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Faculté polydisciplinaire

Université Sultan Moulay Slimane


Beni Mellal

Droit Français Privé - Semestre 2

Module 13

Droit International Public

Pr. Abdelali JNAH

Année universitaire : 2020-2021


Introduction

L’étude de droit international constitue un enseignement indispensable pour les formations en droit
en particulier à notre ère de la mondialisation où les frontières entre droit interne et droit
international tendent à se réduire considérablement.

Dans cet esprit, la maîtrise du droit interne serait conditionnée par la connaissance du droit
international.

Ce qui fait du droit international, une matière fondamentale de la licence en Droit .

De plus, L’étude du droit international est indispensable pour les étudiants s’orientant dans une
carrière publiciste.

Définition :

Le droit international public, autrefois appelé “ droit des gens”, est le droit applicable à la société
internationale.

Il est constitué par l’ensemble des normes juridiques qui régissent les relations internationales.

Il se compose de l’ensemble des règles de droit qui s’appliquent aux sujets de la société
internationale au premier rang desquels on trouve les Etats.

Aujourd’hui, le droit international public, qui tend à devenir un droit de plus en plus jurisprudentiel,
s’adresse aux organisations internationales créées par les Etats, lesquelles organisations constituent
des sujets dérivés du droit international.

Il a également vocation à s’appliquer aux individus.

Evolution de l’objet du droit international public

Le "droit des gens" dit classique régissait les relations entre les Etats souverains était essentiellement
un droit relationnel inter-étatique

C’était un droit de coordination et non pas de subordination

Le droit International classique était axé sur l’élaboration de règles qui portaient essentiellement sur
le droit de la guerre , le commerce, le droit de la mer et la navigation fluviale.

Le droit international moderne est beaucoup plus complexe qu’avant et plus sophistiqué.

Il couvre, en plus d'autres domaines, comme les droits de l’homme, l’environnement,


l’investissement, etc…

C’est un droit de coordination et de coopération

Les differents branches du droit international

Le droit international n’est donc plus seulement le droit public international


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Il admet aujourd’hui d’autres branches en plus de ce traditionnel droit public:

● Le droit international privé


● Le droit pénal international

Le droit international privé peut prendre en compte deux aspects: national et international.

Au niveau national : le droit est un ensemble de règles juridiques s’appliquant à l'intérieur d’un Etat
lorsque la relation concerne des personnes privées de nationalités différentes. C’est pourquoi, selon
François RIGAUX, le droit international privé “ se limite à la branche des conflits de loi ”.

Au niveau international : le droit international privé serait un ensemble de règles juridiques qui
codifient les relations commerciales entre différentes personnes privées à l’échelle internationale.

Le droit pénal international quant à lui s'est développé à partir de la seconde moitié du XXe siècle ,
après la Seconde Guerre Mondiale de la volonté des vainqueurs de cette guerre de juger certains
dirigeants allemands et japonais pour certains les crimes commis durant la guerre.

Le droit pénal international a pour objet les crimes dans la gravité fait qu'ils constituent une atteinte
à l'ordre public international et sont pour ainsi qualifiés de crimes internationaux.

On peut citer à titre illustratif le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité .

Première partie : Les sources du droit international public


Chapitre 1: Les sources principales du droit international public
I. Le traité international
II. La coutume internationale
Chapitre 2 : Les sources subsidiaires du droit international public
I. Les principes généraux de droit
II. Les actes unilatéraux
III. La doctrine et la jurisprudence
Deuxième partie : Les sujets du droit international public
Chapitre 1 : l'État
I. Les éléments de la reconnaissance internationale d’un Etat
II. La souveraineté des Etats
Chapitre 2 : Les organisations internationales
Chapitre 3 : L'individu

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Première partie : Les sources du droit international public

Selon l'article 38 du statut de la Cour internationale de justice qui propose une typologie des normes
du droit international public, "La Cour, dont la mission est de régler conformément au droit
international les différends qui lui sont soumis, applique:

● Les conventions internationales;


● La coutume internationale;
● Les principes généraux de droit;
● Les décisions judiciaires et la doctrine, comme moyen auxiliaire de détermination de la règle
de droit."

Chapitre 1 : Les sources principales du droit international public

I. Le traité international

Le traité international sera abordé comme suit:

● La définition et classification du traité international


● La conclusion des traités
● La validité des traités
● Les effets des traités
● La modification et la fin des traités

Le traité international ou convention internationale est l'une des sources les plus importantes du
droit international

La liberté contractuelle que suppose ces conventions s'apparente le mieux à la nature volontariste du
droit international

Le traité a fait l'objet d'une consécration juridique consignée dans la Convention de Viennes sur le
droit des traités entre États de 1969 et la Convention de Viennes sur le droit de traités entre les États
et les organisations internationales d'une part et d'autre part entre les organisations internationales
entre elles de 1986 .

1. Définition et caractéristiques du traité international

Selon l’article 2 de la Convention de Viennes de 1969 :

"L'expression "traité" s'entend d'un accord international conclu par écrit entre États et régis par le
Droit International, qu'il soit consigné dans un instrument unique ou dans deux ou plusieurs
instruments connexes, et quelle que soit sa dénomination particulière"

Caractéristiques du traité international

Le traité international est donc :

● Un accord international

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Le traité est un acte juridique élaboré à la suite d'un échange de volonté survenu entre des sujets de
droit.

Le consentement de chacune des parties est la condition fondamentale sans laquelle il n'y a pas de
traité;

● Un accord international écrit

Le formalisme sur la nature écrite du traité est très important, dans la mesure où il permet d'exclure
les accords internationaux verbaux, souvent très nombreux dans la pratique internationale.

● Un accord international écrit régi par le droit international… et quelle que soit sa
dénomination particulière

La formule est donc extrêmement large " quelle que soit sa dénomination particulière " , elle consacre
donc une diversité terminologique en ce qui concerne la dénomination d'un traité international.

Il existe à ce sujet une véritable provision: traité, convention, protocole, déclaration, échange de
notes, de statut, de modus vivendi, de pacte, de concordat, etc.

Ces terminologies sont d'usage dans la langue juridique.

2. La classification des traités internationaux

La classification des traités internationaux est l'un des domaines les plus controversés du droit des
traités.

Parce que le traité en soit couvre de nombreuses réalités de la vie internationale, la doctrine propose
diverses classifications.

Celles-ci prennent en considération : le nombre de parties, la qualité des parties , les procédures
suivies où les aspects matériels de l'acte .

Ainsi, la doctrine a retenu deux critères fondamentaux pour classer les traités notamment le critère
formel et le critère matériel.

A. Le critère formel

Seront exposés successivement :

● La qualité des parties


● Le nombre de parties
● La procédure suivie ou la forme de conclusion du traité

a. Selon la qualité des parties

Par la qualité des parties, il faudrait faire la distinction entre :

Les traités conclus entre Etats (exemples les conventions signées entre le Maroc et les autres pays du
monde portant sur des domaines variés)
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Les traités conclus entre les Etats et les organisations internationales (il est question le plus souvent
des traités d’adhésions aux organisations internationales. Par exemple, les traités d’adhésion du
Maroc avec la Ligue Arabe etc...)

Les traités conclus entre organisations internationales : Ces traités répondent au principe de la
spécialité, c’est-à-dire que les organisations internationales ne peuvent conclure des traités que dans
leur domaine de compétences

Par exemple, l'Organisation Mondiale de la Santé ne peut conclure des traités avec les autres
organisations internationales que dans le domaine de la santé.

b. Selon le nombre de parties

Par le nombre de parties, il faudrait faire la différence entre :

Les traités bilatéraux : qui sont des traités conclus entre deux États (Exemple les Traités conclus
entre le Maroc et la France, entre le Maroc et le Sénégal etc..)

Les traités multilatéraux : Ce sont des traités conclus entre plusieurs Etats. Il établit des obligations
et droits relatifs aux États concernés. Ce type de traité est plus difficilement mis en place puisque sa
complexité est supérieure à celle des traités bilatéraux et implique plusieurs Etats.

Les Traités plurilatéraux sont des traités conclus entre un nombre restreint d’Etats (plus de deux
Etats) et qui ne sont pas ouverts à tous les Etats.

Par exemple: les traités du G8, les traités de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique
Centrale (CEMAC).

c. Selon la procédure suivie ou la forme de conclusion du traité

Les traités en forme simplifiée : sont des traités conclus par un échange de notes, un échange de
lettres, un procès-verbal etc…. C’est-à-dire qui ne nécessite pas de procédure de ratification (Exemple
les Accords franco-marocains du 2 Mars 1956)

Les traités en forme solennelle : sont les traités conclus qui nécessitent une procédure de ratification
pour leur entrée en vigueur. La procédure de ratification est régie par le droit interne de chaque Etat.

Les traités élaborés au sein ou sous les auspices des organisations internationales : ce sont des traités
conclus dans le cadre des organisations internationales touchant des aspects importants de la vie
internationale (La conférence Mondiale sur le Climat, cop21, qui s’est tenu à Paris en 2015 sous les
auspices des Nations Unies)

B. Le critère matériel (selon l’objet du traité)

Pour le critère matériel, la doctrine opère la distinction suivante:

Les traités-lois : seraient des conventions de caractère général fixant des règles communes pour
l'ensemble de la communauté internationale. Abstraites, ces règles seraient représentatives des
intérêts généraux de l'humanité.
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Ils établissent une situation juridique impersonnelle et objective. (Exemple: Le Pacte international
sur les Droits civils et politiques de 1966)

Les traités-Contrats : créent entre les cocontractants une situation juridique subjective, car ils
contiennent à la charge des Etats uniquement des obligations particulières et concrètes comme
celles qui découlent des contrats de droit civil.

(Exemple Les Accords de Libre échanges entre le Maroc et Les Etats Unis de 2001)

Les Traités-cadres constituent une nouvelle classification formulée dans le domaine de


l’environnement.

Ils sont définis comme « un instrument conventionnel qui énonce les principes devant servir de
fondement à la coopération entre les Etats parties dans un domaine déterminé, tout en leur laissant
le soin de définir, par des accords séparés, les modalités et les détails de la coopération, en prévoyant,
s'il y a lieu, une ou des institutions adéquates à cet effet».

Les traités constitutifs : sont des traités qui donnent naissance aux organisations internationales
(Exemple La Charte des Nations Unies de 1945, La Charte de l’Union Africaine 2002)

Les traités normatifs : sont des traités qui fixent des obligations de comportement à ceux qui
établissent des structures et déterminent leur mode de fonctionnement (Exemple les règlements
intérieurs des organisations internationales)

3. La conclusion des traités

La procédure de conclusion des traités comporte les étapes suivantes :

● L’élaboration de l’acte ;
● L’engagement des Etats ;
● L’entrée en vigueur, l’enregistrement et la publication;
● Les réserves

A. L’élaboration de l’acte

La procédure d’élaboration de l’acte des traités :

● Commence avec la négociation;


● Elle se termine avec l’adoption du texte du traité.

a. La négociation :

La négociation est une opération matérielle au cours de laquelle les participants discutent en vue de
l’élaboration du traité.

Une telle opération pose au préalable la question de l’habilitation à négocier, c’est-à-dire vérifié si les
personnes habilitées ou désignées pour la circonstance ont la compétence à négocier au nom de
l’Etat qu’ils prétendent représenter.

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De manière générale, il revient au pouvoir exécutif de négocier et de délivrer les instruments
juridiques appelés "les pleins pouvoirs" qui habilitent un organe à négocier au nom et pour le
compte de l'Etat.

La négociation des traités bilatéraux

Toutefois, il existe une différence importante entre la négociation d’un traité bilatéral et la
négociation d’un traité multilatéral.

Le traité bilatéral est élaboré par deux Etats parties à une négociation déterminée.

Le caractère synallagmatique de l'engagement permet aux parties de s'entendre sur un objet


identique.

La négociation des traités multilatéraux

Les traités multilatéraux sont de nos jours élaborés au sein des Organisations Internationales, et,
tous les mécanismes sont à ce propos utilisés.

Ils le sont aussi par des réunions spécialement convoquées à cet effet et qualifiées conférences
diplomatiques.

Une fois la négociation terminée, les personnes habilitées (pleins pouvoirs) passent à l’étape de
l’adoption du texte du traité.

b. L’adoption du texte du traité

L’adoption du « projet du traité » met un terme à la procédure de négociation.

L’adoption s’effectue par le consentement des Etats participant à sa rédaction.

Le texte du traité se compose généralement des parties suivantes :

Un préambule : le préambule procède à l'énumération des Hautes Parties Contractantes et à la


présentation de l'exposé des motifs c'est-à-dire, à une présentation de l'objet et du but du traité. De
façon générale, la doctrine considère que le préambule d'un traité ne possède pas de force juridique

Le dispositif : Le dispositif est composé du corps du traité. Il comprend les différents articles et
précise les droits et obligations des parties. Il se termine par les clauses finales.

Les clauses finales : Les clauses finales présentent la caractéristique d'être d'application immédiate
c'est-à-dire d'entrer en vigueur dès l'adoption de la convention et avant son entrée en vigueur .

Les annexes : Les annexes sont des dispositions d'ordre technique ou complémentaire qui ont la
même valeur juridique que le dispositif.

Une fois, le texte du traité adopté, celui-ci doit être authentifié.

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L'authentification est une procédure qui consiste à déclarer que le texte rédigé correspond à
l'intention des négociateurs et qu'ils le tiennent pour définitif. En principe, un texte authentifié n'est
plus susceptible de modification

Pour les traités bilatéraux, ceux-ci sont généralement adoptés et authentifiés par la signature. La
seule condition exigée est celle de l’unanimité des parties.

Par contre, lorsqu’il est question des traités multilatéraux adoptés par une conférence internationale
ou l’organe d’une organisation internationale, la pratique actuelle commande d’arrêter le contenu du
traité par décision prise à la majorité des Etats représentés au sein de la conférence ou
conformément aux règles de vote de l’organe international.

B. L’engagement des Etats

L’engagement des Etats à être liés définitivement par un traité présente des formes variables
caractérisées ou non par un certain formalisme (voir les accords en forme simple et les accords en
forme solennelle).

La volonté de l'Etat à être lié définitivement s'exprime au moyen de la ratification, de l'acceptation et


de l'approbation. Ces trois concepts semblent avoir une valeur équivalente

La ratification : C'est l'acte par lequel l'autorité étatique constitutionnellement compétente pour
conclure les traités, confirme la volonté de l'État de se lier par le traité, et s'engage à l'exécuter.

La procédure de ratification est soumise à l’ordre juridique interne de chaque Etat.

Au Maroc, la ratification des traités internationaux est prévue par l’article 55 de la constitution de
2011, «…………..Le Roi signe et ratifie les traités. Toutefois, les traités de paix ou d’union, ou ceux
relatifs à la délimitation des frontières, les traités de commerce ou ceux engageant les finances de
l’Etat ou dont l’application nécessite des mesures législatives, ainsi que les traités relatifs aux droits
et libertés individuelles ou collectives des citoyennes et des citoyens, ne peuvent être ratifiés qu’après
avoir été préalablement approuvés par la loi. Le Roi peut soumettre au Parlement tout autre traité ou
convention avant sa ratification.………..…… »

C. L’entrée en vigueur, l’enregistrement et la publication

a. L’entrée en vigueur

L’engagement des Etats à être liés définitivement par le traité donne lieu automatiquement à l’entrée
en vigueur, qui sera suivi de l’enregistrement et la publication.

L’entrée en vigueur d’un traité signifie tout simplement que ce dernier est apte à produire des effets
de droits, c’est-à-dire à modifier l’ordonnancement juridique.

Pour les traités bilatéraux, elle se réalise généralement au moment de l'échange des instruments de
ratification (par exemple: la signature).

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Concernant les traités multilatéraux les conditions peuvent être très diverses. Souvent, l'entrée en
vigueur ne se réalisera que lorsqu'un nombre suffisamment représentatif d'États aura ratifié le traité
(le nombre étant fixé par le traité lui-même).

À titre d'exemple, l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, était conditionnée par la ratification
d’au moins 55 signataires dont des Etats industrialisés responsable d’au moins 55% des émissions de
CO2 en 1990.

b. L’enregistrement et la publication

Les traités ratifiés doivent en principe être enregistrés et publiés.

Cependant, l'histoire des relations internationales témoigne de la conclusion d'accords secrets de


caractère politique, militaire ou parfois économique.

Cette pratique a conduit à de nombreux conflits par le passé, ce qui explique sa condamnation

Pour mettre un terme à ces confusions du genre, l’enregistrement et la publication des traités
internationaux sont désormais des obligations ou du moins des pratiques obligatoires que la Charte
des Nations Unies ainsi que la Convention de Vienne tente de rendre effectives.

D. Les réserves

Définition

La Convention de Vienne définit les réserves et les soumet à un régime particulier.

Au terme de l'article 2-1-d de la Convention de Vienne définit la réserve comme: « une déclaration
unilatérale, quel que soit son libellé ou sa désignation, faite par un Etat quand il signe, ratifie,
accepte ou approuve un traité ou y adhère, par laquelle il vise à exclure ou à modifier l'effet juridique
de certaines dispositions du traité dans leur application à cet État».

Un État peut estimer au cours du processus de conclusion d'un traité, que certaines dispositions du
texte ne lui conviennent pas, bien qu'il approuve la plupart du dispositif de l'accord.

Il peut alors faire une déclaration unilatérale en vue d'exclure de son engagement ces dispositions.

Effets des réserves

La réserve modifie les relations des parties selon qu'elle est acceptée ou refusée.

En cas d'acceptation de la réserve , le lien conventionnel entre l'Etat réservataire et ceux qui ont
admis la réserve se trouve modifié sur toutes les dispositions sur lesquelles porte la réserve.

L’objection simple à une réserve n'empêche pas le traité d'être en vigueur entre l'Etat réservataire et
l'Etat auteur de l'objection

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4. La validité des traités

Pour qu’un traité puisse être valable, c’est-à-dire qu’il puisse produire des effets de droits à l’égard des
parties ou des tiers, il est important que ce traité respecte certaines conditions dégagées par la
pratique internationale.

Il est donc impérieux que le traité ne soit pas vicié , c’est-à-dire, ne comporte aucun vice de
consentement prévu par la convention de Vienne sur le droit des traités.

La validité des traités sera examinée sous l’angle de la théorie des vices de consentement et les
sanctions prévues en cas de vice de consentement.

A. Les vices de consentement

Les vices de consentement prévus par la Convention de Vienne présentent une certaine
ressemblance avec ceux prévus par le droit civil interne.

La Convention de Vienne sur le droit des traités conclus par les Etats consacrent plusieurs vices du
consentement. Il s'agit de :

● L'erreur,
● Le dol,
● La corruption,
● La contrainte

a. L’erreur

Selon l’article 48 de la Convention de Viennes : « Un Etat peut invoquer une erreur dans un traité
comme viciant son consentement à être lié par le traité si l'erreur porte sur un fait ou une situation
que cet État supposait exister au moment où le traité a été conclu et qui constituait une base
essentielle du consentement de cet Etat à être lié par le traité. »

Il s’agit donc ici, d’une erreur substantielle portant sur un fait ou une situation constituant une base
essentielle du consentement. Sont écartées les erreurs de droit.

b. Le dol

A la différence de l'erreur, le dol est une institution qui a donné lieu à une pratique peu répandue
en Droit international public. Le dol s'inspire de l'adage selon lequel « la fraude corrompt tout ».

Le dol serait donc l’ensemble des agissements trompeurs ayant entrainé le consentement qu’un Etat
partie au traité n’aurait pas donné, si il n’avait pas été l’objet de ces manœuvres.

En vertu de l’article 49 de la Convention de Vienne: « Si un Etat a été amené à conclure un traité par
la conduite frauduleuse d'un autre Etat ayant participé à la négociation, il peut invoquer le dol
comme viciant son consentement à être lié par le traité. »

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c. La corruption

La corruption du représentant de l'Etat n'est pas aisée à définir. La corruption comprend deux
éléments essentiels d'une part, l'existence d'offres, promesses ou dons préalables à l'expression d'un
consentement et, d'autre part, l'existence d'un rapport entre ces offres, promesses ou dons et l'effet
recherché qui est d'infléchir la volonté du représentant dans un sens favorable à l'auteur de la
corruption»

Selon l’article 50 de la Convention de Vienne: « Si l'expression du consentement d'un Etat à être lié
par un traité a été obtenue au moyen de la corruption de son représentant par l'action directe ou
indirecte d'un autre Etat ayant participé à la négociation, l'Etat peut invoquer cette corruption
comme viciant son consentement à être lié par le traité . »

La corruption est un vice du consentement qui pose des difficultés de preuve.

Elle met souvent en relief un réseau opaque de relations. Bien que l'article 50 de la Convention de
Vienne exige qu'elle soit le fait d'un État et à l'encontre d'un autre Etat,

Cependant, il faut souligner qu'au-delà des relations interétatiques, des rapports particuliers existent
entre l'Etat et des sociétés privées .

d. La contrainte

La contrainte exercée sur le représentant d’un Etat:

La contrainte exercée sur le représentant d'un Etat est souvent difficile à distinguer de celle qui est
faite sur l'Etat lui-même.

Il s'agit ici des actes qui mettent en cause la personnalité du représentant de l'Etat et qui visent
notamment son intégrité physique, sa réputation, sa carrière et celle des personnes qui lui sont
proches.

La contrainte constitue un vice grave qui a pour conséquence d'invalider le traité. Tout se déroule
comme si le traité n'avait jamais existé à l'origine.

La contrainte contre l’Etat:

Dans ce cas, l’Etat est directement visé par un acte particulier afin de la contraindre à signer le traité
; il peut s’agir de la menace d’une invasion armée, ou l’emprise d’une occupation militaire, la menace
d’un embargo économique, ou des contraintes politiques

L'article 52 dispose « est nul tout traité dont la conclusion a été obtenu par la menace ou de l'emploi
de la force en violation des principes du droit international incorporés dans la Charte des
Nations-Unies » .

Par contre, tout usage ou menace d'usage de la force en conformité avec les principes de la Charte
des Nations-Unies n'est pas constitutif d'un acte de contrainte.

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Illicéité de l’objet du traité

L'article 53 de la Convention de Vienne dispose : « est nul tout traité qui, au moment de sa
conclusion, est en conflit avec une norme impérative de Droit international général (…..…) acceptée
est reconnue par la communauté des États dans son ensemble en tant que norme à laquelle aucune
dérogation n'est permise…». Ces normes impératives constituent « JUS COGENS ».

Comme normes impératives du JUS COGENS, l’on peut citer l'interdiction du génocide, de
l'esclavage, le droit humanitaire (crimes contre l’humanité), le respect des droits fondamentaux de la
personne humaine (droit à la vie, droit à ne pas être soumis à la torture, à des peins ou des
traitements dégradants et inhumains), des droits des peuples et des minorités etc…

Ces droits doivent être respectés en tout temps et en toutes circonstances par les Etats et ils ne sont
susceptibles d'aucune dérogation.

Les sanctions prévues

Tout traité dont le consentement n’est pas régulier, libre et éclairé est frappé de nullité relative ou de
nullité absolue.

La nullité absolue suppose la disparition totale du traité, c’est- à-dire que ce dernier est considéré
comme n’avoir jamais existé. Cette disparition totale de l’acte du traité intervient que dans les
hypothèses les plus graves en matière de contrainte, et en matière de non-conformité des traités avec
les normes impératives du JUS COGENS.

La nullité relative, quant à elle, suppose la disparition de certains éléments du traité. Seuls les
éléments du traité incriminé seront annulés.

Il s’agit de la théorie de la divisibilité du traité .

La nullité relative est autorisée dans les hypothèses du dol, de la corruption ou encore de l’erreur.

5. Les effets des traités

Le traité produit des effets à l’égard des parties et à l’égard des Etats tiers.

A. Les effets à l’égard des parties :

La règle « PACTA SUNT SERVANDA » est affirmée par la Convention de vienne dans son article 26,
qui dispose que «tout traité en vigueur lie les parties et doit être exécuté par elles de bonne foi ».

Le traité est, en effet, obligatoire pour les Etats qui ont consenti à être liés et à l'égard desquels il est
en vigueur.

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B. Les effets à l’égard des Etats tiers :

Le principe

L'article 34 de la Convention devienne rappelle la règle coutumière de l'effet relatif des traités en
disposant qu'un « traité ne crée ni obligation ni droit pour un État tiers sans son consentement »

Les exceptions

Les articles 35 et 36 de la Convention de Vienne prévoient les cas où une obligation ou un droit
peuvent naître pour un tiers avec son consentement.

En l'absence de tout consentement des tiers , certains traités dits «objectifs» peuvent s'imposer aux
tiers.

Il en va ainsi notamment des traités établissant des statuts territoriaux (délimitation d'une
frontière), les statuts de voies de communications internationales ou une nouvelle entité
internationale (comme la création d'une organisation internationale).

6. La modification et la fin des traités

Un traité n’a pas de valeur éternelle, il expire à un moment donné.

Les traités sont susceptibles de subir une certaine évolution. Celle-ci peut, d'une part, consister en
un aménagement partiel ou total ou, d'autre part, conduire à sa disparition.

A. La modification des traités

La Convention de Vienne retient deux procédés que sont :

● L’amendement : est une modification substantielles du traités


● La modification : concerne que quelques parties au traité

L’amendement est un aménagement du traité qui lie toutes les parties au traité. Il exige donc l’accord
de toutes les parties

Il est soumis au même régime juridique que la conclusion des traités.

B. La fin des traités

La fin du traité libère les parties de l'obligation d'exécution. Il existe plusieurs hypothèses de
terminaison d'un traité:

L’expiration du traité résultant soit de :

L'expiration du terme :traités conclus pour une période initialement fixée ; (exemple des traités de
coopération économique)

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L'intervention d'une condition résolutoire : ce sont des clauses du traité prévoyant événements dont
la réalisation a pour conséquence de mettre fin à l'existence du traité. Elles stipulent que le traité
cesse d'exister si le nombre d'États parties descend en dessous d'un seuil.

L’extinction des traités peut se faire par :

La dénonciation ou le retrait est une cause d'extinction des traités bilatéraux.

Pour les traités multilatéraux, les effets sont différents. En effet, il n'y a d'extinction qu'à l'égard de
l'Etat qui procède au retrait; pour les autres Etats, le traité continue de s'appliquer.

II. La coutume internationale

L’article 38 du statut de la C.I.J. place la coutume internationale en deuxième position parmi les
sources du droit international que la Cour Internationale de Justice aura à appliquer dans les litiges
qui lui seront soumis par les parties.

L'article 38, conformément à l'opinion doctrinale et à la pratique des États, définit la coutume
internationale « comme preuve d'une pratique générale acceptée comme étant le droit ».

1. Les éléments constitutifs de la coutume internationale

La coutume internationale se distingue fondamentalement des actes conventionnels en ce sens


qu’elle ne découle pas d’un acte juridique, mais d’un comportement

Elle résulte non pas de la manifestation d’une volonté, mais de la conviction qu’une règle existe .

La constitution de la coutume nécessite la réunion de deux éléments à savoir:

● L'élément matériel
● L'élément psychologique.

L'absence de l'un de ces éléments conduit le juge international à déclarer l'absence de coutume
internationale.

A. L'élément matériel

L'élément matériel de la coutume résulte de la répétition dans le temps et dans l'espace d'actes
positifs ou négatifs qui, sans être strictement identiques, peuvent être similaires.

L’élément matériel qui correspond à la pratique de la coutume peut être soit l’œuvre des Etats (les
organes de l’Etats au niveau interne comme le parlement, les tribunaux, ou les organes qui
représentent l’Etat au niveau externe comme le Ministère des Affaires), soit l’œuvre des organisations
internationales

L’élément matériel de la coutume se caractérise par :

● Une pratique uniforme et constante : cela supposerait donc que la coutume ne saurait être
tributaire d’un précédent isolé, ou d’une pratique s’appuyant sur des précédents discordants.

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● La répétition de la coutume dans le temps : Le temps est un élément dont l'appréciation
s'avère indispensable pour l'identification d'une norme coutumière.
● La répétition de la coutume dans l’espace : la répétition de la coutume dans l’espace donne
lieu à des coutumes générales, les coutumes régionales et les coutumes locales.

B. L’élément psychologique ou l’opinio juris sive nécessitas

Il ne suffit pas, pour que le droit reconnaisse une coutume, de prouver qu'il existe une pratique
constante et uniforme

Mais, les sujets de droit adoptent un comportement parce qu'ils ont la conviction qu'il est
obligatoire.

Cette exigence est relevée par le juge international dans différentes affaires ( Affaire du Plateau
continental de la mer du Nord et Affaires du Lotus ).

Cet élément de l’opinio juris est plus important que la constance de la pratique.

L’opinio juris a fait l'objet de l'attention particulière des nouveaux Etats. Ceux-ci entendent, en effet,
privilégier l'élément psychologique au détriment de l'élément matériel.

Chapitre 2 : Les sources subsidiaires du droit international public

Seront exposées successivement, dans le cadre des sources subsidiaires du droit international public:
● Les principes généraux de droit
● Les actes unilatéraux
● La doctrine et la jurisprudence

I. Les principes généraux de droit

Le juge international pouvait se voir confronter à une situation dans laquelle, saisi par des États pour
trancher leur différend, il devait se déclarer incapable de juger au motif qu'il n'existait pas de règle
de Droit international applicable au cas espèce .

Pour éviter que cela ne se produise, les rédacteurs du statut de la Cour ont prévu qu'ils pourraient
avoir recours aux « principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées ».

le juge international doit, donc chercher ces principes soit dans :


● Les principes généraux communs aux ordres juridiques internes
● Les principes généraux propres à l’ordre international

Les principes généraux communs aux ordres juridiques internes sont:


● L'autorité de la chose jugée,
● Le respect des droits acquis,
● La réparation du dommage causé,
● La bonne foi,
● L'enrichissement sans cause,
● L'égalité des parties à une instance,
● L'équité...
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Les principes généraux propres à l’ordre international sont :
● Le respect de l'indépendance des Etats,
● La primauté du traité sur la loi,
● La responsabilité des Etats,
● L'égalité des Etats,
● La non-ingérence dans les affaires internes, etc.

II. Les actes unilatéraux

Les actes unilatéraux en droit représente un acte imputable à un seul acteur ou sujet de droit.

En droit international, cette faculté est généralement réservée aux Etats et particulièrement aux
organisations internationales.

Dans les deux cas, ces actes contribuent à la formation du droit international public.

1. Les actes unilatéraux des États

Les actes unilatéraux des États sont des actes pris par des autorités compétentes qui engagent l’Etat
dans l’ordre juridique international (le chef d’Etat, le chef de gouvernement ou le ministre des
affaires étrangères.)

Ces actes qui produisent des effets internationaux, sont de plusieurs types : la notification, la
reconnaissance, la protestation, et la renonciation

2. Les actes unilatéraux des organisations internationales

Les actes émanant des organes collégiaux des organisations internationales font l'objet d'une
terminologie très variée ,on parle :

● de résolutions,
● de recommendations,
● de décisions,
● de directives,
● de règlements...

La doctrine qualifie de manière générale l'ensemble des actes unilatéraux des organisations
internationales: de résolutions

Ce terme générique regroupant:

● des décisions, à portée obligatoire ,


● et des recommandations, non obligatoires .

III. La doctrine et La jurisprudence

L’étude sur la doctrine et la jurisprudence traduit d’une certaine manière la richesse ainsi que la
vivacité que renferment les différentes sources du droit international public, bien que celles-ci ne
sont guère considérées comme des sources de droit.
17
Mais, en vertu de l’article 38 du Statut de la CIJ, «... Les décisions judiciaires et la doctrine des
publicistes les plus qualifiés des différentes nations, comme moyen auxiliaire de détermination des
règles de droit. »

1. La doctrine

La doctrine est une «conception et interprétation du droit présentées par les auteurs dans leurs
ouvrages de science juridique»

La doctrine constitue, par conséquent, un point de vue émis par un auteur sur une question posée
par le Droit international public.

La doctrine peut être écrite , c’est-à-dire exprimée dans un document. Il peut s'agir de traités
généraux, de manuels, de thèses de doctorat, de monographies, d'articles ou de notes de
jurisprudence.

Elle peut être également orale . Dans ce cas, les auteurs participent à travers leurs enseignements
magistraux, leurs conférences débats, focus et autres à la diffusion d'une doctrine orale. Sur la base
des notes de cours, les juristes transmettent leurs opinions dans les amphithéâtres.

La doctrine consiste donc en une interprétation, en une détermination ou une systématisation des
sources formelles du Droit International.

Qu’elle soit orale ou écrite, la doctrine peut être individuelle (un professeur émérite ou un juriste sur
la base de leurs compétences peuvent émettre leurs avis sur une question donnée )

Ou collective (les organes d’experts tels l’Institut du Droit International, la commission du Droit
International)

Aujourd'hui, la doctrine, sans être une source obligatoire du droit international public, contribue à
sa systématisation et à sa diffusion. Elle participe aussi au règlement des différends internationaux .

2. La jurisprudence

La jurisprudence du droit international public concerne les décisions rendues par les cours de justice
internationale en particulier celles détenant un statut permanent comme la Cour internationale de
justice (CIJ) créée en 1920 et renouvelée en 1945

Ainsi que toutes les sentences arbitrales rendues au niveau international

18
Deuxième partie : Les sujets du droit international public

Le sujet de droit est défini comme une personne (physique ou morale) considérée comme support
d’un droit subjectif, titulaire du droit (sujet actif) ou débiteur de l’obligation (sujet passif).

Être sujet du droit international :

● C’est être destinataire direct des normes du droit international;


● Et être doté par les règles juridiques internationales d’un ensemble de droits et d’obligations,
ainsi que des capacités nécessaires à leur exercice.

Selon une approche classique seuls les Etats et leurs organisations sont des sujets du droit
international public.

Pour les individus et les sociétés transnationales, la doctrine classique n’admet pas encore leur
qualité de sujet du droit international public, mais, leur reconnaît la personnalité juridique dans
d’autres branches du droit international tel que le droit privé international ou le droit pénal
international.

Seront exposés successivement:

● l’Etat
● les organisations internationales
● et l’individu

Chapitre 1 : l’Etat

l’Etat en droit international est défini « comme une collectivité qui se compose d’un territoire et
d’une population soumis à un pouvoir politique organisé ; il se caractérise par la souveraineté »

Seront exposés successivement:

● les éléments de la reconnaissance internationale d’un Etat;


● et la souveraineté des Etats.

I. Les éléments de la reconnaissance internationale d’un Etat :

Selon la conception classique de l’Etat en droit international , une entité ne peut être qualifiée
d’« Etat » que si elle réunit trois éléments constitutifs :

● Un territoire;
● Une population;
● Un gouvernement souverain.

1. Le territoire :

Le territoire constitue un point d’implantation stable clairement délimité, indispensable pour définir
l’espace géographique dans lequel l’Etat peut exercer ces compétences. On parle de compétence
territoriale de l'Etat. En son absence, l'Etat n'existe pas.

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Il est protégé par le principe de l'intégrité territoriale . Tout territoire est délimité par des frontières.
Les frontières sont terrestres, maritimes et aériennes.

Une frontière par définition est la ligne déterminant où commencent et où finissent les territoires
relevant respectivement de deux Etats voisins. Donc il faut qu’il y’ai un territoire délimité et reconnu
en droit.

La délimitation d’un territoire est indispensable dans la mesure où elle permet de fixer les limites du
territoire sur lequel la puissance étatique peut exercer ses pouvoirs par rapport à un autre Etat.

C’est une condition indispensable pour que l’autorité politique s’exerce efficacement. Ce territoire va
donc situer l'État dans l’espace et va être délimité par les frontières, c'est-à-dire des limites linéaires
et stables.

2. La population :

Un État est avant tout une collectivité humaine, une société constituée de personnes humaines ayant
des rapports organisés entre elles. La population désigne le groupement humain qui se trouve à la
base de l'institution étatique. En tant qu’élément constitutif de l’État, elle comprend en son sein les
nationaux, les étrangers et les apatrides.

La population, prise en tant qu'élément constitutif de l'Etat dans un sens plus juste, serait entendue
comme une masse d'individus rattachée de manière stable à un État par un lien juridique, celui de la
nationalité. Ainsi la population se confond avec les nationaux.

3. Un gouvernement souverain :

Le gouvernement, c’est l’autorité qui agit dans l’État. Elle est notamment dotée d’une administration,
qui exécute ses volontés et dispose de la légitimité nécessaire accordée à lui par le détenteur de la
souveraineté nationale.

Un gouvernement est nécessaire, l’idée de gouvernement étant bien entendue perçue au sens large
réunissant les idées de pouvoir politique et d’appareil administratif.

La forme d’organisation du pouvoir politique n’obéit à aucune règle impérative, chaque État pouvant
s'organiser selon son propre droit interne, librement avec le système politique qu’il veut.

A. La souveraineté des Etats :

En droit international, au-delà de ses éléments essentiels, ce qui caractérise un État et en fait un
sujet de droit international public est sa souveraineté seront, donc, analysés successivement :

● Le principe de la souveraineté internationale d’un Etat.


● Les limites à la souveraineté internationale des Etats

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a. Le principe de la souveraineté internationale d’un Etat :

La souveraineté, telle qu'elle a été conçue dès l'origine comme pouvoir suprême, indépendant,
comme liberté d'action et d'engagement et comme ne pouvant être engagée que par elle-même, est
en effet par définition complète, intangible, inaltérable

Sur le plan juridique, la souveraineté implique deux effets distincts :

● La compétence nationale
● Le principe de la non-ingérence

i. La compétence nationale :

La souveraineté nationale se définit comme la détention de l’autorité suprême, c’est-à-dire d’un


pouvoir absolu et inconditionné à l’intérieur d’un Etat.

Dans les régimes autoritaires, la souveraineté est le plus souvent détenue par un seul homme.

Dans les démocraties, elle est détenue par le peuple, constitué en un corps politique, la nation : on
parle dès lors de souveraineté nationale.

La souveraineté nationale implique l’existence d’un régime représentatif, c’est-à-dire d’un système
politique dans lequel le pouvoir législatif est détenu par une assemblée parlementaire élue par le
peuple constitué en corps politique.

La notion de souveraineté nationale légitime la représentation du peuple par un corps législatif élu
par lui, tout en étant doté d’une véritable autonomie dans la prise de décision

Par ailleurs, La notion de souveraineté nationale a des conséquences importantes sur l’organisation
du corps législatif :

● Le pouvoir qu’il exerce ne peut être délégué ou partagé (la souveraineté est indivisible );
● Le mandat des représentants doit être limité dans le temps (la souveraineté est inaliénable );
● La nation ne peut déléguer l’exercice de la souveraineté de manière définitive (la souveraineté
est imprescriptible).

ii. Le principe de la non-ingérence :

Le principe de non-ingérence ou de non-intervention représente le second corollaire du principe de


la souveraineté de l'État.

Il signifie le droit de chaque État souverain de jouir de l'exclusivité de sa compétence dans les
domaines relevant des affaires internes.

Dans ce sens, nulle autorité ne peut se prévaloir d'un titre juridique quelconque pour intervenir ou
agir dans la sphère de compétence d'un État.

Le principe de non-ingérence trouve son fondement dans la Charte des Nations Unies plus
spécialement en son article 2 paragraphe 7 qui stipule : « Aucune disposition de la présente Charte

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n'autorise les Nations Unies à intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence
nationale d'un Etat ni n'oblige les membres à soumettre des affaires de ce genre à une procédure de
règlement aux termes de la présente Charte ; toutefois ce principe ne porte en rien atteinte à
l'application des mesures de coercition prévues au chapitre VII ».

Le chapitre VII(n°7) concerne les actions décidées par la conseil de sécurité en cas de menace contre
la paix, de rupture et d’acte d’agression .

b. Les limites à la souveraineté internationale des Etats :

D’une manière générale, la souveraineté de l’Etat signifie d’une part que ce dernier dispose d’une
pleine et entière autonomie de volonté , et d’autre part, elle signifie que l’Etat ne saurait être soumis à
la volonté d’aucune autre autorité qui lui apparaîtrait comme supérieure.

Toutefois, il faut rappeler que la souveraineté de l’Etat n’est pas totale ou inconditionnelle , mais elle
peut subir des variations en fonction de l’évolution générale de l’ordre juridique international:
Exemple: la logique des droits de l’homme semble incompatible avec l’idée d’une souveraineté sans
limites.

Par ailleurs, la notion de souveraineté n’est pas une donnée permanente. Si les Etats avaient cru
trouver dans l’article 2 paragraphe 7 de la Charte des Nations Unies un rempart infranchissable
contre tout empiètement sur leur souveraineté,

L’interprétation évolutive qui en a été donnée par les organes de l’ONU ( Conseil de sécurité et
Assemblée générale) a montré qu’il n’en était rien.

Sans parler d’un véritable droit d’ingérence, on peut remarquer que la distinction entre les conflits
internationaux et les conflits internes a tendance à s’estomper et même à disparaître.

Le Conseil de sécurité a de plus en plus souvent recours à l’article 39 et au chapitre VII dans des
situations internes, sans implications internationales directes, et la jurisprudence des tribunaux
pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda a confirmé l’effacement de la
frontière entre conflits internationaux et conflits internes en matière de droit international
humanitaire.

La création des juridictions pénales internationales peut être considérée, en elle-même, comme
portant atteinte à la souveraineté judiciaire des Etats, ce qui explique les nombreuses résistances de
la part des Etats qui se considèrent “ souverains” en la matière, notamment à propos des arrestations
de personnes inculpées ou de l’audition en tant que témoins de certains de leurs ressortissants.

Chapitre 2 : Les organisations internationales :

L’un des traits majeurs de l’évolution des relations internationales au XXe siècle est certainement la
multiplication et le rôle croissant des organisations internationales qui se sont progressivement
étendues à toutes les activités humaines.

Historiquement, les premières tentatives réelles d’institutionnalisation des Organisations


Internationales se situent sur le plan de la coopération technique et administrative.
22
Cependant, la coopération technique et administrative entre les Etats, demeure insuffisante,
notamment après le choc de la première guerre mondiale

C’est dans cet esprit, que s’inscrit la création en 1919 de la Société Des Nations (SDN), en vue de
préserver la paix entre les Etats.

Après la Seconde Guerre mondiale, et afin d’arrêter les guerres entre pays. La Société des Nations a
été remplacée par l’Organisation des Nations Unies (l’ONU).

l’ONU a donné, ainsi, une dimension mondiale à certains grands problèmes internationaux, tels que
les droits de l’homme , le commerce, le travail, la santé, l’alimentation etc...

Définition :

M. VIRALLY propose une définition de l’organisation internationale autour de cinq éléments


fondamentaux :

« Une association d’Etats, établie par accord entre ses membres, et dotée d’un appareil permanent
d’organes, chargés de poursuivre la réalisation d’objectifs d’intérêt commun par une coopération
entre eux. »

Les organisations internationales se caractérisent par les traits généraux suivants:

● L’existence d’une base juridique, constituée par un accord international appelé acte
constitutif.
● Une structure organique permanente, c'est-à-dire d’organes propres. C’est cette structure
organique, qui confère à l’organisation son individualité, en tant que sujet de droit
international possédant une personnalité juridique distincte de celle de ses membres.
● L’organisation dispose d’une compétence d’attribution, définie par le traité qui l’a institué, et
limitée à la réalisation d’objectifs que lui ont fixés les Etats membres.

Malgré l’importance que peuvent avoir les organisations non gouvernementales (ONG) dans la vie
internationale, nous délimiterons notre étude aux organisations intergouvernementales (OIG)

Une telle limite a été stipulée dans l’Article 2 §1-i- de la convention de vienne du 21 mars 1986 sur le
droit des traités entre Etats et organisations internationales ou entre organisations internationales:

l’expression « organisation internationale » s’entend d’une organisation intergouvernementale »

Seront exposées successivement:

● les organisations internationales à vocation universelle réunies dans le cadre du système


onusien
● les organisations internationales à vocation continentale ou régionale

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Les organisations internationales à vocation universelle :

Les organisations à vocation universelle, appelées également mondiales ou globales, sont celles dont
tous les Etats peuvent faire partie

L’adhésion et le retrait de ce type d’organisation sont libres.

Les deux mécanismes sont, ainsi, considérés comme un attribut de la souveraineté des Etats

l’Organisation des Nations Unies (ONU) :

La plus importante de ces organisations est actuellement l’Organisation des Nations Unies (l’ONU).

En vertu de sa charte, l'ONU s'efforce donc d'être un lieu où se bâtit un avenir meilleur pour tous, et
cela à travers cinq objectifs :

● Maintenir la paix et la sécurité dans le monde


● Développer les relations amicales entre les nations
● Réaliser la coopération internationale sur tous les sujets où elle peut être utile
● Être un centre où s'harmonisent les efforts des nations dans des objectifs communs
● Surveiller l'intangibilité des frontières

Les organes de l’ONU :

L’ONU est constituée de six organes principaux , institués par la Charte elle-même, et d’un nombre
indéterminé d’organes subsidiaires, créés par les organes principaux et soumis à leur contrôle .

En plus de ces organes, l’ONU dispose d’un réseau d’institutions internationales spécialisées

Les institutions spécialisées gardent, en effet, une certaine indépendance vis-à-vis de l’ONU, mais
elles lui sont rattachées par accord.

Les organes principaux de l’ONU

Il est créé comme organes principaux de l'Organisation des Nations Unies :

● Une assemblée générale (192),


● Un conseil de sécurité (5+10),
● Un conseil économique et social (54),
● Un conseil de tutelle,
● Une cour internationale de justice (15),
● et Un secrétariat.

Les organes subsidiaires

Les organes subsidiaires sont créés par les organes principaux de l’ONU, auxquels ils sont soumis
hiérarchiquement.

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L’article 7§2 de la Charte prévoit cette possibilité qui incombe expressément à l’Assemblée générale
(l'article 22) ou au Conseil de sécurité ( l’article 29), ainsi qu’à tout autre organe principal ( l’article 68)
comme le Secrétariat général et le Conseil économique et social.

La création des organes subsidiaires , répond au souci de mieux adapter la structure de l’organisation,
aux exigences requises pour l’accomplissement de sa mission. A cet effet, de nombreux organes
subsidiaires ont été institués dans des domaines variés.

Les organes subsidiaires créés par l’assemblée générale sont:

● Commission de consolidation de la paix


● Commission du désarmement
● Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI)
● Comité contre la torture
● Comité pour l'élimination de la discrimination raciale
● Conseil des droits de l'homme

Les organes subsidiaires créés par le Conseil économique et social sont:

● Comité chargé des ONG


● Commission économique pour l’Afrique
● Fond des Nations-Unies pour l’enfance
● Programme des Nations-Unies pour le développement
● Programme des Nations-Unies pour l’environnement
● Programme alimentaire mondial

Les organes subsidiaires créés par le Conseil de sécurité sont:

● Commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations Unies


● Fond d’indemnisation des Nations-Unies
● Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
● Tribunal pénal international pour le Rwanda
● Tribunal spécial pour la Sierra Leone

Les institutions spécialisées de l'ONU :

Par ailleurs, l’ONU dispose en plus des organes subsidiaires d’un réseau d’institutions internationales
qui ont un régime particulier.

Les caractéristiques générales des institutions spécialisées sont précisées à l’article 57§1 de la Charte
qui stipule que:

« les diverses institutions spécialisées créées par accords intergouvernementaux, et pourvues aux
termes de leurs statuts d’attributions internationales étendues, dans les domaines économique,
social, de la culture intellectuelle et de l’éducation, de la santé publique et autres domaines
connexes, sont reliées à l’Organisation conformément aux dispositions de l’article 63 ».

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Elles sont des organisations internationales qui coordonnent leur travail avec les Nations Unies par
le biais d'accords négociés.

Les institutions spécialisées sont juridiquement indépendantes de l'ONU.

Elles disposent de budgets séparés et possèdent leurs propres États Membres, règles et personnels.

L'essentiel de leur financement provient de contributions volontaires de la part des gouvernements ,


d'institutions et de particuliers.

Certaines institutions spécialisées, comme l'Organisation Internationale du Travail (OIT), existaient


déjà avant la création des Nations Unies.

Il existe actuellement 17 institutions spécialisées :

1. Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD);


2. Association internationale de développement (IDA);
3. Société financière internationale (SFI)
4. L'Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
5. Le Fonds international de développement agricole (FIDA)
6. Le Fonds monétaire internationale (FMI)
7. L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI)
8. L'Organisation internationale du Travail (OIT)
9. L’Organisation maritime internationale (OMI)
10. L’Organisation météorologique mondiale (OMM)
11. L’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI)
12. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS)
13. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT)
14. L’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI)
15. L’Union internationale des télécommunications (UIT)
16. L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO)
17. L’Union postale universelle (UPU)

N.B : Les trois premières organisations appartiennent au Groupe de la Banque mondiale.

Les institutions spécialisées sont, ainsi, classées en quatre domaines de compétences:

1. Les institutions spécialisées exerçant une activité en matière de communication


internationale ( Exemple: UIT)
2. Les institutions spécialisées exerçant une action sociale (Exemple: OIT)
3. Les institutions spécialisées exerçant une activité économique et financière (Exemple: FMI;
FIDA)
4. Les institutions spécialisées exerçant une activité culturelle et scientifique (Exemple:
UNESCO)

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Les organisations internationales à vocation régionale :

Elles peuvent être définies comme des organisations internationales qui ne sont ouvertes qu’à des
États liés par une solidarité déterminée. Cette solidarité peut être:

● Géographique (UA),
● Linguistique et ethnique (ligue des Etats arabes)
● Religieuse (organisation de la conférence islamique),
● Politique et militaire (OTAN),
● Économique (UE).

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