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Université Sultan Moulay Slimane

Faculté polydisciplinaire Béni Mellal


Droit Privé Français - Semestre 2

Module 8 :

La théorie générale du droit des


obligations et contrats

Pr. Hamid ECHCHARYF


Année Universitaire :2019-2020
Les axes à traiter :

I. La notion d’obligation
II. La classification des obligations
III. Les origines historiques du D.O.C
IV. Les sources d’inspiration du D.O.C
V. Le champ d’application D.O.C
VI. L’intérêt du D.O.C

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La notion des obligations :
L’obligation est une notion juridique abstraite qui appelle d’emblée quelques précisions.
L’obligation est synonyme de devoir (religieux, moral, social et de conscience), dans
toute obligation, il y a un devoir, mais tout devoir n’est pas une obligation.
L’obligation qui trouve sa source dans une règle de droit est une obligation juridique.
Exemples :
● Un contribuable s’acquitte de ses obligations fiscales
● Un employeur respecte ses obligations professionnelles
● Un conducteur de voiture consciencieux qu’il observe scrupuleusement les
obligations découlant du code de la route
L’obligation est un lien de droit existant entre deux personnes et, en vertu duquel, l’une
(le débiteur) doit faire quelque chose pour l’autre (le créancier).
L’obligation au sens technique se définit comme le lien de droit unissant deux personnes
et, en vertu duquel, l’une (le créancier) est en droit d’exiger quelque chose de l’autre (le
débiteur). Ce « quelque chose » -objet de l’obligation- peut consister dans le transfert de
la propriété d’un bien (le vendeur est tenu de transférer la propriété de la chose vendue),
le paiement d’une somme d’argent (celui qui cause un dommage à autrui est tenu de le
réparer), l’accomplissement d’un travail (l’employé est tenu d’accomplir la tâche qui lui
est impartie) ou dans une simple abstention (le locataire est tenu de ne pas modifier la
destination des lieux loués)
D’après ce qui précède, il apparaît clairement que l’obligation se trouve ainsi à la base de
tout échange économique de biens et de services et que le droit des obligations est la
discipline qui a pour objet les mécanismes juridiques qui régissent les échanges
économiques.
● L’obligation est un élément de patrimoine
● L’obligation se distingue des droits extra-patrimoniaux

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L’obligation est un élément de patrimoine :
L’obligation, en tant que lien de droit unissant deux personnes, présente deux facettes : du
côté du créancier l’obligation est une créance ; du côté du débiteur, l’obligation est une
dette.,
Le patrimoine est tout ce qui est évaluable en argent.
À l’intérieur du patrimoine, il n’y a pas que des obligations. Les droits de créance
(obligations vues du côté du créancier) y côtoient en effet des droits réels et aussi des droits
intellectuels.
Le droit de créance :
Le droit de créance c’est l’obligation vue sous sa face active ou positive, c’est le droit qui
permet au créancier d’exiger quelque chose de son débiteur et qui confère ainsi à son
titulaire (le créancier) un pouvoir de contrainte à l’égard du débiteur.
En droit de créance, le lien de droit s’établit entre le créancier et le débiteur c’est-à-dire
entre deux personnes, c’est pourquoi le droit de créance est synonyme de droit
personnel.
Le créancier ne peut s’adresser qu’au seul débiteur, c’est pourquoi le droit de créance –
droit personnel et relatif- ne porte pas sur un bien déterminé et ou un objet individualisé
mais sur l’ensemble du patrimoine du débiteur. (Art. 1241 D.O.C)
Le droit de créance est un droit relatif parce qu’il s’agit d’un droit personnel qui ne peut
jouer que contre une personne bien déterminée (le débiteur) et parce qu’il ne porte pas
sur un bien déterminé, le droit de créance se révèle relativement fragile.
Le créancier ne peut saisir les biens aliénés par son débiteur, il ne peut agir que sur le
patrimoine de ce dernier, dans l’état où il se trouve au moment de l’action, le créancier ne
dispose pas d’un droit de suite .
Le droit de créance n’engendre aucun droit de préférence.

Le droit de suite est le droit de faire saisir dans n'importe quel patrimoine le bien grevé de la
sûreté afin de faire réaliser ses droits. Ainsi, le droit de suite est un droit attaché à un bien
(droit réel) et non à la personne propriétaire ou possesseur de ce bien (droit personnel)

Le droit de préférence est l'avantage que détiennent certains créanciers limitativement


désignés par la loi d'être payés avant d'autres créanciers. La notion de droit préférentiel a
été définie comme visant « tout droit susceptible de conférer à son titulaire une facilité plus
grande dans la perception de sa créance.
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Le droit réel :
Le droit réel désigne le pouvoir juridique reconnu à une personne sur une chose. Son
titulaire exerce son droit directement sur la chose sans passer par l’intermédiaire d’une
personne alors que le titulaire d’un droit de créance ne peut faire valoir son droit qu’en
s’adressant à son débiteur.
Le propriétaire peut exercer son droit sur la chose même si celle-ci se trouve entre les
mains d’autrui parce qu’il possède un droit de suite .
Le droit réel confère à son titulaire un droit de préférence en ce sens qu’en cas de conflit
entre le titulaire d’un droit réel et le titulaire d’un droit de créance, c’est le titulaire de
droit réel qui sera préféré.
Les droits intellectuels :
Il s’agit là de droits patrimoniaux aux contours imparfaitement définis mais qui se
distinguent à la fois des droits réels (ne portent pas sur un bien matériel) et des droits de
créance (ne sont pas dirigés contre une personne déterminée).
Les droits intellectuels naissent de l’activité intellectuelle de l’homme et portent sur des
créations intellectuelles (les œuvres de l’esprit comme un roman, une peinture ou un
film)
Parmi les principaux droits intellectuels légalement protégé, on trouve :
− La propriété littéraire et artistique ou droit d’auteur (dahir du 07 octobre 1970,
relatif à la protection des œuvres littéraires et artistiques)
− Propriété industrielle (dahir du 23 juin 1916 relatif à la protection de la propriété
industrielle)
L’obligation se distingue des droits extra-patrimoniaux :
Les droits patrimoniaux :
● Sont ceux qui représentent pour leur titulaire un élément de richesse, un avantage
économique. La monnaie étant l’instrument de la mesure.
● Sont ceux qui sont évaluables en argent (droit de propriété- la créances, etc.)
Les droits extra-patrimoniaux :
● Les droits dont une personne peut être titulaire ne trouvent pas toute leur place
dans le patrimoine.
● Certains droits fis en sont exclus parce qu’ils ne sont ni susceptibles d’une
évaluation pécuniaire ni transmissibles moyennant finances (droits de vote, droits
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d’éligibilité, libertés individuelles, droit de garde des enfants, droit au nom, droit
du respect de la vie privé, etc.)
Il n’est pas facile de tracer une frontière étanche entre les droits patrimoniaux et les
droits extra-patrimoniaux en raison des conséquences financières qui peuvent s’attacher
à certains droits extra- patrimoniaux.
Exemples :
● Le droit d’une personne sur sa propre image apparaît comme un attribut de la
personnalité qui n’a rien à voir avec le patrimoine.
● Une personne peut accepter de poser pour un magazine et consentir à la
publication de son image contre rémunération.
● Le droit de la responsabilité civile établit souvent des passerelles entre le
patrimonial et extra-patrimonial que le droit à l’honneur (injure, diffamation,
atteinte à la considération…) fait naître chez la victime une créance de réparation
du dommage moral subi.
Classification des obligations :
Classification des obligations selon leur nature :
L’obligation civile : Est celle qui désigne le lien de droit qui permet au créancier
d’exiger quelque chose de son débiteur
L’obligation naturelle : Par contre, dans l’obligation naturelle le « créancier » ne peut
rien réclamer à son débiteur.

Obligation civile (juridique) Obligation naturelle (morale)

Exécution forcée Exécution volontaire

Réparation du dommage subi Pas de réparation du dommage subi


Elle ne fait pas un obstacle à une action en Elle fait un obstacle à une action en
répétition répétition
C’est la règle C’est l’exception (art. 73 D.O.C)

Le D.O.C connaît, sans la nommer, l’obligation naturelle et les dispositions de l’article 73


permettent d’en délimiter le champ d’application.
Le paiement d’une dette prescrite constitue une obligation naturelle, n’est pas une
obligation civile.

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La jurisprudence française voit dans les « pensions alimentaires », versées par des
personnes qui n’y sont pas légalement tenues, l’exécution d’une obligation naturelle.
(Jurisprudences françaises)
Jurisprudences françaises :
● Un frère qui verse une pension à sa sœur exécute une obligation naturelle (qui
trouve sa source dans une obligation morale, un devoir de conscience, un impératif
de solidarité familiale) qui fait obstacle à toute action en répétition.
● Les tribunaux français ont décidé que, lorsque la victime d’un accident n’arrive pas
à obtenir réparation mais que l’auteur du dommage accepte volontairement de
verser une indemnité, il y a exécution d’une obligation naturelle qui prive l’auteur
de toute action en répétition.
Droit français :
La dette de jeu est toujours citée parmi les applications de l’obligation naturelle (le
gagnant ne peut réclamer en justice l’exécution de sa créance, mais si le perdant s’exécute
volontairement, le paiement est irréversible)
Droit marocain :
Il n’en va pas de même au Maroc. En effet, l’article 1095 du D.O.C autorise expressément
la répétition de paiement fait en exécution d’une dette de jeu et écarte ainsi toute
possibilité de recours à la notion d’obligation naturelle.
La notion d’obligation naturelle vise donc un impératif moral, sans aller jusqu’à
transformer une obligation morale en une obligation civile.
L’obligation naturelle se place à mi-chemin et entend simplement éviter le retour
blâmable sur l'exécution spontanée d’un devoir moral. « L’obligation naturelle est un
devoir moral qui monte à la vie civile  » 1
Une obligation morale qui par la volonté du débiteur devient une obligation juridique.
C’est donc une porte ouverte à la moralisation du droit et une technique relativement
souple d’adaptation du droit aux exigences de la conscience collective.

1
Ripert, La règle morale dans les obligations civiles, éd. 1949. n°192.
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Classification des obligations selon leur objet :
De donner (dare) :
L’obligation de donner ou obligation de dare c’est l’obligation de transférer la propriété.
Le débiteur d’une obligation de donner doit effectuer au profit du créancier une dation.
C’est-à-dire non pas une donation mais un transfert de droit réel.
L’obligation de dare peut trouver sa source dans n’importe quel contrat à titre gratuit ou
onéreux pourvu qu’il s’agisse d’un contrat translatif de propriété :
● Contrat du prêt de consommation (art. 857 D.O.C)
● Contrat de donation
● Contrat de vente (art. 488 D.O.C)
● Contrat de l’échange (art. 620D.O.C)
● Contrat de la société
L’obligation de donner s’exécute alors automatiquement au moment même où elle prend
naissance, sans que le débiteur ait à déployer une quelconque activité.
L’exécution de l’obligation de dare passe pour ainsi dire inaperçue, le contrat étant par
lui-même translatif de propriété.
L’exécution de l’obligation de donner ne doit pas soulever de difficulté car, du fait de sa
naissance, elle se trouve immédiatement englobée dans son résultat.
Mais ces remarques ne valent que pour les contrats portant sur un corps certain (chose
déterminée : telle maison ou tel terrain ou telle machine).
De faire (facere) :
Il y a obligation de faire quand le débiteur est tenu d’accomplir un fait positif, de
déployer une activité, de fournir une prestation.
Les obligations de faire sont extrêmement variées (le transporteur est tenu de
transporter des voyageurs ou des marchandises ; l’architecte est tenu de faire des études,
de dresser les plans et de suivre les travaux ; le médecin est tenu de donner des soins…)
Les contrats générateurs d’obligations de faire sont extrêmement nombreux (contrats de
services ou de prestations de services)

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De ne pas faire :
Il y a obligation de ne pas faire lorsque le débiteur est tenu de s’abstenir de certains
actes. Pour cette raison, on parle parfois d’obligations d’abstention ou d’obligations
négatives.
Les obligations de ne pas faire se présentent souvent sous forme des obligations
accessoires soit à une obligation de donner soit à une obligation de faire
Le vendeur d’un fonds de commerce est tenu de ne pas concurrencer l’acquéreur à qui il
a cédé sa clientèle, le locataire est tenu de ne pas modifier la destination des lieux,
l’employé est tenu de ne pas divulguer le secret professionnel, ….
Quel est l’intérêt de cette distinction ?
Mauvaise ou inexécution de l’obligation :
➥ De donner (dare) ➨ Exécution forcée
➥ De faire (facere) / De ne pas faire ➨ Naissance des dommages- intérêts (261-262
D.O.C)
Classification des obligations selon intensité :
Obligations de résultat : L’obligation de résultat est strictement déterminée : le
débiteur promet un résultat précis et il est tenu de l’atteindre.
Obligations de moyens : Le débiteur d’une obligation de moyens ne s’engage qu’à
mettre en œuvre les moyens nécessaires pour parvenir au résultat recherché. Il n’est donc
tenu que d’agir avec diligence pour atteindre le résultat escompté.
Cette classification des obligations d’origine doctrinale est ignorée du D.O.C mais
parfaitement connue de la jurisprudence marocaine.
Exemples de l’obligation de résultat :
● L’acheteur est tenu de verser le prix
● L’emprunteur est tenu de rembourser le prêt
● Le locataire est tenu de payer le loyer
● Le transporteur est tenu de livrer à destination.
Exemples de l’obligation de moyens :
● Le médecin ne s’engage pas à guérir son client mais simplement à lui assurer des
soins consciencieux et diligents en vue de parvenir à la guérison

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● L’avocat ne promet pas de gagner le procès, il s’engage seulement à faire le meilleur
usage de son savoir et de son expérience pour que son client obtienne satisfaction
● L’agence immobilière ne s’engage pas à loger son client mais à effectuer les
recherches nécessaires pour trouver le logement qui répond le mieux à la demande
du client.
Intérêts de la distinction :
Principe :
Incidence sur appréciation de la faute :
Préciser le contenu est important car s’engager à une obligation de résultat ou de moyen,
ce n’est pas la même chose. La tâche du juge est différente selon qu’il y a un manquement
invoqué à une Obligation de moyen ou de résultat. Il va falloir construire un modèle de
référence correspondant au « bon débiteur » et faire une comparaison avec le débiteur
Charge de la preuve (de la faute et du lien de causalité) :
Obligations de moyen : la charge de la preuve de la faute incombe à la victime. 
Obligation de résultat : incombe aussi à la victime mais tâche considérablement
allégée. Bénéfice d’une quasi présomption de faute . Il faut prouver que le résultat promis,
et donc attendu par elle, n’a pas été obtenu. Présomption de faute car le débiteur
pourrait toujours établir que des circonstances exceptionnelles justifiaient l’absence de
résultat. S’il les établissait, il pourrait renverser la présomption de faute qui pèse sur lui. 
Exception :
Cas hybrides. Régime en partie de l’Obligation de résultat/en partie de l’Obligation de
moyens
Effets juridiques de la distinction (le responsabilité civile contractuelle) :
Le débiteur d’une obligation de résultat est responsable – et donc tenu à réparation- dès
que le résultat promis n’est pas atteint.
Pour échapper à la responsabilité, le débiteur d’une obligation de résultat devra donc
prouver que l’inexécution ne lui est pas imputable (faute de la victime, ou cas de force
majeur)
Le débiteur d’une obligation de moyens n’est responsable que s’il est établi qu’il n’a pas
fait le nécessaire, qu’il n’a pas déployé la diligence requise, qu’il n’a pas agi avec la
prudence exigée.

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Classification des obligations selon leur source :
Classification légale des obligations :
Les obligations issues des conventions :
La convention désigne un accord de volontés qui produit des effets de droit.
La convention peut créer des obligations (vente, location, contrat de mariage…),
transmettre des obligations (le transfert des obligation fiscales et obligations comptable
par le fait d’une convention de la vente du fonds de commerce) ou éteindre des
obligations (le divorce conventionnel)
La notion de convention est plus large que la notion de contrat qui se limite à créer des
obligations alors que la convention peut produire d’autre effets (transmettre ou éteindre
des obligations)
Art. 340 et 343 du D.O.C :
Art. 340 : « L'obligation est éteinte par la remise volontaire qu'en fait le créancier capable
de faire une libéralité.
La remise de l'obligation a effet tant qu'elle n'a pas été refusée expressément par le
débiteur. »
Art. 343 : « La remise de l'obligation n'a aucun effet lorsque le débiteur refuse expressément
de l'accepter. Il ne peut refuser : 1° Lorsqu'il l'a déjà acceptée ; 2° Lorsqu'elle a été donnée à
la suite de sa demande. »
La remise de dette apparaît comme une convention parce qu’elle suppose le concours de
deux volontés (la volonté du créancier de renoncer à sa créance et l’acceptation du
débiteur ou du moins l’absence de refus de sa part) ; mais elle n’est pas un contrat parce
qu’elle a pour effet, non pas de créer une obligation, mais de la faire disparaître.
On peut conclure que tout contrat est une convention, mais que toute convention n’est
pas un contrat
Les obligations issues des autres déclarations de volonté :
Le D.O.C retient la déclaration unilatérale de volonté comme source de des obligations.
Le droit marocain consacre ainsi, sous l’influence des doctrines allemandes, la théorie de
l’engagement unilatéral de volonté et admet qu’une personne puisse, par sa volonté, créer
une obligation dont elle se constitue débitrice. (Art. 18 du D.O.C)

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Le D.O.C applique cette théorie de l’engagement unilatéral de volonté à la promesse de
récompense (art. 15 et art. 16) et à l’offre de contracter (art. 29, art. 30 et art. 31 du D.O.C)
Art. 18 du D.O.C :
Art. 18 : « Dans les obligations unilatérales, les engagements sont obligatoires, dès qu’ils
sont parvenus à la connaissance de la partie envers laquelle ils sont pris. » 
Art. 15 et 16 du D.O.C :
Art. 15 : « La promesse, faite par affiches ou autre moyen de publicité, d'une récompense à
celui qui trouvera un objet perdu ou accomplira un autre fait, est réputée acceptée par celui
qui, même sans connaître l'avis, rapporte l'objet ou accomplit le fait ; l'auteur de la
promesse est tenu, dès lors, de son côté, à accomplir la prestation promise. » 
Art. 16 : « La promesse de récompense ne peut être révoquée lorsque la révocation survient
après l'exécution commencée.
Celui qui a fixé un délai pour l'accomplissement du fait prévu est présumé avoir renoncé au
droit de révoquer sa promesse jusqu'à l'expiration du délai. »
Art. 29, 30 du D.O.C :
Art. 29 : « Celui qui a fait une offre en fixant un délai pour l'acceptation est engagé envers
l'autre partie jusqu'à expiration du délai. Il est dégagé, si une réponse d'acceptation ne lui
parvient pas dans le délai fixé. » 
Art. 30 : « Celui qui fait une offre par correspondance, sans fixer un délai, est engagé
jusqu'au moment où une réponse, expédiée dans un délai moral raisonnable, devrait lui
parvenir régulièrement, si le contraire ne résulte pas expressément de la proposition.
Si la déclaration d'acceptation a été expédiée à temps, mais ne parvient au proposant
qu'après l'expiration du délai suffisant pour qu'elle puisse parvenir régulièrement, le
proposant n'est pas engagé, sauf le recours de la partie en dommages-intérêts contre qui de
droit. »
Art. 31 du D.O.C :
Art. 31 : « La mort ou l'incapacité de celui qui a fait une offre, lorsqu'elle survient après le
départ de la proposition, n'empêche point la perfection du contrat, lorsque celui auquel elle
est adressée l'a acceptée avant de connaître la mort ou l'incapacité du proposant. » 

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Les obligations issues des quasi-contrats :
Le quasi-contrat est un fait licite et volontaire, qui fait naître, du seul fait de la loi,
certaines obligations juridiques particulières.
Il correspond à la situation dans laquelle, en dehors de tout contrat, une obligation
juridique semblable à une obligation contractuelle naît.
La différence de l'obligation contractuelle, l'obligation issue d'un quasi-contrat ne doit
rien à la volonté de son débiteur.
L’enrichissement sans cause (art. 66 et S D.O.C) :
L’enrichissement sans cause est fondé sur l’équité qui interdit de s’enrichir sans cause au
détriment d’autrui. Cette notion était déjà connue en droit romain et on en trouve
certains éléments dans le droit musulman.
Au Maroc, le D.O.C consacre à l’enrichissement sans cause des dispositions de portée
générale en le considérant comme un quasi-contrat
Pour qu’il y ait enrichissement sans cause, il faut un certain nombre de conditions. De
même, lorsque celles-ci sont réunies, elles produisent certains effets.
● Les conditions :
o D’ordre économique :
▪ Enrichissement
▪ Appauvrissement
L’appauvrissement ne donne droit à l’indemnité que s’il est corrélatif à
l’enrichissement, il faut qu’il y ait un lien de causalité entre l’un et
l’autre
o D’ordre juridique :
▪ Absence de cause
▪ Absence d’autres actions
● Les effets :
o Restitution de la chose :
▪ Soit de bonne foi
▪ Soit de mauvaise foi
o Montant d’indemnité
▪ A quel moment le juge doit-il se placer pour évaluer l’indemnité ?
▪ Le D.O.C n’a donné aucune solution

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Par contre, la réponse à cette question a été donnée par la cour de
cassation française. Le juge doit se placer au jour de la demande en
justice, ou selon les circonstances, au jour du fait générateur de
l’enrichissement ou de l’appauvrissement. Si donc au jour de la
demande, l’enrichissement n’existe plus, par exemple, l’objet
d'amélioration a été détruit fortuitement, l’appauvrissement ne peut
plus rien réclamer.
La répétition de l’indu (art. 68-74 D.O.C) :
Il y a répétition de l’indu toutes les fois que quelqu’un a payé par erreur à un autre non
seulement une certaine somme d’argent, mais généralement ce qu’il croyait erreur devoir.
● Les conditions :
o Le paiement :
Il faut d’abord qu’il s’agisse d’un paiement indu. (Pas forcément le versement
d’argent)
o L’absence de cause (absence de dette) :
Il peut se faire que la dette n’existe pas ou n’existe plus.
Il peut se faire que la dette existe bien mais le débiteur n’était pas celui qui
devait payer
o L’erreur du solvens (art. 69 D.O.C) :
Il y a des cas où l’erreur n’est pas nécessaire pour qu’il y ait répétition de
l’indu, il en est ainsi de la contrainte.
● Les effets :
o Les parties de l’action  : L’action ne peut être dirigée que contre la personne
ayant bénéficié effectivement d’un paiement indu.
o La preuve nécessaire au succès de l’action  : La charge de la preuve
incombe au demandeur, un écrit est nécessaire dès que la valeur du
paiement excède 10000dh (art. 443 du D.O.C)
o Les délais de prescription de l’action en répétition  : Le D.O.C n’ayant pas
précisé de délai de prescription spéciale à l’action en répétition de l’indu, il y
a lieu d’appliquer le délai de droit commun prévu par l’art. 387 D.O.C
o L’étendue de la répétition  : Il y a lieu de faire une distinction entre la
répétition d’une somme d’argent et celle d’un corps certain.

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La gestion d’affaires (art. 943 et S D.O.C) :
Le bénéfice de la gestion d’affaires peut être accordé à quiconque a agi spontanément au
non et pour le compte d’autrui, dès lors qu’il est établi que l’opportunité de l’intervention
était telle que l’initiative est justifiée, que l’affaire a été utilement gérée et à condition
toutefois que le maître de l’affaire fut absent ou hors d’état de pourvoir lui-même à la
gestion
La gestion d’affaires entraîne des obligations à la charge du gérant au profit de celui dont
l’affaire a été gérée, appelé maître de l’affaire ou géré.
La gestion d’affaires est un acte d’immixtion dans les affaires d’autrui. D’une part, cette
immixtion doit être contrôlée, afin d’interdire les intrusions abusives dans les affaires
d’autrui. C’est ce qui explique les obligations qui vont peser sur le gérant. D’autre part, la
gestion d’affaires est un service que l’on rend à autrui.
Les obligations issues des délits et quasi-délits :

Le délit Le quasi-délit

Faute intentionnelle génératrice de


Fait dommageable mais non intentionnel
préjudice

L’auteur sera considéré comme responsable du dommage causé à autrui et partant tenu à
réparation.
L’ensemble des règles qui permettent à celui qui a subi un préjudice d’agir en réparation
contre l’auteur du dommage constitue le droit de la responsabilité civile
On distingue les obligations qui résultent de la volonté de celui qui s’oblige et qui ont
pour source un acte juridique (contrats et actes juridiques unilatéraux) des obligations
qui naissent de la loi, indépendamment de la volonté du débiteur, et qui ont pour source
un fait juridique (RC et quasi-contrats).

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Les origines historiques du D.O.C :
Aperçu historique :
1912 :
● La réforme de l’Empire Chérifien.
● Mener un programme de réformes.
● Créer des tribunaux modernes calqués sur le modèle français.
● Élaborer une série de codes appelés à recevoir application devant les nouvelles
juridictions et à réagir les colonies étrangères
12 Août 1913 :
Promulgation de neuf codes (dont le D.O.C) qui mettaient en place l’ossature de l’ordre
juridique colonial.
En ce qui concerne plus particulièrement le D.O.C, la commission chargée d’élaborer les
codes de 1913 avait confié son élaboration à une sous-commission composée de S. Berge
(ancien directeur de la justice en Tunisie), A. de la Pradelle (professeur à la faculté de
droit de paris) et G. Teissier (professeur à l’Ecole libre des sciences politiques).
Les travaux préparatoires qui auraient pu être longs et difficiles compte-tenu de la nature
et de l’ampleur de la tâche, n’ont en fait duré que quelques semaines !
Cette extraordinaire rapidité est due au fait que les auteurs du D.O.C et notamment S.
Berge qui a joué un rôle prépondérant au sein de la sous-commission- ont choisi de tirer
le meilleur profit du « précédent » tunisien en faisant du code tunisien des obligations et
contrats de 1906 (COC) l’avant-projet du code marocain.
De ces indications historiques, il ne faut pas déduire que le D.O.C n’est que la simple
reproduction du COC. Un travail d'adaptation a été réalisé, notamment par S. Berge qui a
principalement consisté à extraire du texte tunisien certaines règles régissant l’activité
commerciale (un code de commerce était en cours d’élaboration au Maroc).
Les rédacteurs du D.O.C ont eu aussi le souci de prendre en considération les
changements qui avaient eu lieu depuis l’élaboration du code tunisien notamment dans
le domaine de la responsabilité civile où le code tunisien manquait un certain retard.
Mais ces différences (somme toute limitées) mises à part, il reste que le code marocain
demeure une reprise adaptée du code tunisien et que D. Santillana peut, à juste titre, être
considéré comme le père spirituel des deux codes

16
Les sources d’inspiration du D.O.C :
Le droit musulman :
Il est indéniable que les rédacteurs du D.O.C ont abondamment emprunté au droit
musulman et que la référence au fiqh notamment Malékite n’est nullement étrangère à
leur œuvre.
Exemples d’illustration :
Art. 484 D.O.C : « Est nulle entre musulmans la vente de choses déclarées impures par la
loi religieuse, sauf les objets dont elle a autorisé le commerce, tels que les engrais
minéraux pour les besoins de l'agriculture. »
Art. 986 D.O.C : « Est nulle de plein droit, entre musulmans, toute société ayant pour
objet des choses prohibées par la loi religieuse, et, entre toutes personnes, celle ayant
pour objet des choses qui ne sont pas dans le commerce.

Le droit français :
S’il est vrai que les rédacteurs du D.O.C ont délibérément cherché à puiser dans
différentes législations européennes, il ne fait aucun doute qu’ils se sont principalement
et prioritairement référé au droit français.
Les rédacteurs du D.O.C ont travaillé en langue française, adopté la terminologie
française, et souvent reproduit les formulations du code civil français et la jurisprudence
française.
L’influence du modèle français est donc largement prépondérante au point que modelé
au moyen matériaux d’origine française, le D.O.C s’inscrit dans le sillage direct du droit
français malgré les emprunts faits à d’autres législations européennes.
Autres législations civile européennes :
Les rédacteurs du D.O.C ont affirmé avoir puisé dans d’autres codes européens et leur
œuvre porte effectivement la marque d’autres influences notamment celles du code civil
Allemand (1896) et du code Fédéral Suisse (1911)
Les rédacteurs du D.O.C se sont certainement efforcés de ne pas aller à l’encontre des
principes consacrés par le droit musulman et ont même opéré, ici et là, quelques
emprunts au fiqh comme ils ont emprunté à des législations européennes autres que
française (droit allemand, droit suisse). Mais c’est dans le droit français qu’ils ont puisé le
noyau dur du code et la philosophie qui lui est sous-jacente.

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L’influence des codes germanique, en vogue au moment de l’élaboration du code des
obligations et contrats, a surtout porté sur le terrain de la méthode.
● La thèse qui présente le D.O.C comme une œuvre originale combinant dans une
synthèse harmonieuse droit musulman et législations civiles européennes s’appuie
sur deux types d’argument :
o Arguments tirés des circonstances qui ont entouré l’élaboration du code :
▪ Le rôle joué par D. Santillana spécialiste du droit musulman et auteur
du projet qui a servi de document de travail à la commission chargée
d’élaborer le code tunisien.
▪ L’approbation donnée par les théologiens-juristes tunisiens au code
avant son adoption définitive.
▪ L’application du code aux tunisiens en Tunisie et aux étrangers au
Maroc.
o Arguments tirés du contenu du code lui-même : telle disposition est issue du
droit musulman, telle autre du droit français, telle autre du droit allemand.
Le champ d’application D.O.C :
Evolution d’application du D.O.C dans le temps
La période coloniale :
Pendant toute la période coloniale et même au-delà jusqu’en 1965- le D.O.C n’était
applicable que devant les tribunaux français de la zone sud. Par conséquent, seuls
relevaient de ce code les justiciables de ces tribunaux c’est-à-dire principalement les
étrangers. Quant aux nationaux, qui étaient justiciables des tribunaux traditionnels, ils
étaient régis par le droit musulman et ne tombaient sous la coupe du D.O.C.
La période d’unification des tribunaux (26 janvier 1965) :
C’est en effet la loi d’unification des tribunaux et du droit (26 janvier 1965) qui devait en
principe mettre fin à cette situation. L’article 3 de la loi du 26 janvier 1965 disposait que
« tous les textes en matière de chraa et de législation hébraïque ainsi les lois civiles et
pénales actuellement en vigueur seront, jusqu’à ce qu’il soit procédé à leur révision,
applicables devant les juridictions visées à l’article premier » (c’est-à-dire devant les
juridictions unifiées)
La période de démarcation entre D.O.C et droit musulman (à partir 1970)
La ligne de démarcation entre le D.O.C et le droit musulman ne devait pas rester là car, à
partir des années 1970, la jurisprudence remet en cause la compétence exclusive du D.O.C

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en matière contractuelle. Dans des litiges relatifs à des baux ruraux et dans des
contestations issues de contrats relatifs à des immeubles non immatriculés, la cour
Suprême parait ainsi résolue à écarter le D.O.C au profit du droit musulman.
A tort ou à raison, la cour suprême paraît donc décidée à soustraire un versant de
l’activité contractuelle à l’empire du D.O.C.
Intérêts du D.O.C :
L’étude du droit des obligations présente un intérêt pratique indéniable. L’obligation
recouvre un versant important des relations sociales puisque la quasi-totalité des
relations patrimoniales qui se nouent entre les hommes sont des rapports d’obligation.
Dans l’état actuel de nos sociétés et de la division du travail, les échanges de biens et de
services indispensables à la vie individuelle et collective, se réalisent par le moyen de
contrats c’est-à-dire d’accords générateurs d’obligations.
Chaque jour, à chaque instant, on crée des obligations parce que chaque jour, à chaque
instant, on passe des contrats (achats quotidiens, transports, abonnements, etc…).
Chaque individu est ainsi tenu en permanence par des rapport d’obligation qui tissent
autour de lui permettant de satisfaire ses besoins, d’exercer ses activités professionnelles
et de vaquer à ses loisirs.
A côté des obligations plus moins librement contractées, on peut être tenu par des
obligations « imposées », le cas de droit de la responsabilité civile, qui occupe une place
de plus en plus grande en raison de la multiplication des risques et de l’accroissement
corrélatif du besoin de sécurité, impose ainsi des obligations de réparer à tous ceux qui,
d’une manière ou d’une autre, causent des dommages à autrui.
Ces brèves considérations, qui relèvent des lieux communs, montrent à quel point le
droit des obligations intéresse directement la vie quotidienne de chacun, à la différence
d’autres disciplines qui, recouvrant des espaces plus étroits et des activités plus
spécialisées, ne concernent que certaines catégories sociales ou certaines activités
professionnelles (cas de droit commercial, droit de travail, droit maritime, etc.)
L’étude de droit des obligations présente un intérêt théorique incontestable. Le droit des
obligations précisément parce qu’il régit les rapports patrimoniaux entre les personnes
dans notre société.

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