se perfectionner
pousse un jour l’homme à échanger sa solitude contre la compagnie de ses
semblables, c’est-à-dire l’aliénation totale de chaque associé avec la
communauté. L’individu perd la liberté naturelle pour gagner la liberté sociale. Il
obéit aux lois  en tant qu’un sujet; et les promulgue en tant qu’un citoyen.
Le pouvoir dans cette société d’égaux se trouve dans la volonté générale à
laquelle les hommes ont décidé de se soumettre par le contrat social. En obéissant
à la volonté générale chacun fait ce qu’il a choisi et n’obéit en fin de compte qu’à
lui-même car il a participé à la formulation de la volonté générale. L’expression
de la volonté générale c’est la loi qui ne peut être oppressive et devient le seul
moyen de protéger les libertés.

 Montesquieu :
Montesquieu affirme que le principe de la séparation des pouvoirs est la
meilleure garantie du respect des DH et de la liberté individuelle. C’est le
pouvoir qui arrête le pouvoir, Si tous les pouvoirs sont cumulés par une seule
personne ou une seule institution il n’y a plus de liberté.
2- la doctrine socialiste (marxiste):
L’idée de ce courant est que l’existence des droits est conditionnée par une forte
intervention de l’Etat dans le domaine économique et social. La conception
marxiste est à la fois destructrice et constructive : destructrice parce qu’elle
entend démontrer que la conception occidentale n’aboutit qu’à des libertés
« formelles », c’est-à-dire illusoires ; constructive parce qu’elle prétend les
remplacer par des libertés « réelles ».
Les droits de l'homme, ne sont qu'une auto-légitimation de la part du système
capitaliste - inégalitaire sur le plan pratique, En effet, la classe ouvrière,
manquant de moyens économiques et intellectuels afin de faire respecter ses
droits, serait victime d'un jeu de "passe-passe »( Les principes d'égalité et de
légalité (vus purement théoriques)cachent la réalité des inégalités de fait). Ces
inégalités engendrent la lutte sociale entre les différentes classes qui est à son
tour le moteur de progrès et de l’amélioration de la vie des personnes par le
développement des relations de production.
Selon cette conception la liberté n’est pas donnée à l’Homme, elle est une
conquête liée aux transformations de la société comme résultat de la lutte des
classes. Elle est conditionnée par la construction d’une société sans classes
(société communiste) et de la suppression de la propriété.

Chapitre2 : Droit international des droits de l’Homme


(Textes/instruments)
Le droit international sur les droits de l’homme stipule les obligations que les
Etats sont tenus de respecter. Lorsqu’un Etat devient partie à un traité, le droit
international l’oblige à respecter,  protéger et instaurer les droits de l’homme.
Respecter les droits de l’homme signifie que les Etats évitent d’intervenir ou
d’entraver l’exercice des droits de l’homme. La Déclaration universelle des
droits de l'homme est adoptée au lendemain de la seconde guerre mondiale, le
10 décembre 1948, par les Nations unies. C'est le point de départ d'un long et
fastidieux processus d'internationalisation de la notion de droits humains, cette
déclaration est suivie de plusieurs traités qui constituent le cadre juridique des
DH( section 2), mais il faut noter que les DH ont été consacrés par des divers
documents qui avaient organisé les rapports entre les gouvernants et les
gouvernés(section1).

Section1: La consécration des droits de l’Homme


Du treizième siècle au 18eme siècle divers documents ont été considérés
comme des références en matière des droits des Hommes, d’abord on va traiter
les textes anglais (A) puis les documents américains (B) et enfin La déclaration
française des droits de l’Homme et du citoyen (C).

A- les textes anglais :


Les documents anglais s’adressaient aux citoyens anglais, ils étaient le produit
de circonstances propres à l’Angleterre et ils reflètent une nouvelle conception
entre la monarchie et ses sujets, il s’agit d’une association entre le respect des
droits de l’Homme et la limitation du pouvoir royal.

1- La Magna Carta de 1215


La Magna Carta est l’un des documents les plus célèbres de l’histoire
d’Angleterre. Elle est souvent considérée comme la pierre angulaire de la liberté,
de la démocratie et du droit anglais. Il s’agit d’un « traité » imposé au roi de
l'Angleterre en 1215 qui se trouvait obligé de signer la Grande Charte sous la
pression de la nation à cause de ses conflits avec la papauté puis avec ses barons
ce qui fait plonger l'Angleterre dans la guerre civile. C’était donc le fruit d’une
médiation entre le roi et ses grands vassaux, ses soixante-trois articles sont
imposés, par une révolte de barons, soutenus par les principaux prélats de
l'Église. Selon ce document, le roi s'engage à :

 ne pas lever d'impôts extraordinaires sans l'accord d'un Grand conseil


composé de barons et d'ecclésiastiques.
 ne pas procéder à des arrestations arbitraires.

Donc, la charte a imposé pour la première fois à l’autorité royale des restrictions
détaillées et écrites en matière de fiscalité, de droits féodaux et de justice, Cette
charte est encore de nos jours le fondement des institutions britanniques. C’est
première loi écrite anglaise.

2- La pétition des droits de 7 juin 1628 :


Elle était présentée au roi Charles 1er Stuart par les deux chambres du
parlement. Ses onze articles prohibaient les arrestations et les détentions illégales,
mais il n’a duré que deux ans.
Cette pétition exige, après avoir analysé la situation, que:

 nul, à l'avenir, ne soit contraint de faire aucun don gratuit, prêt d'argent
ni présent volontaire, ni de payer aucune taxe ou impôt quelconque, hors
le consentement commun donné par loi du Parlement,
 que nul ne soit appelé en justice ni obligé de prêter serment, ni contraint
à un service, ni arrêté, inquiété ou molesté à l'occasion de ces taxes ou
du refus de les acquitter ;
 faire retirer les soldats et matelots dont il est ci-dessus parlé, et empêcher
qu'à l'avenir le peuple soit opprimé de la sorte ;
 que les commissions chargées d'appliquer la loi martiale soient
révoquées et annulées, et qu'il n'en soit plus délivré de semblables à
quiconque, de peur que, sous ce prétexte, quelques-uns de vos sujets ne
soient molestés ou mis à mort contrairement aux lois et franchises du
pays.

3- Le Habeas Corpus 1679 :


La loi Habeas Corpus est une loi votée par le Parlement anglais
constitutionnalise la pétition de 1628, il s’agit d’un  acte délivré à la requête d'un
détenu en vertu duquel ce dernier doit être amené immédiatement, (dans un délai
de 3 jours), devant le juge qui doit vérifier les motifs de la détention et prononcer
éventuellement sa mise en liberté définitive ou sous caution, et en cas d’actes
arbitraires, cette procédure protectrice garantit des dommages et intérêts et la
sanction des responsables.
Il s’agit bien d’une limitation des prérogatives du pouvoir exécutif, des forces
policières et pénitentiaires en particulier, voire du pouvoir royal. Ce principe
d’Habeas Corpus est à la base de l'État de droit.

4- Le Bill of Rights de 1689 :


La déclaration des droits de 1689 est une déclaration qui limite définitivement
le pouvoir du roi au profit de celui du Parlement anglais, elle subordonne
l’autorité royale à la loi car il stipule que le roi ne peut plus suspendre
l’application d’une loi ou ne pas appliquer une loi. Cette déclaration des droits et
libertés des sujets  a met fin au concept de royauté de droit divin et réglemente la
succession à la couronne. La monarchie parlementaire remplace désormais
la monarchie absolue.

B- les documents américains :


1- la déclaration des droits de Virginie du 12 juin 1776 :

La déclaration de Virginie est un texte de 18 articles dans lequel les rédacteurs


reconnaissent le caractère naturel et abstrait des droits de l’Homme : « tous les
hommes sont par la nature également libres et indépendants et ont certains droits
inhérents », « le gouvernement est institué pour l’avantage commun, protection
ou sécurité du peuple ».

2.la déclaration d’indépendance américaine du 4 juillet


1776 :
C’est un texte politique par lequel Treize Colonies britanniques d'Amérique du
Nord, ont fait sécession de la Grande-Bretagne le 4 juillet 1776, pour former les
« États-Unis d'Amérique ».
Cette déclaration stipule que : « tous les hommes sont créés égaux, qu’ils sont
dotés par leur créateur de certains droits inaliénables, et que parmi ces droits
figurent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. »

C- La déclaration française des droits de l’Homme et du


citoyen :
Elle est considérée comme le Premier texte adopté par une assemblée
constituante. Selon ce texte : « les hommes naissent libres et égaux en droit »
(art1), « la liberté consiste à pouvoir faire ce qui ne nuit pas à autrui » (art4),
« tout ce qui n’est pas défendu par la loi ne peut être empêché, nul ne peut être
contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas » (l’article 5).

Section 2: cadre juridique des Droits de l’Homme


 Au niveau international
Le référentiel International des Droits de l’homme est la Charte Internationale
des Droits de l’homme. Il s’agit de « conventions internationales » que les États
doivent signer puis les ratifier afin qu‘elles puissent entrer en vigueur. Elle se
compose de trois textes :

 la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), qui n'a pas de


force contraignante, ni de caractère obligatoire pour les États qui l'ont
signée (A)
 Les Pactes internationaux relatifs aux droits des Hommes(B)
 Les Conventions internationales généralistes (C).
A- La Déclaration universelle des droits de l’homme :
Elle se présente sous forme de proclamation de groupes de droits (droits
personnels de l’individu, droits de l’individu face à la collectivité, droits
politiques, droits économiques et sociaux). Cette Déclaration n’est pas un
instrument juridiquement obligatoire (c’est-à- dire qu’elle ne crée pas
d’obligations légales pour les États), elle est composée d’un préambule et 30
articles.
En considérant que :

 la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la


famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le
fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ;
 la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des
actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que
l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et
de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la
plus haute aspiration de l'homme ;
 les droits de l'homme doivent être protégés par un régime de droit pour
que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte
contre la tyrannie et l'oppression ;
 le développement de relations amicales entre nations doit être
encouragé ;
 Les Etats Membres se sont engagés à assurer, en coopération avec
l'Organisation des Nations Unies, le respect universel et effectif des
droits de l'homme et des libertés fondamentales.
L'Assemblée générale Proclame la présente Déclaration universelle des droits
de l'homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les
nations.
D’après cette Déclaration :
 Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils
sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les
autres dans un esprit de fraternité (art1).
 Article 3: Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa
personne.
 Article 4: Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la
traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
 Article 5 : Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants.
Généralement La déclaration énonce pour la première fois dans l’histoire de
l’humanité un ensemble de libertés et de droits fondamentaux dont tous les êtres
humains devraient jouir.

B- Les pactes internationaux relatifs aux DH 1966 :


Dès l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme,
l’Assemblée Générale demandait à la Commission des Droits de l’Homme de
préparer un projet de pacte dont son objectif est d’élaborer un texte juridiquement
contraignant qui complète et renforce la Déclaration (qui n’avait qu’une simple
valeur déclarative).
En 16 Décembre 1966, l’Assemblée Générale des Nations Unies adopte deux
pactes : Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP)(1) (et
ses deux protocoles facultatifs) et le Pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels (PIDESC)(2).

1- Le Pacte international sur les droits civils et politiques:


Les droits civils et politiques sont des droits de l’homme considérés comme les
« droits libertés ». Ces droits impliquent généralement une abstention
d’intervention des États dans les libertés de chaque personne. Il s’agit des droits
garantissant à l’individu l’exercice de sa citoyenneté et la protection de son
intégrité physique.
Parmi ces droits civils et politiques on site à titre d’exemple :

 Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes (article 1)


 Le droit à la vie (article 6);
 L’interdiction de la torture et des peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants (article 7);
 L’interdiction de l’esclavage et des travaux forcés (article 8);
 Le droit à la liberté et à la sécurité, et l’interdiction de la détention
arbitraire (article 9);
 interdiction de la détention à cause de l'obligation du droit civil (Article
11)
  L’égalité devant les tribunaux et les cours de justice: droit au
silence, présomption d'innocence, non bis in idem (pas 2fois pour la
même chose) et dommage pour l'erreur judiciaire (article 14)
 Principe de la non-rétroactivité de la Loi pénale plus sévère (article 15)
 Droit de reconnaissance de la personnalité juridique (Article 16)
 Liberté d’expression. (Article 19)
 Le droit de vote et d’être élu, et de prendre part de la direction des
affaires publiques de son pays (article 25)
 Le droit d’accéder, dans des conditions générales d’égalité, aux
fonctions publiques de son pays (article 25).
 Droits culturels des minorités (Article 27)
En appliquant les dispositions de l’article 28 du Pacte international des droits
civils et politiques, un comité des droits de l’Homme a été mis en place dès
l’adoption dudit Pacte. Ce comité Composé de 18 experts indépendants est
chargé de surveiller la mise en œuvre des dispositions du pacte par les États
parties. Il est aussi compétent pour examiner les communications émanant de
particuliers relatives à une violation présumée par un État partie au protocole
(premier protocole facultatif ) et pour formuler des observations générales qui
permettent de clarifier le sens des dispositions, de conseiller les États sur la mise
en œuvre du pacte….
Le premier protocole facultatif instaure une procédure de recours individuel.
Les Etats parties donnent leur accord pour que chaque personne relevant de leur
juridiction puisse porter plainte contre une violation d’un droit garanti par ce
Pacte.
Le deuxième protocole facultatif du pacte prévoit l’abolition de la peine de
mort pour les États parties à ce protocole.

1- Le Pacte international sur les droits  économiques, sociaux et


culturels (PIDESC):
Les droits économiques, sociaux et culturels sont des droits de l’homme
considérés comme les « droits créances », c’est-à-dire des droits pour lesquels les
États sont tenus d’intervenir pour prendre les mesures appropriées garantissant
leur réalisation. Ces droits garantissent à l’individu des conditions d’existence
favorables. Ce sont les droits fondamentaux qui concernent le lieu de travail, la
sécurité sociale, la vie familiale, la participation à la vie culturelle et l’accès au
logement, à l’alimentation, à l’eau, aux soins de santé et à l’éducation.
Ces droits couvrent :

 Droit au travail (des conditions de travail correctes, l’interdiction du travail


des enfants et du travail forcé ainsi que le droit à la constitution de
syndicats)( art 6- 7- 8)
 Droit à la sécurité sociale (art 9)
 Droit à la formation (art 10)
 Droit à un niveau de vie suffisant (art 11)
 Droit à la santé et à des conditions de vie saines, accès aux dispositifs de
santé égal pour tous et toutes (art 12),
 Droit à l’éducation ( art 13-14)
  le droit de:
 participer à la vie culturelle;
 bénéficier du progrès scientifique et de ses applications;
 bénéficier de la protection des intérêts moraux et matériels découlant
de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est
l’auteur. (art 15)
L’Article 16 du pacte a confié au Conseil  Économique et Social des Nations
Unies la tâche de créer le Comité des droits économiques, sociaux et culturels en
tant qu’organe de contrôle de la mise en œuvre du Pacte. Le Comité est composé
de 18 experts indépendants et tient à Genève deux sessions par an. Les États
parties sont tenus de lui transmettre des rapports périodiques (environ tous les 5
ans), ainsi qu’un rapport initial dans les deux ans suivant leur adhésion au pacte.
Ce comité est compétent aussi pour examiner les communications individuelles
grâce au protocole facultatif.
Un Protocole facultatif relatif aux droits économiques, sociaux et culturels a
été adopté par l'Assemblée Générale de l'ONU le 10 Décembre 2008. Il permet
depuis 2013, aux individus ou des groupes de particuliers, issus des pays qui l'ont
ratifié, de présenter des communications concernant les violations d’un des droits
énoncés dans le Pacte de pouvoir être entendus par le Comité des Droits
Économiques Sociaux et Culturels de l'ONU à propos de cas concrets de
violation par leur pays d'un des droits énoncés dans le Pacte.
C- Les conventions internationales spécialisées :
Outre que la charte internationale des droits des Hommes, d’autres droits des
Hommes de nature particulière étaient focalisés et traités par des conventions
internationales spécialisées, à savoir :
1. La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination raciale ;
2. La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination
à l’égard des femmes ;
3. La Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), ou
Convention relative aux droits de l’enfant ;
4. La Convention relative aux droits des personnes handicapées ;
5. La Convention pour la prévention et la répression du crime de
génocide.

1- La Convention internationale sur l’élimination de toutes les


formes de discrimination raciale :
C’est le seul instrument juridique international qui porte spécifiquement sur les
questions de fond de la discrimination raciale. Elle couvre les droits à titre
individuel et collectif ce qui est très important pour les groupes minoritaires et les
populations autochtones dont les droits collectifs font souvent l’objet de
discrimination.
Selon la présente Convention, notamment l’article 1 la discrimination raciale
vise toute distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée sur la race, la
couleur, l'ascendance ou l'origine nationale ou ethnique, qui a pour but ou pour
effet de détruire ou de compromettre la reconnaissance, la jouissance ou
l'exercice, dans des conditions d'égalité, des droits de l'homme et des libertés
fondamentales dans les domaines politique, économique, social et culturel ou
dans tout autre domaine de la vie publique.
En vertu de la Convention a été constitué un comité composé de 18 experts
indépendants qui sont chargés de surveiller la mise en œuvre des dispositions de
la Convention.

2- La Convention sur l'élimination de toutes les formes de


discrimination à l’égard des femmes CEDAW :
Cette convention, adoptée le 18 décembre 1979 par l’Assemblée générale des
Nations unies, a pour objectif d’éliminer toute forme de discrimination envers les
femmes, et de favoriser leur plein développement dans l'ensemble des domaines
politiques, économiques, sociaux, culturels et civils.
La convention interdit la discrimination faite sur la base du genre et oblige les
parties à abroger les lois discriminatoires et à garantir une certaine égalité dans
les domaines de la santé, de l'emploi et de l'éducation.
Aux fins de la présente Convention, l'expression "discrimination à l'égard des
femmes" vise toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a
pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la
jouissance ou l'exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la
base de l'égalité de l'homme et de la femme, des droits de l'homme et des libertés
fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil
ou dans tout autre domaine.
Les Etats parties de cette convention s'engagent à :
o Inscrire dans leur constitution nationale ou toute autre disposition
législative appropriée le principe de l'égalité des hommes et des
femmes, si ce n'est déjà fait, et assurer par voie de législation ou par
d'autres moyens appropriés l'application effective dudit principe;
o Adopter des mesures législatives et d'autres mesures appropriées
assorties, y compris des sanctions en cas de besoin, interdisant toute
discrimination à l'égard des femmes;
o Instaurer une protection juridictionnelle des droits des femmes sur un
pied d'égalité avec les hommes et garantir, par le truchement des
tribunaux nationaux compétents et d'autres institutions publiques, la
protection effective des femmes contre tout acte discriminatoire;
o S'abstenir de tout acte ou pratique discriminatoire à l'égard des femmes
et faire en sorte que les autorités publiques et les institutions publiques
se conforment à cette obligation;
o Prendre toutes mesures appropriées pour éliminer la discrimination
pratiquée à l'égard des femmes par une personne, une organisation ou
une entreprise quelconque;
o Prendre toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions
législatives, pour modifier ou abroger toute loi, disposition
réglementaire, coutume ou pratique qui constitue une discrimination à
l'égard des femmes;
o Abroger toutes les dispositions pénales qui constituent une
discrimination à l'égard des femmes.
Aux fins d'examiner les progrès réalisés dans l'application de la présente
Convention, il est constitué un Comité pour l'élimination de la discrimination à
l'égard des femmes , qui se compose, au moment de l'entrée en vigueur de la
Convention, de 18, et après sa ratification ou l'adhésion du trente-cinquième Etat
partie, de 23 experts d'une haute autorité morale et compétents dans le domaine
auquel s'applique la présente Convention.
Dans le même sens et selon l’article 18 , les Etats parties s'engagent à présenter
au Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, pour examen par le
Comité, un rapport sur les mesures d'ordre législatif, judiciaire, administratif ou
autre qu'ils ont adoptées pour donner effet aux dispositions de la présente
Convention et sur les progrès réalisés à cet égard :
o Dans l'année suivant l'entrée en vigueur de la Convention dans l'Etat
intéressé :
o Puis tous les quatre ans, ainsi qu'à la demande du Comité.
Un Protocole facultatif à la CEDAW ; qui permet aux individus ou aux
groupes, victimes d'une violation par un Etat Partie d'un des droits énoncés dans
la Convention, de présenter des communications et des plaintes pour être évaluer
par le Comité du CEDAW ; a été adopté le 6 octobre 1999. Il faut noter que les
plaignants doivent, d’abord, avoir épuisé toutes les voies de recours internes de
l'état concerné et que les plaintes anonymes ainsi que les plaintes référant à des
événements précédant la signature du protocole par le pays concerné ne sont pas
permises.

3- La Convention internationale des droits de l’enfant :


Elle a été adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU, le 20 novembre 1989, et
elle a pour but de reconnaître et de protéger les droits spécifiques des enfants. La
convention est construite sur cinq grands principes qui la structurent et
influencent ses différents articles :

 la non-discrimination (article 2) ;
 l'intérêt supérieur de l'enfant (article 3) ;
 le droit à la survie et au développement (article 6) ;
 l'opinion de l'enfant (article 12) ;
 le droit à l'éducation (article 28 et 29).
La convention se complète de trois protocoles facultatifs concernant:

 la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie


mettant en scène des enfants ; adopté en 2000 afin de renforcer la
protection des enfants l’exploitation sexuelle.
 l’implication d’enfants dans les conflits armés ; adopté en 2000 afin
de renforcer la protection des enfants contre la participation à des
conflits armés
 l’établissement d’une procédure de présentation de communications
(dépôt de plaintes) , adopté en 2011pour permettre à tout enfant de
déposer une plainte devant le Comité des droits de l’enfant des
Nations Unies s’il estime qu’un de ses droits a été violé.

Le Comité des droits de l’enfant est l’organe des Nations Unies chargé de
veiller à la bonne application de la Convention dans les États parties. Il est situé à
Genève et se compose de 18 experts indépendants de nationalités différentes qui
sont élues pour 4 ans. Il procède par le contrôle sur rapport.

4- La Convention relative aux droits des personnes handicapées :


Elle a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 13 décembre
2006, elle a pour objectif de promouvoir, protéger et d’assurer la dignité,
l'égalité devant la loi, les droits humains, les libertés fondamentales et la
participation active à la vie politique, économique, sociale et culturelle des
personnes avec des handicaps en tous genre.
N.B : on entend des personnes qui présentent des incapacités physiques,
mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l'interaction avec diverses
barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective participation à la société sur
la base de l'égalité avec les autres.
Le Comité des droits des personnes handicapées a pour but de contrôler
l’application des dispositions de la Convention, ce contrôle s’effectue par des
rapports présentés au Comité.
Un Protocole facultatif se rapportant à la Convention donne la compétence au
Comité des droits des personnes handicapées à recevoir et examiner les
communications présentées par des particuliers ou groupes de particuliers ou au
nom de particuliers ou groupes de particuliers qui prétendent être victimes d’une
violation par cet État Partie des dispositions de la Convention.
5- La Convention pour la prévention et la répression du crime
de génocide :
C’est le traité approuvé à l'unanimité le 9 décembre 1948 par l'Assemblée
générale des Nations unies. Cette convention a pour but de prévenir, interdire et
réprimer des crimes de génocide.
L’article 2 de ladite convention définit le génocide comme étant tout acte
commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national,
ethnique, racial ou religieux, comme tel :
o Meurtre de membres du groupe;
o Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
o Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant
entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
o Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
o Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.
Seront punies, qu'elles soient des gouvernants, des fonctionnaires ou des
particuliers, les personnes ayant commis le génocide ou l'un des autres actes
suivants :

 Le génocide;
 L'entente en vue de commettre le génocide;
 L'incitation directe et publique à commettre le génocide;
 La tentative de génocide;
 La complicité dans le génocide.
Les Parties contractantes s'engagent à prendre, conformément à leurs
constitutions respectives, les mesures législatives nécessaires pour assurer
l'application des dispositions de la présente Convention, et notamment à prévoir
des sanctions pénales efficaces frappant les personnes coupables de génocide ou
de l'un quelconque des autres actes énumérés ci-dessus.

D- La protection Internationale des Droits de l’homme :


Les traités internationaux relatifs aux droits de l’homme sont de neuf. Chacun de
ces traités est doté d’un organe conventionnel (comité) composé d’experts
ayant pour rôle de surveiller la mise en œuvre des dispositions dudit traité
par ses États parties. Ces organes analysent les rapports soumis par les États
(qui présentent des évaluations optimistes de la situation des droits humains et
des actions entreprises par les gouvernements concernés) et leur donnent des
recommandations pour améliorer l’application des traités (ce sont les
observations finales). Ils statuent sur des plaintes individuelles (sous conditions)

En plus de ces comités d’autres organes tels que le Conseil des droits de
l’homme de l’ONU, Le Haut-Commissariat des Nations Unies, les
juridictions pénales internationales et la société civile.

1- le Conseil des droits de l’homme de l’ONU :


Il a été fondé en 2006 et a son siège à Genève. Il offre un cadre mondial aux
débats sur les questions relatives aux droits de l’homme, il rassemble
systématiquement toutes les normes pertinentes et réagit en cas de violation des
droits de l’homme, par l’adoption de résolutions ou l’envoi d’observateurs.

2-Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme


Il a été institué en 1994. Il assume de nombreuses tâches visant à promouvoir et
à protéger les droits de l’homme, mais ne possède pas de pouvoirs exécutifs.

3-les juridictions pénales internationales :


Elles ont pour mission d’établir la responsabilité pénale des personnes
soupçonnées d’avoir commis les violations les plus graves des DH, comme le
génocide, les crimes de guerre ou les crimes contre l’humanité. On distingue en
principe deux types de cours pénales :
 les tribunaux pénaux internationaux ad hoc
 la Cour pénale internationale (CPI)

4-la société civile :


La mondialisation économique a conduit à l’émergence d’une société civile
globalisée. Des ONG, regroupées en réseau, en tant qu’acteurs dans cette société
visent à renforcer et à faire respecter les droits de l’homme, elles sont devenues
d’importants partenaires pour les organisations internationales (via des rapports
parallèles).

 Au niveau régional :
Pour renforcer la protection et l’exercice des droits de l’Homme en prenant en
considération les données propres à chaque région (coutumes, valeurs, cultures
régionales partagées), on a instauré des institutions régionales des droits de
l’Homme. Le cadre juridique régional donne aux gens, qui estiment que leurs
droits ont été violés, la possibilité de plaider leur cas devant une entité régionale,
à condition que le pays concerné soit partie de ce cadre, et les recours nationaux
soient épuisés ou jugés inefficaces.

5- En Europe :
Deux institutions principales qui s’intéressent aux droits de l’Homme: Le
Conseil de l’Europe et l’Union européenne à travers trois documents:

 La convention européenne de sauvegarde des DH et des libertés


fondamentales (convention européenne), entrée en vigueur le 3 septembre
1953
 La charte sociale européenne 1961
 L’acte final de Helsinki 1975

6- Le système interaméricain :

La Convention américaine relative aux droits de l’homme (droits civils et


politiques) pour les droits sociaux, ils sont figurés dans un protocole
additionnel. Le contrôle de respect de ces droits est confié à :

 la Commission interaméricaine des droits de l’homme qui est compétente


pour se prononcer sur des plaintes individuelles pour violation de la
Convention et pour adresser des recommandations aux Etats membres.
 la Cour interaméricaine des droits de l’homme qui est compétente en
matière juridictionnelle.

7- Le système africain :
La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples traite des droits
collectifs tels que le droit à l’autodétermination des peuples, le droit des peuples à
disposer librement de leurs richesses et de leurs ressources naturelles, etc. Elle
traite également droits individuels, tels les droits civils, politiques, économiques,
sociaux et culturels.

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples est l’organe


chargé de promouvoir et protéger les droits définis sur la charte. Alors que La
Cour africaine des droits de l’homme et des peuples est compétente pour
traiter les questions des citoyens des pays reconnaissant cette compétence à la
dite Cour.

Le système africain :
La Charte arabe des droits de l’homme a été adoptée en 1994 par la Ligue arabe et
révisée en 2004, avant d’entrer en vigueur en 2008. L’un de ses principaux acquis est qu’elle
reconnaît l’égalité entre femmes et hommes.

La Commission arabe pour les droits de l’homme a été créée en 2009, afin de veiller à
l’application de la Charte dans les dix Etats parties actuels.

 Au niveau national (Maroc) :

Partie 2 : libertés publiques


Section 1: Définition des libertés publiques.

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